Quelques qualités pour ce one-shot, mais globalement, même s’il se laisse lire sans problème, il m’a laissé sur ma faim.
Le dessin est correct, même s’il manque de précision. J’ai davantage apprécié la colorisation, que j’ai trouvée raccord avec l’ambiance et l’époque (1948-1949), assez noires. L’époque est d’ailleurs plutôt bien rendue, reconstituée.
Mais l’histoire est bien trop molle, longue à se décanter, lorsque l’on suit par le menu l’enquête consécutive à l’assassinat d’un directeur de journal bien en cour. Long et pas vraiment passionnant (et le procès est tout aussi rébarbatif), d’autant plus que ça n’est pas relevé par de bons mots.
Dans le dernier tiers, plusieurs rebondissements relèvent un petit peu le plat. Mais, là aussi, une fois le retournement admis, la longue explication qui le suit manque de rythme.
Quant aux rebondissements finaux, je les ai trouvés un peu tirés par les cheveux et n’apportant pas grand-chose à l’intrigue.
Note réelle 2,5/5.
Décidément, j'ai du mal avec Boucq. Je ne sais pas trop à quoi c'est dû, et cet album n'est sans doute pas le meilleur de son cru, mais je n'ai ni souri ni ri tout au long de ma lecture, globalement étonné de voir les chutes qui n'en sont souvent pas.
Je crois que j'ai une incompatibilité avec Boucq. Ce n'est clairement pas au niveau de son dessin, que j'apprécie plutôt, mais au niveau de ses scénarios. Il collabore avec bon nombre d'artistes divers, mais à chaque fois je vois l'ensemble comme trop rapide, facile. C'est souvent des histoires où j'attends une chute après la fin. Ici, c'est arrivé à chaque fois ou presque. Ça sent la compilation d'histoires parues dans divers magazines, et franchement c'est très peu intéressant. Il y a quelques idées qui paraissent intéressantes mais que je trouve franchement mal exploitées.
En fin de compte, cet opus marque sans doute la rupture entre moi et l'auteur. Je n'arrive pas avec lui, je ne suis pas intéressé et je ne vais pas continuer à me forcer. Tant pis, j'ai mieux à lire et je laisse ça aux fans !
Nouvelle série autobiographique de Florence Dupré-Letour, Jumelle se situe dans la lignée directe de Cruelle et Pucelle. On y retrouve le même graphisme, un dessin simple, presque naïf, et des personnages tout ronds, aux visages entre le cartoon et les Barbapapa pour se focaliser sur l'expressivité et le caractère de chacun d'entre eux. Et on retrouve le même récit de la jeunesse de l'auteure, de sa petite enfance jusqu'à sa grande adolescence, dans les différents lieux où elle a vécu, avec les mêmes personnages, ce qui permet au passage d'avoir différents angles de vue sur les mêmes évènements d'ensemble de son parcours.
Ici, elle s'intéresse en particulier à sa relation avec sa sœur jumelle, d'abord intensément fusionnelle puis de plus en plus complexe au fil des années. Le récit a certains accents de psychanalyse freudienne tant l'auteure se livre sur son rapport à sa sœur, à ses parents et au reste de sa famille et proches, ses pulsions et autres jeux d'enfance un peu honteux. Elle met fortement l'accent sur le ressenti de sa relation avec sa jumelle, entre amour total, rejet des autres, jalousie, colère et frustration. Florence y dévoile notamment le rôle qu'elle a choisi de s'attribuer dans cette relation dès son plus jeune âge, celui de la protectrice, voire de l'époux de sa sœur, rôle imaginaire qui va influer sur sa personnalité. C'est un témoignage franc et intime. Il y a une part d'humour mais il est plutôt grinçant et sans concession, Florence Dupré-Latour nous ayant habitué au fil de ses œuvres à son regard cru sur elle-même, sur ses défauts et sur la cruauté de sa jeunesse.
C'est en tout cas une BD intéressante et bien racontée qui permet de découvrir de l'intérieur l'étrange vie de couple que peut représenter la relation entre jumeaux.
La plus fabuleuse histoire stéréoréaliste qui m'ait été donné à lire. Un pur récit de SF. Une intrigue passionnante, qui se joue dans le monde réel et le monde virtuel de cette œuvre. Une histoire où les enjeux sociétaux sont tiraillés entre deux camps opposées : Adeptes des machines pour l'exploration spatiale, contre les volontés de libération de l'homme dans l'espace.
Cette série dotée d'une intrigue et de rebondissements cosmiques, vaut l'effort de la lire vraiment afin de rentrer dans l'histoire. On y gagne une autre vision du monde, une perception positiviste qui se révèle au fil de sa lecture et se renforce au fil de ses relectures.
On reste émerveillés par la découverte d'une société futuriste aux divers aspects, savamment décrite par le scénariste Thierry Smolderen, qui nous ouvre par la un accès direct à son imaginaire extraordinaire. C'est un faiseurs de monde comme Samuel Kolk, un des plus charismatiques personnages de cette œuvre magistrale.
On est séduit aussi par le dessin d'une rare esthétique produit par Philippe Gauckler. Cet artiste à su matérialiser la pensée du scénariste et c'est un pur chef d’œuvre. On mesure l'importance de l'illustrateur, capable de produire les formes nécessaire à la matérialisation d'une BD. Personnages, paysages, vaisseaux, découpage des actions, tout est là. On loue l'imaginaire de cet artiste qui nous émerveille dans ses illustrations de la BD la plus fraiche et la plus fun de l'univers.
Cette œuvre vaut le détour, et on ne saurait que conseiller de rechercher les albums disponibles, afin de pouvoir s'y immerger complètement...
Une nouvelle BD mettant en scène des sorcières, cette fois-ci entièrement réalisée par l'Australienne Sas Milledge, jusqu'ici inconnue sous nos latitudes.
Celle-ci propose une histoire qui, sans être échevelée, permet de ne jamais s'ennuyer, avec ces deux adolescentes qui partent à la recherche de l'origine de la malédiction qui pèse sur une petite communauté. Assez vite cela se transforme en quête personnelle pour Orla, qui s'était juré de ne pas revenir dans la ville où elle a grandi. Bien sûr les liens familiaux (et un brin de magie) remettent tout ça en question. C'est fluide, c'est frais, et on a beaucoup d'empathie pour Jo et Orla, dont le destin va bien sûr basculer.
Pour raconter cette histoire, Sas Milledge propose un graphisme vraiment plaisant, très lisible, dans un style semi-réaliste que je reverrai avec plaisir. Sa mise en scène est dynamique sans être tape-à-l'oeil, c'est franchement sympa.
C'est une belle découverte, à la fois graphique et narrative.
« Colossale », dixit le sticker apposé sur l’ouvrage, c’est « la série aux 6 millions de vues sur Webtoon » ! Un succès effectivement « colossal », on ne saurait mieux dire, qui a suscité l’intérêt des éditeurs, et en premier lieu « Jungle », qui peut se vanter d’avoir décroché la timbale. Une initiative qui ne pourra que réconcilier les adeptes « old school » de la lecture sur papier et les accros aux écrans qui ne voient la vie qu’à travers leur smartphone. En ce qui concerne Rutile et Diane Truc, il s’agit de leur première bande dessinée, et le fait que celle-ci ait été publiée « à l’ancienne » dans un second temps constitue pour les deux autrices une ultime reconnaissance qui conforte et perpétue la prédominance du livre-objet sur l’édition virtuelle.
Avec « Colossale », on rentre très vite dans le vif du sujet grâce à une intro efficace qui fait mine de commencer comme un conte de fées, pour aussitôt bifurquer sur la deuxième page vers un cri de révolte de la narratrice, Jade, également personnage principal : celle-ci s’adonne à la muscu et n’aura donc pas des mains de princesse ! Le ton est posé et on devine que le monde aristocratique, théâtre du récit, va en prendre pour son grade… Rutile et DianeTruc ont trouvé ici le pitch qui fait mouche, s’amuser du décorum et des conventions désuètes d’un milieu qui semble appartenir à un autre siècle, tout en mettant en lumière les aspirations plus contemporaines d’une jeune fille qui en fait partie mais veut vivre sa vie comme elle l’entend, contre les injonctions de ses parents.
Autre point fort, qui inscrit l’histoire complètement dans son époque, c’est le traitement très contemporain du genre, à travers cette héroïne qui rejette les codes des apparences imposés par son entourage. On la veut princesse aux mains douces, elle aura plus probablement un physique de camionneuse aux mains calleuses, sauf si bien sûr elle renonce à la culture physique ! Résumer les choses de cette façon peut sembler caricatural, certes, mais ne fait que traduire les clichés qui définissent cette caste aristocratique finalement assez méconnue, pour qui la seule perspective de se mélanger avec des roturiers donnerait des sueurs froides… et puis quoi de mieux que l’humour pour aborder la question, plutôt qu’un propos militant qui prendrait le risque de braquer les tenants de la tradition ? Notons que Diane Truc elle-même pratique la musculation, se faisant pour l’occasion coach pour débutant.e.s en fin d’ouvrage.
Enfin, et c’est ce qui rend cette BD unique, c’est la façon dont les autrices se sont appropriées les codes du manga pour se les réapproprier à la sauce frenchie, en situant leur récit dans un milieu quasi-totalement coupé des vents de l’Histoire, cette « vieille France blanche et friquée » aux valeurs antiques, vraisemblablement loin d’être hermétique aux discours réactionnaires d’un certain Eric Zemmour. De plus, le dessin de Diane Truc est irrésistible de drôlerie avec cette héroïne qui change d’apparence selon ses humeurs, se transformant en petite fille aux allures toonesques dès lors qu’elle se sent infantilisée par l’entourage ou bouillonne intérieurement. Réagencée dans sa version papier, la mise en page permise par le format webtoon tout en verticalité, à la fois dynamique et minimaliste, rend la lecture hyper percutante et irrésistible pour nos zygomatiques.
Tout cela fait de « Colossale » un gros coup de cœur pour l’auteur de ces lignes, qui récemment se désolait de moins rire en lisant les productions récentes de certains auteurs qu’il plaçait pourtant au top de l’humour, qu’il s’agisse de Goossens ou de Fabcaro. Lui (je parle de moi à la troisième personne, oui et alors ?), qui en outre n’a jamais été très porté sur le manga, voit un peu plus ses préjugés poussés dans de piteux retranchements, et il fallait que ce soit par des meufs « musclées ». Merci les filles !
Et au passage, merci à Spooky qui, en me présentant le chargé RP de l'éditeur, m'a permis de découvrir cette BD très rigolote, et à la fois de détendre et muscler mon sphincter !
Après Puta Madre, Loba Loca est le 2eme spin off de la série Mutafukaz. Même univers mais des histoires aux tonalités bien différentes, et encore une fois le scénariste nous pond une franche réussite !!
Le récit se passe 7 ans après les événements de la série mère, nous allons suivre Guada, orpheline de père, une ado paumée dans sa quête d’identité.
Une histoire sans réelle action, limite intimiste, servie dans un road movie bien construit, séquencé et joliment mis en images.
Pour moi du tout bon, à l’époque j’en attendais pas grand chose mais ça s’est révélé être une bien heureuse surprise, que la récente relecture n’a pas démentie.
Une chouette histoire qui peut être découverte sans connaître l’univers.
Voici un bon manga en un tome et inspiré d'une histoire vraie. Celle d'une petite fille pendant la Seconde guerre mondiale à Okinawa. Après que son père soit parti dans le village voisin, mais elle saura plus tard que c'était la dernière fois qu'elle le vit vivant, elle se retrouve avec ses 2 soeurs et son frère. Celui-ci meurt rapidement d'une balle perdue alors qu'il dormait par terre à ses côtés. Puis lors d'un mouvement de foule elle perd de vue ses 2 grandes soeurs et erre seule dans la campagne cherchant à fuir les bombardements. Les japonais qu'elle croise sont rarement compatissants voire carrément odieux pour certains militaires, sauf quand elle finit par tomber dans une sorte de grotte où vit un couple de personnes âgées, un homme-tronc et une mamie aveugle.
Le sujet est pesant, c'est le moins qu'on puisse dire. C'est émouvant sans que ça tombe trop dans le larmoyant. Cette enfant a eu beaucoup de courage et de bon sens, et parfois un peu de chance, pour survivre.
Trois étoiles pour trois Jokers.
Une histoire bien ficelée qui nous donne droit à trois jokers, le criminel, le comique et le clown. Je ne suis pas assez connaisseur de l'univers Batman pour y déceler toutes les références qui pourraient s'y trouver. Par contre, j'ai apprécié l'atmosphère glauque que dégage ce comics, un récit violent qui permet d'explorer la psychologie du Batman, de Batgirl et de Red Hood avec quelques flash-back sur leurs passés. On plonge aussi dans la psyché du/des Joker(s) et sa "merveilleuse" schizophrénie avec bonheur. Une narration maîtrisée qui fait place à l'action mais surtout aux personnages et à leurs démons intérieurs.
Un récit qui ne termine pas en eau de boudin même si je n'en suis pas entièrement satisfait.
Le dessin est pas mal, très expressif et dynamique dans un style typiquement comics, pas celui que j'apprécie le plus mais diablement efficace.
Pour bien appréhender ce comics, je pense qu'il faut avoir des bases solides sur le Joker.
Une agréable lecture.
Autobiographie aux légers accents de psychanalyse d'une jeune artiste russe. Celle-ci est originaire du Grand Nord Russe, d'une petite ville portuaire au-dessus de l'Oural "dans l'obscurité glacée de la toundra" comme le dit l'autrice, où elle vit seule avec sa mère depuis sa petite enfance. Cet isolement et cette absence de lumière la majorité de l'année ont marqué son être et son esprit artistique et ont complexifié la suite de ses études l'empêchant de s'intégrer au mieux dans les plus grandes villes vers lesquelles elle partira étudier. Sans parler de ses regrets d'avoir abandonné sa mère seule sur place tout en se demandant si elle va suivre le même parcours qu'elle qui a aussi quitté sa région d'origine. C'est sur cette errance entre la recherche de ses racines et la poursuite de son désir de carrière artistique qu'elle va nous amener à partager ses pensées et souvenirs au cours de cette bande dessinée.
L'obscurité de sa ville natale, on la retrouve dans son graphisme. Les grands aplats de noir y sont très présents et couvrent la majorité des décors, au point de ressembler parfois à des dessins à la carte à gratter, effet appuyé également par les ombrages hachurés. Malgré cette noirceur parfois pesante, le graphisme se révèle élégant et agréable par son aspect sobre et légèrement naïf.
Le fond de l'histoire est intéressant, surtout pour quelqu'un désireux d'avoir un aperçu de la vie dans l'extrême Nord Russe et d'y suivre une artiste indépendante dans un pays qu'on associe davantage à son régime autocratique et à son industrie minière et énergétique. Mais le résultat final m'a paru un peu superficiel et décousu. On survole la réalité de cette vie dans ce port nordique, se contentant essentiellement du compte-rendu des échanges et émotions entre la mère et sa fille. Et quand elle entame pour de bon sa formation artistique, on la voit passer de ville en ville sans jamais donner l'impression de s'y attarder, dans un éternel doute, en recherche d'elle-même, une errance qui apparait au final assez désordonnée dans sa mise en scène. Concrètement, j'ai ressenti un manque de structure et de maîtrise du message que l'autrice voulait transmettre à ses lecteurs.
Reste donc un agréable graphisme et un sujet de fond plutôt original, mais pas une BD marquante au final.
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La Chute d'un ange
Quelques qualités pour ce one-shot, mais globalement, même s’il se laisse lire sans problème, il m’a laissé sur ma faim. Le dessin est correct, même s’il manque de précision. J’ai davantage apprécié la colorisation, que j’ai trouvée raccord avec l’ambiance et l’époque (1948-1949), assez noires. L’époque est d’ailleurs plutôt bien rendue, reconstituée. Mais l’histoire est bien trop molle, longue à se décanter, lorsque l’on suit par le menu l’enquête consécutive à l’assassinat d’un directeur de journal bien en cour. Long et pas vraiment passionnant (et le procès est tout aussi rébarbatif), d’autant plus que ça n’est pas relevé par de bons mots. Dans le dernier tiers, plusieurs rebondissements relèvent un petit peu le plat. Mais, là aussi, une fois le retournement admis, la longue explication qui le suit manque de rythme. Quant aux rebondissements finaux, je les ai trouvés un peu tirés par les cheveux et n’apportant pas grand-chose à l’intrigue. Note réelle 2,5/5.
Point de fuite pour les braves
Décidément, j'ai du mal avec Boucq. Je ne sais pas trop à quoi c'est dû, et cet album n'est sans doute pas le meilleur de son cru, mais je n'ai ni souri ni ri tout au long de ma lecture, globalement étonné de voir les chutes qui n'en sont souvent pas. Je crois que j'ai une incompatibilité avec Boucq. Ce n'est clairement pas au niveau de son dessin, que j'apprécie plutôt, mais au niveau de ses scénarios. Il collabore avec bon nombre d'artistes divers, mais à chaque fois je vois l'ensemble comme trop rapide, facile. C'est souvent des histoires où j'attends une chute après la fin. Ici, c'est arrivé à chaque fois ou presque. Ça sent la compilation d'histoires parues dans divers magazines, et franchement c'est très peu intéressant. Il y a quelques idées qui paraissent intéressantes mais que je trouve franchement mal exploitées. En fin de compte, cet opus marque sans doute la rupture entre moi et l'auteur. Je n'arrive pas avec lui, je ne suis pas intéressé et je ne vais pas continuer à me forcer. Tant pis, j'ai mieux à lire et je laisse ça aux fans !
Jumelle
Nouvelle série autobiographique de Florence Dupré-Letour, Jumelle se situe dans la lignée directe de Cruelle et Pucelle. On y retrouve le même graphisme, un dessin simple, presque naïf, et des personnages tout ronds, aux visages entre le cartoon et les Barbapapa pour se focaliser sur l'expressivité et le caractère de chacun d'entre eux. Et on retrouve le même récit de la jeunesse de l'auteure, de sa petite enfance jusqu'à sa grande adolescence, dans les différents lieux où elle a vécu, avec les mêmes personnages, ce qui permet au passage d'avoir différents angles de vue sur les mêmes évènements d'ensemble de son parcours. Ici, elle s'intéresse en particulier à sa relation avec sa sœur jumelle, d'abord intensément fusionnelle puis de plus en plus complexe au fil des années. Le récit a certains accents de psychanalyse freudienne tant l'auteure se livre sur son rapport à sa sœur, à ses parents et au reste de sa famille et proches, ses pulsions et autres jeux d'enfance un peu honteux. Elle met fortement l'accent sur le ressenti de sa relation avec sa jumelle, entre amour total, rejet des autres, jalousie, colère et frustration. Florence y dévoile notamment le rôle qu'elle a choisi de s'attribuer dans cette relation dès son plus jeune âge, celui de la protectrice, voire de l'époux de sa sœur, rôle imaginaire qui va influer sur sa personnalité. C'est un témoignage franc et intime. Il y a une part d'humour mais il est plutôt grinçant et sans concession, Florence Dupré-Latour nous ayant habitué au fil de ses œuvres à son regard cru sur elle-même, sur ses défauts et sur la cruauté de sa jeunesse. C'est en tout cas une BD intéressante et bien racontée qui permet de découvrir de l'intérieur l'étrange vie de couple que peut représenter la relation entre jumeaux.
Convoi - Les Aventures de Karen Springwell
La plus fabuleuse histoire stéréoréaliste qui m'ait été donné à lire. Un pur récit de SF. Une intrigue passionnante, qui se joue dans le monde réel et le monde virtuel de cette œuvre. Une histoire où les enjeux sociétaux sont tiraillés entre deux camps opposées : Adeptes des machines pour l'exploration spatiale, contre les volontés de libération de l'homme dans l'espace. Cette série dotée d'une intrigue et de rebondissements cosmiques, vaut l'effort de la lire vraiment afin de rentrer dans l'histoire. On y gagne une autre vision du monde, une perception positiviste qui se révèle au fil de sa lecture et se renforce au fil de ses relectures. On reste émerveillés par la découverte d'une société futuriste aux divers aspects, savamment décrite par le scénariste Thierry Smolderen, qui nous ouvre par la un accès direct à son imaginaire extraordinaire. C'est un faiseurs de monde comme Samuel Kolk, un des plus charismatiques personnages de cette œuvre magistrale. On est séduit aussi par le dessin d'une rare esthétique produit par Philippe Gauckler. Cet artiste à su matérialiser la pensée du scénariste et c'est un pur chef d’œuvre. On mesure l'importance de l'illustrateur, capable de produire les formes nécessaire à la matérialisation d'une BD. Personnages, paysages, vaisseaux, découpage des actions, tout est là. On loue l'imaginaire de cet artiste qui nous émerveille dans ses illustrations de la BD la plus fraiche et la plus fun de l'univers. Cette œuvre vaut le détour, et on ne saurait que conseiller de rechercher les albums disponibles, afin de pouvoir s'y immerger complètement...
La Malédiction de Mamo
Une nouvelle BD mettant en scène des sorcières, cette fois-ci entièrement réalisée par l'Australienne Sas Milledge, jusqu'ici inconnue sous nos latitudes. Celle-ci propose une histoire qui, sans être échevelée, permet de ne jamais s'ennuyer, avec ces deux adolescentes qui partent à la recherche de l'origine de la malédiction qui pèse sur une petite communauté. Assez vite cela se transforme en quête personnelle pour Orla, qui s'était juré de ne pas revenir dans la ville où elle a grandi. Bien sûr les liens familiaux (et un brin de magie) remettent tout ça en question. C'est fluide, c'est frais, et on a beaucoup d'empathie pour Jo et Orla, dont le destin va bien sûr basculer. Pour raconter cette histoire, Sas Milledge propose un graphisme vraiment plaisant, très lisible, dans un style semi-réaliste que je reverrai avec plaisir. Sa mise en scène est dynamique sans être tape-à-l'oeil, c'est franchement sympa. C'est une belle découverte, à la fois graphique et narrative.
Colossale
« Colossale », dixit le sticker apposé sur l’ouvrage, c’est « la série aux 6 millions de vues sur Webtoon » ! Un succès effectivement « colossal », on ne saurait mieux dire, qui a suscité l’intérêt des éditeurs, et en premier lieu « Jungle », qui peut se vanter d’avoir décroché la timbale. Une initiative qui ne pourra que réconcilier les adeptes « old school » de la lecture sur papier et les accros aux écrans qui ne voient la vie qu’à travers leur smartphone. En ce qui concerne Rutile et Diane Truc, il s’agit de leur première bande dessinée, et le fait que celle-ci ait été publiée « à l’ancienne » dans un second temps constitue pour les deux autrices une ultime reconnaissance qui conforte et perpétue la prédominance du livre-objet sur l’édition virtuelle. Avec « Colossale », on rentre très vite dans le vif du sujet grâce à une intro efficace qui fait mine de commencer comme un conte de fées, pour aussitôt bifurquer sur la deuxième page vers un cri de révolte de la narratrice, Jade, également personnage principal : celle-ci s’adonne à la muscu et n’aura donc pas des mains de princesse ! Le ton est posé et on devine que le monde aristocratique, théâtre du récit, va en prendre pour son grade… Rutile et DianeTruc ont trouvé ici le pitch qui fait mouche, s’amuser du décorum et des conventions désuètes d’un milieu qui semble appartenir à un autre siècle, tout en mettant en lumière les aspirations plus contemporaines d’une jeune fille qui en fait partie mais veut vivre sa vie comme elle l’entend, contre les injonctions de ses parents. Autre point fort, qui inscrit l’histoire complètement dans son époque, c’est le traitement très contemporain du genre, à travers cette héroïne qui rejette les codes des apparences imposés par son entourage. On la veut princesse aux mains douces, elle aura plus probablement un physique de camionneuse aux mains calleuses, sauf si bien sûr elle renonce à la culture physique ! Résumer les choses de cette façon peut sembler caricatural, certes, mais ne fait que traduire les clichés qui définissent cette caste aristocratique finalement assez méconnue, pour qui la seule perspective de se mélanger avec des roturiers donnerait des sueurs froides… et puis quoi de mieux que l’humour pour aborder la question, plutôt qu’un propos militant qui prendrait le risque de braquer les tenants de la tradition ? Notons que Diane Truc elle-même pratique la musculation, se faisant pour l’occasion coach pour débutant.e.s en fin d’ouvrage. Enfin, et c’est ce qui rend cette BD unique, c’est la façon dont les autrices se sont appropriées les codes du manga pour se les réapproprier à la sauce frenchie, en situant leur récit dans un milieu quasi-totalement coupé des vents de l’Histoire, cette « vieille France blanche et friquée » aux valeurs antiques, vraisemblablement loin d’être hermétique aux discours réactionnaires d’un certain Eric Zemmour. De plus, le dessin de Diane Truc est irrésistible de drôlerie avec cette héroïne qui change d’apparence selon ses humeurs, se transformant en petite fille aux allures toonesques dès lors qu’elle se sent infantilisée par l’entourage ou bouillonne intérieurement. Réagencée dans sa version papier, la mise en page permise par le format webtoon tout en verticalité, à la fois dynamique et minimaliste, rend la lecture hyper percutante et irrésistible pour nos zygomatiques. Tout cela fait de « Colossale » un gros coup de cœur pour l’auteur de ces lignes, qui récemment se désolait de moins rire en lisant les productions récentes de certains auteurs qu’il plaçait pourtant au top de l’humour, qu’il s’agisse de Goossens ou de Fabcaro. Lui (je parle de moi à la troisième personne, oui et alors ?), qui en outre n’a jamais été très porté sur le manga, voit un peu plus ses préjugés poussés dans de piteux retranchements, et il fallait que ce soit par des meufs « musclées ». Merci les filles ! Et au passage, merci à Spooky qui, en me présentant le chargé RP de l'éditeur, m'a permis de découvrir cette BD très rigolote, et à la fois de détendre et muscler mon sphincter !
Loba Loca
Après Puta Madre, Loba Loca est le 2eme spin off de la série Mutafukaz. Même univers mais des histoires aux tonalités bien différentes, et encore une fois le scénariste nous pond une franche réussite !! Le récit se passe 7 ans après les événements de la série mère, nous allons suivre Guada, orpheline de père, une ado paumée dans sa quête d’identité. Une histoire sans réelle action, limite intimiste, servie dans un road movie bien construit, séquencé et joliment mis en images. Pour moi du tout bon, à l’époque j’en attendais pas grand chose mais ça s’est révélé être une bien heureuse surprise, que la récente relecture n’a pas démentie. Une chouette histoire qui peut être découverte sans connaître l’univers.
La Fillette au drapeau blanc
Voici un bon manga en un tome et inspiré d'une histoire vraie. Celle d'une petite fille pendant la Seconde guerre mondiale à Okinawa. Après que son père soit parti dans le village voisin, mais elle saura plus tard que c'était la dernière fois qu'elle le vit vivant, elle se retrouve avec ses 2 soeurs et son frère. Celui-ci meurt rapidement d'une balle perdue alors qu'il dormait par terre à ses côtés. Puis lors d'un mouvement de foule elle perd de vue ses 2 grandes soeurs et erre seule dans la campagne cherchant à fuir les bombardements. Les japonais qu'elle croise sont rarement compatissants voire carrément odieux pour certains militaires, sauf quand elle finit par tomber dans une sorte de grotte où vit un couple de personnes âgées, un homme-tronc et une mamie aveugle. Le sujet est pesant, c'est le moins qu'on puisse dire. C'est émouvant sans que ça tombe trop dans le larmoyant. Cette enfant a eu beaucoup de courage et de bon sens, et parfois un peu de chance, pour survivre.
Batman - Trois jokers
Trois étoiles pour trois Jokers. Une histoire bien ficelée qui nous donne droit à trois jokers, le criminel, le comique et le clown. Je ne suis pas assez connaisseur de l'univers Batman pour y déceler toutes les références qui pourraient s'y trouver. Par contre, j'ai apprécié l'atmosphère glauque que dégage ce comics, un récit violent qui permet d'explorer la psychologie du Batman, de Batgirl et de Red Hood avec quelques flash-back sur leurs passés. On plonge aussi dans la psyché du/des Joker(s) et sa "merveilleuse" schizophrénie avec bonheur. Une narration maîtrisée qui fait place à l'action mais surtout aux personnages et à leurs démons intérieurs. Un récit qui ne termine pas en eau de boudin même si je n'en suis pas entièrement satisfait. Le dessin est pas mal, très expressif et dynamique dans un style typiquement comics, pas celui que j'apprécie le plus mais diablement efficace. Pour bien appréhender ce comics, je pense qu'il faut avoir des bases solides sur le Joker. Une agréable lecture.
Enfant de la nuit polaire
Autobiographie aux légers accents de psychanalyse d'une jeune artiste russe. Celle-ci est originaire du Grand Nord Russe, d'une petite ville portuaire au-dessus de l'Oural "dans l'obscurité glacée de la toundra" comme le dit l'autrice, où elle vit seule avec sa mère depuis sa petite enfance. Cet isolement et cette absence de lumière la majorité de l'année ont marqué son être et son esprit artistique et ont complexifié la suite de ses études l'empêchant de s'intégrer au mieux dans les plus grandes villes vers lesquelles elle partira étudier. Sans parler de ses regrets d'avoir abandonné sa mère seule sur place tout en se demandant si elle va suivre le même parcours qu'elle qui a aussi quitté sa région d'origine. C'est sur cette errance entre la recherche de ses racines et la poursuite de son désir de carrière artistique qu'elle va nous amener à partager ses pensées et souvenirs au cours de cette bande dessinée. L'obscurité de sa ville natale, on la retrouve dans son graphisme. Les grands aplats de noir y sont très présents et couvrent la majorité des décors, au point de ressembler parfois à des dessins à la carte à gratter, effet appuyé également par les ombrages hachurés. Malgré cette noirceur parfois pesante, le graphisme se révèle élégant et agréable par son aspect sobre et légèrement naïf. Le fond de l'histoire est intéressant, surtout pour quelqu'un désireux d'avoir un aperçu de la vie dans l'extrême Nord Russe et d'y suivre une artiste indépendante dans un pays qu'on associe davantage à son régime autocratique et à son industrie minière et énergétique. Mais le résultat final m'a paru un peu superficiel et décousu. On survole la réalité de cette vie dans ce port nordique, se contentant essentiellement du compte-rendu des échanges et émotions entre la mère et sa fille. Et quand elle entame pour de bon sa formation artistique, on la voit passer de ville en ville sans jamais donner l'impression de s'y attarder, dans un éternel doute, en recherche d'elle-même, une errance qui apparait au final assez désordonnée dans sa mise en scène. Concrètement, j'ai ressenti un manque de structure et de maîtrise du message que l'autrice voulait transmettre à ses lecteurs. Reste donc un agréable graphisme et un sujet de fond plutôt original, mais pas une BD marquante au final.