Columbusstraße (Columbusstraße: Eine Familiengeschichte: 1935 – 1945)

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

Au travers des souvenirs accumulés par la famille de Tobi Dahmen, Columbusstraße nous raconte en creux la deuxième guerre mondiale par le peuple allemand.


1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Allemagne Auteurs allemands Gros albums Nazisme et Seconde Guerre Mondiale, vus par les Allemands Secrets de famille...

La famille Dahmen, installée à Düsseldorf, compte quatre enfants. Elle coule des jours heureux, jusqu'à l'arrivée au pouvoir des Nazis. S'ils ne sont pas directement menacés, leur quotidien va être chamboulé. Le père doit collaborer avec le parti au pouvoir, les deux fils aînés, mobilisables, se retrouvent à guerroyer au loin, l'un en Russie, l'autre en Ukraine, puis en Italie. Et la fille doit travailler pour participer à l'effort de guerre. De l'autre côté, on essaie de mettre les enfants à l'abri, entre les bombardements, les privations, les humiliations...

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 23 Avril 2025
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Columbusstraße © Robinson (Hachette) 2025
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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23/04/2025 | Spooky
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Par grogro
Note: 2/5
L'avatar du posteur grogro

Je vais être très très sévère : Columbusstrasse est ce qu'on appelle dans le jargon "une bonne grosse déception" ! Repérée bien avant sa sortie, je l'attendais de pied ferme, et quand enfin, elle est arrivée chez mon dealer, mon excitation a atteint son paroxysme, eu égard aux 500 et quelques pages de la bestiole. Le premier tiers se déploie lentement, à un tempo qui me convient bien. On prend le temps de découvrir les personnages, les liens familiaux ; on sent petit à petit les barrières tombées vis à vis du national socialisme qui finit par emporter l'adhésion de certains membres de la famille, notament par le biais du langage. J'ai retrouvé ici parfaitement illustré les propos de Victor Klemperer sur la langue du Troisième Reich qui agit comme un poison : on l'avale sans y prendre garde et semble n'avoir aucun effet sur le coup... On pourra lire son livre LTI, la langue du IIIe Reich qui reste le meilleur ouvrage sur le sujet. Mais bref ! Cette partie, bien qu'un peu arythmique, est assez bien vue, laissant présager du lourd à venir. En outre, le dessin qui ne cherche pas la performance graphique, fait plus que son office : il est même assez séduisant, que ce soit dans le trait un peu gras des contours, dans la stylisation efficace ou le rendu des gestes et expressions. Seulement voilà, ce rythme n'évolue pas. Au contraire, on a le sentiment que l'auteur perd son fil narratif à plusieurs reprises pour se perdre dans ce labyrinthe familial. Bien souvent, on reste dans l'anecdotique, et au final, mon intérêt s'est érodé. Ajoutons à cela quelques soucis de traductions irritants, dont certains génèrent même des ambiguïtés au niveau du sens (plus problématique, on trouve une ou deux erreurs de dates : les américains n'étaient pas encore en Allemagne en février 44 !!!). Et puis globalement, on reste au niveau le plus trivial, c'est à dire strictement familial. Jamais ou presque on ne ressent le danger du quotidien, ou une quelconque tension, contrairement aux récits de Sebastian Haffner par exemple. Ici, on demeure dans le très banal, genre le feuilleton de l'été de TF1. De longs passages épistolaires sans grand intérêt alourdissent l'ensemble. L'auteur s'enferme dans cette petite routine mal assurée, sans avoir de réel objectif. La fin d'ailleurs confirme ce sentiment et arrive "comme ça". Ah bon ? Ca se finit comme ça ? Soit !... Ah ! dernière chose : les retours dans le présent arrivent comme des cheveux sur la soupe et n'apportent rien au récit, sinon un poids supplémentaire, si besoin était de lester d'avantage ce gros volume. Je me suis vraiment forcé pour en venir à bout. Et pour quel bénéfice ? Achevée il y a une semaine déjà, il ne m'en reste rien, ou quasi. En comparaison, Histoire d'un allemand de Sebastian Haffner, m'a habité pendant des semaines et continue même de m'inspirer... Bref ! Columbusstrasse valait-il la peau des arbres nécessaire à son impression ? Pas certain... (Note réelle 2,5)

02/06/2025 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
L'avatar du posteur Spooky

Bon, attention, cet album est le fruit de nombreuses recherches dans des archives nationales et familiales, d'entretiens familiaux, de repérages, probablement des milliers d'heures de travail pour un auteur qui a fait de l'autobiographie et et du stakhanovisme ses deux axes de labeur. Les bonus présents en fin d'ouvrage, parmi les plus fournis que j'aie pu voir, en témoignent : deux pages entières de remerciements envers toutes celles et tous ceux qui ont aidé Tobi Dahmen dans sa tâche ; 15 pages de glossaire, pour éclairer les termes et certains éléments des quelques 525 pages de cette BD ; des précisions sur les images et les textes "authentiques" qui ont pu être reproduits, sans oublier une bibliographie impressionnante. C'est lors d'un long trajet en train avec son père que l'auteur a commencé à constituer le squelette de ce qui allait devenir, dix ans plus tard, cette brique (1, 2 kg pour le bébé) incontournable. La disparition brutale de ce père, au début du processus, n'a pas dissuadé Tobi de continuer son entreprise, a contraire. Il a choisi de raconter les bribes de vie qu'il a pu reconstituer de manière chronologique, ce qui permet de e pas perdre de vue la situation de chaque membre de ces deux familles pendant la décennie où le destin de l'Allemagne a basculé. Il a choisi de laisser les quelques approximations qui ont pu apparaître dans les témoignages qu'il a pu recueillir, pour garder une certaine authenticité. Ainsi a-t-il imaginé la vie de son oncle sur le front russe en se basant sur ses lettres, qui se voulaient souvent allusives. Prévoyez trois un quatre heures pour lire l'album, car il est difficile de le lâcher ; il comporte de nombreuses scènes poignantes, comme lorsque les enfants sont séparés de leurs parents, ou les retrouvent, ou qu'ils doivent détourner le regard en croisant par exemple des "travailleurs forcés" (encore un truc que je découvre sur la guerre), des prisonniers qui n'ont pas accès aux abris et doivent nettoyer les décombres après un raid aérien. Le style graphique de Dahmen est une ligne claire en tons de gris, mais on sent qu'il a extrêmement travaillé chaque case pour provoquer l'émotion sur chaque séquence, et cela fonctionne totalement. Voici donc un nouvel album essentiel pour comprendre comme la guerre a été vécue par une (enfin, deux) famille(s) ordinaire(s) en Allemagne.

23/04/2025 (modifier)