Les derniers avis (31691 avis)

Par Vaudou
Note: 4/5
Couverture de la série Saria (Les Enfers)
Saria (Les Enfers)

Saria dépeint un univers hétéroclite, mélange de steampunk où se côtoient république de Venise et fascisme, démons et androïdes... La grande force de l'histoire est que cela fonctionne plutôt bien, même si le récit ouvre des portes (private joke, lisez et vous comprendrez) qu'il ne referme pas toujours. Dans le tome 2 Federici succède à Serpieri brillamment. Mais les vrais problèmes commencent au tome 3, qui est trop décousu. Il y a trop d'événements sortis de nul part qui désorientent le lecteur. Étonnamment c'est Federici lui même qui explique une des causes possibles dans un épilogue, en expliquant avoir eu carte blanche de la part de Dufaux pour rajouter des éléments à l'histoire. Ce n'était peut-être pas la meilleure chose à faire. Reste des dessins sublimes qui m'ont rappelé le travail et les illustrations d'Alex Ross. D'ailleurs Federici fera quelques incursions dans l'univers du comics par la suite.

04/11/2025 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5
Couverture de la série L'Oubliée du Radeau de la Méduse
L'Oubliée du Radeau de la Méduse

Si tout le monde connaît le célèbre tableau de Géricault, qui a par ailleurs donné naissance à une expression du langage courant, peu de gens connaissent véritablement l’histoire de ce chef d'œuvre et les faits horribles qui l’ont inspiré. C’est donc une très bonne idée qu’ont eu les auteurs de cette bande dessinée de remettre en lumière la mésaventure des passagers de ce radeau de fortune, construit à partir de l'épave de la frégate Méduse échouée sur un banc de sable au large des côtes africaines. S’ils se sont basés sur les témoignages des survivants, ils n’ont pas hésité à insérer de la fiction dans leur récit, ainsi qu’une dose de romance, le but étant peut-être d’adoucir l’âpreté de la catastrophe, qui aurait vu certains naufragés recourir au cannibalisme. Si ces actes sont bien évoqués ici, ils ne sont heureusement que suggérés, évitant toute surenchère dans l’horreur, et c’est tant mieux. C’est ainsi qu’ils ont transformé Blanche, la seule femme présente sur le radeau au milieu de 150 hommes (!), en héroïne au cœur pur, toute en abnégation d’elle-même pour tenter de soigner les blessés et les malades. Une extrapolation dont on ne saura leur tenir rigueur, étant donné la portée symbolique de ses interventions au cours du récit. La fiche Wikipédia se contente quant à elle d’évoquer « une femme de couleur noire », sans plus de précisions. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’histoire est prenante, et, si simple soit la trame, la narration s’avère enlevée. Les récits maritimes ont, si je puis dire, le vent en poupe, et celui-ci est une réussite. En comparaison, 1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta, cette autre BD récente à succès qui s’inspire de l’histoire vraie des naufragés du Batavia, passerait presque pour un séjour au Club Med, toute proportion gardée bien entendu. Avec ce récit, narré ici par le docteur Savigny, témoin rescapé de cette effroyable épopée, Thierry Soufflard et Gilles Cazaux ont développé plusieurs thématiques. D’abord une critique virulente contre les pouvoirs autoritaires et arbitraires par le biais du capitaine de la Méduse, un certain Duroy de Chaumareys, dont l’incompétence n’a d’égale que la lâcheté. C’est lui qui, après avoir pris place sur une « confortable » chaloupe, abandonnera les marins et les soldats à leur triste sort en coupant la corde destinée à remorquer leur misérable radeau. Les auteurs montrent aussi comment, dans ce type de situation, la barbarie humaine a tôt fait de reprendre le dessus et ne grandit personne, mais que l’humanité héroïque d’une minorité peut parfois renverser la vapeur et redonner foi en un avenir plus harmonieux. C’est également à travers le personnage de Blanche, modèle de bienveillance et de combativité, qu’est abordée la question de la place de la femme dans un monde masculin (la seule ici sur les 150 naufragés !). Le sujet reste toujours d’actualité même si du chemin a été fait depuis cette époque, où l’odieux patriarcat considérait sans états d’âme les « femelles » — la moitié de la population — comme des sous-citoyennes. On notera le parallèle malicieux entre la meute royaliste déchaînée, scandalisée par le tableau au Salon du Louvre, et la bande de soudards agressifs entassés sur le radeau. La barbarie stupide et aveugle serait-elle donc autant du côté des bourgeois endimanchés que des gueux non éduqués ? Le dessin de Gilles Cazaux est parfaitement en concordance avec ce récit saisissant. Avec son trait nerveux, il sait rendre les scènes énergiques et faire ressortir la tension imprégnant cette aventure hors normes, où sur une surface extrêmement restreinte, les proies potentielles devront redoubler de prudence et de doigté face à des prédateurs sans états d’âme. « L’Oubliée du radeau de la Méduse » comblera autant les adeptes de sensations fortes que les amateurs d’art. Si ce huis clos incroyable nous expose les facettes les plus sombres de l’être humain, il compense en mettant en lumière son aptitude à transcender ses pires turpitudes, fut-ce le fait d’une minorité héroïque. Le tableau monumental de Géricault en est le parfait symbole, avec cet homme noir, l’un des rares survivants, agitant héroïquement un drapeau à l’approche des cotes. C’est ainsi que les auteurs ont su avec brio nous conter l’histoire entourant cette œuvre d'art prestigieuse.

04/11/2025 (modifier)
Couverture de la série Dakota 1880
Dakota 1880

Pour ma part j'ai été conquis ! Je ne m'attendais pas à de courts récits. La voix off, les récits courts, efficaces, originaux sont déstabilisants de prime abords pour un album de Lucky Luke. Cependant dès le premier récit je trouve que l'on plonge dans l'ambiance. Il y a une cohérence d'ensemble et les récits, fluides, dessinent en creux le personnage de Lucky Luke. Un ton peut être un petit plus sérieux, et bien plus mélancoliques évidemment, que la série originale. Côté mélancolie, il y avait déjà cette touche dans l’adaptation de "l'homme qui tua Lucky Luke" de Mathieu Bonhomme. Lucky Luke, en dehors du côté cartoon et western, a peut être aussi déployé une part d'imaginaire mélancolique, notamment avec la fameuse vignette de fin "I'm a poor lonesome cowboy" ? Les dessins de Brüno sont très beaux et la sublime colorisation de Laurence Lacroix collent parfaitement à l'ambiance des 7 récits, qui ont chacun leur mélodie propre mais qui forment un ensemble homogène. A noter la dernière double page avec "l'interview" de l"historien Gustav Frankenbaum (personnage de la série "les collines noires") qui est délicieuse, comme certains petits détails (j'ai bien aimé le clin d'oeil des "patates au lard" running gag de l'album "la diligence").

04/11/2025 (modifier)
Par Hervé
Note: 4/5
Couverture de la série Dakota 1880
Dakota 1880

Je ne suis pas un grand fan de Lucky Luke, mais j'ai pour la version proposée par Appollo et Brüno, depuis quelques années, une attirance particulière. Tout d'abord, le dessin épuré de Brüno reste pour moi un des summum de la bande dessinée actuelle. Et ensuite, le scénario d'Appollo est toujours de grande qualité, même lorsque comme ici, il se décline en sept histoires courtes. Même si la talentueuse Laurence Croix assume les couleurs en rendant hommage aux albums de Morris, j'ai préféré, comme les autres récits signés de ces deux auteurs, lire cet album dans sa version noir & blanc, qui donne encore plus de force au dessin de Brüno, surtout dans les scènes sous la neige ou sous la pluie. J'ai d'ailleurs été surpris par la brutalité avec laquelle l'histoire intitulée "Averse" s'achève...j'ai eu l'impression soudaine qu'il manquait une page dans mon album! C'est un Lucky Luke jeune que nous découvrons ici, sans Jolly Jumper et avec pas mal de références à ses aventures futures. Bref un très bon album, avec, pour la version n&b, un bonus d'affiches de western de films célèbres. Quant au dossier sur les origines de Lucky Luke, il faut le voir comme un canular.

04/11/2025 (modifier)
Couverture de la série L'Héritage fossile
L'Héritage fossile

Je ne dérogerais pas à la moyenne, c’est franchement sympa à suivre. Philippe Valette surprend et régale, j’avais déjà succombé au mystère de la disquette molle. Il frappe cette fois dans un registre et genre où on ne l’attendais pas, une s-f plutôt dure et réaliste où son dessin fait merveille. Ses personnages peuvent faire un peu peur de prime abord, un rendu un peu « naïf » dans le trait mais force et de constater qu’il sait nous embarquer. Ses décors en jettent, ses couleurs sont réussies et la narration « carré » est immersive pour ce récit à plusieurs temporalités. On n’est jamais perdu et on est vraiment intrigué tout le long de l’aventure. La fin, sans qu’elle fasse Whoua, reste très satisfaisante et interroge sur beaucoup de choses sans que ce soit moralisateur. Du bien bel ouvrage.

04/11/2025 (modifier)
Couverture de la série Fantasy - Yourcenar / Alma
Fantasy - Yourcenar / Alma

Alors que cet album m’interpellait dès les premiers retours, je ne me suis pas jeté dessus en magasin, la faute à un graphisme qui me semblait un poil « grossier » au 1er regard, et aussi au jolie prix qui n’encourage pas la prise de risque. Bref tout ça pour dire que j’ai attendu l’emprunt et que finalement il va être sur la liste de Noël. J’ai beaucoup aimé, je ne connaissais pas l’auteur mais je vais zieuter son précédent travail. J’ai trouvé qu’il fournissait ici un travail assez remarquable, surtout dans le genre Fantasy, il amène une certaine fraîcheur et poésie à ses doubles récits pour un résultat assez bluffant à mes yeux. Original et novateur. J’ai démarré par Alma et perso je pense que c’est vraiment par ce côté qu’il faut commencer. Le déroulé du monde et la fin miroir m’a semblé avoir plus d’impact dans ce sens, répondant avec plaisir à mes interrogations au fil de l’aventure. (Édit : en fait, faites comme vous le sentez, l’expérience doit être différente mais tout aussi satisfaisante, ça générera d’autres interrogations. Super fort de la part l’auteur ça !!). Le graphisme qui me faisait si peur a su vite m’attraper, la narration aérée a su m’emporter et le destin de nos héroïnes a su me toucher. J’ai vraiment apprécié la tonalité du récit. Très chouette à suivre.

04/11/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 4/5
Couverture de la série Un général, des généraux
Un général, des généraux

Quoi qu'étant de grand talent : style reconnaissable et expressif, le style du dessinateur m'a toujours mis mal à l'aise. Pas là : l'aspect de caricature convient bien à ce sale petit vaudeville politique dont le monde ne cesse pas de subir les conséquences. Des gens, pour faire parvenir de Gaulle au pouvoir, ils ont assez alarmé le pouvoir et la population pour que les autorités se sabordent. Un général, des généraux ? Le titre est excellent, et si ce n'est pas dit dans la BD, il ressort d'un livre que le général était d'accord, et la méthode pour faire un coup d'Etat démocratique, savoir l'armée menace mais ne verse pas ou pas trop le sang et donne le pouvoir à quelqu'un en restant dans le cadre démocratique, méthode par parenthèse imitée du précédent français dans le monde…. J'ai eu la chance de trouver un livre fort intéressant chez mon bouquiniste s'il faut suivre les méandres de complots de l'époque : Résurrection, Naissance de la Ve République, un coup d'Etat démocratique de Christophe Nick. De la belle ouvrage, un chapitre historique méandreux, un chapitre sur la technique du coup d'Etat bien technique, l'alternance relance l'intérêt pour chaque aspect. Après ça, il me manquait de voir les protagonistes ! Merci à la Bibliothèque… Avec le trait du dessinateur et les couleurs assorties, on a l'impression d'être entre des images d'archives, oniriques et comiques. On a le soupçon que les généraux s'ennuient et veulent revivre leur jeunesse par l'action politique, entre l'un qui crie "les boches, on les aura", et d'autres qui parlent de Débarquement si un général s'aperçoit quand même que l'un d'eux est vraiment trop dans le remake du passé… Vraiment, un livre tentant de tout retracer ne dégage pas la même force tragi-comique qu'une BD qui s'achève judicieusement sur le fameux "je vous ai compris" avec la clique des faiseurs de roi atterrés derrière de Gaulle. Ceux qui se sont joués de la République sont eux-mêmes joués et s'en doutent, la foule l'ignore encore, ce qui divise la scène en trois, le chef, ses suivants et le peuple, et forme une fin ouverte.

04/11/2025 (modifier)
Par pol
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Criminal - Les Acharnés
Criminal - Les Acharnés

Ce spin off de la série Criminal est un petit régal, que l'on connaisse ou pas la série mère. Ed Brubaker a concocté un scénario aux petit oignons. Il construit son histoire comme un puzzle, dont les chapitres forment les différentes pièces qui vont s'assembler progressivement. Il semblerait initialement qu'il n'y ai aucun lien entre les premiers chapitres, qui sont chacun centrés sur un personnage et une histoire différente. C'est d'abord l'histoire de Jacob, scénariste de comics, qui se retrouve à Hollywood pour bosser sur l'adaptation d'une de ses séries. Puis vient le tour d'Angie, gamine orpheline élevé par La Grogne, le gérant d'un bar louche. Les chapitres sont denses, ils prennent le temps de bien raconter les choses. C'est là qu'Ed Brubaker est fort. Ca pourrait être deux banales histoires, dans lesquelles il n'y a pas tellement d'action ni de suspens, on ne voit encore aucun recoupement possible entre les deux parties... et pourtant c'est prenant. La narration, très efficace, donne du rythme et de l'intérêt à tout ça, grâce à l'utilisation systématique de la voie off. Puis, plus on va avancer dans le récit, plus les surprises vont arriver. Des petits détails du début vont prendre de l'ampleur et du sens lors des recoupements. Ceux ci sont quand même malins et très bien amenés. On va également monter crescendo dans l'action et on aura juste ce qu'il faut de tension. De quoi ravir les amateurs de polar. Et pour ne rien gâcher, cette histoire permet de croiser intelligemment la destinée de différents personnages de la série Criminal. Du très bon boulot.

04/11/2025 (modifier)
Couverture de la série L'Homme en noir
L'Homme en noir

L’Homme en noir est une bande dessinée bouleversante qui aborde avec une rare justesse un sujet aussi grave que difficile : les violences sexuelles faites aux enfants. À travers le regard de Mattéo, un petit garçon ordinaire, Giovanni Di Gregorio nous plonge dans une histoire profondément humaine, où la peur et le silence prennent forme dans une figure cauchemardesque celle de « l’homme en noir ». Ce choix narratif, de raconter le drame à travers les yeux de l’enfant, rend la lecture encore plus poignante et dérangeante, car on ressent pleinement son incompréhension et sa solitude. Le scénario est à la fois subtil et percutant. Di Gregorio ne montre jamais frontalement la violence, mais tout est suggéré avec beaucoup de pudeur et d’intelligence. C’est justement cette retenue qui rend l’histoire si forte : le lecteur comprend sans qu’on lui impose d’images choquantes. Le malaise s’installe progressivement, jusqu’à une révélation finale qui brise le cœur. Le dessin de Grégory Panaccione, avec ses tons sombres et ses jeux de lumière, accompagne parfaitement cette atmosphère lourde et émotionnelle. Son style fluide, presque silencieux, laisse une grande place à l’expression des visages et aux silences, des moments où l’on ressent toute la détresse de l’enfant. L’opposition entre les scènes de jour, plus lumineuses, et les cauchemars nocturnes est particulièrement réussie. Je mets 4/5, mais j’aurais aimé que l’histoire soit un peu plus développée, notamment sur la réaction des adultes ou les conséquences du traumatisme de Mattéo. Mais cela n’enlève rien à la puissance du récit. L’Homme en noir est une œuvre nécessaire, sensible et d’une grande humanité, qui rappelle l’importance d’être davantage attentif aux enfants. Une lecture qui marque durablement et dont on ne sort pas indemne.

04/11/2025 (modifier)
Par Vaudou
Note: 4/5
Couverture de la série Les Chevaliers d'Héliopolis
Les Chevaliers d'Héliopolis

Jodorowsky a écrit quelques bandes dessinés destinées à un public plus jeune comme les Technopères par exemple. Les Chevaliers d'Heliopolis fait partie de cette catégorie. Les aventures de notre héros/heroïne sont sages et sans complexité, on aura du mal à trouver la moindre transgression dans ce récit. Le "trouble" du héros (qui fait très ado) est surtout là pour attirer la sympathie d'un lectorat du même âge qui se poserait les mêmes questions. Reste une aventure qui se suit sans déplaisir, on a des alchimistes, un gorille mutant, les dessins de Jeremy. La vie est belle.

04/11/2025 (modifier)