Les derniers avis (132 avis)

Couverture de la série From outer space
From outer space

Voilà un album découvert par hasard, acheté pas cher après un feuilletage rapide (la bichromie, et la forte présence du fond orange m’avaient attiré). Si le dessin de Marion Mousse, avec un trait gras, plutôt avare de détails est parfois minimaliste, il est globalement fluide et agréable. En tout cas il accompagne très bien une histoire assez légère, . C’est de la SF décalée, avec un humour présent sans être non plus très percutant. Quelques personnages et dialogues amusants (j’aurais bien vu plus de loufoque chez Shluss, le dirigeant de la planète Prott, dictateur ubuesque et neuneu, même si quelques échanges avec son conseiller sont savoureux), et une intrigue qui se laisse lire. Mais le rythme et l’intérêt sont inégaux, et hélas le second tome prévu manque à l’appel, nous privant d’une réelle conclusion. Nous ne saurons donc jamais si Everett, représentant interplanétaire en peignes (sic !) et la fille rebelle de Shluss vont former un vrai couple… Note réelle 2,5/5.

07/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Tombeur de haut
Tombeur de haut

Avec un titre pareil, chez cet éditeur, et avec à la baguette Lucques, je m’attendais clairement à quelque chose de très érotique, et ça n’est pas vraiment le cas. Pourtant, dans toutes les histoires – plus ou moins courtes – rassemblées ici, il est à chaque fois question d’amour, physique ou cérébral, de relations amoureuses en construction, de séduction. Mais ici Lucques s’écarte le plus souvent de la gaudriole plus ou moins loufoque qui caractérise nombre de ses publications. L’humour est présent, pas toujours, et le plus souvent en retrait, même si l’une des histoires les plus longues – dans laquelle une jeune prof de lycée se fait draguer de façon surprenante – amène une chute – un peu prévisible, mais amusante. Sinon, il y a pas mal de récits qui jouent sur un ton plus sérieux, une certaine amertume, de la dérision. Pas mal de registres assez inhabituels chez Lucques. La lecture est globalement intéressante et agréable, les récits s’enchaînent plaisamment, et sont assez divers pour ne pas se répéter. Lucques alterne dessin réaliste classique et trait semi caricatural – il est bon dans ces deux registres – en usant toujours très bien du Noir et Blanc. Voilà un album ancien, mais qui mérite un petit détour. Les éditions du Fromage ont quand même publié pas mal d’albums originaux et intéressants, souvent injustement oubliés. Note réelle 3,5/5.

07/10/2025 (modifier)
Par Brodeck
Note: 4/5
Couverture de la série Saint Rose - À la recherche du dessin ultime
Saint Rose - À la recherche du dessin ultime

Saint Rose, c'est un peu la rencontre entre Jean-Pierre Mocky et Jules Verne... Moi qui ne suis pourtant pas toujours un adepte de l'humour absurde (dans mon souvenir, j'avais moyennement aimé Les Miettes de Peeters par exemple), j'ai lu avec délectation ce récit d'aventures décalé, mais enlevé, bourré d'énergie et franchement drôle. Il y a du James Bond dans cette histoire, un peu d'Indiana Jones, des personnages hauts en couleur (dont un papou téméraire et un aventurier élégant et généreux, le dénommé Saint Rose, et Micol qui se met en scène avec beaucoup d'autodérision), des gangsters rappelant de célèbres philosophes et même Scarlett Johansson ! La somme de ces éléments pourrait paraître bien baroque, mais l'auteur parvient pourtant à garder le cap jusqu'au bout et à nous offrir un récit d'aventures palpitant. J'ai également beaucoup apprécié la partie graphique, on navigue entre le trait d'Oubrerie je trouve (mais là, " Renée Stone " est bien dépoussiéré !) et celui de Sfar. Pas complètement convaincu par " Mimesia " dont j'attendais beaucoup, je vais maintenant découvrir : Le Chien dans la Vallée de Chambara qui semble plus classique.

07/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Loup des Mers
Le Loup des Mers

Je pense qu'Emka a exprimé avec brio l'essentiel de ce que je voulais dire sur cet ouvrage dans son avis précédent ! J'ai moi-même beaucoup apprécié ce roman graphique, basé sur l’œuvre originale de Jack London. Je n'ai, pour ma part, pas encore lu les deux autres ouvrages composant la trilogie de la mer de Riff Reb's donc je ne pourrai malheureusement pas les comparer. Le découpage de l'histoire en chapitres courts, denses, rend l'histoire très dynamique et rythmée. Le graphisme de Riff Reb's au trait bien appuyé et dynamique confère aux marins de vraies gueules cassées, tranchant avec le raffinement des naufragés accueillis sur le bateau. L'idée de traiter chaque chapitre en monochromie avec des tons allant du bleu au rouge selon l’enchainement des événements est également très astucieuse et renforce l'immersion du lecteur. La confrontation des personnages de Loup Larsen (en français dans le texte), capitaine brutal faisant régner la terreur sur son bateau mais qui témoigne tout de même d'une certaine intelligence, et d'Humphrey Van Weyden, critique littéraire peu habitué aux travaux manuels et qui ignore tout de la rudesse de la vie en mer, est particulièrement intense et donne lieu à des échanges et débats philosophiques très intéressants (vie après la mort, culture, sens de la vie, etc). J'ai ainsi beaucoup apprécié la profondeur de ces deux personnages qui ne tombent pas dans la caricature de la brute écervelée contre le faible mais intelligent critique littéraire. Le final, beaucoup plus sombre que l’œuvre initiale de J. London, clôt de manière très juste ce huis-clos se déroulant dans l'immensité d'une mer souvent déchainée et avalant goulument les marins. Un roman graphique qui mérite sans nul doute de figurer dans les immanquables de BDthèque. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 8/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation, mise en page) : 8/10 NOTE GLOBALE : 16/20

07/10/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
Couverture de la série Giunchiglia
Giunchiglia

Giunchiglia est une jeune hybride humaine, fille du roi du petit peuple. Par amour pour un prince humain (qui, lui, ne partage pas ses sentiments), elle est la cause d'une malédiction qui transforme le prince en singe. Condamné à rester à ses côtés jusqu'à la levée du sort, il l'accompagne dans une fuite poursuivie par deux membres du petit peuple qui veulent ramener la princesse à son père. Leur périple les mène à croiser pirates, amazones et autres dangers. Cette série d'aventure fantasy mise avant tout sur l'érotisme. Dans le premier tome, presque toutes les femmes sont nues ou à moitié dévêtues, comme si cette nudité permanente était une norme de l'univers, alors que les hommes restent bien habillés. Le scénario de ce premier volume, bien que vaguement fantasy, est centré sur l'érotisme, orbitant autour de la virginité de Giunchiglia tandis que tous les autres personnages au contraire s'en donnent à corps joie. Le second tome se tourne un peu plus vers l'aventure et atténue légèrement cette omniprésence du sexe, mais le sexe demeure au cœur du récit. Il faut reconnaître à Giuseppe Manunta un vrai talent de dessinateur : ses personnages, surtout féminins, sont expressifs et séduisants, et la colorisation est soignée. Les décors manquent parfois d'ambition, mais l'ensemble reste plaisant visuellement. Les scènes érotiques, bien que peu excitantes, sont au moins bien dessinées. On reste toutefois dans un registre d'érotisme sage : pas de pénétration visible, les sexes sont majoritairement dissimulés, et tout reste relativement soft. En revanche, le scénario est d'une faiblesse affligeante. Le premier tome se résume à une intrigue creuse et des interactions artificielles, dans un monde fourre-tout et sans le moindre enjeu crédible. Giunchiglia, héroïne éponyme, est une vraie cruche et paraît secondaire face à d'autres personnages plus marqués. Le second tome, qui semble improvisé, aligne incohérences et ruptures de ton : on ne sait plus si des jours ou des années se sont écoulés, les dialogues se contredisent, et certains rebondissements tombent du ciel, notamment un antagoniste introduit sans préparation qui débarque en fin d'album. La fin reste ouverte, sans doute faute de suite prévue. En somme, Giunchiglia est une BD de série B : séduisante au premier regard grâce à son dessin soigné et sa sensualité affichée, mais creuse, incohérente et dénuée d'émotion. Un divertissement érotico-fantasy sans grand intérêt, qui promet beaucoup et ne tient presque rien.

07/10/2025 (modifier)
Par Cleck
Note: 3/5
Couverture de la série Rouge signal
Rouge signal

Le projet de cette BD est inattaquable : évoquer le danger du contre-mouvement "masculiniste" se développant en réaction au légitime féminisme. L'histoire déroule deux syntagmes en parallèle, d'un côté le quotidien des employées d'un salon de manucure, de l'autre la vie d'un célibataire trentenaire aigri par sa vie sentimentale et professionnelle. Des tranches de vie saisies à partir d'anecdotes, de simples conversations, faisant surgir l'incongru, l'incompris, mais aussi l'horreur du banal. La dramaturgie ainsi déstructurée évite de créer du sens, efface la causalité, dilue les motivations, pour demeurer dans le constat en se limitant à une simple juxtaposition d'événements, significative... ou pas ! La discussion sur le graffiti explicite métaphoriquement les intentions de l'autrice. Le procédé ainsi développé n'a certes pas l'élégance du film de Van Sant "Elephant", mais l'on ne peut reprocher à l'autrice de manquer de nuance, le sens n'étant créé que par les lecteurs le souhaitant ardemment. Visuellement, c'est assez particulier, audacieux mais déroutant : autour d'un trait fin, rare et épuré, se limitant aux contours des corps et décors, s'organisent des aplats de couleurs souvent pâles ou ternes au sein de cases tantôt amples, tantôt multipliées jusqu'à la répétition industrielle warholienne sinon l'abstraction. Cela dit, la BD déçoit un peu. Le refus de plaquer du sens n'implique pas nécessairement un manque de structure, de liant, de vie. Manque par ailleurs accentué par le style visuel. BD intéressante mais pas totalement réussie, pouvant sérieusement déplaire, notamment pour son apparent militantisme, dans les faits absent.

07/10/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Green Witch Village
Green Witch Village

Tout m'attirait dans cette BD, et je n’ai pas su y résister. Le décor fascinant du New York des années 50, dessiné avec élégance et minutie, ce cadre historique évoquant l'apogée des États-Unis en pleine Guerre froide, une trame de départ mêlant voyage temporel, possible histoire de fantômes et quelques références à la culture pop, comme cette Tabatha au minois d'Audrey Hepburn qui joue le rôle d'une jolie sorcière qu'on imagine facilement bien aimée… Tout semblait réuni pour me plaire. Sans oublier Trondheim au scénario, gage d’une intrigue dense, intelligente et souvent drôle. Même si je suis d'ordinaire peu friand des récits d’espionnage, tout le reste m'a conquis. Graphiquement, j'ai été séduit dès les premières pages, puis franchement impressionné en découvrant le dossier graphique en fin d'album. J'aimais déjà la finesse du trait, le sens du détail, la mise en scène claire et soignée. Les couleurs, sobres et volontairement classiques, jouent sur des aplats sans dégradés, avec parfois des teintes inattendues (notamment ces violets qui rappellent par instants l'ambiance d'un Watchmen). Mais apprendre que chaque planche avait été pensée pour pouvoir être découpée en strips indépendants, avec une grande vignette d'ouverture et une chute à la fin, m'a encore plus bluffé : cette contrainte, pourtant lourde, ne se ressent jamais à la lecture puisque je ne m'en étais même pas rendu compte. La fluidité narrative reste totale. L'album se révèle en fait un hommage aux comics hebdomadaires américains des années 50. Ce format feuilletonesque donne à l'ensemble un charme rétro et une énergie singulière. L'histoire, à la fois légère et mystérieuse, combine des thématiques très diverses, enquête, fantastique et espionnage dans une harmonie étonnante. Entre le secret du voyage temporel, la présence du fantôme et la menace d'un possible attentat nucléaire, les fils narratifs s'entrecroisent habilement sans jamais se perdre. Le tout est porté par une héroïne vive et moderne, dont le féminisme avant l'heure vient heurter une Amérique encore très patriarcale. Son esprit, son humour et son aplomb en font un personnage immédiatement attachant. J'ai passé un excellent moment avec cet album dense, intelligent et visuellement superbe. À la fois hommage et réinvention, il réussit le rare équilibre entre divertissement et profondeur. C'est une œuvre complète, maîtrisée dans ses moindres détails, et dont la lecture laisse un vrai sentiment de satisfaction, comme si l'on avait retrouvé un classique oublié.

07/10/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série Arcana
Arcana

Le monde d'Arcana est un univers de Fantasy régi par la magie du Tarot. Les 4 îles principales qui le composent, Bâtons, Coupes, Epées et Deniers, sont protégées par 22 Arcanes Majeures, humains dotés de pouvoirs magiques très puissants relatifs aux symboles de leur arcane, et par 56 Arcanes mineures, 14 par île, qui sont autant de dignitaires là encore destinés à un rôle bien particulier. Tous les ans, une sélection magique est réalisée parmi les adolescents de quinze ans de chaque île pour déterminer qui seront appelés à devenir apprentis de l'une des brigades de chaque Arcane Majeure et iront étudier sur l'île centrale d'Arcana. Fauna et Flora font toutes deux parties des élus de cette année là et ce n'est qu'en arrivant sur l'île qu'elles vont se rencontrer pour la première fois et découvrir qu'elles sont soeurs jumelles. Une prophétie se fait alors entendre, liée à de fameuses soeurs de sang qui apporteront mort et destruction. S'agit-il de Flora et Fauna ? Est-ce une véritable prophétie ? Et qui rôde dans l'ombre et semble vouloir s'en prendre à elles ? Arcana était initialement prévue en 4 tomes mais finalement achevée avec un très gros 3e tome. Et je suis tombé sous le charme de son premier. Pour commencer, ces albums sont physiquement beaux. Au format moyen, épais à très épais, ils sont recouverts d'une belle couverture en surbrillance aux allures de carte de Tarot. L'intérieur est de la même qualité matérielle, avec un papier lisse et solide. Le graphisme est plein de personnalité. Le trait lui-même est relativement simple dans la forme, mais soigné dans les détails, décors et costumes. Il empreinte régulièrement à l'atmosphère visuelle du tarot et de l'ésotérisme pour sa mise en page et ses symboles. Il n'est pas parfait techniquement, notamment le dessin des yeux qui est parfois étrange et peu symétrique. Mais il se démarque surtout par ses couleurs intenses. Je ne saurais dire quelle technique est employée ici, informatique ou autre, mais le résultat rappelle certains dessins au feutre par la force et le contraste de ses couleurs. Le résultat est plein de charme et objectivement joli. L'histoire, pour sa part, ne marque pas tellement pour la complexité ou l'originalité de son intrigue de base, mais davantage par celle de son univers très inspiré d'ésotérisme et de pratiques divinatoires. Le Tarot est au cœur du sujet évidemment, mais aussi l'astrologie, les runes, les objets chamaniques et autres cristaux de lithothérapie. On se croirait parfois dans le guide d'achat d'une boutique ésotérique, même si heureusement le tout est ici adapté à l'univers de fantasy de cette histoire et les pages explicatives sur le sujet s'intègrent bien à la narration. Je ne suis absolument pas versé dans ce type d'ésotérisme superstitieux mais j'aime bien l'atmosphère visuelle et évocatrice de ces sujets, de même que toute la symbolique derrière le Tarot et ses Arcanes. L'autrice appuie assez fortement sur ce qu'on pourrait appeler la dimension woke de son univers. Langage inclusif, diversité des orientations sexuelles, présence de personnages non genrés : tout cela traduit une volonté affirmée d'assumer un monde plus ouvert, quitte à froisser les lecteurs les plus conservateurs. Pour ma part, cela ne me gêne pas vraiment, car cet aspect s'intègre plutôt bien à l'ambiance singulière de cette fantasy. En revanche, la façon dont c'est amené manque parfois de naturel, sans doute parce que j'avoue avoir du mal avec l'écriture inclusive. Au-delà de cela, les personnages sont plutôt bons et attachants, avec quelques personnalités intéressantes et crédibles. On a envie de les suivre et de voir où l'histoire va nous mener et ce qu'elle va révéler. J'ai pris plaisir à lire cette série, doté d'un beau visuel et portée par une intrigue bien construite, suffisamment mystérieuse pour maintenir l'intérêt du lecteur tout en offrant un univers coloré aux influences ésotériques multiples. Le récit global tient la route et se distingue par une réelle originalité. La conclusion, un peu moralisatrice, reste cohérente et satisfaisante.

02/10/2021 (MAJ le 07/10/2025) (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
Couverture de la série Ulysse (Graph Zeppelin)
Ulysse (Graph Zeppelin)

Curieux de découvrir ces adaptations de l'Odyssée, j'ai lu et comparé les deux versions proposées par Tabou et Graph Zeppelin. Le concept est original : un même récit décliné en deux approches, l'une comportant des scènes explicitement pornographiques, l'autre les remplaçant par des ellipses pour se concentrer sur la dimension mythologique. Et entre les deux, je n'arrive pas à trancher laquelle m'a le plus convaincu. Le graphisme est identique dans les deux éditions. Le style me paraît un peu désuet, presque kitsch : des peintures grandiloquentes, des décors soignés, des hommes au corps d'éphèbes et des femmes sculpturales, toutes très sexy. Ce sont exactement les mêmes planches, à l'exception des scènes de sexe absentes de la version Graph Zeppelin. Les textes ont été parfois légèrement adaptés pour tenir compte de ces coupes, et une seule différence de dessin existe réellement : la représentation des sirènes dans le troisième tome, modernes à queue de poisson chez Tabou, antiques et ailées (et plus élégantes à mon goût) chez Graph Zeppelin. Sur le plan technique, le dessin des corps humains et des décors est irréprochable. Pourtant, il manque de naturel : les personnages semblent figés, comme s'ils posaient pour une fresque. En outre certains éléments paraissent plaqués sur le dessin comme par des masques Photoshop, notamment les onomatopées et le lettrage, affreusement numériques, qui jurent avec la texture picturale. Ces incrustations sont franchement disgracieuses. Le principal mérite du récit est de suivre fidèlement le texte d'Homère et la chronologie de ses chants. Tous les épisodes majeurs de l'Odyssée sont présents et traités avec respect. Quand on compare les deux versions éditées, on se rend compte toutefois que les ellipses crées par l'absence des scènes sexuelles sont parfois abruptes, donnant à plusieurs occasions l'impression d'avoir raté quelque chose pour comprendre l'enchainement direct entre la fin d'une planche et la suivante. Derrière cela, le récit a beau suivre scrupuleusement le déroulement du mythe original, il est assez plat, avec un Ulysse auquel on s'attache peu et des mises en scène souvent trop superficielles et sans impact. En définitive, c'est une adaptation soignée mais un peu figée, respectueuse d'Homère sur le fond mais sans jamais retrouver la vitalité ni la magie du mythe original.

07/10/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
Couverture de la série Ulysse (Tabou)
Ulysse (Tabou)

Curieux de découvrir ces adaptations de l'Odyssée, j'ai lu et comparé les deux versions proposées par Tabou et Graph Zeppelin. Le concept est original : un même récit décliné en deux approches, l'une comportant des scènes explicitement pornographiques, l'autre les remplaçant par des ellipses pour se concentrer sur la dimension mythologique. Et entre les deux, je n'arrive pas à trancher laquelle m'a le plus convaincu. Le graphisme est identique dans les deux éditions. Le style me paraît un peu désuet, presque kitsch : des peintures grandiloquentes, des décors soignés, des hommes au corps d'éphèbes et des femmes sculpturales, toutes très sexy. Ce sont exactement les mêmes planches, à l'exception des scènes de sexe absentes de la version Graph Zeppelin. Les textes ont été parfois légèrement adaptés pour tenir compte de ces coupes, et une seule différence de dessin existe réellement : la représentation des sirènes dans le troisième tome, modernes à queue de poisson chez Tabou, antiques et ailées (et plus élégantes à mon goût) chez Graph Zeppelin. Sur le plan technique, le dessin des corps humains est irréprochable et fonctionne aussi bien pour les scènes classiques que pour les passages érotiques. Pourtant, il manque de naturel : les personnages semblent figés, comme s'ils posaient pour une fresque. En outre certains éléments paraissent plaqués sur le dessin comme par des masques Photoshop, notamment les onomatopées et le lettrage, affreusement numériques, qui jurent avec la texture picturale. Ces incrustations sont franchement disgracieuses. Le principal mérite du récit est de suivre fidèlement le texte d'Homère et la chronologie de ses chants. Tous les épisodes majeurs de l'Odyssée sont présents et traités avec respect. Même les scènes sexuelles, dans la version Tabou, s'inscrivent dans l'esprit de la Grèce antique. Mais elles s'intègrent mal au rythme de la narration : trop rapides pour être émoustillantes, trop artificielles pour servir le mythe. Derrière cela, le récit a beau suivre scrupuleusement le déroulement du mythe original, il est assez plat, avec un Ulysse auquel on s'attache peu et des mises en scène souvent trop superficielles et sans impact. En définitive, c'est une adaptation soignée mais un peu figée, respectueuse d'Homère sur le fond mais sans jamais retrouver la vitalité ni la magie du mythe original et en étant parasitée par ces scènes de cul qui s'intègrent souvent mal.

07/10/2025 (modifier)