Moheeb sur le parking

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

Un bout de parking, pas loin de Bruxelles. C’est là que Moheeb, un ado afghan réfugié, vit sa vie sur un banc. Un quotidien précaire, mais égayé par les parties de foot avec son pote Hugo et les discussions avec Qaïs, migrant comme lui et tombé amoureux d’une jeune Belge.


La BD au féminin Réfugiés et Immigration clandestine Wallonie

Soutenu par Souad, membre d’une association, ainsi que par la maman d’Hugo, un ado qui lui complique bien la vie, Moheeb le taiseux semble profiter des longues journées d’été, malgré les papiers qui n’arrivent pas, les agressions et les menaces de la police. À moins qu’un feu secret ne le consume de l’intérieur. Car si on ignore déjà ce qu’il y a dans la tête d’un ado avec un toit et une famille, comment savoir ce qui se passe dans celle de Moheeb ?

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 21 Mars 2025
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Moheeb sur le parking © Dupuis 2025
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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20/03/2025 | Ro
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Par Canarde
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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J'avais beaucoup apprécié Merel, qui racontait la ruralité d'aujourd'hui dans une fiction très bien construite, où la psychologie des personnages était très fouillée et touchante. Avec Moheeb, l'autrice persévère dans son génie de l'observation psycho-sociale. Dit comme ça, j'ai conscience que ce n'est pas très excitant. Pourtant on lit rarement des BD qui vous ouvrent des portes sur un monde que vous cotoyez et que pour autant vous n'avez jamais compris. C'est très émouvant d'accéder à son prochain, finalement. Un parking dans une petite ville, des jeunes qui glandouillent en jouant vaguement avec un ballon dégonflé... On a tous vu ça. Mais on ne l'a pas observé, et tous les signes qui étaient pourtant sous nos yeux n'ont pas révélé les diverses trames de scénario en train de se jouer. C'est ce tissage de liens et d'indifférence mêlés qui est parfaitement rendu et exploré. Le dessin est légèrement moins élégant que dans Merel, tirant parfois vers le comics underground à la Backderf ( Mon ami Dahmer et Trashed) mais cela apporte quelque chose que j'ai du mal à définir. A d'autres moments les couleurs et les lumières reprennent leur capacité d'évocation sensuelle. Toutes les générations trouvent leur place dans ce scénario centré sur Moheeb et sur toutes ses sensations ( l'odeur d'un mouchoir, les piqûres d'ortie où on frotte du plantain, la sensation de la limace sur les doigts, les bourdonnements des voitures, des insectes, la pluie sur le goudron éventré...) mais il s'ouvre sur chacun de nous traversant ce parking et finissant par jouer son rôle dans la partition. Je ressors de ma lecture pleine d'émotion et d'admiration pour Clara Lodewick.

28/06/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Moheeb est un jeune réfugié afghan en attente de décision sur sa demande d'asile en Belgique. Sans domicile, il passe la quasi totalité de son temps sur le petit parking d'une bourgade proche de Bruxelles où il occupe son temps en jouant au foot seul ou avec quelques amis. Outre la petite association qui le soutient dans ses démarches et deux autres adolescents réfugiés comme lui, il y a aussi la copine de l'un des deux ainsi qu'un jeune belge avec qui il s'est plus ou moins lié d'amitié. A part taper la balle et avoir quelques rares conversations, Moheeb semble ne rien faire de ses journées et ruminer en silence des soucis dont il ne veut pas parler. Moheeb sur le parking est un roman graphique tout en atmosphère. Il présente le quotidien des mineurs demandeurs d'asile en Belgique comme probablement dans d'autres pays d'Europe, un quotidien fait d'incertitude et d'attente, de souvenirs de ce qu'on a laissé au pays et de maigres espoirs de ce qu'on peut obtenir ici. Ce qui ajoute encore plus de complexité dans l'esprit déjà suffisamment tourmenté d'un adolescent, en particulier celui de Moheeb qui, outre des soucis de santé cache aussi des remords ou un passé qui lui ronge l'esprit. Comme dans Merel, Clara Lodewick prend le temps de poser l'ambiance de ce petit coin de Belgique qu'elle nous présente. S'attardant sur une foule de détails anecdotiques, de sons, d'images, elle crée son décor et sa petite galerie de personnages. C'est comme un voyage sensitif, on s'y croirait. Très réaliste, au point de mettre en scène l'ennui même de cette situation qui s'éternise. Le lecteur n'a que les dialogues de ce quotidien peu avenant pour comprendre les non-dits qui se cachent derrière, et pour essayer de comprendre ce qu'il y a dans l'esprit de cet ado taiseux. Si la curiosité et l'atmosphère si réaliste, presque voyeuse, poussent le lecteur jusqu'au bout de l'album, il faut admettre qu'il demeure partiellement hermétique, donnant l'impression d'avoir été témoin d'une tranche de vie comme d'un strip tease où rien ne progresse vraiment. Il pointe le doigt sur la précarité de la vie des demandeurs d'asile, surtout des mineurs, et montre comment il s'intègre à un quotidien de Belgique rurale un peu médiocre. Mais il est difficile de s'y attacher tant les non-dits sont nombreux et tant les réactions des uns et des autres ne se laissent pas deviner. Cela donne l'impression qu'il y a de nombreux mystères en attente de résolution sans que rien ne vienne finalement éclairer cela d'autre chose que d'une morosité globale. Il manque une véritable intrigue qui viendrait récompenser cette longue attente, cette foule de détails si banals et pourtant si nombreux dans la narration choisie par l'autrice. On a certes l'impression d'avoir été transportés auprès d'un jeune homme en situation difficile et d'avoir été à ses côtés le temps d'une longue lecture pour tenter de mieux les comprendre, lui et le contexte qui l'entourent, mais on en ressort sans que rien n'ait été résolu si ce n'est une légère bouffée d'espoir purement psychologique en toute fin d'album. Je reste légèrement perplexe de ce voyage immobile qui m'a été offert. Peut-être certaines choses et discrètes révélations m'ont-elles échappé...

20/03/2025 (modifier)