Les derniers avis (415 avis)

Couverture de la série Made in Korea
Made in Korea

Mouais. Je n'ai pas été convaincu par ce comic. Tout d'abord les auteurs nous parachutent sans préalable dans un monde plus ou moins futuriste dont on ne connait pas les règles (politiques, sociales ou légales).Cela s'appuie sur un visuel des plus classiques (architecture, collège US, voitures, habits) très passe partout. Ensuite le scénario essaye d'aborder des thèmes déjà très visités comme l'adoption, l'adolescence ou la parentalité d'une façon si superficielle et expéditive que cela en est assez ridicule à mes yeux. Perso je ne me suis pas du tout senti impliqué par cette possibilité d'apporter de l'affect à un robot. Ridley Scott avait déjà exploité cette thématique en 1982 avec son inoubliable Blade Runner ( C'est dire la nouveauté). Pour introduire un peu de drama les auteurs reprennent d'autres sujets (violence, sexualité) là aussi déjà vus de nombreuses fois. Le rythme du récit est rapide (trop?) mais il aurait fallu probablement se poser un peu pour approfondir. Je trouve que les auteurs travaillent trop sur un émotionnel très facile. Le graphisme m'a paru assez rudimentaire dans un style semi réaliste assez peu travaillé dans les expressions et les détails. Les ambiances sont froides et uniformes. Cela manque à mes yeux cruellement de dynamisme et de vie. De nombreuses cases sont avec un simple fond pastel et la mise en couleur froide est assez peu à mon goût. Enfin je me suis perdu dans un final très embrouillé que je n'ai pas du tout compris. Une déception mais je suis probablement passé à côté de nombreuses choses.

20/04/2024 (modifier)
Par Bruno :)
Note: 4/5
Couverture de la série Sandman
Sandman

Rarement un Super-Héros a bénéficié d'une aussi radicale -et réussie- refonte de la part d'un auteur qui, non content de s'être débarrassé d'un historique peu stimulant quant au personnage dont il a la charge, lui a également (et très efficacement) consacré soixante-quinze épisodes à la suite sans jamais véritablement échouer à relancer l'intérêt de sa re-création. Définitivement projeté hors du contexte Super-Héroïque de son prédécesseur (car ce Sandman-là est d'un calibre tout autre...), Neil Gaiman balade ce maitre des rêves (infiniment plus riche de potentialités créatrices) de mythologies (classiques ou inventées) en aventures plus prosaïques, au contact de mortels malencontreusement (souvent !) partie-prenante des intrigues le concernant. Pour un novice dans l'exploration de ces univers féériques, diaboliques et magiques, j'ai vraiment eu très peu d'impressions de "redites" ; et, malgré mes à-priori de vieux paresseux, j'ai été ravi par nombre d'histoires plutôt prenantes grâce -et surtout !- à leurs mises en place systématiquement originales (et encore d'avantage par les personnages si attachants autour de qui elles sont développées.). Un travail d'écrivain, véritablement. ...Hélas ! Mark Dringenberg, irréprochable qu'il est dans sa maitrise graphique figurative -et plutôt à l'aise quant à certaines cases plus caricaturales- ne donne à aucun moment dans l'esthétique ; et c'est avec un sentiment de frustration grandissant qu'on accompagne le héros taciturne au long de ses aléas oniriques tant, quel que soit le royaume visité, l'artiste échoue à en rendre toutes les séductions. Au mieux, une certaine rigueur "réaliste" persiste qui, tout en nous permettant peut-être une meilleure appréhension du contexte, en balaie inévitablement l'atmosphère Fantastique suggérée au travers des mots. Certains encreurs, parfaitement à l'unisson, vont encore d'avantage alourdir les planches ; annihilant du coup l'effet de rupture qui aurait pu mettre en valeur et mieux séparer ce qui arrive sur notre bonne vieille planète et ce qu'il se passe "ailleurs". Kelley Jones, Chris Bachalo et quelques autres définissent encore plus l'atmosphère sombre de la BD, avec le même résultat, à peu de choses près ; même si leurs planches semblent moins "brouillonnes". Une seule véritable rupture, plutôt extrême dans ce sens, quand P.Craig Russell, au scénario comme aux pinceaux, magnifie un conte d'une tristesse indicible ; offrant un aperçu de ce qu'aurait pu (du ?!) être l'ensemble de l'oeuvre. Peu de pages me sont restées en mémoire, du coup ; ce qui est bien dommage étant données la variété et la profondeur des dilemmes où se débattent tous ces intervenants, si riches de personnalité. J'ai beaucoup aimé l'arc consacré au frère ainé "démissionnaire" et, paradoxalement, je pense que l'apparente simplicité du trait de Jill Thompson rend la lecture des paragraphes plus facile ; même si elle aussi découpe ses planches aussi platement que possible... Enfin, quelques épisodes bénéficient d'un Charles Vess bien plus à son aise que sur certains albums de Super-Héros (!) ; et la fin de cette véritable épopée se déroule très bellement sous les traits inspirés de Michael Zulli : Matthew est absolument irrésistible ! Pas évident de donner des expressions à un corbeau. Une grande œuvre littéraire, assurément ; à défaut d'un grand Comic -mais cela n'enlève rien à ses intérêts : son originalité et sa poésie.

20/04/2024 (modifier)
Couverture de la série Courtisanes
Courtisanes

L’intrigue nous plonge dans les bouleversements politiques du milieu du XIXème siècle, de la fin de la Monarchie de Juillet au Second Empire, en passant par la Deuxième République (l’histoire s’étale de 1847 à 1853). Au passage, le deuxième album s’ouvre sur les événements révolutionnaires qui amènent le renversement de Louis Philippe. Or, sur la première case, il est indiqué 24 février 1847 ! Une grossière erreur d’un an qui aurait pu/dû être corrigée avant impression : ça fait un peu tache dans cette collection historique Vécu. Une histoire traversée de complots, d’intrigue, qui se déroulent sous les yeux de l’héroïne, Eva, une courtisane qui a « réussi » et qui côtoie – en couchant avec – les milieux d’affaires proches de Louis-Napoléon Bonaparte. Il est parfois difficile de croire qu’Eva ait acquis en si peu de temps une conscience politique, et un tel sens machiavélique et cynique des « affaires ». Autre petit bémol selon moi, Maric abuse du tic consistant à mettre en rapport avec Eva tout ce que Paris compte à l’époque d’artistes (Baudelaire en tête). Ça pimente sans doute l’intrigue, mais ça nuit un peu à sa crédibilité, tant cela parait parfois artificiel. Il y a d’ailleurs dans certains passages (et la plastique et la faconde de l’héroïne nous y ramène aussi) quelque airs d’ « Angélique marquise des anges » chez Eva. Bon, si l’on fait abstraction de la propension d’Eva à se trouver au centre de tous les regards (des révolutionnaires comme de l’Empereur, des milieux d’affaires comme de Vidocq), ça se laisse lire. Le quatrième tome est par contre moins intéressant et moins crédible, sur un navire négrier, loin des cabales parisiennes (il laisse d’ailleurs en suspens la destinée d’Eva, comme si une suite avait été envisagée). Le dessin est globalement bon, avec une colorisation qui m’a par contre un peu moins convaincu, car plus inégale, parfois criarde et datée. Note réelle 2,5/5.

20/04/2024 (modifier)
Couverture de la série Au Ritz des Fritz
Au Ritz des Fritz

C'est vraiment une excellente surprise que cette lecture originale du documentaire romancé proposé par Nathalie Bodin. Dès la première case j'ai eu la même réaction que Ro et Alix : au fait comment ont été gérés les centaines de milliers de PW allemand par les autorités américaines. Le récit autour de Dan prisonnier de la campagne de Normandie, anti nazisme depuis toujours mais patriote malgré tout est très intéressant de bout en bout. L'auteure réussit à articuler son scénario autour de trois phases distinctes qui s'enchaînent parfaitement. La vie dans un camp dominé par les ex nazis puis dans un camp sans nazi, un passage éclair dans la communauté allemande expatriée à NY au moment du 8 mai 45 et enfin le retour à la maison dans une Allemagne dévastée. Chaque épisode conduit à des thématiques précises et surprenantes. Par exemple comment les américains ont suivi scrupuleusement la convention de Genève jusqu'au 8 mai. Comment la communauté allemande a été perçue en comparaison de la communauté japonaise. Enfin les difficultés du vivre ensemble et de la dénazification dans la partie ouest allemande. C'est donc une partie historique très peu développée que l'auteure nous livre à travers un récit fluide qui laisse la place à une fiction romancée crédible . Le graphisme N&B de l'auteure accompagne parfaitement l'histoire. Les personnages sont un peu figés et les visages se ressemblent un peu trop mais c'est agréable à lire dans la mesure où le didactique prime sur l'esthétique. Une lecture vraiment intéressante pour les lecteurs (rices) avides d'Histoire non conventionnelle.

20/04/2024 (modifier)
Couverture de la série Patrick Dewaere - A part ça la vie est belle
Patrick Dewaere - A part ça la vie est belle

J'aime bien Patrick Dewaere sans être un grand fan. Son jeu est trop sombre pour moi, même si il correspond bien à une époque de remise en cause sociale très marquée. Comme le montre le documentaire il y a probablement eu fit entre la personnalité de Patrick Dewaere et les recherches innovantes de nombreux metteurs en scène à cette époque. LF Bollée construit la biographie de l'acteur autour de deux grands axes : son enfance douloureuse qui lui donnera ce vécu de mal aimé, et une rivalité/amitié avec Gérard Depardieu à la suite des " Valseuses". En choisissant de faire parler l'acteur suite à son suicide, Bollée appuie sur l'intériorité psychologique de l'homme. Instabilité familiale, sentimentale , amicale entre autres. Cela fera de Patrick Dewaere un acteur hors norme, touchant et qui fera modèle. Le final un peu fantastique qui met Dewaere en face d'un Depardieu contemporain souligne le gâchis du geste de 1982. Avec un soupçon de sagesse ou de recul Dewaere pouvait aspirer aux plus grands rôles classiques. Le graphisme de Maran Hrachyan met très bien l'accent sur les expressions souvent tristes et sombres de l'acteur. Ce spleen qui transparaît à chacune de ses répliques est si naturel qu'il est difficile de faire la différence entre l'homme et l'acteur. L'auteure réussit très bien à transmettre ce sentiment. Une bonne lecture qui rend un tableau très crédible des années 70 dans le cinéma.

20/04/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série Le Mahâbhârata
Le Mahâbhârata

Il te faut agir sans réfléchir aux fruits de ton acte, agir dans le détachement. - Ce tome constitue une adaptation du roman du Mahâbhârata effectuée par Jean-Claude Carrière et paru en 1989. Il peut donc se lire indépendamment de tout autre histoire, sans connaissance préalable. L'adaptation en bande dessinée a été réalisée par Jean-Marie Michaud, bédéaste, auteur entre autres de la saison de la Couloeuvre, sur un scénario de Serge Lehman. le tome commence avec une introduction d'une page évoquant quelques caractéristiques du Mahâbhârata (poème épique composé en sanskrit au quatrième siècle avant notre ère, quinze fois plus long que la Bible), du Chant du Bienheureux (la Bâghavad Gîta), et le roman de Jean-Claude Carrière. La bande dessinée commence avec un trombinoscope des personnages. Ils sont au nombre d'une quarantaine, dont les Fondateurs, les 5 Pandavas les dieux, les 100 Kauravas. Elle comporte 6 chapitres : (1) le brouillard des origines, (2) de l'enfance des princes au royaumes en héritage, (3) L'exil, (4) le choix des armes, (5) Amère victoire, (6) Épilogue. Trois mille ans avant notre ère, Vyasa, un vieil homme en pagne et à la longue chevelure blanche, arrive dans une clairière et s'approche d'un jeune garçon assis au bord du fleuve. Il lui demande s'il sait écrire, car il a composé un poème et il lui faut quelqu'un pour l'écrire. Vyasa explique que ce poème parle de l'histoire de la race du garçon, et d'une vaste guerre. Ils entendent quelqu'un siffloter, et Ganesha arrive dans la clairière en portant un livre vierge car il a entendu que quelqu'un cherche un scribe. Il s'installe en tailleur, s'arrache une défense et la trempe dans un pot d'encre de Chine. En réponse à la demande de Krishna, Vyasa commence par raconter sa naissance : comment sa mère est née du sperme d'un roi tombé dans le ventre d'un poisson, et sa rencontre avec un pêcheur. le règne du roi Santanu avait installé un âge d'or. Un jour qu'il se baigne dans le fleuve, la divinité Ganga lui offre un fils : Bhishma. Vingt ans plus tard, Santanu retourne au fleuve et il voit Satyavati (la mère de Vyasa) en train de se baigner. Il lui fait une demande en mariage, et elle lui indique qu'il doit la faire devant son père le pêcheur. Ce dernier n'accepte de donner la main de sa fille qu'à la condition que le fils né de cette union ne devienne roi. Santanu oppose le fait qu'il a déjà un fils. le pêcheur est inflexible. Bhishma lui-même (le fils de Santanu) va à son tour trouver le pêcheur pour lui demander de changer d'avis. Devant son insistance, Bhishma promet de renoncer à la royauté, et, suprême assurance, il promet également de renoncer à connaître l'amour d'une femme, pour assurer l'absence de risque de conflit entre descendants. Des voix célestes s'élèvent alors pour répéter le vœu de Bishma : Jamais l'amour d'une femme. En récompense de son voeu, il reçoit le pouvoir de mourir le jour de son choix, c'est-à-dire de devenir immortel s'il le souhaite. Santanu et Satyavati ont un fils qui grandit chétif. Bhishma se charge de lui trouver trois épouses, mais Amba (l'une des trois) demande à retourner chez le roi qui s'apprêtait à l'épouser. Quand elle arrive chez lui, il la renvoie estimant qu'elle est souillée. Bhishma refuse de la prendre comme épouse, pour honorer son vœu. Amba promet de se venger et de trouver quelqu'un qui tuera Bhishma. Santanu finit par décéder, mais son fils meurt enfant le jour de ses noces. Vyasa, le jeune garçon et Krishna constatent que le récit s'arrête là. Vyasa propose que ce soit lui-même qui féconde les princesses afin que la lignée royale se perpétue. Les enfants de ces unions sont Dhritarashtra et Pandu. L'introduction explicite que le Mahâbhârata est quinze fois plus long que la Bible : une bande dessinée de 438 pages ne peut donc pas reprendre l'intégralité de son contenu. Elle indique également que cette version du Mahâbhârata correspond à une version épurée et reprise pour en faire un roman avec une forme plus facile d'accès pour le lecteur européen, celle de Jean-Claude Carrière. L'objectif des auteurs est donc de présenter l'intrigue principale du poème épique, sans les digressions, avec quelques transitions pour rendre la narration plus fluide. Toutefois, le lecteur sait qu'il ne s'apprête pas à plonger dans un récit comme les autres. Sa motivation pour se plonger dans cette bande dessinée relève vraisemblablement de l'intention de découvrir cet ouvrage essentiel de la culture indienne, par un biais accessible. Il se doute donc qu'il va se trouver dans des histoires où les divinités interviennent, avec des événements semblants arbitraires, et des lois d'une autre époque, et dans le cas présent d'une autre culture. Premier constat : la lecture de cette bande dessinée s'avère facile et agréable. Jean-Marie Michaud crée une personnalité visuelle distincte pour chacun des nombreux personnages, le rendant identifiable au premier coup d'oeil, sans effort pour le lecteur. Karna se reconnait facilement grâce à sa chevelure rousse, caractéristique flagrante. Pour les autres personnages, l'artiste joue sur les formes du visage, sur la morphologie, sur la coupe de cheveux, les tenues vestimentaires, etc. Il n'use pas de caricature, restant dans un registre naturaliste (sauf pour les divinités), sans exagérer les traits distinctifs des êtres humains de cette région du monde. Sa direction d'acteurs s'inscrit également dans un registre naturaliste, sauf quand un personnage se lance dans un soliloque emphatique, ou se trouve sous le coup d'une émotion intense, auquel cas son visage et ses gestes sont plus marqués. En près de 440 pages, l'auteur doit délivrer un volume conséquent d'informations : il a opté pour des scènes de dialogue régulières sans être lourdes et des passages espacés portés par des cellules de texte brèves. Dans le premier cas, il a régulièrement recours à des plans poitrine ou des gros plans, mais sans en abuser, sans se limiter à des alternances de champ et contre-champ en guise de seule mise en scène. Il en découle une lecture fluide et légère, sans impression de devoir subir un gavage d'informations. L'artiste sait ménager des pages silencieuses (dès la première page en fait), des dessins en pleine page et une séquence inoubliable en double page quand Dushassana enlève sa robe à Daupana. Il s'amuse également à introduire une ou deux références d'art, comme une construction impossible (pages 108 & 109) empruntée à Maurits Cornelis Escher (1898-1972). En termes de narration graphique, Jean-Marie Michaud a fort à faire : il doit montrer les tenues vestimentaires d'époque, ainsi que les constructions d'époque à commencer par les palais. le lecteur peut voir qu'il s'est inspiré de représentations anciennes pour concevoir une palette de garde-robes qui aille du pagne le plus simple, à la robe ouvragée de cérémonie, en passant par les tenues de combat. Pour un lecteur néophyte, il réussit très bien à créer une impression hindoue., à la fois pour les étoffes, pour les motifs des tissus et leur coupe. le lecteur garde à l'esprit qu'il s'agit plus d'un conte que d'un reportage, et que le dessinateur est tout à fait légitime à faire usage de licence artistique dans un récit où apparaissent des divinités à l'allure baroque pour un européen. Krishna est vraiment représenté comme un individu avec un corps de jeune enfant et une tête d'éléphant. Là encore, Michaud adopte un compromis visuel entre des représentations hindoues traditionnelles, et une représentation plus européenne, par exemple pour les portraits en pleine page de Brahmâ, Shiva et Vishnu (pages 90, 91, 92). Il agit de même en ce qui concerne les bâtiments, entre palais dont il reste possible de voir les vestiges et licence artistique. Il réalise des dessins descriptifs parfois très détaillés, pour un palais, pour des bas-reliefs, des sculptures, des trônes. Au fil des séquences, le lecteur fait le constat de villes cités isolés les unes des autres, avec une forte importance des paysages naturels. Il s'interroge sur l'endroit où peuvent se trouver les fermes, les champs et les élevages. Mais il est vrai que le récit ne s'attarde pas sur ces éléments. Il constate que l'artiste fait un effort pour montrer une végétation plausible, mais sans qu'il soit possible de pouvoir identifier les essences, et pour les peupler avec une faune cohérente. En fonction des séquences, Jean-Marie Michaud gère la densité d'informations visuelles. La longue séquence de bataille (de la page 263 à la page 420) se déroule sur une plaine désolée, sans beaucoup de relief si ce n'est trois touffes d'herbe. Dans d'autres séquences au contraire, l'artiste investit beaucoup de temps pour réaliser des cases pleines de détails. En particulier dans cette même séquence, le lecteur croit pouvoir entendre le fracas des armes dans un dessin en double page (264 & 265) alors que se produit le choc des deux armées gigantesques. Régulièrement, il tombe en arrêt devant un spectacle impressionnant : Kunti sur le toit du monde invoquant Dharma, puis Vayu et enfin Indra, l'immolation de Madri, une vue du ciel des préparatifs du grand tournoi organisé à Hastinapura, les différentes vues du palais d'Hastinapura, le moment de folie de Duryodhana, la naissance des 100, l'assassinat du général Kitchaka, l'utilisation du disque de guerre (page 294), etc. Il remarque en souriant que Michaud se montre facétieux en intégrant des anachronismes, avec parcimonie, pour un effet souvent réussi, qui ne neutralise pas la tension dramatique. Enfin s'il connaît un ou deux événements marquants du Mahâbhârata, le lecteur apprécie mieux de voir la reine Gandhari se bander les yeux, Karna viser un oiseau en se guidant sur son reflet dans une pièce d'eau, l'instigation et le déroulement de la partie de dé, l'irruption des créatures infernales (les Rakshashas), la naissance de Ghatotkatcha, etc. À la fin de l'ouvrage, le lecteur s'est fait une idée claire de l'intrigue principale du Mahâbhârata : l'adaptateur Jean-Marie Michaud a atteint son objectif de présenter l'oeuvre en bande dessinée, pour une lecture agréable et facile d'accès. Il a même consacré 4 pages à la Bhagavad-Vitâ, signalant ainsi son existence, même si c'est un peu court. En fonction de son degré de curiosité, le lecteur peut ensuite se diriger vers le Mahabharata (1989) par Jean-Claude Carrière, le Mahâbârata (2 tomes, traduit du sanskrit et condensé par Jean Michel Péterfalvi), ou encore le Mahâbhârata: Conté selon la tradition orale (2006, Serge Demetrian), ou des traductions en ligne. Il est possible également de trouver des traductions complète du Chant du bienheureux : La Bhagavadgita. En revanche, il ne s'agit en aucun cas d'un ouvrage critique, ce qui fait que le néophyte n'est pas en mesure de distinguer les principaux thèmes, ou la portée spirituelle et culturelle de l'œuvre.

20/04/2024 (modifier)
Couverture de la série Baker Street
Baker Street

J'ai beaucoup aimé cette adaptation humoristique du célèbre détective. Le pari des auteurs était hasardeux. En effet Sherlock Holmes est une valeur sûre qui attire le public. Encore ne faut il pas galvauder l'image du personnage et lui proposer des intrigues à sa mesure. Le choix de Pierre Veys de proposer une série résolument humoristique avec un Sherlock par moment à la ramasse, un Lestrade clownesque, une miss Hudson pocharde et un Watson vindicatif est vraiment audacieux. Je suis un fan de Sherlock et j'ai trouvé que les auteurs avaient bien réussis leur travail. Veys proposent plusieurs scénarii qui restent dans l'esprit des enquêtes de Sherlock. La structure du récit est souvent la même avec un Sherlock à côté de ses pompes au début pour finir de façon brillante. Ensuite les auteurs proposent des ambiances différentes , originales et dépaysantes (Ecosse, Inde, Londres) dans des situations souvent loufoques mais amusantes. En effet l'humour s'appuie sur des dialogues légers et vifs ainsi que sur un comique de répétitions où Lestrade sert de défouloir. Ce n'est jamais méchant ni vulgaire et j'ai souvent souri aux gags proposés. Le rythme est soutenu et les rebondissements sont suffisamment bien construits pour rendre le scénario cohérent. Le dessin de Nicolas Barral va dans le même sens d'un humour léger et intelligent. Son trait rond travaille beaucoup sur les expressions comiques des visages. Certains personnages sont moins travaillés mais les détails des décors extérieurs sont agréable et proposent une ambiance qui accompagne très bien les histoires. Une très agréable lecture divertissante pour un large public.

19/04/2024 (modifier)
Couverture de la série TMLP (Ta mère la pute)
TMLP (Ta mère la pute)

Malgré son prix angoumois, je n'ai pas été convaincu par ce triste portrait d'une cité banlieusarde des années 80. Tout d'abord je n'ai pas aimé l'esthétique graphique proposée. Je trouve l'ensemble assez plat et laid. Les proportions me paraissent hasardeuses et j'ai eu du mal sur les représentations physiques de ces ados. Ont-ils 12/13 ans comme je le perçois graphiquement ou par certaines activités ( vélo, foot) ou plutôt 15/16 ans comme m'inciteraient à le penser certains marqueurs temporels ( 1968-Fabius). Ensuite je trouve que le scénario accumule beaucoup de clichés négatifs sur la vie dans la cité. L'histoire de la prostitution occasionnelle me laisse circonspect. Pas que cela n' ait pas existé mais la façon de le présenter me fait tiquer. Enfin il n'y a aucune jeune fille dans le récit. C'est à croire que la sexualité n'était pas présente dans les préoccupations de ces jeunes hommes ! C'est d'autant plus dommage que les années 80 ne furent pas innocentes dans ce domaine avec l'apparition et la forte propagation du SIDA; L'accroche de l'auteur sur les mères prostituées conduirait à de nombreuses thématiques importantes ( SIDA, proxénétisme, stigmatisation, police) qui ne sont pas ou peu abordées. Une lecture décevante à mon goût.

19/04/2024 (modifier)
Couverture de la série Le Monde de Milo
Le Monde de Milo

Je n'ai lu que le premier cycle et je ne ferai pas l'effort d'en lire plus. En effet je n'ai pas du tout accroché à ce récit qui reprend des thématiques très utilisées par ailleurs. On y retrouve un ou des mondes parallèles, un jeune garçon sang mêlé au destin messianique et un combat bien contre mal sans relief ni grande originalité. Le récit est très linéaire avec une relation garçon-fille assez plate et manquant singulièrement d'humour à mes yeux. En effet j'ai trouvé le personnage de Milo bien pâle. Enfin j'ai eu du mal avec la représentation du père que propose Marazano: soit absent et sans personnalité ( pour Milo) soit mauvais et criminel ( pour Valia) . Le graphisme propose des ambiances réussies dans les terres glauques. Cela reste d'un grand classicisme qui emprunte de nombreuses expressions au manga ( c'est presque obligatoire aujourd'hui). Le découpage est moderne ce qui donne du dynamisme à un récit que j'ai trouvé assez ennuyeux surtout au tome 1. Ce n'est pas une série ado qui m'a séduit contrairement à beaucoup d'autres.

19/04/2024 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
Couverture de la série Solo camping for two
Solo camping for two

J'avoue que le pitch romance humoristique sur le thème du camping me laissait songeur, mais plutôt adepte du camping, je me suis laissé tenter. Et bien m'en a pris car ce premier tome à réussi à me surprendre et à me séduire. Gen Kinokura, 34 ans, est un adepte du camping de longue date. Mais ce qu'il aime par dessus tout c'est de profiter de ses joies en SOLO. C'est donc de la plus mauvaise des manières qu'il va prendre l'arrivée de la belle Shizuku Kusano sur SON campement. Elle n'y connait rien, se tape l'incrust', bavarde à tout va : un cauchemar vivant pour Gen ! Mais la belle sait merveilleusement cuisiner... Si la rencontre de deux personnages que tout oppose n'est pas là pour révolutionner le monde de la BD, le cadre du camping est plutôt original. La série se la joue même un peu "guide du parfait campeur", introduisant des conseils pour faire le feu, positionner au mieux son couchage, ou en nous proposant les recettes des délicieux repas que concocte Shizuku. C'est plutôt bien fait et le très bon dessin de l'auteur facilite notre immersion au sein de ce "couple" de solitaires en mode camping. Que ce soit dans les décors ou les personnages, les cadrages ou les angles de vue, Yuudai Debata est d'une redoutable efficacité dans son style très réaliste. Ajoutez à cela une petite touche d'humour qui va tourner autour de cette relation improbable entre un ours solitaire mal lèché et une petite pin-up citadine qui n'a pas la langue dans sa poche, et on se régale de leurs dialogues et des situations cocasses qui vont s'enchaîner. Bref, une série qui commence plutôt très bien et qui donne très envie de planter sa tente près de ce couple de campeurs pas banals.

19/04/2024 (modifier)