Les derniers avis (178 avis)

Couverture de la série Hélas
Hélas

J'ai bien apprécié cette lecture sous forme d'un conte écologique et philosophique. Bourhis nous emmène dans un univers uchronique qui mêle des éléments historiques (la grande crue de Paris, la Révolution...) avec une inversion du point de vue animal-homme qui n'est jamais ridicule. A l'heure où un grand nombre d'espèces disparaissent dans une indifférence quasi générale, ce changement de perspective met le lecteur face à sa propre indifférence. Dans un scénario très bien huilé avec des rebondissements et un final assez noir, l'auteur aborde plusieurs thématiques sur l'identité et sa nature propre d'une façon subtile et non superficielle. Le graphisme de Rudy Spiessert accompagne très bien la narration. Son tracé assez économe propose une belle expressivité des différents animaux pour rendre leurs comportements ou leurs discours très crédibles. Une lecture intéressante et originale.

11/06/2025 (modifier)
Couverture de la série La Course du rat
La Course du rat

C'est avec plaisir et délice que je me suis replongé dans ce classique de Lauzier plusieurs décennies après mes premières lectures dans les allées de la Fnac. Bien sûr l'ambiance des années 70/80 a évolué mais je trouve que les réflexions au scalpel de l'auteur sur la médiocrité du microcosme parisien et ceux qui aspirent à en faire partie sont toujours d'actualité. Bien sûr la lecture est parfois aride avec des scènes un peu redondantes et un texte envahissant le cadre. Mais le personnage de Jérôme en petit bourge coincé aspirant faucon pour finir comme un vrai con reste un must de l'observation drôle et acide de la bêtise humaine de notre société moderne. La couverture résume très bien le graphisme de Lauzier. Une foule de visages aux expressions forcées qui s'agglutinent au milieu de nulle part. Pas d'extérieur, pas d'action, des couleurs vives et sans nuances ce qui nous colle à la lecture. Le monde de Lauzier reste délicieusement détestable avec ces beaufs et ces vamps qui s'amusent du naïf ridicule. Une lecture qui développe une belle intelligence de l'observation et qui n'a pas tant vieilli.

11/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Oh les filles !
Oh les filles !

C'est le nom d'Emmanuel Lepage qui m'a dirigé vers cette série. J'aurais mieux fait de m'abstenir et la notoriété du dessinateur n'influencera pas ma déception de lecture. Pour moi cette vague histoire de trois gamines réunies dès six ans autour de la danse classique n'est qu'un pâle prétexte à une charge contre une société raciste et inégalitaire. Pourquoi pas! la lutte contre toute forme de racisme et de stigmatisation est une thématique qu'il faut constamment entretenir. Etant papa d'un enfant métis c'est un sujet souvent abordé à la maison. Encore faut il que cette thématique soit bien utilisée car je crains toujours un effet de balancier à rebours. C'est le cas dans ce scénario qui accumule les clichés les plus éculés et les situations improbables. On a droit à presque tout, les policiers qui tabassent un mineur alors qu'une simple fouille avec un chien renifleur suffisait, une copine de sept ans qui fait une remarque raciste à l'école (et se fait casser le nez), l'immigrée nounou ( au black?) corvéable à merci et éjectée au bout de neuf ans pour une suspicion de vol... J'ai eu l'impression que Sophie Michel avait utilisé tous les fonds de tiroir d'une victimisation facile. De plus ces situations sont balancées en trois cases sans qu'il n'y ait de conséquences ( judiciaires) ni d'approfondissement. Quant à la stigmatisation Sophie Michel n'en est pas si loin avec le portrait caricatural de la maman d'Agnès dès les premières cases et tout au long du récit du tome 1 ( je n'ai pas pu aller plus loin). Le pompon du scénario est d'envoyer une gamine de huit neuf ans , fringuée 16ème, seule à Barbes la nuit. Lol Lol Lol Je fais parfois des courses à Château rouge pour savoir qu'il y a en permanence des policiers qui s'inquièteraient d'une enfant seule dans des rues qu'elle ne connait pas. J'en viens ainsi au graphisme de Lepage que je trouve aussi décevant. Contrairement à Tardi avec son Nestor Burma je ne m'y retrouve pas dans le Paris du XVIIIème proposé par Lepage. Dès le début la présentation de la clinique m'a interpelé. Ensuite j'ai eu l'impression que Lepage picorait de ci de là : rue Lepic? Barbes? sans précision sur les lieux, ni plaques ni marqueurs dans des rues vides!!! Quand on connait l'animation de ce quartier même tard le soir le graphisme ne rend pas du tout l'ambiance. J'insiste sur ce point de géographie urbaine car il devrait s'inscrire totalement dans le fondement du scénario puisqu'il s'agit de mixité sociale qui justifie la proximité des trois jeunes filles. J'ai bien d'autres réserves sur cette série ( comme le langage prêté à la maman de Leila ) mais j'arrête. J'ai vraiment eu l'impression que les auteurs étaient passés à côté du sujet.

11/06/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Morpheus
Morpheus

Un récit post-apocalyptique dans un monde ravagé par une étrange maladie qui force les humains à dormir beaucoup plus que la normale, bouleversant toute l'organisation de la civilisation. Les anciennes capitales sont devenues des cités-états repliées sur elles-mêmes, protégées par des murailles. Juliette y officie comme mercenaire au service des autorités, chargée de défendre la ville contre les trolls, un groupe religieux radical opposé aux avancées scientifiques et à toute tentative de traitement. Mais lors d'une mission, elle croise un scientifique qui pourrait bien avoir trouvé un remède... et peut-être sauver sa fille. Ce récit d'anticipation et d'action fonctionne plutôt bien. Le cadre reste classique, mais certaines idées sortent du lot, comme cette épidémie nommée Morpheus et ses conséquences sur l'humanité. L'univers est aussi peuplé de nombreux robots, bien intégrés au récit et parfois développés comme de vrais personnages. Le dessin est propre et professionnel. L'intrigue suit les codes habituels du genre : une fuite, un enfant à protéger, un scientifique porteur d'espoir, des poursuivants violents, et la menace constante que tout échoue à cause de la stupidité humaine. La fin, heureusement, évite le drame attendu, même si elle manque de relief. Au final, une BD divertissante, bien construite, relativement bien rythmée et avec deux ou trois bonnes idées, mais qui ne laisse pas un souvenir impérissable.

11/06/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Entre Neige et Loup
Entre Neige et Loup

Dans une petite chaumière vivent un père et sa fille, isolés sur une île plongée dans un hiver sans fin. Une malédiction empêche la fillette de quitter les lieux sans provoquer de violentes tempêtes. Mais quand le père, parti en mer, tarde à revenir, elle s'inquiète et part à sa recherche dans la forêt enneigée. En chemin, elle croise un loup blanc, bien moins effrayant qu'elle ne l'imaginait, et dont la présence la mènera jusqu'au coeur de l'île. L'ensemble prend la forme d'un conte accessible à tous, avec une ambiance et des visuels légèrement inspirés du Japon. Le dessin est charmant, et le travail sur les couleurs particulièrement soigné. Malgré cela, l'histoire donne une impression de déjà-vu. En plus de rappeler D'Ambre et de Feu, des mêmes autrices et dans le même univers, elle évoque aussi La Princesse d'Hazelwood et d'autres récits du même genre où une jeune héroïne doit s'éloigner d'un parent protecteur pour mieux se découvrir. J'ai aussi été gêné par un certain excès de lyrisme : les dialogues, un peu trop travaillés, manquent parfois de naturel. Les échanges entre la fillette et les animaux bienveillants qui l'accompagnent sonnent faux. Il y a quelque chose dans leurs comportements qui semble forcé, comme si seuls les auteurs savaient vraiment ce qu'ils voulaient exprimer, au détriment de la spontanéité. Je n'ai donc pas été particulièrement emballé par l'ensemble. Heureusement, la fin relève un peu le niveau : la révélation sur la véritable nature des personnages m'a paru bien trouvée. Note : 2,5/5

11/06/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 3/5
Couverture de la série Le Dernier Costume n'a pas de poche
Le Dernier Costume n'a pas de poche

Un documentaire qui présente Chamesddine Marzoug, bénévole au croissant rouge. Un pêcheur d'une cinquantaine d'années, il vit à Zarzis une ville au sud de la Tunisie, il offre de son temps et de son argent pour offrir une tombe aux migrants anonymes qui ont péri lors de la traversée de la mer méditerranée. Laurent Galandon a vécu quinze jours auprès de Chamesddine pour découvrir la réalité de son quotidien "d'ange gardien des migrants". Je vais commencer par le titre de l'album, une phrase/expression que je ne connaissais pas et dont je ne comprenais pas la signification, jusqu'à ce qu'il prenne tout son sens en refermant la BD. Et je ne peux qu'être en admiration devant autant d'altruisme et d'humanité. La vie en Tunisie n'est pas facile, et la révolution du jasmin n'a pas amélioré les choses. De nombreux tunisiens ne rêvent que d'Europe, mais ils ne sont pas les seuls à vouloir immigrer, de nombreux migrants venus d'autres pays africains veulent faire de même. Laurent Galandon fait un parallèle tout en finesse avec l'Ukraine et le choix européen du "deux poids deux mesures". Un album qui ne peut laisser insensible, il est facile de pouvoir s'identifier aux nombreux personnages au travers leurs vies personnelles, en particulier à Abdoulaye, un petit garçon échoué sur la plage, à la recherche de sa maman. Un constat brutal et émouvant sur une triste réalité. J'ai eu du mal à apprivoiser la partie graphique en début de lecture, un style qui ne me convient pas. Mais j'ai fini par l'adopter et la jolie mise en couleur y est pour beaucoup. Un album qui se termine par une galerie de photos prises à Zarzis par Laurent Galandon. Lecture recommandée. Note réelle : 3,5. "La misère de la France est un paradis pour nous".

11/06/2025 (modifier)
Par karibou79
Note: 4/5
Couverture de la série Itinéraire d'une garce
Itinéraire d'une garce

Je crois que c'est clair, les avis sont unanimes: on a affaire ici à quelque chose de littéraire encore rehaussé par un dessin élégant. Flaubert s'était-il réincarné dans l'esprit de Céline Tran pour nous offrir une nouvelle analyse de la psyché humaine? Pas de militantisme, pas de coup sur les doigts du conservatisme mais une invitation à redécouvrir le cheminement vers le plaisir, rien n'est acquis mais rien n'est inaccessible également. L'enveloppe charnelle peut se flétrir mais l'étincelle de la prunelle peut luire encore plus fort qu'avant. Vraiment un bel ouvrage avec un final en beauté, qui passera malheureusement sous certains car classifié sous pornographie.

11/06/2025 (modifier)
Par Cleck
Note: 4/5
Couverture de la série La Terre verte
La Terre verte

Chaque BD d'Ayroles est attendue et évaluée à l'aune des merveilleuses réussites précédentes de son auteur. L'horizon d'attente est ainsi systématiquement démesuré. Cette BD-ci parvient-elle à l'assumer ? Et bien, à l'instar de ses récentes productions, oui et non, comme en témoigne ce plutôt flatteur 4/5. D'une intrigue tragique en diable, Ayroles tire un récit retors aux atours explicitement shakespeariens. Ou comment un homme de pouvoir au trouble passé, habité jusqu'à la démence, impose sa soif de renaissance à un peuple démuni ? Quel regard porter et quelle attitude adopter vis-à-vis de la folie d'un opiniâtre meneur ? Durant ma lecture, je fus longtemps circonspect. Par les illustrations d'abord, certes très correctes, mais qui n'assument ni le souffle ni l'épique de l'intrigue. Par le récit également, qui peine durant sa phase d'installation, à distiller les prémices de sa démesure, de son tragique, à inviter le fantastique, aussi parce que le personnage principal se révèle dans un crescendo dont les premières notes sont davantage scolaires que fatalement romanesques. Le récit gagne en puissance dramatique dans sa seconde moitié, une fois la soif de pouvoir révélée, dans un de ces malheureusement trop rares passages "ayroliens" où les dialogues se parent d'un machiavélisme génialement ironique. Puissance dramatique qui, à mon agréable surprise, continue de m'habiter plusieurs semaines après ma lecture, le signe irréfutable que cette BD valait mieux que ma triste circonspection initiale.

11/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Jusqu'ici tout va bien (Pitz)
Jusqu'ici tout va bien (Pitz)

J’ai le même ressenti que gruizzli après lecture de cet album (une lecture sympathique, et un travail graphique qui m’a parfois paru hésitant et en tout cas assez fluide). C’est une histoire qui use de plusieurs thématiques, que ce soit en gros plan (le mal être d’un adolescent) et dans les plans plus éloignés (une famille problématique – avec surtout un père gros connard et lâche – les conséquences de la guerre du Vietnam et l’euphorie autour de la première mission habitée sur la lune comme arrière-plan général). Il y a une bonne alternance entre épisodes où le mal-être domine (le héros mal dans sa peau, se cherchant, le frère rentrant mutilé du Vietnam, les relations familiales tendues, la maladie de la copine du héros, etc.) et ceux plus positifs (le héros trouvant des amis/alliés, se cultivant, exprimant son talent et cherchant à reconstituer le livre illustré d’Audubon, et le final en forme d’happy-end généralisé). Mais, si l’histoire se laisse lire (le personnage de Doug, le héros, est bien « construit », la façon dont il se transforme et prend son destin en main est intéressante), je l’aurais sans doute davantage appréciée avec un dessin plus à mon goût. Je n’ai pas été séduit par le trait fragile, presque maladroit (très lisible quand même !).

11/06/2025 (modifier)
Couverture de la série La Crevette
La Crevette

Même si le scénario est quand même original, on retrouve quand même ici ce qui fait du Zidrou classique. A savoir une intrigue à la narration fluide et agréable, et une histoire assez sirupeuse (un chouia trop parfois, mais sans tomber dans la mièvrerie ou trop de facilités). Disons que, malgré quelques vacheries échangées entre protagonistes, et quelques petits traits d’humour, on reste sur quelque chose de feel good, avec gros happy end et « bonheur pour tout le monde » (même pour ceux qui semblaient devoir rester sur le quai – avec un petit retournement ironique entre les deux collègues/colocataire, qui échangent leurs places entre la chambre et les toilettes !). Mais Zidrou sait faire passer tout ça et ça se laisse lire – sans pour autant me donner l’envie d’y revenir je pense. Un petit moment de détente bien accompagné par le dessin de Salomone, que j’ai trouvé très chouette. Très bon techniquement, mais aussi et surtout joli à regarder, reconstituant très bien décor et ambiance des années 1960, dans sa version insouciante des Trente glorieuses. Et les deux copines sont plutôt sensuelles. Une comédie romantique sympathique.

11/06/2025 (modifier)