Judee Sill

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

La vie de Judee Sill, chanteuse folk des années 60 qui n'a été gâtée ni par la vie ni par le grand public et dont les rares albums, pourtant excellents, ont quasiment sombré dans l'oubli.


1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Aire Libre Auteurs espagnols Biographies Documentaires Les drogues Musique

1979. North Hollywood. Deux policiers découvrent une junkie décédée dans son appartement. Une affaire sordide de plus ? Non. Car la victime est une certaine Judee Sill, étoile filante de la Folk qui connut une brève heure de gloire seventies avant de mystérieusement disparaître dans la nuit de l'anonymat... Enfant révoltée, délinquante récidiviste, droguée et prostituée notoire : Judee fut tout cela et pire parfois. Mais elle fut surtout une musicienne touchée par la grâce, dont le timbre et la personnalité marquèrent de leur doux fer ceux qui l'entendirent et la côtoyèrent.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 21 Avril 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Judee Sill © Dupuis 2023
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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14/04/2023 | Ro
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Par Cacal69
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
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Une voix cristalline pour une voie en impasse. Avant cette lecture, je ne connaissais pas Judee Sill et c'est avec grand plaisir que j'ai pu la découvrir. Enfin, découvrir est un grand mot puisque cette biographie est basée sur des interviews publiés dans les magazines de l'époque, en particulier sur celui de Grover Lewis pour le Rolling Stone d'avril 1972. Les auteurs ont bouché les trous au gré de leurs inspirations. Et cela se ressent dans la narration, ça manque de liant et j'ai eu l'impression de survoler sa vie. Une vie qui commence avec une adolescence difficile où elle va découvrir l'heroïne et faire un séjour en prison. Une artiste surdouée qui n'arrivera pas à percer dans le monde du showbiz et qui disparaîtra des radars de 1974 à 1979 (année de sa mort), elle ne supportait plus de ne faire que des premières parties lors des concerts. Une artiste très seventies, drogue, sexe (bisexualité) et une part de mysticisme. Un look femme/enfant accompagné de ses petites lunettes rondes. Une artiste pas si folk que ça, avec des influences très différentes : classique, pop et folk. Je ne peux que vous inviter à écouter cette artiste tombée dans les oubliettes, ce que je fais en écrivant ces quelques mots. Elle avait du talent ! Deux albums sortis de son vivant, boudés par le public, et un troisième en 2005 avec des démos inédites. La partie graphique est très singulière mais elle est immersive, elle m'a transporté dans ces années 60/70. J'ai particulièrement aimé le coup de crayon de Alonzo Iglesias lorsque que Judee était sous stupéfiants, très psychédélique et hallucinogène. Mais c'est l'album dans son ensemble qui apporte une âme au récit. Très, très beau. J'ai passé un excellent moment au côté de Judee et je ne peux que vous recommander d'en faire autant. Note réelle : 3,5. Coup de cœur.

11/05/2023 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
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Judee Sill, vous devez être nombreux à ne pas la connaître. En ce qui me concerne, je me suis même demandé s'il s'agissait d'un personnage imaginaire inspiré de Joan Baez, une sorte de canular inventé par les auteurs pour faire croire qu'il racontait une histoire vraie. Mais non, elle existait vraiment et sa musique, que j'écoute au moment où j'écris ces mots, le prouve avec brio. Qui était-elle ? Une jeune Californienne à la jeunesse gâchée par la mort de son père et la mésentente avec sa mère et son beau-père. En pleine rébellion, elle quitte le foyer familial à 17 ans pour se marier avec un petit délinquant et ils paient leur mariage en braquant des épiceries. Prison, drogues, beaucoup de drogues, mais aussi rédemption par la musique, Judee Sill compose alors des chansons folk en partie inspirées de l'ambiance hippie de l'époque, mais aussi de gospel et de musique classique. De nombreux artistes reconnaitront son talent et elle publiera deux albums salués par la critique... mais hélas pas par le grand public. Elle ne supportera pas cet échec commercial et ce manque de reconnaissance, et elle tombera de nouveau dans la dépression, l'alcool et la drogue avant de quasiment disparaitre de la mémoire du monde après sa mort en 1979... pour n'être redécouverte par différents artistes que dans les années 2000. Cette absence des mémoires se traduit par un manque singulier d'informations précises concernant sa biographie. C'est sur la base de quelques interviews et de rares articles et témoignages que Juan Díaz Canalès et Jesús Alonso ont rebâti plus ou moins le parcours compliqué de sa vie, comblant comme ils l'ont pu les trous avec leur propre imagination et laissant malgré tout des zones blanches. Ils reflètent cela par une narration décousue, sautant dans le désordre d'une époque à une autre, à l'image de leurs propres difficultés à retracer le fil de sa vie. Cela reste compréhensible pour le lecteur mais cela peut paraitre déconcertant et ardu à suivre. L'artiste est présentée de manière assez peu attachante. De la jeune rebelle prête à tout casser sur son passage à l'épave ruminant son malheur en passant par l'artiste envieuse du succès des autres ou la hippie accro aux drogues, elle n'attire pas la sympathie. Mais c'est ce parcours qui permet de mieux saisir la complexité de sa musique et aussi de s'extasier, quand on l'écoute enfin, sur la pureté de son chant et de ses compositions. Il faut saluer aussi l'audace graphique de Jesús Alonso pour donner corps à cette vie. Il alterne effets de couleurs et de lumière, séquences psychédéliques, passages plus sobres ou encore BD dans la BD, quand il s'agit des dessins de Judee Sill elle-même. Cela donne une véritable âme au récit, reflétant tantôt l'ambiance folk des années 60, tantôt les passages plus âpres et plus concrets, et régulièrement surtout l'influence de la drogue dans la vie et l'esprit de la chanteuse. Qu'il s'agisse de ce graphisme coloré ou de la narration désordonnée, le récit est vivant et ne s'apparente jamais à une banale biographie sous forme de suites de faits et dates. C'est plus un état d'esprit qui s'en dégage, et un sentiment de gâchis de voir une telle artiste n'avoir pas su percer et avoir été perdue pour le grand public.

14/04/2023 (modifier)