Loire

Note: 3.71/5
(3.71/5 pour 7 avis)

Après Lulu Femme Nue, voici un portrait de femme qui est aussi celui d’une région, sur les rives de la Loire.


Davodeau Le deuil Nouveau Futuropolis Pays de la Loire

Quand Louis reçoit cette invitation d’Agathe, il est un peu ému. Et intrigué. Il y a si longtemps. Même si elle ne lui avait plus jamais donné de nouvelles, il ne l’avait jamais oubliée. Des quelques années qu’il a passées avec elle au bord de la Loire, Louis garde un souvenir ébloui. Alors il ne résiste pas à l’idée de prendre quelques jours pour revenir dans la lumière du fleuve. Il décide de marcher vers le lieu de rendez-vous qu’Agathe lui a donné par mail. C’est le soir. Il fait chaud. Louis longe le fleuve avec plaisir et sur une plage décide de se rafraîchir avant d’arriver. Il se fiche à poil et entre dans l’eau. Erreur. Il perd pied et se met à dériver. Il ne panique pas et se laisse flotter sans lutter. Malgré le danger, il se sent bien. Le problème, c’est qu’il commence à faire sombre et que le courant a déposé Louis sur l’autre rive. Le voilà nu, devant parcourir quelques kilomètres à pied pour rejoindre le pont et revenir de l’autre côté. Il attend la nuit noire et entame cette longue balade finalement assez drôle, et qu’il décrira plus tard comme magique. Il arrive à l’aube. Agathe n’est pas là. La maison semble vide. À ce moment-là, il ne sait rien de ce qui va suivre. Il ne sait rien de la surprise qu’Agathe a réservée aux gens qui l’ont aimée...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 04 Octobre 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Loire © Futuropolis 2023
Les notes
Note: 3.71/5
(3.71/5 pour 7 avis)
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10/10/2023 | Mac Arthur
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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Je voudrais penser comme un fleuve. - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2023. Il a été réalisé par Étienne Davodeau, pour le scénario, les dessins et les couleurs. Il comprend quatre-vingt-seize pages de bande dessinée. En exergue se trouvent deux citations, une de Philippe Descola, extraite de son ouvrage Par-delà nature et culture (2005), une autre d’une allocution de Bruno Latour, devant la Commission du Parlement de Loire, Tours, le 19 octobre 2019. Un homme traverse à pied le long pont qui enjambe la Loire à Les Ponts-de-Cé. Il parvient au carrefour sur l’autre rive. Cela fait longtemps que Louis n’est pas revenu ici, depuis des années. Il fait encore une partie du chemin en auto-stop, puis il se fait déposer à quelques distances de sa destination, car il a décidé de finir son chemin à pied. Avec son petit sac baluchon à l’épaule, il marche tranquillement le long de la berge. Il croise un cycliste, il passe devant une maison isolée, le fleuve est calme et tranquille, la lumière orangée. Au beau milieu d’un chemin longeant un champ, totalement isolé, il cède à une impulsion du moment, il n’y a personne. Il se déshabille et laisse ses vêtements sur la rive. Il entre progressivement dans l’eau, il s’asperge le visage. Il s’immerge totalement, il se laisse flotter sur le dos, il fait quelques mouvements de crawl. C’est vrai, c’était il y a quelques années et il était plus jeune. Mais il s’est baigné là des dizaines de fois, et jamais il ne s’était fait piéger pas le courant. Lutter ne sert à rien. Essayer de se détendre. Laisser faire. Flotter. Il passe devant un pêcheur et son fils qui lui demandent si tout va bien, il répond : Impeccable. Il dérive le long d’un bateau et il répond qu’il n’a pas besoin d’aide, que tout va bien. Le batelier l’avertit que le coin est dangereux et que ce n’est pas très malin de nager juste dans le chenal. Louis a dérivé sur deux ou trois kilomètres. Passé le premier moment d’inquiétude, c’est une belle balade. Bon, ça aurait pu être plus simple si le courant ne l’avait pas déposé sur la rive d’en face. Il ne se voit pas sonner à poil chez des gens. Il lui reste donc une solution qui devrait lui sembler complètement idiote. Mais là, non. Attendre la nuit noire. Et hop ! Lui, il est juste revenu pour revoir une vieille amie. Et bien sûr, à ce moment-là, il ignorait tout de ce qui allait suivre. Mais quoi ? Maintenant, il se dit que c’est sans doute la plus belle façon de revenir vers elle. On peut trouver ça un peu ridicule. Passé le pont, il remonte le courant. Et ces quelques kilomètres, c’est comme une remise à flot d’une période de sa vie. Une période heureuse. Avec elle. Tout nu, Louis marche sur le chemin de halage, remontant vers l’endroit où il a laissé ses affaires. Il effraie un oiseau de nuit. Il passe sur un pont en se détournant au passage d’une voiture, il traverse un village totalement endormi. Il continue à marcher le long de la berge. Il découvre qu’il est en train de traverser un champ d’orties, mais après y être entré. Malgré tout ça, il ne regrette rien. C’est une nuit magique. Le titre se résume à un mot unique qui met en avant le fleuve Loire, et l’image de couverture se trouve dépourvue de présence humaine, le personnage principal étant également la Loire. Au cours du récit, le lecteur parcourt plusieurs pages contemplatives, dépourvues de mot, focalisées sur différents endroits du fleuve et de ses berges, parfois avec des activités humaines : au total vingt-et-une pages, souvent construites sur la base de quatre cases de la largeur de la page pour jouir d’un effet panoramique. Avec le personnage principal, le lecteur observe ainsi les belles couleurs de l’eau, en particulier quand Louis s’y baigne, un impressionnant travail de restitution en couleur directe. Il constate que l’eau est aussi calme de jour que de nuit, avec des teintes nocturnes beaucoup plus restreintes. Il reconnaît aussi bien les chemins de halage que les rives boueuses, les clôtures de champ, les herbes folles, sans oublier l’épisode avec les orties. Il constate à quel point le paysage s’avère changeant en fonction du moment de la journée et des conditions climatiques. Au fil des séquences, il voit également différentes formes de l’activité humaine : les barques de plaisance échouées sur la grève, un petit bateau à moitié coulé, des pécheurs isolés, des enfants qui sautent dans l’eau, un barrage, une station de pompage, une installation artistique, etc. Le lecteur prend plaisir à cette forme de vagabondage dans des zones semi-naturelles, une balade ordinaire au bord du fleuve, à différents niveaux, chaque fois, avec ce fleuve quasi immobile et toujours indifférent. Il s’adapte au rythme des promenades et des contemplations, qui s’avère parfaitement en phase avec l’histoire. Plutôt qu’une intrigue à proprement parler, il s’agit d’un moment à la fois banal, à la fois totalement particulier dans l’histoire d’une demi-douzaine de personnes qui font connaissance pour la première fois ou presque pour certaines. Le point de départ est exposé dans les premières pages : Agathe a convié, par personne interposée, ses anciens amants à venir la rejoindre dans sa maison à proximité de la Loire. Ainsi, Louis, qui a vécu cinq ans avec elle se rend chez Lydia & Samuel qui ont hérité de la maison d’Agathe, et arrivent bientôt Djalil, qui a vécu trois ans avec elle, Suzanne, puis Nicolas. Ce sera l’occasion également de retrouver Laure, la fille d’Agathe, et de faire connaissance avec Zélie, la fille de Laure. Puis viendra le temps que chacun rentre chez soi. Au travers des brefs échanges, le lecteur comprend que Agathe était une femme très indépendante et libre, qu’elle a dû avoir de nombreux amants et conjoints, dont seulement quatre ont accepté son invitation. Elle a donc eu une fille sans jamais indiquer qui en est le père. Le lecteur adopte le point de vue de Louis, et se projette dans ses attentes. Il lui tarde de retrouver Agathe, ce qui ne se produira pas pour une raison incontournable. Il espère bien en apprendre plus sur cette femme et sur sa vie, au cours des échanges entre ses anciens amants qui vont ainsi l’évoquer, et… il en sera pour ses frais. La présence d’Agathe se fait sentir, toutefois l’objet du récit se trouve ailleurs. Voilà un récit très particulier dans son approche : le titre est explicite, l’argument initial semble annoncer l’importance d’une femme, son déroulement correspond bien à la Loire comme personnage principal, perçue au travers des protagonistes. La narration visuelle emmène le lecteur au bord du fleuve, avec des traits de contour fins et légers, complétés par une mise en couleur directe nuancée et observatrice. En fonction de son état d’esprit à tel ou tel moment du récit, le lecteur va être plutôt sensible à telle caractéristique qu’à telle autre. Ainsi lors de la promenade nocturne dans le plus simple appareil, son intérêt peut se porter sur la représentation du pont au-dessus de la Loire : la forme du tablier, des piles, le motif géométrique de l’entrecroisement des poutrelles, les courbes inattendues du garde-corps en contraste les angles droits des poutrelles. Plus loin, il ne demande qu’à participer lui aussi à la préparation du repas en terrasse de la maison, une scène banale : découper les tomates, préparer le melon utiliser le moulin à salade, aller chercher de la ciboulette dans un pot derrière a cabane, sortir la bouteille qui est au frais, etc. Il sent une pointe de tristesse s’enfoncer en lui quand Louis se tient sur une chaise dans une chambre d’hôpital au chevet de José que la maladie a empêché de venir. Le bédéaste a opté pour une direction d’acteurs naturaliste, calme et mesurée, sans dramatisation particulière. D’un côté, ce court séjour en bord de Loire peut paraître bien commun aux yeux du lecteur, s’interrogeant sur l’intérêt d’un séjour si peu touristique. De l’autre, il remarque la diversité de ce qui est représenté, la richesse de l’environnement. Il se fait la réflexion qu’il ne prend parfois conscience de cette multitude de petites choses que fortuitement. En page dix dans une petite case, un oiseau est dérangé par le passage nocturne de Louis. En page vingt-et-un, un bel oiseau prend son envol au-dessus de la surface de l’eau sur un magnifique camaïeu jaune en arrière-plan. En page trente, un renard se tient à l’abri des herbes en observant un point devant lui. En page quarante-six, un héron avance précautionneusement dans l’eau. De temps à autre, un vol d’oiseaux parcourt le ciel. L’auteur a dû effectuer un séjour conséquent dans cette région, et il est doué d’un sens de l’observation attentionné pour rendre ainsi compte des détails d’autant de facettes de cet environnement, pour pouvoir restituer autant de particularités, avec une telle justesse. Au point que l’ouvrage se conclut avec Louis indiquant qu’il voudrait penser comme un fleuve. La narration visuelle raconte donc les différents aspects des vies humaines, ainsi que de la faune et de la flore dans cette région. Rapidement, l’esprit du lecteur en vient à établir des connexions entre différents éléments, à effectuer des rapprochements, à en déduire des liens de causalités, à y voir des métaphores. Au travers des propos de Louis, il apparaît que sa relation avec Agathe est indissociable de ce lieu, au point que la présence de la Loire peut être ressentie comme une métaphore de celle d’Agathe. Si cette dernière est absente voire morte, qu’est-ce que cela signifie pour le regard que porte Louis sur la Loire ? Il prend l’envie irrépressible à Louis de se baigner nu dans le fleuve, de se défaire de tous ses vêtements : une autre métaphore ? Une façon de se débarrasser de sa façade sociale, entre le déguisement et le fardeau, pour se plonger dans l’élément liquide comme un retour à la naissance ? Lorsqu’elle se présente aux anciens amants, Laure se livre à une véritable profession de foi : elle sait d’où elle vient, elle vient d’ici, elle est d’ici. Elle rend explicite que l’environnement dans lequel elle a grandi et s’est développée l’a façonnée, qu’elle est un produit du terroir. Au cours du récit, il est également question de ne pas opposer ses émotions à sa raison, de ne pas vivre dans le passé, avec un constat conscient du temps qui passe, de la confiance à accorder aux jeunes. Au cours d’un repas, Suzanne raconte une anecdote sur un chevreuil blessé, que l’inconscient de Louis transforme en symbole pendant un rêve, voire en métaphore pour Agathe. Finalement sur le plan narratif, il se passe bien plus de choses qu’un simple séjour en bord de Loire. Un ouvrage en forme d’ode à la Loire ? Oui, l’auteur la représente avec plaisir, avec un sens de l’observation remarquable, avec des dessins faisant honneur aux ambiances lumineuses, au cours paisible, aux différentes composantes de son écosystème, aussi bien naturelles que la faune et la flore, aussi bien relevant des nombreuses manifestations de l’activité humaine. Un récit nonchalant et indolent, au rythme de l’écoulement quasiment insensible du fleuve ? Les enjeux et les réflexions du récit imprègnent doucement et discrètement le lecteur : le temps qui passe, les disparus et ce que la mémoire garde d’eux, les rencontres qui rapprochent, les souvenirs communs ténus et la distance qui sépare les existences, la pertinence des nouvelles générations, la fugacité de certaines choses (comme l’essor des voyages en avion). Une balade en mode détente, révélant ses saveurs et sa profondeur avec une infinie douceur.

17/07/2025 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Au vu du titre, de la couverture et de quelques lectures récentes de Davodeau, je m’attendais à un nouveau documentaire proposé par un « piéton engagé » sur les bords de la Loire (un fleuve que je trouve souvent beau, et intéressant dans ses méandres). En fait pas du tout. Ou plutôt pas exactement. Car c’est un roman graphique, dans lequel un certain nombre de personnages – dont la plupart ne se connaissent pas – se trouvent réunis suite à l’invitation de leur ancienne maîtresse, Agathe. Dans une maison en bord de Loire donc. Tous vont se remémorer certains moments de leur vie avec Agathe, vont se questionner (un peu sur eux-mêmes, parfois sur les autres). Une sorte de buddy-movie, mais dont le seul lien unissant les protagonistes serait absent. L’histoire est assez légère, manque sans doute d’un peu de profondeur. Mais les nombreux silences (plus ou moins gênés) entre les « amis » d’Agathe, et les très nombreuses cases muettes le long de la Loire, donnent à ce récit un côté poétique qui m’a plu. Le temps passe comme le fleuve, sans que l’on puisse l’arrêter, il faut alors profiter de l’instant présent. Et partir, si le plaisir n’est plus au rendez-vous (en cela un personnage apparaissant tardivement livre une bonne métaphore de ce « départ choisi »). Une lecture rapide, assez plaisante. Une sorte de parenthèse – pas si enchantée que ça, mais qui étale une forme d’ennui (le mot est ici pour moi positif, lié à la méditation, à la rêverie) s’écoulant tranquillement, au rythme des saisons ou des humeurs.

01/07/2025 (modifier)
L'avatar du posteur Calimeranne

J’ai ressenti la lecture de cet album comme une sorte de parenthèse hors du temps, une agréable promenade au bord de la Loire. Il y a certes plus exotique comme destination pour s’évader, mais pour ma part le charme a opéré et je me suis sentie vraiment dépaysée. Il faut dire que les nombreuses cases de toute beauté qui posent le décor invitent à la contemplation, semblent suspendre le temps. L’histoire quant à elle, si elle n’a rien d’extraordinaire, se suit avec intérêt. J’ai aimé les personnages, leur rencontre, leurs interactions. Étienne Davodeau trouve le ton juste pour mener son histoire, et offre à la Loire un rôle à part entière. Un album avec beaucoup de charme.

15/02/2025 (modifier)
Par Cleck
Note: 3/5
L'avatar du posteur Cleck

Jolie BD de Davodeau, faisant penser dans le postulat de son scénario au roman de Sylvain Prudhomme "Par les routes". L'histoire de non-retrouvailles avec un amour de jeunesse est agréable à souhait : la tranche de vie est touchante, intrigante, amusante, anecdotique aussi. Après le beau et engagé Le Droit du sol, la chute est rude, l'ambition bien faible. Mais la réussite de cette tendre BD réside peut-être justement dans la modestie du projet. L'auteur maîtrise admirablement le rythme de son intrigue, la délicatesse des illustrations imprègne de sa lenteur les rebondissements de l'histoire, la saisie du temps qui passe est d'une grande sensibilité et d'une agréable justesse. Une œuvre de Davodeau certes mineure, mais qui se parcourt avec un agréable sourire aux lèvres.

10/12/2024 (modifier)
Par Emka
Note: 4/5
L'avatar du posteur Emka

Je suis heureux que Davodeau abandonne la pseudo enquête maladroite de Le Droit du sol et revienne à ce qu’il fait de mieux, raconter de belles histoires de personnes. La Loire est ici bien plus qu’un décor, c’est un personnage à part entière, une entité vivante qui façonne l’histoire, les souvenirs et les liens entre les protagonistes. Pour bien le connaitre et y passer des heures à vélo, on sent immédiatement qu’il connaît bien ce territoire, qu’il en a une affection profonde, ce qui transparaît dans la douceur de ses traits, la justesse des couleurs et la lenteur calculée du récit. Dès les premières pages, on retrouve ce qui faisait la force d’albums comme Lulu Femme Nue ou Les Mauvaises Gens : cette capacité à nous immerger dans la vie des gens, à capter leurs doutes, leurs silences, leurs fragilités. Davodeau n’a jamais besoin d’en faire trop, il laisse les moments respirer, les paysages parler. Ici, le fleuve est omniprésent, il rythme le récit, comme un écho aux vies qui se croisent. Agathe, la grande absente du récit, a réuni tous ceux qui ont compté dans sa vie, mais c’est finalement la Loire qui les lie plus qu’elle. Visuellement, Davodeau explore des paysages magnifiques, une Loire à la fois sauvage et apaisante, avec des aquarelles aux tons doux, presque méditatifs. On est happé par cette atmosphère feutrée où le temps semble suspendu. Mais sous cette surface paisible, il y a des enjeux humains plus complexes : la quête d’identité, le deuil, la nostalgie des amours passés. Pourtant, et c’est peut-être là la limite, ce sont des thèmes que Davodeau a déjà beaucoup explorés, et on peut parfois avoir l’impression de relire une variation sur des récits passés. Certains lecteurs pourraient se sentir frustrés par cette absence d’enjeu clair, par ce récit qui semble flotter, sans direction précise. On suit Louis et les autres personnages dans leurs errances, mais le cœur du récit reste indéfinissable, presque insaisissable... comme la Loire. Une BD qui ravira les amateurs de Davodeau, ceux qui apprécient son art de l’instant, sa capacité à rendre hommage à la nature et à la simplicité des relations humaines. Mais pour ceux qui attendent plus de tension narrative ou de renouvellement, il se peut que l’histoire finisse par laisser un goût d’inachevé.

27/09/2024 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

Mes dernières lectures de Davodeau furent décevantes et cette série me réconcilie avec son œuvre. J'ai toujours été riverain d'un grand fleuve (Seine, Loire, Meuse ou Danube), les réflexions et les contemplations de Louis sur les bords d'une Loire faussement apprivoisée ne peuvent que résonner fortement dans mon vécu. J'ai trouvé l'idée de départ de l'auteur très originale. Cette idée directrice de présence/absence tout au long du récit qui permet à Louis d'évacuer le superficiel pour (re)découvrir l'essentiel de la vie. J'ai senti dans la narration une grande maturité de l'auteur qui comme Louis ne s'encombre pas de ses vieux oripeaux pour plonger dans un bain d'une humanité qui fait corps avec son environnement. Le parcours de Louis pendant ces quelques jours résume notre parcours entre vie et mort dans une communion non triste avec l'univers où il vit. Sans abandonner son passé (il y a une allusion à la ZAC de ND des Landes) Louis découvre une perception qui le mène au-delà de son matérialisme positif. Par moment j'ai eu l'impression de me retrouver chez Derib avec une initiation chamanique de Sioux. Davodeau a su créer des personnalités très attachantes autour d'une absence. Mais c'est une fausse absence qui est vide seulement si on ne prend pas le temps d'écouter ce silence comme nous y invite le fleuve. Les dialogues sont rares mais très judicieux. L'auteur ouvre des portes sur l'écologie mais sans culpabiliser. J'ai trouvé cette proposition très intelligente et bien plus constructive qu'un discours de combat très stigmatisant mais bien limité. La grande richesse de la série tient dans le formidable graphisme de ces bords de Loire où faune, flore, ouvrages d'art et habitants sont en parfait équilibre harmonique. C'est très contemplatif et d'une beauté saisissante. Une très belle lecture de paix dans ce monde si bruyant.

25/06/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Une fois de plus, Etienne Davodeau parvient à me toucher en ne parlant de pas grand-chose. « Loire » s’inscrit dans la continuité de « Lulu Femme Nue » et de « Les Couloirs aériens ». Il s’agit d’une fiction dans laquelle doucement les personnes se révèlent, autant à elles-mêmes qu’au lecteur. Et si « Lulu femme nue » nous parlait de la crise de la quarantaine, si « Les Couloirs aériens » illustrait celle de la cinquantaine, « Loire » est l’occasion pour l’auteur de s’attarder sur le temps qui passe, sur la mort qui approche inexorablement, sur la trace qu’on laisse et celle qu’on aurait aimé laisser. Et quoi de plus symbolique qu’un fleuve pour nous parler du temps ? Face à lui, nous devenons voyageurs immobiles, observateurs de la vie des rives, laissant les saisons en modifier l’apparence. Cet album offre ainsi beaucoup de planches contemplatives desquelles se dégage une forme d’apaisement, de sérénité face à cet inévitable écoulement. Parallèlement à cela, Etienne Davodeau va nous faire partager la rencontre des anciens compagnons et compagne d’Agathe, en s’attardant plus particulièrement sur Louis. Louis qui dès le début du récit se laisse porter par le courant. Louis qui ne sait pas trop ce qu’il fait là mais n’a pas spécialement envie d’être ailleurs. Louis qui pense au temps qui passe, qui se voudrait père et même grand-père. Louis qui va se retrouver confronté à la fin de vie. Une fois de plus, les personnages mis en scène par Etienne Davodeau m’ont parlé. Une fois de plus le symbolisme qu’il emploie m’a semblé d’une grande justesse. Une fois de plus le caractère humain et l’ambiance apaisée qui se dégagent de son récit m’auront touché. A peine la lecture entamée, je savais que je ne lâcherais pas ce livre avant la dernière page. Alors, de fait, il ne se passe rien ou du moins pas grand-chose… mais qu’est-ce que ça me parle !

10/10/2023 (modifier)