Le Monde sans fin

Note: 4/5
(4/5 pour 18 avis)

Un ouvrage très ludique s'appuyant sur des données précises pour comprendre comment nous allons devoir organiser la transition énergétique


BD à offrir Best-of des 20 ans du site Changement climatique Dargaud Documentaires Environnement et écologie Les prix lecteurs BDTheque 2021 One-shots, le best-of

La rencontre entre un auteur majeur de la bande dessinée et un éminent spécialiste des questions énergétiques et de l'impact sur le climat a abouti à ce projet, comme une évidence, une nécessité de témoigner sur des sujets qui nous concernent tous. Intelligent, limpide, non dénué d'humour, cet ouvrage explique sous forme de chapitres les changements profonds que notre planète vit actuellement et quelles conséquences, déjà observées, ces changements parfois radicaux signifient. Jean-Marc Jancovici étaye sa vision remarquablement argumentée en plaçant la question de l'énergie et du changement climatique au coeur de sa réflexion tout en évoquant les enjeux économiques (la course à la croissance à tout prix est-elle un leurre ?), écologiques et sociétaux. Ce témoignage éclairé s'avère précieux, passionnant et invite à la réflexion sur des sujets parfois clivants, notamment celui de la transition énergétique. Christophe Blain se place dans le rôle du candide, à la façon de son livre En cuisine avec Alain Passard et de Quai d'Orsay signé avec l'expertise d'un coauteur. Un pavé de 200 pages indispensable pour mieux comprendre notre monde, tout simplement !

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 29 Octobre 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Monde sans fin © Dargaud 2021
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 18 avis)
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06/12/2021 | Blue boy
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L'avatar du posteur Steftheone

Une BD assez difficile à noter car elle possède les défauts de ses qualités. En voulant vulgariser son propos et le rendre compréhensible de la plupart des lecteurs, Jancovici doit forcément faire des raccourcis et prendre des chemins de traverses. De plus en tant qu'ingénieur travaillant sur ces thématiques de la transition climatique et énergétique (mais plutôt axé sur la protection de la ressource en eau), je ne suis clairement pas la première cible des messages véhiculés car baignant dedans au quotidien dans le cadre de mon boulot. A chaud, je dirais que les constats réalisés sur notre dépendance progressive aux énergies fossiles entrainant une modification profonde de la société et un rapport à l'autre différents (en gros la première moitié du livre) devraient être enseignés dans tous les collèges et lycées de France pour une prise de conscience collective des jeunes générations. C'est très bien expliqué avec des exemples et des illustrations facilitant la compréhension. Comme certains aviseurs précédents, je suis un peu plus gêné par la seconde moitié de l'ouvrage relatif aux solutions à mettre en œuvre pour se sortir de la spirale infernale dans laquelle le monde est plongé. L'éloge du nucléaire comme unique solution pour décarboner notre production électrique est de mon point de vue un peu trop tranchée et minimise ou élude certaines limites ou frein à cette solution (même si je comprends les arguments de l'auteur). La plupart des spécialistes prônent en effet la diversification des productions énergétiques (nucléaire, éolien, solaire, etc.), car un système qui se veut robuste ne doit pas tout miser sur une solution unique. Deux exemples pour illustrer mon propos : - Dans la première partie sur les constats, Jancovici aborde la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes en lien avec l'aggravation du changement climatique (inondations, canicules, réchauffement des eaux, cyclones, etc.). Ce genre de phénomènes, en partie à l'origine de la catastrophe de Fukushima, ne fait généralement pas bon ménage avec le nucléaire et ne doit pas être minimisé dans un pays où les effets du changement climatique seront plus forts que dans la plupart du reste du monde (si on excepte la zone équatoriale). - Le réchauffement estival des eaux rendra difficile à l'avenir la nécessité de refroidir les process avec de l'eau de mer ou de l'eau douce issue de fleuve. Durant certaines années particulièrement chaudes en France (2018 et 2022), ce fut déjà la cas avec le Rhône qui était déjà très chaud, et encore plus à l'aval des centrales nucléaires, aggravant l'impact sur la biodiversité aquatique. Côté graphisme, je tiens à saluer la virtuosité du dessinateur pour mettre en images les théories et concepts développés par Jancovici avec un humour plutôt bienvenu, au vu de la gravité du thème traité... Au final, une BD que je ne noterai pas en dessous de 4/5 car elle a le mérite de toucher d'autres publiques que celui habituellement intéressé par ce type de sujet tout en suscitant le débat sur les solutions à apporter pour s'adapter aux effets inéluctables du changement climatiques (on le voit au vu des avis précédents mais également du mien !). De plus, le dessin, le ton et les touches d'humour tentant de dédramatiser les messages permettent d'éviter de basculer dans l'écoanxiété la plus extrême en ayant refermé ce livre. A lire et à partager pour en débattre. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 7/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 8,5/10 NOTE GLOBALE : 15,5/20

29/11/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 5/5
L'avatar du posteur gruizzli

Je pense qu'on peut dire beaucoup de chose sur cette BD, et je vais essayer de faire court. Mais je pense que cette BD est une merveille de lecture, que je ne peux que recommander à tout le monde. Commençons tout de suite par ce qui peut poser problème : Oui, Jancovici est critiquable, oui il est critiqué. Voila, posons ça tout de suite, le personnage principal de cette BD est Jancovici, la BD parle de ses principes, ses idées et ses solutions. Ce qui veut dire tout de suite que si l'on est déjà en désaccord avec le gars, autant de ne pas se plonger dans la BD ! Il y pose ce qu'il dit ailleurs, de façon synthétique et didactique, pour expliquer ce qui lui importe. Et je vais le dire immédiatement : je vois les limites de Jancovici, j'en connais quelques unes (notamment sur des questions historiques) mais je vais largement passer outre. En fait, je dirais même qu'on s'en fout complètement. Parce que la BD parle du sujet le plus important de notre vie, peut-être même du seul sujet important : le changement climatique et son origine humaine. Raison qui a d'ailleurs conduit à repousser sa lecture pendant des années, vu que je fais de l'éco-anxiété très facilement et que je ne voulais pas m'infliger plus que ce que je vis déjà au quotidien. Et pourtant j'ai fini par la lire, conforté par plusieurs lectures que j'ai eu sur le même sujet (Le Vivant à vif, Horizons climatiques - Rencontre avec neuf scientifiques du G.I.E.C. ...) et avec l'envie de voir ce qu'il en était ici. Comme à son habitude (j'ai vu plusieurs intervention du bonhomme), Jancovici se concentre sur son domaine d'expertise : l'énergie. C'est son domaine d'expertise et il sait s'y faire le bougre. C'est impitoyable comme démonstration de notre dépendance énergétique, avant tout au pétrole mais à tout le reste également. L'implacable changement provoqué par l'humain, l'horreur de l'addiction des sociétés humaines aux énergies fossiles et la difficulté que ce sera d'en sortir. Avec ou sans la volonté humaine, le pétrole va disparaitre et le climat changera. Reste à savoir comment on fera pour y survivre .. La BD n'est cependant pas que défaitiste et propose quelques (maigres) pistes dans le dernier segment pour essayer d'esquiver ce qui nous tombe dessus à une vitesse dont peu de gens semblent avoir idée. Je dirais que la fin est malheureusement très pessimiste et au regard de ce qu'il s'est passé entre la sortie de cette BD et aujourd'hui, je ne peux qu'abonder en son sens. La BD est servie par le dessin de Blain qui a fait tout son possible pour rendre compte de ce qu'il en est. Les métaphores et les séquences explicatives utilisant toutes sortes d'appareil narratifs visuels sont parfaitement bien intégrées pour que l'on ne se rende pas compte du poids de la vulgarisation. C'est dense et clair, un excellent travail qui prouve encore une fois que Blain est un excellent auteur. Rendre ainsi clair et lisible de tels concepts est admirable ! J'ai dit au début que j'essayerais de faire bref, et je m'arrêterais alors bientôt en disant simplement ceci : lisez cette BD. Il est rare que je le recommande alors que j'ai quelques légers reproches à faire à celle-ci, mais je pense encore une fois que l'ampleur du phénomène, mal perçu et mal reçu, doit avoir l'écho le plus large possible. Les détails, les petits défauts que j'y vois sont minimes à côté de ce qu'elle dit. Et son message, aussi terrifiant et cruel soit-il, doit être entendu. Rien d'autre ne compte.

17/11/2025 (modifier)
L'avatar du posteur Bruno Menetrier

Il nous aura donc fallu du temps pour céder aux sirènes et lire enfin Le monde sans fin, un des livres les plus lus en France, véritable phénomène de librairie, avec Christophe Blain aux dessins et Jean-Marc Jancovici à la vulgarisation scientifique. Le travail soigné de vulgarisation : un véritable régal pour les yeux et l'esprit, un peu dans l'esprit de Davodeau, même si le style est bien différent. Le courage de s'attaquer de manière simple et accessible à un sujet épineux, difficile et polémique : un sujet dérangeant que l'on se garde généralement bien de regarder en face. Que l'on soit d'accord ou pas avec les différentes thèses présentées, on est bien obligé de reconnaître que cet album a au moins le mérite de toucher le plus grand nombre. L'album peut se découper en plusieurs grands chapitres. Le premier est absolument passionnant et nous emmène revisiter quelques décennies de croissance outrancière et de surconsommation énergétique hyperbolique : les graphiques simplifiés de Blain, les explications vulgarisées de Jancovici sont autant de lumières allumées dans nos petites têtes. C'est bluffant, souvent surprenant et donc bigrement intéressant. Le chapitre sur le réchauffement climatique fait froid dans le dos : les chiffres sont effarants et l'on voit mal, on ne veut pas voir, ce qui nous attend. Un sujet inquiétant, alors on tourne les pages un peu plus vite. Le chapitre sur le nucléaire est bien sûr, plus douteux : c'est lui qui a suscité autant de polémiques depuis la sortie du bouquin. Sans aller jusqu'à soupçonner les auteurs d'être à la solde du puissant lobby nucléaire français, on se doute bien que le plaidoyer de Jancovici ne prend pas en compte tous les paramètres, dans sa hâte bienveillante de nous sortir de son chapeau une solution pour amortir la décroissance énergétique qui nous attend. Et puis voilà c'est tout : on vient de réaliser un peu mieux que le monde n'est pas sans fin, que les citoyens de nos sociétés de croissance sont dans le déni le plus complet, bref, que c'est mal barré. Et ce ne sont pas les dernières pages sur les "solutions" à envisager qui vont nous rassurer : on voit trop bien le temps qu'il faudrait pour changer les mentalités de terriens qui n'ont aucune envie de changer de mentalités et qui ne peuvent évidemment pas s'en remettre à leurs dirigeants élus pour les y aider. C'est bien sûr le chapitre le moins convaincant et donc ce n'est finalement pas très rassurant. Alors on referme bien vite le gros album en regrettant finalement que Blain et Jancovici ne se soient pas contentés du premier chapitre : c'était quand même bien plus cool d'analyser le passé de notre Histoire énergétique plutôt que de chercher à ouvrir les yeux sur un avenir bien sombre.

05/03/2025 (modifier)
L'avatar du posteur carottebio

Comme j'imagine que vous avez déjà entendu parler de réchauffement climatique je n'aborderai pas le sujet du livre. Mais je souhaite insister sur le talent de Blain à mettre en image les discours de Janco. Cette capacité de synthèse et d'humour m'a bluffé. Et heureusement, car ce sujet est complexe et déprimant ! Évidemment, conseil de lecture à tous et à tout age.

14/01/2024 (modifier)
Par Cacal69
Note: 3/5
L'avatar du posteur Cacal69

Une BD avec des qualités, mais aussi des défauts. Je profite des récents avis de Noirdésir et Triskeriaki, que je rejoins sur de nombreux points, pour apporter mon "3 étoiles" à cette BD, qui à mon humble avis ne mérite pas toutes les louanges qui l'ont accompagnée lors de sa sortie. Mais bon, le marketing a fait son œuvre. Primo, je trouve le titre mal approprié, tout a une fin. Nous sommes depuis 13 000 ans en pleine extinction de masse, la sixième déjà, due seulement à l'activité humaine et celle-ci s'accélère et risque de nous mener à notre perte. Tu vas me dire que ça ne fait pas 13 000 ans qu'on fout le bordel avec le climat. Tu as raison, on a commencé comme des amateurs avec le Quagga, l'Aurochs, le Dodo et le Thycaline pour ne citer que les plus connus. En 2014, une étude présentée par le WWF estimait que la moitié des populations d'animaux sauvages de la planète avait disparu du fait de l'activité humaine au cours des quarante dernières années, et on ne parle pas des végétaux. Tu vois ça s'accélère et maintenant on grignote sur le sauvage pour laisser place à d'horribles champs de panneaux solaires. Secundo, ma lecture ne fût pas un long fleuve tranquille, si sur une bonne moitié de l'album j'ai aimé le travail de vulgarisation avec sa narration bien construite, attrayante et instructive, l'autre partie de l'album est très discutable. Je vais faire le même reproche à Christophe Blain que pour le Rural ! d'Étienne Davodeau, on a qu'un seul son de cloche, ici, celui de Jean-Marc Jancovici et ce monsieur ne fait pas l'unanimité dans son domaine. Je n'ai pas aimé le ton pro nucléaire comme étant la meilleure solution à tous les problèmes. Quatre pays nous ont approvisionné en 2022 en uranium : le Canada, le Kazakhstan, le Niger et l'Ouzbékistan. Deux pays sous l'influence Russe !!! À part le Canada, ces pays ne sont pas de vraies démocraties et/ou d'une stabilité à toute épreuve (problème au Niger actuellement). Et pour terminer sur cet épineux dossier, le risque "zéro" en sécurité n'existe pas. Tertio, je ne suis pas un bon élève, je mange de la viande (en moindre quantité), je ne règle par forcément mon thermostat à 19°c et je continue de prendre l'avion (je ne me voyais pas aller en Géorgie en train cet été). Mais faut-il faire reposer une certaine culpabilité sur les citoyens ? Quid du capitalisme ? Je vais m'arrêter là, la solution ne pourra être que mondiale et en disant cela, on voit bien que c'est mal barré. Graphiquement, je dois reconnaître que le résultat est réussi, pourtant ce n'est pas le genre qui m'attire de prime à bord. Une lecture recommandable, mais je conseille d'avoir d'autres sources d'information pour se faire sa propre opinion.

05/11/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

L’album a longtemps fait le buzz, et a aussi trôné dans les rayons de certains supermarchés (ceci s’explique par ce buzz bien sûr, mais c’est quand même assez étonnant eu égard à la densité d’informations proposée : ça n’est pas une « lecture détente » !). J’ai pu le lire récemment, et confirme une bonne partie des qualités qui en ont fait un succès critique et médiatique. Mais je pointe aussi un certain nombre de défauts – qui dans une certaine mesure expliquent aussi ce succès médiatique selon moi. Tout d’abord je dois dire que le dessin de Blain, moderne, simple, se révèle très fluide et efficace, agréable. L’absence du gaufrier traditionnel le rend plus libre, et le résultat est très bon dans ce domaine, ça aide à faire passer tous les chiffres et autres infos distillés à forte dose par Jancovici. Justement, ces chiffres, ces infos, sont amenés le plus souvent de façon pédagogique et claire, resituant le contexte, développant risques, avantages et inconvénients, en n’hésitant pas à manier l’humour pour faire passer des propos scientifiques. De plus, cette lecture peut tout à fait pousser à la réflexion dans plein de domaines de la vie quotidienne, et c’est déjà un succès. J’en arrive maintenant à ce qui m’a gêné. J’ai trouvé que, dans le dernier tiers, le plaidoyer pro domo pour présenter le nucléaire comme l’évidente solution à la plupart des problèmes bien trop manichéen, il manque ici la nuance et la rigueur qui ailleurs étaient plus marquées. Quid de l’approvisionnement (voir ce qui se passe au Niger) ? Les chiffres du nombre de morts consécutif à la catastrophe de Tchernobyl sont clairement sous-estimés (quid des milliers de morts parmi les « liquidateurs » ?). Jancovici part du principe, asséné, que Fukushima ou Tchernobyl ne peuvent arriver en France. Peut-être. Mais si cela « arrivait », qui se sacrifierait pour « limiter la casse » ? Cela mérite au moins un débat éclairé entre les citoyens, ce qui n’a jamais été le cas en France ! Par ailleurs, il élude complètement certains enjeux, sur l’extraction des matières premières (uranium, mais aussi d’autres), avec leurs conséquences environnementales, l’exploitation de populations pauvres, et ne pousse pas très loin l’hypothèse de la décroissance. Notre modèle de société n’est qu’à peine écorné : que se passe-t-il si les populations des pays pauvres veulent vivre comme nous ? est-ce supportable ? Comment concilier les exigences des pays pauvres et des pays riches ? Bref, une lecture exigeante, mais que j’ai trouvée intéressante. Mais la dernière partie m’a moins convaincu, et m’a laissé l’impression d’une rigueur partielle et partiale, c’est dommage.

04/11/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Triskeriaki

Grâce à Christophe Blain, les nombreuses informations autour de l'énergie sont claires et faciles à comprendre, même si j'étais un peu perdu après avoir lu les 192 pages d'une traite. Je suis content que la BD possède des oeuvres qui approfondissent l'écologie, l'énergie, et notre futur en général. J'ai pris pas mal de notes, parce que j'ai appris des choses malgré ma passion du sujet, mais aussi parce que certains propos m'ont paru très douteux. Noyées dans la masse des 192 pages, des affirmations étranges ne sont pas développées (l'utilisation d'une grande quantité d'énergie n'est pas vraiment remise en question, puisque Jancovici, pro-nucléaire, propose une décroissance accompagnée par une augmentation de 20% de nucléaire, ce qui encourage à tout sauf la décroissance...). En fait Jancovici tombe dans des travers rhétoriques assez grotesques. Il met en face de lui le journaliste sympa qui pose les bonnes questions - Mais monsieur, et Tchernobyl ? - Les centrales d'aujourd'hui sont mieux conçues, ça n'arrivera plus... donc le nucléaire c'est bien ! (sous-entendu dans la construction de la page) Les gens ont peur du nucléaire, mais en fait ils exagèrent... donc le nucléaire c'est bien ! (à chaque fois cette conclusion, juste parce qu'il a enfoncé des portes ouvertes en combattant quelques idées reçues, tout en évitant de parler de l'emplacement des déchets). Bref, des tas de raccourcis rhétoriques qui viennent soudainement entacher sa précision scientifique dans le domaine de l'énergie. Clairement, il y a deux Jancovici, celui qui parle de notre avenir, et celui qui parle du nucléaire. Pour être clair, j'ai appris des choses intéressantes sur le nucléaire, mais j'ai senti une différence de ton, et bien sûr, la mise en scène suit. Parlons de l'aspect BD : rien de spectaculaire, à part la planche de fin peut-être. Ça fait très "blog imprimé" un peu comme les notes de Boulet, même si certaines idées de mise en scène sont frappantes. Et c'est là que ça me pose problème. On parle de science, de notre avenir, et on se retrouve avec des situations comiques et caricaturées dignes de Charlie Hebdo (pour la caricature, pas l'humour). C'est bien de vulgariser, mais on s'échappe complètement du sérieux scientifique du discours, pour se plonger dans le dessin dans des comparaisons approximatives. Les chiffres sont clairs, mais les dessins extrapolent, exagèrent et simplifient. L'humour au prix de la précision, est-ce que ça valait le coup ? La légèreté, au prix de l'objectivité ? Un exemple: "Il faut choisir ses inconvénients" en dessous, on voit des cloches avec un déchet nucléaire, et à côté...le CO2. Encore à côté, l'espace. Encore à côté, l'atteinte à la biodiversité. Vous l'aurez compris, le nucléaire est magique, ne prend aucune place, ne consomme aucun gramme de CO2...je suis très remonté contre ces dessins naïfs et manipulateurs. Jancovici passe beaucoup de temps à nous vanter le nucléaire, mais pas une seule bulle pour les habitants de Bure qui ont vécu un enfer pendant des années avec de l'espionnage quotidien et un creusement forcé pour mettre sous leurs pieds les déchets nucléaires de toute une génération. En nous disant que l'accident est impossible, alors que c'est déjà arrivé aux USA dans un site souterrain. Pour quelqu'un d'aussi calé en énergie, ç'aurait été pas mal d'écrire au moins une phrase sur la fusion nucléaire. Quid de l'énergie ? Ne peut-on concevoir une décroissance sans augmentation du nucléaire ? Est-on dépendant de l'énergie à ce point ? J'ai changé profondément mes habitudes, je suis végétarien, je chauffe à 19 degrés, je prends que les transports en commun, je ne prendrai plus jamais l'avion... est-ce que tout ceci était dur ? Non, ça n'a quasiment rien changé à mon quotidien. C'est ridiculement facile. La seule justification du nucléaire, c'est le capitalisme. Si on veut poursuivre le régime capitaliste jusqu'au bout, alors oui, il nous faut du nucléaire. Mais est-ce vraiment ce qu'on veut ? J'ajoute que je trouve particulièrement malsain l'omniprésence médiatique de Jancovici. Est-ce la seule personne qui a des connaissances en énergie ? Où sont les autres sons de cloche, les autres créateurs ? Aurélien Barreau a un point de vue totalement différent, ça serait pas mal de l'adapter aussi. C'est plus une critique politique que BD, mais la BD l'exige. Je recommande quand même pour se faire son propre avis. La première moitié est neutre.

03/11/2023 (modifier)
Par karibou79
Note: 4/5
L'avatar du posteur karibou79

Beau défi pour Blain rondement remporté : rendre accessible un sujet loin d'être sexy en compilant des chiffres, statistiques et notions scientifiques poussées. Le style "BD éducatives pour les grands en duo dessinateur+spécialiste" est en vogue et payant ces dernières années avec des succès comme Dans la combi de Thomas Pesquet ou le récent Capital & Idéologie. Et c'est bien si cela permet d'ouvrir l'esprit de personnes nourries aux intox ou redoutant les articles de presse spécialisée. Et c'est aussi salutaire pour ouvrir les yeux sur une composante essentielle de notre quotidien à tous: l'énergie. Je suis de près les causes et effets du réchauffement climatique mais ai été surpris de constater que l'impact de l'énergie va au-delà de tout ça, elle régit l'ensemble de ce qui nous entoure et continuera de le régir, changement climatique ou pas. Ce dernier ne permet que d'être un accélérateur d'une transition devenant de plus en plus urgente. On apprend des tonnes de choses mais la contrepartie, ce sont les coups de déprime qu'on se prend dans la face même si l'humour de Blain (banco avec ses interventions d'Iron Man) les minimise un peu. J'espère qu'il ne sera pas lu uniquement par un public déjà au fait mais partagé à d'autres ou intégré dans les CDI des collèges et lycées. Comme beaucoup le pointent, la partie concernant le nucléaire prend une place trop large au risque de dévaloriser les propos neutres du reste du livre. C'est courageux d'afficher clairement ses opinions mais cela pourrait desservir la neutralité de l'ensemble et fournir des arguments aux négationistes. Dans tous les cas, c'est un très beau boulot de vulgarisation scientifique et de pédagogie graphique, bravo les gars. Ne reste plus qu'à espérer que cela rendront certains décideurs plus coupables de leur peu de courage face à l'urgence grandissante et les pousseront à agir.

17/02/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Calimeranne

On ne présente plus cet album de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain, véritable best-seller qui s'est hissé en tête des ventes de livres en 2022. À mon sens, ce succès est amplement mérité, et témoigne que de nombreuses personnes s'intéressent au sujet du dérèglement climatique. La première partie de l'album, qui expose la manière dont nous sommes devenus dépendants du pétrole, est édifiante. Les chiffres m'ont donné le vertige, et même si j'avais déjà conscience que notre mode de vie occidental était excessivement énergivore, je ne mesurais pas la quantité d'énergie que le moindre de nos actes quotidiens peut nécessiter. Le propos, qui se base principalement sur des faits scientifiques, est extrêmement critique envers nos décideurs qui refusent de renoncer à la sacro-sainte croissance. Arrivée à la moitié de l'album, j'étais plutôt déprimée, Jancovici semblant démontrer que toute solution visant à endiguer le problème du dérèglement climatique est illusoire. Heureusement, la dernière partie se veut un peu plus optimiste, proposant des solutions, dont la principale est, selon Jancovici, le recours à l'énergie nucléaire. Je n'ai jamais réussi à me faire un avis sur le sujet, et en tant que profane, je me vois mal réfuter les arguments d'un polytechnicien qui en sait infiniment plus que moi. Ses explications m'ont paru convaincantes, et répondre pertinemment aux principaux arguments des anti-nucléaires. Ceci étant, j'ai trouvé gênant que ce plaidoyer pro-nucléaire ne soit aucunement nuancé, alors même que dans le reste de l'album Jean-Marc Jancovici garde toujours un esprit critique, notamment concernant les énergies renouvelables. Qu'il soit convaincu que l'énergie nucléaire représente la meilleure solution face aux défis climatiques et énergétiques de notre siècle je le conçois, mais aucune solution n'étant parfaite il aurait été intéressant de ne pas éluder les limites et les défauts de l'énergie nucléaire. Quoiqu'il en soit, cet album, bien raconté et mis en images par Christophe Blain est très instructif, et apporte un éclairage intéressant sur les problématiques engendrées par nos modes de vie. L'accumulation de chiffres et d'explications en font un album très dense, et bien que l'exposé soit relativement clair, il faudrait sûrement plusieurs lectures pour en retenir l'essentiel.

30/01/2023 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

Ce n'est pas si facile d'aviser une telle série et encore moins de la noter. En effet il faut prendre un peu de recul pour ne pas tomber ni dans l'admiration béate d'un discours très bien rodé ni dans le déni imbécile des climatosceptiques. JM Jancovici (Janco), en bon X très sûr de lui, nous livre un exposé analytique de la situation énergétique mondiale dans un discours qu'il maîtrise à la perfection. On devine tout le travail effectué sur la synthèse qu'il a dû faire avant tout à destination de décideurs. Sa rencontre avec Christophe Blain lui a permis de franchir le pas d'une vulgarisation très grand public grâce au médium BD. Je dois avouer que le graphisme de Blain aide formidablement bien à la lecture de cet ouvrage rempli de statistiques, de diagrammes, de courbes ou de projections. Bien que de formation scientifique assez géol, ayant travaillé dans la grosse industrie, il m'a fallu pas mal de temps pour achever le livre. Le travail des auteurs pour produire un récit logique dans sa construction est remarquable. En effet il y a tellement de choses dans des domaines différents (géologie, physique, historique, économique ou politique) que faire une synthèse abordable pour un public non initié est une prouesse. Le problème avec ce type de récit est qu'il y a tellement d'informations que vous en oubliez immédiatement une énorme partie sauf à s'astreindre à apprendre le livre par coeur comme le ferait un étudiant. Ce n'est pas vraiment le but ici. Pour parler du fond, Janco a aussi appris à être un formidable communicant. Ce qui fait que j'ai eu l'impression qu'il laisse sous le tapis quelques éléments un peu gênants même si dans l'ensemble je partage son analyse et un peu moins ses conclusions plutôt optimistes sur notre capacité à changer de braquet. Grande a été ma surprise à la lecture du plaidoyer pro nucléaire même si je trouve cela courageux dans le contexte politique actuel. Je suis loin d'être antinucléaire mais il eut été plus juste de mettre plus l'accent sur quelques difficultés au long terme. Evidemment la gestion des déchets qui se compte en siècles (sauf si on meurt tous de chaud d'ici là), mais aussi la maintenance très pointue que cette technologie nécessite et qui n'est pas à la portée de tous les pays aujourd'hui (ou alors on fait comme avec les avions de combat ce qui assujettit le pays acheteur) et pour finir les coûts réels du démantèlement restent approximatifs (et probablement très sous évalués). Par contre j'ai bien aimé son analyse sur l'impact environnemental immédiat- qualité de l'air mais aussi moindre surface au sol détruite). J'ai aussi bien aimé la dénonciation de l'hypocrisie de nos amis voisins qui n'ont jamais hésité à acheter à EDF de l'électricité si besoin. J'aurais aimé un chapitre sur le gaspillage (en fringues, en nourriture, en médicaments) et son impact sur l'empreinte carbone. J'ai admiré le graphisme de Blain qui apporte une note d'humour dans cette aridité de chiffres et de camemberts peu attractifs. Son personnage d'Iron Man colle parfaitement à la situation à la fois insouciant et avide de préserver sa propre force. Une lecture pas facile presque académique qui propose une synthèse édifiante de la situation actuelle. 3.5

16/11/2022 (modifier)