Tout commence par un bel objet, bien épais (208 pages), au dos toilé de qualité et une couverture intrigante, promesse d'une histoire sombre et mystérieuse. A l'intérieur on n'est pas déçu, loin de là. D'abord par le dessin, le trait est maitrisé, moderne et élégant. Le noir est blanc est très à propos et sublime parfaitement l'ambiance du récit.
Et justement le récit... waow. Tout commence par une histoire contemporaine, celle de 3 amis d'enfance. On fait connaissance avec les protagonistes et très vite on va plonger avec eux dans leurs souvenirs d'adolescents. Cette entrée en matière est réussie, sans pouvoir l'expliquer, on a immédiatement envie de savoir quelle va être l'histoire qu'ils vont vivre. Une amie d'enfance retrouvée, puis mystérieusement disparue, il n'en faut pas plus pour être happé par l'intrigue.
Ca pourrait être une enquête sur une disparition réelle, sauf que celle ci prend très vite une dimension fantastique. Mais le tour de force, c'est qu'on y croit bien volontiers. C'est pas abracadabrant, c'est très intelligemment amené. C'est mystérieux juste ce qu'il faut. Les 3 héros vont tout mettre en oeuvre pour retrouver leur vieille copine. Ils vont découvrir des choses de plus en plus étranges : des fresques bizarres, un peintre oublié, des lieux bien curieux, des gens qui essayent de leur mettre des batôns dans les roues, et plus encore. La sauce prend merveilleusement bien, la part fantastique de l'histoire augmente au fil des pages mais on y croit toujours autant.
Cette histoire est très bien racontée, elle est interessante dès le début, le rythme et l'intérêt ne baisse jamais. Les péripéties et les rebondissements ne manquent pas. Le développement est simple et clair, pas de complexité inutile, c'est prenant et la conclusion est totalement satisfaisante. Une BD Comme j'aimerais en lire plus souvent.
Ces 4 albums constituent un pur chef d’œuvre.
L'éternelle question "qu'aurai je fait si j'avais été jeune majeur en 1940" est magistralement traitée au travers des aventures de cet allemand lambda Karl Stieg.
Le plus surprenant peut être est de découvrir que ces aventures n'en ont que le nom puisqu'il s'agit ici de la version, sans doute romancée, de véritables destins.
Le dessin est très agréable, très fouillé et très précis. Le scénario est impeccable et les couleurs inspirantes.
Je ne peux que conseiller l'achat des 4 volumes de la série.
Bravo aux auteurs.
Un peu vieillot, mais très cohérent, avec un univers solidement charpenté
-
Ce tome contient Vengeance of Bane (1993) et la minisérie en 4 épisodes Bane of the Demon (1998).
La vengeance de Bane (Scénario de Chuck Dixon, dessins de Graham Nolan, encrage d'Eduardo Barreto) - En 1993, Bane casse la colonne vertébrale de Batman. Ces histoires ont été rééditées dans Knightfall et suivants (à l'occasion du film The Dark Knight rises). En parallèle paraît ce numéro spécial qui raconte l'enfance de Bane dans une prison, jusqu'à sa première rencontre avec Batman à Gotham.
Minisérie Bane (scénario de Chuck Dixon, dessins de Graham Nolan, encrage de Tom Palmer) - Bane a surmonté sa dépendance à la drogue qui lui donnait une force surhumaine, appelée Venom. Il décide de partir à la recherche de l'identité de son père. Après un bref passage par la prison de Santa Prisca, la piste des indices le ballade de Rome à Singapour, en passant par Madrid, Sarajevo, Aden, Okhost, Lusaka et Kota Kinabalu (tout ça en 1 seule page). Enfin à Singapour, il met la main sur Jean-Paul Aumont qu'il se met à torturer pour extraire des informations. Au même moment Talia al Ghul investit l'immeuble avec des hommes de main de son père à la recherche d'un incunable dans la collection d'Aumont.
Dans les années 1990, Dennis O'Neil est le responsable éditorial de groupe des séries affiliées au personnage de Batman. Non seulement il coordonne les séries entre elles, mais aussi il s'assure de la cohérence de l'univers partagé spécifique au personnage. Il conçoit également des superstructures narratives qui ont fait date dans l'histoire du personnage : Knightfall, Contagion (1996), Legacy (1996), Cataclysm (1998), No man's land (1999). C'est lui qui assure une vision à moyen terme des personnages les plus significatifs et les plus structurants. C'est en partie grâce à lui que ces récits résistent à l'épreuve du temps et restent lisibles.
L'enfance de Bane se déroule dans une prison sur l'île fictive de Santa Prisca qui est apparu pour la première fois dans la série The Question, écrite par O'Neil. Bane s'injecte une drogue pour décupler ses forces, appelée Venom et créée par O'Neil dans une histoire de Batman (Venom). En replongeant dans ces histoires, ou en les découvrant, le lecteur évolue dans un monde fortement structuré, même si ces éléments ne constituent pas l'intérêt principal du récit.
Quant au contenu proprement dit, Chuck Dixon privilégie toujours l'action et une histoire facile à suivre. L'enfance de Bane est dénuée de tout réalisme, toute vraisemblance et toute plausibilité. Mais au final, il se dégage un léger parfum de tragédie virile assez séduisant. Comme par hasard, pendant ses pires cauchemars, Bane s'imagine en proie à une horreur indicible qui a la forme d'une chauve-souris. Bane est doué d'une force de volonté hors du commun, titanesque à ce niveau là qui fait de lui un autodidacte exceptionnel. Comme par hasard, la prison où il est détenu dispose d'une bibliothèque recelant des ouvrages didactiques sur des langues étrangères parlées un millier d'individus. Dixon s'amuse aussi un peu en faisant de Bane, l'antithèse de Doc Savage. Comme lui il est autodidacte, comme lui il représente la perfection de la performance physique, comme lui il est entouré par une bande de cinq spécialistes.
La minisérie qui suit reprend le même schéma : de l'action, des coïncidences impossibles (Bane et Talia au même moment et au même endroit). Bane est plus viril que jamais, et certainement plus noble puisqu'il est maintenant sevré. Chuck Dixon en fait le successeur de Batman auprès de Talia al Ghul, avec l'ombre paternelle très présente. Ce récit simple et rapide parfait l'intégration de Bane au sein de la mythologie de Batman. Le lecteur découvre petit à petit les deux ou trois ressorts psychologiques de Bane. Cette construction est rudimentaire, mais bien conçue et solide ; elle sera reprise en l'état par Gail Simone quand elle intègrera le personnage aux Secret Six.
Comme Chuck Dixon, Graham Nolan a réalisé beaucoup d'épisodes de Batman à cette époque. Il a un style relativement réaliste qui semble un amalgame entre Jim Aparo et Joe Kubert. Le résultat se laisse lire sans avoir à se forcer. La densité narrative visuelle n'est pas très élevée. Il y a une moyenne de quatre cases par page. Les visages des personnages arborent des expressions très marquées, pour ne pas dire exagérées. Les décors sont présents assez régulièrement, plus que dans des planches de Jim Aparo par exemple. Le niveau de violence est assez élevé (comme en général dans les comics), mais sans être très graphique. Les illustrations sont à l'image du scénario : directe, sans effet de manche, sans sophistication.
Ce tome propose une plongée dans le passé d'un ennemi significatif de Batman (tout en étant assez récent). Il s'agit d'histoire qui se lisent vite et qui viennent apporter des précisions dans la continuité et les origines du personnage de Bane. S'il n'y a pas de quoi fouetter un chat, il ne s'agit pas non plus d'une lecture fastidieuse.
El Diablo a déjà participé à quelques séries dynamiques, et celle-ci l’est, assurément !
C’est même sa force, et sa faiblesse, de miser tout sur le rythme, l’action. Ça fuse, ça pète, sa dézingue à tout va. On ne s’ennuie pas.
El Diablo mélange ici les genres, en mélangeant les vampires (l’histoire de notre héroïne vampire n’est pas sans rappeler celle de Dracula), les invasions extra-terrestres (on pense à « La guerre des mondes » de Wells). Du fantastique donc, pas mal de Science-Fiction, dans un univers apocalyptique. Et un personnage survivaliste un peu dingue, possédant assurance et arsenal de folie !
Le dessin de Baudy est fluide et dynamique (mais pas très fouillé je trouve). En tout cas il s’accorde bien avec le scénario d’El Diablo.
Je ne sais pas où l’histoire va nous emmener par la suite. Pour le moment, je reste un peu sur ma faim. Il y a des passages amusants, c’est très rythmé, mais c’est une lecture détente/défouloir qui ne m’a pas encore totalement convaincu.
J'avais bien apprécié mon premier ouvrage lu de Nuria Tamarit, Toubab. L'autrice quitte l'Afrique pour revenir dans un environnement classique d'une bande de copines qui se retrouvent dans un club de basket. Toutefois la thématique principale reste la découverte. Ce n'est pas la découverte d'une autre culture comme dans Toubab mais surtout la découverte de son corps à l'adolescence dans une transformation physique et mentale de la féminité.
Cela s'adresse en premier lieu à un public ado fille (vers 12-14ans) qui découvre le regard sexué des garçons.
J'ai une petite réserve car Martina semble être plus âgée puisqu'elle sort avec un garçon qui pilote déjà une moto.
Le scénario est découpé comme les différents temps d'un match de basket. Cela donne une suite de saynètes rapides. De nombreuse scènes intimes se passent sous les douches. L'autrice réussit dans ces moments à éviter voyeurisme malsain pour garder une ambiance d'hygiène et d'intimité féminine.
Il fait accepter le graphisme si particulier de Nuria avec ses grands personnages un peu plats et qui me font penser à un théâtre de marionnettes.
Cela va avec une mise en couleur très vive presque criarde que j'ai bien apprivoisée. Un graphisme qui fait pont entre le monde de l'enfance et celui des adultes comme le positionnement de la série.
Je ne suis pas du tout la cible mais j' apprécie le travail de cette autrice. Un bon 3
C'est ma première incursion dans l'univers de Karibou, auteur tant vanté sur le site. Cette lecture m'a laissé perplexe. L'idée de caricaturer une figure première du roman national dans un contexte bien absurde est sympathique. Comme je ne suis pas un admirateur forcené de Napoléon cela ne me choque pas.
Le souci est qu'une fois le mécanisme de décalage entre un texte plutôt élaboré et le réel de la situation historique bien assimilé les gags deviennent un peu prévisibles et répétitifs.
J'ai même trouvé certaines thématiques fils rouges comme l'homosexualité entre Lowe et Bonaparte ou ses tentatives d'évasions un peu lourdes après un ou deux gags. Cela fait sourire au premier jet mais cela donne une impression de redit ensuite.
Le graphisme est minimaliste ce qui convient bien à ce type d'humour. J'ai apprécié la bichromie rose/noire qui colle bien avec l'esprit de la série. Le dessin bien que figé( volontairement) reste élégant.
Le texte n'est jamais vulgaire mais ne m'a jamais vraiment conquis. Un 3 sans plus.
Sans aucun doute le meilleur des albums de la licence Cyberpunk 2077 que j'ai lus, sa fin en demi-teinte m'empêche toutefois de mettre une meilleure note.
Il s'agit d'une histoire complexe et dense qui donne l'impression d'être bien plus longue que celle de Cyberpunk 2077 - Trauma Team alors qu'elles comprennent le même nombre de pages. Elle se paie même le luxe de faire apparaitre quelques lieux et personnages rencontrés dans le jeu vidéo.
Cela commence par l'embauche d'un petit groupe de mercenaires pour une mission donnée par un chef des Valentinos. Mais ce n'est que l'entame d'une histoire plus dramatique qui amènera un autre personnage à revenir à Night City pour régler dans le sang des comptes depuis longtemps oubliés. Une histoire de sang, de famille et de trahison.
Graphiquement, c'est du boulot correct. Les personnages sont réussis, les décors plus basiques mais ils tiennent la route, les couleurs sont cyberpunk à souhait, et la mise en scène est très bonne.
L'histoire m'a beaucoup plu par sa densité. On passe des Badlands au coeur de la ville, d'histoires de gangs, de corpos et de solos, à des histoires de famille, et des souvenirs des années 2040 au monde encore plus pourri de 2077. Il y a pas mal de dialogues et ils fonctionnent bien, ainsi que quelques retournements de situation inattendus. Et il y a tout ce mystère autour des motivations de l'héroïne et de ce qui a causé tout cela, qui tient autant le lecteur en haleine que son parcours implacable et sanglant.
Dommage du coup que la révélation finale soit un peu bancale puisque son explication des comportements de deux principaux protagonistes, le moteur même de l'intrigue, peine à convaincre, ainsi que la fin un peu trop amère comme s'il fallait forcément rappeler que rien ne finit jamais bien à Night City.
Deuxième comics de la licence Cyberpunk 2077 que je lis, celui-ci a pour héroïne une médic de la Trauma Team et la met en scène dans une situation terrible où ses convictions de médecin seront confrontées à la cynique réalité d'un monde gouverné par les corpos.
Toute l'histoire se déroule en une longue scène d'action ponctuée de multiples flashback. Pas vraiment mon style narratif préféré, d'autant plus que certains passages m'ont un peu fait douter de leur ordre chronologique. Graphiquement, c'est du bon boulot même si les personnages en uniforme ou en tenue de cyberpunks survitaminés sont un peu récurrents ce qui empêche de vraiment s'extasier.
L'histoire non plus n'est pas épatante. Pour qui connait l'univers Cyberpunk, elle ne surprend pas, à part peut-être de découvrir que l'héroïne ne savait pas encore à son âge dans quel monde elle vivait. Mais elle tient tout de même la route et on suit les hésitations psychologiques de cette médecin qui ne sait plus dans quel sens elle doit agir, avec un doute jusqu'à la fin sur le choix qu'elle va faire. Qui plus est, malgré son grand nombre de pages, l'album se lit très vite car il est composé de beaucoup d'action dans une mise en scène très aérée et de courts dialogues.
Mais ça reste toutefois une lecture plutôt plaisante, bien plus que Cyberpunk 2077 - Ta voix et bien plus jolie aussi, et c'est une plongée plutôt correcte dans le monde de Night City pour qui ne le connait pas déjà bien.
La Chiâle est une autofiction où Claire Braud met en scène son avatar qui a fini par craquer et ne peut plus s'empêcher de pleurer des torrents de larmes suite à l'accumulation de visions d'horreur et d'un monde en perdition. Incapable de s'exprimer face à ceux qui cherchent à comprendre pourquoi elle se liquéfie à ce point, elle amène le lecteur à revoir ses jours précédents où elle a vu sa campagne natale être défigurée par les hommes, sa ville d'adoption être frappée par des attentats meurtriers et enfin son voyage de reportage au Sri Lanka sur les traces des massacres de la population Tamoule par les autorités gouvernementales. Mais tout cela, elle le masque sous des noms de populations et de lieux légèrement déformés, comme pour les différencier de la réalité, sans qu'on comprenne bien pourquoi.
Du coup, la question se pose aussi pour mon avis envers cette BD : est-il un constat objectif ou une opinion subjective ? Car mon ressenti, c'est que cet album manque sa cible et frappe à côté.
Pour commencer, je n'apprécie vraiment pas le graphisme de Claire Braud. Faussement amateur, il offre des planches laides et approximatives, comme le brouillon de quelqu'un qui ne veut pas se donner la peine de faire plus soigné car c'est plus artistique ainsi.
Du coup, il faut se rabattre sur l'histoire et son message. Sauf que le message que j'ai reçu pour ma part, c'est celui de quelqu'un qui dit "Regardez-moi comme je pleure, regardez l'empathie que j'éprouve, n'est-ce pas ce que chacun devrait ressentir devant notre monde pourri et ses horreurs ?". Claire Braud le fait certes avec une grande dose d'autodérision, mais on sent aussi qu'il y a un message qui veut être transmis, sauf que ce message m'est resté lettre morte. Les trop longues premières pages se contentent de montrer l'héroïne dans toute l'exagération de son traumatisme et de ses larmes jaillissantes. Puis elle tente d'expliquer par l'image et les mots l'origine du trop plein de ses émotions. On survole brièvement sa peur ressentie lors des attentats de 2015 dont elle n'a été que lointaine témoin, sa perte de répères quand ses parents fermiers ont vendu leur troupeau pour partir à la retraite, ou quand elle a découvert que les lieux campagnards qu'elle aimait dans sa jeunesse avaient été dénaturés. Et on arrive enfin à son séjour au Sri Lanka qui est visiblement l'élément clé de son histoire et le déclencheur de sa fameuse chiâle. Sauf que là encore les choses semblent survolées, aucune clé de ce qui s'y est déroulé n'est expliquée, on a juste quelques brefs témoignages, quelques réactions de personnes rencontrées, l'évocation d'un massacre dont elle ne verra que des restes délaissés, l'affirmation qu'il y a des monstres d'un côté et des victimes de l'autre, et aucun moyen de ressentir pour de bon le traumatisme et l'horreur qu'elle dénonce. Et toujours cette incompréhension de pourquoi ne pas vouloir donner les vrais noms de ces lieux et populations ? Comme si l'autofiction et la mise en scène du propre avatar de l'artiste comptait plus que la transmission de la réalité et d'informations claires sur ce drame de la guerre civile au Sri Lanka.
On comprendra donc à me lire que je n'ai pas été touché par cet album malgré l'intensité avec laquelle il semble essayer de me dire que la situation est terrible...
J’étais impatient de lire la superbe intégrale grand format. J’adore les polars noirs, et « The Good Asian » a reçu de nombreux prix en 2022, dont un Eisner Award (meilleure série courte) et un Harvey Award (meilleur album). Et je ressors ravi de ma lecture.
Un détective américain d’origine chinoise enquête sur une disparition dans le Chinatown the San Francisco en 1936. Il va peu à peu mettre à jour une machination compliquée, qui va se ramifier sur 300 pages. La narration est fluide et maitrisée, et les sauts temporels clairement indiqués… Cependant les personnages abondent, et il faut rester concentré pour ne pas dérocher - un album à lire au calme, à tête reposée. Les deux derniers chapitres proposent un dénouement logique et bien amené, et surtout résument les évènements de l’intrigue, ce qui est quand même bien pratique pour tout remettre en place.
La période et le lieu de l’histoire ne sont pas anodins, et fournissent un background riche et lourd de sens : la Loi d'exclusion des Chinois (Chinese Exclusion Act) mise en place en 1882 est toujours active, et les conséquences sociales sont énormes. L’histoire propose donc une réflexion pertinente et accessible sur l’intégration des immigrés, plus d’actualité que jamais en 2024. Le petit dossier en fin d’album démontre que l’auteur (lui-même d’origine thaïlandaise) s’est beaucoup documenté.
La mise en image d’Alexandre Tefenkgi est exemplaire, et les couleurs de Lee Loughridge participent grandement aux ambiances du récit, mais aussi à la narration (pour représenter les sauts temporels). Du beau boulot.
Une lecture un peu éprouvante par moment (le scenario est dense et nébuleux) mais passionnante, que je recommande aux amateurs de polars noirs. Un mot en fin d’album (« Edison Hark will return ») semble indiquer qu’une suite est prévue… j’espère que c’est le cas !
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Tout commence par un bel objet, bien épais (208 pages), au dos toilé de qualité et une couverture intrigante, promesse d'une histoire sombre et mystérieuse. A l'intérieur on n'est pas déçu, loin de là. D'abord par le dessin, le trait est maitrisé, moderne et élégant. Le noir est blanc est très à propos et sublime parfaitement l'ambiance du récit. Et justement le récit... waow. Tout commence par une histoire contemporaine, celle de 3 amis d'enfance. On fait connaissance avec les protagonistes et très vite on va plonger avec eux dans leurs souvenirs d'adolescents. Cette entrée en matière est réussie, sans pouvoir l'expliquer, on a immédiatement envie de savoir quelle va être l'histoire qu'ils vont vivre. Une amie d'enfance retrouvée, puis mystérieusement disparue, il n'en faut pas plus pour être happé par l'intrigue. Ca pourrait être une enquête sur une disparition réelle, sauf que celle ci prend très vite une dimension fantastique. Mais le tour de force, c'est qu'on y croit bien volontiers. C'est pas abracadabrant, c'est très intelligemment amené. C'est mystérieux juste ce qu'il faut. Les 3 héros vont tout mettre en oeuvre pour retrouver leur vieille copine. Ils vont découvrir des choses de plus en plus étranges : des fresques bizarres, un peintre oublié, des lieux bien curieux, des gens qui essayent de leur mettre des batôns dans les roues, et plus encore. La sauce prend merveilleusement bien, la part fantastique de l'histoire augmente au fil des pages mais on y croit toujours autant. Cette histoire est très bien racontée, elle est interessante dès le début, le rythme et l'intérêt ne baisse jamais. Les péripéties et les rebondissements ne manquent pas. Le développement est simple et clair, pas de complexité inutile, c'est prenant et la conclusion est totalement satisfaisante. Une BD Comme j'aimerais en lire plus souvent.
Chez Adolf
Ces 4 albums constituent un pur chef d’œuvre. L'éternelle question "qu'aurai je fait si j'avais été jeune majeur en 1940" est magistralement traitée au travers des aventures de cet allemand lambda Karl Stieg. Le plus surprenant peut être est de découvrir que ces aventures n'en ont que le nom puisqu'il s'agit ici de la version, sans doute romancée, de véritables destins. Le dessin est très agréable, très fouillé et très précis. Le scénario est impeccable et les couleurs inspirantes. Je ne peux que conseiller l'achat des 4 volumes de la série. Bravo aux auteurs.
La Revanche de Bane
Un peu vieillot, mais très cohérent, avec un univers solidement charpenté - Ce tome contient Vengeance of Bane (1993) et la minisérie en 4 épisodes Bane of the Demon (1998). La vengeance de Bane (Scénario de Chuck Dixon, dessins de Graham Nolan, encrage d'Eduardo Barreto) - En 1993, Bane casse la colonne vertébrale de Batman. Ces histoires ont été rééditées dans Knightfall et suivants (à l'occasion du film The Dark Knight rises). En parallèle paraît ce numéro spécial qui raconte l'enfance de Bane dans une prison, jusqu'à sa première rencontre avec Batman à Gotham. Minisérie Bane (scénario de Chuck Dixon, dessins de Graham Nolan, encrage de Tom Palmer) - Bane a surmonté sa dépendance à la drogue qui lui donnait une force surhumaine, appelée Venom. Il décide de partir à la recherche de l'identité de son père. Après un bref passage par la prison de Santa Prisca, la piste des indices le ballade de Rome à Singapour, en passant par Madrid, Sarajevo, Aden, Okhost, Lusaka et Kota Kinabalu (tout ça en 1 seule page). Enfin à Singapour, il met la main sur Jean-Paul Aumont qu'il se met à torturer pour extraire des informations. Au même moment Talia al Ghul investit l'immeuble avec des hommes de main de son père à la recherche d'un incunable dans la collection d'Aumont. Dans les années 1990, Dennis O'Neil est le responsable éditorial de groupe des séries affiliées au personnage de Batman. Non seulement il coordonne les séries entre elles, mais aussi il s'assure de la cohérence de l'univers partagé spécifique au personnage. Il conçoit également des superstructures narratives qui ont fait date dans l'histoire du personnage : Knightfall, Contagion (1996), Legacy (1996), Cataclysm (1998), No man's land (1999). C'est lui qui assure une vision à moyen terme des personnages les plus significatifs et les plus structurants. C'est en partie grâce à lui que ces récits résistent à l'épreuve du temps et restent lisibles. L'enfance de Bane se déroule dans une prison sur l'île fictive de Santa Prisca qui est apparu pour la première fois dans la série The Question, écrite par O'Neil. Bane s'injecte une drogue pour décupler ses forces, appelée Venom et créée par O'Neil dans une histoire de Batman (Venom). En replongeant dans ces histoires, ou en les découvrant, le lecteur évolue dans un monde fortement structuré, même si ces éléments ne constituent pas l'intérêt principal du récit. Quant au contenu proprement dit, Chuck Dixon privilégie toujours l'action et une histoire facile à suivre. L'enfance de Bane est dénuée de tout réalisme, toute vraisemblance et toute plausibilité. Mais au final, il se dégage un léger parfum de tragédie virile assez séduisant. Comme par hasard, pendant ses pires cauchemars, Bane s'imagine en proie à une horreur indicible qui a la forme d'une chauve-souris. Bane est doué d'une force de volonté hors du commun, titanesque à ce niveau là qui fait de lui un autodidacte exceptionnel. Comme par hasard, la prison où il est détenu dispose d'une bibliothèque recelant des ouvrages didactiques sur des langues étrangères parlées un millier d'individus. Dixon s'amuse aussi un peu en faisant de Bane, l'antithèse de Doc Savage. Comme lui il est autodidacte, comme lui il représente la perfection de la performance physique, comme lui il est entouré par une bande de cinq spécialistes. La minisérie qui suit reprend le même schéma : de l'action, des coïncidences impossibles (Bane et Talia au même moment et au même endroit). Bane est plus viril que jamais, et certainement plus noble puisqu'il est maintenant sevré. Chuck Dixon en fait le successeur de Batman auprès de Talia al Ghul, avec l'ombre paternelle très présente. Ce récit simple et rapide parfait l'intégration de Bane au sein de la mythologie de Batman. Le lecteur découvre petit à petit les deux ou trois ressorts psychologiques de Bane. Cette construction est rudimentaire, mais bien conçue et solide ; elle sera reprise en l'état par Gail Simone quand elle intègrera le personnage aux Secret Six. Comme Chuck Dixon, Graham Nolan a réalisé beaucoup d'épisodes de Batman à cette époque. Il a un style relativement réaliste qui semble un amalgame entre Jim Aparo et Joe Kubert. Le résultat se laisse lire sans avoir à se forcer. La densité narrative visuelle n'est pas très élevée. Il y a une moyenne de quatre cases par page. Les visages des personnages arborent des expressions très marquées, pour ne pas dire exagérées. Les décors sont présents assez régulièrement, plus que dans des planches de Jim Aparo par exemple. Le niveau de violence est assez élevé (comme en général dans les comics), mais sans être très graphique. Les illustrations sont à l'image du scénario : directe, sans effet de manche, sans sophistication. Ce tome propose une plongée dans le passé d'un ennemi significatif de Batman (tout en étant assez récent). Il s'agit d'histoire qui se lisent vite et qui viennent apporter des précisions dans la continuité et les origines du personnage de Bane. S'il n'y a pas de quoi fouetter un chat, il ne s'agit pas non plus d'une lecture fastidieuse.
Phase finale
El Diablo a déjà participé à quelques séries dynamiques, et celle-ci l’est, assurément ! C’est même sa force, et sa faiblesse, de miser tout sur le rythme, l’action. Ça fuse, ça pète, sa dézingue à tout va. On ne s’ennuie pas. El Diablo mélange ici les genres, en mélangeant les vampires (l’histoire de notre héroïne vampire n’est pas sans rappeler celle de Dracula), les invasions extra-terrestres (on pense à « La guerre des mondes » de Wells). Du fantastique donc, pas mal de Science-Fiction, dans un univers apocalyptique. Et un personnage survivaliste un peu dingue, possédant assurance et arsenal de folie ! Le dessin de Baudy est fluide et dynamique (mais pas très fouillé je trouve). En tout cas il s’accorde bien avec le scénario d’El Diablo. Je ne sais pas où l’histoire va nous emmener par la suite. Pour le moment, je reste un peu sur ma faim. Il y a des passages amusants, c’est très rythmé, mais c’est une lecture détente/défouloir qui ne m’a pas encore totalement convaincu.
Des éclats de diamant
J'avais bien apprécié mon premier ouvrage lu de Nuria Tamarit, Toubab. L'autrice quitte l'Afrique pour revenir dans un environnement classique d'une bande de copines qui se retrouvent dans un club de basket. Toutefois la thématique principale reste la découverte. Ce n'est pas la découverte d'une autre culture comme dans Toubab mais surtout la découverte de son corps à l'adolescence dans une transformation physique et mentale de la féminité. Cela s'adresse en premier lieu à un public ado fille (vers 12-14ans) qui découvre le regard sexué des garçons. J'ai une petite réserve car Martina semble être plus âgée puisqu'elle sort avec un garçon qui pilote déjà une moto. Le scénario est découpé comme les différents temps d'un match de basket. Cela donne une suite de saynètes rapides. De nombreuse scènes intimes se passent sous les douches. L'autrice réussit dans ces moments à éviter voyeurisme malsain pour garder une ambiance d'hygiène et d'intimité féminine. Il fait accepter le graphisme si particulier de Nuria avec ses grands personnages un peu plats et qui me font penser à un théâtre de marionnettes. Cela va avec une mise en couleur très vive presque criarde que j'ai bien apprivoisée. Un graphisme qui fait pont entre le monde de l'enfance et celui des adultes comme le positionnement de la série. Je ne suis pas du tout la cible mais j' apprécie le travail de cette autrice. Un bon 3
Waterlose
C'est ma première incursion dans l'univers de Karibou, auteur tant vanté sur le site. Cette lecture m'a laissé perplexe. L'idée de caricaturer une figure première du roman national dans un contexte bien absurde est sympathique. Comme je ne suis pas un admirateur forcené de Napoléon cela ne me choque pas. Le souci est qu'une fois le mécanisme de décalage entre un texte plutôt élaboré et le réel de la situation historique bien assimilé les gags deviennent un peu prévisibles et répétitifs. J'ai même trouvé certaines thématiques fils rouges comme l'homosexualité entre Lowe et Bonaparte ou ses tentatives d'évasions un peu lourdes après un ou deux gags. Cela fait sourire au premier jet mais cela donne une impression de redit ensuite. Le graphisme est minimaliste ce qui convient bien à ce type d'humour. J'ai apprécié la bichromie rose/noire qui colle bien avec l'esprit de la série. Le dessin bien que figé( volontairement) reste élégant. Le texte n'est jamais vulgaire mais ne m'a jamais vraiment conquis. Un 3 sans plus.
Cyberpunk 2077 - Tu as ma parole
Sans aucun doute le meilleur des albums de la licence Cyberpunk 2077 que j'ai lus, sa fin en demi-teinte m'empêche toutefois de mettre une meilleure note. Il s'agit d'une histoire complexe et dense qui donne l'impression d'être bien plus longue que celle de Cyberpunk 2077 - Trauma Team alors qu'elles comprennent le même nombre de pages. Elle se paie même le luxe de faire apparaitre quelques lieux et personnages rencontrés dans le jeu vidéo. Cela commence par l'embauche d'un petit groupe de mercenaires pour une mission donnée par un chef des Valentinos. Mais ce n'est que l'entame d'une histoire plus dramatique qui amènera un autre personnage à revenir à Night City pour régler dans le sang des comptes depuis longtemps oubliés. Une histoire de sang, de famille et de trahison. Graphiquement, c'est du boulot correct. Les personnages sont réussis, les décors plus basiques mais ils tiennent la route, les couleurs sont cyberpunk à souhait, et la mise en scène est très bonne. L'histoire m'a beaucoup plu par sa densité. On passe des Badlands au coeur de la ville, d'histoires de gangs, de corpos et de solos, à des histoires de famille, et des souvenirs des années 2040 au monde encore plus pourri de 2077. Il y a pas mal de dialogues et ils fonctionnent bien, ainsi que quelques retournements de situation inattendus. Et il y a tout ce mystère autour des motivations de l'héroïne et de ce qui a causé tout cela, qui tient autant le lecteur en haleine que son parcours implacable et sanglant. Dommage du coup que la révélation finale soit un peu bancale puisque son explication des comportements de deux principaux protagonistes, le moteur même de l'intrigue, peine à convaincre, ainsi que la fin un peu trop amère comme s'il fallait forcément rappeler que rien ne finit jamais bien à Night City.
Cyberpunk 2077 - Trauma Team
Deuxième comics de la licence Cyberpunk 2077 que je lis, celui-ci a pour héroïne une médic de la Trauma Team et la met en scène dans une situation terrible où ses convictions de médecin seront confrontées à la cynique réalité d'un monde gouverné par les corpos. Toute l'histoire se déroule en une longue scène d'action ponctuée de multiples flashback. Pas vraiment mon style narratif préféré, d'autant plus que certains passages m'ont un peu fait douter de leur ordre chronologique. Graphiquement, c'est du bon boulot même si les personnages en uniforme ou en tenue de cyberpunks survitaminés sont un peu récurrents ce qui empêche de vraiment s'extasier. L'histoire non plus n'est pas épatante. Pour qui connait l'univers Cyberpunk, elle ne surprend pas, à part peut-être de découvrir que l'héroïne ne savait pas encore à son âge dans quel monde elle vivait. Mais elle tient tout de même la route et on suit les hésitations psychologiques de cette médecin qui ne sait plus dans quel sens elle doit agir, avec un doute jusqu'à la fin sur le choix qu'elle va faire. Qui plus est, malgré son grand nombre de pages, l'album se lit très vite car il est composé de beaucoup d'action dans une mise en scène très aérée et de courts dialogues. Mais ça reste toutefois une lecture plutôt plaisante, bien plus que Cyberpunk 2077 - Ta voix et bien plus jolie aussi, et c'est une plongée plutôt correcte dans le monde de Night City pour qui ne le connait pas déjà bien.
La Chiâle
La Chiâle est une autofiction où Claire Braud met en scène son avatar qui a fini par craquer et ne peut plus s'empêcher de pleurer des torrents de larmes suite à l'accumulation de visions d'horreur et d'un monde en perdition. Incapable de s'exprimer face à ceux qui cherchent à comprendre pourquoi elle se liquéfie à ce point, elle amène le lecteur à revoir ses jours précédents où elle a vu sa campagne natale être défigurée par les hommes, sa ville d'adoption être frappée par des attentats meurtriers et enfin son voyage de reportage au Sri Lanka sur les traces des massacres de la population Tamoule par les autorités gouvernementales. Mais tout cela, elle le masque sous des noms de populations et de lieux légèrement déformés, comme pour les différencier de la réalité, sans qu'on comprenne bien pourquoi. Du coup, la question se pose aussi pour mon avis envers cette BD : est-il un constat objectif ou une opinion subjective ? Car mon ressenti, c'est que cet album manque sa cible et frappe à côté. Pour commencer, je n'apprécie vraiment pas le graphisme de Claire Braud. Faussement amateur, il offre des planches laides et approximatives, comme le brouillon de quelqu'un qui ne veut pas se donner la peine de faire plus soigné car c'est plus artistique ainsi. Du coup, il faut se rabattre sur l'histoire et son message. Sauf que le message que j'ai reçu pour ma part, c'est celui de quelqu'un qui dit "Regardez-moi comme je pleure, regardez l'empathie que j'éprouve, n'est-ce pas ce que chacun devrait ressentir devant notre monde pourri et ses horreurs ?". Claire Braud le fait certes avec une grande dose d'autodérision, mais on sent aussi qu'il y a un message qui veut être transmis, sauf que ce message m'est resté lettre morte. Les trop longues premières pages se contentent de montrer l'héroïne dans toute l'exagération de son traumatisme et de ses larmes jaillissantes. Puis elle tente d'expliquer par l'image et les mots l'origine du trop plein de ses émotions. On survole brièvement sa peur ressentie lors des attentats de 2015 dont elle n'a été que lointaine témoin, sa perte de répères quand ses parents fermiers ont vendu leur troupeau pour partir à la retraite, ou quand elle a découvert que les lieux campagnards qu'elle aimait dans sa jeunesse avaient été dénaturés. Et on arrive enfin à son séjour au Sri Lanka qui est visiblement l'élément clé de son histoire et le déclencheur de sa fameuse chiâle. Sauf que là encore les choses semblent survolées, aucune clé de ce qui s'y est déroulé n'est expliquée, on a juste quelques brefs témoignages, quelques réactions de personnes rencontrées, l'évocation d'un massacre dont elle ne verra que des restes délaissés, l'affirmation qu'il y a des monstres d'un côté et des victimes de l'autre, et aucun moyen de ressentir pour de bon le traumatisme et l'horreur qu'elle dénonce. Et toujours cette incompréhension de pourquoi ne pas vouloir donner les vrais noms de ces lieux et populations ? Comme si l'autofiction et la mise en scène du propre avatar de l'artiste comptait plus que la transmission de la réalité et d'informations claires sur ce drame de la guerre civile au Sri Lanka. On comprendra donc à me lire que je n'ai pas été touché par cet album malgré l'intensité avec laquelle il semble essayer de me dire que la situation est terrible...
The Good Asian
J’étais impatient de lire la superbe intégrale grand format. J’adore les polars noirs, et « The Good Asian » a reçu de nombreux prix en 2022, dont un Eisner Award (meilleure série courte) et un Harvey Award (meilleur album). Et je ressors ravi de ma lecture. Un détective américain d’origine chinoise enquête sur une disparition dans le Chinatown the San Francisco en 1936. Il va peu à peu mettre à jour une machination compliquée, qui va se ramifier sur 300 pages. La narration est fluide et maitrisée, et les sauts temporels clairement indiqués… Cependant les personnages abondent, et il faut rester concentré pour ne pas dérocher - un album à lire au calme, à tête reposée. Les deux derniers chapitres proposent un dénouement logique et bien amené, et surtout résument les évènements de l’intrigue, ce qui est quand même bien pratique pour tout remettre en place. La période et le lieu de l’histoire ne sont pas anodins, et fournissent un background riche et lourd de sens : la Loi d'exclusion des Chinois (Chinese Exclusion Act) mise en place en 1882 est toujours active, et les conséquences sociales sont énormes. L’histoire propose donc une réflexion pertinente et accessible sur l’intégration des immigrés, plus d’actualité que jamais en 2024. Le petit dossier en fin d’album démontre que l’auteur (lui-même d’origine thaïlandaise) s’est beaucoup documenté. La mise en image d’Alexandre Tefenkgi est exemplaire, et les couleurs de Lee Loughridge participent grandement aux ambiances du récit, mais aussi à la narration (pour représenter les sauts temporels). Du beau boulot. Une lecture un peu éprouvante par moment (le scenario est dense et nébuleux) mais passionnante, que je recommande aux amateurs de polars noirs. Un mot en fin d’album (« Edison Hark will return ») semble indiquer qu’une suite est prévue… j’espère que c’est le cas !