Le Temps des humbles

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Au Chili, au début des années 1970, l'élection de Salvador Allende a provoqué un énorme enthousiasme...


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L’histoire se déroule au Chili. Soledad a quinze ans, Ricardo 18. C’est elle qui raconte. Il est membre du Mir, mouvement de la gauche révolutionnaire, elle est membre d’une fratrie de neuf frères et soeurs issue d’un couple de paysans pauvres. Ils se rencontrent en août 1970 sur le campamento Rigoberto Zamora. Il est responsable de la toma, une occupation illégale de terrain sur laquelle se sont installées 360 familles dans l’espoir d’obtenir une maison. Elle fait partie des sin casa, 60 000 familles vivant sous des tentes de fortune dans la périphérie de Santiago. Ils se marieront, auront deux enfants, s’impliqueront jour après jour dans les espoirs et les luttes de l’Unité populaire, mettant tout en oeuvre pour défendre ce bref interstice conquis par les humbles. Leur histoire d’amour, portée par l’enthousiasme des mille jours de la présidence de Salvador Allende, prendra tragiquement fin avec elle.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 18 Juin 2020
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Temps des humbles © Steinkis 2020
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)
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11/08/2020 | Spooky
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Par Spooky
Note: 3/5
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En marge d'un autre de leurs projets de docu-BD, Alain et Désirée Frappier ont rencontré une femme qui a vécu de l'intérieur, si 'lon peut dire, les trois années pendant lesquelles Salvador Allende a dirigé le Chili. C'est son témoignage qui nous est livré ici. En effet Soledad s'est retrouvée à 15 ans dans un campamento (un peu l'équivalent de nos ZAD actuelles) près de Santiago, aux côté de nombreux sans abri qui réclamaient alors simplement un toit. Porté par une vague de gauche sans précédent, Salvador Allende est arrivé au pouvoir. Nationalisations, hausses globales et massives de salaires, logements et relogements pour les plus démunis, le Chili a alors vécu une période socialement faste. Ce qui n'était pas pour plaire à la droite, ni aux nantis, encore moins aux Etats-Unis, qui craignaient alors de voir apparaître un second Cuba sur le continent américain. Pendant des mois, voire des années, les actions plus ou moins violentes, plus ou moins revendiquées, afin de renverser l'opinion publique. Mais Allende tient, jusqu'à un coup d'Etat en 1973, dont la tête est prise par quatre généraux (dont Augusto Pinochet). Soledad découvrit donc les privations, les actions militantes, la violence de la police, mais aussi l'amour, en vivant sous sa tente. Le couple Frappier, très impliqué dans les récits à caractère historico-social, nous donne donc là un nouvel album aux belles ambitions, qui plus est avec de belles dimensions : il compte en effet 360 pages, dont une infime partie est composée de photos est compléments sur le contexte, une postface très intéressante de l'écrivain Luis Sepulveda, une page de remerciements et trois pages de références. C'est d'ailleurs là, je pense, le principal défaut de l'album : c'est un gros pavé. J'imagine que l'intention des auteurs était de respecter le témoignage de Soledad, en l'adaptant in extenso (mais peut-être ont-ils fait des coupures ?). C'est louable, mais à mon avis un peu plus de coupe n'aurait pas été un manque de respect par rapport à ce témoignage. Un bon tiers de moins et il aurait été nettement plus efficace. C'est cependant du bon boulot ; la mise en place est sobre, le découpage plus ou moins cinématographique rend le récit très vivant. Le style d'Alain Frappier est sobre, bien adapté à ce genre de récit. Et c'est souvent émouvant, surtout quand, à la fin, un évènement funeste met fin à tout cela... On mesure bien ce que le Chili a gagné avec Allende, et partiellement (puisqu'on ne va pas au-delà immédiat du coup d'Etat) ce qu'il a perdu en l'espace d'à peine trois ans. Même si ces évènements ont déjà été documentés largement, ce témoignage de l'intérieur vient apporter un éclairage intimiste à cet épisode unique de l'histoire du Chili. Utile, émouvant, mais trop long.

11/08/2020 (modifier)