Rebis

Une fable bouleversante sur l'acceptation de soi.
Auteurs italiens La BD au féminin Les coups de coeur des internautes Sorcières Transidentité
En plein Moyen-Âge, Martino a eu le malheur de naître atteint d'albinisme au beau milieu d'une communauté prompte à purifier toute différence par le feu. Rejeté par son père, harcelé par les autres enfants du village, il va devoir prendre les chemins de traverse. En plein coeur de la forêt, Martino fait la connaissance de Viviana, une « sorcière ». Entre exclus, on se reconnaît. Au sein d'une sororité de femmes mises au ban de la société, le jeune garçon va grandir et se révéler à lui-même pour tenter d'accepter sa différence face à l'intolérance de la société.
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Date de parution | 12 Janvier 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis


BD que l'on m'a offerte. J'ai beaucoup apprécié le graphisme, le thème principal sur les sorcières me parle . La première partie bien qu'étant assez lente m'a beaucoup plu... Puis d'un coup vient la notion de genre pourquoi ? Je ne comprends pas en quoi ça apporte quoi que se soit de plus à l'histoire. C'est même carrément blasant que ce thème resurgisse à toute les sauces dans plus en plus de BD ! Grande déception car il y a beaucoup de choses intéressantes.


Elle occupe une place singulière dans mon cœur cette bd. À chaque fois que je la parcours, j’ai l’impression d’avoir un storyboard sous les yeux avant qu’il ne se transforme en film d’animation. C’est un style de dessin qui foisonne et qui vit par ces paysages forestiers omniprésents et ces couleurs à la fois douces et vibrantes. J’aime également le trait, avec ces détails fins et cette attention si minutieuse sur certains visages. Je pense ne surprendre personne ayant commenté ici en disant que j’aime particulièrement le visage de Viviana avec ces coulées de larmes noires comme de la suie. C’est une femme qui a subi des violences et qui a perdu l’amour de sa vie, Beldie. Au delà de la douleur de lui avoir survécu et d’être désormais seule, elle portera les traces de son deuil sur son visage, une marque qui ne pourra jamais s’effacer, même après l’arrivée de Martino dans sa vie. Dès le début de l’histoire, nous sommes happés par la composition qui se jouera en miroir via des notions au premier abord contraires mais qui se révèlent en réalité complémentaires (naissance/mort, rejet/renaissance, perte/transmission, communauté/émancipation, masculin/féminin). La figure de la sorcière jouit aussi de cette symétrie très contemporaine (femme diabolique/femme émancipée, libre). En cela, elle n’est pas aussi caricaturale qu’on pourrait le penser puisqu’elle a l’avantage de poser un cadre reconnaissable et universel (d’un point de vu occidental tout du moins), marquant une rupture forte dans notre façon de penser l’autre, ici notamment la femme et la place qu’on lui attribue. Viviana et Beldie ne sont pas punies pour être des sorcières, elle sont punies pour avoir transgressé leur place, d’avoir voulu s’exercer à la libre-pensée, loin des dogmes religieux et des injonctions de leur communauté. Elles ont voulu être des femmes plus libres, on les a enchaîné à l’image de sorcière afin de susciter la peur et le rejet. C’est aussi une bd qui aborde la question du genre sous un angle différent, à savoir la manière dont nous façonnent les personnes importantes pour nous. En fait, la question qu’aborde cette bd serait celle-ci : quelles sont les personnes qui nous aident à nous définir ? C’est à travers les yeux de Martino que nous aurons une réponse à cette question. Si ce petit garçon est rejeté pour ce qu’il n’a pas choisi d’être, à savoir albinos, il va alors décider de devenir une personne nouvelle auprès des personnes qui l’acceptent et le soutiennent. Pour cela, il va se reconstruire à travers les yeux bienveillants de Viviana. Cette reconstruction sera double, puisqu’elle aidera Viviana à apaiser son deuil : « On peut s’aider à vivre » lui dit-elle. C’est ainsi qu’il va aspirer à vivre comme une femme, plus précisément comme ces femmes, ces sorcières, sa nouvelle famille. Il adopte leur mode de vie, apprend d’elles l’herbologie pour se soigner, à cultiver et cuisiner pour être auto-suffisant, à s’habiller comme elles, à aimer comme elles. Vous l’aurez compris, tout au long de l’histoire, Martino qui deviendra Rebis, n’aura pour modèle bienveillant que des femmes. Sa mère et ses sœurs tout d’abord, puis Viviana et les amies de celle-ci, mais aussi le souvenir de Beldie, personnage à part entière dont l’aura s’incarnera à travers Rebis. Comme une touche d’espoir, la perpétuation d’un cycle de tolérance et de liberté. À me lire, on pourrait croire que la bd raconte avec un fort parti pris et sans subtilités que les femmes sont les seuls bons exemples à suivre. Je ne pense pas que le message soit aussi tranché. Si la question du genre est diluée dans le récit, c’est pour montrer que la façon dont on se définit si l’on est entouré par de bonnes personnes se fait naturellement. Face à son mal-être, Martino aspire a devenir un être au féminin, Rebis, parce que les seuls exemples aimants et bienveillants qu’il ait jamais connu sont des femmes, tout simplement. Rebis choisit cet espace de sororité avant tout parce qu’iel s'y sent bien. On pourrait donc reprocher au récit de ne pas introduire un personnage masculin plus empathique et compréhensif dans la balance. Pourtant ce serait oublier que parfois nous n’avons pas toujours la possibilité d’élargir nos relations, que nous sommes longtemps confrontés aux mêmes schémas néfastes (familiaux notamment) avant de pouvoir s’en extraire en allant vers ceux qui leur sont opposés. Pour conclure, Rebis, au delà de son terme latin signifiant littéralement « chose double », désigne également un processus alchimique de transformation qui vise à unifier deux choses, autrement dit le masculin et le féminin. Comme si l’idée était de créer un parfait équilibre, se sentir en phase avec soi, avec tout ce qui nous définit en tant que femme et en tant qu’homme. En bref, posséder une juste part des deux côtés pour mieux s’accepter, se comprendre et comprendre les autres. Comme quoi, la bd ne rejette pas le masculin finalement ! :p


Une petite déception. Certes, c'est une BD pour jeune public, mais j'en attendais plus quand même. Le moyen-age, un temps où il ne fait pas bon être différent, c'est le cas de ce petit garçon : Martino, il est albinos. L'Église l'accusera de tous les maux qui affectent le village. Il va trouver refuge au milieu de la forêt chez une sorcière, la jolie Viviana et un lien fort va se tisser entre ces deux êtres rejetés. Un récit sur les différences (dont la transidentité), le rejet et l'acceptation de soi. Mais un récit très (trop) léger, les bons sentiments sont de mise, les enchaînements des péripéties de Martino sont prévisibles et les thèmes ne sont traités que superficiellement. Ça manque de moelle et c'est un peu tiré par les cheveux. La narration alerte permet de ne pas s'ennuyer, la lecture est rapide. Visuellement, un beau rendu avec ce trait précis et lisible, dans un style jeunesse. Les couleurs sont belles et la mise en page est classique. J'ai bien aimé. Un album avant tout pour les 10/13 ans.


Un album avec d’indéniables qualités mais qui n’a pas su me toucher. Je partais pourtant avec un bon apriori, plutôt envoûté par le dessin et les couleurs, cette partie est constante et permet d’arriver au bout de ce pavé sans trop d’encombres. C’est ce point que je retiendrais surtout de mon aventure. Pour le récit en lui-même, bien que sympathique, je ne l’ai pas trouvé ébouriffant. Les thématiques ne m’ont pas trop parlé (la question du genre m’a même un peu saoulé) et le tout manque sacrément de nuances à mes yeux. En plus, Martino/Rebis ne m’est pas apparu spécialement attachant, je l’ai accompagné facilement dans sa quête mais plus on s’approchait de la fin, plus j’ai été déçu du développement. J’avoue aussi que j’attendais un peu autre chose en terme d’histoire, de traitement ou de portée. Je ne reproche pas le fond mais ça m’a semblé un peu trop unilatéral ici. La beauté ou l’émotion (pourtant présentes) ont fini par m’échapper. Une œuvre simplement pas pour moi. Nota : au cours de ma lecture, j’ai quand même appris un truc (pas pu m’empêcher de vérifier sur le net après coup, ne croyant pas au fait), c’est que certaines larves d’insectes mettent parfois bien plusieurs années avant d’éclore.


J’ai adoré cet album. Les dessins sont magnifiques, très colorés et tout en rondeurs. Les thèmes abordés, bien que simples dans leur traitement, me parlent énormément. Le personnage principal est très attachant. La lecture a été on ne peut plus agréable et c’est un gros coup de cœur pour moi. Bref, sur le papier, je mettrais 4 étoiles et un coup de cœur sans état d’âme et puis basta. Mais voilà, l’œuvre souffre tout de même d’un défaut : le rythme du récit est très lent. Un peu normal vu que nous suivons l’évolution d’un personnage, de sa perception de soi et du monde qui l’entoure, sur plusieurs années, mais là c’est quand-même un chouïa trop lent. Le récit reste une histoire feel good sur la découverte et l’épanouissement personnel d’individus en marge de la société, donc un rythme lent qui installe son récit est bienvenu, mais là on a parfois l’impression que le récit se met en pause par moment. Bref, un rythme parfois ballant. Mis à part ça, l’album reste une très bonne lecture. L’histoire qui nous est racontée est celle d’un enfant albinos rejeté par son village (et son propre père) qui va finir par croiser la route de Viviana, une « sorcière » vivant seule dans la forêt suite à la perte d’un être cher. Autour de cette base simple, les autrices traitent de l’exclusion, de l’acceptation de soi, du besoin d’être entouré et soutenu lorsque le plus grand nombre nous veut du mal, et également du genre. L’album tourne beaucoup autour de la question du genre. Du genre féminin, tout d’abord, puisque nous suivons des personnages évoluant pour la majorité dans une sororité de « sorcières ». La figure de la sorcière est ici utilisée, comme souvent, pour représenter les individues en marge de la société, les parias des bonnes gens et surtout la figure féminine sortant des carcans imposés par une société patriarcale. Ici, je précise, tous les hommes sont des gros cons. Certains regretteront sans doute le manque de nuance, je l’excuse facilement car le récit cherche davantage à s’adresser à la figure de la sorcière, des rejetées, plutôt qu’à celle du bourreau. Clairement, la BD n’avait pas pour cible les « Not all men » et c’est tout à son honneur. Mais alors, si tous les hommes sont cruels et violents dans cette histoire, comment notre protagoniste, présenté comme un garçon, peut-il rejoindre cette sororité au cœur du récit ? Eh bien par un petit twist très simple : en se révélant ne pas être un garçon. En effet, Rebis n’est pas que le titre de l’album, c’est également le nom que prendra la jeune fille suite à sa renaissance. Renaissance d’ailleurs symbolisée par la petite larve d’insecte qu’elle a sauvée et protégée des années avant qu’elle ne finisse par éclore et s’envoler. Scène d’envol où elle apprend à sa sœur son changement (l’échange est sous-entendu mais on la verra bien la genrer au féminin par la suite). D’ailleurs, mis à part les brutes du village, tout le monde genre Rebis au féminin après ça. Je ne sais pas si je pourrais qualifier Rebis de femme transgenre, ne serait-ce que parce que rapporter des notions modernes à des personnages ayant vécu dans une société différente est casse-gueule, mais l’histoire ayant été écrite par des autrices contemporaines c’est comme ça que je l’ai interprétée. Après tout, si le personnage principal et l’œuvre portent tout deux le nom de Rebis (mot issu du lexique alchimique pour désigner un corps hermaphrodite) ce n’est sans doute pas pour rien. Bref, je déblatère, je déblatère… Rebis est une très bonne histoire traitant de sujets qui me parlent beaucoup, donc je vais essayer de remonter un peu sa note. (Note réelle : 3,5)


C'est une BD que je classerais personnellement entre le "Pas mal" et le "Bof, sans plus". C'est assez dommage, j'aime beaucoup la couverture et ce qu'elle propose, mais l'intérieur m'a assez vite déçu. Je n'ai pas grand chose à reprocher au dessin, quoique je trouve certaines façons de représenter les physiques un peu en décalage avec le reste. C'est assez réaliste dans le traitement global et certains détails font du coup assez tâche (les trainées noires sous les yeux par exemple). Mais globalement, c'est un très bon dessin. J'ai eu plus de soucis avec l'histoire. Déjà, elle se déroule à la fois très lentement et très vite. Le temps s'étire dans le récit, faisant défiler des mois (ou des années, je n'ai pas trouvé ça très clair), tandis que le récit se déroule très lentement. Il ne se passe pas grand chose dans la première moitié de l'histoire qui est une mise en place pour la seconde partie du récit qui n'a pas le temps de bien se développer avant le final. Et c'est dommage, parce que certaines choses présentées ici aurait été intéressantes une fois plus développées. Le récit s'ouvre sur le cliché bien éculé des jeunes femmes traitées de sorcières et envoyées au bucher par une église méchante (cliché qui m'énerve de plus en plus, mais admettons), puis se poursuivant avec cet ostracisme d'un garçon albinos. Le récit est assez clair dans son traitement, opposant des méchants intolérants et des sorcières représentant clairement la diversité (sexuelle notamment). On est pas dans de la construction très fine, et l'opposition entre homme et femme vient renforcer ces images très tranchées. Je sais que le récit s'adresse avant tout aux plus jeunes, mais je trouve que le traitement est tellement peu fin qu'il en devient caricatural. Et l'excuse de la jeunesse n'est pas obligatoire, des récits jeunesses peuvent se construire plus finement aussi (je repense ici à Bergères Guerrières sur des thématiques similaires). Bref, je suis assez peu intéressé par le récit. Je trouve le message simpliste, trop même, et bien que la BD propose d'aborder des sujets que je trouve très pertinent, c'est assez léger dans le traitement. La question de l'opposition entre méchante église et gentilles sorcières n'a aucun fondement et la question du genre n'est même pas spécialement évoqué. C'est juste en filigrane et sans réelles interrogations de fond. Ça manque de corps, et lorsque je compare à d'autres lectures jeunesses que j'ai adoré, je trouve que "Rebis" est sympathique, sans grand plus. Pour plus jeune, sans doute.


J’ai fait un vraiment joli voyage en lisant cet album. J’ai longuement hésité entre 3 et 4 étoiles. Nous sommes dans un moyen âge européen, sans plus de précision, et suivons la naissance et l’enfance d’un albinos qui se retrouve rejeté par son père, et pris sous l’aile d’une « Sorcière » vivant en marge de la société. Il n’y a pas vraiment d’intrigue, ce sont des épisodes de vie qui se succèdent les uns après les autres. Mais la narration est si bien réussie que je me suis pris d’attachement pour ce personnage, Rebis, et ai pris beaucoup de plaisir à me perdre dans cet univers. Il se dégage une ambiance à la fois douce, féerique, et cruelle. Les dessins et la colorisation vont parfaitement ensemble et s’adaptent avec justesse au scénario, se complétant pour sublimer cette ambiance. Alors ce n’est clairement pas l’album de l’année, mais ce duo d’autrices italiennes a parfaitement réussi à créer un album avec une certaine personnalité, qui m’a offert un très bon moment de lecture, de détente, et d’évasion le temps d’environ 170 planches, en toute simplicité, et c’est exactement ce que je recherchais dans cette lecture.

Une Bande Dessinée plutôt orientée jeunesse très sympathique. Dans un univers Médiéval Fantastique, l’histoire se révèle classique et assez simple, avec tout de même la petite touche de modernité niveau thématiques (le genre, la sororité) qui va bien. Un enfant né différent (Albinos mais pas que donc !) est mis à la porte de son foyer par son père et recueilli dans une forêt par une "sorcière", elle même paria. Entre exclus, une grande amitié va naître et se développer au fil des ans. Il ne se passera finalement pas grand chose dans ce récit très subtil, on est plus dans le quotidien et la douce évolution de nos personnages au gré du temps qui passe. On se laisse facilement porter par un récit dynamique servi par de magnifiques illustrations. Mention spéciale pour nos deux personnages principaux Viviana et Rebis/Martino que je trouve particulièrement bien illustrés (character design top). Un petit bémol concernant la fin de cette histoire qui n'est pas très explicite et interroge (ou alors, je suis passé à côté et n'ai pas compris un truc). Elle peut d'ailleurs laisser à penser une possible suite (ce qui serait toutefois une fort bonne nouvelle). Pour conclure, une chouette BD qui se laisse lire agréablement.
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