Les Pistes Invisibles

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 4 avis)

Ce récit est une interprétation libre de l'histoire de Christophe Thomas Knight qui a disparu 27 ans dans les forêts du Maine entre 1986 et 2013 pour y inventer une façon de marcher et de survivre.


Coupés du monde... [USA] - Nord Est

« En vingt-cinq ans, je n'ai été vu de personne. J'ai vécu caché dans cette forêt, mais pas comme un homme des bois. »Un homme délaisse sa vie du jour au lendemain. Sans préméditation, il s'enfonce dans une forêt pour y disparaître. Il y restera 25 ans, vivant de ce que lui offre la nature et de menus larcins dans les cabanes avoisinantes. À rebours de la conventionnelle aventure épique en milieu naturel, il fait l'étrange récit introspectif de son invisibilisation. Sa confession, rythmée de paysages tantôt naturalistes, tantôt mentaux, dessine des pistes et un portrait invisibles à ceux qui le traquent mais qui transparaîtra au fildes cases.Xavier Mussat poursuit son travail sur l'exercice de la mémoire. Il s'inspire de l'histoire vraie de l'Américain Christopher Knight, qui n'adressa la parole à aucun être humain pendant près de trois décennies. Il détaille la découverte du monde sauvage et incarne la voix de cet homme qui a choisi de s'effacer aux autres. Texte éditeur.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 11 Janvier 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Les Pistes Invisibles © Albin Michel 2023
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 4 avis)
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25/01/2023 | Cacal69
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Par Patoun
Note: 4/5
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Une nouveauté du genre pour ma part qui ne m'a pas déçue, loin de là. Alors je ne dirais pas que les dessins sont magnifiques mais grogro à tout à fait raison : ils interpellent, c'est indéniable. Ce qui est top, c'est qu'au travers des aspects informes ou à l'inverse très géométriques de certaines cases, le dessin laisse une grande place à l'interprétation ou du moins à la suggestion. Également, la bichromie du orange et du bleu incarne avec malice ces grands espaces forestiers canadiens (le Maine, donc USA, en réalité pour le récit). D'autre part, les textes sont d'une telle légèreté et d'une douceur poétique qu'on se laisse sans grande difficulté bercer par le récit, telle l'eau découlant d'une rivière apaisée. En résumé, j'ai passé un très agréable moment de lecture ! :)

06/10/2023 (modifier)
Par grogro
Note: 4/5
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Pour les détails, se reporter à la critique de Cacal69, qui dit tout et bien. Mais bon, je vais quand même étayer un peu... Les dessins sont stupéfiants, d'une beauté graphique qui, à mon sens, ne peut manquer au minimum d'interpeler. Les réflexions de l'auteur sont mises en relation avec les illustrations, créant ainsi un vocabulaire extrêmement particulier qui fonctionne très très bien. On est dans la poésie pure. Le passage concernant l'éléphant est à ce titre très parlant. On peut songer à ce que fait Jens Harder avec sa série Alpha, Beta... Le choix de la bichromie (bleu 2203U et orange 1655U, hé hé) créé une atmosphère vraiment particulière qui semble accompagner le passage des saisons. Belles scènes de neige, charme de l'automne... Tout vibre. L'édition est remarquable. On a un beau livre dans les mains qu'il est on-ne-peut plus agréable à lire et à regarder. Les éditions Albin Michel se sont vraiment fendu d'un travail de qualité qui rend hommage à celui de Xavier Mussat. Avec Les pistes invisibles, Mussat nous donne effectivement à voir l'invisible. Le titre n'est en effet pas seulement une référence à la manière dont Christopher Thomas Knight se déplaçait en masquant volontairement toutes traces de son passage ; à travers cette gageuse tentative, il nous donne également à voir le monde à travers les yeux d'un ermite, à ressentir l'intériorité de cet homme au destin peu banal. Et ça fonctionne. Chaque page, pour ne pas dire case, raconte sa propre histoire. Enfin, last but not least, je découvre tout de cette histoire hors du commun : celle de ce fameux Christopher Thomas Knight dont s'est inspiré Xavier Mussat. Je comprends tout à fait la critique de Ro. Les pistes invisibles n'est pas un album qui fera l'unanimité. En effet, et je dis ça sans élitisme aucun, s'il s'agit incontestablement d'un magnifique soliloque, il est à réserver aux amateurs de sensations graphiques.

14/04/2023 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
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Je ne connaissais pas Christophe Thomas Knight et j'ai lu cet album sans savoir qu'il s'inspirait d'un personnage réel. Je l'ai pris comme une pure fiction, à la limite une transposition d'un phantasme de solitude de l'auteur. Car le personnage et narrateur de cette BD est un homme qui a décidé presque par hasard de quitter la civilisation et de se cacher dans une forêt, vivant ainsi pendant vingt-cinq ans de rapines et de presque rien. Rien n'est expliqué sur ses motivations, tout est présenté comme un désir instinctif, une envie soudaine de s'effacer du monde, d'effacer ses traces et de vivre en invisible. Nous voyons les choses à travers ses yeux, sans jamais voir le personnage lui-même, en une suite de... visions... Car les planches contiennent en majorité des cases à la figuration symboliques, pour refléter davantage le ressenti du personnage que ce qu'il voit vraiment. Formes géométriques en trichromie, ombres de couleurs, portions d'images reconnaissables, et quand même quelques décors aussi. Je ne suis pas adepte de ce type de narration graphique qui m'ennuie rapidement et m'oblige à me tourner vers ce qui ne devient plus qu'un simple texte vaguement illustré pour moi. Ce texte non plus n'a pas su me captiver. La mise en place est lente et ce n'est qu'après un certain temps que je me suis intéressé au sujet, mais davantage à ses aspects pratiques qu'à l'émotionnel que l'auteur essaie de partager. Je me demandais ce qui avait amené le personnage à décider de vivre ainsi, je me demandai comment il allait faire pour survivre, manger, passer l'hiver. Nous n'aurons quasiment pas de réponse à tout cela, le choix paraissant plus instinctif que réfléchi, et les solutions se résumant à "j'ai volé ce dont j'avais besoin dans des cabanes de vacances sans surveillance". Mais nous ne voyons en définitive que les tous premiers jours de son ermitage sans rien expliquant comment il a pu passer tant d'années ainsi. Ma curiosité intellectuelle n'est donc pas satisfaite. Et comme en parallèle, je n'ai pas pris plaisir à lire ces planches trop expressionnistes pour moi et cette narration peu attachante à la première personne, je me suis ennuyé avec cet album.

06/04/2023 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Un album qui ne laissera pas indifférent, soit on adore, soit on déteste. L'histoire romancée de Christophe Thomas Knight, l'histoire d'un homme qui va disparaître pendant 25 ans en pleine forêt du Maine, il n'aura aucun contact direct avec une autre personne. Il avait 24 ans lors de sa disparition. Il vivra de petits cambriolages pour se mettre à l'abri des intempéries et pour se nourrir, ce sera son mode de survie. Mais toujours en ne prenant que le strict minimum, sans jamais rien détériorer. Une narration littéraire avec la voix off de Christophe comme fond sonore. Un récit hors du temps qui se concentre sur les premiers jours de cette fugue ce qui permet de "comprendre" les raisons de ce besoin de se couper du monde et ensuite comment il va s'adapter à son nouvel environnement. Comment il va se déplacer sans laisser de traces, d'empreintes de pas. Il va modifier sa façon de se déplacer en prenant des points d'appui sur un tronc tombé à terre ou sur une pierre. Bondir, atterrir et équilibre vont le rendre furtif. Et ainsi ouvrir des pistes invisibles au milieu de la forêt. Une belle réflexion sur le sens de la vie. Pour bien disparaître, il ne faut pas être cherché. J'ai pris un plaisir fou à suivre le parcours incroyable de cet homme, dont on ne verra jamais le visage. Un dessin qui m'a transporté dans cette folle aventure, un dessin hypnotique, psychédélique. D'une beauté à couper le souffle. Une technique avec un usage de formes pleines réalisées au pinceau et à l'encre de Chine, sans recours au trait de contour. Les formes pleines ont été numériquement traduites en deux couches superposées et retravaillées à la palette graphique, afin d'obtenir une impression en deux passages de tons directs, un bleu et un orange. La troisième couleur, un marron, est obtenue par leur superposition (dixit Xavier Mussat). Un dessin qui suit les aléas de notre homme des bois et qui retranscrit à merveille le côté sauvage et indompté de la nature avec tantôt des formes arrondies, tantôt des formes géométriques. Il faut prendre son temps, certaines cases peuvent paraître un peu fouillis, mais en y regardant de plus près, on peut y découvrir des formes animales, où l'art et la manière de les rendre invisibles. La mise en page est immersive. Une belle réussite à mes yeux. Voilà, vous êtes prévenus. A vous de choisir !

25/01/2023 (modifier)