Le Diable et Coral

Note: 3/5
(3/5 pour 3 avis)

Prague,1938. L’Europe sombre peu à peu dans la haine et l’intolérance, et une nouvelle guerre mondiale semble inévitable. À la tête de ce chaos, un certain Hitler, que d’aucuns disent guidé par le Diable lui-même. Et si ce n’était pas qu’une simple métaphore ? Lucifer, retenu à la surface contre son gré, erre dans les rues de la capitale tchécoslovaque, incapable de retourner en enfer.


1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale Auteurs espagnols Diables et démons Golem Prague

La clé de sa liberté réside en Coral, une jeune fille juive à l’esprit vif, seule capable de le voir. Une étrange cohabitation s’installe alors entre eux. Chacun devra user de ruse et d’ingéniosité pour trouver une parade au maléfice qui l’empêche de se débarrasser de l’autre. Mais quel est ce lien énigmatique qui les unit ? Serait-il lié au passé du père de Coral, l’énigmatique rabbin Loew ?

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 25 Avril 2025
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Diable et Coral © Dargaud 2025
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 3 avis)
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15/04/2025 | Ro
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L'avatar du posteur Deretaline

Une histoire de démon et de sorcellerie, de tromperies et de débats moraux, d'une jeune fille juive et du Diable en personne, sur fond de début du XXe siècle et de montée du nazisme, le tout dans un dessin magnifique donnant la part belle aux trais épais et aux contrastes, voilà qui m'a eu l'air on ne peut plus alléchant ! L'éponyme Coral, fille d'un rabbin aujourd'hui malheureusement cérébralement mort, est constamment suivie par Soufre, un démon prétendant être le prince de l'enfer en personne et souhaitant à tout prix récupérer son âme. Avec une prémisse pareille je m'attendais d'abord à ce qu'il s'agisse ici d'une histoire autour de dilemmes moraux (Coral étant une petite magouilleuse) et, oui, il y a bien de ça, mais in fine l'histoire se révèle plus ambitieuse. Montée du nazisme, persécution juive, un passé familial lourd, une relation paternelle compliquée, de la sorcellerie, de l'exorcisme et, bien évidemment, des entourloupes en veux-tu en voilà. C'est du bon, du très bon même, mais je dois avouer que le tout m'a semblé un peu… de trop. L'ensemble se marie bien, l'ambiance créée est intéressante, pourtant je trouve que certains aspects - la montée du nazisme pour n'en citer qu'un - sont un peu trop survolés, auraient mérités d'être plus développé. Je n'aurais pas dit non à ce que ce parallèle entre la montée du mal et la présence du mal incarné sur Terre soit plus étoffé. Soit dit en passant, je ne suis pas sûr d'apprécier les fictions tentant d'illustrer la cruauté de certains personnages historiques en y amenant du surnaturel, surtout quand on illustre que lesdits personnages historiques auraient été aidés/aiguillés par des créatures purement malveillantes. On perd l'aspect malheureusement "humain" de ces figures historiques, et je pense qu'il n'est pas bon de déshumaniser ces êtres "monstrueux", je pense au contraire qu'il faut toujours garder en tête que ces personnes sont/ont été des êtres humains comme les autres et que c'est précisément ce qui rend leurs actes terrifiants. Donc, bon, illustrer le Diable murmurer à l'oreille d'Hitler en personne lors d'un défilé à Prague, je ne suis pas sûre d'apprécier. Mais bon, c'est sans doute pour illustrer l'arrivée d'un mal terrible, sans doute juste une représentation métaphorique. Ce défaut mis à part, l'album est on ne peut plus agréable à lire. Je regrette que l'instabilité politique de l'époque ne serve pas plus l'intrigue mais le résultat proposé reste on ne peut plus louable. L'album vaut le coup d'œil, ne serait-ce que pour les dessins de Homs que je découvre ici et dont je trouve le travail graphique admirable.

02/09/2025 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Le dessin d’Homs est fluide et agréable, et sa colorisation est elle aussi réussie. Les décors du Prague des années 1930 sont bien reconstitués, et les alternances entre gros plans et plans larges, entre parties plus sombres (beau rendu de l’enfer) et plus lumineuses, lui permettent de nous montrer son talent. Une mise en images plaisante donc. J’ai parlé du Prague des années 1930 (1938 plus précisément), mais je m’attendais à ce que l’intrigue utilise encore davantage le climat angoissant de l’Anschluss (et la menace ressentie par les Tchèques des Sudètes ou d’ailleurs par la suite) – même si Hitler apparait, et si l’on voit à plusieurs reprises des Juifs persécutés par des Nazis. Mais tout ceci ne sert finalement qu’à ajouter de la noirceur à l’ambiance générale. Dans cette atmosphère où l’enfer semble vouloir déborder sur la vie réelle, nous suivons Coral, une jeune fille (juive – ce qui n’est pas anodin ici) et ses relations plus ou moins tendues avec le diable (au passage, le diable peine – y compris dans des joutes verbales – à dominer Coral). Le père de la fille est un rabbin exorciste, spécialiste des luttes contre le diable. Au passage certaines scènes font penser au film « L’Exorciste » (en particulier lorsqu’un gamin exorcisé vomit). Un récit relativement original, qui use de thèmes ésotériques et fantastiques (enfer/diable, golem, exorcisme), tout en nous racontant aussi en parallèle une relation distante entre une gamine et son père.

09/07/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Prague 1938. Pour une raison mystérieuse, le Diable lui-même se retrouve bloqué sur Terre, lié à une jeune fille juive qui est la seule à pouvoir le voir et parler avec lui. Il lui a expliqué que pour les libérer tous deux, il fallait qu'elle accepte de le ramener en Enfer, mais cela implique pour elle de faire le mal et de damner son âme, ce qu'elle se refuse à faire. Intelligente et elle-même assez manipulatrice, elle va essayer de clarifier ce que cache vraiment le Diable et si cela a un rapport avec son père, un rabbin désormais en fin de vie qu'elle méprise depuis son enfance. Même si le cadre et les personnages de juifs aux prémices de la Seconde Guerre Mondiale laissent penser à une forte implication du nazisme et de l'antisémitisme dans le récit, ce dernier délaisse assez rapidement ces sombres sujets pour prendre une tournure plus Faustienne de dialogue entre le Diable et les hommes, avec une vraie envergure fantastique. D'ailleurs les clins d'oeil directs au film L'Exorciste ne laissent aucune ambiguïté, ainsi que plus tard des visions proches de l'Enfer de Bosch. C'est donc bien à un conte fantastique auquel nous avons droit avec un cadre historique et géographique qui posent juste un contexte mais ne sont pas essentiels au récit. Le dessin de José Homs est le véritable point fort de cet album. Comme à son habitude, il offre des planches superbes, tant pour les paysages et la ville de Prague elle-même, que pour les personnages qui sont aussi réussis que dynamiques. Tout de la narration à la modernité de la mise en scène est réussi. Il n'y a que le design artistique du Diable lui-même qui ne m'a pas convaincu, car je trouve qu'il manque de charisme et de présence : il tient plus du petit démon que de l'immortel roi des Enfers. Et c'est pareil dans ses dialogues : même si tous ses actes suintent d'une volonté de masquer ses vraies ambitions, de manipuler et de tromper, il le fait comme une créature faible qui a désespérément besoin de l'aide de la jeune héroïne pour s'en sortir. Bref, il n'en impose pas et ça réduit un peu l'intérêt de l'interaction entre lui et les deux personnages principaux. Hormis cela, l'intrigue est bien construite, rythmée et prenante. Elle présente quelques facilités, notamment l'absence de communication entre la fille et son père depuis tant d'années, ainsi que la manière dont l'héroïne arrive à se sortir des situations difficiles, mais elle se lit bien et on passe un bon moment qui permet de savourer agréablement l'excellent graphisme de l'auteur.

15/04/2025 (modifier)