Malgré son concept fort, j'avoue n'avoir pas été immédiatement séduit par cette série. Le premier tome fonctionne, mais en choisissant de nous immerger très progressivement dans son univers, met du temps à faire démarrer l'intrigue. On se perd un peu dans le jargon technique, dans les échanges financiers, et on se demande si on va arriver à suivre.
Et puis le tome 2 arrive, et là, on sait qu'on va adorer. Le récit s'envole, les personnages se creusent, et les tournants pris par la narration deviennent un peu moins prévisibles, presque surprenant par moments. Et surtout, Dorison sait exploiter à 200% le fond de son sujet ! Après son premier tome d'exposition, il pose les vrais dilemmes dans ce tome 2 assez brillant, on comprend mieux où il veut nous mener. A ce titre, l'implacable tome 3 clôt merveilleusement la série, d'une manière parfaitement cohérente, toujours avec la profondeur qu'on attend d'un tel récit dystopique. La réflexion sur l'humanité, le libre arbitre, et notre avenir est vraiment bien menée et nous pose de vraies questions, sans que jamais, on ne se fasse écraser par un didactisme pesant.
Le dessin d'Allart est très efficace et participe bien à nous immerger dans cet univers d'hypocrisie et de faux-fuyants. De belles couleurs, un trait souple, un réalise jamais excessif, on y est, on y croit.
Bref, tout cela est très beau, et si, finalement, je n'ai eu qu'une petite réserve à la fin de cette lecture, c'est que, quelque part, j'ai eu un peu l'impression d'avoir déjà vu cette histoire. Le lien n'est pas évident de prime abord, mais quand on a vu The Truman Show, il est vraiment difficile de ne pas y voir de grosses résonances avec le tome 3. On est loin du plagiat, bien évidemment, mais tout de même, les parallèles sont très nombreux, même si j'éviterai de les lister ici pour ne pas gâcher la surprise d'éventuels futurs lecteurs.
Ce rapprochement un peu trop évident à mes yeux, est loin de disqualifier la série, mais cela lui enlève ce petit côté vraiment unique qui caractérise les grands chefs-d'œuvre. En l'état, on a déjà une excellente trilogie, agréable à lire, et très bien menée, qui nous fait déjà envisager avec le plus grand plaisir la perspective de la relire un jour. C'est déjà énorme.
Waw, très simple mais une belle claque quand-même !
Betty Boob c'est une histoire (semi) muette parlant de deux choses : le cancer et le rapport au corps (particulièrement ici le corps féminin).
Notre protagoniste, dont nous ne connaissons pas le réel prénom, perd son sein et ses cheveux à cause d'un cancer et doit apprendre à vivre sa vie après cela. Elle souffre de son image, son petit ami a du mal à la regarder dans les yeux, ne la désire plus, elle se sent observée et jugée partout où elle va, elle tente désespérément de trouver un moyen de récupérer son sein, … Jusqu'à ce que, finalement, elle tombe sur une troupe de cabaret burlesque qui décide de la prendre sous son aile. Là, parmi d'autres femmes aux corps hors normes (en surpoids, à la poitrine plate, avec une prothèse de jambe, avec beaucoup de tatouages, …) elle va enfin apprendre à ne plus subir les conséquences de sa maladie et, mieux encore, apprendre à aimer son corps et reprendre le contrôle de sa vie.
C'est très beau. D'une part visuellement, le dessin de Julie Rocheleau est travaillé, possède une belle patte et elle se permet de jouer avec les couleurs et la représentation fantasque pour illustrer ses scènes.
Mais le fond est tout aussi joli. J'aime beaucoup le sujet du corps, de la perception que nous avons de ne corps et du rôle qu'elle joue sur notre bien être. Tout ce propos sur le corps féminin, particulièrement enfermé dans des standards de beautés strictes dans notre société, et ce rejet et cette difficulté à accepter les corps hors-normes, sortant des carcans, m'a profondément parlé. Et l'aspect très positif, très doux et bon enfant du récit, qui parvient à aborder des moments durs (comme l'abandon d'êtres chers ou encore les stigmates de la maladie) tout en gardant ce ton léger et optimiste... moi ça me touche sincèrement. L'histoire est fantasque à souhait, laissant volontiers le réalisme pour l'illustration rêveuse et le symbolique, et ça ça marche très bien sur moi.
Un coup de cœur et une lecture recommandée pour ma part.
Cet album est un conte nous racontant l'histoire de Céleste, géante désireuse de découvrir le monde et qui réalisera lors de ses voyages que son statut de femme est malheureusement son réel handicap en société.
En effet, dans ses aventures, Céleste est assez peu gênée de sa taille gigantesque (si ce n'est au début). Sa taille est en réalité plus souvent utilisée comme symbole de son sentiment de ne pas appartenir au même monde que les autres, d'être hors-norme. Une scène laisse même entendre que sa taille de géante pourrait être une représentation de la grandeur des femmes, de la Femme, qui se trouve en elle, une forme de réappropriation de l'espace de vie féminine.
Oui, vous l'aurez devinez au résumé, ceci est un conte féministe.
Au-delà du féminisme, c'est un conte sur l'ouverture à l'autre, sur les stigmates causés par une société cultivant les inégalités, pourchassant et éliminant les différences et souhaitant contrôler ce qui ne la regarde pas (on aborde même le sujet des relations amoureuses non-monogames, plus ouvertes, plus libres). Dans cette société aux allures médiévales, l'histoire aborde le sujet de la féminité, du statut des femmes sont un patriarcat étouffant, des créations des femmes pour s'en sortir, partir ou tout simplement grandir. Comme souvent, on utilise à un moment un personnage de sorcière pour symboliser la femme de science pourchassée par les hommes souhaitant la contrôler. J'ai également bien aimé que le sujet des femmes dans les troupes de saltimbanques et d'artistes itinérants dans les sociétés médiévales ait été abordé ici, c'était une de mes parties préférées lorsque j'avais étudié l’histoire des arts scéniques.
Bref, Géante raconte l'histoire d'une jeune femme mûrissant, découvrant le monde et apprenant de ses découvertes, et qui, par la force de ses expériences et de ses convictions, créera petit à petit une communauté qui lui convienne et qui lui semble juste.
Peut-être trop idéaliste mais ça fait du bien.
(Note réelle 3,5)
Un comics sous forme de fascicule, il y en aura cinq, un par mois.
Autre particularité, chaque fascicule va nous proposer deux points de vue différents d'une même histoire. D'abord celle de l'inspecteur Ari Nassar qui vient de fêter son départ en retraite, elle sera suivie de celle d'un tueur en série.
Ram V et Laurence Campbell s'occupent de notre inspecteur, tandis que Dan Watters et Sumit Kumar du serial killer et Lee Loughridge aux couleurs.
Fascicule 1.
Une entrée en matière réussie, l'intrigue prend doucement forme et j'aime beaucoup cette lecture en parallèle des deux points de vue.
L'inspecteur Ari est intrigant, c'est aussi un solitaire qui cherche la compagnie féminine dans une boutique spécialisée dans l'Intelligence Artificielle, sous forme de robots. Il va reprendre du service sur une enquête qu'il a déjà résolue deux fois dans le passé... Côté tueur en série, on découvre un jeune homme doctorant en archéologie, un petit gars comme beaucoup d'autres, il a un job d'appoint pour joindre les deux bouts. Des personnages que nos scénaristes prennent le temps de bien développer.
Un polar noir, dans un monde futuriste, qui tient ses promesses, c'est captivant et j'ai hâte d'être au prochain numéro.
Notre trio (Campbell, Kumar et Loughridge) réalise un formidable boulot. La partie graphique nous plonge de plein pied dans cette mégalopole bouillonnante et inquiétante. J'ai adoré le choix des couleurs.
Plus qu'à attendre le 28 février.
Alors ça, c'est glauque à souhait.
Jolies ténèbres, c'est un conte macabre, un récit fantastique mêlant les joies enfantines aux horreurs plus sombres et cruelles du monde réel. Tout commence dans l'esprit d'une jeune fille… morte. Oui, ici, nous allons suivre des petits êtres humanoïdes tout droit sortis de l'imaginaire d'une enfant et qui vont devoir tenter de survivre hors de sa tête lorsque celle-ci meurt en pleine forêt dans des circonstances inconnues. Le sujet, en réalité, ne sera pas la mort de la jeune fille en elle-même (si ce n'est à la rigueur que tout ce récit pourrait être interprété comme une métaphore pour la mort symbolique de l'enfance et un passage forcé et dramatique à l'âge adulte et ses horreurs plus froides). Ici, nous allons suivre ces petits personnages à l'apparence si innocente progressivement se transformer en monstres. Vols, inégalités, meurtres, survie en milieu hostiles, … On comprend très rapidement que l'on ne nous raconte pas ici une histoire joyeuse.
Comme le nom de l'album l'indique, nous avons ici un croisement du beau, du mignon, de l'idéal (de l'idéalisé, même) et du terrifiant, du monstrueux, du froid, du réel. Seuls une poignée de personnages semblent objectivement sympathiques, mais bien évidemment, comme souvent dans ce genre de récit, ce sont elleux qui subiront les pires tragédies.
Aurore, notre protagoniste, est une jeune rêveuse, souhaitant l'entraide, la paix avec les animaux et tout simplement que tout le monde puisse vivre en harmonie. Cette histoire est celle de ses désillusion, de la perte de son innocence, de sa découverte presque trop cruelle des pires aspects de l'humanité. Elle qui n'était qu'une sorte de poupée idéalisée au début, ne rêvant que de fêtes, de thés et de son beau prince, elle finira traumatisée, froide, monstrueuse à son tour.
L'album retourne, met sincèrement mal à l'aise par moment, et surtout réussi son pari de faire de ce récit une rencontre entre une leçon de vie poétique et imagée et une version horrifique du roman "Les Chapardeurs" de Mary Norton.
Le dessin de Kerascoët est, comme toujours, très beau. Iels arrivent toujours à donner des visages et des apparences adorables à leurs personnages, ce qui aide beaucoup pour le contraste avec les évènements affreux que ces petits êtres vivent. Les dernières planches beaucoup plus froides et terrifiantes m'ont vraiment bluffée.
L'album m'a sincèrement retournée. C'est glauque, prenant, angoissant, …
La lecture est on ne peut plus recommandée pour moi.
Je n'ai franchement aucune affinité avec toute cette histoire, dont je ne connais pas le film d'ailleurs (American Sniper). Mais Nury et Brüno qui s'associent pour parler de ça, c'est suffisant pour me donner envie. Et j'ai donc commencé la BD sans trop d'attente, ce qui m'a permis de complètement l'apprécier.
En effet, la BD pose deux conditions pour une lecture agréable : ne pas s'attendre à une histoire exhaustive, ne pas s'attendre à une considération sur les personnes. Ne connaissant pas l'histoire, donc, j'ai été surpris que l'ensemble présente les faits et (presque) que les faits. Les auteurs ne se posent jamais en père-la-morale et se contentent de présenter tout les personnages, leurs idées, comment cette journée arriva et ce qu'il en résultat. Mais aussi la suite, avec la veuve de Chris Kyle, tout ce qui s'est passé autour de son image etc ...
Ce qui fait la confusion possible de plusieurs lecteurs et lectrices, c'est que la BD semble vouloir explorer cette histoire aux personnages assez peu manichéen, alors que le propos des auteurs me semble tout autre. Bien qu'il ne mette que les faits allant jusqu'à retranscrire des interviews télévisuelles, c'est dans l'organisation des pages que j'ai senti ce qui se jouait. Pour moi (du haut de mon expérience de lecteur), les auteurs veulent utiliser cette histoire pour présenter une société, la société américaine, dans toutes ses contradictions. Une société qui ne s'occupe pas de la santé de ses milliers de vétérans, fasciné par les armes à feux, embrassant la violence comme solution (le slogan est incroyable !), utilisant toute histoire pour faire de l'argent, capitalisant sur le succès populaire ...
Pour moi, cette BD est surtout une constatation de ce qu'est l'Amérique de Chris Kyle. Une Amérique qui ne fait pas du tout rêver et qui semble surtout un échec cuisant. Voir la jeune veuve sortir livre sur livre et créer des sociétés en profitant de la mort de son mari me parait indécent, mais c'est l'Amérique ! Voir les personnages utilisés en tout sens, les procès s'empiler, les interviews (parfois lunaire) se succéder, le tout baigné des valeurs bien USA (arme, protestantisme, procès, argent ...). C'est une fin bien amère qui est présentée, à mon gout, lorsque l'on voit encore une page de mort qui s'entasse, morts anonymes qui ne seront jamais déplorés ... La BD est une enquête sur un sujet qui n'est pas le meurtre de Chris Kyle et dont j'ai l'impression que le sous-titre est le plus important : une histoire Américaine.
Cet album est très intéressant. D’une part parce qu’il explique de façon très simple et très claire comment les multinationales s’exonèrent des obligations collectives en matière fiscale, en jouant sur les règles, avec la complicité de dirigeants politiques, et d’États aux allures de paradis fiscaux – ici le Luxembourg, avec des boites de Conseils et d’Audit spécialisées pour les conseiller à frauder le fisc.
L’autre intérêt est de montrer, au travers de ce qui est arrivé à Antoine Deltour, qui travaillait dans l’un de ces cabinets géants (qui œuvrent pour « accompagner » les multinationales du monde entier – celles qui ont des « sièges sociaux » ne contenant qu’une boîte aux lettres au Luxembourg) et qui est devenu « lanceur d’alerte », fournissant des documents à "Cash Investigation" - entre autres. C’est le début pour lui d’un harcèlement judiciaire de la part de son ancien employeur – secondé par la justice luxembourgeoise au début. Cela interroge donc aussi sur le statut de lanceur d’alerte, officiellement défendu, mais qui en fait est plus que fragile. Et il faut beaucoup de courage pour le devenir et le rester, puisque plusieurs années de combat judiciaire, de pressions diverses s’ensuivent.
La narration est agréable et limpide, y compris lorsque Deltour explique les mécanismes de la fraude. On reste pourtant dégoûté en comprenant que rien n’a changé sur le fond, puisque les mécanismes qui permettent aux multinationales d’utiliser le dumping fiscal et les complicités des dirigeants leur permettent toujours de ne presque rien payer en impôts sur leurs réels bénéfices. Comme le rappelle Deltour (et c’est le moteur de son action), ceci entraine la baisse des investissements dans l’éducation, le social, les hôpitaux, etc., puisque l’argent qui leur serait nécessaire est détourné au profit des actionnaires des grands groupes, suite à quelques jeux d’écriture.
Un album peu épais, vite lu, mais instructif (à compléter avec quelques articles du Monde diplo, quelques émissions d’Élise Lucet – qui se fend de la préface et certains livres et BD de Denis Robert).
Une lecture recommandée.
"La Gloire de mon père" et Le Château de ma Mère , sa suite, ont la particularité d'être des excellents romans bénéficiant de très bonnes adaptations ciné et BD. J'aime beaucoup l'univers marseillais de Pagnol et je trouve que la collection proposée par Stocco et Stoffel rend fidèlement hommage à ce grand artiste. Pagnol est un auteur très "cinématographique" dans ses récits. C'est donc presque naturel de retrouver le même déroulé scénaristique dans la série. Pas de surprise donc mais un plaisir évident de retrouver cet équilibre entre l'intimité de l'enfance heureuse, la peinture sociétale et sociale de ce début de siècle où la séparation de l'Eglise et de l'Etat est une grande affaire, et la pointe d'ironie sur l'image idolâtrée du père. Les dialogues sont souvent issus du roman ce qui apporte une belle qualité littéraire à la série.
Le graphisme de Tanco qui manie humour des expressions et précision des paysages contribue grandement à la qualité d'une lecture dont je ne me lasserai jamais.
Shuzo Oshimi est décidément un auteur à part et cette série le prouve encore une fois.
L'auteur aime parler de sujets durs et souvent tabous sans prendre les gants et ce n'est donc pas une lecture que je recommande à tout le monde. Il y a des passages très crus montant la sexualité et les fantasmes d'adolescents qui risquent de choquer les âmes sensibles.
L'histoire met en avant trois adolescents qui sont mal dans leur peau et surtout dans les rôles que leur donne la société japonaise qui est très conformiste et rigide sur ce que doit être un homme et ce que doit être une femme et gare à celui ou celle qui ne tient pas son rôle convenablement. Je ne vois pas trop quoi ajouter de plus à l'avis de gruizzli hormis que je suis souvent d'accord avec son avis.
L'auteur réussit le tour de force de montrer du sordide sans tomber dans l'exploitation de bas étages. On sent un amour pour les personnages même lorsqu'ils font des trucs malsains. Il faut dire que l'auteur se sent concerné par le sujet et a donc mis beaucoup de lui-même dans cette série...
Les 7 tomes se lisent bien. Il faut dire qu'il y a souvent peu de texte durant plusieurs pages de suite. La mise en scène est incroyable.
Brave Bell est un manga dense qui apporte une trame originale mêlant de nombreuses thématiques et qui ne se laisse pas deviner.
Cela commence comme un shonen classique, avec un héros lycéen qui a la particularité d'être le fils d'un chef yakuza et d'avoir une vie scolaire particulière à cause de l'aura que cela implique. Une seule fille au lycée ose en effet le traiter d'égal à égal, mais hormis cela il se sent bien seul. Jusqu'au jour où tout le clan de sa famille est massacré par une organisation inconnue et qu'il se retrouve avec la vengeance comme seul objectif. Mais avant cela, il doit découvrir ce que contient le coffre bancaire que son père lui a laissé en héritage. Qu'elle n'est pas sa surprise de découvrir qu'une jeune fille y est hébergée, une petite soeur qui lui était inconnue et dont il apprend qu'elle détient un pouvoir surnaturel de même que l'une des antagonistes qu'il rencontre par la même occasion ! C'est avec l'aide de cette enfant et de ses pouvoirs, ainsi qu'avec le soutien de sa seule amie du lycée, qu'il va continuer à mener l'enquête pour comprendre qui est cette organisation qui a tué sa famille.
Un scénario complexe et intense pour un récit plutôt noir, avec une dose de polar et une autre de fantastique.
On sent qu'il dispose d'un scénariste d'une part et d'un dessinateur d'autre part, contrairement à ces séries manga où un seul auteur s'occupe des deux. Car en effet le dessin est ici tout aussi pro et travaillé que le scénario. Les planches sont soigneusement réalisées, avec un trait réaliste et détaillé. Il y a un gros boulot derrière ça et la narration reste très lisible.
L'histoire est rythmée, très prenante, avec une bonne intelligence dans son déroulement et sa mise en scène. Il se passe beaucoup en un unique tome d'introduction et on se demande vraiment où l'intrigue va nous mener pour se terminer en 6 tomes. A suivre de près.
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HSE - Human Stock Exchange
Malgré son concept fort, j'avoue n'avoir pas été immédiatement séduit par cette série. Le premier tome fonctionne, mais en choisissant de nous immerger très progressivement dans son univers, met du temps à faire démarrer l'intrigue. On se perd un peu dans le jargon technique, dans les échanges financiers, et on se demande si on va arriver à suivre. Et puis le tome 2 arrive, et là, on sait qu'on va adorer. Le récit s'envole, les personnages se creusent, et les tournants pris par la narration deviennent un peu moins prévisibles, presque surprenant par moments. Et surtout, Dorison sait exploiter à 200% le fond de son sujet ! Après son premier tome d'exposition, il pose les vrais dilemmes dans ce tome 2 assez brillant, on comprend mieux où il veut nous mener. A ce titre, l'implacable tome 3 clôt merveilleusement la série, d'une manière parfaitement cohérente, toujours avec la profondeur qu'on attend d'un tel récit dystopique. La réflexion sur l'humanité, le libre arbitre, et notre avenir est vraiment bien menée et nous pose de vraies questions, sans que jamais, on ne se fasse écraser par un didactisme pesant. Le dessin d'Allart est très efficace et participe bien à nous immerger dans cet univers d'hypocrisie et de faux-fuyants. De belles couleurs, un trait souple, un réalise jamais excessif, on y est, on y croit. Bref, tout cela est très beau, et si, finalement, je n'ai eu qu'une petite réserve à la fin de cette lecture, c'est que, quelque part, j'ai eu un peu l'impression d'avoir déjà vu cette histoire. Le lien n'est pas évident de prime abord, mais quand on a vu The Truman Show, il est vraiment difficile de ne pas y voir de grosses résonances avec le tome 3. On est loin du plagiat, bien évidemment, mais tout de même, les parallèles sont très nombreux, même si j'éviterai de les lister ici pour ne pas gâcher la surprise d'éventuels futurs lecteurs. Ce rapprochement un peu trop évident à mes yeux, est loin de disqualifier la série, mais cela lui enlève ce petit côté vraiment unique qui caractérise les grands chefs-d'œuvre. En l'état, on a déjà une excellente trilogie, agréable à lire, et très bien menée, qui nous fait déjà envisager avec le plus grand plaisir la perspective de la relire un jour. C'est déjà énorme.
Betty Boob
Waw, très simple mais une belle claque quand-même ! Betty Boob c'est une histoire (semi) muette parlant de deux choses : le cancer et le rapport au corps (particulièrement ici le corps féminin). Notre protagoniste, dont nous ne connaissons pas le réel prénom, perd son sein et ses cheveux à cause d'un cancer et doit apprendre à vivre sa vie après cela. Elle souffre de son image, son petit ami a du mal à la regarder dans les yeux, ne la désire plus, elle se sent observée et jugée partout où elle va, elle tente désespérément de trouver un moyen de récupérer son sein, … Jusqu'à ce que, finalement, elle tombe sur une troupe de cabaret burlesque qui décide de la prendre sous son aile. Là, parmi d'autres femmes aux corps hors normes (en surpoids, à la poitrine plate, avec une prothèse de jambe, avec beaucoup de tatouages, …) elle va enfin apprendre à ne plus subir les conséquences de sa maladie et, mieux encore, apprendre à aimer son corps et reprendre le contrôle de sa vie. C'est très beau. D'une part visuellement, le dessin de Julie Rocheleau est travaillé, possède une belle patte et elle se permet de jouer avec les couleurs et la représentation fantasque pour illustrer ses scènes. Mais le fond est tout aussi joli. J'aime beaucoup le sujet du corps, de la perception que nous avons de ne corps et du rôle qu'elle joue sur notre bien être. Tout ce propos sur le corps féminin, particulièrement enfermé dans des standards de beautés strictes dans notre société, et ce rejet et cette difficulté à accepter les corps hors-normes, sortant des carcans, m'a profondément parlé. Et l'aspect très positif, très doux et bon enfant du récit, qui parvient à aborder des moments durs (comme l'abandon d'êtres chers ou encore les stigmates de la maladie) tout en gardant ce ton léger et optimiste... moi ça me touche sincèrement. L'histoire est fantasque à souhait, laissant volontiers le réalisme pour l'illustration rêveuse et le symbolique, et ça ça marche très bien sur moi. Un coup de cœur et une lecture recommandée pour ma part.
Géante - Histoire de celle qui parcourut le monde à la recherche de la liberté
Cet album est un conte nous racontant l'histoire de Céleste, géante désireuse de découvrir le monde et qui réalisera lors de ses voyages que son statut de femme est malheureusement son réel handicap en société. En effet, dans ses aventures, Céleste est assez peu gênée de sa taille gigantesque (si ce n'est au début). Sa taille est en réalité plus souvent utilisée comme symbole de son sentiment de ne pas appartenir au même monde que les autres, d'être hors-norme. Une scène laisse même entendre que sa taille de géante pourrait être une représentation de la grandeur des femmes, de la Femme, qui se trouve en elle, une forme de réappropriation de l'espace de vie féminine. Oui, vous l'aurez devinez au résumé, ceci est un conte féministe. Au-delà du féminisme, c'est un conte sur l'ouverture à l'autre, sur les stigmates causés par une société cultivant les inégalités, pourchassant et éliminant les différences et souhaitant contrôler ce qui ne la regarde pas (on aborde même le sujet des relations amoureuses non-monogames, plus ouvertes, plus libres). Dans cette société aux allures médiévales, l'histoire aborde le sujet de la féminité, du statut des femmes sont un patriarcat étouffant, des créations des femmes pour s'en sortir, partir ou tout simplement grandir. Comme souvent, on utilise à un moment un personnage de sorcière pour symboliser la femme de science pourchassée par les hommes souhaitant la contrôler. J'ai également bien aimé que le sujet des femmes dans les troupes de saltimbanques et d'artistes itinérants dans les sociétés médiévales ait été abordé ici, c'était une de mes parties préférées lorsque j'avais étudié l’histoire des arts scéniques. Bref, Géante raconte l'histoire d'une jeune femme mûrissant, découvrant le monde et apprenant de ses découvertes, et qui, par la force de ses expériences et de ses convictions, créera petit à petit une communauté qui lui convienne et qui lui semble juste. Peut-être trop idéaliste mais ça fait du bien. (Note réelle 3,5)
The One Hand & The Six Fingers
Un comics sous forme de fascicule, il y en aura cinq, un par mois. Autre particularité, chaque fascicule va nous proposer deux points de vue différents d'une même histoire. D'abord celle de l'inspecteur Ari Nassar qui vient de fêter son départ en retraite, elle sera suivie de celle d'un tueur en série. Ram V et Laurence Campbell s'occupent de notre inspecteur, tandis que Dan Watters et Sumit Kumar du serial killer et Lee Loughridge aux couleurs. Fascicule 1. Une entrée en matière réussie, l'intrigue prend doucement forme et j'aime beaucoup cette lecture en parallèle des deux points de vue. L'inspecteur Ari est intrigant, c'est aussi un solitaire qui cherche la compagnie féminine dans une boutique spécialisée dans l'Intelligence Artificielle, sous forme de robots. Il va reprendre du service sur une enquête qu'il a déjà résolue deux fois dans le passé... Côté tueur en série, on découvre un jeune homme doctorant en archéologie, un petit gars comme beaucoup d'autres, il a un job d'appoint pour joindre les deux bouts. Des personnages que nos scénaristes prennent le temps de bien développer. Un polar noir, dans un monde futuriste, qui tient ses promesses, c'est captivant et j'ai hâte d'être au prochain numéro. Notre trio (Campbell, Kumar et Loughridge) réalise un formidable boulot. La partie graphique nous plonge de plein pied dans cette mégalopole bouillonnante et inquiétante. J'ai adoré le choix des couleurs. Plus qu'à attendre le 28 février.
Jolies ténèbres
Alors ça, c'est glauque à souhait. Jolies ténèbres, c'est un conte macabre, un récit fantastique mêlant les joies enfantines aux horreurs plus sombres et cruelles du monde réel. Tout commence dans l'esprit d'une jeune fille… morte. Oui, ici, nous allons suivre des petits êtres humanoïdes tout droit sortis de l'imaginaire d'une enfant et qui vont devoir tenter de survivre hors de sa tête lorsque celle-ci meurt en pleine forêt dans des circonstances inconnues. Le sujet, en réalité, ne sera pas la mort de la jeune fille en elle-même (si ce n'est à la rigueur que tout ce récit pourrait être interprété comme une métaphore pour la mort symbolique de l'enfance et un passage forcé et dramatique à l'âge adulte et ses horreurs plus froides). Ici, nous allons suivre ces petits personnages à l'apparence si innocente progressivement se transformer en monstres. Vols, inégalités, meurtres, survie en milieu hostiles, … On comprend très rapidement que l'on ne nous raconte pas ici une histoire joyeuse. Comme le nom de l'album l'indique, nous avons ici un croisement du beau, du mignon, de l'idéal (de l'idéalisé, même) et du terrifiant, du monstrueux, du froid, du réel. Seuls une poignée de personnages semblent objectivement sympathiques, mais bien évidemment, comme souvent dans ce genre de récit, ce sont elleux qui subiront les pires tragédies. Aurore, notre protagoniste, est une jeune rêveuse, souhaitant l'entraide, la paix avec les animaux et tout simplement que tout le monde puisse vivre en harmonie. Cette histoire est celle de ses désillusion, de la perte de son innocence, de sa découverte presque trop cruelle des pires aspects de l'humanité. Elle qui n'était qu'une sorte de poupée idéalisée au début, ne rêvant que de fêtes, de thés et de son beau prince, elle finira traumatisée, froide, monstrueuse à son tour. L'album retourne, met sincèrement mal à l'aise par moment, et surtout réussi son pari de faire de ce récit une rencontre entre une leçon de vie poétique et imagée et une version horrifique du roman "Les Chapardeurs" de Mary Norton. Le dessin de Kerascoët est, comme toujours, très beau. Iels arrivent toujours à donner des visages et des apparences adorables à leurs personnages, ce qui aide beaucoup pour le contraste avec les évènements affreux que ces petits êtres vivent. Les dernières planches beaucoup plus froides et terrifiantes m'ont vraiment bluffée. L'album m'a sincèrement retournée. C'est glauque, prenant, angoissant, … La lecture est on ne peut plus recommandée pour moi.
L'Homme qui tua Chris Kyle
Je n'ai franchement aucune affinité avec toute cette histoire, dont je ne connais pas le film d'ailleurs (American Sniper). Mais Nury et Brüno qui s'associent pour parler de ça, c'est suffisant pour me donner envie. Et j'ai donc commencé la BD sans trop d'attente, ce qui m'a permis de complètement l'apprécier. En effet, la BD pose deux conditions pour une lecture agréable : ne pas s'attendre à une histoire exhaustive, ne pas s'attendre à une considération sur les personnes. Ne connaissant pas l'histoire, donc, j'ai été surpris que l'ensemble présente les faits et (presque) que les faits. Les auteurs ne se posent jamais en père-la-morale et se contentent de présenter tout les personnages, leurs idées, comment cette journée arriva et ce qu'il en résultat. Mais aussi la suite, avec la veuve de Chris Kyle, tout ce qui s'est passé autour de son image etc ... Ce qui fait la confusion possible de plusieurs lecteurs et lectrices, c'est que la BD semble vouloir explorer cette histoire aux personnages assez peu manichéen, alors que le propos des auteurs me semble tout autre. Bien qu'il ne mette que les faits allant jusqu'à retranscrire des interviews télévisuelles, c'est dans l'organisation des pages que j'ai senti ce qui se jouait. Pour moi (du haut de mon expérience de lecteur), les auteurs veulent utiliser cette histoire pour présenter une société, la société américaine, dans toutes ses contradictions. Une société qui ne s'occupe pas de la santé de ses milliers de vétérans, fasciné par les armes à feux, embrassant la violence comme solution (le slogan est incroyable !), utilisant toute histoire pour faire de l'argent, capitalisant sur le succès populaire ... Pour moi, cette BD est surtout une constatation de ce qu'est l'Amérique de Chris Kyle. Une Amérique qui ne fait pas du tout rêver et qui semble surtout un échec cuisant. Voir la jeune veuve sortir livre sur livre et créer des sociétés en profitant de la mort de son mari me parait indécent, mais c'est l'Amérique ! Voir les personnages utilisés en tout sens, les procès s'empiler, les interviews (parfois lunaire) se succéder, le tout baigné des valeurs bien USA (arme, protestantisme, procès, argent ...). C'est une fin bien amère qui est présentée, à mon gout, lorsque l'on voit encore une page de mort qui s'entasse, morts anonymes qui ne seront jamais déplorés ... La BD est une enquête sur un sujet qui n'est pas le meurtre de Chris Kyle et dont j'ai l'impression que le sous-titre est le plus important : une histoire Américaine.
Fronde fiscale - Antoine Deltour - Parcours d'un lanceur d'alerte
Cet album est très intéressant. D’une part parce qu’il explique de façon très simple et très claire comment les multinationales s’exonèrent des obligations collectives en matière fiscale, en jouant sur les règles, avec la complicité de dirigeants politiques, et d’États aux allures de paradis fiscaux – ici le Luxembourg, avec des boites de Conseils et d’Audit spécialisées pour les conseiller à frauder le fisc. L’autre intérêt est de montrer, au travers de ce qui est arrivé à Antoine Deltour, qui travaillait dans l’un de ces cabinets géants (qui œuvrent pour « accompagner » les multinationales du monde entier – celles qui ont des « sièges sociaux » ne contenant qu’une boîte aux lettres au Luxembourg) et qui est devenu « lanceur d’alerte », fournissant des documents à "Cash Investigation" - entre autres. C’est le début pour lui d’un harcèlement judiciaire de la part de son ancien employeur – secondé par la justice luxembourgeoise au début. Cela interroge donc aussi sur le statut de lanceur d’alerte, officiellement défendu, mais qui en fait est plus que fragile. Et il faut beaucoup de courage pour le devenir et le rester, puisque plusieurs années de combat judiciaire, de pressions diverses s’ensuivent. La narration est agréable et limpide, y compris lorsque Deltour explique les mécanismes de la fraude. On reste pourtant dégoûté en comprenant que rien n’a changé sur le fond, puisque les mécanismes qui permettent aux multinationales d’utiliser le dumping fiscal et les complicités des dirigeants leur permettent toujours de ne presque rien payer en impôts sur leurs réels bénéfices. Comme le rappelle Deltour (et c’est le moteur de son action), ceci entraine la baisse des investissements dans l’éducation, le social, les hôpitaux, etc., puisque l’argent qui leur serait nécessaire est détourné au profit des actionnaires des grands groupes, suite à quelques jeux d’écriture. Un album peu épais, vite lu, mais instructif (à compléter avec quelques articles du Monde diplo, quelques émissions d’Élise Lucet – qui se fend de la préface et certains livres et BD de Denis Robert). Une lecture recommandée.
La Gloire de mon Père
"La Gloire de mon père" et Le Château de ma Mère , sa suite, ont la particularité d'être des excellents romans bénéficiant de très bonnes adaptations ciné et BD. J'aime beaucoup l'univers marseillais de Pagnol et je trouve que la collection proposée par Stocco et Stoffel rend fidèlement hommage à ce grand artiste. Pagnol est un auteur très "cinématographique" dans ses récits. C'est donc presque naturel de retrouver le même déroulé scénaristique dans la série. Pas de surprise donc mais un plaisir évident de retrouver cet équilibre entre l'intimité de l'enfance heureuse, la peinture sociétale et sociale de ce début de siècle où la séparation de l'Eglise et de l'Etat est une grande affaire, et la pointe d'ironie sur l'image idolâtrée du père. Les dialogues sont souvent issus du roman ce qui apporte une belle qualité littéraire à la série. Le graphisme de Tanco qui manie humour des expressions et précision des paysages contribue grandement à la qualité d'une lecture dont je ne me lasserai jamais.
Welcome back, Alice
Shuzo Oshimi est décidément un auteur à part et cette série le prouve encore une fois. L'auteur aime parler de sujets durs et souvent tabous sans prendre les gants et ce n'est donc pas une lecture que je recommande à tout le monde. Il y a des passages très crus montant la sexualité et les fantasmes d'adolescents qui risquent de choquer les âmes sensibles. L'histoire met en avant trois adolescents qui sont mal dans leur peau et surtout dans les rôles que leur donne la société japonaise qui est très conformiste et rigide sur ce que doit être un homme et ce que doit être une femme et gare à celui ou celle qui ne tient pas son rôle convenablement. Je ne vois pas trop quoi ajouter de plus à l'avis de gruizzli hormis que je suis souvent d'accord avec son avis. L'auteur réussit le tour de force de montrer du sordide sans tomber dans l'exploitation de bas étages. On sent un amour pour les personnages même lorsqu'ils font des trucs malsains. Il faut dire que l'auteur se sent concerné par le sujet et a donc mis beaucoup de lui-même dans cette série... Les 7 tomes se lisent bien. Il faut dire qu'il y a souvent peu de texte durant plusieurs pages de suite. La mise en scène est incroyable.
Brave Bell
Brave Bell est un manga dense qui apporte une trame originale mêlant de nombreuses thématiques et qui ne se laisse pas deviner. Cela commence comme un shonen classique, avec un héros lycéen qui a la particularité d'être le fils d'un chef yakuza et d'avoir une vie scolaire particulière à cause de l'aura que cela implique. Une seule fille au lycée ose en effet le traiter d'égal à égal, mais hormis cela il se sent bien seul. Jusqu'au jour où tout le clan de sa famille est massacré par une organisation inconnue et qu'il se retrouve avec la vengeance comme seul objectif. Mais avant cela, il doit découvrir ce que contient le coffre bancaire que son père lui a laissé en héritage. Qu'elle n'est pas sa surprise de découvrir qu'une jeune fille y est hébergée, une petite soeur qui lui était inconnue et dont il apprend qu'elle détient un pouvoir surnaturel de même que l'une des antagonistes qu'il rencontre par la même occasion ! C'est avec l'aide de cette enfant et de ses pouvoirs, ainsi qu'avec le soutien de sa seule amie du lycée, qu'il va continuer à mener l'enquête pour comprendre qui est cette organisation qui a tué sa famille. Un scénario complexe et intense pour un récit plutôt noir, avec une dose de polar et une autre de fantastique. On sent qu'il dispose d'un scénariste d'une part et d'un dessinateur d'autre part, contrairement à ces séries manga où un seul auteur s'occupe des deux. Car en effet le dessin est ici tout aussi pro et travaillé que le scénario. Les planches sont soigneusement réalisées, avec un trait réaliste et détaillé. Il y a un gros boulot derrière ça et la narration reste très lisible. L'histoire est rythmée, très prenante, avec une bonne intelligence dans son déroulement et sa mise en scène. Il se passe beaucoup en un unique tome d'introduction et on se demande vraiment où l'intrigue va nous mener pour se terminer en 6 tomes. A suivre de près.