S'enfuir

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 12 avis)

En 1997, alors qu'il est responsable d'une ONG médicale dans le Caucase, Christophe André a vu sa vie basculer du jour au lendemain après avoir été enlevé en pleine nuit et emmené, cagoule sur la tête, vers une destination inconnue.


Auteurs canadiens Les prix lecteurs BDTheque 2016 Russie Témoignages

En 1997, alors qu'il est responsable d'une ONG médicale dans le Caucase, Christophe André a vu sa vie basculer du jour au lendemain après avoir été enlevé en pleine nuit et emmené, cagoule sur la tête, vers une destination inconnue. Guy Delisle l'a rencontré des années plus tard et a recueilli le récit de sa captivité – un enfer qui a duré 111 jours. Que peut-il se passer dans la tête d'un otage lorsque tout espoir de libération semble évanoui ? Un ouvrage déchirant, par l'auteur de "Pyongyang", de "Shenzhen", de "Chroniques birmanes" et de "Chroniques de Jérusalem". (texte de l'éditeur)

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 16 Septembre 2016
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série S'enfuir © Dargaud 2016
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 12 avis)
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28/09/2016 | Mac Arthur
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Par gruizzli
Note: 3/5
L'avatar du posteur gruizzli

Je n'ai toujours pas lu de BD de Guy Delisle, j'ai seulement feuilleté quelques uns de ses albums que j'ai toujours envie de lire actuellement. "S'enfuir" est donc ma première approche de son style de documentaire. Le récit est long et franchement lent. Il y a une véritable volonté, bien marquée, de faire ressentir le passage du temps extrêmement lent tout au long des mois d'attente, enchainé à un radiateur dans une pièce sans rien. Je salue le courage de ce type et la volonté dont il a su faire preuve, puisqu'il a réussi à ne jamais craquer et ne jamais sombrer dans le désespoir ou la folie. Maintenant, cette force de caractère qu'il arrive à retransmettre tout au long du récit ne suffit pas à m'intéresser à la BD, ce qui est plus problématique. Je regrette d'ailleurs le choix de rester purement interne au récit et ne jamais sortir de ce que le personnage vit. J'ai notamment remarqué qu'à la fin, il n'y a aucune explication ni sur les motivations, les autres enlèvements, les questions sur les Tchétchènes ou la suite dans les années 2000 (où ce fut encore plus violent de ce côté du monde). Je comprends l'intention mais je la trouve regrettable. Elle aurait gagné à s'inscrire dans un contexte plus large, ne serait-ce qu'à la fin. C'est donc une BD en demi-teinte pour moi : le documentaire est formaliste à l’extrême, refusant toute sortie du pur récit de Christophe. Le dessin aide à s'immerger dans cette longue attente avec l'absence de décors ou la simplicité des images. Mais en même temps je sors de ce récit sans véritable ouverture vers autre chose. Que penser de tout ceci, qu'en tirer ? Je ne sais pas vraiment. Et c'est ce qui me fait douter d'une relecture de la BD. J'ai eu un moment d'agacement à la lecture, me demandant sur combien de pages encore il ne se passerait rien, et maintenant que c'est terminé je pense que je zapperai une partie de la lecture si je m'aventurais à le relire. Donc mitigé sur mon avis. C'est pas mauvais, mais je n'ai pas trouvé ça bon non plus.

12/11/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Tomdelapampa

Une œuvre dont je ne sais trop que penser, d’un côté ce témoignage m’a intéressé, de l’autre je me suis sévèrement ennuyé. Bref content de l’avoir lu mais je n’y reviendrai plus du tout. Face à cette expérience bien traumatisante, 111 jours de captivité, je suis admiratif de la résilience de Christophe André et de son final héroïque. Il a vécu un véritable calvaire mais je dois avouer qu’au fil de ma lecture j’étais plus intéressé par les faits (le comment que ça se passe) que par l’horreur de la situation qui devient d’une monotonie abyssale. Normal vous me direz, et c’est exactement ce que Guy Delisle cherche à retranscrire. Comme notre héros, le lecteur est pris également en otage. Un récit fluide mais qui n’avance pas, à la longue les « il ne s’est encore rien passé aujourd’hui » me sont devenus imbuvables. Je vois où l’auteur veut en venir mais c’est d’une longueur infini. Un album louable mais je suis bien passé à côté, l’aspect immersif n’a pas fonctionné sur moi. L’ennui l’a emporté sur la persévérance de notre protagoniste. 2,5

13/07/2023 (modifier)
Par doumé
Note: 4/5
L'avatar du posteur doumé

S'enfuir est le témoignage d'un homme pris en otage dans le Caucase. Raconté par Delisle, il détaille le quotidien de Christophe André avec tout le talent que nous lui connaissons. Deslile présente la situation d'un homme enfermé uniquement pour sa valeur et nous expose un quotidien rythmé par deux événements manger et dormir. Nous suivons les espoirs et les peurs d'un homme dans l'ignorance des événements extérieurs et de sa durée d'incarcération. Autant d'interrogations sans réponse que Delisle prend le temps de décrire. Ces questionnements permanents retranscrivent la souffrance permanente de l'otage, son quotidien avec ses répétitions, son emploi du temps identique chaque jour avec ses lieux comme figés dans le temps. Une répétition retrouvée dans le dessin des lieux pour nous faire ressentir la répétition des jours qui défilent sans que rien ne se passe. Pendant son incarcération, l'otage s'évade au propre comme au figuré par la pensée en se récitant des pages d'histoire qui le passionnent et en saisissant une opportunité qui se présente. Une fin d'histoire digne d'un film à suspens, on n'ose pas croire à une fin aussi haletante. Delisle nous fait vivre la réalité d'une vie d'otage, cet album réussi à nous faire comprendre leurs souffrances quotidiennes.

08/01/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Guillaume.M

Guy Delisle est un auteur que je suis attentivement depuis plusieurs années. Lorsque j’ai découvert cet album, ma curiosité a été évidemment piquée. Pour la première fois (parmi mes lectures), Delisle ne parlait pas de lui, mais de quelqu’un d’autre. Cela s’est avéré être une bouffée d’oxygène. « S’enfuir » traite de l’enlèvement, de la vie en captivité et de l’évasion de Christophe André, responsable d’une ONG retenu par des Tchétchènes entre 1997 et 1998. 111 jours (!) de captivité durant lesquels l’otage va se battre contre lui-même pour tenir, gratter ici ou là des parcelles de liberté et… s’enfuir. Plusieurs lecteurs ont relevé des longueurs, pour ne pas dire un manque de rythme quasi rédhibitoire. Je ne partage pas du tout cet avis. En effet, à mes yeux, Delisle retranscrit parfaitement l’attente et le calvaire vécu par Christophe André. Malgré la répétition des événements et la routine de l’otage, il parvient à livrer une véritable prouesse. J’ai été captivité du début à la fin. J’ai tremblé et espéré avec Christophe André. Cette routine, cette attente, ce n’est pas le plus intéressant de la vie d’otage, certes. Cela constitue pourtant la majorité de cette vie si particulière. L’enlèvement et l’évasion / la libération sont plus trépidants, mais ne durent que quelques heures, au début et à la fin. Et que dire de cette évasion !? J’avais la boule au ventre… Malgré le sérieux du récit, le ton second degré habituel de l’auteur reste perceptible, ce qui contribue au plaisir de lecture. Graphiquement, Delisle a fait du Delisle. Cela me satisfait et je trouve que cela va bien avec l’histoire racontée. La simplicité et le dépouillement ont effectivement été le quotidien de notre otage. « S’enfuir » est pour moi une vraie bonne lecture et un coup de cœur. Cela ne va pas me dissuader de continuer à lire cet auteur, bien au contraire.

23/12/2020 (modifier)
L'avatar du posteur carottebio

Après avoir pris note des différents avis sur le manque de rythme de cet album, c'est avec tout de même une certaine réserve que je démarre sa lecture. Et bien non, encore une fois, Mr Delisle est tout juste. Ce récit est aussi captivant que si vous aviez effectivement rencontré le héros. Qu'il ne vous épargnait rien de cette aventure immobile mais tellement hors norme. On y voit tant de choses inhabituelles entre l'inhumanité de cet enfermement, l'émerveillement du héros sur le moindre événement comme un enfant qui expérimente ses premières fois, l'humour rageur entremêlé de désespoir et de doutes. Et malgré ce cocktail détonnant, l'ensemble reste équilibré dans la narration. Plongez dedans, c'est un beau récit d'aventure humaine.

08/12/2018 (modifier)
Par Alix
Note: 2/5
L'avatar du posteur Alix

Quel calvaire interminable… et je ne parle pas de la captivité de Christophe, mais bien de la lecture de cet album. Je comprends bien l’approche artistique : nous faire ressentir la durée de la captivité, et l’isolement de l’otage… mais reste que pour moi, simple lecteur, c’est loooong. Il ne se passe rien pendant des centaines de pages, et les innombrables « il ne s’est encore rien passé aujourd’hui » du protagoniste deviennent presque ironiques voire comiques. Cette attente fait que quand il se passe enfin quelque chose sur la fin de l’album, la pression est insoutenable, et je dois avouer que j’avais le cœur qui battait la chamade lors des dernières pages ! Donc mission accomplie : l’auteur a parfaitement retranscrit les mésaventures de Christophe… on s’ennuie avec lui pendant une durée interminable, puis on s’affole avec lui sur la fin. Cela fait-il un bon album BD ? Pas pour moi… j’ai vraiment dû me forcer pour en venir à bout.

11/07/2017 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
L'avatar du posteur Erik

J’ai été touché par le témoignage de cet ex-otage. Je ne savais pas que les conditions de détention pouvaient être extrêmement difficiles quand on est seul et enfermé dans une pièce attaché à un chauffage par le poignet de manière quasi-continuelle. Là, il n’a pas le droit de voir le soleil, de se balader dehors ou même de discuter, de faire sa toilette quand il le souhaite. D’autres otages ont eu des conditions un peu moins difficiles même si c’est une situation globalement désagréable. Etre privé de liberté est sans doute la pire des choses pour un être humain. Cela dépend également de quelle liberté il s’agit. On ne parle même pas de la liberté de voter pour le candidat que l’on souhaite durant des élections. On parle de la liberté de déplacement. On entre totalement dans la peau de cet otage ce qui était le but de cette œuvre. Les scènes seront malheureusement trop répétitives comme pour insister qu’il ne se passe rien pendant des mois. Etait-ce alors la peine de nous pondre un gros pavé comme pour accentuer cette idée ? C’est certainement le gros défaut de cette bd longue et angoissante. Cependant, celle-ci a le mérite d’exister et de nous confier une expérience peu commune. Et puis, c’est cette insistance qui nous fait comprendre bien des choses sur les conditions d’être un otage. C’est vrai qu’il est dit que dans une prison classique, on peut comprendre. Là, c’est pire comme épreuve et je veux bien le croire. Toutes les questions pertinentes seront posées. Ce qui est réellement injuste, c’est que des hommes comme Christophe André s’engage dans une ONG médicale c’est à dire humanitaire et se font enlever de par leur « condition » occidentale pour de l’argent. On se demande si cela vaut la peine de les aider pour mériter au final un tel sort. Oui, on se doit de poser ce genre de question sans se mettre des oeillères. Cet ex-otage a décidé de poursuivre dans l’humanitaire après son enlèvement comme une chose faisant partie des risques du métier. Il a été très courageux. Je n’aurais sans doute pas fais la même chose. Je n’ai plus très envie en ce moment d’aider des peuples qui nous font du mal car ils ne nous aiment pas. C’est ainsi car je n’ai plus envie de tendre la joue gauche. Mais bon, je respecte les décisions de chacun. La démocratie, c’est également respecter un avis contraire au sien. Il faut comprendre et voir ce qu’a vécu cet otage pour se rendre compte de l’horreur d’une telle situation même si cela pouvait être pire. Les racailles n’ont sans doute aucunes limites. Cette bd m’a touchée car elle est juste. J’aime de toute façon le style de Guy Delisle qui s’essaye pour une fois à quelque chose de différent c’est-à-dire non centré sur sa personne et son environnement exotique. La narration ainsi que le découpage sont vraiment parfaitement réussi pour nous procurer une aisance dans la lecture. C’est tout simplement juste et impeccable. Une fois n’est pas coutume, je dédicace cet avis à Lionel, un passionné de bd, qui a eu la gentillesse de me prêter cette bd pour me la faire découvrir. On se rend compte que pour la liberté, il faut se battre.

02/05/2017 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Voilà un album sympa, mais que je ne me vois pas relire. Guy Delisle nous narre – essentiellement en voix off, et à la troisième personne, l’expérience d’un membre de MSF kidnappé en Tchéchénie il y a une vingtaine d’années. C’est cette personne le narrateur, et tout l’album est centré sur lui. C’est ce qui fait la force et la faiblesse du projet. La force, parce qu’on est au plus près d’un homme, qui prend peu à peu conscience de son statut de prisonnier à durée indéfini, qui se pose des questions, sur lui, ses ravisseurs, ses petits soucis d’un quotidien bien morne et répétitif. Et c’est ce côté répétitif qui est la faiblesse de l’album et qui peu lasser au bout d’un moment le lecteur. Car les seules actions viennent des visites quotidiennes des ravisseurs pour apporter de la nourriture – et deux ou trois changements de planque. Le prisonnier tourne autant en rond dans une pièce que dans sa tête, les mêmes questionnements revenant très souvent. Du rythme et de la tension en fin d’album, jusqu’à la libération, mais c’est peu quand même. Cela dit, les plus de 400 pages se lisent vite (peu de cases et de dialogues) et sans réel ennui. Mais je préfère l’univers développé par Delisle dans ses diverses « chroniques », plus caustiques – même si le propos n’est évidemment pas le même ici. Un témoignage intéressant donc, une lecture recommandée, mais l’achat est-il indispensable ?

25/04/2017 (modifier)
Par Chris
Note: 4/5

Lu quasi d'une traite, juste le 1er chapitre avant de sombrer et le lendemain matin je n'ai pu refermer l'album avant de l'avoir fini. Tour de force narratif parce que si les journées s'enchainent (jeu de mots, hin hin hin) et se ressemblent, le récit n'en demeure pas moins captivant : Guy Delisle a réussi à maintenir une tension tout au long du récit qui m'a fait avaler les 428 pages sans les voir passer et malgré de nombreux récitatifs qui n'en font pourtant pas une lecture rapide. Tour de force graphique, parce que faire ressentir la monotonie sans ennuyer c'est à mon avis un sacré challenge. Le choix du camaïeu gris est bien vu et renforce l'atmosphère oppressante et répétitive de la détention racontée. Le dépouillement des décors aussi qui certes, correspondait à la réalité des chambres quasi vides où il était détenu, vient renforcer judicieusement les sensations d'isolement. Juste un reproche, ou plutôt un regret qui aurait pu mieux faire ressentir le final : Attention [Spoiler] : j'aurais personnellement opté pour un retour de la quadrichromie, comme un retour à la vie, à la liberté, aux sensations... Car il a été privé de tout, y compris de sensitivité, que ce soit dans ses mouvements, dans sa liberté de déplacement, dans ce qu'il pouvait voir, dans la médiocrité de son alimentation. D'ailleurs des touches partielles de couleurs auraient pu revenir, par exemple lorsqu'il mange en cachette cette gousse d'ail comme un trésor de sens, ou quand un brin d'humanité échappait de ses geôliers le temps d'une cigarette ou d'un verre offert... [/Spoiler] Un récit immersif tout à fait réussi, audacieux, un pari graphique et narratif relevé haut la main ! 16/20

30/12/2016 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Gaston

Guy Delisle a écrit plusieurs autobiographies sur sa vie et maintenant il raconte l'histoire vraie d'un homme qui a été retenu en otage durant sa première mission. J'ai retrouvé les qualités des autobiographies de Delisle au point où j'aurais pu croire qu'il était lui-même l'otage. Le scénario est prenant et s'il y a beaucoup de répétitions dans les actions des personnages, je trouve que ça illustre bien ce qu'a vécu Christophe André. J'adorais lorsqu'il se mettait à penser à ce qui pourrait lui arriver, à se demander ce qui se passait pendant qu'il était prisonnier de ses ravisseurs... J'ai ressenti beaucoup d'émotions durant ma lecture. On retrouve aussi quelques moments humoristiques même si la situation est dramatique. Le récit est prenant et je voulais absolument savoir comment il allait s'en sortir et j'ai même ressenti de la tension par moment alors que je savais déjà qu'il n'allait pas mourir puisqu'il a pu raconter son expérience à l'auteur. Le dessin, le découpage et la narration de Delisle sont encore une fois excellents. À lire absolument si on aime cet auteur.

05/12/2016 (modifier)