Un album qui conforte, une nouvelle fois, tout le bien que je pense de cet auteur. D’un côté je ne suis pas surpris et d’un autre ça me rassure de le suivre les yeux fermés. Lire du Nicolas Juncker est toujours un plaisir, j’aime son approche sur des sujets ardus et leurs traitements.
Après Un général, des généraux avec F. Boucq, il revient sur le sujet France/Algérie mais sous un autre angle (tout aussi farce et parodique).
Cette fois l’histoire est fictive (protagonistes, ville …) mais s’inspire d’un fait réel des années post 2000, à savoir la mise en place d’un mémorial dédié aux victimes de la guerre d’Algérie. Un projet bien casse gueule que l’auteur nous propose de suivre à travers une belle brochette de personnages : politiciens, artistes, historiens, associations …
Le résultat m’a bien bien plu, l’auteur pose l’ambiance façon vaudeville, ça va vite, c’est comique et surtout ça n’oublie pas de développer le fond (la mémoire) à travers ces divers témoignages.
Le titre et la couverture (3D ;) amène un beau clin d’œil à l’ensemble et la maîtrise graphique de l’auteur s’est encore améliorée.
Bref une nouvelle fois conquis, du bel ouvrage.
J'ai bien aimé ce personnage d'Alexe, elle subit des événements qui lui valent d'être emprisonnée et victime de violences ourdies par des gens corrompus. Entrainée dans une spirale infernale d'espionnage, elle fait preuve d'un véritable instinct de survie. Au moins voilà une héroïne à la plastique de rêve qui ne passe pas son temps à moitié nue. Je regrette que cette série ait été interrompue au tome 4.
La caste des métabarons...
Une série déjà tellement commentée sur le site, à tel point que je me suis demandé si cela avait encore un quelconque intérêt de donner mon avis...
Mais bon, en ce moment je ressens le besoin de laisser par écrit mes impressions et je viens enfin d'en terminer la lecture.
Note du rédacteur : au moment où je démarre l'écriture de cet avis, j'ai encore quelques tomes à dévorer. Ceci est donc une critique publiée dans un proche futur et écrite dans un passé récent à l'instant où vous lisez ces lignes. Woh, on nage en pleine SF !
Justement! Jodoroswky choisit le personnage du meta-baron aperçu dans l'Incal pour nous conter cette fois-ci une grande saga de science fiction.
J'avais interrompu ma lecture il y a un an et je ne me souvenais plus pourquoi. En relisant les premiers tomes, la mémoire m'est revenue : ces satanés robots !!!
En effet les conteurs de cette histoire sont deux petits androïdes qui vous racontent la généalogie des méta-barons en faisant des blagues pourries toutes les 10 pages environ. Mais c'est suffisant pour les détester puisque leur humour ne s'accorde pas du tout au ton de l'histoire. Ce sont eux les véritables antagonistes de cette saga, vous allez apprendre à les haïr intensément... Jusqu'à leur pardonner à la fin grâce à un tour de magie de Jodoroswky.
Passé ce défaut qui n'est pas rédhibitoire,
les deux talents du scénariste et du dessinateur s'additionnent vraiment dans cette œuvre pour nous livrer un récit où l'épique côtoie le grandiloquent, où le bizarre s'accouple avec le malsain : on retrouve dans cette série tout le spectre des obsessions de Jodoroswky.
La narration est très fluide, rien n'est jamais compliqué. Jodo enchaine les situations et péripéties rocambolesques en poussant le curseur à chaque tome un peu plus loin, ce qui provoque chez le lecteur de bon goût un véritable plaisir ludique.
Et le dessin ? Le trait de Gimenez donne corps aux descriptions hallucinatoires de Jodoroswky. Vous allez passer du temps à admirer les vaisseaux et les explosions de couleurs sur certaines pages !
On a parfois l'impression que Jodo, tout à sa joie de travailler avec un tel dessinateur, cherche en permanence à le pousser dans ses retranchements, en inventant des situations qui semblent impossible à mettre en images.
Mais Gimenez ne fléchira jamais.
Pendant huit albums.
Il va s'améliorer même !
Un véritable exploit.
Un 5 au présent, au passé et au futur.
La lecture de ce diptyque fut une agréable surprise. Je ne suis pas du tout expert en Arts Martiaux et en MMA (Mixed Martial ARTS) en particulier. Ce dernier a eu très mauvaise réputation en Europe et en France jusqu'à peu. C'est la ministre des sports Roxana Maracineanu qui a sorti ce sport d'une marginalité dangereuse. La série de Jack Manini participe à cette entreprise de visibilité et de dédiabolisation. Je ne sais pas si je laisserai mon fils s'engager facilement dans cette pratique mais la série de Manini est assez convaincante. Attention Manini ne cache rien de la dureté et de l'âpreté des combats. Son champion Jimmy Perez sort souvent cabossé de ses affrontements pourtant vainqueur, "Et encore, imaginez ma tronche si j'avais perdu !" (p17 T2). L'auteur intègre des figures de combats et l'histoire du MMA dans un scénario de type thriller familial bien construit où la part des combats est somme toute assez faible. Le tome 1 installe immédiatement le héros Jimmy dans une forte tension dramatique avec un accident de vie totalement étranger au combat. La suite propose un scénario plein de rebondissements et de trahisons qui font de "Total Combat" une vraie histoire plaisante et divertissante.
Le graphisme est un peu rugueux mais colle bien à l'âpreté du milieu. La narration visuelle est dynamique avec des scènes de combats qui privilégient une certaine beauté de la gestuelle sans nier la violence. J'ai bien aimé les ambiances de rues à NY. Rio est un peu moins à mon goût mais cela reste un détail.
Une série intéressante avec plusieurs objectifs atteints. Une réussite malgré deux couvertures peu sexy.
Le mythe de Sisyphe est connu de beaucoup et a souvent été interprété de façons différentes par nombre de grands auteurs. En lisant cette série j'ai eu quelques surprises que mes recherches n'ont pas expliquées. En effet j'ai eu l'impression que Le Tendre avait pris beaucoup de libertés avec les divers traditions du mythe. Ainsi je n'ai trouvé nulle part cette malédiction de Médée ni l'intervention de Demeter dans les démêlés entre Sisyphe et Zeus. En axant le récit sur la santé du fils ( unique dans la série) de Sisyphe j'ai eu l'impression que l'auteur nous proposait une thématique émotionnelle très contemporaine qui légitimait en partie le comportement du fondateur de Corinthe. Si Le Tendre ne peut éviter l'épisode de la capture de Thanatos là encore je suis perplexe sur la présentation qu'il en donne. A mes yeux la série passe à côté du fondamental de l'hybris de Sisyphe qui est sa quête d'immortalité. C'est d'ailleurs confirmé puisque Le Tendre ne cite même pas la seconde tromperie de Sisyphe vis à vis d'Hades. Un final à l'explication alambiquée essaye de retomber sur cette thématique mais je trouve cela un parachutage peu convaincant.
C'est dommage car j'ai vraiment apprécié le graphisme de Peynet. Il propose une lecture très agréable avec de nombreux détails et une belle lumière.
Malheureusement je ne m'y retrouve pas dans un scénario trop fantaisiste qui dénature complétement la signification du mythe à mes yeux.
Si vous aimez la bd "Gobelin's" ou Trolls de Troy je pense que vous aimerez rolqwir. Un jeune chevalier français qui rêve d'aventures mais qui n'est pas bien futé, se retrouve au Japon. Beaucoup de références sur notre culture française, clichés et pop culture, tout cela détourné de façon humoristique. A lire.
Django a peut-être été l’homme le plus libre de tous les temps.
-
Ce tome contient une biographie des jeunes années de Django Reinhardt (1910-1953) qui ne nécessite pas de connaissance préalable sur ce musicien. Son édition originale date 2020. Il a été réalisé par Salva Rubio pour le scénario et par Ricard Efa pour les dessins et les couleurs. Il comprend soixante-deux pages de bande dessinée. Il débute par un texte introductif d’une page, rédigé par Thomas Dutronc qui déclare que Django était un dieu de la guitare, et qui développe son admiration pour ce musicien. Il se termine avec un copieux cahier thématique de seize pages avec de nombreuses photographies abordant la réalité historique de la vie de Django Reinhardt, entre ce qui est connu des circonstances de sa naissance, l’environnement dans lequel il a grandi (la Zone), le choix des morceaux interprétés par Django au cours de la bande dessinée (Les yeux noirs, La Madelon, La Montmartroise, et bien sûr Nuages, Everybody loves my baby, Ma régulière, Dinah, The sheik, Hard hearted Hannah), ses débuts un peu décalés dans le monde du bal musette, ses premiers contacts avec le jazz, ses premiers enregistrements et son nom mal orthographié, ainsi que son séjour à l’hôpital. Vient enfin une bibliographie sélective.
Par une rude journée d’hiver, dans une épaisse robe, avec un châle et un fichu, Laurence Reinhart marche d’un bon pas dans le chemin enneigé. Elle se hâte de gagner le village, tout en tenant fermement son ventre rebondi de femme enceinte. Soudain, elle sent qu’elle perd les eaux, et elle peut voir la flaque fumante dans la neige. Le vingt-trois janvier 1910, sur la grand-place du village de Liberchies, près de Charleroi, en Belgique, un groupe de musiciens est en train de monter sur l’estrade. Jean-Baptiste Reinhardt s’agace que sa femme ne soit pas encore arrivée, qu’elle n’en fasse qu’à sa tête. Une dame lui dit que le bébé est arrivé. Dans une roulotte, la jeune mère est allongée, le nouveau-né dans ses bras. Le père finit par arriver et il lui donne un nom : Django. Oui, Django était arrivé parmi eux. Mais Django Reinhardt a eu deux naissances. Celle-ci ne fut que la première. Et chacun sait, c’est de la souffrance que l’on naît.
En 1922, la Zone, près de la porte à Choisy, Django a gagné en confiance et il est en train de déclarer à son petit frère et à sa petite sœur que c’est lui le maître de la Zone, le chef de la bande des Foulards Rouges, il est le gangster Django Reinhardt. Et il leur proclame que maintenant ce territoire leur appartient. Et d’ici, ils vont conquérir l’Amérique. Il se tourne vers eux pour les enjoindre d’aller de l’avant, et il se rend compte qu’ils sont restés cachés derrière un talus. Son petit frère Nin-Nin lui rappelle qu’ils sont sur le territoire des Foulards bleus, que ces derniers vont les attraper et leur fichent une raclée. En effet, cinq autres enfants arrivent et les tapent. De retour au camp tzigane, la mère soigne Django et lui déclare qu’elle est bien contente que les autres leur aient flanqué une raclée. Elle ajoute : tant qu’à se bagarrer, ils auraient pu se débrouiller au moins pour gagner. Un ancien intervient pour les réprimander et rappeler que Django pourrait au moins aller à l’école pour apprendre à lire.
Le lecteur peut être alléché à l’idée de découvrir un récit de la jeunesse de ce grand guitariste, couvrant majoritairement la période allant de ses douze ans en 1922, à ses vingt ans en 1930. Il peut aussi avoir déjà lu d’autres ouvrages de ce duo de créateurs et être tombé sous le charme de leur narration : Monet - Nomade de la lumière (2017) ou Degas - La Danse de la solitude (2021). Après avoir lu la bande dessinée, il se plonge dans le copieux dossier et il découvre la postface, dans laquelle le scénariste explicite sa démarche. Il rappelle que : Personne, bien sûr, ne rassemble de la documentation sur les premières années de vie d’une personne ordinaire dont on ne s’attend aucunement à ce qu’elle devienne un jour l’un des plus grands génies musicaux du siècle. Il ajoute que : dans l’univers manouche, c’était seulement par la tradition que l’histoire était transmise, volontairement embellie d’anecdotes, d’exagérations et de contes rarement fiables. Enfin il indique qu’un scénariste historien comme lui accomplit une triple tâche. Un : se mettre en quête de témoignages, sources et récits qui fourniront des faits, des scènes et des rencontres dont la bande dessinée rendra compte. Deux : les transformer en un récit fluide, logique et efficace. Trois : atteindre un équilibre entre les deux précédents pour transmettre au lecteur ce qui est su et ce qu’il est impossible de savoir, de la façon la plus fiable possible, mais aussi la plus passionnante.
En commentant une illustration en double page, le scénariste a ce mot : Il restait si peu d’espace libre, dans une vie si pleine… Effectivement, la lecture peut donner une impression de narration dense, à commencer par la taille des lettres plus petite que d’habitude, ainsi régulièrement que la densité d’informations visuelles. Dans le même temps, chaque case s’assimile au premier coup d’œil et se lit facilement. L’artiste utilise un mode amalgamant des traits de contour relativement fins et souples avec de discrets arrondis convenant parfaitement à la jeunesse du musicien, et la technique de la couleur directe pour apporter d’autres informations visuelles, des textures et des ambiances lumineuses. Ainsi il réalise une reconstitution historique étoffée aussi remarquable que naturelle. Le lecteur peut très bien ne pas y prêter attention plus que ça au début. Bien vite, il prend conscience qu’il trouve les éléments qu’il attendait : les roulottes, les tenues manouches, les costumes de gadjé musiciens de Paris avec leur feutre mou, les scènes communautaires des gens du voyage, etc. À l’occasion d’une scène ou d’une autre, la curiosité ou un détail l’intrigue et il prête plus d’attention à une case ou un élément visuel. Il se rend alors compte de l’investissement du dessinateur dans ses représentations.
Efa va au-delà de la simple impression globale ou de l’apparence au premier coup d’œil. Il soigne chaque aspect historique : les tenues vestimentaires en différenciant celles plus traditionnelles des Manouches, entre femmes et hommes, ou encore les enfants. Il évoque aussi bien les terrains vagues de la Zone, que les rues pavées de Paris, les rails du tramway, la cour intérieure de l’hôpital Lariboisière. Il soigne également les intérieurs, tant dans leur aménagement que leur décoration, ou encore les accessoires : les roulottes, les bistrots accueillant un orchestre, la chambre d’hôpital, les couloirs de Lariboisière. Dans la première partie, le lecteur se régale avec les quatre cents coups de Django : bagarre de bande, attaque de voiture automobile pour provoquer un accident, tentative de faire dérailler un tramway, et puis l’apprentissage obsessionnel du banjo-guitare avec l’intensité propre à cet âge. Alors que Django devient majeur, sa confiance en lui et son arrogance en impose, avec toujours cette implication dans son art qui le rend sympathique (et puis le lecteur sait qu’il va devenir un dieu de la guitare, mondialement reconnu). Après l’accident, le lecteur regarde le jeune homme à la fois abattu par la perte de son talent, à la fois accablé à la perspective d’une vie de mendiant. La direction d’acteurs insuffle une vie et une plausibilité dans les comportements, au point que le lecteur ressent comme une vérité ce qu’il voit. La mise en scène apporte également une grande clarté dans chaque scène, ainsi qu’une évidence narrative : l’apaisement procuré par la concentration de la pratique du banjo, le contentement ineffable de pouvoir jouer dans un ensemble d’adultes, l’attraction amoureuse magnétique entre Django et Florine Mayer, la communauté manouche unie pour récupérer Django et l’extraire de l’hôpital, les magnifiques deux pages de réapprentissage avec la position de la main gauche sur le manche, etc.
Le scénariste a fourni un travail tout aussi remarquable de reconstitution historique que ce soit pour les lieux comme la Zone (espace résultant de l’enceinte de Thiers, surnommé aussi les fortifications ou les fortif’) ou l’hôpital Lariboisière, pour l’évocation de la première carrière de Django avec ses différents chefs de formation musicale : Pierre Vettese dit Guérino (1895-1952), accordéoniste français d'origine sinti piémontaise, Jean Vaissade (1911-1979), accordéoniste et un compositeur français, Jack Hylton (1892-1965), chef d'ensemble à vent, chef d'orchestre, impresario, Émile Audiffred (1894-1948), chanteur, librettiste, parolier et producteur français. S’il connaît le répertoire de l’époque, le lecteur relève les références aux airs populaires, sinon il les découvre dans le dossier en fin d’ouvrage, à commencer par Nuages. Bientôt le lecteur suit Django, en pleine empathie, sans plus se préoccuper de faire preuve de distanciation ou d’esprit critique. Il poursuit sa lecture avec le dossier dans lequel l’auteur expose ce qui relève de faits établis, et ce qui relève d’une interprétation, assimilant par là-même les informations historiques et leur contexte dont il ne disposait pas forcément. Il prend connaissance de l’état d’esprit du scénariste ou de sa ligne directrice : Quand l’historien et le scénariste se mettent finalement d’accord, ils en arrivent à une conclusion claire, il n’existe pas de héros réel qui n’ait sa part de légende.
Qu’il ait déjà succombé au charme de Nuages ou non, le lecteur peut éprouver de la curiosité pour les jeunes années de Django Reinhardt, avant la célébrité, ou vouloir retrouver ce duo d’auteurs. Il apprécie immédiatement la narration visuelle colorée et agréable, tout autant que rigoureuse, documentée, à la mise en scène fluide et sophistiquée. Il suit un jeune délinquant sur une mauvaise pente, trouvant sa raison de vivre dans le banjo qui lui permet d’intégrer le monde des adultes en avance, puis le terrible accident et la force de caractère permettant de construire une seconde vie, avec l’aide de sa communauté. Singulier.
Une série que j'ai trouvée sympathique à lire à défaut d'être exceptionnel.
Le concept est débile comme c'est souvent le cas avec les mangas où les auteurs se permettent souvent de faire n'importe quoi sans se soucier du ridicule. En revanche, ici le ton est assez sérieux alors cela risque de décevoir les lecteurs qui voulaient lire un truc délirant. Si les premiers chapitres sont un peu répétitifs et donnent l'impression qu'on va encore avoir droit à un manga qui va tourner en rond pendant des dizaines de tomes, mais heureusement on introduit de nouveaux personnages et on développe plus le scénario.
Certes, au final il y a rien de bien original, notamment au niveau des motivations des personnages ou des leçons de vies qu'on apprend, en dehors du fait que les personnages principaux sont des coqs et des poules, mais le scénario est bien fait et j'ai lu les 7 premiers tomes sans problème. Le dessin est bien maitrisé avec de bonnes scènes de combats. Je ne pense pas lire la série jusqu'au début, mais je ne regrette pas avoir au moins lu les premiers tomes.
Après avoir lu l'adaptation par Gou Tanabé de Dans l'abîme du temps, sur les conseils de certains adeptes d' HP Lovecraft, je me suis procuré cet ouvrage qui est censé bien introduire l'univers de l'auteur. Car effectivement, je ne suis pas un spécialiste des œuvres de Lovecraft, bien qu'amateur d'épouvante depuis mon plus jeune âge (Stephen King, Graham Masterton, etc).
Tout comme pour le premier tome que j'ai lu, l'esthétique de cette série des adaptations du maître par Gou Tanabé éditée chez ki-oon. est du plus bel effet avec sa couverture en simili-cuir rouge gravée. Le trait de Gou Tanabé est toujours aussi précis malgré quelques maladresses notables au niveau de certaines mains et pieds. Les yeux des personnages semblent également parfois comme enfoncés dans leur visage, ce qui m'a gêné par moment. Mais il est vrai que cela ajoute par moment aux impressions d'horreurs qui se dessinent sur les visages des personnages lorsque l'angoisse monte. Les paysages sont, quant à eux, très détailles et vraiment beaux et les alternances de séquences sur pages blanches et sur pages noires ajoutent à l'immersion du lecteur.
S'il s'agit sans nul doute d'une très belle adaptation d'un classique de Lovecraft, tout comme pour Dans l'abîme du temps, le principal point faible de ce manga concerne l'histoire qui est d'un tel classicisme que l'on n'est jamais vraiment surpris. Le rythme est également relativement lent et je n'ai jamais vraiment éprouvé d'angoisse en lisant ce manga comme ce put être le cas, plus jeune, lorsque je lisais Ça ou Brume de Stephen King.
Malgré tout, il s'agit d'un bon manga d'épouvante dont je conseille la lecture, ne serait-ce que pour ceux qui veulent découvrir l'univers de Lovecraft sans avoir le courage de lire les romans.
SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 6/10
GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 7/10
NOTE GLOBALE : 13/20
Je découvre l'univers de "Dark Knights of Steel" avec ce spin-off de la série mère. C'est aussi ma première incursion dans la collection Elseworlds de chez DC Comics.
Le récit principal me fait découvrir un monde froid et glacial, le Rudiver, qui se rapproche de celui des vikings, un monde en noir, blanc et gris où la couleur a disparu depuis l'effondrement du royaume de Maxwell premier du clan du nord lors de la bataille des trois armées. Un monde sans couleurs qui me rappelle deux autres comics : Kroma et Le Passeur (Lowry).
On va suivre les aventures de Deathstroke, un guerrier qui loue ses services au plus offrant, un guerrier à la barbe blanche. Le scénario de Jay Kristoff va suivre une trame très classique, Deathstroke va protéger un jeune garçon contre un roi qui veut maintenir son royaume dans le Rudiver. Ce jeune garçon a le pouvoir de rompre le sort maléfique qui plonge le monde dans un hiver perpétuel. Rien de bien innovant dans cette quête fantastique, pas de véritables surprises, des personnages stéréotypés, mais la narration dynamique permet de ne pas s'ennuyer. J'aurais préféré une conclusion qui ne se termine pas en happy end.
Le dessin, dans un style informatisé, de Tirso en met plein la vue. C'est puissant, détaillé, expressif et énergique. Quelques touches de couleurs autour du gamin et sur les flash-back.
Le point fort de cette histoire.
En bonus : "Dark Knights of Steel - Heir to the Sea".
Une cinquantaine de pages se déroulant vingt-cinq ans avant la bataille des trois armées.
Un récit aux nombreuses références : Atlantis avec ce royaume sous-marin, Batman avec une ville nommée Gotham et un orphelinat au nom d'Arkham, et enfin Arthurien avec cet enfant (Arthur) héritier d'un trône. Sympathique.
Le dessin de Riccardo federici au trait gras et les couleurs ternes de Arif Prianto sont agréables à contempler.
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Un album qui conforte, une nouvelle fois, tout le bien que je pense de cet auteur. D’un côté je ne suis pas surpris et d’un autre ça me rassure de le suivre les yeux fermés. Lire du Nicolas Juncker est toujours un plaisir, j’aime son approche sur des sujets ardus et leurs traitements. Après Un général, des généraux avec F. Boucq, il revient sur le sujet France/Algérie mais sous un autre angle (tout aussi farce et parodique). Cette fois l’histoire est fictive (protagonistes, ville …) mais s’inspire d’un fait réel des années post 2000, à savoir la mise en place d’un mémorial dédié aux victimes de la guerre d’Algérie. Un projet bien casse gueule que l’auteur nous propose de suivre à travers une belle brochette de personnages : politiciens, artistes, historiens, associations … Le résultat m’a bien bien plu, l’auteur pose l’ambiance façon vaudeville, ça va vite, c’est comique et surtout ça n’oublie pas de développer le fond (la mémoire) à travers ces divers témoignages. Le titre et la couverture (3D ;) amène un beau clin d’œil à l’ensemble et la maîtrise graphique de l’auteur s’est encore améliorée. Bref une nouvelle fois conquis, du bel ouvrage.
Alexe
J'ai bien aimé ce personnage d'Alexe, elle subit des événements qui lui valent d'être emprisonnée et victime de violences ourdies par des gens corrompus. Entrainée dans une spirale infernale d'espionnage, elle fait preuve d'un véritable instinct de survie. Au moins voilà une héroïne à la plastique de rêve qui ne passe pas son temps à moitié nue. Je regrette que cette série ait été interrompue au tome 4.
La Caste des Méta-barons
La caste des métabarons... Une série déjà tellement commentée sur le site, à tel point que je me suis demandé si cela avait encore un quelconque intérêt de donner mon avis... Mais bon, en ce moment je ressens le besoin de laisser par écrit mes impressions et je viens enfin d'en terminer la lecture. Note du rédacteur : au moment où je démarre l'écriture de cet avis, j'ai encore quelques tomes à dévorer. Ceci est donc une critique publiée dans un proche futur et écrite dans un passé récent à l'instant où vous lisez ces lignes. Woh, on nage en pleine SF ! Justement! Jodoroswky choisit le personnage du meta-baron aperçu dans l'Incal pour nous conter cette fois-ci une grande saga de science fiction. J'avais interrompu ma lecture il y a un an et je ne me souvenais plus pourquoi. En relisant les premiers tomes, la mémoire m'est revenue : ces satanés robots !!! En effet les conteurs de cette histoire sont deux petits androïdes qui vous racontent la généalogie des méta-barons en faisant des blagues pourries toutes les 10 pages environ. Mais c'est suffisant pour les détester puisque leur humour ne s'accorde pas du tout au ton de l'histoire. Ce sont eux les véritables antagonistes de cette saga, vous allez apprendre à les haïr intensément... Jusqu'à leur pardonner à la fin grâce à un tour de magie de Jodoroswky. Passé ce défaut qui n'est pas rédhibitoire, les deux talents du scénariste et du dessinateur s'additionnent vraiment dans cette œuvre pour nous livrer un récit où l'épique côtoie le grandiloquent, où le bizarre s'accouple avec le malsain : on retrouve dans cette série tout le spectre des obsessions de Jodoroswky. La narration est très fluide, rien n'est jamais compliqué. Jodo enchaine les situations et péripéties rocambolesques en poussant le curseur à chaque tome un peu plus loin, ce qui provoque chez le lecteur de bon goût un véritable plaisir ludique. Et le dessin ? Le trait de Gimenez donne corps aux descriptions hallucinatoires de Jodoroswky. Vous allez passer du temps à admirer les vaisseaux et les explosions de couleurs sur certaines pages ! On a parfois l'impression que Jodo, tout à sa joie de travailler avec un tel dessinateur, cherche en permanence à le pousser dans ses retranchements, en inventant des situations qui semblent impossible à mettre en images. Mais Gimenez ne fléchira jamais. Pendant huit albums. Il va s'améliorer même ! Un véritable exploit. Un 5 au présent, au passé et au futur.
Total Combat
La lecture de ce diptyque fut une agréable surprise. Je ne suis pas du tout expert en Arts Martiaux et en MMA (Mixed Martial ARTS) en particulier. Ce dernier a eu très mauvaise réputation en Europe et en France jusqu'à peu. C'est la ministre des sports Roxana Maracineanu qui a sorti ce sport d'une marginalité dangereuse. La série de Jack Manini participe à cette entreprise de visibilité et de dédiabolisation. Je ne sais pas si je laisserai mon fils s'engager facilement dans cette pratique mais la série de Manini est assez convaincante. Attention Manini ne cache rien de la dureté et de l'âpreté des combats. Son champion Jimmy Perez sort souvent cabossé de ses affrontements pourtant vainqueur, "Et encore, imaginez ma tronche si j'avais perdu !" (p17 T2). L'auteur intègre des figures de combats et l'histoire du MMA dans un scénario de type thriller familial bien construit où la part des combats est somme toute assez faible. Le tome 1 installe immédiatement le héros Jimmy dans une forte tension dramatique avec un accident de vie totalement étranger au combat. La suite propose un scénario plein de rebondissements et de trahisons qui font de "Total Combat" une vraie histoire plaisante et divertissante. Le graphisme est un peu rugueux mais colle bien à l'âpreté du milieu. La narration visuelle est dynamique avec des scènes de combats qui privilégient une certaine beauté de la gestuelle sans nier la violence. J'ai bien aimé les ambiances de rues à NY. Rio est un peu moins à mon goût mais cela reste un détail. Une série intéressante avec plusieurs objectifs atteints. Une réussite malgré deux couvertures peu sexy.
Sisyphe - Le Châtiment des Dieux
Le mythe de Sisyphe est connu de beaucoup et a souvent été interprété de façons différentes par nombre de grands auteurs. En lisant cette série j'ai eu quelques surprises que mes recherches n'ont pas expliquées. En effet j'ai eu l'impression que Le Tendre avait pris beaucoup de libertés avec les divers traditions du mythe. Ainsi je n'ai trouvé nulle part cette malédiction de Médée ni l'intervention de Demeter dans les démêlés entre Sisyphe et Zeus. En axant le récit sur la santé du fils ( unique dans la série) de Sisyphe j'ai eu l'impression que l'auteur nous proposait une thématique émotionnelle très contemporaine qui légitimait en partie le comportement du fondateur de Corinthe. Si Le Tendre ne peut éviter l'épisode de la capture de Thanatos là encore je suis perplexe sur la présentation qu'il en donne. A mes yeux la série passe à côté du fondamental de l'hybris de Sisyphe qui est sa quête d'immortalité. C'est d'ailleurs confirmé puisque Le Tendre ne cite même pas la seconde tromperie de Sisyphe vis à vis d'Hades. Un final à l'explication alambiquée essaye de retomber sur cette thématique mais je trouve cela un parachutage peu convaincant. C'est dommage car j'ai vraiment apprécié le graphisme de Peynet. Il propose une lecture très agréable avec de nombreux détails et une belle lumière. Malheureusement je ne m'y retrouve pas dans un scénario trop fantaisiste qui dénature complétement la signification du mythe à mes yeux.
Rolqwir
Si vous aimez la bd "Gobelin's" ou Trolls de Troy je pense que vous aimerez rolqwir. Un jeune chevalier français qui rêve d'aventures mais qui n'est pas bien futé, se retrouve au Japon. Beaucoup de références sur notre culture française, clichés et pop culture, tout cela détourné de façon humoristique. A lire.
Django Main de feu
Django a peut-être été l’homme le plus libre de tous les temps. - Ce tome contient une biographie des jeunes années de Django Reinhardt (1910-1953) qui ne nécessite pas de connaissance préalable sur ce musicien. Son édition originale date 2020. Il a été réalisé par Salva Rubio pour le scénario et par Ricard Efa pour les dessins et les couleurs. Il comprend soixante-deux pages de bande dessinée. Il débute par un texte introductif d’une page, rédigé par Thomas Dutronc qui déclare que Django était un dieu de la guitare, et qui développe son admiration pour ce musicien. Il se termine avec un copieux cahier thématique de seize pages avec de nombreuses photographies abordant la réalité historique de la vie de Django Reinhardt, entre ce qui est connu des circonstances de sa naissance, l’environnement dans lequel il a grandi (la Zone), le choix des morceaux interprétés par Django au cours de la bande dessinée (Les yeux noirs, La Madelon, La Montmartroise, et bien sûr Nuages, Everybody loves my baby, Ma régulière, Dinah, The sheik, Hard hearted Hannah), ses débuts un peu décalés dans le monde du bal musette, ses premiers contacts avec le jazz, ses premiers enregistrements et son nom mal orthographié, ainsi que son séjour à l’hôpital. Vient enfin une bibliographie sélective. Par une rude journée d’hiver, dans une épaisse robe, avec un châle et un fichu, Laurence Reinhart marche d’un bon pas dans le chemin enneigé. Elle se hâte de gagner le village, tout en tenant fermement son ventre rebondi de femme enceinte. Soudain, elle sent qu’elle perd les eaux, et elle peut voir la flaque fumante dans la neige. Le vingt-trois janvier 1910, sur la grand-place du village de Liberchies, près de Charleroi, en Belgique, un groupe de musiciens est en train de monter sur l’estrade. Jean-Baptiste Reinhardt s’agace que sa femme ne soit pas encore arrivée, qu’elle n’en fasse qu’à sa tête. Une dame lui dit que le bébé est arrivé. Dans une roulotte, la jeune mère est allongée, le nouveau-né dans ses bras. Le père finit par arriver et il lui donne un nom : Django. Oui, Django était arrivé parmi eux. Mais Django Reinhardt a eu deux naissances. Celle-ci ne fut que la première. Et chacun sait, c’est de la souffrance que l’on naît. En 1922, la Zone, près de la porte à Choisy, Django a gagné en confiance et il est en train de déclarer à son petit frère et à sa petite sœur que c’est lui le maître de la Zone, le chef de la bande des Foulards Rouges, il est le gangster Django Reinhardt. Et il leur proclame que maintenant ce territoire leur appartient. Et d’ici, ils vont conquérir l’Amérique. Il se tourne vers eux pour les enjoindre d’aller de l’avant, et il se rend compte qu’ils sont restés cachés derrière un talus. Son petit frère Nin-Nin lui rappelle qu’ils sont sur le territoire des Foulards bleus, que ces derniers vont les attraper et leur fichent une raclée. En effet, cinq autres enfants arrivent et les tapent. De retour au camp tzigane, la mère soigne Django et lui déclare qu’elle est bien contente que les autres leur aient flanqué une raclée. Elle ajoute : tant qu’à se bagarrer, ils auraient pu se débrouiller au moins pour gagner. Un ancien intervient pour les réprimander et rappeler que Django pourrait au moins aller à l’école pour apprendre à lire. Le lecteur peut être alléché à l’idée de découvrir un récit de la jeunesse de ce grand guitariste, couvrant majoritairement la période allant de ses douze ans en 1922, à ses vingt ans en 1930. Il peut aussi avoir déjà lu d’autres ouvrages de ce duo de créateurs et être tombé sous le charme de leur narration : Monet - Nomade de la lumière (2017) ou Degas - La Danse de la solitude (2021). Après avoir lu la bande dessinée, il se plonge dans le copieux dossier et il découvre la postface, dans laquelle le scénariste explicite sa démarche. Il rappelle que : Personne, bien sûr, ne rassemble de la documentation sur les premières années de vie d’une personne ordinaire dont on ne s’attend aucunement à ce qu’elle devienne un jour l’un des plus grands génies musicaux du siècle. Il ajoute que : dans l’univers manouche, c’était seulement par la tradition que l’histoire était transmise, volontairement embellie d’anecdotes, d’exagérations et de contes rarement fiables. Enfin il indique qu’un scénariste historien comme lui accomplit une triple tâche. Un : se mettre en quête de témoignages, sources et récits qui fourniront des faits, des scènes et des rencontres dont la bande dessinée rendra compte. Deux : les transformer en un récit fluide, logique et efficace. Trois : atteindre un équilibre entre les deux précédents pour transmettre au lecteur ce qui est su et ce qu’il est impossible de savoir, de la façon la plus fiable possible, mais aussi la plus passionnante. En commentant une illustration en double page, le scénariste a ce mot : Il restait si peu d’espace libre, dans une vie si pleine… Effectivement, la lecture peut donner une impression de narration dense, à commencer par la taille des lettres plus petite que d’habitude, ainsi régulièrement que la densité d’informations visuelles. Dans le même temps, chaque case s’assimile au premier coup d’œil et se lit facilement. L’artiste utilise un mode amalgamant des traits de contour relativement fins et souples avec de discrets arrondis convenant parfaitement à la jeunesse du musicien, et la technique de la couleur directe pour apporter d’autres informations visuelles, des textures et des ambiances lumineuses. Ainsi il réalise une reconstitution historique étoffée aussi remarquable que naturelle. Le lecteur peut très bien ne pas y prêter attention plus que ça au début. Bien vite, il prend conscience qu’il trouve les éléments qu’il attendait : les roulottes, les tenues manouches, les costumes de gadjé musiciens de Paris avec leur feutre mou, les scènes communautaires des gens du voyage, etc. À l’occasion d’une scène ou d’une autre, la curiosité ou un détail l’intrigue et il prête plus d’attention à une case ou un élément visuel. Il se rend alors compte de l’investissement du dessinateur dans ses représentations. Efa va au-delà de la simple impression globale ou de l’apparence au premier coup d’œil. Il soigne chaque aspect historique : les tenues vestimentaires en différenciant celles plus traditionnelles des Manouches, entre femmes et hommes, ou encore les enfants. Il évoque aussi bien les terrains vagues de la Zone, que les rues pavées de Paris, les rails du tramway, la cour intérieure de l’hôpital Lariboisière. Il soigne également les intérieurs, tant dans leur aménagement que leur décoration, ou encore les accessoires : les roulottes, les bistrots accueillant un orchestre, la chambre d’hôpital, les couloirs de Lariboisière. Dans la première partie, le lecteur se régale avec les quatre cents coups de Django : bagarre de bande, attaque de voiture automobile pour provoquer un accident, tentative de faire dérailler un tramway, et puis l’apprentissage obsessionnel du banjo-guitare avec l’intensité propre à cet âge. Alors que Django devient majeur, sa confiance en lui et son arrogance en impose, avec toujours cette implication dans son art qui le rend sympathique (et puis le lecteur sait qu’il va devenir un dieu de la guitare, mondialement reconnu). Après l’accident, le lecteur regarde le jeune homme à la fois abattu par la perte de son talent, à la fois accablé à la perspective d’une vie de mendiant. La direction d’acteurs insuffle une vie et une plausibilité dans les comportements, au point que le lecteur ressent comme une vérité ce qu’il voit. La mise en scène apporte également une grande clarté dans chaque scène, ainsi qu’une évidence narrative : l’apaisement procuré par la concentration de la pratique du banjo, le contentement ineffable de pouvoir jouer dans un ensemble d’adultes, l’attraction amoureuse magnétique entre Django et Florine Mayer, la communauté manouche unie pour récupérer Django et l’extraire de l’hôpital, les magnifiques deux pages de réapprentissage avec la position de la main gauche sur le manche, etc. Le scénariste a fourni un travail tout aussi remarquable de reconstitution historique que ce soit pour les lieux comme la Zone (espace résultant de l’enceinte de Thiers, surnommé aussi les fortifications ou les fortif’) ou l’hôpital Lariboisière, pour l’évocation de la première carrière de Django avec ses différents chefs de formation musicale : Pierre Vettese dit Guérino (1895-1952), accordéoniste français d'origine sinti piémontaise, Jean Vaissade (1911-1979), accordéoniste et un compositeur français, Jack Hylton (1892-1965), chef d'ensemble à vent, chef d'orchestre, impresario, Émile Audiffred (1894-1948), chanteur, librettiste, parolier et producteur français. S’il connaît le répertoire de l’époque, le lecteur relève les références aux airs populaires, sinon il les découvre dans le dossier en fin d’ouvrage, à commencer par Nuages. Bientôt le lecteur suit Django, en pleine empathie, sans plus se préoccuper de faire preuve de distanciation ou d’esprit critique. Il poursuit sa lecture avec le dossier dans lequel l’auteur expose ce qui relève de faits établis, et ce qui relève d’une interprétation, assimilant par là-même les informations historiques et leur contexte dont il ne disposait pas forcément. Il prend connaissance de l’état d’esprit du scénariste ou de sa ligne directrice : Quand l’historien et le scénariste se mettent finalement d’accord, ils en arrivent à une conclusion claire, il n’existe pas de héros réel qui n’ait sa part de légende. Qu’il ait déjà succombé au charme de Nuages ou non, le lecteur peut éprouver de la curiosité pour les jeunes années de Django Reinhardt, avant la célébrité, ou vouloir retrouver ce duo d’auteurs. Il apprécie immédiatement la narration visuelle colorée et agréable, tout autant que rigoureuse, documentée, à la mise en scène fluide et sophistiquée. Il suit un jeune délinquant sur une mauvaise pente, trouvant sa raison de vivre dans le banjo qui lui permet d’intégrer le monde des adultes en avance, puis le terrible accident et la force de caractère permettant de construire une seconde vie, avec l’aide de sa communauté. Singulier.
Rooster Fighter - Coq de Baston
Une série que j'ai trouvée sympathique à lire à défaut d'être exceptionnel. Le concept est débile comme c'est souvent le cas avec les mangas où les auteurs se permettent souvent de faire n'importe quoi sans se soucier du ridicule. En revanche, ici le ton est assez sérieux alors cela risque de décevoir les lecteurs qui voulaient lire un truc délirant. Si les premiers chapitres sont un peu répétitifs et donnent l'impression qu'on va encore avoir droit à un manga qui va tourner en rond pendant des dizaines de tomes, mais heureusement on introduit de nouveaux personnages et on développe plus le scénario. Certes, au final il y a rien de bien original, notamment au niveau des motivations des personnages ou des leçons de vies qu'on apprend, en dehors du fait que les personnages principaux sont des coqs et des poules, mais le scénario est bien fait et j'ai lu les 7 premiers tomes sans problème. Le dessin est bien maitrisé avec de bonnes scènes de combats. Je ne pense pas lire la série jusqu'au début, mais je ne regrette pas avoir au moins lu les premiers tomes.
L'Appel de Cthulhu
Après avoir lu l'adaptation par Gou Tanabé de Dans l'abîme du temps, sur les conseils de certains adeptes d' HP Lovecraft, je me suis procuré cet ouvrage qui est censé bien introduire l'univers de l'auteur. Car effectivement, je ne suis pas un spécialiste des œuvres de Lovecraft, bien qu'amateur d'épouvante depuis mon plus jeune âge (Stephen King, Graham Masterton, etc). Tout comme pour le premier tome que j'ai lu, l'esthétique de cette série des adaptations du maître par Gou Tanabé éditée chez ki-oon. est du plus bel effet avec sa couverture en simili-cuir rouge gravée. Le trait de Gou Tanabé est toujours aussi précis malgré quelques maladresses notables au niveau de certaines mains et pieds. Les yeux des personnages semblent également parfois comme enfoncés dans leur visage, ce qui m'a gêné par moment. Mais il est vrai que cela ajoute par moment aux impressions d'horreurs qui se dessinent sur les visages des personnages lorsque l'angoisse monte. Les paysages sont, quant à eux, très détailles et vraiment beaux et les alternances de séquences sur pages blanches et sur pages noires ajoutent à l'immersion du lecteur. S'il s'agit sans nul doute d'une très belle adaptation d'un classique de Lovecraft, tout comme pour Dans l'abîme du temps, le principal point faible de ce manga concerne l'histoire qui est d'un tel classicisme que l'on n'est jamais vraiment surpris. Le rythme est également relativement lent et je n'ai jamais vraiment éprouvé d'angoisse en lisant ce manga comme ce put être le cas, plus jeune, lorsque je lisais Ça ou Brume de Stephen King. Malgré tout, il s'agit d'un bon manga d'épouvante dont je conseille la lecture, ne serait-ce que pour ceux qui veulent découvrir l'univers de Lovecraft sans avoir le courage de lire les romans. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 6/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 7/10 NOTE GLOBALE : 13/20
Dark Knights of Steel - Allwinter
Je découvre l'univers de "Dark Knights of Steel" avec ce spin-off de la série mère. C'est aussi ma première incursion dans la collection Elseworlds de chez DC Comics. Le récit principal me fait découvrir un monde froid et glacial, le Rudiver, qui se rapproche de celui des vikings, un monde en noir, blanc et gris où la couleur a disparu depuis l'effondrement du royaume de Maxwell premier du clan du nord lors de la bataille des trois armées. Un monde sans couleurs qui me rappelle deux autres comics : Kroma et Le Passeur (Lowry). On va suivre les aventures de Deathstroke, un guerrier qui loue ses services au plus offrant, un guerrier à la barbe blanche. Le scénario de Jay Kristoff va suivre une trame très classique, Deathstroke va protéger un jeune garçon contre un roi qui veut maintenir son royaume dans le Rudiver. Ce jeune garçon a le pouvoir de rompre le sort maléfique qui plonge le monde dans un hiver perpétuel. Rien de bien innovant dans cette quête fantastique, pas de véritables surprises, des personnages stéréotypés, mais la narration dynamique permet de ne pas s'ennuyer. J'aurais préféré une conclusion qui ne se termine pas en happy end. Le dessin, dans un style informatisé, de Tirso en met plein la vue. C'est puissant, détaillé, expressif et énergique. Quelques touches de couleurs autour du gamin et sur les flash-back. Le point fort de cette histoire. En bonus : "Dark Knights of Steel - Heir to the Sea". Une cinquantaine de pages se déroulant vingt-cinq ans avant la bataille des trois armées. Un récit aux nombreuses références : Atlantis avec ce royaume sous-marin, Batman avec une ville nommée Gotham et un orphelinat au nom d'Arkham, et enfin Arthurien avec cet enfant (Arthur) héritier d'un trône. Sympathique. Le dessin de Riccardo federici au trait gras et les couleurs ternes de Arif Prianto sont agréables à contempler. Pour les aficionados de médiéval fantastique.