J'ai lu cette série en y allant à l'aveugle et ce fut une agréable surprise.
L'idée est classique mais bien utilisée je trouve : et si l'on pouvait entrer dans les livres pour vivre leurs histoires ? Et de cette questions découlent tant d'autres : peut-on entrer dans un récit DANS un autre récit ? Peut-on faire se rencontrer des personnages d'œuvres très différentes ? etc.
Ici, sans surprise, on retrouve quelques dialogues métas (une référence textuelle au fait qu'il y a eu un tome 1 de cette série, notamment), mais aussi un propos filé sur les récits en eux-mêmes, ce qu'on en retire et ce que l'on gagne à les réinterpréter. Bon, ici, la réinterprétation de ces textes est plus concrète qu'elle ne le serait pour nous lecteur-ice-s lambdas, mais il n'empêche que le propos est là et que, même s'il n'est pas révolutionnaire, il me plait beaucoup.
Pour l'intrigue de la série en elle-même, elle est à la fois très simple et pleine de potentiel. La situation initiale nous est présentée très rapidement dans le premier tome (le deuxième nous introduit quant à lui le grand méchant à la volée) et les évènements et dialogues s'enchaînent avec grande rapidité et nonchalance. Les récits aux rythmes effrénés, pour moi, ça passe ou ça casse, mais lorsque l'histoire et la mise en scène tiennent la route, ça fonctionnent généralement très bien pour moi. Ici, ça fonctionne.
La situation initiale, donc, est celle de Benjamin Blackstone, hébergée chez sa tante suite au décès mystérieux de ses parents et qui va faire connaissance avec le fantomatique Lord Schenbock, personnage excentrique ayant la capacité de voyager dans les œuvres de fiction. Oui, le postulat de base est extravagant (et classique), mais je trouve que le scénario arrive à suffisamment jouer sur son aspect volontairement déjanté et référencé que cela passe.
En terme de références, préparez-vous à en voir passer quelques unes, et dans des univers parfois très éloignés (mais généralement très grand public). Je déplorerais quelques fois que le caractères de certains personnages s'éloigne un peu trop de leurs homologues littéraires, mais cela est en partie dû au statut de série jeunesse (et à l'aspect "loufoque et bon enfant" du récit).
Seuls deux albums sortis à ce jour et plus de nouvelle depuis 2017. Je croise les doigts pour que la série reprenne (si inspiration il y a), car je pense qu'il y a un bon potentiel là-dedans.
(Note réelle 3,5)
Une lecture rapide - sans doute trop rapide même, c'est sa principale faiblesse - mais plutôt plaisante.
L'intrigue prend un peu à rebours les récits traitant des Amérindiens "embarqués" par des Européens, acculturés et revenant chez eux (souvent en y rapportant des maladies mortelles).
Ici, le récit du "revenant" (j'en parle comme d'un fantôme car il n'est vu que comme une ombre, on peine à le reconnaître comme l'homme de chair et d'os qu'il était avant de quitter sa tribu) n'arrive pas à convaincre son peuple de la véracité de ce qu'il a pu observer chez les hommes blancs. L'incrédulité est forte, et, plutôt que de remettre en cause tout l'échafaudage mythique et humain sur lequel la tribu a bâti ses fondations, on préfère chasser celui qui forcément n'est plus l'homme que l'on connaissait, puisqu'il parle comme un fou.
Il y a un côté ironique dans le récit, un peu poétique.
Je ne connais pas le texte d'origine de London, mais j'ai trouvé intéressante cette adaptation. Mais je l'ai aussi trouvée trop courte. Il y manque une certaine densité, une montée en tension, lorsque les deux visions du monde sont brutalement confrontées par exemple.
Quand au dessin, il est lui aussi très simple, ne s'embarrasse pas de fioritures. Mais là je trouve que ça passe mieux, c'est moins frustrant que pour le récit lui-même.
Très bon album !
On nous parle de magie, de rêves et d'amour. D'amour de liberté, d'amour romantique, d'amour toxique mais aussi (et surtout, j'ai envie de dire) d'amour propre. Le récit joue parfois à la frontière du réel et de l'imaginaire, glissant quelques fois des concepts anachroniques (jouant sur les flous de temporalité), jouant même avec la mise en scène propre au medium de la bande-dessinée. J'y ai ressenti une grande inspiration du Château ambulant - voire même du Château de Hurle dont il est adapté - avec cette relation amoureuse toxique et ce love interest mystérieux et immature (bien qu'ici cela se termine de manière beaucoup moins positive pour le couple, la maturation se payant à un prix plus élevé).
Les dessins sont beaux, j'ai particulièrement aimé le travail des visages, avec les grands yeux souvent écarquillés des personnages, cela jouait beaucoup sur les émotions de certaines scènes (la joie comme le malaise). Les couleurs bonbons et pétantes aident beaucoup à créer l'impression de "doux rêve" que vit Cléa, contrastant très bien avec l'apparition d'éléments plus horrifiques.
Je me rend compte qu'il y aurait tellement de choses à dire, je n'ose pas parler de beaucoup d'éléments intéressants que j'ai découvert à ma lecture. Je pense sincèrement que l'album fait parti de ces histoires qui gagnent a être lues sans connaissances au préalable.
Une très bonne surprise pour ma part.
Mais qui peut vraiment se résigner à la perte d’un être cher ?
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Ce tome fait suite à Automne en baie de Somme (2022) qu’il vaut mieux avoir lu avant. Son édition originale date de 2024. Il a été réalisé par Philippe Pelaez pour le scénario, et par Alexis Chabert pour les dessins et la couleur directe. Il comprend soixante-dix pages de bande dessinée.
Une jeune ballerine danse gracieusement sur un ponton, sous la neige tombante. Sur cette scène de fortune, elle virevoltait comme virevoltait la neige, accompagnant de ses mains la chute de flocons au rythme indolent de l’adage. Les planches recrues et crevassées ne semblaient pas souffrir de ses arabesques et de ses jetés, de ses chats et de ses entrechats, mais au contraire gémissaient de plaisir sous la scansion des menées. La neige elle-même, presque affectée de troubler un ballet sur lequel elle jetait son voile lilial, disparaissait instantanément au contact de cette peau de sylphide. Devant la foule des invisibles, la danseuse chutait pour se relever sans cesse, se relevait pour chuter encore, trahie par un corps qu’elle avait trop longtemps malmené. Qu’elle avait malmené quand elle virevoltait comme virevoltait la neige, accompagnant de ses mains la chute des flocons au rythme indolent de l’adage.
Opéra Garnier, à Paris en février 1897. Les spectateurs continuent de s’installer. En arrivant dans la grande salle, l’une d’entre eux demande si c’est la loge du président Félix Faure, au milieu. Un homme lui répond que non, que sa loge à lui est maçonnique. Son mari leur indique de regarder la place numéro treize, c’est là qu’une femme est morte l’année dernière en mai quand un contrepoids du lustre a crevé le plafond et lui a écrasé la tête. Son épouse pousse un petit cri : c’est horrible. L’autre homme lui suggère de songer que l’opéra Garnier est le treizième opéra de Paris. L’époux ajoute que ce soir ils jouent La damnation de Faust. Dans un autre rang, ils repèrent un homme, et l’époux l’identifie : c’est Pierre Séverin, un des membres actifs de l’ancienne ligue des patriotes, de Paul Deroulède. Elle le détrompe, pas lui, l’autre. Il le reconnaît également : c’est l’inspecteur Broyan, il a été révoqué il y a quelques mois pour avoir violemment agressé Nicolas Boursaut-Choiseul, l’héritier du banquier. Il ajoute que Broyan enquêtait sur la mort d’Alexandre de Breucq, mais cela n’a rien donné du tout. Ils décident de regagner leurs places. Séverin et Broyan se demandent pour quelle raison le colonel Tréveaux ne se montre pas. Le directeur de l’opéra se pose la même question, et il demande à son assistant d’aller vérifier si le colonel ne se trouve pas au foyer de la danse. Dans la fosse, le chef d’orchestre donne le signal en levant sa baguette et les musiciens entament leur partition. Dans les cintres, le colonel Tréveaux, vêtu d’un simple pagne noué autour de sa taille, est attaché dans une position de croix. Il demande à son maître s’il va être purifié. Dans l’ombre, son interlocuteur répond qu’il va l’être au-delà de ses espérances. Un coup de poignard tranche la gorge du colonel et toujours attaché son corps va balancer au-dessus des spectateurs dans leur fauteuil.
Après l’automne vient l’hiver, littéralement même puisque cette histoire s’ouvre sous les flocons de neige, en février 1897. Le malheureux inspecteur Amaury Broyan est de retour pour une nouvelle enquête qui s’annonce difficile puisqu’il a été radié de la police. D’ailleurs, le lecteur tique un peu en observant la liberté de mouvement dont jouit l’ex-inspecteur : il retourne dans les bureaux de la police pour témoigner devant l’inspecteur Jules, il a accès à des informations confidentielles, ses anciens collègues continuent de le respecter, il ne semble pas avoir de soucis de fin de mois… D’un autre côté, il est plausible que ses anciens collègues le soutiennent parce qu’ils estiment que ses actions étaient justifiées. Il n’en reste pas moins qu’il se promène avec facilité dans des lieux où il n’a rien à faire… et le scénariste apportera une explication à cette forme de liberté. D’une manière générale, les auteurs positionnent leur récit dans un registre plausible et réaliste, usant d’effets romantiques pour faire transparaître l’exaltation des personnages. Ainsi le lecteur accompagne Amaury Broyan dans ses déplacements et ses discussions, suivant ses intuitions et ses déductions. Il voit comment la police progresse de son côté, en fonction des informations qu’elle parvient à obtenir. Comme dans tout bon polar, les personnages sont amenés à côtoyer des individus de toutes les couches sociales, et cela met en lumière des aspects peu reluisants de la société de l’époque, à cet endroit du globe.
Comme pour le premier tome, les auteurs ont choisi de situer très explicitement l’action : à Paris, en février 1897. Ce genre de parti pris induit que l’artiste doit se prêter au jeu de la reconstitution historique, doit investir le temps et l’énergie nécessaire pour les recherches et les représentations. Le lecteur est à la fête dès la deuxième page : une vision de l’opéra Garnier à la nuit tombante, les ors de la salle, les toilettes variées de ces dames, les costumes plus stricts de ces messieurs, les fauteuils plus ou moins confortables, les couloirs permettant d’accéder à la salle, les cintres, etc. L’artiste sait doser ce qu’il détoure avec un trait noir, ce qu’il représente en couleur directe, le niveau de détail de chaque élément entre une précision technique et une impression. En fonction de sa sensibilité et de son mode de lecture, le lecteur peut se focaliser aussi bien sur les textures (par exemple le marbre des colonnes), que sur éléments de décors, ou bien sur l’ambiance lumineuse chaude diffusée par l’éclairage. En page onze, la criminelle s’enfuit avec une légère carriole dans une case de la largeur de la page en élévation, avec une belle représentation d’un immeuble haussmannien en premier plan. En page treize, Broyan descend sur les quais bas au pied de la cathédrale Notre-Dame de Paris : il éprouve la sensation de s’y trouver, et d’avoir le privilège de pouvoir pénétrer dans un caveau accessible depuis ledit quai. Le dessinateur apporte le même soin pour les intérieurs, par exemple le bureau de l’inspecteur Jules : le feu de cheminée, le modèle de chaise, les casiers, le bureau et sa corbeille, le portemanteau, l’accessoire pour déposer les parapluies mouillés, les meubles de rangement. Le lecteur se rend compte qu’Alexis Chabert choisit ses cadrages et élabore ses structures de pages pour montrer ces lieux, c’est flagrant avec l’appartement spectaculaire de Gabriel Delanne, en pages 28 & 29.
Dans le même temps, le récit met en scène des sentiments intenses, ce qui offre également la latitude à l’artiste d’emmener sa narration visuelle dans des pages plus échevelées, se teintant d’expressionnisme. Cela commence avec la première planche : Lisianne effectuant des entrechats allant librement d’une position à l’autre sans avoir à franchir des bordures de case (il n’y en a pas). La mise à mort du colonel Tréveaux bénéficie d’une mise en scène spectaculaire et morbide à souhait : le cadavre attaché se balançant à plusieurs mètres au-dessus des spectateurs, la blessure à la gorge laissant s’échapper du sang qui leur pleut dessus. Les hallucinations de Lisianne dans la caverne sous l’opéra Garnier donnent lieu à des cases aux contours irréguliers comme voletant en insert sur un dessin en pleine page. Son emprise hypnotique sur le banquier Larrey se traduit par un vol de chauve-souris qui se transforme en pantins de papier, traduisant les associations d’idées qui se produisent dans son esprit, au gré de l’emprise de la jeune femme. En page cinquante-deux, le lecteur découvre une magnifique illustration en pleine page, sans un mot : une haute silhouette drapée de rouge, maniant une gaffe pour diriger sa barque sur une eau dégageant des fumerolles, telle Charon faisant traverser deux défunts. Ensorcelant.
À l’instar du premier tome, les auteurs indiquent explicitement leurs sources d’inspiration, un hommage honnête. La première citation est extraite du roman Le fantôme de l’Opéra (1910), de Gaston Leroux (1868-1927), l’intrigue s’en inspirant directement. La seconde reprend des vers de Victor Hugo (1802-1885) extraits de Le livre des tables (1853-1855), sur le spiritisme. Le scénariste fait baigner son récit dans la fascination de l’époque pour l’hypnotisme, le magnétisme et le spiritisme, évoquant les travaux du docteur Jean-Martin Charcot (1825-1893, médecin clinicien et neurologue), Franz-Anton Mesmer (1734-1815, fondateur de la théorie du magnétisme animal), Gabriel Delanne (1857-1926, spirite). Le scénariste intègre également la dimension politique de l’époque, en évoquant explicitement Paul Deroulède (1846-1914, fondateur de la Ligue des Patriotes en 1882) et président Félix Faure (1841-1899, septième président de la République française). La reconstitution historique du contexte politique et sociale s’avère aussi riche que celle visuelle. Le cœur de l’intrigue repose sur la même famille de crimes que dans le premier tome, et la soif de vengeance qu’ils engendrent, faute d’une justice adéquate dans une société qui tolère ces abus.
Un second tome très réussi : la narration visuelle a gagné en densité et en élégance, en émotion et en rigueur. L’intrigue policière reste dans un registre plausible, tout en faisant ressortir les affres insupportables dans lesquelles les victimes sont plongées, les conduisant à des actes terribles. Un récit enfiévré et poignant.
Un one-shot hors-continuité qui voit une Wonder Woman se réveiller dans un univers post-apocalyptique. Elle va essayer d'apporter le bien et continue à croire qu'il y a du bon chez les humains malgré tout.
Le scénario manque souvent d'originalité, mais il est efficace et c'est une bonne occasion de découvrir le personnage de Wonder Woman sans avoir à lire une histoire incompréhensible si on ne connait pas les comics de super-héros. On peut regretter que certains thèmes (notamment la foie de l'héroïne en l'humanité) sont traités de manière simplistes parce qu'au final on reste dans du pur divertissement grand public.
Le dessin est plutôt bon avec une mise en scène souvent spectaculaire.
Oui, on prend les mêmes et on continue !
Pourquoi se gêner si la recette fonctionne bien, et si l'auteur peut se laisser aller à sa passion des armes à feu et des voitures ?
Mais il convient de lire la 1ère partie avant (Gunsmith Cats), sinon on risque d'être vite paumé.
Je trouve que cette suite est un poil moins sordide (à moins que je me sois habitué), mais ce n'est toujours pas à mettre dans les mains d'une âme pure et innocente.
Je possède les 2 éditions, celle en 8 volumes et celle en 4, ce qui me permet de faire un comparatif, la 1ère étant censurée par rapport à l'autre.
Cette lecture n'est pas à mettre sous le nez de tout le monde, il faut avoir l'esprit assez large avec tous ces cartels, ces magouilles, ces psychopathes, ces barjots, ces meurtres et autres amusements du même style. Néanmoins, c'est plutôt enjoué et plein d'action, avec des dessins plutôt mignons (ce qui détonne un tantinet par rapport à la noirceur ambiante). Si vous n'y connaissez rien en armes à feu, ce manga fera votre éducation.
Même si ça se passe aux USA, on a souvent l'impression d'être au Japon, quant aux personnages et à certains points de détail. Tout ce petit monde possède souvent des caractéristiques surhumaines. C'est tout juste si on ne vous fait pas avaler qu'on peut tirer à travers un trou de serrure, à 100 mètres de distance, installé dans un véhicule lancé à fond en train de se faire canarder. Et avec une seule main, puisque l'autre tient le volant :)
Si jamais vous n'avez pas eu votre dose, il existe une suite Gunsmith Cats Burst : on reprend les mêmes et on continue. Bien sûr, je possède aussi cette suite.
J'aurais pu mettre ''culte'', mais certains aspects me dérangent quand même un peu.
Nota : dans l'édition révisée en 4 volumes, on y découvre aussi la série inachevée Riding Bean (le magazine ayant fait faillite), série qui a donné ensuite naissance à Gunsmith Cats, avec quelques remaniements.
Un album que j’ai trouvé sincère mais une lecture peu emballante pour ma part. Un petit pas mal de justesse.
Il faut dire que je ne suis absolument pas footeux et que niveau sport je n’ai jamais joué en équipe.
Néanmoins le sujet m’intéressait mais je suis sorti déçu du traitement proposé. On est vraiment sur un journal, l’auteur nous narre son parcours mais à aucun moment je n’ai été pris. L’impression que l’on reste en surface sur le fond, j’ajouterai même que dans les faits/propos relatés rien ne m’a réellement surpris ni spécialement choqué. C’est un milieu que j’ai tendance à fuir mais je m’attendais à limite pire comme démonstration.
Le parcours de l’auteur est surprenant puisqu’il est passé des crampons aux pinceaux, mais là encore la mayonnaise n’a pas pris, il manque un truc plus universel pour relever, on reste trop dans le témoignage.
Heureusement ça se lit très facilement, l’auteur maîtrise bien les codes du médium et son dessin ne m’a pas déplu, simple et efficace.
Rdv loupé cette fois ci, un album qui m’a pas parlé mais pourquoi pas pour un prochain.
2,5
Il y a beaucoup à dire sur cette nouvelle production du label 619. Déjà, l'album a des allures de mangas de part son format et son style graphique, du noir et blanc et des personnages aux traits japanisans. Ce choix est on ne peu plus normal puisque l'histoire que nous raconte les deux auteurs est celle d'un groupe de Sentai. De quoi ? Mais si, rappelez vous les bioman et les power rangers... Des jeunes gens qui s'habillent en fluo pour combattre des méchants monstres qui veulent du mal à la population. Force jaune et force rose, vous l'avez ?
Oui, sauf qu'à notre époque c'est plus trop la mode. Aujourd'hui on vit dans une société de consommation, on scrolle sur notre téléphone, on commande à manger sur celui-ci et on attend sagement qu'un livreur Uber vous livre votre commande, pour laquelle on lui attribuera quelques étoiles si on est satisfaits du service.
Et là l'idée merveilleuse des auteurs est d'avoir fusionné les Sentai et Uber ! Bienvenue dans un monde ou vous pouvez commander un super héros pour faire le vigile dans votre commerce, ou pour chasser les gamins qui dealent en bas de votre immeuble. Franchement rien que pour ce concept cet album vaut le coup d'oeil !
La pagination est importante (comme dans un manga), cela permet de poser les bases de cet univers. Les personnages sont nombreux, mais on ne s'y perd pas. L'histoire prend le temps de les présenter. On nous parle aussi pas mal du passé, lorsque les Sentai avaient plus la cote, qu'ils n'étaient pas cantonnés à des missions sans intérêt.
Tout cela fonctionne bien, le rythme est plaisant. Et surtout une fois qu'on s'est amusé à découvrir cet univers un peu barré, l'intrigue arrive à décoller. C'est avec curiosité qu'on lit les derniers chapitres de ce premier tome, où les péripéties amènent ce qu'il faut de tension et de suspens pour donner envie de lire la suite.
Je découvre l’auteur – du moins en tant qu’auteur complet, ne l’ayant auparavant croisé qu’au dessin – et c’est plutôt une bonne pioche.
Avec un format à l’italienne surgissant d’un emboitage au format « classique », cet album regroupe quelques histoires plus ou moins indépendante, même si elles sont finalement liées, et si des thèmes sont récurrents.
Comme l’indique le titre de l’ensemble, Monteys développe bien un univers cohérent, une SF sans esbroufe. Mais qui nous dépeint un futur triste et angoissant, à base de voyages dans le temps plus ou moins foireux – et foirés, de robots remplaçant les humains y compris pour des relations amoureuses. Quelque chose de froid qui ne donne vraiment pas envie de s’y retrouver « pour de vrai ».
Les récits sont assez simples, l’aventure SF pure étant pimentée parfois par quelques traits d’humour – assez noir – comme dans la première histoire où un simple employé naïf et exploité devient le cobaye d’une improbable opération de marketing/naming.
Les planches ne sont pas surchargées de détails, c’est clair, le dessin est simple et efficace – et plutôt agréable en tout cas, avec une colorisation assez tranchée.
Une lecture rapide, et plutôt sympathique, pour de la SF plus originale qu’elle n’y parait de prime abord.
Note réelle 3,5/5.
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Les Aventures ahurissantes de Benjamin Blackstone
J'ai lu cette série en y allant à l'aveugle et ce fut une agréable surprise. L'idée est classique mais bien utilisée je trouve : et si l'on pouvait entrer dans les livres pour vivre leurs histoires ? Et de cette questions découlent tant d'autres : peut-on entrer dans un récit DANS un autre récit ? Peut-on faire se rencontrer des personnages d'œuvres très différentes ? etc. Ici, sans surprise, on retrouve quelques dialogues métas (une référence textuelle au fait qu'il y a eu un tome 1 de cette série, notamment), mais aussi un propos filé sur les récits en eux-mêmes, ce qu'on en retire et ce que l'on gagne à les réinterpréter. Bon, ici, la réinterprétation de ces textes est plus concrète qu'elle ne le serait pour nous lecteur-ice-s lambdas, mais il n'empêche que le propos est là et que, même s'il n'est pas révolutionnaire, il me plait beaucoup. Pour l'intrigue de la série en elle-même, elle est à la fois très simple et pleine de potentiel. La situation initiale nous est présentée très rapidement dans le premier tome (le deuxième nous introduit quant à lui le grand méchant à la volée) et les évènements et dialogues s'enchaînent avec grande rapidité et nonchalance. Les récits aux rythmes effrénés, pour moi, ça passe ou ça casse, mais lorsque l'histoire et la mise en scène tiennent la route, ça fonctionnent généralement très bien pour moi. Ici, ça fonctionne. La situation initiale, donc, est celle de Benjamin Blackstone, hébergée chez sa tante suite au décès mystérieux de ses parents et qui va faire connaissance avec le fantomatique Lord Schenbock, personnage excentrique ayant la capacité de voyager dans les œuvres de fiction. Oui, le postulat de base est extravagant (et classique), mais je trouve que le scénario arrive à suffisamment jouer sur son aspect volontairement déjanté et référencé que cela passe. En terme de références, préparez-vous à en voir passer quelques unes, et dans des univers parfois très éloignés (mais généralement très grand public). Je déplorerais quelques fois que le caractères de certains personnages s'éloigne un peu trop de leurs homologues littéraires, mais cela est en partie dû au statut de série jeunesse (et à l'aspect "loufoque et bon enfant" du récit). Seuls deux albums sortis à ce jour et plus de nouvelle depuis 2017. Je croise les doigts pour que la série reprenne (si inspiration il y a), car je pense qu'il y a un bon potentiel là-dedans. (Note réelle 3,5)
Nam-Bok
Une lecture rapide - sans doute trop rapide même, c'est sa principale faiblesse - mais plutôt plaisante. L'intrigue prend un peu à rebours les récits traitant des Amérindiens "embarqués" par des Européens, acculturés et revenant chez eux (souvent en y rapportant des maladies mortelles). Ici, le récit du "revenant" (j'en parle comme d'un fantôme car il n'est vu que comme une ombre, on peine à le reconnaître comme l'homme de chair et d'os qu'il était avant de quitter sa tribu) n'arrive pas à convaincre son peuple de la véracité de ce qu'il a pu observer chez les hommes blancs. L'incrédulité est forte, et, plutôt que de remettre en cause tout l'échafaudage mythique et humain sur lequel la tribu a bâti ses fondations, on préfère chasser celui qui forcément n'est plus l'homme que l'on connaissait, puisqu'il parle comme un fou. Il y a un côté ironique dans le récit, un peu poétique. Je ne connais pas le texte d'origine de London, mais j'ai trouvé intéressante cette adaptation. Mais je l'ai aussi trouvée trop courte. Il y manque une certaine densité, une montée en tension, lorsque les deux visions du monde sont brutalement confrontées par exemple. Quand au dessin, il est lui aussi très simple, ne s'embarrasse pas de fioritures. Mais là je trouve que ça passe mieux, c'est moins frustrant que pour le récit lui-même.
Mon ami Pierrot
Très bon album ! On nous parle de magie, de rêves et d'amour. D'amour de liberté, d'amour romantique, d'amour toxique mais aussi (et surtout, j'ai envie de dire) d'amour propre. Le récit joue parfois à la frontière du réel et de l'imaginaire, glissant quelques fois des concepts anachroniques (jouant sur les flous de temporalité), jouant même avec la mise en scène propre au medium de la bande-dessinée. J'y ai ressenti une grande inspiration du Château ambulant - voire même du Château de Hurle dont il est adapté - avec cette relation amoureuse toxique et ce love interest mystérieux et immature (bien qu'ici cela se termine de manière beaucoup moins positive pour le couple, la maturation se payant à un prix plus élevé). Les dessins sont beaux, j'ai particulièrement aimé le travail des visages, avec les grands yeux souvent écarquillés des personnages, cela jouait beaucoup sur les émotions de certaines scènes (la joie comme le malaise). Les couleurs bonbons et pétantes aident beaucoup à créer l'impression de "doux rêve" que vit Cléa, contrastant très bien avec l'apparition d'éléments plus horrifiques. Je me rend compte qu'il y aurait tellement de choses à dire, je n'ose pas parler de beaucoup d'éléments intéressants que j'ai découvert à ma lecture. Je pense sincèrement que l'album fait parti de ces histoires qui gagnent a être lues sans connaissances au préalable. Une très bonne surprise pour ma part.
Hiver à l'opéra
Mais qui peut vraiment se résigner à la perte d’un être cher ? - Ce tome fait suite à Automne en baie de Somme (2022) qu’il vaut mieux avoir lu avant. Son édition originale date de 2024. Il a été réalisé par Philippe Pelaez pour le scénario, et par Alexis Chabert pour les dessins et la couleur directe. Il comprend soixante-dix pages de bande dessinée. Une jeune ballerine danse gracieusement sur un ponton, sous la neige tombante. Sur cette scène de fortune, elle virevoltait comme virevoltait la neige, accompagnant de ses mains la chute de flocons au rythme indolent de l’adage. Les planches recrues et crevassées ne semblaient pas souffrir de ses arabesques et de ses jetés, de ses chats et de ses entrechats, mais au contraire gémissaient de plaisir sous la scansion des menées. La neige elle-même, presque affectée de troubler un ballet sur lequel elle jetait son voile lilial, disparaissait instantanément au contact de cette peau de sylphide. Devant la foule des invisibles, la danseuse chutait pour se relever sans cesse, se relevait pour chuter encore, trahie par un corps qu’elle avait trop longtemps malmené. Qu’elle avait malmené quand elle virevoltait comme virevoltait la neige, accompagnant de ses mains la chute des flocons au rythme indolent de l’adage. Opéra Garnier, à Paris en février 1897. Les spectateurs continuent de s’installer. En arrivant dans la grande salle, l’une d’entre eux demande si c’est la loge du président Félix Faure, au milieu. Un homme lui répond que non, que sa loge à lui est maçonnique. Son mari leur indique de regarder la place numéro treize, c’est là qu’une femme est morte l’année dernière en mai quand un contrepoids du lustre a crevé le plafond et lui a écrasé la tête. Son épouse pousse un petit cri : c’est horrible. L’autre homme lui suggère de songer que l’opéra Garnier est le treizième opéra de Paris. L’époux ajoute que ce soir ils jouent La damnation de Faust. Dans un autre rang, ils repèrent un homme, et l’époux l’identifie : c’est Pierre Séverin, un des membres actifs de l’ancienne ligue des patriotes, de Paul Deroulède. Elle le détrompe, pas lui, l’autre. Il le reconnaît également : c’est l’inspecteur Broyan, il a été révoqué il y a quelques mois pour avoir violemment agressé Nicolas Boursaut-Choiseul, l’héritier du banquier. Il ajoute que Broyan enquêtait sur la mort d’Alexandre de Breucq, mais cela n’a rien donné du tout. Ils décident de regagner leurs places. Séverin et Broyan se demandent pour quelle raison le colonel Tréveaux ne se montre pas. Le directeur de l’opéra se pose la même question, et il demande à son assistant d’aller vérifier si le colonel ne se trouve pas au foyer de la danse. Dans la fosse, le chef d’orchestre donne le signal en levant sa baguette et les musiciens entament leur partition. Dans les cintres, le colonel Tréveaux, vêtu d’un simple pagne noué autour de sa taille, est attaché dans une position de croix. Il demande à son maître s’il va être purifié. Dans l’ombre, son interlocuteur répond qu’il va l’être au-delà de ses espérances. Un coup de poignard tranche la gorge du colonel et toujours attaché son corps va balancer au-dessus des spectateurs dans leur fauteuil. Après l’automne vient l’hiver, littéralement même puisque cette histoire s’ouvre sous les flocons de neige, en février 1897. Le malheureux inspecteur Amaury Broyan est de retour pour une nouvelle enquête qui s’annonce difficile puisqu’il a été radié de la police. D’ailleurs, le lecteur tique un peu en observant la liberté de mouvement dont jouit l’ex-inspecteur : il retourne dans les bureaux de la police pour témoigner devant l’inspecteur Jules, il a accès à des informations confidentielles, ses anciens collègues continuent de le respecter, il ne semble pas avoir de soucis de fin de mois… D’un autre côté, il est plausible que ses anciens collègues le soutiennent parce qu’ils estiment que ses actions étaient justifiées. Il n’en reste pas moins qu’il se promène avec facilité dans des lieux où il n’a rien à faire… et le scénariste apportera une explication à cette forme de liberté. D’une manière générale, les auteurs positionnent leur récit dans un registre plausible et réaliste, usant d’effets romantiques pour faire transparaître l’exaltation des personnages. Ainsi le lecteur accompagne Amaury Broyan dans ses déplacements et ses discussions, suivant ses intuitions et ses déductions. Il voit comment la police progresse de son côté, en fonction des informations qu’elle parvient à obtenir. Comme dans tout bon polar, les personnages sont amenés à côtoyer des individus de toutes les couches sociales, et cela met en lumière des aspects peu reluisants de la société de l’époque, à cet endroit du globe. Comme pour le premier tome, les auteurs ont choisi de situer très explicitement l’action : à Paris, en février 1897. Ce genre de parti pris induit que l’artiste doit se prêter au jeu de la reconstitution historique, doit investir le temps et l’énergie nécessaire pour les recherches et les représentations. Le lecteur est à la fête dès la deuxième page : une vision de l’opéra Garnier à la nuit tombante, les ors de la salle, les toilettes variées de ces dames, les costumes plus stricts de ces messieurs, les fauteuils plus ou moins confortables, les couloirs permettant d’accéder à la salle, les cintres, etc. L’artiste sait doser ce qu’il détoure avec un trait noir, ce qu’il représente en couleur directe, le niveau de détail de chaque élément entre une précision technique et une impression. En fonction de sa sensibilité et de son mode de lecture, le lecteur peut se focaliser aussi bien sur les textures (par exemple le marbre des colonnes), que sur éléments de décors, ou bien sur l’ambiance lumineuse chaude diffusée par l’éclairage. En page onze, la criminelle s’enfuit avec une légère carriole dans une case de la largeur de la page en élévation, avec une belle représentation d’un immeuble haussmannien en premier plan. En page treize, Broyan descend sur les quais bas au pied de la cathédrale Notre-Dame de Paris : il éprouve la sensation de s’y trouver, et d’avoir le privilège de pouvoir pénétrer dans un caveau accessible depuis ledit quai. Le dessinateur apporte le même soin pour les intérieurs, par exemple le bureau de l’inspecteur Jules : le feu de cheminée, le modèle de chaise, les casiers, le bureau et sa corbeille, le portemanteau, l’accessoire pour déposer les parapluies mouillés, les meubles de rangement. Le lecteur se rend compte qu’Alexis Chabert choisit ses cadrages et élabore ses structures de pages pour montrer ces lieux, c’est flagrant avec l’appartement spectaculaire de Gabriel Delanne, en pages 28 & 29. Dans le même temps, le récit met en scène des sentiments intenses, ce qui offre également la latitude à l’artiste d’emmener sa narration visuelle dans des pages plus échevelées, se teintant d’expressionnisme. Cela commence avec la première planche : Lisianne effectuant des entrechats allant librement d’une position à l’autre sans avoir à franchir des bordures de case (il n’y en a pas). La mise à mort du colonel Tréveaux bénéficie d’une mise en scène spectaculaire et morbide à souhait : le cadavre attaché se balançant à plusieurs mètres au-dessus des spectateurs, la blessure à la gorge laissant s’échapper du sang qui leur pleut dessus. Les hallucinations de Lisianne dans la caverne sous l’opéra Garnier donnent lieu à des cases aux contours irréguliers comme voletant en insert sur un dessin en pleine page. Son emprise hypnotique sur le banquier Larrey se traduit par un vol de chauve-souris qui se transforme en pantins de papier, traduisant les associations d’idées qui se produisent dans son esprit, au gré de l’emprise de la jeune femme. En page cinquante-deux, le lecteur découvre une magnifique illustration en pleine page, sans un mot : une haute silhouette drapée de rouge, maniant une gaffe pour diriger sa barque sur une eau dégageant des fumerolles, telle Charon faisant traverser deux défunts. Ensorcelant. À l’instar du premier tome, les auteurs indiquent explicitement leurs sources d’inspiration, un hommage honnête. La première citation est extraite du roman Le fantôme de l’Opéra (1910), de Gaston Leroux (1868-1927), l’intrigue s’en inspirant directement. La seconde reprend des vers de Victor Hugo (1802-1885) extraits de Le livre des tables (1853-1855), sur le spiritisme. Le scénariste fait baigner son récit dans la fascination de l’époque pour l’hypnotisme, le magnétisme et le spiritisme, évoquant les travaux du docteur Jean-Martin Charcot (1825-1893, médecin clinicien et neurologue), Franz-Anton Mesmer (1734-1815, fondateur de la théorie du magnétisme animal), Gabriel Delanne (1857-1926, spirite). Le scénariste intègre également la dimension politique de l’époque, en évoquant explicitement Paul Deroulède (1846-1914, fondateur de la Ligue des Patriotes en 1882) et président Félix Faure (1841-1899, septième président de la République française). La reconstitution historique du contexte politique et sociale s’avère aussi riche que celle visuelle. Le cœur de l’intrigue repose sur la même famille de crimes que dans le premier tome, et la soif de vengeance qu’ils engendrent, faute d’une justice adéquate dans une société qui tolère ces abus. Un second tome très réussi : la narration visuelle a gagné en densité et en élégance, en émotion et en rigueur. L’intrigue policière reste dans un registre plausible, tout en faisant ressortir les affres insupportables dans lesquelles les victimes sont plongées, les conduisant à des actes terribles. Un récit enfiévré et poignant.
Wonder Woman - Dead Earth
Un one-shot hors-continuité qui voit une Wonder Woman se réveiller dans un univers post-apocalyptique. Elle va essayer d'apporter le bien et continue à croire qu'il y a du bon chez les humains malgré tout. Le scénario manque souvent d'originalité, mais il est efficace et c'est une bonne occasion de découvrir le personnage de Wonder Woman sans avoir à lire une histoire incompréhensible si on ne connait pas les comics de super-héros. On peut regretter que certains thèmes (notamment la foie de l'héroïne en l'humanité) sont traités de manière simplistes parce qu'au final on reste dans du pur divertissement grand public. Le dessin est plutôt bon avec une mise en scène souvent spectaculaire.
Gunsmith Cats Burst
Oui, on prend les mêmes et on continue ! Pourquoi se gêner si la recette fonctionne bien, et si l'auteur peut se laisser aller à sa passion des armes à feu et des voitures ? Mais il convient de lire la 1ère partie avant (Gunsmith Cats), sinon on risque d'être vite paumé. Je trouve que cette suite est un poil moins sordide (à moins que je me sois habitué), mais ce n'est toujours pas à mettre dans les mains d'une âme pure et innocente.
Gunsmith Cats
Je possède les 2 éditions, celle en 8 volumes et celle en 4, ce qui me permet de faire un comparatif, la 1ère étant censurée par rapport à l'autre. Cette lecture n'est pas à mettre sous le nez de tout le monde, il faut avoir l'esprit assez large avec tous ces cartels, ces magouilles, ces psychopathes, ces barjots, ces meurtres et autres amusements du même style. Néanmoins, c'est plutôt enjoué et plein d'action, avec des dessins plutôt mignons (ce qui détonne un tantinet par rapport à la noirceur ambiante). Si vous n'y connaissez rien en armes à feu, ce manga fera votre éducation. Même si ça se passe aux USA, on a souvent l'impression d'être au Japon, quant aux personnages et à certains points de détail. Tout ce petit monde possède souvent des caractéristiques surhumaines. C'est tout juste si on ne vous fait pas avaler qu'on peut tirer à travers un trou de serrure, à 100 mètres de distance, installé dans un véhicule lancé à fond en train de se faire canarder. Et avec une seule main, puisque l'autre tient le volant :) Si jamais vous n'avez pas eu votre dose, il existe une suite Gunsmith Cats Burst : on reprend les mêmes et on continue. Bien sûr, je possède aussi cette suite. J'aurais pu mettre ''culte'', mais certains aspects me dérangent quand même un peu. Nota : dans l'édition révisée en 4 volumes, on y découvre aussi la série inachevée Riding Bean (le magazine ayant fait faillite), série qui a donné ensuite naissance à Gunsmith Cats, avec quelques remaniements.
Arrêt de jeu - Journal d'un footballeur mal dans ses pompes
Un album que j’ai trouvé sincère mais une lecture peu emballante pour ma part. Un petit pas mal de justesse. Il faut dire que je ne suis absolument pas footeux et que niveau sport je n’ai jamais joué en équipe. Néanmoins le sujet m’intéressait mais je suis sorti déçu du traitement proposé. On est vraiment sur un journal, l’auteur nous narre son parcours mais à aucun moment je n’ai été pris. L’impression que l’on reste en surface sur le fond, j’ajouterai même que dans les faits/propos relatés rien ne m’a réellement surpris ni spécialement choqué. C’est un milieu que j’ai tendance à fuir mais je m’attendais à limite pire comme démonstration. Le parcours de l’auteur est surprenant puisqu’il est passé des crampons aux pinceaux, mais là encore la mayonnaise n’a pas pris, il manque un truc plus universel pour relever, on reste trop dans le témoignage. Heureusement ça se lit très facilement, l’auteur maîtrise bien les codes du médium et son dessin ne m’a pas déplu, simple et efficace. Rdv loupé cette fois ci, un album qui m’a pas parlé mais pourquoi pas pour un prochain. 2,5
Shin Zero
Il y a beaucoup à dire sur cette nouvelle production du label 619. Déjà, l'album a des allures de mangas de part son format et son style graphique, du noir et blanc et des personnages aux traits japanisans. Ce choix est on ne peu plus normal puisque l'histoire que nous raconte les deux auteurs est celle d'un groupe de Sentai. De quoi ? Mais si, rappelez vous les bioman et les power rangers... Des jeunes gens qui s'habillent en fluo pour combattre des méchants monstres qui veulent du mal à la population. Force jaune et force rose, vous l'avez ? Oui, sauf qu'à notre époque c'est plus trop la mode. Aujourd'hui on vit dans une société de consommation, on scrolle sur notre téléphone, on commande à manger sur celui-ci et on attend sagement qu'un livreur Uber vous livre votre commande, pour laquelle on lui attribuera quelques étoiles si on est satisfaits du service. Et là l'idée merveilleuse des auteurs est d'avoir fusionné les Sentai et Uber ! Bienvenue dans un monde ou vous pouvez commander un super héros pour faire le vigile dans votre commerce, ou pour chasser les gamins qui dealent en bas de votre immeuble. Franchement rien que pour ce concept cet album vaut le coup d'oeil ! La pagination est importante (comme dans un manga), cela permet de poser les bases de cet univers. Les personnages sont nombreux, mais on ne s'y perd pas. L'histoire prend le temps de les présenter. On nous parle aussi pas mal du passé, lorsque les Sentai avaient plus la cote, qu'ils n'étaient pas cantonnés à des missions sans intérêt. Tout cela fonctionne bien, le rythme est plaisant. Et surtout une fois qu'on s'est amusé à découvrir cet univers un peu barré, l'intrigue arrive à décoller. C'est avec curiosité qu'on lit les derniers chapitres de ce premier tome, où les péripéties amènent ce qu'il faut de tension et de suspens pour donner envie de lire la suite.
Univers !
Je découvre l’auteur – du moins en tant qu’auteur complet, ne l’ayant auparavant croisé qu’au dessin – et c’est plutôt une bonne pioche. Avec un format à l’italienne surgissant d’un emboitage au format « classique », cet album regroupe quelques histoires plus ou moins indépendante, même si elles sont finalement liées, et si des thèmes sont récurrents. Comme l’indique le titre de l’ensemble, Monteys développe bien un univers cohérent, une SF sans esbroufe. Mais qui nous dépeint un futur triste et angoissant, à base de voyages dans le temps plus ou moins foireux – et foirés, de robots remplaçant les humains y compris pour des relations amoureuses. Quelque chose de froid qui ne donne vraiment pas envie de s’y retrouver « pour de vrai ». Les récits sont assez simples, l’aventure SF pure étant pimentée parfois par quelques traits d’humour – assez noir – comme dans la première histoire où un simple employé naïf et exploité devient le cobaye d’une improbable opération de marketing/naming. Les planches ne sont pas surchargées de détails, c’est clair, le dessin est simple et efficace – et plutôt agréable en tout cas, avec une colorisation assez tranchée. Une lecture rapide, et plutôt sympathique, pour de la SF plus originale qu’elle n’y parait de prime abord. Note réelle 3,5/5.