Les auteurs ont pris le temps de développer intrigue et personnages – en tout cas notre duo de héros, avec près de cent pages, très rythmées, multipliant les rebondissements.
Regrouper ces deux personnages, la star anglaise des déductions et de l’arrestation des malfrats, et la star française des aigrefins narguant la maréchaussée, est à la fois surprenant et plein de potentiel. De fait, rapidement, Sherlock et Arsène sont tout autant opposés qu’alliés. Et l’essentiel de l’histoire est portée par leur rivalité dans une enquête commune, durant laquelle chacun des deux cherche à surpasser l’autre par ses déductions, ses réflexions, dans un ping-pong verbal incessant.
C’est d’ailleurs un peu lassant et répétitif au bout d’un moment (trop bavard aussi), et l’intrigue elle-même passe au second plan derrière l’affrontement – dans lequel les deux semblent reconnaitre l’intelligence et la valeur de l’autre, leur complicité intellectuelle en fait.
Cette intrigue et ce dessin plutôt dynamiques et agréable font oublier pas mal de facilités (qui culmine dans les dernières pages à Venise), et laissent entrevoir en fin d’album une suite. Je regrette juste que les deux personnages féminins, qui pourtant dament le pion à nos deux cerveaux, n’aient pas été davantage mis en avant et développés – alors que les premières pages semblaient leur promettre des rôles moins effacés.
Un album court, muet, assez joli et poétique mais sur lequel je me retrouve à avoir finalement bien peu à dire.
A vrai dire je n'ai pas vraiment réussi à bien rentrer dedans. Pas que le récit soit mauvais, mais je ne suis pas sûre de l'avoir compris ou d'avoir à minima accroché à ce qu'il proposait. Je me doute qu'il y a là une vision onirique, très probablement à propos de la relation des deux personnages que l'on découvre à la toute fin, sans doute même une histoire d'amour, mais pourtant je n'ai pas réussi à pleinement rentrer dedans.
Pas mauvais mais sans doute pas vraiment pour moi.
(Note réelle 2,5)
Quatre histoires courtes au dessin minimaliste mais jouant très habilement avec les codes de la mise en page pour nous proposer une narration on ne peut plus intéressante.
En effet, ici il est question de verbe, de phrasé, et pourtant tout est muet. Les phylactères sont en réalité des images voire même les cases elles-mêmes. On joue de ce qui compte comme un dialogue ou non pour parler du dialogue lui-même. Et ce dialogue, quel est-il ? Eh bien ici il est question d'un gros lourd cherchant à tout prix à faire savoir à une personne féminine qu'il aimerait bien la voir nue, coucher avec elle, ou plus encore. Bref, que de verbes et de savoir-vivre mes ami-e-s. Chacune des histoires courtes sera donc une joute verbale imagée, représentant le marchandage de notre charrot de protagoniste et la pauvre âme cherchant par tous les moyens à échapper à ce gros lourd.
Qu'il s'agisse de la représentation des insultes imagées influençant sur la réalité (comme pour imager l'impact des discours dégradant et déshumanisant), d'un jeu sur la projection d'un avenir sans le consentement des intéressé-e-s ou bien même sur le poid des paroles elles-mêmes, l'album propose de très bonnes idées pour ce qui est d'illustrer son sujet.
Une lecture courte mais loin d'être oubliable.
Le concept est simple mais l'exécution reste bien menée.
En tout cas, ce contraste entre cet homme riche à qui tout réussit et cet homme pauvre enchaînant les déboires marche. L'aspect drôle (en tout cas en apparence), c'est le fait qu'à chaque double page chacun de ces deux personnages soit dans la même position que l'autre. On rit de leur similarité physique, tant dans l'apparence que dans les gestes, mais le sous-texte reste que ces deux hommes n'ont finalement aucune différence si ce n'est le statut social et les emmerdes qui y sont liées (ou pas, justement).
La fin, suggérant un moment tragique, parvient à toucher par sa brutalité.
Après, l'album n'est pas parfait non plus (il manque d'un je ne sais quoi à mes yeux), mais bon la lecture est agréable.
Le titre est assez explicite : nous allons suivre Elle, dans toutes ses multitudes. En effet, Elle (c'est son nom sur l'état civil) partage son corps entre plusieurs individus aux personnalités très marquées, prenant chacune le contrôle en fonction des évènements de leur vie de tous les jours. Le stress, la peur, la colère, les regrets, … toutes les émotions fortes peuvent à tout moment changer la personnalité aux commandes. Alors si on couple ça au fait qu'Elle vient tout juste d'arriver dans un nouveau collège, qu'elle espère se faire des ami-e-s et que des découvertes la pousseront bientôt à rechercher les mystères de ses origines, on peut être sûr qu'il va y avoir du conflit dans son esprit.
C'est un récit jeunesse très sympathique sur les tumultes émotionnels de l'adolescence, sur la difficulté de créer et maintenir des liens lorsque l'on souffre de trouble psychiques, sur les multiples facettes qui composent une personnalité aussi. C'est un récit très simple, sans grande prétention mais qui parvient à faire mouche. L'histoire est prenante, les personnages sont intéressants (bon, le cercle d'ami-e-s est peu développé, si ce n'est Maëlys, mais chacun-e de ses membres rempli parfaitement son rôle narratif) et les dialogues entre les différentes Elles sont particulièrement savoureux dans le troisième album, bref j'ai passé une très bonne lecture.
Graphiquement l'album est, là aussi, intéressant. J'ai eu du mal à m'habituer au début, car bien que je trouvais la composition, la colorisation et les expressions travaillées je trouvais tout de même la fluidité des mouvements et de l'action un peu molle. Mais au bout d'un moment je suis passé outre et j'ai tout de même pu apprécier les beaux paysages mentaux des différentes Elles. Encore une fois, le troisième album et leur quête pour réunir chacune des personnalité m'a bien plu. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé le travail des couleurs et des univers respectifs pour chacune des Elles.
Je suis très loin de m'y connaître suffisamment en matière de troubles dissociatifs de l'identité, il m'est donc incapable d'établir si la représentation est ici fidèle au vécu de concerné-e-s ou bien s'il s'en rapproche ne serait-ce qu'un peu. A voir ce que des personnes concerné-e-s en dirait, justement.
Bon, après (attention SPOILER), ici il ne s'agit pas juste d'un trouble de la personnalité mais plutôt d'un cas de chimérisme où différentes consciences seraient nées au sein d'un même corps.
Les super-héros ne m’attirent a priori pas plus que ça (pour leur esthétique, certaines arrière-pensées et d’autres raisons comme des scénarios manichéens qui le plus souvent ne sont pas ma tasse de thé). J’ai à plusieurs reprises fait quelques efforts pour découvrir certains pans de cet univers, à plusieurs reprises avec Batman. Je suis plus attiré par des visions décalées de ces univers – parodiques essentiellement. Ici, c’est le fait que ce soit un mangaka qui s’y colle qui m’a poussé à jeter un œil sur ces deux albums. Pas non plus gros lecteur et fan de mangas, la confrontation entre ces deux styles et/ou univers m’intriguait.
N'étant pas spécialiste, je ne sais pas en quoi Asamiya renouvèle un univers quand même bien cadré. De mon point de vue « extérieur » au personnage et à son univers, je dirais qu’ici on a affaire à un fan qui se fait plaisir, et qui semble vouloir « placer » un maximum de personnages (Joker, Catwoman, Pingouin, etc.), parfois de façon artificielle d’ailleurs, sans vraiment développer quelque chose d'original. Son apport est de faire voyager Bruce Wayne/Batman au Japon (où se déroule l’intrigue dans le second album). D’ailleurs le « méchant », gros industriel mégalomane et pervers, est en partie un avatar de l’auteur, tant il se déclare fan de Batman (il collectionne tout sur lui, et n’a qu’une envie, devenir Batman).
Bon, sinon, l’intrigue n’est pas transcendante en elle-même, et Asamiya use de pas mal de facilités pour les scènes d’action, mais aussi pour les liens entre Wayne/Batman et son adversaire japonais. Le personnage de la journaliste japonaise (et, par pur hasard nièce du méchant magnat japonais...) Yuko, amoureuse de Batman et auquel Wayne n’est pas insensible, est lui aussi artificiel, et ce dès les premières cases, où elle se retrouve de façon improbable au cœur de l’action.
Le dessin n’est pas mon truc. Même si les émotions ne sont pas surjouées comme souvent avec les mangakas. Les scènes d’action sont souvent difficiles à déchiffrer, et je n’aime pas certains visages aux traits effacés.
Bref, ma curiosité relative n’a pas trouvé ici matière à se satisfaire. Et je ne suis toujours pas converti à l’univers de Batman.
En 1908, paraissent pour la première fois dans la revue française l’Épatant les aventures des Pieds nickelés. Croquignol, Ribouldingue et Filochard, les héros de cette bande dessinée créée par Louis Forton, sont trois escrocs insolents, mal rasés, ivrognes, tire-au flanc, toujours à l’affut d’un mauvais coup et qui parlent dans l’argot des « apaches », c’est-à-dire les gangsters parisiens de l’époque. On ne pouvait pas faire plus immoral et moins politiquement correct que cela à l’époque. Succès immédiat et durable auprès des enfants comme auprès des adultes, suivi de ce qu’on n’appelait pas encore le merchandising et avec plusieurs adaptations au cinéma de 1917 à 1964. Que je sache, ni la simplicité du dessin ni le style argotique des Pieds nickelés n’ont empêché Marcel Pagnol (relisez la Gloire de mon Père, le petit Marcel y mentionne ses lectures) de devenir le grand écrivain de la langue française que l’on connaît.
Les enfants rebelles à l’autorité ne sont pas non plus une nouveauté dans la BD. Les Katzenjammer kids, une BD américaine créé par Rudolph Dirks en 1897, rebaptisée Pim- Pam- Poum en français, met en scène deux petits garçons qui n’ont rien d’angélique. Ils mentent, ils volent, ils sont cyniques, il leur arrive de brutaliser leur chien et n’ont absolument aucun respect pour les adultes victimes de leur farces souvent violentes. Ces garnements ont sévi dans les journaux et les dessins animés jusqu’en 2013. Ce n’est pas si mal pour des personnages qui n’étaient destinés qu’à distraire et qui dans leur langue originale parlaient un mauvais anglais mâtiné de patois allemand.
J’ignore si William Faulkner serait devenu un moins grand écrivain s’il n’avait pas lu les Katzenjammer kids dans sa jeunesse, mais je suppose que l’obtention du prix Nobel de littérature en 1949 compense largement la perte d’éventuels chefs-d’œuvre causés par ses mauvaises lectures d’enfant.
Les enfants terribles existent depuis les débuts de la bande dessinée. Mortelle Adèle est leur héritière et n’est pas plus offensante pour le bon goût et la morale qu’ils ne l’étaient. Elle est un personnage de BD. Les enfants savent faire la différence. Et en matière de bande dessinée, ce n’est ni le beau ni le bon goût qui en font le succès mais l’efficacité. Si vous voulez des enfants parfaits et impeccablement dessinés, lisez les Martine.
Voilà une série jeunesse que j'avais découverte à Angoulême il y a fort longtemps et qui était venu enrichir les bacs de la médiathèque où je travaille.
Depuis, elle continue de ravir notre jeune lectorat grâce à une heroïc fantasy humoristique drôle et efficace !
Ced et Jean-Philippe Morin ont su trouver le bon équilibre dans ce mélange des genres, avec des personnages truculents. Si l'histoire déroule sur la longueur, chaque planche trouve sa chute, petit plus qu'apprécie beaucoup le jeune lectorat.
Bref, un petit bonbon acidulé de fantasy qui fait plaisir à lire, même en tant qu'adulte !
Je ne connaissais pas Vivian Maier, et ce n'est qu'après lecture de cet album que j'ai découvert ses photographies, puisque celui-ci n'en propose que des retranscriptions en dessin. Celles que j'ai vues par ailleurs sont vraiment intéressantes, mais ce n'est pas cette BD qui me les a révélées ni qui m'a permis de comprendre qui cette photographe était vraiment. On se contente de la suivre à différentes étapes de sa vie, pas forcément dans l'ordre chronologique, et de constater qu'elle a travaillé comme nounou la plupart du temps, qu'elle photographiait presque en permanence et qu'elle conservait tout, sans toujours développer ses pellicules. On aperçoit aussi vaguement qu'elle est revenue à un moment en France, pays de ses origines familiales, mais ces éléments sont abordés de façon si superficielle que je n'y ai pas compris grand chose.
Graphiquement, le style est naïf, presque enfantin. J'apprécie la clarté du trait et la sobriété des couleurs, mais l'ensemble reste assez peu enthousiasmant. Les personnages se ressemblent beaucoup et je m'y suis perdu deux ou trois fois. J'ai même eu un doute sur l'identité de l'héroïne dans certaines scènes, par exemple lorsqu'elle apparaît avec un physique de vieille femme aux cheveux gris, alors que la scène précédente, pourtant située quelques années plus tard, la montrait encore comme une femme mûre aux cheveux bruns. Je ne sais pas si c'était une erreur ou si j'ai confondu deux personnages.
Sur le plan narratif, c'est un peu le même problème. J'ai saisi les grandes lignes de ce qui faisait l'originalité de cette femme, notamment son désir de liberté, le refus d'avoir un mari ou un amant, et sa passion pour la photographie de l'envers du monde, des détails insignifiants qui composent la vie réelle. Mais je n'ai pas compris grand chose de son parcours de vie ni de ce qui l'a menée à devenir ce qu'elle était. La mise en scène est confuse, parfois ennuyeuse, et si la forme présente une certaine originalité, cette biographie m'a plutôt déçu.
Un album qui m'a un peu dérouté parce que c'est censé être un one-shot, mais il se situe clairement dans la continuité d'une autre histoire et ça se termine avec un à suivre... Après quelques recherches, il semblerait que les auteurs font des one-shot qui font partie du même univers et se suivent.
Le récit se passe dans un univers alternatif qui met en scène des personnages bien connus des fans de Batman et des Teen Titans. Ici, le groupe de méchants H.I.V.E. a fait d'horribles expériences sur des ados super-héros et ces derniers ont réussi à se sauver. Le scénario développe bien les différents personnages, même s'il met surtout pour le moment en avant le personnage de Damien, le fils naturel de Bruce Wayne et Dick Grayson qui enquête sur la mystérieuse disparition de son petit frère. Les relations entre les deux frères sont tendues, vu que Damien n'est pas content que son père ait adopté son fils alors qu'il ne connaissait même pas son existence.
Le scénario est calibré pour les ados et on retrouve les éléments communs aux comics pour ados: des jeunes ados qui ont des problèmes et qui s'entraident entre eux parce que l'amitié c'est très important. Le dessin est aussi ce que l'on retrouve de nos jours dans les publications pour ados américains. C'est pas mal sans être extraordinaire. Il faut dire que le rythme est un peu lent et à la fin j'étais un peu sur ma faim. On est dans du scénario un peu trop léger, comme si on avait juste regardé un épisode d'une série télé, sauf que la suite ne va pas prendre une semaine pour arriver.
Je suis tout de même un peu curieux de lire la suite et de découvrir les autres one-shot de ce duo.
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Sherlock Holmes contre Arsène Lupin
Les auteurs ont pris le temps de développer intrigue et personnages – en tout cas notre duo de héros, avec près de cent pages, très rythmées, multipliant les rebondissements. Regrouper ces deux personnages, la star anglaise des déductions et de l’arrestation des malfrats, et la star française des aigrefins narguant la maréchaussée, est à la fois surprenant et plein de potentiel. De fait, rapidement, Sherlock et Arsène sont tout autant opposés qu’alliés. Et l’essentiel de l’histoire est portée par leur rivalité dans une enquête commune, durant laquelle chacun des deux cherche à surpasser l’autre par ses déductions, ses réflexions, dans un ping-pong verbal incessant. C’est d’ailleurs un peu lassant et répétitif au bout d’un moment (trop bavard aussi), et l’intrigue elle-même passe au second plan derrière l’affrontement – dans lequel les deux semblent reconnaitre l’intelligence et la valeur de l’autre, leur complicité intellectuelle en fait. Cette intrigue et ce dessin plutôt dynamiques et agréable font oublier pas mal de facilités (qui culmine dans les dernières pages à Venise), et laissent entrevoir en fin d’album une suite. Je regrette juste que les deux personnages féminins, qui pourtant dament le pion à nos deux cerveaux, n’aient pas été davantage mis en avant et développés – alors que les premières pages semblaient leur promettre des rôles moins effacés.
La Chute de l'Ange
Un album court, muet, assez joli et poétique mais sur lequel je me retrouve à avoir finalement bien peu à dire. A vrai dire je n'ai pas vraiment réussi à bien rentrer dedans. Pas que le récit soit mauvais, mais je ne suis pas sûre de l'avoir compris ou d'avoir à minima accroché à ce qu'il proposait. Je me doute qu'il y a là une vision onirique, très probablement à propos de la relation des deux personnages que l'on découvre à la toute fin, sans doute même une histoire d'amour, mais pourtant je n'ai pas réussi à pleinement rentrer dedans. Pas mauvais mais sans doute pas vraiment pour moi. (Note réelle 2,5)
Splendeurs & misères du verbe
Quatre histoires courtes au dessin minimaliste mais jouant très habilement avec les codes de la mise en page pour nous proposer une narration on ne peut plus intéressante. En effet, ici il est question de verbe, de phrasé, et pourtant tout est muet. Les phylactères sont en réalité des images voire même les cases elles-mêmes. On joue de ce qui compte comme un dialogue ou non pour parler du dialogue lui-même. Et ce dialogue, quel est-il ? Eh bien ici il est question d'un gros lourd cherchant à tout prix à faire savoir à une personne féminine qu'il aimerait bien la voir nue, coucher avec elle, ou plus encore. Bref, que de verbes et de savoir-vivre mes ami-e-s. Chacune des histoires courtes sera donc une joute verbale imagée, représentant le marchandage de notre charrot de protagoniste et la pauvre âme cherchant par tous les moyens à échapper à ce gros lourd. Qu'il s'agisse de la représentation des insultes imagées influençant sur la réalité (comme pour imager l'impact des discours dégradant et déshumanisant), d'un jeu sur la projection d'un avenir sans le consentement des intéressé-e-s ou bien même sur le poid des paroles elles-mêmes, l'album propose de très bonnes idées pour ce qui est d'illustrer son sujet. Une lecture courte mais loin d'être oubliable.
Jean qui rit et Jean qui pleure
Le concept est simple mais l'exécution reste bien menée. En tout cas, ce contraste entre cet homme riche à qui tout réussit et cet homme pauvre enchaînant les déboires marche. L'aspect drôle (en tout cas en apparence), c'est le fait qu'à chaque double page chacun de ces deux personnages soit dans la même position que l'autre. On rit de leur similarité physique, tant dans l'apparence que dans les gestes, mais le sous-texte reste que ces deux hommes n'ont finalement aucune différence si ce n'est le statut social et les emmerdes qui y sont liées (ou pas, justement). La fin, suggérant un moment tragique, parvient à toucher par sa brutalité. Après, l'album n'est pas parfait non plus (il manque d'un je ne sais quoi à mes yeux), mais bon la lecture est agréable.
Elles (Le Lombard)
Le titre est assez explicite : nous allons suivre Elle, dans toutes ses multitudes. En effet, Elle (c'est son nom sur l'état civil) partage son corps entre plusieurs individus aux personnalités très marquées, prenant chacune le contrôle en fonction des évènements de leur vie de tous les jours. Le stress, la peur, la colère, les regrets, … toutes les émotions fortes peuvent à tout moment changer la personnalité aux commandes. Alors si on couple ça au fait qu'Elle vient tout juste d'arriver dans un nouveau collège, qu'elle espère se faire des ami-e-s et que des découvertes la pousseront bientôt à rechercher les mystères de ses origines, on peut être sûr qu'il va y avoir du conflit dans son esprit. C'est un récit jeunesse très sympathique sur les tumultes émotionnels de l'adolescence, sur la difficulté de créer et maintenir des liens lorsque l'on souffre de trouble psychiques, sur les multiples facettes qui composent une personnalité aussi. C'est un récit très simple, sans grande prétention mais qui parvient à faire mouche. L'histoire est prenante, les personnages sont intéressants (bon, le cercle d'ami-e-s est peu développé, si ce n'est Maëlys, mais chacun-e de ses membres rempli parfaitement son rôle narratif) et les dialogues entre les différentes Elles sont particulièrement savoureux dans le troisième album, bref j'ai passé une très bonne lecture. Graphiquement l'album est, là aussi, intéressant. J'ai eu du mal à m'habituer au début, car bien que je trouvais la composition, la colorisation et les expressions travaillées je trouvais tout de même la fluidité des mouvements et de l'action un peu molle. Mais au bout d'un moment je suis passé outre et j'ai tout de même pu apprécier les beaux paysages mentaux des différentes Elles. Encore une fois, le troisième album et leur quête pour réunir chacune des personnalité m'a bien plu. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé le travail des couleurs et des univers respectifs pour chacune des Elles. Je suis très loin de m'y connaître suffisamment en matière de troubles dissociatifs de l'identité, il m'est donc incapable d'établir si la représentation est ici fidèle au vécu de concerné-e-s ou bien s'il s'en rapproche ne serait-ce qu'un peu. A voir ce que des personnes concerné-e-s en dirait, justement. Bon, après (attention SPOILER), ici il ne s'agit pas juste d'un trouble de la personnalité mais plutôt d'un cas de chimérisme où différentes consciences seraient nées au sein d'un même corps.
Batman - L'enfant des rêves
Les super-héros ne m’attirent a priori pas plus que ça (pour leur esthétique, certaines arrière-pensées et d’autres raisons comme des scénarios manichéens qui le plus souvent ne sont pas ma tasse de thé). J’ai à plusieurs reprises fait quelques efforts pour découvrir certains pans de cet univers, à plusieurs reprises avec Batman. Je suis plus attiré par des visions décalées de ces univers – parodiques essentiellement. Ici, c’est le fait que ce soit un mangaka qui s’y colle qui m’a poussé à jeter un œil sur ces deux albums. Pas non plus gros lecteur et fan de mangas, la confrontation entre ces deux styles et/ou univers m’intriguait. N'étant pas spécialiste, je ne sais pas en quoi Asamiya renouvèle un univers quand même bien cadré. De mon point de vue « extérieur » au personnage et à son univers, je dirais qu’ici on a affaire à un fan qui se fait plaisir, et qui semble vouloir « placer » un maximum de personnages (Joker, Catwoman, Pingouin, etc.), parfois de façon artificielle d’ailleurs, sans vraiment développer quelque chose d'original. Son apport est de faire voyager Bruce Wayne/Batman au Japon (où se déroule l’intrigue dans le second album). D’ailleurs le « méchant », gros industriel mégalomane et pervers, est en partie un avatar de l’auteur, tant il se déclare fan de Batman (il collectionne tout sur lui, et n’a qu’une envie, devenir Batman). Bon, sinon, l’intrigue n’est pas transcendante en elle-même, et Asamiya use de pas mal de facilités pour les scènes d’action, mais aussi pour les liens entre Wayne/Batman et son adversaire japonais. Le personnage de la journaliste japonaise (et, par pur hasard nièce du méchant magnat japonais...) Yuko, amoureuse de Batman et auquel Wayne n’est pas insensible, est lui aussi artificiel, et ce dès les premières cases, où elle se retrouve de façon improbable au cœur de l’action. Le dessin n’est pas mon truc. Même si les émotions ne sont pas surjouées comme souvent avec les mangakas. Les scènes d’action sont souvent difficiles à déchiffrer, et je n’aime pas certains visages aux traits effacés. Bref, ma curiosité relative n’a pas trouvé ici matière à se satisfaire. Et je ne suis toujours pas converti à l’univers de Batman.
Mortelle Adèle
En 1908, paraissent pour la première fois dans la revue française l’Épatant les aventures des Pieds nickelés. Croquignol, Ribouldingue et Filochard, les héros de cette bande dessinée créée par Louis Forton, sont trois escrocs insolents, mal rasés, ivrognes, tire-au flanc, toujours à l’affut d’un mauvais coup et qui parlent dans l’argot des « apaches », c’est-à-dire les gangsters parisiens de l’époque. On ne pouvait pas faire plus immoral et moins politiquement correct que cela à l’époque. Succès immédiat et durable auprès des enfants comme auprès des adultes, suivi de ce qu’on n’appelait pas encore le merchandising et avec plusieurs adaptations au cinéma de 1917 à 1964. Que je sache, ni la simplicité du dessin ni le style argotique des Pieds nickelés n’ont empêché Marcel Pagnol (relisez la Gloire de mon Père, le petit Marcel y mentionne ses lectures) de devenir le grand écrivain de la langue française que l’on connaît. Les enfants rebelles à l’autorité ne sont pas non plus une nouveauté dans la BD. Les Katzenjammer kids, une BD américaine créé par Rudolph Dirks en 1897, rebaptisée Pim- Pam- Poum en français, met en scène deux petits garçons qui n’ont rien d’angélique. Ils mentent, ils volent, ils sont cyniques, il leur arrive de brutaliser leur chien et n’ont absolument aucun respect pour les adultes victimes de leur farces souvent violentes. Ces garnements ont sévi dans les journaux et les dessins animés jusqu’en 2013. Ce n’est pas si mal pour des personnages qui n’étaient destinés qu’à distraire et qui dans leur langue originale parlaient un mauvais anglais mâtiné de patois allemand. J’ignore si William Faulkner serait devenu un moins grand écrivain s’il n’avait pas lu les Katzenjammer kids dans sa jeunesse, mais je suppose que l’obtention du prix Nobel de littérature en 1949 compense largement la perte d’éventuels chefs-d’œuvre causés par ses mauvaises lectures d’enfant. Les enfants terribles existent depuis les débuts de la bande dessinée. Mortelle Adèle est leur héritière et n’est pas plus offensante pour le bon goût et la morale qu’ils ne l’étaient. Elle est un personnage de BD. Les enfants savent faire la différence. Et en matière de bande dessinée, ce n’est ni le beau ni le bon goût qui en font le succès mais l’efficacité. Si vous voulez des enfants parfaits et impeccablement dessinés, lisez les Martine.
A.S.T.
Voilà une série jeunesse que j'avais découverte à Angoulême il y a fort longtemps et qui était venu enrichir les bacs de la médiathèque où je travaille. Depuis, elle continue de ravir notre jeune lectorat grâce à une heroïc fantasy humoristique drôle et efficace ! Ced et Jean-Philippe Morin ont su trouver le bon équilibre dans ce mélange des genres, avec des personnages truculents. Si l'histoire déroule sur la longueur, chaque planche trouve sa chute, petit plus qu'apprécie beaucoup le jeune lectorat. Bref, un petit bonbon acidulé de fantasy qui fait plaisir à lire, même en tant qu'adulte !
Vivian Maier claire-obscure
Je ne connaissais pas Vivian Maier, et ce n'est qu'après lecture de cet album que j'ai découvert ses photographies, puisque celui-ci n'en propose que des retranscriptions en dessin. Celles que j'ai vues par ailleurs sont vraiment intéressantes, mais ce n'est pas cette BD qui me les a révélées ni qui m'a permis de comprendre qui cette photographe était vraiment. On se contente de la suivre à différentes étapes de sa vie, pas forcément dans l'ordre chronologique, et de constater qu'elle a travaillé comme nounou la plupart du temps, qu'elle photographiait presque en permanence et qu'elle conservait tout, sans toujours développer ses pellicules. On aperçoit aussi vaguement qu'elle est revenue à un moment en France, pays de ses origines familiales, mais ces éléments sont abordés de façon si superficielle que je n'y ai pas compris grand chose. Graphiquement, le style est naïf, presque enfantin. J'apprécie la clarté du trait et la sobriété des couleurs, mais l'ensemble reste assez peu enthousiasmant. Les personnages se ressemblent beaucoup et je m'y suis perdu deux ou trois fois. J'ai même eu un doute sur l'identité de l'héroïne dans certaines scènes, par exemple lorsqu'elle apparaît avec un physique de vieille femme aux cheveux gris, alors que la scène précédente, pourtant située quelques années plus tard, la montrait encore comme une femme mûre aux cheveux bruns. Je ne sais pas si c'était une erreur ou si j'ai confondu deux personnages. Sur le plan narratif, c'est un peu le même problème. J'ai saisi les grandes lignes de ce qui faisait l'originalité de cette femme, notamment son désir de liberté, le refus d'avoir un mari ou un amant, et sa passion pour la photographie de l'envers du monde, des détails insignifiants qui composent la vie réelle. Mais je n'ai pas compris grand chose de son parcours de vie ni de ce qui l'a menée à devenir ce qu'elle était. La mise en scène est confuse, parfois ennuyeuse, et si la forme présente une certaine originalité, cette biographie m'a plutôt déçu.
Teen Titans - Robin
Un album qui m'a un peu dérouté parce que c'est censé être un one-shot, mais il se situe clairement dans la continuité d'une autre histoire et ça se termine avec un à suivre... Après quelques recherches, il semblerait que les auteurs font des one-shot qui font partie du même univers et se suivent. Le récit se passe dans un univers alternatif qui met en scène des personnages bien connus des fans de Batman et des Teen Titans. Ici, le groupe de méchants H.I.V.E. a fait d'horribles expériences sur des ados super-héros et ces derniers ont réussi à se sauver. Le scénario développe bien les différents personnages, même s'il met surtout pour le moment en avant le personnage de Damien, le fils naturel de Bruce Wayne et Dick Grayson qui enquête sur la mystérieuse disparition de son petit frère. Les relations entre les deux frères sont tendues, vu que Damien n'est pas content que son père ait adopté son fils alors qu'il ne connaissait même pas son existence. Le scénario est calibré pour les ados et on retrouve les éléments communs aux comics pour ados: des jeunes ados qui ont des problèmes et qui s'entraident entre eux parce que l'amitié c'est très important. Le dessin est aussi ce que l'on retrouve de nos jours dans les publications pour ados américains. C'est pas mal sans être extraordinaire. Il faut dire que le rythme est un peu lent et à la fin j'étais un peu sur ma faim. On est dans du scénario un peu trop léger, comme si on avait juste regardé un épisode d'une série télé, sauf que la suite ne va pas prendre une semaine pour arriver. Je suis tout de même un peu curieux de lire la suite et de découvrir les autres one-shot de ce duo.