La Route

Note: 4/5
(4/5 pour 4 avis)

Après Le Rapport de Brodeck, Manu Larcenet adapte de nouveau une oeuvre majeure de la littérature. Couronnée par le prix Pulitzer en 2007, "La Route" a connu un grand succès et a été adaptée au cinéma en 2009 avec Vigo Mortensen dans le rôle principal.


Adaptations de romans en BD Après l'apocalypse... Larcenet Les Arts Appliqués de Paris Nouveautés BD, comics et manga

L'apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d'objets hétéroclites, censés les aider dans leur voyage. Sous la pluie, la neige et le froid, ils avancent vers les côtes du sud, la peur au ventre : des hordes de sauvages cannibales terrorisent ce qui reste de l'humanité. Survivront-ils à leur périple ? Avec cet album, Manu Larcenet réussit une adaptation d'une originalité absolue et pourtant d'une totale fidélité. En posant son trait sous les mots du romancier, en illustrant les silences du récit, l'artiste s'est approprié l'univers sombre et fascinant du roman de Cormac McCarthy. D'un roman-culte il a fait un album d'une beauté saisissante, à la fois puissant et poignant. Incontestablement un des chefs-d'oeuvre de la bande dessinée moderne. Cormac McCarthy a signé plusieurs romans phares dont "La Route" mais aussi "No Country for old men", également adapté par les frères Coen au cinéma. Son oeuvre est essentiellement disponible aux éditions de L'Olivier (et Points), associées à Dargaud sur ce projet. L'écrivain est décédé le 13 juin 2023. Son roman, publié aux Éditions de l'Olivier et chez Points pour la version poche, a été vendu à près de 800 000 exemplaires.

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 29 Mars 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série La Route © Dargaud 2024
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 4 avis)
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Par Spooky
Note: 4/5
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La lecture du roman de Cormac Mc Carthy m'avait longuement marqué, il y a une dizaine d'années de cela. J'avais vu par la suite l'adaptation en film, avec un Viggo Mortensen comme souvent bluffant d'intensité et de présence. L'adaptation en BD par Larcenet semble procéder d'une certaine logique : parce que le monsieur a montré qu'il pouvait écrire et illustrer des histoires où il laisse éclater sa colère, son désespoir. La Route s'inscrit dans cette logique, j'ai rarement lu quelque chose d'aussi noir. Larcenet nous propose donc un road-movie en BD où les paroles sont rares, où les décors témoignent d'une fin du monde imminente, inéluctable. Les personnages se fondent dans une brume polluée permanente, ils errent comme des fantômes à la recherche d'un semblant de subsistance et de substance. Il n'y a pas de place pour l'espoir, même si le père essaie d'en fournir à son fils. Mais on sent bien, très vite, que c'est peine perdue. L'innocence du petit est un leurre. Un choc.

17/04/2024 (modifier)
Par Jeannette
Note: 2/5
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Ayant lu les deux avis précédents, je me réjouissais de découvrir ce chef d’œuvre, d’autant plus que le « Rapport de Brodeck » m’avait pas mal impressionnée. Quelle déception ! J’ai eu beaucoup de peine à arriver à la fin de ce one shot qui se traîne en longueur avec un scénario si pauvre et si déprimant. Certes, la littérature ne doit aborder que des thèmes agréables mais quel peut être le plaisir de lire une œuvre pareille ? Et pourtant, j’avais beaucoup apprécié l’œuvre « Ravage » de René Barjavel qui, lui aussi, traitait d’un monde touché par une catastrophe. J’avais trouvé du sens à ce roman tandis qu’ici, les seules qualités de l’album résident pour moi dans son graphisme qui, il est vrai, est exceptionnel. Je suis donc devant un dilemme : côté dessin, je mettrais 5 mais côté scénario, je ne parviens pas à mettre plus que 1. Et comme, pour moi, le scénario prime de loin sur le dessin, j’arrondis ma cote à 2 – et tant pis pour ceux qui estiment que cette BD, inspirée du roman éponyme de Cormac McCarthy, est une œuvre majeure ! Note réelle : 1,5

14/04/2024 (modifier)
Par Hervé
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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C'est certainement l'album que j'attendais le plus cette année. Certes, j'avais lu le roman il y a quelques années et je ne l'avais pas trouvé terrible à l'époque, mais j'avoue que j'avais hâte de découvrir la version de Larcenet. J'ai longuement hésité sur la version qu'il fallait lire, pour finalement opter pour les deux (la version n&b, et la version dite "couleur"), avec pour une fois, une préférence pour cette version courante qui met plus en valeur l'histoire, à mon avis. Le tirage limité (4000 exemplaires) étant plus difficile à déchiffrer. En adaptant cette œuvre sombre de Cormac McCarthy, Manu Larcenet réalise une nouvelle fois une prouesse. Avec Blast, il m'avait époustouflé par son talent narratif, et là il renouvelle l'exploit du "Rapport de Brodeck", avec un graphisme magnifique. Son précédent album reposait sur le noir et blanc, et là Larcenet nous propose toute une teinte de gris, propre à l'ambiance du roman, avec ses pluies de cendres incessantes. L'auteur nous propose de nombreuses planches muettes, mais le dessin est tel, qu'elles méritent qu'on s'y attarde. Ayant relu le roman hier, (roman qui vient d'être réédité cette semaine, et illustré par Larcenet), je dois dire que j'ai retrouvé toute l'atmosphère lourde et glauque de Mac Carthy dans cette bande dessinée. Encore une fois une œuvre forte et puissante de Manu Larcenet, que je situe au même niveau que Le Rapport de Brodeck. Lue deux fois depuis sa sortie , dans les deux versions et relu le roman également en version poche , je suis resté scotché par cette adaptation de Larcenet. Certainement l'album de l'année.

01/04/2024 (modifier)

A l’annonce de l’adaptation du chef d’œuvre de Cormac McCarthy « The Road » par Manu Larcenet, j’étais dubitatif. Ayant lu le roman, pas évident de trouver la bonne formule pour dessiner un texte si contemplatif et si avare en parole. Pas que je doutais des capacités de cet auteur, mais je me demandais comment son style graphique allait pouvoir épouser de manière réaliste la profonde noirceur du roman et allait soutenir ces images de désolation dans la répétitivité et sans lasser. Les premières images disponibles sur internet m’avait pleinement rassuré mais ne m’avait pas préparé à un tel choc en tenant l’objet physiquement (les objets en fait i.e. La version noir et blanc et la version couleur !) entre mes mains et en ouvrant et parcourant les pages. MAGISTRAL ! D'ailleurs, si vous hésitez entre la version noir et blanc et la version couleur, un conseil, achetez les deux ! Chaque planche et je dis bien chaque planche est un régal pour les yeux. Le Rapport de Brodeck avait fait très fort à l'époque mais l’auteur pousse le curseur beaucoup beaucoup plus loin dans la perfection de son trait. La mise en couleur est incroyable de nuances et embelli le tout. Ne vous y trompez pas toutefois, même si des étincelles de joie apparaissent ici ou là, tout n’est que cendres, âpreté et désespérance. Manu Larcenet a su rester fidèle à l'oeuvre originel qui n'est point dénaturée mais sublimée en y apportant sa touche personnelle. Emouvante, terrifiante, brillantissime, insurpassable, etc... Je vais m’arrêter là avec les superlatifs car je pourrais les enfiler un à un comme des perles. Manu Larcenet a totalement réussi son pari, il m’a même donné l’envie de relire le livre. C'est dire ! Chef d’œuvre absolu, si j'avais pu mettre six étoiles, je l'aurais fait !

29/03/2024 (modifier)