Au moment où vous lisez ces lignes, des « migrants » sont peut-être en train de quitter le rivage libyen sur des canots pourris, d’autres dérivent au milieu de la Méditerranée dans des conditions critiques, avec probablement rien dans le ventre si ce n’est la peur… Leur objectif ? Rejoindre l’Europe dans l’espoir d’une vie meilleure, fuir avant tout la misère, la guerre ou les persécutions dans des pays en crise. Mais avant qu’ils ne puissent trouver une hypothétique terre d’asile, c’est encore un véritable parcours du combattant auquel ils seront confrontés. La plupart d’entre eux, venus d’Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient voire du Bangladesh, convergeront vers la Lybie, un pays « accueillant » faisant office d’entonnoir, où les réseaux mafieux organisent des trafics d’être humains dans des conditions ignobles.
Pour témoigner de tout cela, Lucas Vallerie a pris place durant près d’un mois à bord du désormais célèbre Geo Barents, le navire de sauvetage de Médecins sans frontières qui a fait à plusieurs reprises les gros titres de la presse. Un vrai travail journalistique auquel il a imprimé son regard d’auteur-dessinateur, en décrivant le quotidien des sauveteurs de façon saisissante.
Loin d’être un documentaire convenu, « Traversées » parvient contre toute attente à captiver le lecteur de bout en bout. Vallerie ne se contente pas de décrire froidement ce qu’il a vécu, mais transforme son témoignage en aventure palpitante, en s’impliquant avec une sincérité très touchante et un réalisme qui nous absorbe littéralement. En côtoyant ces sauveteurs, qui font figure de héros des temps modernes (près de la moitié étant des femmes), l’auteur nous fait vivre des opérations parfois périlleuses qui nous font prendre conscience du désespoir de ces gens, un désespoir si profond qu’il les pousse à risquer leur vie pour traverser une Méditerranée souvent tumultueuse et imprévisible. A ce titre, on retiendra la scène terrible du naufrage page 63, qui provoquera la noyade de 30% des cent passagers d’un frêle esquif gonflable…
Autre point fort du récit, Lucas Vallerie donne un visage à ces personnes vues souvent par les médias comme des cohortes anonymes, voire par certaines publications extrémistes comme des envahisseurs cautionnant la théorie si chère à certains politiciens démagogues : le fameux « grand remplacement ». Ce faisant, il décrit leur parcours semé d’embuches, le plus tragique étant celui de la camerounaise Jeannette et sa fille Ina
L’auteur possède un trait simple et abouti, extrêmement sympathique, avec un sens du détail équilibré pour restituer la réalité de son séjour à bord du navire mais aussi pour aussi pour retranscrire les témoignages de plusieurs réfugiés. Les portraits qu’il nous donne à voir des sauveteurs ne sont rien de moins que des hommages mérités. Mais les autres qu’il a fait des personnes secourues, bien plus nombreux, provoquent une émotion irrépressible, sans pathos inutile. J’ai moi-même été bouleversé à plusieurs reprises, c’est dire à quel point ce récit comporte une puissance immersive.
On ne trouvera rien qui puisse jouer en défaveur de ce très beau documentaire empreint d’humanité, auquel Lucas Vallerie a même su glisser une touche d’humour, qui contrebalance à bon escient l’âpreté du propos et ne diminue en rien sa force. Aux réfractaires qui argumenteront probablement que l’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, précisons que « Traversées » se situe à l’écart de tout discours politique. En effet, les équipes du Geo Barents n’ont pour seul rôle d’agir comme tout humain digne de ce nom se devrait de le faire : sauver des vies, point barre. S’opposer à cela ne reviendrait-il pas à promouvoir la non-assistance à personne en danger ?
Comme ils l’ont déjà fait à plusieurs reprises récemment, les éditions Graph Zeppelin et Tabou publient cette série en parallèle, les premiers dans une version soft (signée Trifogli, voir Thrace), les seconds dans une version enrichie d’une quinzaine de pages plus érotiques (signée Trif comme pour toutes ses séries érotiques).
J’avais lu il y a peu la version Graph Zeppelin, que j’avais plutôt appréciée, et je n’ai donc pas eu de surprise en lisant l’histoire.
Dans l’Italie du Ier siècle, nous suivons l’existence de deux jeunes gens de condition différente, mais élevés ensemble (et unis par des liens d’amour forts), Adriana la patricienne et Cleio l’esclave gaulois.
Le père d’Adriana décédant, celle-ci se trouve obligée de rejoindre Rome et un oncle (le salaud de l’histoire), qui la marie après lui avoir fait croire en mentant à la mort de Cléio. Bien évidemment les routes des deux jeunes gens sont appelées à se recroiser. En attendant, Adriana intègre la haute société romaine, alors que Cleio devient gladiateur.
Comme pour la version Graph Zeppelin, j’ai trouvé la narration fluide, Trif prend le temps d’exposer intrigue et personnages. Les scènes érotiques (rien de véritablement hard ici, Trif est resté très soft) s’intègrent bien à l’histoire d’origine, et n’alourdissent pas le récit, qui reste très agréable.
Et ce d’autant plus que le dessin de Trif et la colorisation de Celestini sont vraiment chouettes.
Voilà en tout cas une série historique mâtinée d’érotisme très plaisante et recommandable !
******************************
Je l’avais déjà dit pour la version « soft » publiée par Graph Zeppelin, et cette version de Tabou le confirme, c’est une très belle série, qui utilise très bien l’arrière-plan (Rome et ses intrigues) et développe une histoire intéressante.
Ce deuxième tome nous permet encore de suivre Cleio et d’Adriana, dont l’histoire d'amour contrariée prend de l'ampleur, en même temps qu'elle se fragilise un peu, lorsque Cleio commence à s'enivrer de la gloire conquise dans les arènes. Et Adriana louvoie entre les complots qui secouent les hautes sphères romaines, et le machiavélisme de son oncle (et de la maîtresse de l'Empereur).
Dans cette version Tabou, Trif montre davantage de scènes de sexe, mais sans jamais en abuser, et en plus sans même qu’elles soient spécialement « hot ». En tout cas elles s’insèrent très bien dans la narration, qui reste agréable.
D’autant plus que son dessin est vraiment très bon (que ce soit pour les personnages et les décors), et pas seulement pour les scènes « lascives ». La colorisation de Celestini, très lumineuse, est, elle aussi, très réussie.
Ne reste plus qu’à attendre, avec impatience mais confiance, le tome suivant, qui doit conclure cette série.
************************
Et voilà, la conclusion est arrivée, et, même si ce tome est peut-être un peu moins dense que les précédents, il confirme en tout cas la haute tenue de cette série. Comme pour sa petite soeur plus soft chez Graph Zeppelin, on a là une chouette histoire, une belle histoire d'amour, et une belle reconstitution de la Rome antique.
Et le dessin de Trif est très bon pour les décors et les personnages, en donnant ici une plus grande sensualité. Car c'est de l'érotisme presque soft pour cet auteur. Mais la douzaine de pages ajoutées à la version de Graph Zeppelin ne sont pas du remplissage artificiel, ça s'intègre bien dans le récit.
Une série définitivement recommandable donc, j'ai bien aimé les deux version de cette histoire de Trif/Trifogli.
Plusieurs pages peuvent être découpées (mais ça serait vraiment dommage de gâcher ce livre si vous avez l’insigne chance de tomber dessus !), les consignes pour monter son « décor/maquette » occupant elles-mêmes plusieurs pages de BD.
Car Tardi donne ici la pleine mesure de son talent, pour décrire l’horreur de la première guerre mondiale – l’horreur de la guerre tout simplement. Le très grand format de cette belle collection permet de découvrir de belles planches aérées.
Les amateurs de Tardi ne seront pas surpris, il a maintes fois dépeint ces tranchées et les pauvres bougres que l’on a envoyé au casse-pipe. Au travers de textes où pointent l’ironie, l’amertume, c’est encore une fois pour Tardi l’occasion de dénoncer la guerre, les officiers planqués, l’absurdité d’une boucherie dont les victimes ont perdu le sens (à l’image de ce soldat corse fusillé pour avoir mal interprété – car mal compris – une consigne).
De « belles images d’Epinal », un triste et beau réquisitoire. Un très bel album, sans doute moins facile à dégotter que C'était la guerre des tranchées, son chef d’œuvre du genre (mais Varlot soldat, ou Putain de guerre ! complètent son travail sur le sujet).
Une entame de série qui m’a plutôt charmé, je suis sorti agréablement surpris et ravi de ma lecture . Je ne mets que pas mal mais si la suite est du même tonneau (et pas trop longue) j’augmenterai ma note.
Je n’attendais pas Desberg dans ce registre, malgré des ingrédients déjà vu ici ou là (les cinq conteurs de Bagdad, la collection 7 …), j’ai trouvé le tout frais et original.
La trame narrative (voix off, nombreux flash-back…) ne m’a pas du tout gêné bien au contraire. J’ai adoré l’univers proposé, c’est composé de personnages hétéroclites et attachants, qui sont loin d’être fades (hormis peut être le chevalier). J’aime leur côté « décalé » et la douche froide qui s’ensuit lorsqu’ils pensent arriver au bout de leur quête.
Les dessins et couleurs d’Alexander Utkin, que je découvre, accompagnent magnifiquement le récit, c’est bien construit et détaillé. Un peu réticent au début, ça m’a finalement vite conquis.
J’ai vraiment passé un super moment, ma seule déception vient de ne pas connaître la suite derechef tellement j’étais happé.
MàJ tome 2 :
Bon bah on va rester sur un bon 3*.
J’ai trouvé que la conclusion était moins jouasse que l’entame du récit, je suis limite déçu que l’univers n’est pas été plus développé. La fin est conforme aux contes mais tout m’a paru précipité, on termine sur un sentiment de trop abrupt ou de sacrifié. Je n’ai pas retrouvé la même magie que lors de ma lecture du 1er tome.
Ça reste néanmoins à essayer, je pense juste que ça aurait pu (du) être mieux.
Objectivement, cette BD n’a pas de gros défauts dans sa réalisation pourtant je n’ai pas trouvé ma lecture sensas’, il m’a manqué un truc.
Elle a le mérite de parler d’un sujet lourd, le récit adapte le témoignage de Morgane Seliman. Une femme qui a connu l’enfer avec son conjoint, jusqu’à enfin pouvoir s’en « détacher » mais avec des séquelles visibles et invisibles. Son parcours se veut universel pour beaucoup d’autres dans le même cas et servira peut être de prise de conscience pour certain(e)s.
L’histoire est fluide mais fait froid dans le dos. Elle montre l’ineptie de beaucoup de choses (comportement, justice …). On peste contre notre héroïne en n’espérant que sa délivrance. En fait c’est le genre de récit qu’il faut diffuser, montrer qu’une sortie est possible et que d’avoir le droit de vivre pour soi est primordial.
Mais (le fameux mais), hormis une profonde tristesse pour les faits, je n’ai pas été super accroché de la façon dont ça m’était conté. Il y a (malheureusement) un petit côté linéaire et prévisible qui fait que c’est un peu soporifique.
Le récit ne dépasse pas le simple stade du témoignage et c’est ce que je lui reproche. Le sujet n’est pas le même mais je préfère nettement le traitement proposé dans Tant pis pour l'amour, ou comment j'ai survécu à un manipulateur par exemple.
Méritant mais trop glacial.
2,5
Un album de ce genre, je pense qu’il y a deux manières de l’appréhender. Soit on part du principe qu’il est commercialisé et que, donc, il doit répondre à un ensemble de critères qui le rendent accessible à un large public. Soit on admet qu’il s’agit du travail d’une jeune autrice encore étudiante et on pardonne les maladresses pour ne se focaliser que sur les qualités.
Tout au long de ma lecture, j’ai été bercé entre ces deux visions de l’album.
D’une part, le dessin est souvent maladroit, l’histoire n’est pas des plus passionnantes et la fin m’a semblé étrange. Sur cette seule appréciation, cet album est tout à fait dispensable. Je ne me vois en tous les cas pas l’acheter.
D’autre part, son autrice, Adèle Maury, développe un univers intéressant. Cette idée d’un chat qui représenterait le mâle dominant d’une famille composée d’une mère et de ses deux filles débouche sur certains passages que je trouve finement observés. Les caresses reçues par ce chat attisent les envies et les jalousies, chaque membre de la famille espérant bénéficier de l’attention des autres (soit de l’attention du chat lui-même, soit de l’attention dont le chat bénéficie de la part des autres). L’ambiance est étrange, légère et fragile. La fin est choquante mais elle découle d’une certaine logique des personnages.
En fait, je trouve qu’il y a des qualités dans ce récit et je ne regrette pas de l’avoir lu… mais je pense que c’est un peu tôt pour une publication destinée au commerce. Pour un travail de fin d’étude, c’est prometteur. Pour certaines idées, c’est à lire… Pour le reste, il y a encore beaucoup de points à travailler pour que l’autrice parvienne à transmettre sa propre sensibilité à un large public et à garder l’attention de celui-ci tout au long d’un récit (mais c’est un nom que je retiens).
Pour un travail de fin d'études : 3,5/5
Pour une œuvre commercialisée : 2/5
En lisant une anecdote véridique au sujet d’un chat revenu d’entre les morts, Soledad Bravi s’est amusée à imaginer la suite de ses aventures. Après sa période zombie mangeur de chair humaine, sa tentative de soulèvement de la race féline et une carrière de chateur, Bart embarquera pour son plus grand malheur pour la Chine.
Sans m’avoir réellement fait rire, ce récit m’aura au moins distrait. Soledad Bravi détourne le concept d’une herbe qui ne se révèle en définitive pas spécialement plus verte ailleurs pour nous narrer les déboires de ce chat pas spécialement sympathique mais sur lequel, il faut l’avouer, le sort s’acharne.
La forme du récit oscille entre la bande dessinée et le livre illustré. Le narratif est très présent et, la plupart du temps, les dessins ne font qu’illustrer ce qui est dit. L’autrice joue d’ailleurs avec cette idée et pousse le bouchon le plus loin possible à un point tel que lorsqu’elle décrit la mort de Bart, écrasé par un camion, son dessin se limite juste à un grand ‘scrouiitch’ alors que le narratif précise ‘ « scrouiitch » fait le camion qui grille le feu’.
On peut aussi voir dans les malheurs de ce chat un plaidoyer contre les violences faites aux animaux, même si ici l’accent est surtout mis sur l’humour.
Bon, je ne me suis pas spécialement poilé mais j’ai lu l’album sans déplaisir, et le fait que ça se lise vite permet justement de le terminer avant de se lasser. La dernière pirouette scénaristique, qui permet à l’autrice de boucler la boucle, me laisse sur un sentiment positif. Donc, je vais dire ‘pas mal’ … mais vraiment du bout des lèvres.
Les Enquêtes du chat-tigre est une série adaptée de romans ‘jeunesse’ parus dans la collection Signe de Piste. Un seul tome paraitra en bande dessinée alors que la série compte 13 romans. Et le tome adapté en BD est en réalité le deuxième dans l’ordre des romans.
Malgré le renom des auteurs de cette bande dessinée et leur maitrise technique, il faut bien admettre que cet album est tout sauf convaincant. Le seul point réellement positif que j’en tire est le dessin de Didier Desmit. Assistant de Tibet sur la série Ric Hochet, Desmit montre ici à quel point son style était proche de celui de Tibet, et pour qui, comme moi, aime ce type de dessin certes vieillot mais d’une lisibilité irréprochable, et bien c’est un pur plaisir de lecture.
Malheureusement, le scénario est tout sauf prenant. Alors oui, d’accord, le roman est destiné à un jeune public mais il faut bien reconnaitre que cette énigme policière frise le ridicule à force d’accumuler les absurdités. Les déductions du Chat-Tigre sortent à qui mieux mieux d’un chapeau sans fond, les comportements de l’ensemble des personnages sont trop souvent illogiques et les rebondissements et relances de l’intrigue manquent du plus élémentaire naturel. Sans doute l’adaptation au format BD a-t-elle sa part de responsabilité dans la médiocrité du scénario mais sur seule base de cette bande dessinée, je crains que même le roman soit sans grand intérêt.
Au final, cet album constitue un objet de curiosité dont on peut à la limite s’amuser (même si c’est pas beau de se moquer). Dommage pour Didier Desmit, qui aurait sans doute mérité de pouvoir travailler sous son nom sur une série aux scénarios plus convaincants. Sans lui, ma note aurait d'ailleurs été encore plus sévère.
Je suis sorti globalement déçu de cet album.
Certes, il possède quelques réelles qualités. En premier lieu une histoire alternant passages quasi loufoques (jusqu’au match sans fin de conclusion – qui m’a fait penser au marathon entre Isner et Mahut à Wimbledon en 2010) et d’autres plus contemplatifs, lorsque Winson fait le point sur sa vie.
La mue de Winson, grand enfant phagocyté par son mère et son entourage, monstre froid écrasant tous ses adversaires, qui se transforme et devient plus humain, est plutôt bien menée par Jérémie Moreau.
Mais le sujet de base ne me passionne pas, et j’ai trouvé qu’il y avait pas mal de longueurs. De même, le dessin de Moreau n’est pas trop ma came ici.
Une petite curiosité, mais sur les deux tomes (j’ai lu l’histoire d’une traite dans l’intégrale), je me suis désintéressé de plusieurs passages.
Note réelle 2,5/5.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
La Commode aux tiroirs de couleurs
Quelle belle histoire de femmes. Une commode portant l'héritage de toute ces vies. Vie d'amour, de liberté, de deuil, de force, de résilience.
Traversées - La Route de l'aventure
Au moment où vous lisez ces lignes, des « migrants » sont peut-être en train de quitter le rivage libyen sur des canots pourris, d’autres dérivent au milieu de la Méditerranée dans des conditions critiques, avec probablement rien dans le ventre si ce n’est la peur… Leur objectif ? Rejoindre l’Europe dans l’espoir d’une vie meilleure, fuir avant tout la misère, la guerre ou les persécutions dans des pays en crise. Mais avant qu’ils ne puissent trouver une hypothétique terre d’asile, c’est encore un véritable parcours du combattant auquel ils seront confrontés. La plupart d’entre eux, venus d’Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient voire du Bangladesh, convergeront vers la Lybie, un pays « accueillant » faisant office d’entonnoir, où les réseaux mafieux organisent des trafics d’être humains dans des conditions ignobles. Pour témoigner de tout cela, Lucas Vallerie a pris place durant près d’un mois à bord du désormais célèbre Geo Barents, le navire de sauvetage de Médecins sans frontières qui a fait à plusieurs reprises les gros titres de la presse. Un vrai travail journalistique auquel il a imprimé son regard d’auteur-dessinateur, en décrivant le quotidien des sauveteurs de façon saisissante. Loin d’être un documentaire convenu, « Traversées » parvient contre toute attente à captiver le lecteur de bout en bout. Vallerie ne se contente pas de décrire froidement ce qu’il a vécu, mais transforme son témoignage en aventure palpitante, en s’impliquant avec une sincérité très touchante et un réalisme qui nous absorbe littéralement. En côtoyant ces sauveteurs, qui font figure de héros des temps modernes (près de la moitié étant des femmes), l’auteur nous fait vivre des opérations parfois périlleuses qui nous font prendre conscience du désespoir de ces gens, un désespoir si profond qu’il les pousse à risquer leur vie pour traverser une Méditerranée souvent tumultueuse et imprévisible. A ce titre, on retiendra la scène terrible du naufrage page 63, qui provoquera la noyade de 30% des cent passagers d’un frêle esquif gonflable… Autre point fort du récit, Lucas Vallerie donne un visage à ces personnes vues souvent par les médias comme des cohortes anonymes, voire par certaines publications extrémistes comme des envahisseurs cautionnant la théorie si chère à certains politiciens démagogues : le fameux « grand remplacement ». Ce faisant, il décrit leur parcours semé d’embuches, le plus tragique étant celui de la camerounaise Jeannette et sa fille Ina L’auteur possède un trait simple et abouti, extrêmement sympathique, avec un sens du détail équilibré pour restituer la réalité de son séjour à bord du navire mais aussi pour aussi pour retranscrire les témoignages de plusieurs réfugiés. Les portraits qu’il nous donne à voir des sauveteurs ne sont rien de moins que des hommages mérités. Mais les autres qu’il a fait des personnes secourues, bien plus nombreux, provoquent une émotion irrépressible, sans pathos inutile. J’ai moi-même été bouleversé à plusieurs reprises, c’est dire à quel point ce récit comporte une puissance immersive. On ne trouvera rien qui puisse jouer en défaveur de ce très beau documentaire empreint d’humanité, auquel Lucas Vallerie a même su glisser une touche d’humour, qui contrebalance à bon escient l’âpreté du propos et ne diminue en rien sa force. Aux réfractaires qui argumenteront probablement que l’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, précisons que « Traversées » se situe à l’écart de tout discours politique. En effet, les équipes du Geo Barents n’ont pour seul rôle d’agir comme tout humain digne de ce nom se devrait de le faire : sauver des vies, point barre. S’opposer à cela ne reviendrait-il pas à promouvoir la non-assistance à personne en danger ?
Thrace (Tabou)
Comme ils l’ont déjà fait à plusieurs reprises récemment, les éditions Graph Zeppelin et Tabou publient cette série en parallèle, les premiers dans une version soft (signée Trifogli, voir Thrace), les seconds dans une version enrichie d’une quinzaine de pages plus érotiques (signée Trif comme pour toutes ses séries érotiques). J’avais lu il y a peu la version Graph Zeppelin, que j’avais plutôt appréciée, et je n’ai donc pas eu de surprise en lisant l’histoire. Dans l’Italie du Ier siècle, nous suivons l’existence de deux jeunes gens de condition différente, mais élevés ensemble (et unis par des liens d’amour forts), Adriana la patricienne et Cleio l’esclave gaulois. Le père d’Adriana décédant, celle-ci se trouve obligée de rejoindre Rome et un oncle (le salaud de l’histoire), qui la marie après lui avoir fait croire en mentant à la mort de Cléio. Bien évidemment les routes des deux jeunes gens sont appelées à se recroiser. En attendant, Adriana intègre la haute société romaine, alors que Cleio devient gladiateur. Comme pour la version Graph Zeppelin, j’ai trouvé la narration fluide, Trif prend le temps d’exposer intrigue et personnages. Les scènes érotiques (rien de véritablement hard ici, Trif est resté très soft) s’intègrent bien à l’histoire d’origine, et n’alourdissent pas le récit, qui reste très agréable. Et ce d’autant plus que le dessin de Trif et la colorisation de Celestini sont vraiment chouettes. Voilà en tout cas une série historique mâtinée d’érotisme très plaisante et recommandable ! ****************************** Je l’avais déjà dit pour la version « soft » publiée par Graph Zeppelin, et cette version de Tabou le confirme, c’est une très belle série, qui utilise très bien l’arrière-plan (Rome et ses intrigues) et développe une histoire intéressante. Ce deuxième tome nous permet encore de suivre Cleio et d’Adriana, dont l’histoire d'amour contrariée prend de l'ampleur, en même temps qu'elle se fragilise un peu, lorsque Cleio commence à s'enivrer de la gloire conquise dans les arènes. Et Adriana louvoie entre les complots qui secouent les hautes sphères romaines, et le machiavélisme de son oncle (et de la maîtresse de l'Empereur). Dans cette version Tabou, Trif montre davantage de scènes de sexe, mais sans jamais en abuser, et en plus sans même qu’elles soient spécialement « hot ». En tout cas elles s’insèrent très bien dans la narration, qui reste agréable. D’autant plus que son dessin est vraiment très bon (que ce soit pour les personnages et les décors), et pas seulement pour les scènes « lascives ». La colorisation de Celestini, très lumineuse, est, elle aussi, très réussie. Ne reste plus qu’à attendre, avec impatience mais confiance, le tome suivant, qui doit conclure cette série. ************************ Et voilà, la conclusion est arrivée, et, même si ce tome est peut-être un peu moins dense que les précédents, il confirme en tout cas la haute tenue de cette série. Comme pour sa petite soeur plus soft chez Graph Zeppelin, on a là une chouette histoire, une belle histoire d'amour, et une belle reconstitution de la Rome antique. Et le dessin de Trif est très bon pour les décors et les personnages, en donnant ici une plus grande sensualité. Car c'est de l'érotisme presque soft pour cet auteur. Mais la douzaine de pages ajoutées à la version de Graph Zeppelin ne sont pas du remplissage artificiel, ça s'intègre bien dans le récit. Une série définitivement recommandable donc, j'ai bien aimé les deux version de cette histoire de Trif/Trifogli.
Le trou d'obus
Plusieurs pages peuvent être découpées (mais ça serait vraiment dommage de gâcher ce livre si vous avez l’insigne chance de tomber dessus !), les consignes pour monter son « décor/maquette » occupant elles-mêmes plusieurs pages de BD. Car Tardi donne ici la pleine mesure de son talent, pour décrire l’horreur de la première guerre mondiale – l’horreur de la guerre tout simplement. Le très grand format de cette belle collection permet de découvrir de belles planches aérées. Les amateurs de Tardi ne seront pas surpris, il a maintes fois dépeint ces tranchées et les pauvres bougres que l’on a envoyé au casse-pipe. Au travers de textes où pointent l’ironie, l’amertume, c’est encore une fois pour Tardi l’occasion de dénoncer la guerre, les officiers planqués, l’absurdité d’une boucherie dont les victimes ont perdu le sens (à l’image de ce soldat corse fusillé pour avoir mal interprété – car mal compris – une consigne). De « belles images d’Epinal », un triste et beau réquisitoire. Un très bel album, sans doute moins facile à dégotter que C'était la guerre des tranchées, son chef d’œuvre du genre (mais Varlot soldat, ou Putain de guerre ! complètent son travail sur le sujet).
The Ex-People
Une entame de série qui m’a plutôt charmé, je suis sorti agréablement surpris et ravi de ma lecture . Je ne mets que pas mal mais si la suite est du même tonneau (et pas trop longue) j’augmenterai ma note. Je n’attendais pas Desberg dans ce registre, malgré des ingrédients déjà vu ici ou là (les cinq conteurs de Bagdad, la collection 7 …), j’ai trouvé le tout frais et original. La trame narrative (voix off, nombreux flash-back…) ne m’a pas du tout gêné bien au contraire. J’ai adoré l’univers proposé, c’est composé de personnages hétéroclites et attachants, qui sont loin d’être fades (hormis peut être le chevalier). J’aime leur côté « décalé » et la douche froide qui s’ensuit lorsqu’ils pensent arriver au bout de leur quête. Les dessins et couleurs d’Alexander Utkin, que je découvre, accompagnent magnifiquement le récit, c’est bien construit et détaillé. Un peu réticent au début, ça m’a finalement vite conquis. J’ai vraiment passé un super moment, ma seule déception vient de ne pas connaître la suite derechef tellement j’étais happé. MàJ tome 2 : Bon bah on va rester sur un bon 3*. J’ai trouvé que la conclusion était moins jouasse que l’entame du récit, je suis limite déçu que l’univers n’est pas été plus développé. La fin est conforme aux contes mais tout m’a paru précipité, on termine sur un sentiment de trop abrupt ou de sacrifié. Je n’ai pas retrouvé la même magie que lors de ma lecture du 1er tome. Ça reste néanmoins à essayer, je pense juste que ça aurait pu (du) être mieux.
Il m'a volé ma vie
Objectivement, cette BD n’a pas de gros défauts dans sa réalisation pourtant je n’ai pas trouvé ma lecture sensas’, il m’a manqué un truc. Elle a le mérite de parler d’un sujet lourd, le récit adapte le témoignage de Morgane Seliman. Une femme qui a connu l’enfer avec son conjoint, jusqu’à enfin pouvoir s’en « détacher » mais avec des séquelles visibles et invisibles. Son parcours se veut universel pour beaucoup d’autres dans le même cas et servira peut être de prise de conscience pour certain(e)s. L’histoire est fluide mais fait froid dans le dos. Elle montre l’ineptie de beaucoup de choses (comportement, justice …). On peste contre notre héroïne en n’espérant que sa délivrance. En fait c’est le genre de récit qu’il faut diffuser, montrer qu’une sortie est possible et que d’avoir le droit de vivre pour soi est primordial. Mais (le fameux mais), hormis une profonde tristesse pour les faits, je n’ai pas été super accroché de la façon dont ça m’était conté. Il y a (malheureusement) un petit côté linéaire et prévisible qui fait que c’est un peu soporifique. Le récit ne dépasse pas le simple stade du témoignage et c’est ce que je lui reproche. Le sujet n’est pas le même mais je préfère nettement le traitement proposé dans Tant pis pour l'amour, ou comment j'ai survécu à un manipulateur par exemple. Méritant mais trop glacial. 2,5
Gratin de chat
Un album de ce genre, je pense qu’il y a deux manières de l’appréhender. Soit on part du principe qu’il est commercialisé et que, donc, il doit répondre à un ensemble de critères qui le rendent accessible à un large public. Soit on admet qu’il s’agit du travail d’une jeune autrice encore étudiante et on pardonne les maladresses pour ne se focaliser que sur les qualités. Tout au long de ma lecture, j’ai été bercé entre ces deux visions de l’album. D’une part, le dessin est souvent maladroit, l’histoire n’est pas des plus passionnantes et la fin m’a semblé étrange. Sur cette seule appréciation, cet album est tout à fait dispensable. Je ne me vois en tous les cas pas l’acheter. D’autre part, son autrice, Adèle Maury, développe un univers intéressant. Cette idée d’un chat qui représenterait le mâle dominant d’une famille composée d’une mère et de ses deux filles débouche sur certains passages que je trouve finement observés. Les caresses reçues par ce chat attisent les envies et les jalousies, chaque membre de la famille espérant bénéficier de l’attention des autres (soit de l’attention du chat lui-même, soit de l’attention dont le chat bénéficie de la part des autres). L’ambiance est étrange, légère et fragile. La fin est choquante mais elle découle d’une certaine logique des personnages. En fait, je trouve qu’il y a des qualités dans ce récit et je ne regrette pas de l’avoir lu… mais je pense que c’est un peu tôt pour une publication destinée au commerce. Pour un travail de fin d’étude, c’est prometteur. Pour certaines idées, c’est à lire… Pour le reste, il y a encore beaucoup de points à travailler pour que l’autrice parvienne à transmettre sa propre sensibilité à un large public et à garder l’attention de celui-ci tout au long d’un récit (mais c’est un nom que je retiens). Pour un travail de fin d'études : 3,5/5 Pour une œuvre commercialisée : 2/5
Bart is back
En lisant une anecdote véridique au sujet d’un chat revenu d’entre les morts, Soledad Bravi s’est amusée à imaginer la suite de ses aventures. Après sa période zombie mangeur de chair humaine, sa tentative de soulèvement de la race féline et une carrière de chateur, Bart embarquera pour son plus grand malheur pour la Chine. Sans m’avoir réellement fait rire, ce récit m’aura au moins distrait. Soledad Bravi détourne le concept d’une herbe qui ne se révèle en définitive pas spécialement plus verte ailleurs pour nous narrer les déboires de ce chat pas spécialement sympathique mais sur lequel, il faut l’avouer, le sort s’acharne. La forme du récit oscille entre la bande dessinée et le livre illustré. Le narratif est très présent et, la plupart du temps, les dessins ne font qu’illustrer ce qui est dit. L’autrice joue d’ailleurs avec cette idée et pousse le bouchon le plus loin possible à un point tel que lorsqu’elle décrit la mort de Bart, écrasé par un camion, son dessin se limite juste à un grand ‘scrouiitch’ alors que le narratif précise ‘ « scrouiitch » fait le camion qui grille le feu’. On peut aussi voir dans les malheurs de ce chat un plaidoyer contre les violences faites aux animaux, même si ici l’accent est surtout mis sur l’humour. Bon, je ne me suis pas spécialement poilé mais j’ai lu l’album sans déplaisir, et le fait que ça se lise vite permet justement de le terminer avant de se lasser. La dernière pirouette scénaristique, qui permet à l’autrice de boucler la boucle, me laisse sur un sentiment positif. Donc, je vais dire ‘pas mal’ … mais vraiment du bout des lèvres.
Les Enquêtes du chat-tigre
Les Enquêtes du chat-tigre est une série adaptée de romans ‘jeunesse’ parus dans la collection Signe de Piste. Un seul tome paraitra en bande dessinée alors que la série compte 13 romans. Et le tome adapté en BD est en réalité le deuxième dans l’ordre des romans. Malgré le renom des auteurs de cette bande dessinée et leur maitrise technique, il faut bien admettre que cet album est tout sauf convaincant. Le seul point réellement positif que j’en tire est le dessin de Didier Desmit. Assistant de Tibet sur la série Ric Hochet, Desmit montre ici à quel point son style était proche de celui de Tibet, et pour qui, comme moi, aime ce type de dessin certes vieillot mais d’une lisibilité irréprochable, et bien c’est un pur plaisir de lecture. Malheureusement, le scénario est tout sauf prenant. Alors oui, d’accord, le roman est destiné à un jeune public mais il faut bien reconnaitre que cette énigme policière frise le ridicule à force d’accumuler les absurdités. Les déductions du Chat-Tigre sortent à qui mieux mieux d’un chapeau sans fond, les comportements de l’ensemble des personnages sont trop souvent illogiques et les rebondissements et relances de l’intrigue manquent du plus élémentaire naturel. Sans doute l’adaptation au format BD a-t-elle sa part de responsabilité dans la médiocrité du scénario mais sur seule base de cette bande dessinée, je crains que même le roman soit sans grand intérêt. Au final, cet album constitue un objet de curiosité dont on peut à la limite s’amuser (même si c’est pas beau de se moquer). Dommage pour Didier Desmit, qui aurait sans doute mérité de pouvoir travailler sous son nom sur une série aux scénarios plus convaincants. Sans lui, ma note aurait d'ailleurs été encore plus sévère.
Max Winson
Je suis sorti globalement déçu de cet album. Certes, il possède quelques réelles qualités. En premier lieu une histoire alternant passages quasi loufoques (jusqu’au match sans fin de conclusion – qui m’a fait penser au marathon entre Isner et Mahut à Wimbledon en 2010) et d’autres plus contemplatifs, lorsque Winson fait le point sur sa vie. La mue de Winson, grand enfant phagocyté par son mère et son entourage, monstre froid écrasant tous ses adversaires, qui se transforme et devient plus humain, est plutôt bien menée par Jérémie Moreau. Mais le sujet de base ne me passionne pas, et j’ai trouvé qu’il y avait pas mal de longueurs. De même, le dessin de Moreau n’est pas trop ma came ici. Une petite curiosité, mais sur les deux tomes (j’ai lu l’histoire d’une traite dans l’intégrale), je me suis désintéressé de plusieurs passages. Note réelle 2,5/5.