Corbeyran signe une série popcorn qui a l'avantage et le bon goût de se lire facilement, mais qui ne se démarque pas coté originalité. Le récit commence par la rencontre entre les 2 protagonistes principaux, rencontre rendue possible grâce à une heureuse histoire d'autostop. Une jeune femme, commerciale, qui passe son temps sur les routes va effet prendre à son bord un jeune inconnu. Il est en fait chargé par une organisation mystérieuse de tuer la jeune femme. Mais au dernier moment, il va renoncer...
C'est ainsi que se lance cette histoire de chasse aux vampires. L'introduction est plutôt efficace, mais rapidement le récit se laisse aller à quelques facilités un peu trop grosses. Comme par exemple, quand la supère-agente-méga-balaise, ceinture noire en élimination de vampires, est envoyée en renfort pour éliminer notre jeune vampire... et échoue lamentablement alors que sa cible est alitée dans une chambre d'hôpital. Mouais...
Si on fait abstraction de ces quelques séquences, on a tout de même une histoire rythmée qui alterne entre action dans le présent et flashbacks. Ces derniers permettent d'expliquer le contexte de l'histoire, et les origines de notre héroïne. Pour le moment, ce n'est pas tellement original comme histoire de vampire, mais en tout cas ça fonctionne. L'ensemble se tient bien et n'est pas désagréable à lire. Le dessin illustre efficacement le récit, il est juste sensuel ce qu'il faut quand il faut, et il est surtout lisible et dynamique.
La série est prévue en 2 tomes, ce qui évitera d'étirer inutilement l'histoire et de la rendre ennuyeuse. Lecture divertissante = cahier des charges rempli.
Naya est une petite fille métisse, pleine d’énergie et de volonté, dotée d’un pouvoir hérité de son père amérindien : celui de faire pousser les plantes à volonté. Elle vit seule avec sa mère et sa ponette dans une petite ville du Far West, et préfère sécher l’école pour jouer les enquêtrices et devenir l'adjointe du shérif.
Il est probable que je ne sois pas le public visé par cette série, mais je n’ai malheureusement pas réussi à y trouver mon compte. Le dessin, tout d’abord, m’a laissé dubitatif : les visages manquent de régularité, avec des expressions aux yeux écarquillés rarement alignés, tandis que les animaux, en particulier les chevaux, souffrent de représentations souvent ratées. La narration graphique, elle aussi, m’a semblé confuse, avec des transitions abruptes et un rythme déséquilibré, rendant l’ensemble difficile à suivre et à apprécier.
Quant au récit, je n’ai pas été davantage séduit. Naya, malgré son tempérament affirmé, m’a semblé surtout bruyante et capricieuse, un peu trop favorisée par un pouvoir magique qui semble surgir sans réelle construction narrative. Sa ponette, affublées de narines démesurées lui valant en partie son nom de Crotte de Nez, est campée comme un ressort comique mais ne m’a guère fait sourire. Les intrigues, elles, s’inscrivent dans un registre très jeunesse, avec une trame convenue, même si le thème de l’identité métisse et du mystère entourant le père de l’héroïne apporte une légère touche d’originalité.
En soi, je n’ai rien contre les récits destinés aux plus jeunes, bien au contraire. Mais encore faut-il qu’ils soient portés par un graphisme maîtrisé et une narration fluide. Ce n’est hélas pas le cas ici, et c’est ce qui, pour moi, a empêché toute adhésion.
C'est assez incroyable. Après tous les films, qu'ils soient documentaires ou pas, les bouquins, les livres d'Histoire, et même toutes les BD consacrées à la deuxième guerre mondiale et à ses suites, on en apprend encore.
Cette fois-ci c'est le sujet des enfants de Buchenwald qui sont sur le devant de la scène. En avril 1945 ce camp de concentration situé près de Weimar est donc libéré, mais il faudra près de deux mois pour que le millier d'enfants qui s'y trouvaient, privés de famille, puissent enfin en partir. Il faut dire qu'à l'époque, personne ou presque ne voulait d'un millier de bouches de plus à nourrir, à fortiori parce qu'il s'agissait d'enfants juifs (sic). C'est donc par l'action combinée de l'OSE (Œuvre de Secours des Enfants) et de la Croix-Rouge qu'ils pourront enfin trouver une solution de transit. C'est ainsi que plus de 400 d'entre eux se sont retrouvés dans un château de l'Eure, en Normandie, encadrés par une poignée de personnes pleines de bonnes volontés et bienveillantes. Car abîmés par ce séjour à Buchenwald, les enfants sont devenus extrêmement méfiants, querelleurs, estimant que tout bien à portée peut leur appartenir ; d'autres encore n'attendaient rien de cette situation transitoire, et ont même tenté d'en finir...
Il y a tant de désespoir, de chagrin, tant de malheurs chez ces enfants qi ont tout perd, compris leurs familles... Plutôt que de raconter des trajectoires individuelles, déjà marquantes en soi, la journaliste et militante Dominique Missika a mixé celles-ci, nous faisant suivre l'évolution d'un petit groupe de cinq enfants aux caractères et aux histoires liées. Certains iront chez des familles d'adoption, d'autres en Israël, d'autres encore aux Etats-Unis, leur rêve ou celui de leurs parents. L'ensemble est tout de même bien écrit, on éprouve beaucoup de compassion pour ces enfants.
Si le dessin, réalisé par Anaïs Depommier est maîtrisé, clair et très lisible, il est à mon goût un peu "lisse". J'imagine que ce choix était dicté par l'intention d'être apprécié par le lectorat adolescent, mais je suis quand même un peu déçu de ce côté-là.
L'ensemble est quand même très intéressant.
Mêlant biographie romancée et reconstitution historique, cet album nous plonge dans la trajectoire trouble de Gabriel Chahine, artiste baroudeur d’origine libanaise, lié de près aux milieux d’extrême-gauche des années 1970-80. Figure aussi charismatique que déroutante, Chahine donna à tous ses proches l'impression qu’il partageait leur engagement révolutionnaire, tout en livrant en secret des informations aux Renseignements Généraux français, allant jusqu’à participer activement à la traque de certains membres fondateurs du groupuscule Action Directe. Un homme en clair-obscur, insaisissable, que les auteurs tentent de cerner, conscients que son esprit déjoue toute tentative de mise en récit linéaire.
Peu amateur de la période des années 70 et encore moins des magouilles politiques de l'époque, j'ai cru que cette lecture allait me barber. Pourtant, malgré un récit dense, bavard et parfois complexe, j’ai été progressivement happé. La narration fluide parvient à rendre accessible un enchevêtrement de témoignages contradictoires, d’enjeux politiques et de manipulations souterraines. Arrivé à mi-parcours, lorsque l’organisation Action Directe entre pleinement en scène et que Chahine s'engage pour de bon à les arrêter, le récit gagne en intensité et prend une dimension passionnante.
C’est une lecture exigeante, au rythme volontairement lent et à la construction rigoureuse, mais c’est surtout une enquête remarquable, solidement documentée, qui éclaire et explique une époque souvent floue et un nom, Action Directe, que l’on connaît souvent sans en mesurer réellement la portée. Et en même temps, il permet de découvrir ce personnage vraiment surprenant qu'était Gabriel Chahine, la définition même de l'esprit humain insaisissable et multiple, à la fois acteur et spectateur d’une histoire qu’il contribue à écrire tout en restant hors-champ.
Une œuvre riche, intelligente, à la croisée du récit politique, du polar et du portrait psychologique, qui mérite d’être découverte et digérée avec le temps qu’elle requiert.
Mouais. Je ne voudrais pas être trop dur avec cet album, qui peut sans doute trouver son public. Mais je ne pense pas être le cœur de cible. J’en suis en tout cas sorti clairement sur ma faim.
Il y a des choses intéressantes pourtant. En particulier tout ce qui tourne autour des robots, de l’utilisation de l’intelligence artificielle. Mais aussi des rapports entre humains et robots : jusqu’où celles-ci peuvent-elles aller ?
La narration est fluide, et l’album, relativement épais pourtant, se lit assez rapidement (peu de texte).
Mais voilà, l’intrigue ne m’a pas passionné, et les dialogue, comme une partie de l’histoire d’ailleurs m’ont paru un peu gentils, s’adressant probablement à un lectorat adolescent ?
Autre petit bémol me concernant, le dessin. Très lisible (mais très peu fouillé, avec des décors quasi absents), je n’aime pas trop le style, qui se rapproche du manga.
Lupano dans un album jeunesse, lui qui touche à tout, pourquoi pas ? Et c’est globalement un album réussi. Le lectorat visé y retrouvera bien sûr la thématique du cirque, un général dictateur haut en couleur et grotesque, petit bonhomme gesticulant et maugréant, incarnant un ridicule amusant.
Le dessin et la colorisation de Fert – toujours très beaux – conviennent à tous les publics, mais donnent ici une touche enfantine qui plaira elle aussi aux jeunes lecteurs.
Mais le lecteur adulte que je suis a aussi trouvé sympathique cette lecture, pleine d’une critique métaphorique d’un pouvoir dictatorial ubuesque, avec ce final autour du clown. Tout cet aspect critique échappera sans doute aux plus jeunes, mais ça permet une lecture partagée en famille plutôt intelligente et agréable.
Note réelle 3,5/5.
Bon, attention, cet album est le fruit de nombreuses recherches dans des archives nationales et familiales, d'entretiens familiaux, de repérages, probablement des milliers d'heures de travail pour un auteur qui a fait de l'autobiographie et et du stakhanovisme ses deux axes de labeur. Les bonus présents en fin d'ouvrage, parmi les plus fournis que j'aie pu voir, en témoignent : deux pages entières de remerciements envers toutes celles et tous ceux qui ont aidé Tobi Dahmen dans sa tâche ; 15 pages de glossaire, pour éclairer les termes et certains éléments des quelques 525 pages de cette BD ; des précisions sur les images et les textes "authentiques" qui ont pu être reproduits, sans oublier une bibliographie impressionnante.
C'est lors d'un long trajet en train avec son père que l'auteur a commencé à constituer le squelette de ce qui allait devenir, dix ans plus tard, cette brique (1, 2 kg pour le bébé) incontournable. La disparition brutale de ce père, au début du processus, n'a pas dissuadé Tobi de continuer son entreprise, a contraire. Il a choisi de raconter les bribes de vie qu'il a pu reconstituer de manière chronologique, ce qui permet de e pas perdre de vue la situation de chaque membre de ces deux familles pendant la décennie où le destin de l'Allemagne a basculé. Il a choisi de laisser les quelques approximations qui ont pu apparaître dans les témoignages qu'il a pu recueillir, pour garder une certaine authenticité. Ainsi a-t-il imaginé la vie de son oncle sur le front russe en se basant sur ses lettres, qui se voulaient souvent allusives.
Prévoyez trois un quatre heures pour lire l'album, car il est difficile de le lâcher ; il comporte de nombreuses scènes poignantes, comme lorsque les enfants sont séparés de leurs parents, ou les retrouvent, ou qu'ils doivent détourner le regard en croisant par exemple des "travailleurs forcés" (encore un truc que je découvre sur la guerre), des prisonniers qui n'ont pas accès aux abris et doivent nettoyer les décombres après un raid aérien. Le style graphique de Dahmen est une ligne claire en tons de gris, mais on sent qu'il a extrêmement travaillé chaque case pour provoquer l'émotion sur chaque séquence, et cela fonctionne totalement.
Voici donc un nouvel album essentiel pour comprendre comme la guerre a été vécue par une (enfin, deux) famille(s) ordinaire(s) en Allemagne.
J'ai lu cette série avec les yeux de Candide. En effet je n'en avais jamais entendu parler ni du film d'ailleurs. Oui oui c'est possible !
Je n'ai toujours pas vu le film mais je me suis rattrapé avec la BD. Dès le début du récit j'ai été séduit par le ton employé par Julie Maroh. Cette montée progressive de la découverte de soi de Clémentine à partir de ses 15 ans sonne juste. L'autrice prend le temps d'installer Clémentine dans son personnage. La découverte de son moi sexuel se fait malgré ses réticences. Je ne suis pas homosexuel mais j'imagine que le débat intérieur n'a pas du être simple pour de nombreux ados, beaucoup se retrouvant à la porte de chez eux dans des conditions parfois dramatiques. Le scénario est vraiment bien construit car en dévoilant le décès de Clémentine dès les premières planches on aurait pu craindre que l'autrice tue l'effet dramatique immédiatement. En fait c'est tout le contraire, pour ma lecture, car je me suis constamment demandé comment on arrive à cette situation. Ensuite Julie Maroh prend le risque d'installer un texte pesant via une voix off lourde et omniprésente. Ici encore le piège est évité avec brio grâce à un équilibre judicieux entre cette narration indirecte et l'action sous nos yeux. Les deux textes font échos et se répondent en permanence. Ensuite c'est une histoire d'homosexualité qui reprend certains messages convenus comme la stigmatisation ou l'affirmation identitaire via la Gay Pride mais je trouve cela assez marginal. Comme le souligne Emma à la mère de Clem, si Emma avait été un garçon rien n'aurait changé et Clem serait tombé amoureuse. C'est vraiment le sentiment que j'ai eu en lisant ce récit. C'est l'histoire d'amour entre Clem et Emma qui fonde le récit avec les mêmes questionnements que pour un couple hétéro : les risques à prendre, la place que chacun donne à l'autre dans son avenir, les jalousies passagères jusqu'aux interrogations d'avoir un enfant pour compléter ce bonheur. Le militantisme pour Emma et l'intimité pour Clem. La mort de celle-ci évite à l'autrice de trancher.
Enfin le final travaille plus sur l'émotion que sur le dramatique avec un choix qui m'a surpris.
J'ai aussi apprécié le graphisme de l'autrice que je trouve très expressif sans charger trop. On reste dans la bonne mesure pour toute la palette des sentiments.
Ma seule vraie réserve concerne le saut temporel qui amène les jeunes femmes à des femmes adultes établies. Au bout de dix ans , on peut imaginer que l'amour fusionnel s'étiole. On ne voit pas dans le récit ce qu'elles ont construit pour solidifier le couple et c'est un manque. De même le graphisme a du mal à faire vieillir le couple.
Cela reste toutefois une très bonne lecture, très accessible et souvent pleine de délicatesse.
Contrairement aux autres aviseurs j'ai un sentiment très mitigé à la sortie de cette lecture. Mention bien pour un graphisme de qualité qui utilise à merveille la surface proposée par l'éditeur. Celui-ci a mis les petits plats dans les grands! La présentation est très moderne avec des découpages ingénieux , diversifiés et qui apporte un confort visuel de haute qualité. Chaque case est finement travaillée dans les moindre détails même si je trouve les personnages manquant de rondeurs et la mise en couleur sans audace.
Passable pour un scénario extrêmement convenu voire manichéen dans son message. J'ai trouvé les personnages tellement stéréotypés qu'une bonne partie du récit m'a ennuyé. Je conviens qu'une part du message est séduisant. Il existe bien une vie en dehors des maths et que l'on peut trouver sa voie en dehors de la porte "math-élem" ( et pas "maths LM", LOL), TC ou TS ( en fonction des époques) qui mènent aux Grandes Ecoles scientifiques. Une sorte de message pro apprentissage bienvenu dans un système scolaire français bien pauvre dans ce registre. Malheureusement j'ai tiqué de nombreuses fois car les auteurs présentent les profs d'Ulysse d'une façon caricaturale et ridicule. J'ai été dérangé par cet effet "comique" qui stigmatise les uns au détriments des autres comme une sorte de retour du balancier vengeur. Ensuite j'ai eu du mal avec le parti pris du gamin qui n'a jamais émincé un légume et qui en trois mois est capable de passer un concours de cuisine. Enfin je ne suis pas le bon lecteur pour cette thématique. Les émissions TV de type "Top Chef" , les livres de cuisines et cette énumération de plats compliqués me lassent très vite.
170 pages qui ne m'ont pas fait saliver mais avec un beau visuel.
Holy shit !!! Le monde libre va mal ! Mais le monde, il a besoin de rire. Alors l'Amérique bien d'chez nous, elle envoie Bill Baroud à la rescousse !
Bras armé de la patrie du Big Mac, notre agent se targue de pouvoir se retenir 47 minutes entre les bras - et les jambes - des plus belles pépées que la Terre ait porté. C'est beaucoup plus que la moyenne nationale selon les statistiques. Hélas, c'est sans compter sur les interruptions du président par message interposé : tatouage inopiné au dos d'une conquête, mérou bavard dans l'assiette, constellation par nuit étoilée, ou plus extravagant, par fax. La nation n'attend pas pour les hommes de la trempe de Bill Baroud...
Paru à la fin des 90's dans Fluide glacial, Bill Baroud est une sorte de Philip Marlowe aussi trapu qu'improbable, exagérément dévoué à la bannière étoilée. Envoyé aux 4 coins du globe, la mine renfrognée, il ne desserre jamais la mâchoire face aux adversaires du monde libre. Parodiant le style hardboiled du polar noir, l'humour se veut potache, l'univers absurde. Ainsi, dans l'esprit de détournement qui caractérise la revue, notre espion croisera un Claude François survolté autant que des lutins communistes, qu'un ersatz de Hulk gitane au bec, ou qu'un Pifou vétéran des barbouzes. Glop-glop ! C'est tout juste si Garcimore et Tatayet ne pointeraient pas le bout de leur nez au cours d'une mission-gag.
L'intégrale* regroupe les 4 tomes de la série. Les 3 premiers sont dans le plus pur esprit Fluide de l'époque (Blutch, Gaudelette, Goossens...). Des histoires courtes dans un noir et blanc tout en dégradé de gris. Le style gros nez du Larcenet des débuts est déjà là. Gras et pataud, il traduit en réalité toute une panoplie d'expressions dans un défilé de tronches et de situations pas possibles.
Le 4ème tome est différent et revient sur les origines d'un espion en herbe. Visuellement proche du style rond et clair des Cosmonautes du futur, l'univers y est aussi plus quotidien, l'humour plus terre à terre, voire politique. À l'image de la ségrégation qui sert de toile de fond. L'auteur délaissant peu à peu l'absurde, pour au final, adopter un ton critique inédit.
Reste que le Larcenet de cette époque n'est pas Édika ou Carlos Giménez. Si ses histoires flirtent avec le non-sens, elles se heurtent trop souvent à un plafond de verre. Ses chutes finissant invariablement à plat. Un sentiment encore accentué par le cadre semi-réaliste du dernier tome qui, en dépit d'une tonalité contestataire revigorante, s'inscrit mal dans la continuité loufoque de la série.
*Petit format à petit prix pour cette intégrale, qui ne nuit en rien à la lisibilité des planches et l'expérience de lecture.
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Exsangue
Corbeyran signe une série popcorn qui a l'avantage et le bon goût de se lire facilement, mais qui ne se démarque pas coté originalité. Le récit commence par la rencontre entre les 2 protagonistes principaux, rencontre rendue possible grâce à une heureuse histoire d'autostop. Une jeune femme, commerciale, qui passe son temps sur les routes va effet prendre à son bord un jeune inconnu. Il est en fait chargé par une organisation mystérieuse de tuer la jeune femme. Mais au dernier moment, il va renoncer... C'est ainsi que se lance cette histoire de chasse aux vampires. L'introduction est plutôt efficace, mais rapidement le récit se laisse aller à quelques facilités un peu trop grosses. Comme par exemple, quand la supère-agente-méga-balaise, ceinture noire en élimination de vampires, est envoyée en renfort pour éliminer notre jeune vampire... et échoue lamentablement alors que sa cible est alitée dans une chambre d'hôpital. Mouais... Si on fait abstraction de ces quelques séquences, on a tout de même une histoire rythmée qui alterne entre action dans le présent et flashbacks. Ces derniers permettent d'expliquer le contexte de l'histoire, et les origines de notre héroïne. Pour le moment, ce n'est pas tellement original comme histoire de vampire, mais en tout cas ça fonctionne. L'ensemble se tient bien et n'est pas désagréable à lire. Le dessin illustre efficacement le récit, il est juste sensuel ce qu'il faut quand il faut, et il est surtout lisible et dynamique. La série est prévue en 2 tomes, ce qui évitera d'étirer inutilement l'histoire et de la rendre ennuyeuse. Lecture divertissante = cahier des charges rempli.
Naya Pika
Naya est une petite fille métisse, pleine d’énergie et de volonté, dotée d’un pouvoir hérité de son père amérindien : celui de faire pousser les plantes à volonté. Elle vit seule avec sa mère et sa ponette dans une petite ville du Far West, et préfère sécher l’école pour jouer les enquêtrices et devenir l'adjointe du shérif. Il est probable que je ne sois pas le public visé par cette série, mais je n’ai malheureusement pas réussi à y trouver mon compte. Le dessin, tout d’abord, m’a laissé dubitatif : les visages manquent de régularité, avec des expressions aux yeux écarquillés rarement alignés, tandis que les animaux, en particulier les chevaux, souffrent de représentations souvent ratées. La narration graphique, elle aussi, m’a semblé confuse, avec des transitions abruptes et un rythme déséquilibré, rendant l’ensemble difficile à suivre et à apprécier. Quant au récit, je n’ai pas été davantage séduit. Naya, malgré son tempérament affirmé, m’a semblé surtout bruyante et capricieuse, un peu trop favorisée par un pouvoir magique qui semble surgir sans réelle construction narrative. Sa ponette, affublées de narines démesurées lui valant en partie son nom de Crotte de Nez, est campée comme un ressort comique mais ne m’a guère fait sourire. Les intrigues, elles, s’inscrivent dans un registre très jeunesse, avec une trame convenue, même si le thème de l’identité métisse et du mystère entourant le père de l’héroïne apporte une légère touche d’originalité. En soi, je n’ai rien contre les récits destinés aux plus jeunes, bien au contraire. Mais encore faut-il qu’ils soient portés par un graphisme maîtrisé et une narration fluide. Ce n’est hélas pas le cas ici, et c’est ce qui, pour moi, a empêché toute adhésion.
Les Enfants de Buchenwald
C'est assez incroyable. Après tous les films, qu'ils soient documentaires ou pas, les bouquins, les livres d'Histoire, et même toutes les BD consacrées à la deuxième guerre mondiale et à ses suites, on en apprend encore. Cette fois-ci c'est le sujet des enfants de Buchenwald qui sont sur le devant de la scène. En avril 1945 ce camp de concentration situé près de Weimar est donc libéré, mais il faudra près de deux mois pour que le millier d'enfants qui s'y trouvaient, privés de famille, puissent enfin en partir. Il faut dire qu'à l'époque, personne ou presque ne voulait d'un millier de bouches de plus à nourrir, à fortiori parce qu'il s'agissait d'enfants juifs (sic). C'est donc par l'action combinée de l'OSE (Œuvre de Secours des Enfants) et de la Croix-Rouge qu'ils pourront enfin trouver une solution de transit. C'est ainsi que plus de 400 d'entre eux se sont retrouvés dans un château de l'Eure, en Normandie, encadrés par une poignée de personnes pleines de bonnes volontés et bienveillantes. Car abîmés par ce séjour à Buchenwald, les enfants sont devenus extrêmement méfiants, querelleurs, estimant que tout bien à portée peut leur appartenir ; d'autres encore n'attendaient rien de cette situation transitoire, et ont même tenté d'en finir... Il y a tant de désespoir, de chagrin, tant de malheurs chez ces enfants qi ont tout perd, compris leurs familles... Plutôt que de raconter des trajectoires individuelles, déjà marquantes en soi, la journaliste et militante Dominique Missika a mixé celles-ci, nous faisant suivre l'évolution d'un petit groupe de cinq enfants aux caractères et aux histoires liées. Certains iront chez des familles d'adoption, d'autres en Israël, d'autres encore aux Etats-Unis, leur rêve ou celui de leurs parents. L'ensemble est tout de même bien écrit, on éprouve beaucoup de compassion pour ces enfants. Si le dessin, réalisé par Anaïs Depommier est maîtrisé, clair et très lisible, il est à mon goût un peu "lisse". J'imagine que ce choix était dicté par l'intention d'être apprécié par le lectorat adolescent, mais je suis quand même un peu déçu de ce côté-là. L'ensemble est quand même très intéressant.
L'Escamoteur
Mêlant biographie romancée et reconstitution historique, cet album nous plonge dans la trajectoire trouble de Gabriel Chahine, artiste baroudeur d’origine libanaise, lié de près aux milieux d’extrême-gauche des années 1970-80. Figure aussi charismatique que déroutante, Chahine donna à tous ses proches l'impression qu’il partageait leur engagement révolutionnaire, tout en livrant en secret des informations aux Renseignements Généraux français, allant jusqu’à participer activement à la traque de certains membres fondateurs du groupuscule Action Directe. Un homme en clair-obscur, insaisissable, que les auteurs tentent de cerner, conscients que son esprit déjoue toute tentative de mise en récit linéaire. Peu amateur de la période des années 70 et encore moins des magouilles politiques de l'époque, j'ai cru que cette lecture allait me barber. Pourtant, malgré un récit dense, bavard et parfois complexe, j’ai été progressivement happé. La narration fluide parvient à rendre accessible un enchevêtrement de témoignages contradictoires, d’enjeux politiques et de manipulations souterraines. Arrivé à mi-parcours, lorsque l’organisation Action Directe entre pleinement en scène et que Chahine s'engage pour de bon à les arrêter, le récit gagne en intensité et prend une dimension passionnante. C’est une lecture exigeante, au rythme volontairement lent et à la construction rigoureuse, mais c’est surtout une enquête remarquable, solidement documentée, qui éclaire et explique une époque souvent floue et un nom, Action Directe, que l’on connaît souvent sans en mesurer réellement la portée. Et en même temps, il permet de découvrir ce personnage vraiment surprenant qu'était Gabriel Chahine, la définition même de l'esprit humain insaisissable et multiple, à la fois acteur et spectateur d’une histoire qu’il contribue à écrire tout en restant hors-champ. Une œuvre riche, intelligente, à la croisée du récit politique, du polar et du portrait psychologique, qui mérite d’être découverte et digérée avec le temps qu’elle requiert.
Les Particules infinies
Mouais. Je ne voudrais pas être trop dur avec cet album, qui peut sans doute trouver son public. Mais je ne pense pas être le cœur de cible. J’en suis en tout cas sorti clairement sur ma faim. Il y a des choses intéressantes pourtant. En particulier tout ce qui tourne autour des robots, de l’utilisation de l’intelligence artificielle. Mais aussi des rapports entre humains et robots : jusqu’où celles-ci peuvent-elles aller ? La narration est fluide, et l’album, relativement épais pourtant, se lit assez rapidement (peu de texte). Mais voilà, l’intrigue ne m’a pas passionné, et les dialogue, comme une partie de l’histoire d’ailleurs m’ont paru un peu gentils, s’adressant probablement à un lectorat adolescent ? Autre petit bémol me concernant, le dessin. Très lisible (mais très peu fouillé, avec des décors quasi absents), je n’aime pas trop le style, qui se rapproche du manga.
Quand le cirque est venu
Lupano dans un album jeunesse, lui qui touche à tout, pourquoi pas ? Et c’est globalement un album réussi. Le lectorat visé y retrouvera bien sûr la thématique du cirque, un général dictateur haut en couleur et grotesque, petit bonhomme gesticulant et maugréant, incarnant un ridicule amusant. Le dessin et la colorisation de Fert – toujours très beaux – conviennent à tous les publics, mais donnent ici une touche enfantine qui plaira elle aussi aux jeunes lecteurs. Mais le lecteur adulte que je suis a aussi trouvé sympathique cette lecture, pleine d’une critique métaphorique d’un pouvoir dictatorial ubuesque, avec ce final autour du clown. Tout cet aspect critique échappera sans doute aux plus jeunes, mais ça permet une lecture partagée en famille plutôt intelligente et agréable. Note réelle 3,5/5.
Columbusstraße
Bon, attention, cet album est le fruit de nombreuses recherches dans des archives nationales et familiales, d'entretiens familiaux, de repérages, probablement des milliers d'heures de travail pour un auteur qui a fait de l'autobiographie et et du stakhanovisme ses deux axes de labeur. Les bonus présents en fin d'ouvrage, parmi les plus fournis que j'aie pu voir, en témoignent : deux pages entières de remerciements envers toutes celles et tous ceux qui ont aidé Tobi Dahmen dans sa tâche ; 15 pages de glossaire, pour éclairer les termes et certains éléments des quelques 525 pages de cette BD ; des précisions sur les images et les textes "authentiques" qui ont pu être reproduits, sans oublier une bibliographie impressionnante. C'est lors d'un long trajet en train avec son père que l'auteur a commencé à constituer le squelette de ce qui allait devenir, dix ans plus tard, cette brique (1, 2 kg pour le bébé) incontournable. La disparition brutale de ce père, au début du processus, n'a pas dissuadé Tobi de continuer son entreprise, a contraire. Il a choisi de raconter les bribes de vie qu'il a pu reconstituer de manière chronologique, ce qui permet de e pas perdre de vue la situation de chaque membre de ces deux familles pendant la décennie où le destin de l'Allemagne a basculé. Il a choisi de laisser les quelques approximations qui ont pu apparaître dans les témoignages qu'il a pu recueillir, pour garder une certaine authenticité. Ainsi a-t-il imaginé la vie de son oncle sur le front russe en se basant sur ses lettres, qui se voulaient souvent allusives. Prévoyez trois un quatre heures pour lire l'album, car il est difficile de le lâcher ; il comporte de nombreuses scènes poignantes, comme lorsque les enfants sont séparés de leurs parents, ou les retrouvent, ou qu'ils doivent détourner le regard en croisant par exemple des "travailleurs forcés" (encore un truc que je découvre sur la guerre), des prisonniers qui n'ont pas accès aux abris et doivent nettoyer les décombres après un raid aérien. Le style graphique de Dahmen est une ligne claire en tons de gris, mais on sent qu'il a extrêmement travaillé chaque case pour provoquer l'émotion sur chaque séquence, et cela fonctionne totalement. Voici donc un nouvel album essentiel pour comprendre comme la guerre a été vécue par une (enfin, deux) famille(s) ordinaire(s) en Allemagne.
Le Bleu est une couleur chaude
J'ai lu cette série avec les yeux de Candide. En effet je n'en avais jamais entendu parler ni du film d'ailleurs. Oui oui c'est possible ! Je n'ai toujours pas vu le film mais je me suis rattrapé avec la BD. Dès le début du récit j'ai été séduit par le ton employé par Julie Maroh. Cette montée progressive de la découverte de soi de Clémentine à partir de ses 15 ans sonne juste. L'autrice prend le temps d'installer Clémentine dans son personnage. La découverte de son moi sexuel se fait malgré ses réticences. Je ne suis pas homosexuel mais j'imagine que le débat intérieur n'a pas du être simple pour de nombreux ados, beaucoup se retrouvant à la porte de chez eux dans des conditions parfois dramatiques. Le scénario est vraiment bien construit car en dévoilant le décès de Clémentine dès les premières planches on aurait pu craindre que l'autrice tue l'effet dramatique immédiatement. En fait c'est tout le contraire, pour ma lecture, car je me suis constamment demandé comment on arrive à cette situation. Ensuite Julie Maroh prend le risque d'installer un texte pesant via une voix off lourde et omniprésente. Ici encore le piège est évité avec brio grâce à un équilibre judicieux entre cette narration indirecte et l'action sous nos yeux. Les deux textes font échos et se répondent en permanence. Ensuite c'est une histoire d'homosexualité qui reprend certains messages convenus comme la stigmatisation ou l'affirmation identitaire via la Gay Pride mais je trouve cela assez marginal. Comme le souligne Emma à la mère de Clem, si Emma avait été un garçon rien n'aurait changé et Clem serait tombé amoureuse. C'est vraiment le sentiment que j'ai eu en lisant ce récit. C'est l'histoire d'amour entre Clem et Emma qui fonde le récit avec les mêmes questionnements que pour un couple hétéro : les risques à prendre, la place que chacun donne à l'autre dans son avenir, les jalousies passagères jusqu'aux interrogations d'avoir un enfant pour compléter ce bonheur. Le militantisme pour Emma et l'intimité pour Clem. La mort de celle-ci évite à l'autrice de trancher. Enfin le final travaille plus sur l'émotion que sur le dramatique avec un choix qui m'a surpris. J'ai aussi apprécié le graphisme de l'autrice que je trouve très expressif sans charger trop. On reste dans la bonne mesure pour toute la palette des sentiments. Ma seule vraie réserve concerne le saut temporel qui amène les jeunes femmes à des femmes adultes établies. Au bout de dix ans , on peut imaginer que l'amour fusionnel s'étiole. On ne voit pas dans le récit ce qu'elles ont construit pour solidifier le couple et c'est un manque. De même le graphisme a du mal à faire vieillir le couple. Cela reste toutefois une très bonne lecture, très accessible et souvent pleine de délicatesse.
Ulysse & Cyrano
Contrairement aux autres aviseurs j'ai un sentiment très mitigé à la sortie de cette lecture. Mention bien pour un graphisme de qualité qui utilise à merveille la surface proposée par l'éditeur. Celui-ci a mis les petits plats dans les grands! La présentation est très moderne avec des découpages ingénieux , diversifiés et qui apporte un confort visuel de haute qualité. Chaque case est finement travaillée dans les moindre détails même si je trouve les personnages manquant de rondeurs et la mise en couleur sans audace. Passable pour un scénario extrêmement convenu voire manichéen dans son message. J'ai trouvé les personnages tellement stéréotypés qu'une bonne partie du récit m'a ennuyé. Je conviens qu'une part du message est séduisant. Il existe bien une vie en dehors des maths et que l'on peut trouver sa voie en dehors de la porte "math-élem" ( et pas "maths LM", LOL), TC ou TS ( en fonction des époques) qui mènent aux Grandes Ecoles scientifiques. Une sorte de message pro apprentissage bienvenu dans un système scolaire français bien pauvre dans ce registre. Malheureusement j'ai tiqué de nombreuses fois car les auteurs présentent les profs d'Ulysse d'une façon caricaturale et ridicule. J'ai été dérangé par cet effet "comique" qui stigmatise les uns au détriments des autres comme une sorte de retour du balancier vengeur. Ensuite j'ai eu du mal avec le parti pris du gamin qui n'a jamais émincé un légume et qui en trois mois est capable de passer un concours de cuisine. Enfin je ne suis pas le bon lecteur pour cette thématique. Les émissions TV de type "Top Chef" , les livres de cuisines et cette énumération de plats compliqués me lassent très vite. 170 pages qui ne m'ont pas fait saliver mais avec un beau visuel.
Bill Baroud
Holy shit !!! Le monde libre va mal ! Mais le monde, il a besoin de rire. Alors l'Amérique bien d'chez nous, elle envoie Bill Baroud à la rescousse ! Bras armé de la patrie du Big Mac, notre agent se targue de pouvoir se retenir 47 minutes entre les bras - et les jambes - des plus belles pépées que la Terre ait porté. C'est beaucoup plus que la moyenne nationale selon les statistiques. Hélas, c'est sans compter sur les interruptions du président par message interposé : tatouage inopiné au dos d'une conquête, mérou bavard dans l'assiette, constellation par nuit étoilée, ou plus extravagant, par fax. La nation n'attend pas pour les hommes de la trempe de Bill Baroud... Paru à la fin des 90's dans Fluide glacial, Bill Baroud est une sorte de Philip Marlowe aussi trapu qu'improbable, exagérément dévoué à la bannière étoilée. Envoyé aux 4 coins du globe, la mine renfrognée, il ne desserre jamais la mâchoire face aux adversaires du monde libre. Parodiant le style hardboiled du polar noir, l'humour se veut potache, l'univers absurde. Ainsi, dans l'esprit de détournement qui caractérise la revue, notre espion croisera un Claude François survolté autant que des lutins communistes, qu'un ersatz de Hulk gitane au bec, ou qu'un Pifou vétéran des barbouzes. Glop-glop ! C'est tout juste si Garcimore et Tatayet ne pointeraient pas le bout de leur nez au cours d'une mission-gag. L'intégrale* regroupe les 4 tomes de la série. Les 3 premiers sont dans le plus pur esprit Fluide de l'époque (Blutch, Gaudelette, Goossens...). Des histoires courtes dans un noir et blanc tout en dégradé de gris. Le style gros nez du Larcenet des débuts est déjà là. Gras et pataud, il traduit en réalité toute une panoplie d'expressions dans un défilé de tronches et de situations pas possibles. Le 4ème tome est différent et revient sur les origines d'un espion en herbe. Visuellement proche du style rond et clair des Cosmonautes du futur, l'univers y est aussi plus quotidien, l'humour plus terre à terre, voire politique. À l'image de la ségrégation qui sert de toile de fond. L'auteur délaissant peu à peu l'absurde, pour au final, adopter un ton critique inédit. Reste que le Larcenet de cette époque n'est pas Édika ou Carlos Giménez. Si ses histoires flirtent avec le non-sens, elles se heurtent trop souvent à un plafond de verre. Ses chutes finissant invariablement à plat. Un sentiment encore accentué par le cadre semi-réaliste du dernier tome qui, en dépit d'une tonalité contestataire revigorante, s'inscrit mal dans la continuité loufoque de la série. *Petit format à petit prix pour cette intégrale, qui ne nuit en rien à la lisibilité des planches et l'expérience de lecture.