Les derniers avis (29254 avis)

Couverture de la série Basketful of heads
Basketful of heads

Un album qui me fait de l’œil depuis son apparition sur le site. Je le découvre enfin grâce à sa réédition dans la collection Nomad, une excellente initiative de l’éditeur pour découvrir à petit prix une partie de son catalogue. Et bah c’est vachement bien !! La partie graphique assure bien le taf, c’est efficace et sans fioritures, trait et découpage conviennent parfaitement à l’ambiance et participent à l’installer, on se laisse tranquillement de plus en plus happer par ce récit horrifique. Et c’est là, la grande force de cette histoire, sa construction. Sur un postulat que je qualifierai de classique en série B, une tempête + une évasion de prisonniers + une ville isolée, le scénariste déroule son récit en surprenant régulièrement le lecteur. C’est parfaitement orchestré, en plus la part fantastique est drôle et bien amenée. En conclusion, je dirais que je me suis bien amusé là ;) un astucieux et chouette album (culte pour le genre, il n’y a pas de faux pas).

16/03/2024 (modifier)
Couverture de la série La France de l'ombre (Les Années rouge & noir)
La France de l'ombre (Les Années rouge & noir)

J'ai bien aimé la lecture de ces quatre volumes qui rappellent des zones sombres (d'ombres) de la France d'après-guerre. Les scénaristes Boisserie et Convard réussissent la prouesse de ne pas s'éparpiller pour garder un cap très cohérent autour de quatre personnages principaux. Ces quatre personnages (Agnès, Simone, Alain, Aimé) gravitent suffisamment près du pouvoir pour nous faire revivre le dessous des cartes de certaines heures clés des Trente Glorieuses. Les scénaristes ont choisi le parti pris de focaliser la période sur la lutte entre Gaulliste et Communistes. Cela exclut de facto certains personnages importants comme François Mitterrand du récit. Cette ambiance de priorité numéro un dans la lutte contre la puissance du PC est très bien rendue. La narration développe à merveille cette atmosphère de compromission qui régnait dans les couloirs du pouvoir. Mais les auteurs ne sont pas manichéens pour autant. Ils soulignent en de nombreux points les avancées significatives dans la construction européenne et la volonté de modifier la société dans la reconnaissance de minorités. Les personnalités des personnages sont toutes travaillées en profondeur avec une grande richesse de sentiments voire de fidélité à un idéal. Cela conduit un personnage comme Bacchelli à être à la fois détestable et fascinant dans sa résilience à se rendre central dans le jeu d'ombres qui existe en arrière-plan de la scène politique. Au-delà de la saga historique, c'est l'intelligence du comportement d'animal politique que font vivre les auteurs qui m'a beaucoup séduit. Le graphisme de Stéphane Douay me semble un ton en dessous de la valeur du scénario. On peut lui reprocher quelques imprécisions dans les visages. Cela reste bien expressif et facilement lisible pour ne pas nuire au plaisir général de la lecture. Une lecture plaisante surtout pour des lecteurs de ma génération qui ont côtoyé cette ambiance par leurs parents. 3.5

16/03/2024 (modifier)
Couverture de la série Rhetorix
Rhetorix

Un bon complément au "Pouvoir rhétorique" de Clément Viktorovitch. Ici, on retrouve un guide beaucoup plus pratique avec des schémas, des outils mnémotechniques, ça m'a permis de réviser mes connaissances. J'ai bien aimé l'humour et l'aspect motivant du narrateur.

16/03/2024 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5
Couverture de la série Saint-Elme
Saint-Elme

Mon avis sur le tome 1 - La Vache brûlée : Galvanisés sans doute par la réussite de « L’Homme gribouillé », Serge Lehman et Frederik Peeters réitèrent leur collaboration avec cette nouvelle série, en restant dans une intrigue similaire, à la croisée du polar et du fantastique, où semble encore planer l’ombre inquiétante de Max Corbeau. Toutefois, à la différence de leur précédent opus, la couleur est de mise ici, même si l’on retrouve la même ambiance sombre et poisseuse dans un pays imaginaire que l’on pourrait situer en Suisse, le pays natal de Peeters, à moins que ce ne soit en Europe centrale, des zones souvent ignorées du genre. Mais si de Suisse il est question, celle-ci est dépeinte comme une sorte de dystopie, le théâtre de l’action étant une petite ville de montagne nommée Saint-Elme, autrefois paisible et connue pour son eau pure, mais devenue avec les années une sorte d’Ibiza alpine cosmopolite, capitale de la fête au magnétisme si puissant que les clubbers, junkies et dealers y accourent du monde entier. Fidèle à son trait semi-réaliste, Peeters a opté pour une palette de couleurs artificielles et chamarrées, soigneusement choisies, produisant une atmosphère à la fois surréaliste et électrique qui s’accorde bien au contexte un brin anxiogène où semble résonner imperturbablement le beat hypnotique des dance floors. Le résultat est très réussi et l’objet lance sur nos synapses des ondes lysergiques pour le moins envoûtantes. Le psychédélisme revisité au goût des années 2020. Dans cette histoire au scénario élaboré et aux personnages marquants, le détective Franck Sangaré parti en quête d’un jeune fugueur (que l’on entr'aperçoit dans la scène d’ouverture sanglante mais dont le regard halluciné surmonté d’un bonnet de derviche va rester gravé dans la rétine du lecteur tout au long du récit) va très vite se trouver confronté à des événements étranges dès son arrivée à Saint-Elme. Comme marqué d’une malédiction biblique, la ville semble envahie par les grenouilles. Puis, à la faveur d’une légende moyenâgeuse qui a inspiré le nom d’un troquet du coin, c’est une vache qui va être brulée de façon volontaire et anonyme… tout ces éléments contribuent à la profonde étrangeté de ce thriller « alpin », mené de main de maître par le duo Lehman-Peeters. A ce titre, la fin s’avère plutôt inattendue voire perturbante, mais je n’en dévoilerai évidemment aucun indice. Ce qui est certain, c’est que le parti pris du « cliffhanger » est des plus réussi, nous donnant une envie furieuse de découvrir la suite, prévue en 5 tomes. Avec ces deux auteurs, attachés à rendre à notre vieille Europe une aura fantastique fort légitime, laquelle, à travers la pop-culture, semble bien souvent n’appartenir qu’aux U.S., on savait bien qu’on ne serait pas déçus mais en plus, on ne peut qu’avoir envie de les encourager dans l’orientation qu’ils ont choisie. Mon avis sur le tome 2 - L'Avenir de la famille : Paru trois mois après le premier volet, on ne constatera aucune rupture avec ce second tome, qui continue à nous captiver grâce à un scénario tendu comme un arc. Ce polar noir et électrique va encore évoluer ici dans une tension croissante, et Franck Sangaré va prendre cher, très cher même. Ce détective taciturne et peu amène va finalement réussir à susciter l’empathie du lecteur dans une scène spectaculaire évoquant « Reservoir Dogs » où il jouera les souffre-douleurs du Derviche, le jeune homme en fugue qu’il était censé ramener chez sa riche maman, laquelle espérait peut-être le sortir du milieu peu recommandable où il était tombé du fait de son addiction à la dope. Celui qu’on avait entrevu dans le premier tome et dont le regard halluciné nous avait marqué se révèlera être un véritable psychopathe d’une cruauté implacable et guidé par une folie comparable à celle du célèbre Joker. Au-delà du scénario puissant de Serge Lehman, ce que l’on retient, c’est cette galerie de personnages tous plus ou moins azimutés, personnages parmi lesquels Romane la touriste et Paco le berger misanthrope semblent à peu près les seuls un tant soit peu équilibrés, si ce n’est leurs fêlures intérieures symbolisées par leurs cicatrices corporelles qui ne font que les rapprocher. Et si l’on apprécie cette aptitude chez Lehman à donner de la consistance à ses personnages, même aux plus anecdotiques, on se doute que la participation de Frederik Peeters, même s’il endosse ici le rôle de dessinateur, y est sans doute pour quelque chose. Habituellement, les récits dont il est le scénariste mettent également en scène des protagonistes bien campés psychologiquement, une qualité renforcée par son trait expressif. Peeters poursuit dans son parti pris radical dans la colorisation — en particulier dans les scènes d’intérieur ou urbaines —, qui, même si l’effet de surprise est déjà passé, emporte l’adhésion. La scène de l’interrogatoire de Sangaré reste la plus édifiante, tout en fureur et en douleur, avec une lutte crispée entre le bleu et le rouge qui culmine dans un jaune explosif. De même, on est séduit par le cadrage très cinématographique et l’ambiance à la Twin Peaks de ce récit choral, en particulier lors des dernières pages où s’égrènent des plans fixes sur les personnages de l’épisode, exposant au lecteur leur solitude et leur douleur, conscientes ou non, dans un silence nocturne et tragique. Une fois de plus, ce tome nous laisse impatient, se concluant par l’apparition en toute dernière page d’un personnage mystérieux en imper et à la coupe afro typiquement seventies, celui-là même figurant sur la couverture. Un vague pressentiment nous saisit alors : ce type qui s’apprête à débarquer à Saint-Elme n’est certainement pas venu pour tondre la laine des moutons des alpages environnants. Le troisième tome, prévu à l’automne, promet donc de disperser sévère… Mon avis sur le tome 3 - Le porteur de mauvaises nouvelles : Au fil des tomes, « Saint-Elme » creuse tranquillement (si on peut dire) son sillon. Son univers étrange, voire fantastique, pour un récit ayant plus à voir avec le polar, ainsi que son intrigue et ses personnages, bien structurés psychologiquement, nous sont désormais familiers. La série rencontre d’ailleurs un joli succès, qui vient confirmer que la collaboration entre Serge Lehman et Frederik Peeters était plus que pertinente. Ce tome 3 poursuit donc sur sa lancée, avec son lot de bagarres et de meurtres, le tout dans une atmosphère fascinante renforcée par ces extraordinaires couleurs fluorescentes soulignant la violence implacable de l’action. L’image marquante de cet épisode – laquelle a d’ailleurs inspiré la couverture — restera liée à l’évasion de Franck Sangaré, dans une scène dantesque où l’homme apparaît transfiguré, de l’eau jusqu’aux hanches, dans un conduit souterrain aux couleurs verdâtres. Gravement brûlé au visage et sur le corps, Sangaré n’est plus que l’ombre de lui-même ou plutôt semble s’être transformé en monstre mû par la douleur. Le détective est devenu une sorte de créature des marais, les grenouilles lui recouvrant le corps étant devenues ses confidentes... Quant à Cavalieri, dit le Derviche, il reste sans conteste le personnage le plus effrayant, saisi par un délire mystique provoqué par des substances hallucinogènes qui l’ont rendu plus redoutable et plus imprévisible. Avec ce « Porteur de mauvaises nouvelles », la narration semble avoir définitivement trouvé son rythme de croisière, installant sans coup férir « Saint-Elme » au rang des séries BD culte, bénéficiant d’un scénario travaillé et d’une iconographie innovante pour un récit qui s’inscrit dans le roman noir. Et nous, pauvres lecteurs impatients, de nous languir de la suite… Mon avis sur le tome 4 - Un Œil dans le dos : Cette fois, c’est le Derviche qui est à l’honneur pour ce quatrième volet de « Saint-Elme », le polar le plus insolite de ces dernières années en matière de neuvième art. Ce personnage très emblématique de la série apparaît sur la couverture en suspension, sur fond de cosmos étoilé, prêt à asséner un coup de pied redoutable à un ennemi que l’on ne voit pas. On retrouve ici toute la galerie de protagonistes avec lesquels nous sommes maintenant familiarisés, notamment ceux gravitant autour du clan des Sax, la richissime famille qui tient Saint-Elme sous son emprise, grâce à ses intérêts dans l’eau de source qui a fait la réputation de la ville alpine. En face, Franck Sangara, chargé de ramener Arno Cavalieri, dit le Derviche, dans le giron familial. Le « jeune bourge » travaille désormais dans un trafic de stupéfiants chapeauté « non officiellement » par les Sax. Franck, qui fait figure de miraculé après les graves brulures qu’il a subi lors de l’interrogatoire violent des Sax, est désormais représenté en momie vivante, réfugié dans l’auberge « La Vache brûlée » aux côtés de son frère Philippe et de Madame Dombre. Car la mafia des Sax ne recule devant rien pour décourager voire éliminer tous ceux qui se mettent un tant soit peu en travers de leur chemin… Cette série poursuit sans coup férir la voie que Serge Lehman et Frederik Peeters lui ont tracé depuis le tome 1. On reste toujours autant happés par ce « hardboiled » dont l’intrigue ne cesse de se tendre au fur et à mesure que l’on parcourt les tomes successifs. Avec ses personnages bien construits psychologiquement, qu’ils soient excentriques, inquiétants, mystérieux ou carrément crétins, le récit continue à s’enfoncer doucement dans la folie, avec jusque ce qu’il faut de mystère, évitant de franchir les limites du crédible, sans oublier une touche discrète d’humour. Outre les récurrentes grenouilles « volantes » et ce chien au regard diabolique du redoutable Gregor Mazur, l’image forte de ce tome demeurera cette incroyable chondrite — « météorite plus vieille que la Terre » — dévoilant sa structure sur une pleine page et explosant à la suivante dans une sorte de mini-big bang cosmique. Tout cela est permis par la patte unique de Frederick Peeters, qui a su insérer dans ce polar noir une bonne dose d’onirisme, parvenant à fasciner le lecteur sans les lui dévoiler, à l’instar de ses œuvres précédentes. L’auteur suisse a en outre su concocter ici une palette très audacieuse de couleurs fluorescentes, conférant une ambiance psychédélique et singulière qui met en lumière, comme le qualifie Madame Dombre, notre monde « détraqué » auquel on est tellement habitué qu’ « on n’y fait même plus attention ». La conclusion de ce tome fera une incursion un peu plus prononcée dans le fantastique, notamment à travers le medium Mertens, laissant présager des révélations spectaculaires pour le cinquième et dernier volet de la série. Mon avis sur le tome 5 : Les Thermopyles : L’excellente série en milieu alpin de Serge Lehman et Frédérik Peeters nous livre donc son dénouement tant attendu avec ce tome 5. Tous les protagonistes sont désormais réunis autour du détective Franck Sangaré. La tension est à son comble, la guerre avec le clan Mazur semble inévitable... Grâce à un savant dosage entre « hardboiled » et fantastique en demi-teinte, un peu à la manière d’un David Lynch, avec quelques indices énigmatiques disséminés ça et là, les auteurs ont réussi à maintenir ce qu’il fallait de tension et de mystère pour qu’à aucun moment le livre ne tombe des mains du lecteur. Ce qui est sûr, c’est que ce dernier épisode tient ses promesses avec un affrontement final en apothéose d’action, de feu et de sang, mais également à haute teneur mystique. Une fois encore, Serge Lehman puise son récit dans une mythologie européenne immémoriale, où la nature était divinité et la spiritualité n’avait pas encore été squeezée par la religion. Dans « Saint-Elme », la montagne joue le rôle de bienfaitrice en fournissant aux humains son eau nourricière, et gare à ceux qui tenteraient de l’accaparer à des fins purement mercantiles ! Lehman a-t-il cherché ici à métaphoriser la mainmise des multinationales sur les ressources naturelles (dont l’eau bien sûr), dans le contexte préoccupant du réchauffement climatique ? Quoiqu’il en soit, cette fiction supporte facilement une double lecture…

28/01/2022 (MAJ le 16/03/2024) (modifier)
Couverture de la série Apprendre à tomber
Apprendre à tomber

Le hasard de mes lectures fait que je découvre coup sur coup des auteurs allemands. Après Voyage de malade de Joséphine Mark, place à Mikaël Ross, un auteur qui ne m’est pas inconnu, la plupart de ses séries sont dans ma liste à lire mais c’est bien le 1er album que je lis de lui … Et bien franchement j’ai adoré, vous pouvez y aller tranquille. Le seul reproche que je peux faire, c’est qu’en fait ce tome est un album de commande d’un institut religieux pour ses 150 ans. C’est expliqué en pré ou postface (je ne sais plus) mais heureusement ça reste complètement anecdotique durant la lecture. Sinon bah c’est du très bon, justesse de la mise en scène, des personnages, des sentiments … l’auteur déroule son récit de main de maître. Je ne pensais pas être autant emporté par ce petit monde, la fin est très belle, en plus d’être réussie. Je suis un peu chiche, je vous renvoie au bel avis de Noirdésir pour en savoir plus. Je passe juste pour vous encourager à tomber sur ce chouette album et ne pas vous arrêter à la couverture.

16/03/2024 (modifier)
Couverture de la série Voyage de malade
Voyage de malade

La couverture me faisait de l’œil depuis sa sortie, non pas qu’elle soit particulièrement réussie, mais j’aime bien les récits avec des animaux, et l’illustration associée au titre de l’album me titillait. Bref bien curieux de voir où ça allait nous emmener. Je comprends complètement le ressenti de mes prédécesseurs, ça manque d’une ou deux péripéties pour dynamiser un peu plus, le coup du chasseur un peu trop redondant, un récit bien entre deux chaises jeunesse (lapin)/ adulte(loup) …. Reste que j’ai vraiment aimé ma lecture, j’adore ce type d’univers un peu décalé (un lapin sous perf, un loup qui maîtrise la mécanique …), je me suis facilement laissé emporter dans le délire, notamment grâce au personnage du loup. Ce dernier est fort attachant et sa personnalité reste volontairement un peu floue, je trouve que ça fonctionne très bien ici. J’avais un peu peur de la partie graphique au départ, un trait « simple » et je trouve les animaux pas tous réussis mais vite oublié, l’album est fluide, les expressions sont bien rendues et les couleurs sont sympathiques. Au final, un bon petit road movie sur la maladie et l’amitié, j’ai aimé le côté feel good qui s’en dégage, il y a de chouettes passages (le bar des bikers, les loups …), l’humour fonctionne bien comme la relation entre nos 2 personnages. Nous ne sommes pas au niveau des albums de Benjamin Renner, mais pour ma part une lecture fort agréable. En plus d’être une chouette découverte de la production allemande et féminine, je suivrai l’auteure. 3,5+

16/03/2024 (modifier)
Couverture de la série Après la rafle
Après la rafle

J'ai été très touché par ce livre témoignage qui éclaire les jours qui ont suivi la rafle du Vel'd'Hiv'. Arnaud Delalande est le porte-parole de Joseph Weismann pour nous livrer un récit authentique et bouleversant à hauteur de vue d'un enfant de onze ans. La série reprend le livre "Après la Rafle" pour proposer légitimement son message à un public plus large. Le récit est d'une grande justesse et n'a pas besoin d'en rajouter dans la dramaturgie tellement plusieurs scènes sont déchirantes, même 80 ans après les faits. Les auteurs s'appuient sur l'histoire de la famille de Joseph pour montrer l'implication du système de Vichy dans le déroulement de cette ignominie. En effet le récit montre comment les autorités allemandes ne sont pratiquement pas intervenues pour mettre en œuvre leurs directives criminelles. C'est avec effarement que l'on relit une fois de plus comment la chaîne de commandement qui part de Bousquet a pu aboutir à cette monstruosité. Le récit se concentre sur l'aventure des deux Jo mais s'oriente aussi sur le travail de deuil qu'ont connu les survivants dans un état d'esprit de culpabilité. Un ouvrage qui apporte sa pierre à l'édifice de mémoire sous une forme que je ne connaissais pas. Je n'avais pas vu le film ni lu le livre d'où la série est tirée. Je m'en félicite car cela donne une puissance émotionnelle forte au récit. Le graphisme de Laurent Bidot travaille dans la sobriété qui convient à la narration. C'est expressif et très détaillé sans verser dans le sensationnalisme. Une excellente lecture pour les ados et au-delà.

16/03/2024 (modifier)
Couverture de la série Le Démon des glaces
Le Démon des glaces

Ça n’est certes pas le meilleur Tardi, mais cet album se laisse lire. On y retrouve son intérêt pour les feuilletons à l’ancienne, qui fleurent bon l’angoisse surannée (voir Adèle Blanc-Sec entre autres), avec des savants fous mégalomanes et délirants. On y retrouve aussi, sur la fin, l’anti militarisme de l’auteur, en particulier dans le dernier texte, plein d’ironie. Mais Tardi donne ici sa vision – respectueuse finalement – d’un univers Vernien. On peut presque y trouver un hommage à l’auteur nantais, tant les machines inventées par Gelati et Chapoutier (Ah, ces noms !) font penser à l’univers de « 20 000 lieues sous les mers ». Le navire dans lequel embarque Plumier, le héros, se nomme d’ailleurs le « Jules Vernez ». La narration, surtout dans des textes en off sous les cases, et surtout le travail graphique, qui donne un rendu volontaire proche de reprise de gravures du XIXème siècle, tout concourt à nous ramener à Jules Verne. La lecture est relativement rapide, et très agréable. Tardi a réussi à se réapproprier les références citées plus haut, et en tirer une aventure qu’il tire vers le loufoque parfois (les plans machiavéliques et le visage de Gelati surjouent la méchanceté basique), un humour discret (nom des personnages, personnalité grotesque de Gelati, etc.) pimentant l’intrigue. Un récit agréable à lire donc, mais qui se termine de façon trop abrupte. Il manque une conclusion digne de ce nom ou, plutôt une suite, ce qui est quelque peu frustrant. Mais bon, si vous tombez sur cet album, jetez-y un coup d’œil, c’est une lecture plaisante. Note réelle 3,5/5.

16/03/2024 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série Jusqu'ici tout va bien (Pitz)
Jusqu'ici tout va bien (Pitz)

Une BD qui me faisait de l'œil depuis sa sortie et l'avis de Canarde a fini de me convaincre. Le titre me rappelle un film , "Les 7 mercenaires" dans lequel Steve McQueen raconte cette histoire : C'est comme ce type qui s'est jeté d'un immeuble de dix étages. A chaque étage, les gens l'entendaient dire : "Jusqu'ici, ça va, jusqu'ici ça va". Un titre loin d'être anodin. L'adaptation du roman de Gary D. Schmidt. Nous sommes aux États-Unis à la fin des années 60, une famille un peu paumée va quitter New-York pour la petite bourgade de Marysville, le père y a trouvé du travail. Douglas Swieteck, un jeune adolescent, est le plus jeune d'une fratrie de 3 garçons. Un garçon rebelle qui va devoir s'acclimater à son nouvel environnement, loin de l'agitation de la Grosse Pomme. Un récit intimiste avec sa narration singulière puisqu'elle utilise des encarts noirs pour les pensées de Douglas et ce même s'il est en pleine conversation, on prend ainsi en pleine poire ses réflexions. Un personnage auquel je me suis attaché. Un récit réaliste, dur où l'art, avec les œuvres de Jean-Jacques Audubon, sera sa porte de sortie pour devenir une bonne personne. Et ce ne sera pas facile, surtout que le climat familial n'est pas des plus sain avec un père violent et menteur. Un récit captivant qui prend le temps de se développer, sur fond de baseall avec Joe Pépitone des Yankees comme file rouge. Une ribambelle de personnages, ils sont tous très bien campés et donnent de la profondeur à l'histoire, ils ont tous su me toucher, chacun à sa manière. Un très joli noir et blanc, au trait fin, précis et expressif ou juste quelques planches sont en couleur pour les rares moments de bonheur. Nicolas Pitz utilise aussi la technique du fond noir où il dessine en blanc pour les parties se déroulant de nuit. Un ensemble qui retranscrit parfaitement l'ambiance pesante du récit. Du très beau travail. Vraiment, une très chouette lecture.

15/03/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Les Illuminés
Les Illuminés

Voila un beau 3.5 que j'arrondis au supérieur pour l'ambiance qui se dégage de cette BD aux traits maitrisés. Je m'y attendais de la part de Jean Dytar, mais tout de même, quelle précision dans son dessin ! J'aime assez peu Verlaine et Rimbaud, trouvant les poèmes de Beaudelaire plus impactant à mon gout. Mais pour autant, cette BD arrive à transmettre le dynamisme et la fougue de l'impétueuse jeunesse de Rimbaud. La BD se découpe en histoires parallèles, plutôt faciles à suivre d'ailleurs, sur ces trois personnages qui vont se croiser autour du manuscrit des "Illuminations" de Rimbaud. Bien menée, cette histoire nous entraine dans les tourments de la vie des ces poètes, amoureux des mots et écorchés vifs. Le récit nous entraine dans les années que partagèrent Verlaine et Rimbaud, mais aussi Nouveau qui se lia d'amitié avec ce dernier. L'ensemble est magnifié par le dessin de Jean Dytar, qui en profite pour jouer sur un style proche des impressionnistes. J'ai l'impression qu'il a voulu capter cette idée de lumière, la façon dont elle accroche les environnements. C'est notamment perceptible dans les choix de couleurs qui marquent les environnements, entre le soleil de Provence, le ciel lourd de Bruxelles et le sombre brouillard de Londres. La BD est franchement bien menée, donnant envie de lire la poésie de ces trois hommes mais aussi retraçant la fouge d'un Rimbaud qui influença sur les deux autres hommes. Si Rimbaud est au centre du récit, je trouve qu'il y a une volonté de replacer Germain Nouveau plus en avant que ses deux compères bien connus. Et j'aime bien la façon dont le récit explore les questionnements autour de la poésie et la publication, avec Nouveau finissant par dire que tout n'est qu'éphémère, la quête de gloire comme la richesse, et que seul le bonheur de vivre est important à ses yeux désormais. Une belle leçon que j'apprécie beaucoup ! C'est le genre de lecture que je pense garder pour revoir ces dessins et m’immerger à nouveau dans le récit qui est prenant et laisse un petit gout léger au final. C'est une histoire qui laisse sa petite patte, une légère sensation, comme un petit bout de poésie du monde ! Léger et agréable, très joli, une petite lecture rafraichissante.

15/03/2024 (modifier)