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Couverture de la série Silence
Silence

J’ai découvert Silence un peu par hasard, en parcourant les notes et critiques sur BDthèque — et je dois dire que c’est grâce à sa très bonne notation que j’ai eu envie de m’y plonger. Et quelle découverte ! Comès signe ici une œuvre profondément marquante, à la fois poétique, sombre et d’une grande humanité. L’histoire de Silence, ce jeune homme simple d’esprit manipulé par les habitants d’un village rongé par la cruauté et l’hypocrisie, m’a touché bien plus que je ne m’y attendais. Sous ses allures de conte rural, la bande dessinée dépeint une société où la différence dérange, où le pouvoir corrompt, et où la pureté de cœur devient presque un fardeau. Le dessin en noir et blanc, d’une précision incroyable, accentue l’atmosphère pesante et tragique du récit. Chaque case semble pensée comme une gravure, avec une force visuelle rare. Le contraste entre la beauté du trait et la dureté de ce qu’il raconte renforce l’émotion ressentie tout au long de la lecture. Ce qui m’a surtout marqué, c’est la profondeur du message : derrière la fable, Comès nous parle d’exclusion, de solitude et d’innocence dans un monde qui ne laisse pas de place à la différence. Le personnage de Silence, à la fois victime et miroir de la cruauté humaine, reste longtemps en mémoire après avoir refermé l’album. En résumé, Silence est une œuvre magistrale, à lire absolument pour quiconque aime les bandes dessinées à la fois fortes, sensibles et intelligentes. Merci à la communauté de BDthèque de m’avoir fait découvrir ce récit : sans sa réputation sur le site, je serais sans doute passé à côté d’un grand moment de bande dessinée.

26/10/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série Aciae z79
Aciae z79

Le Jeu du Hasard est truqué. - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2025. Il a été réalisé par l’artiste se faisant appeler emg, pour le scénario, les dessins et les couleurs. Il comporte quatre-vingt-huit pages de bande dessinée. Il se compose d’une histoire courte intitulée Trinitrate glycérol z7 de sept pages, puis de l’histoire principale Adoremus christum in aeternum z79. Trinitrate glycérol z7, sept pages. Une molécule flotte sur un fond uni, elle est composée de trois atomes de carbone, trois d’oxygène et huit d’hydrogène. Plus loin flotte une molécule composé d’un atome d’hydrogène, un d’azote et trois d’oxygène. Un court récit dans lequel l’auteur montre des molécules en train de dériver dans un milieu qui n’est pas précisé, jusqu’à se combiner entre elles. Le titre donne une signification très particulière à ces pages, indiquant qu’il s’agit du processus de combination de la nitroglycérine, c’est-à-dire la réaction de nitration du glycérol avec l'acide nitrique. Ainsi il représente un ballet chimique doux et coloré d’entités se combinant entre elles, ce qui l’oppose à la nature même du produit ainsi formé, à son utilisation destructrice par l’homme qui a imaginé ce processus. Adoremus Christum In Æternum z79, soixante-dix-neuf pages. Dans un champ, un homme dans une tenue habillée tient un panier avec des fruits à la main. À côté, une jeune fille d’une dizaine d’années pousse une brouette légèrement chargée. L’oncle indique à sa nièce Marta que c’est peut-être écrit dans la Bible, et il lui demande si après y avoir réfléchi, elle y croit. Elle s’écrie qu’une goutte de pluie lui est rentrée dans l’œil. De nuit, au même endroit, se détache la silhouette d’une femme tenant une grande crosse avec une roue à son extrémité, s’exclamant : Lilith ! Dans les salons du palais de l’empereur, des nobles en habits discutent. L’une de ces dames en robe s’adresse à son interlocuteur en lui disant qu’elle le pensait plus patient, elle devrait leur présenter Maximilien. Il répond qu’il ne lui sera d’aucune utilité dans son entreprise, et regrette que von Tiesenhausen ne revienne pas. Une autre s’adresse à un officiel, en le mettant au défi d’évoquer le sujet au Conseil, et devant sa propre épouse de surcroît ! Un homme en uniforme explique à un autre qu’ils craignent que le mal ne s’étende aux Deux-Provinces. Les discussions continuent alors que les serviteurs présentent des plateaux avec des boissons. Dans une chapelle, un noble prie et s’adresse au Seigneur. Il lui dit qu’il L’a fait veuf, cujus regnis non erit finis, et maintenant la misère s’enracine dans le domaine qu’Il lui a confié. Puissent ses prières arriver jusqu’à Lui, et sauver les récoltes. Dans le palais, les invités sortent à l’extérieur, et ils se dirigent vers la terrasse avec une vue sur le magnifique jardin à la française. Ils continuent à parler de choses et d’autres. Dire que la narration est singulière est un euphémisme. S’il n’a jamais lu d’œuvre de cet auteur, le lecteur se demande dans quoi il est tombé. Première évidence : le parti pris graphique hors du commun. L’artiste utilise un outil infographique, et représente aussi bien les personnages que les décors et les accessoires par un assemblage de formes géométriques simples : cercle, cylindre, sphère, parallélépipèdes, cônes, trapèzes et autres, en leur appliquant les lois de la perspective. Les personnages présentent des singularités telles que l’absence de traits de visages, l’absence de coudes, de genoux, de chevilles, les différentes parties du corps humains n’étant pas reliées entre elles. Pour autant il est possible d’identifier certains personnages d’une séquence à l’autre par leur taille et leur tenue vestimentaire. Deuxième particularité narrative : un dessin par page, il n’y a donc pas d’action décomposée en suite de cases, ni de cases disposées en bandes, ou reliées entre elles sur une même page. Troisième particularité : la forme des phylactères qui sont des parallélépipèdes rectangles, c’est-à-dire avec un volume, plutôt que des bulles en deux dimensions. L’auteur joue avec cette forme en trois dimensions, les propos d’un personnage pouvant se trouver sur deux faces contigües d’un tel phylactère. Autre particularité déstabilisante : la numérotation des pages. Déconcerté par l’apparente absence de continuité d’une page à la suivante, le lecteur regarde la numérotation des premières : 01, suivie par 66, puis par 02 à 09, puis 11, puis 10, puis 12 à 16, puis 18… Il faut donc un temps d’adaptation au lecteur pour choisir comment lire cette bande dessinée. Le réflexe naturel est de de se focaliser dans l’intrigue, en relevant les ressemblances entre les assemblages de formes géométriques 3D pour identifier des personnages, pour s’accrocher à la récurrence de leurs apparitions, afin de déterminer les rôles principaux. Il repère également les événements évoqués par les personnages, et l’incidence qu’ils peuvent avoir. Il laisse de côté les informations qui lui semblent sans signification sur le moment, telle cette silhouette en ombre chinoise qui en appelle à Lilith dans la deuxième planche, qui est numérotée soixante-six, au lieu de deux. Il faut relativement peu de temps et peu d’effort pour situer les deux personnages principaux : le veuf Flavius et sa fille Marta. Le premier s’en va chercher du travail ce qui l’éloigne durablement de sa famille, la seconde éprouve une passion pour la lecture, ce qui l’incite à se tenir autant à l’écart qu’elle le peut de la vie mondaine et de la cour de l’empereur. Elle est élevée par son oncle et l’épouse de celui-ci. À part une ou deux bizarreries chronologiques en cours de route, l’intrigue s’avère facile à suivre jusqu’à son dénouement qui clôt effectivement le récit. Comme en atteste la couverture, la narration visuelle apparaît très personnelle, au-delà même des caractéristiques déjà évoquées. L’auteur opte donc pour une composition immuable d’une unique image par page, sans jamais que deux cases à suivre, ou deux pages à suivre, ne se déroulent au même endroit ou ne concernent le même personnage. Une fois acclimaté aux caractéristiques graphiques à base de formes géométriques en trois dimensions, le lecteur ressent que chaque case est composée comme un dessin traditionnel avec une bonne densité d’informations visuelles. Dans la première, il peut voir l’oncle et la nièce, un arbre au premier plan deux paniers, une brouette, et en arrière-plan l’ondulation du terrain et le cône de plusieurs arbres qui dépassent. Dans la suivante, il y a l’ombre chinoise de la jeune fille, la crosse, deux arbres, les ondulations de terrain, la silhouette d’autres arbres, la pluie, un croissant de Lune, avec un bel usage des couleurs sombres. Le mode de dessin ne constitue pas une excuse pour des compositions simplistes. Dans la page suivante, une quinzaine de personnages interagissent dans une réception mondaine, avec en plus les tableaux accrochés au mur, un grand tapis, et les phylactères massifs. Nonobstant des couleurs parfois acidulées, le lecteur se rend compte que l’immersion fait son effet : il peut se projeter aussi bien dans cette cour inspirée de l’Europe centrale du début du XIXe siècle, que dans une chapelle, une zone naturelle boisée, la modeste demeure de l’oncle, le labyrinthe des jardins à la française, une forêt épineuse, un champ de bataille à côté des servants d’un canon, une cité fortifiée en bord de mer, à bord d’un navire traversant l’océan par une mer houleuse, au beau milieu d’une cérémonie religieuse dans une église, sur une route enneigée, etc. La tête des personnages se limitant à une sphère à laquelle peuvent être accolés une poignée de cylindre figurant la coiffure, sans aucune marque pour la bouche, les yeux, les oreilles ou le nez, elle s’avère inexpressive au possible. De la même manière les postures des personnages s’inscrivent dans un registre fonctionnel, sans participer d’un langage corporel. Ainsi l’état d’esprit d’un personnage n’est accessible au lecteur que par ce qu’il dit, dans des phrases courtes et peu nombreuses, c’est-à-dire de façon très concise et limitée. D’un autre côté, ces dessins à base de formes minimaliste aboutissent parfois à des images saisissantes. Il en va ainsi de celle retenue pour la couverture, presque identique à celle se trouvant en page numérotée 63, située entre les pages numérotées 28 et 30. Outre cette composition quasi abstraite, le lecteur s’amuse du jeu avec la forme des phylactères qui peuvent être cylindriques, ou comme pliés sur eux-mêmes, masquant ainsi une partie de leur contenu. Il voit les notes de musiques flotter dans l’air du salon, un trait pointillé qui est désigné comme une colonne de fourmis par Marta, des formes de labyrinthe à bille pour le dessin des jardins à la française, une série de disques disposés en arc de cercle pour figurer la course du soleil dans le ciel, des feuillages d’arbres qui semblent flotter au-dessus du sol car ils sont dépourvus de tronc, un nuage qui pleut sur un phylactère pour indiquer que le personnage pleure, un oiseau qui profite d’une ouverture dans un phylactère comme dans un nichoir, et un grand nombre de chats. Finalement une histoire sympathique et intelligible malgré les bizarreries. Certes… Pour autant ces dernières sont bien présentes et intentionnelles, une construction à la chronologie sciemment déconstruite par l’auteur. Premier effet : une mise en évidence de l’arbitraire de la construction d’un récit par un auteur, puisque celui-ci décide de l’ordre des pages comme bon lui semble, il est le maître du temps de cet assemblage. Deuxième effet : rapprocher des moments temporellement éloignés dans le récit, ce qui casse la causalité d’une page à l’autre. Troisième effet : faire constater au lecteur que ce dernier établit lui-même des liens de cause à effet, par pur automatisme de pensée, en lui indiquant a postériori que la cause de l’action d’un personnage était bien différente de celle qu’il avait subodorée. Il se produit également une mise en abîme de l’acte de lecture puisque Marta elle-même s’y adonne avec passion et qu’elle explicite la nature de son plaisir. Elle dit que : il y a du soleil dans ces livres, et toutes les saisons de tous les pays, et puis les sentiments y sont plus forts, et elle peut sauter les passages qui ne lui plaisent pas… Un peu comme le désordre des pages fait sauter des passages au lecteur, et l’auteur lui fait y revenir après, plusieurs pages plus loin. Plus loin Marta explique également que : Ce qu’elle aime avec les Évangiles, c’est qu’ils parlent d’un pays lointain où elle n’ira jamais. Et encore : L’année dernière, sa tante l’a invitée à venir voir les Danses de mars, au Palais ; Marta a refusé car elle avait lu un très beau poème à propos de ces danses, et elle a eu peur d’être déçue, que la réalité efface l’idée. Le lecteur préfère retenir cette explication pour le choix d’un fil narratif restructuré, plutôt que celle des fourmis qui se suivent à la queue-leu-leu : il ne souhaite pas être une de ces fourmis suivant un chemin bien balisé, ou pire celles qu’un cousin tue si elles empruntent le chemin qu’il ne veut pas. Un nouvel ouvrage de l’auteur, une nouvelle expérience de lecture hors du commun. Il recompose son récit dans un savant désordre chronologique se traduisant par un mélange des pages pour une numérotation non linéaire. Une fois passé le moment d’adaptation nécessaire à l’apparence des dessins réalisés à partir d’assemblage de formes géométriques simples, le lecteur se laisse porter par les dessins et les dialogues, estimant qu’il finira bien par s’y retrouver. En effet, il capte sans trop d’effort la dynamique et l’enjeu de l’intrigue, et comprend aisément sa résolution. Il vit également de vivre une expérience de lecture entre déconstruction et mise en lumière de l’arbitraire, rupture de la causalité linéaire, et mise à nu de la causalité à plus ou moins long terme. Expérience unique.

25/10/2025 (modifier)
Par Mashiro
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Une vie d'huissier
Une vie d'huissier

2021 était vraiment une belle année pour le milieu de la BD francophone. Et c’est notamment Une Vie d’huissier qui me fait penser cela. Dev Guedin retrace ici l’histoire dun lointain cousin maintenant décédé. Il lui rend hommage en dessinant sa biographie, ses moments de jeunesse et les difficultés du métier d’huissier. L’histoire, vraie, de cette huissier est triste voire misérable. Il y a la tristesse de voir cette homme subir une vie sans autre issues et avec les déboires qui s’enchaînent. Mais également la tristesse qui l’entoure, la pauvreté des beaux et des moins beaux quartiers. Voir la désespérance des gens auxquels l’huissier vient donner un dernier coup. C’est assez frappant ! Au final c’est plus que la vie de cette huissier à laquelle on assiste mais également le portrait de la société française des années 80 avec toute sa violence et toute sa saleté, une vision sans filtre des classes rurales et peu aisés des grandes villes. Je pense que c’est ce que j’ai le plus aimé dans cette oeuvre. Le style graphique m’a également beaucoup convaincu. J’ai aimé la noirceur de certaines scènes, le côté quasi cartoonesque de certaines situations mais également un style de manière générale auquel je ne suis pas habitué. Une de mes BDs favorite.

24/10/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Death Vigil
Death Vigil

De la Fantasy comme je l'adore. Je voulais découvrir le travail de Stjepan Sejic depuis quelques temps déjà, je profite donc de ce Death Vigil pour le faire. Et je ne suis pas déçu, loin de là. Il a su créer un univers fascinant. Pendant que nous, pauvres terriens, vaquons à nos occupations habituelles, des forces mystiques se livrent un combat dans d'autres dimensions, l'une (la Veillée Mortuaire) pour nous protéger de l'autre (la Ligue des Nécromanciens). Rien de bien très innovant je vous l'accorde, mais l'intrigue mêlent habillement suspense, fantastique, horreur et humour. Mais c'est surtout la galerie de personnages qui rend ce récit si particulier. Je ne vais pas tous les citer, trop nombreux, juste les principaux. D'abord la jeune Clara qui va se faire assassiner par son fiancé, ce qui lui permettra de rejoindre la Veillée Mortuaire (et oui, il faut être mort pour en faire partie). Une jeune femme qui va se découvrir une famille. Je ne peux passer sous silence Bernadette [ele est très chouette :-)] toujours accompagnée de sa faux, Bernie pour les intimes, surnommée la faucheuse, c'est elle qui est à la tête de la Veillée Mortuaire. Enfin Sam, au look viking, qui fonce tête baissée sans trop réfléchir. J'oubliais, les cheveux blanchissent lorsque tu appartiens à la Veillée Mortuaire. Vraiment le point fort de ce récit, même les méchants ont de la personnalité, ils sont diaboliques et loin d'être manichéens. Stjepan Sejic maîtrise son sujet, la lecture est passionnante et captivante mais elle se mérite, il faut rester concentrer pour ne pas perdre le fil de l'intrigue. Un récit qui laisse un voile d'ombre autour de Clara, peut-être sera-t-il levé dans un prochain épisode.... Je l'espère. La partie graphique est somptueuse, un style informatisé qui en met plein les yeux, tant au niveau du design des décors que des personnages. Très expressif aussi au niveau des visages, des mimiques qui me rappellent un peu Sylvain Guinebaud (c'est un compliment). La mise en page rend la lecture dynamique et le choix des couleurs nous plonge dans un univers inquiétant. J'en redemande. Si tu aimes la Fantasy avec un peu d'humour, alors ce comics est fait pour toi ! Coup de cœur.

24/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Griffes du Gévaudan
Les Griffes du Gévaudan

Une très belle et très fidèle exploration du mythe de la Bête du Gévaudan par Runberg et Poupard. Basé sur les faits historiques, le premier tome s'attache à expliquer comment des faits divers sordides (l'attaque et la mutilation de plusieurs femmes et enfants dans la Région du Gévaudan) ont été progressivement montés en épingle pour déstabiliser le Royaume de France et ont été utilisés par le clergé afin de contrer le protestantisme et le mouvement intellectuel des Lumières qui se développaient à l'époque. Bien que personne ne détienne réellement la vérité sur cette affaire, les auteurs amènent avec habileté les différentes hypothèses à l'origine des meurtres : loup(s) anthropophage(s), lion ou hyène échappé d'une ménagerie, homme(s) tentant de déstabiliser le roi, etc. La vérité se situe probablement à l'interface de plusieurs de ces hypothèses. Un dossier historique de 8 pages avec les illustrations et récits de l'époque est intégré en fin de tome. Il permet de revenir sur les faits réels survenus en Lozère au XVIIIe siècle et permet d'apporter un éclairage supplémentaire sur le traitement de l'histoire par Runberg et Poupard. Au niveau du dessin, le trait de Jean-Charles possède un certain classicisme et un côté "BD franco-belge des années 80-90" qui n'a pas été pour me déplaire. Le découpage des scènes et la mise en page alternant décors de pleine page et cases plus petites sont également plutôt agréables à l’œil. Il y a également pas mal de phylactères assez fournis de sorte que c'est une BD qui se lit en prenant son temps. Un petit coup de cœur pour l'amateur de ce genre de faits historiques que je suis. En espérant que le tome 2, qui s'annonce résolument orienté sur une interprétation plus personnelle des faits, soit du même niveau. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 9/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation, mise en page) : 8/10 NOTE GLOBALE : 17/20

24/10/2025 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
Couverture de la série Les Sentiers d'Anahuac
Les Sentiers d'Anahuac

C'est avec Florida que j'avais découvert le travail de Jean Dytar et j'avais pris une bonne claque ! Si Les Illuminés n'avait pas réussi à m'embarquer, j'avais pourtant été impressionné par le remarquable travail graphique de cet album. Et c'est là que Jean Dytar est fort, avec cette capacité à adapter son style graphique à son sujet ! Avec "Les Sentiers d'Anahuac" il réussit le pari fou de mêler un style gravure à celui des aztèques,et ça fonctionne à merveille ! Car si ce récit basé sur des faits historiques laisse place à quelques supputations des auteurs, le parcours du prêtre franciscain Bernardino de Sahagun et du jeune natif Antonio Valeriano, est construit autour d'une recherche historique très étayée que vient appuyer une post-face très intéressante renvoyant à toutes leurs sources. Le prêtre va en effet consacrer sa vie à la rédaction d'un manuscrit retranscrivant à l'aide du jeune Antonio la culture et la mémoire aztèque. C'est l'histoire de ce manuscrit aujourd'hui conservé en Italie qui sert de fil rouge à cette histoire. C'est avant tout le graphisme unique de Jean Dytar qui saute aux yeux quand on ouvre cet album. Le mélange des deux styles (aztèque et gravure) est un savant mélange parfaitement équilibré qui nous livre des planches assez époustouflantes tout en restant d'une grande lisibilité : chapeau ! C'est ensuite toute cette histoire post Conquête et cette volonté de quelques uns de préserver les restes de cette culture ancestrale qui va disparaître en si peu de temps qui marque. Loin d'être consensuelle, cette idée va se heurter à tous les idéaux économiques, de pouvoir et d'évangélisation des colons espagnols qui ne voient pas l'intérêt de ce travail herculéen, aussi chronophage que couteux. Au final, un album remarquable qui nous prouve une nouvelle fois tout le savoir faire caméléonesque de Jean Dytar !

24/10/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Slava
Slava

Il m'est assez difficile de parler de "Slava". Déjà parce que d'autres avis l'ont fait mieux que moi et que j'ai du mal à être au clair sur mon avis. J'ai un intérêt que je ne m'explique pas pour la Russie. Ce pays me fascine depuis des années, et j'ai eu l'occasion de visiter Moscou en hiver il y a quelques années avec une amie. Une visite qui m'a marqué sur la différence si grande qu'il y a entre européen de l'ouest et ce monde de l'est si différent. J'ai épluché son histoire, et comme Gomont, j'ai été surpris (le mot est faible) par les années Elstine. Le démembrement de l'URSS et la violence sordide de ceux qui deviendront les oligarques. Cette BD, c'est tout cela. Avec un faux air de Kusturika comme disait Tomdelapampa, avec son humour parfois étrangement cartoonesque mais aussi une mélancolie sourde qui pointe, une tristesse de tout les instants. "Slava", c'est l'histoire qu'on aimerait voir bien finir et qu'on sait dès le début qu'elle sera un drame. Et je dois dire que sa fin est d'une tristesse très grande, d'autant que l'on a eu le temps de s'attacher à eux. Une BD de Gomont c'est difficile à décrire pour moi. Déjà parce qu'il y a de la densité et que le bonhomme ne facilite pas la chose. Allez résumer "Slava" à trois paragraphes sans trop en dire ! Mais ce qui est simple, c'est que j'ai aimé. Adoré ? Non, clairement pas. La BD prend un peu trop de temps dans sa deuxième partie avant l'explosif final, et d'autre part j'ai trouvé la BD très (trop) bavarde dans son tome 3, surtout au début, lorsque je sentais le poids omniprésent du texte qui commençait à m'embêter dans ma lecture. D'autant que Gomont a ce tic d'intégrer du texte entre les bandes de dessins avec parfois des dialogues continus. Ce qui m'oblige à d'abord lire la voix off puis ensuite le dialogue sous peine de me perdre dans le texte, et parfois je trouve la voix-off trop présente, presque trop lyrique et parfois redondante. Maintenant que cette critique est faite (une critique que je fais à plusieurs autres BD de Gomont) je dois dire que l'auteur sait y faire niveau histoire. Slava, Nina et Lavrine sont attachants, par leurs forces et par leurs faiblesses. Le dessin de Gomont, alliant ses bulles aux dessins explicatifs avec des passages muets, tout en y allant de ses dialogues percutants et ses moments de tension. C'est maitrisé et clair, comme à son habitude. En fait je ressors de la BD frustré, un peu. Parce que j'ai l'impression que ça aurait pu être plus que ça, que l'histoire aurait été plus efficace et impactante plus condensé. En l'état, c'est bon, sans doute au-dessus de la moyenne, mais je continue de me dire que ça aurait pu être carrément génial. Mais pour autant, ne vous privez pas d'une lecture qui tente de rendre tangible ce que fut l'éclatement de l'URSS et ce que les russes vécurent. Une BD pour se rendre compte...

23/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Hurlevent (Duval/Créty)
Hurlevent (Duval/Créty)

Voilà une série Fantasy plutôt sympathique. Et qui se démarque déjà du tout venant du genre, par un univers original. Et, là où souvent un groupe de héros se lance dans une quête ou à l’assaut d’un mal ou de bestioles monstrueuses, c’est au contraire à une longue retraite que nous avons affaire. L’inévitable tyran n’est pas omnipotent – il est même peu présent, sauf dans la conclusion – et les auteurs ne se sont pas embarrassés de bimbos peu vêtues ou d’histoire d’amour à deux balles. La narration est fluide, rythmée, la menace des « fils du magma » grandissant, éliminant les uns après les autres les fuyards, jusqu’au dénouement final. Ce final justement, qui est le seul petit bémol, tant je l’ai trouvé un chouia brutal, un peu trop vite expédié (je pense même que les auteurs auraient pu se permettre un tome supplémentaire pour mieux exploiter le vieux monarque et les vengeances ou trahison que ses décisions ou la situation dramatique du monde ravagé par les flammes pouvaient inspirer). Reste que j’ai lu d’une traite les trois tomes, avec plaisir. Les amateurs du genre y trouveront leur compte.

23/10/2025 (modifier)
Par Montane
Note: 4/5
Couverture de la série Martin Milan
Martin Milan

La série Martin Milan n’est pas passée inaperçue dans le journal tintin de la fin des années 60 et du début des années 70 tant le personnage était décalé parmi les héros de l’époque. On pourrait le ranger dans la catégorie des héros atypiques avec le Jonathan de Cosey. Martin Milan n’est pas vraiment un aventurier a proprement parler, juste le pilote d’un avion branlant, pour lequel chaque vol Qui se termine bien est un exploit. D’un humour redoutable et décalé, Martin Milan cherche juste à gagner quelques argent pour vivre avec son vieux coucou. Mais ce n’est pas vraiment l’argent qui le motive, mais plutôt faire de belles rencontres. Les histoires qui ont le plus touché ne sont pas des récits complet de 46 pages mais plutôt des histoires courtes comme « il s’appelait Jérôme » ou   églantine de ma jeunesse ». Les personnages d’enfant tiennent souvent un rôle prépondérant dans cette série; je pense ainsi à «  l’âge et le surdoué » ou aux «  clochards de la jungle ». Il faut reconnaître de Christian Godard à un véritable talent pour trouver des titres d’album marquant. Cette série qui compte finalement peu d’albums s’étale sur une trentaine d’année et j’avoue que je préfère le style graphique de Girard des années 70 à celui de la fin des années 80 et même des années 90, puisque la série a rebondi à ce moment là aux éditions Dargaud. Curieusement les éditions du Lombard n’ont pas vraiment respecté la chronologie pour la parution des albums et on voit bien. Que des histoires plus récentes ont été publiées en album avant des récits plus anciens. Cette série tendre et émouvante que je viens de relire m’a de nouveau procure bien du plaisir comme ce fut le cas lors de la pré publication des histoires dans le journal Tintin.

23/10/2025 (modifier)
Couverture de la série L'Arabe du futur
L'Arabe du futur

Bon je vais pas m’attarder, je fais partie des très satisfaits. Riad Sattouf a trouvé une chouette formule avec cette série. C’est admirablement bien raconté et son histoire est intéressante. Je ne possède pas mais je ne peux que vous encouragez à la lire un jour. Perso, j’ai suivi le début un peu mollement avant de trouver mon rythme de croisière et finalement finir très touché avec sa conclusion.

22/10/2025 (modifier)