Texas Jack

Le Marshal Sykes est de retour. A voir aussi : Sykes
1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Ecole Pivaut, Nantes Signé
Texas Jack est un as du revolver. Mais contrairement à sa légende, il n'a jamais exercé ses talents ailleurs que dans un cirque Il reçoit un jour un défi : partir à l'Ouest, affronter le sanguinaire Gunsmoke et sa horde de tueurs. La mission est suicidaire, mais impossible de refuser sans perdre sa réputation.
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Date de parution | 02 Novembre 2018 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis


Ces grands horizons font perdre le sens des distances. - Ce tome contient une histoire complète, qui peut se lire comme indépendante de toute autre. Sa première édition date de 2018. Il a été réalisé par Pierre Dubois pour le scénario, et par Dimitri Armand pour les dessins et les couleurs. Il comprend cent-vingt pages de bande dessinée. Il fait suite à un premier album dont les événements se déroulent chronologiquement après : Sykes (2015) réalisé par les mêmes auteurs. Dans une grande plaine du Wyoming, qui longe un cours d’eau, un groupe de bandits chevauche, avec à sa tête Gunsmoke. Il leur annonce qu’il est temps d’y aller. Dans le village à quelques centaines de mètres, devant l’église en bois, un groupe d’une vingtaine de colons s’est réuni pour fêter un baptême. À l’issue de la cérémonie, ils s’apprêtent à s’installer à la longue table qui a été dressée en plein air. Dans une grande salle à manger, le riche propriétaire terrien et homme politique Roy Passendale a pris la parole devant un groupe de ses pairs. Il utilise un ton ferme et péremptoire. Il déclare : Il faut frapper fort, frapper partout en même temps, semer la terreur. Chasser une fois pour toutes ces misérables colons de leurs terres ! Détruire les petites parcelles pour étendre des exploitations à grande échelle, et… Un des convives l’interrompt et demande : Mais… La loi ? Passendale reprend : La loi ?! Il est la loi ! On les couvre en haut lieu. Eux les barons ont la charge d’une mission : celle de valoriser au mieux les ressources de ce pays, pour l’enrichir, le moderniser… D’y amener le chemin de fer, la civilisation, d’y créer des villes… De faire prospérer une terre hier encore sauvage ! De bâtir un état ! Un autre homme l’interrompt : il suppose que leur hôte sera le gouverneur dudit état. Ce dernier le confirme : il y compte bien, et il compte aussi les enrichir tous. Y a-t-il une objection ? Un troisième prend la parole : Bien au contraire, ils sont tous avec Passendale, ils le suivront, ce qu’ils ont déjà prouvé en lui versant chacun leur fonds. Le riche propriétaire attire leur attention sur le fait qu’ils doivent considérer leurs fonds comme d’excellents placements. Il continue : on ne peut pas faire d’omelette sans casser des œufs. Il y a des frais, des gros frais, des pattes à graisser, des investissements, et pas des moins moindres, une milice de professionnels à gérer, à payer… Un autre prend la parole, estimant qu’il s’agit de tueurs qui se font payer très cher ! Passendale lui répond avec emportement : Qui d’autre son interlocuteur propose-t-il pour se taper le sale travail ? Pour chasser les fermiers, détruire leur bétail, incendier, ravager les cultures, tuer quand il le faut ? On ne sème pas la terreur rien qu’avec des grimaces… Mais si son interlocuteur les trouve trop chers, qu’il y aille lui-même. Le groupe le payera en conséquence, s’il ne craint pas la poudre et le sang, ni de s’enfoncer dans la boue jusqu’au cou ! Devant le recul de l’autre, il poursuit : Ils ont besoin de cette main d’œuvre, une armée efficace qu’ils peuvent diriger dans l’ombre pour parvenir à leurs fins. D’ailleurs leur chef viendra bientôt les rejoindre. S’il a lu Sykes des mêmes auteurs, le lecteur découvre donc un personnage auquel il y est fait allusion, et il en retrouve les principaux personnages, jouant ici les seconds rôles. Ce tome peut également se lire sans avoir lu Sykes, et même en faisant comme si on ne l’a jamais lu. Le récit forme une histoire d’un seul tenant avec une fin propre, sans sensation de devoir lire une suite. Le lecteur se plonge dans un récit de genre, un western en bonne et due forme, avec les conventions de genre qui y sont associées. Il commence par être le témoin involontaire d’un massacre d’une poignée de colons, tués par des professionnels à la solde de riches propriétaires terriens. Il assiste ensuite à un spectacle de haute voltige dans un cirque, mettant en scène une attaque de diligence. Par la suite, il chevauche avec les personnages sur de longues distances à travers des plaines, en passant un défilé rocheux, en subissant même le passage d’une tornade, en s’arrêtant dans des saloons et auberges… jusqu’à même ce cliché éculé, ce deux ex machina éhonté qu’est la cavalerie qui arrive toujours à l’heure pour sauver tout le monde. L’artiste aime tout autant cette région du monde à cette époque. Son plaisir à représenter l’Ouest sauvage et les cowboys s’avère communicatif : les grandes étendues à perte de vue, les étroits chemins de montagne en surplomb, les modestes saloons comme les hôtels de plus grande ampleur, tout en bois, les tenues vestimentaires d’époque, et les armes à feu. L’illustration de couverture fait dans le classique : un héros pistolets au poing, prêt à en découdre, et un grand méchant dans l’ombre, sans aucun décor. Il y a un peu de ça dans l’intrigue entre le héros au cœur vaillant, et le tueur assumant sa nature et ses actes, sans regrets ni état d’âme. De temps à autre, le lecteur se dit que l’artiste aime se reposer sur des constructions simples et des cases évidentes : succession de gros plans sur la tête de personnages en train de parler, illustration en pleine page ou en double page pour rendre un moment plus spectaculaire ou plus tragique, usage de très gros plans permettant de s’affranchir de dessiner un décor derrière, larges panoramiques avec les personnages de profil donnant l’impression de parcourir la case de gauche à droite, dans le sens de la lecture, pour accentuer le mouvement et la majesté du paysage naturel, etc. Le lecteur s’adapte à ces prises de vue attendues. Il se fait également la remarque que pour les discussions, les personnages sont assez bavards, le scénariste mettant ainsi le dessinateur dans l’obligation de recourir à de petites cases focalisées sur celui qui a la parole. Quant aux paysages en plan large : c’est ce que le lecteur attend et l’artiste les dose parfaitement, entre des petits personnages, le rapport en contours encrés et nature en couleur directe. Comme le fait observer un personnage : Ces grands horizons font perdre le sens des distances. En outre, il s’avère que le dosage de ces ingrédients fait ressortir la personnalité des auteurs, dans le choix de ce que représente l’artiste, dans la durée des séquences. Par exemple, la pluie diluvienne ne dure que le temps d’une page, les auteurs privilégiant le récit à la contemplation de ce qu’ils auraient pu faire durer sur plusieurs pages. Rapidement, le lecteur apprécie à sa juste valeur la qualité narrative des planches. La quinzaine de colons réunit autour d’une grande table à l’extérieur devant l’église : une construction toute simple rappelant le peu de moyens de personnes qui viennent de s’installer, le naturel de cette occasion de fête, l’organisation concrète et pragmatique, tout ça en une page de sept cases. Il suffit d’une case dans la suivante pour constater le formalisme de cette dizaine d’hommes autour d’une table richement dressée dans une grande demeure. Cela dépasse l’effet de contraste : ça en dit beaucoup sur les individus, leur statut social, leurs motivations. Le lecteur se voit conforté dans son ressenti quand il se rend compte que la case avec les verres qui s’entrechoquent en page treize répond à celle en page six où deux colons font tinter leurs verres. Puis vient le massacre : une mise en scène factuelle et méthodique, pour montrer l’efficacité de ces meurtriers dont les actions dépourvues d’émotion finissent par soulever le cœur du lecteur. Vient alors le numéro de cirque sous un immense chapiteau : une leçon de narration visuelle, avec des découpages conçus spécifiquement pour chaque moment, jusqu’au numéro final dans une page muette, et deux cases en biseaux pour mieux mettre en relation la cause et la conséquence. La forte pagination fournit la place nécessaire pour raconter une histoire qui s’avère dense. Les nombreux visuels produisent également un effet cumulatif : le dessinateur approche chaque moment de manière prosaïque, ce qui apparaît au lecteur comme des descriptions factuelles, presque un reportage de faits et de comportements plausibles, un réalisme qui s’impose comme une évidence, qui nourrit chaque personnage au-delà de leurs simples faits et gestes. La narration assez dense du scénariste génère le même effet. Il peut ainsi se permettre d’utiliser des clichés éculés, car l’épaisseur des personnages et le détail des circonstances leur rendent de la plausibilité, et ils font sens. Même ce dispositif de la cavalerie qui arrive au dernier moment, juste à temps pour sauver les uns et les autres fonctionne : avec deux phrases, l’auteur rétablit la concordance des fils temporels, et toutes les circonstances banales et normales vues précédemment concourent à montrer que cette arrivée providentielle découle logiquement de ce qui a précédé, plutôt que de sortir d’un chapeau et de survenir comme un cheveu dans la soupe. Il en va de même pour cet acte de vengeance survenant des dizaines de pages plus tard car c’est un plat qui se mange froid (un autre cliché). Le lecteur suit avec grand plaisir cette mission improbable pour Texas Jack : faire fructifier sa notoriété pour galvaniser la populace et lui insuffler le courage de se rebeller contre les pillards qui terrorisent la région. De temps à autre, le lecteur se surprend à s’interroger sur un rapport entre deux éléments, ou sur une situation à la portée symbolique. À l’évidence, l’expérience de la réalité concrète des territoires sauvages du Wyoming s’oppose à la pratique de spectacle artificiel sous le chapiteau d’un cirque, entre le vécu des colons, et la mise en scène des artistes. Le lecteur peut voir un écho de ce contraste également lorsque la petite équipe de Texas Jack (Amy O’Hara, Ryan Greed, Kwakengoo et lui-même) se retrouve sous une pluie battante, par comparaison à la protection de la toile du chapiteau. Le scénariste développe ce thème de manière plus subtile et plus iconoclaste quand l’Amérindien Renard Gris et l’Afro-américain Kwakengoo constatent qu’ils accordent des valeurs très différentes aux pratiques de leurs ancêtres. Ces moments fugaces font également réfléchir le lecteur à la valeur à accorder, ou l’interprétation à donner à la présence du Marshal Sykes (homme mû par un profond besoin de justice véritable, ou héros trop beau arrivant au bon moment), Saül Gunsmoke en méchant d’opérette ou en individu animé par un mélange de besoin de revanche et de désir de réussite à faire légitimer par la société ? Le lecteur voit également comment la réalité se nourrit de la fiction (la légende de Texas Jack pour galvaniser les colons), et la fiction se nourrit de la réalité (le spectacle racontant de manière édulcorée et flatteuse sa mission contre Gunsmoke). Il se dit qu’il peut aussi y voir un récit aux accents psychologiques, avec le réflexe conditionné de Texas Jack de tirer sur des cibles mouvantes, mais aussi son blocage face à des cibles humaines. Ainsi de réflexions en idées, il prend conscience de la nature polymorphe des interprétations de ce récit. Fallait-il vraiment une extension au récit ayant constitué la première collaboration de ces auteurs, avec de personnages récurrents ? Cette question quitte bien vite l’esprit du lecteur qui profite des paysages naturels, du grand Ouest, des codes Western bien mis en scène et retrouvant du sens, de la narration visuelle à la fois iconique, à la fois personnelle. Il se laisse donc troubler par ces grands horizons, ressentant peu à peu que les événements se prêtent bien à une comparaison entre réalité de la vie des colons et artifice des spectacles de Texas Jack, puis à d’autres réflexions plus élaborées sur l’ambition, les valeurs, le code moral, le sens. Épique et intime.


A la tête d’un cirque qui fait revivre chaque soir à ses spectateurs les heures de gloire des justiciers de l'Ouest sauvage, Texas Jack est brusquement plongé dans la réalité. Chargé par le gouvernement américain d’une mission de tous les dangers, il va devoir débarrasser le pays d’un bandit sanguinaire : le tristement célèbre Gunsmore. Sauf qu’être le personnage principal d’un spectacle de cirque et affronter des outlaws sans foi ni loi n’a rien à voir. Et Texas Jack ne va pas tarder à s’en apercevoir… Le scénario est original, les acteurs crédibles et intéressants. Le célèbre Marshall Sykes n’est jamais très loin mais laisse la vedette à Texas. C’est bien écrit, bien monté, et on pourrait dire « bien filmé » tant les cadrages rappellent le cinéma. Le dessin est très beau, les couleurs créent une belle ambiance mais… il y a quelques longueurs en milieu de récit, les histoires de jalousie durent un peu trop et la fin est plus amusante que crédible. Mis à part ces quelques petits défauts, l’album est très agréable à lire, on passe un bon moment. C’est juste un peu en-dessous de Sykes.


Pour cette préquelle ou spin-off de Sykes ma note est en baisse par rapport à ce dernier. Est-ce dû au fait qu'il n'y avait plus l'attrait de la découverte ? Je ne sais pas trop mais quelques petits trucs m'ont empêché d'apprécier autant cet opus et pourtant j'ai essayé de me mettre en condition pour ne pas faire de comparaison. En ce qui concerne le scénario pas grand-chose à dire. Une très bonne idée que ce cow-boy d'opérette qui est censé aller faire la loi dans le far-west. Une restriction pour moi peut être en ce qui concerne le final avec ce grand méchant qui décide de faire un spectacle de la mise à mort de ses adversaires, pas franchement crédible à mon sens. Et puis un mot du dessin qui m'a semblé un cran en dessous de ce que j'avais pu apprécier sur Sykes. Comme Gaston j'ai eu un peu de mal en début d'album à différencier les différents protagonistes, entre ceux de la bande de Sykes et ceux de Texas Jack. Pour autant voilà un bon western qui ne déparera pas dans mes rayonnages, à acheter.


Tombé sous le charme de Sykes, je ne pouvais pas passer à côté de cet album à mi-chemin entre le spin off et le préquel. Fait amusant : dans la série mère, O’Malley est un amateur des aventures de Texas Jack et en offre quelques unes au Marshall Sykes, pourtant friand de lecture plus exigeantes intellectuellement... Joli clin d’œil et bonne idée de départ pour un spin off ! Graphiquement, c’est toujours aussi beau. Dimitri Armand est véritablement un dessinateur qui mérite d’être surveillé. Le découpage cinématographique est dynamique et favorise le grand spectacle. Le trait sait se montrer nerveux lorsque le scénario l’exige et la mise en couleur est très bien réalisée. Texas Jack est un tireur hors pair et un héros populaire… sauf qu’il n’a jamais fait preuve de ses talents ailleurs que dans un cirque ou dans les récits héroïques inventés par son biographe pour les classes populaires. Mais être un héros sur le papier ne signifie pas pour autant l'être dans la vie. Alors quand l’occasion de se frotter à Gunsmoke, ignoble et cruel salopard qui terrorise toute une région, se présente, Texas Jack décide, tant par courage que besoin de reconnaissance, de partir l’affronter, accompagné des acolytes de son spectacle. Contrairement à Sykes ou d’autres séries western classiques, cet album joue une carte scénaristique plus originale, ce qui convient d’être salué. Premièrement, le fait que le personnage principal soit un artiste de cirque démontre déjà la particularité de ce one shot. Quant au Marshall Sykes, s’il joue un rôle essentiel, il reste en second plan pour laisser le rôle principal à notre cowboy d’opérette et sa clique de saltimbanques. Gunsmoke est un vilain au charisme repoussant. Quelle gueule ! Cela dit, le scénario tire un peu en longueur vers le milieu de l’album, avec une baisse de rythme évidente et une fin surprenante. En effet, la mise en scène orchestrée par Gunsmoke pour piéger Texas Jack ne m’a pas convaincue. Même si l’intelligence de Gunsmoke est évidente, cette finesse stratégique, pour autant qu’on la considère comme pertinente, me semble contradictoire avec son côté impulsif et sanguinaire. Je n'en dirais pas plus, sous peine de divulgâcher. Au final « Texas Jack » rejoint la liste récente des bons westerns. Quelques longueurs et incohérences l’empêchent toutefois de s’imposer à la hauteur de Sykes.


J'avoue ne pas me souvenir assez de Sykes pour savoir lequel des deux albums j'aime le plus, mais en tout cas j'ai trouvé que cet album était un western sympathique. Il y a tout de même quelques défauts : le milieu est un peu mou et parfois ça tourne un peu dans le grand-guignolesque. À part ça, j'ai trouvé que ce scénario était pas mal. Les personnages sont attachants et intéressants, leur psychologie est bien maîtrisée et exploitée. Il y a aussi quelques surprises dans le scénario, ce que j'ai bien aimé parce que le scénario est un peu classique la plupart du temps (il y a des lecteurs qui vont être surpris par l'évolution de Texas Jack ?) quoique le récit est tellement bien fait que ça ne m'a pas trop dérangé. Le dessin est plutôt bon quoique j'ai eu de la difficulté à différencier deux personnages et que ça m'a un peu perturbé. Un one-shot à lire pour les amateurs de western.


Que je suis content de retrouver le personnage du marshall Sykes dans ce nouvel épisode des mêmes auteurs, même si celui-ci est en fait un prequel à Sykes. J'avais été tellement enthousiasmé, pour moi, il n'était pas possible d'en rester là, Armand et Dubois devaient remettre le couvert. Le principe du personnage d'attraction de cirque m'a fait penser à celui incarné par Tom Cruise dans le film le Dernier samouraï, où ce dernier quittait son emploi de tireur d'élite de cirque pour remplir une mission au Japon. Mais ça s'arrête là, ici on reste dans le Far West sauvage pour ce que l'on croit être une mission suicidaire. Le scénario est peut-être moins abouti que dans Sykes, et utilise une trame relativement classique vue dans quantité de westerns. Si Sykes rendait hommage aux westerns récents du genre Impitoyable, Tombstone ou Appaloosa, ici c'est clairement inspiré des westerns à l'ancienne, mais avec un traitement un peu plus moderne (dans le langage notamment) et une dose massive de violence sanglante, avec de nombreux gunfights. Ce sentiment est aussi perceptible dans le personnage de Gunsmoke, le méchant absolu, le salopard ultime dont on voit les atrocités en début d'album, parce des méchants aussi noirs, il n'y en avait guère dans le western à l'ancienne, il faudra attendre le western crépusculaire des années 70 pour en voir d'aussi ressemblants. Ceci m'amène à un constat curieux : le type de mise en scène fomenté par Gunsmoke (suite à un retournement de situation vers la fin) m'étonne un peu parce que ce genre d'outlaw ignoble et cruel semble mener un jeu pour en faire un spectacle, or ce genre de mec ne se souciait pas trop de tant d'égards, il tuait pour tuer et ne se posait pas de questions. Et là, on apprend qu'il a tout manigancé en réalité pour attirer Texas Jack et ses partenaires dans un piège ; je n'en dis pas plus pour laisser la surprise, mais moi ça m'a un peu surpris. Le marshall Sykes est ici en guest star de luxe, bien qu'il ait un rôle très important, pour permettre de laisser la place au héros Texas Jack. Je trouve que ce dernier semble léger au niveau du profil face à Sykes ou même Gunsmoke, de plus j'aime beaucoup le personnage de Greed, le genre de mec qui a un passé chargé semble-t-il et qui sait tirer, il m'a beaucoup rappelé le calme olympien de Red Dust dans Comanche. Mais dans l'ensemble, on peut dire que tous les personnages principaux sont bien campés, pas un n'est sacrifié au profit d'un autre. Après, le final, je l'aurais aimé autrement, mais bon, c'est ainsi. Au niveau graphique, c'est du lourd, je retrouve avec joie le dessin de Dimitri Armand qui m'avait enchanté dans l'album précédent, un trait épais et appliqué, qui soigne certains détails et accessoires, propose de belles images, des cadrages cinématographiques et des pleines pages de qualité qui débouchent sur une double page grandiose de massacre collectif ; il y a beaucoup de personnages et c'est un plaisir de la scruter en détail, une page de cette nature a dû prendre du temps à dessiner, c'est du good job ! Au final, on est encore devant un grand western en BD, un peu trop bavard peut-être pour un western, quoique dans Comanche et Blueberry déjà, Greg et Charlier faisaient beaucoup parler leurs personnages, donc moi ça me convient et j'en redemande.


C'est un western tout à fait grandiose et certainement la meilleure oeuvre de Pierre Dubois depuis Les Lutins à mon sens. Je suis scotché par autant de maturité et de virtuosité dans la mise en scène. L'introduction est grandiose tout comme le final. Il est vrai que c'est une bd qui va prendre son temps pour mener les hommes dans la bataille non sans mal. Cependant, ce cheminement est très intéressant pour faire monter la pression. J'ai adoré le fait que tout les protagonistes sont véritablement creusés et qu'il y a une psychologie qui n'est pas de facade. C'est vraiment bien réalisé avec une prise de risque en mêlant à cette histoire le shérif Sykes. Le méchant Gunsmoke est parfait dans son rôle avec une profonde densité. Quelques maladresses cependant comme tout ces personnages qui commencent leur phrase par "On dirait" ce qui est trop répétitif. L'auteur a sans doute trop entendu la chanson d'Amir sur les ondes. Au final, une oeuvre efficace et brillante. C'est certainement l'une de mes plus belles lectures de western depuis bien longtemps.


Autant j'avais bien aimé Sykes des mêmes auteurs, dans le même univers (et d'ailleurs on retrouve dans Texas Jack le Marshall Sykes comme personnage secondaire), autant j'ai peiné à finir cet opus. Pourtant le début m'a beaucoup plu. Le gouvernement américain doit se débarrasser du méchant Gunsmore qui terrorise et met à sang une région entière. Pour cela ils font appel à un héros de cirque et de romans, un cowboy de foire, dont la légende n'est plus à faire, mais dont les seuls faits d'armes se situent sur une piste de cirque. Vraiment pas mal comme idée et comme introduction. Mais ça s'arrête là pour moi. Il s'en suit une centaine de pages où notre héros et ses acolytes parcourent les plaines du far west, les forêts effrayantes et les villages abandonnés à la recherche dudit ennemi. J'ai trouvé ça absolument pas palpitant. Une baston par ci, une crise de jalousie avec sa copine par là pour occuper cette traque qui traîne en longueur. Trop long et trop ennuyeux, du coup l'affrontement final tant attendu n'avait plus d'intérêt à mes yeux lorsque je suis enfin arrivé au bout de l'album. Un tout petit 2/5...


J’ai lu il n’y a pas si longtemps la précédente collaboration des deux auteurs, avec ce même marshal Sykes. J’avais trouvé ce western ultra classique, mais bien fichu. Je l’avais aussi trouvé meilleur que celui-ci. Sur le fond c’est dans la lignée du précédent opus, avec du classique pour les personnages (nous retrouvons Sykes et ses deux side-men), avec comme originalité cette troupe (genre wild west show, avec un Texas Jack parfois proche de l’image de Buffalo Bill) qui se retrouve embarquée dans cet ouest encore sauvage et sans morale. Au canevas développé dans Sykes, Dubois a ajouté ici un grand classique, à savoir des grands propriétaires de l’Est cherchant les gros profits, et utilisant des tueurs brutaux pour s’emparer des terres des pauvres paysans arrivés avant eux dans les plaines. C’est du déjà vu et c’est ici un peu trop caricatural. Le début m’a fait penser au superbe film de Michael Cimino (sans doute son meilleur) : « La porte du paradis », mais en fait la suite s’en écarte et se révèle décevante. Et cela tourne aussi trop au grand guignolesque sur la fin, avec le délire mégalomane et improbable du chef des tueurs, Gunsmoke, qui se voit star au milieu d’un bain de sang. Ce dernier tiers est la partie la plus décevante de cet album. Quant au dessin de Dimitri Armand, je l’ai trouvé moins léché, moins bon que pour Sykes, avec une colorisation parfois plus approximative. A emprunter éventuellement, mais je reste clairement sur ma faim pour cet album (note réelle 2,5/5).


C’est sûr c’est super beau. Déjà à l’époque du premier tome de Sykes, on était aux anges avec ce dessin semi-réaliste de très haute volée et les lumineuses couleurs bien adéquates. Après pour être franc je trouve l’histoire de ce Texas Jack bien moins emballante que Sykes qui racontait des choses plus touchantes et abordait certaines thématiques de manière intéressante. Là j’ai eu davantage l’impression d’être dans un excellent divertissement pop-corn, loin d’être vide cependant, mais dont je ne parviens pas à me rappeler de grand-chose. Le dessin de Dimitri Armand est magnifique, un travail de virtuose, cela ne m’étonne pas qu’il ait demandé 2 années de travail, mais c’est un peu tout ce que j’en retiendrai. Les personnages sont bien campés, Gunsmoke est fantastiquement effrayant et mérite bien son surnom d’Ogre tant il me rappelle le père de Luke le héros du western Green Blood. Sykes lui est légèrement en retrait, juste ce qu’il faut pour que Texas Jack prenne le devant de la scène, et le pistolero Ryan Greed lui volerait presque la vedette tellement le voile de mystère qui l’entoure est brumeux. Cependant je trouve que les élans d’héroïsme de Jack sont un peu surfait, et qu’au final les plans machiavéliques de Gunsmoke sont quand même tirés par les cheveux (un début fracassant pour un final bof bof). Bref visuellement c’est du grand spectacle, cela fait plaisir de voir une histoire qui s’écoule à un rythme posé qui permet d’admirer de nombreux jolis dessins, mais c’est un peu la seule chose que personnellement je retiendrai. Cette chasse à l’homme fait très « western » en résumé, on admire les beaux paysages, les grandes étendues sauvages, on philosophe sur la nature humaine, mais cela manque un peu d’entrain et d’un quelque chose d’inédit.
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