Oser parler de l'homosexualité avec de l'humour, c'est plutôt rare et un peu casse-gueule.
C'est ce que j'ai voulu faire ici, et avec plutôt pas mal de réussite vu les avis des critiques, que ce soit les critiques BD (Actua BD, Babelio, Samba BD,Le bulleur podcast, RTBF, ...) mais également les revues gays (Garçon magazine, Frendly, Jock.life).
Cette BD ne se limite pas à parler aux couples homosexuels, mais à tout le monde, car les situations que l'on y retrouve sont communes à tous les couples, hétéros comme homos, il n'y a pas de différence. Aimer, c'est... aimer, quelque soit la constitution du couple.
L'album pose des questions simples : dans un couple homos, y en a t-il aussi un qui a les pieds froids ? Ou bien les deux ronflent-ils ? Pourquoi le vendeur de roses qui passe dans les restos ne s'arrête t-il jamais aux tables occupées par deux hommes ? Ce serait sans doute plus rentable que les tables mixtes, non ? A quoi font référence ceux qui demandent à un homo "qui fait la femme" ? Aux tâches ménagères ? Et ainsi de suite. L'idée était de faire une BD sur la vie d'un couple de même sexe, tantôt comique, tantôt ironique, souvent critique sur les préjugés et idées reçues.
Les deux personnages principaux sont Paul, dans la quarantaine (des pistes sur son âge seront données dans l'album) et Tom, plus jeune. Cette différence d'âge peut bien sûr être source de nombreux gags et malentendus. On découvrira tout au long de l'album non seulement leur vie de couple, mais également leurs relations avec les autres : amis, famille, collègues, ...
Car Paul et Tom ne vivent pas sur une île, ils interagissent avec leur environnement, et, quand ils en ont un, leur entourage professionnel.
Enfin, ces deux héros ont une vraie personnalité et que l'on en comprenne les origines. L'album aborde leur passé commun (leur première rencontre, leur premier rendez-vous, leur mariage), mais également, à l'aide d'interviews de proches, leur passé individuel.
Jacq, auteur
Première lecture que je fais de cet auteur. Attilio Micheluzzi n’a rien à envier à Pratt, je trouve.
Son noir et blanc est très élégant et effectivement la couleur de la première édition devait vraiment lui faire perdre beaucoup.
L’histoire quant à elle, si elle semble fictive, du moins est-elle bien ancrée et crédible dans cette réalité historique où Mussolini veut sa part du gâteau africain en faisant main basse sur l’Abyssinie.
Nos quatre héros se retrouvent donc à devoir convoyer deux automitrailleuses aux forces de la résistance éthiopienne. Tous n’auront pas la même motivation, révolte, dettes de jeux,… mais ils sont bien campés et les personnages féminins ne sont pas en reste.
Le récit débute en Egypte, les temps sont troubles, les militaires inquiets, les agents secrets se cachent sous les couvertures les plus respectables. Et on entre peu à peu dans le vif du sujet, quand la guerre éclate et que la violence se déchaîne.
J’ai bien aimé la progression de l’histoire avec cette partie en forme de reconstitution des évènements au jour le jour par le biais d’un journal de bord. L’effet d’enquête par le narrateur fonctionne très bien je trouve et donne beaucoup de corps au récit.
Un beau dessin, des personnages intéressants, une bonne histoire dans l’Histoire. C’est top pour moi.
Guido Buzzelli est vraiment un auteur à part, dont le travail est très reconnaissable, et ne saurait laisser indifférent (j’imagine qu’il est très clivant – même si ce ne sont que de simples suppositions, car il n’y a que très peu d’avis sur ses séries).
Le recueil Zil Zelub reprend des histoires créées au début des années 1970. Je ne pense pas que ce soit celui que je recommanderais pour un lecteur découvrant cet auteur, car il est des plus déroutants. En particulier la première histoire, donnant son titre au recueil, la plus longue, qui est pleine de folie plus ou moins douce, mêlant fantastique et loufoquerie, moments de violence et de poésie. Il doit y avoir pas mal de références autobiographiques dans cette histoire. Comme souvent le personnage principal a les traits de l’auteur, et à plusieurs reprises celui-ci, dans ses rêves ou l’évocation de sa jeunesse, fait référence à Buzzelli et son histoire. Mais quel délire que cette intrigue, où nous suivons un violoncelliste dont les parties du corps (tête, jambes, bras) se détachent, deviennent autonomes – un bras se comporte d’ailleurs comme un pervers sexuel !), alors que des sortes de ptérodactyles se baladent en ville.
Les trois histoires suivantes, elles aussi empreintes de poésie et de fantastique, sont plus courtes et se laissent un peu plus facilement appréhender.
Le dessin est très classique pour cet auteur. Un Noir et Blanc rageur, nerveux, jouant sur des hachures. On a parfois l’impression que ce sont des crayonnés jetés négligemment sur le papier, mais en fait c’est assez élaboré, même si le rendu est très sec.
Un album inclassable, sans doute peu avenant – mais j’y ai trouvé mon compte (j’aime bien cet auteur de toute façon). Le principal reproche que j’aurais à lui faire, c’est d’être parfois trop bavard, certaines bulles sont bien trop denses.
A découvrir à l’occasion, on a là un auteur qui sort des sentiers battus !
Ralf König est un auteur que j’aime bien, mais d’habitude je préfère lorsqu’il fait intervenir le personnage de Paul, obsédé sympathique, véritable dynamiteur d’intrigues.
Pas de Paul ici, mais ça n’est pas grave, car c’est une lecture très agréable, sympathique, souvent amusante sans être hilarante.
Le dessin est habituel pour lui, souvent minimaliste. Mais il arrive à faire passer des émotions, des sentiments, des mimiques très drôles avec un minimum de moyens, König est d’une redoutable efficacité dans ce domaine.
Si bien sûr les personnages homosexuels occupent les principaux rôles, ils partagent dans cette série davantage de place avec des personnages hétéros – même si le personnage principal (hétéro, ce qui est rarissime chez König) se pose pas mal de question à ce propos, une rupture amoureuse l’ayant poussé à se remettre en question, et à faire quelques rencontres surprenantes.
Comme souvent avec König, on a une lecture détente agréable.
Note réelle 3,5/5.
Cet album avait tout pour me plaire : il s’agit d’une histoire complète, je suis friand d’anticipation, et j’aime généralement bien ce que fait Scott Snyder… et bingo !
J’ai trouvé l’intrigue intéressante et relativement facile à suivre, malgré les méandres volontaires du scenario. L’enquête est prenante et bien construite, et les révélations bien amenées… les fins de chapitre se finissent toujours sur un cliffhanger qui donne envie de lire la suite !
J’ai trouvé les thèmes passionnants : la connexion permanente aux réseaux, et surtout ces filtres (payants et régulés) que l’on peut appliquer au monde autour de soi pour le rendre plus intéressant ou supportable. Quelle belle analogie à nos réseaux sociaux et nos vies virtuelles, qui me rappelle d’ailleurs un peu le superbe Square Eyes d’Anna Mill. L’auteur en profite pour philosopher sur ce que nous sommes prêts à faire pour nous simplifier la vie, et la rendre plus tolérable… j’ai trouvé le ton juste, la réflexion pertinente.
La mise en image est réussie, dans un style moderne idéal pour représenter les effets psychédéliques causés par les filtres.
Un excellent one-shot, que je recommande aux amateurs du genre.
A noter qu’il s’agit à ma connaissance de la première publication française d’une série « Comixology Originals », la branche éditoriale de l’ogre Amazon, qui avait racheté le site de lecture en ligne Comixology en 2014. Amazon attire des auteurs connus (Snyder, Lemire) et publie des nouvelles œuvres en ligne (lisible via l’application Kindle), dont certaines sont ensuite rééditées en album papier par un éditeur traditionnel (Dark Horse Comics dans le cas de « Clear »).
Un tout petit format pour un album épais et plutôt original. A raison d'une à deux cases maximum par page, il offre un graphisme en aplats de couleurs semi-psychédéliques et à la ligne claire. On y avance comme dans un rêve, oscillant entre réalisme, science-fiction et une part d'onirisme ou de métaphysique.
Malgré cette originalité, je ne suis pas tombé sous le charme.
Pour commencer, je ne suis pas fan du dessin. Si son trait est correct mais pas ma tasse de thé, je suis un peu rebuté par son choix de couleurs. Et surtout, le petit format me convient mal, souvent trop petit pour apprécier pleinement un dessin, il devient presque illisible quand l'auteur fait le choix de réduire encore ses cases sur certaines pages. Sans parler du format de l'album, sa petite taille et son épaisseur faisant en sorte qu'il soit compliqué d'ouvrir en grand les pages et donc de bien voir les planches sans risquer d'abîmer l'ouvrage.
Ensuite, l'histoire ne m'a pas séduit. J'ai préféré la première partie, proche de l'enquête policière mais j'ai peu apprécié l'impunité dont jouissent les membres de cet institut dans leurs actes. Et la seconde partie m'a encore moins accroché, surtout avec sa révélation finale qui tombait un peu à plat pour moi et parait peu crédible dans sa réalisation, d'autant qu'elle pousse le lecteur à la deviner plus qu'elle n'est vraiment claire.
Bref, j'ai refermé ce petit album avec un sentiment un peu perplexe et pas convaincu.
Une plongée au cœur de la forêt vietnamienne pendant la guerre en 1965, nous suivons des soldats américains en mission de reconnaissance. Ce fait de guerre classique va vite se transformer en pénétrant sur le territoire d'un monstre local qui tue sans distinction les soldats des 2 camps.
La retranscription de l'ambiance oppressante vécue par les soldats est le point fort de cette bd, le manque de visibilité qui cause un risque permanent d'embuscade et les conditions de vie provoquées par la pluie sont superbement dessinés. La représentation détaillée de la jungle avec sa couleur dominante verte, les visages et les équipements des soldats nous transportent au cœur de cette jungle hostile en plein conflit avec réalisme.
Pour la compréhension, la fin de l'histoire est annoncée trop tôt. Il n'y a donc aucun effet de surprise, je termine ma lecture avec cette déception alors que pratiquement tout l'album l'auteur a su m'embarquer dans cette aventure.
Un bel album de la collection Signé
L'histoire d'une petite fille qui décide d'aller vivre chez son grand-père et de celui-ci qui, après avoir été un peu pris au dépourvu au départ, s'en retrouve ravi. L'occasion pour les deux d'apprendre à mieux se connaître et de passer de beaux moments ensemble.
Même si le ton est léger et l'humour bien présent, c'est avant tout un roman graphique qui nous offert ici, structuré en histoires courtes de 5 ou 6 pages chacune. C'est une tendre relation entre la petite-fille et son grand-père, faite de bas et de beaucoup de hauts, de nombreux moments mignons et touchants, et pas bêtes du tout. L'accent est grandement mis sur le bonheur ressenti par les grands-parents de pouvoir profiter de leurs petits enfants, et inversement sur l'éventuel syndrome du nid vide pour ceux qui n'ont pas cette chance.
Graphiquement, le style de Marco Paulo s'apparente ici à celui de Nob dont la série Mamette est d'ailleurs dans un esprit similaire à celle-ci. Les couleurs sont certes plus simples mais l'ensemble est mignon et efficace. Et j'apprécie le visible clin d'œil à Raoul Cauvin dans le physique du papy ainsi que dans le nom de l'école de la petite-fille.
C'est une BD qu'on entame avec plaisir et qui finit par devenir de plus en plus touchante au fil de la lecture, surtout pour un père et peut-être futur grand-père comme moi. J'ai beaucoup apprécié et s'il y a une suite, j'en serai.
Je n’ai pas lu la trilogie en romans, mais je trouve que Philip Pullman est un peu maudit.
Les différentes adaptations de son récit se sont toutes arrêtées au premier tome. Ça a été le cas au cinéma avec À la croisée des mondes : la boussole d’or que j’ai trouvé plutôt sympathique, et ça l’est aussi en bd avec cette trilogie « Les royaumes du Nord », au moins sur ce point il n’y a pas tromperie, c’est le titre du 1er roman. Mais du coup je me sens un peu orphelin de la suite surtout que j’accroche bien à l’univers, avec le sentiment de ne voir qu’une vision partielle/tronquée de l’histoire, quid de la suite « La tour des anges » et « Le miroir d’ambre » … il n’y a qu’à lire les romans vous me direz (et vous avez raison) mais c’était juste pour préciser ce que donne l’histoire sur d’autres médiums.
Passez cette longue intro, qu’est-ce qu’il en est de cette adaptation ?
Du travail honnête, la découverte de l’univers est vraiment sympa avec ce côté steampunk et la particularité de ce monde où chaque humain possède son daëmon : un animal avec lequel il est lié (tiens ce côté me fait penser à Mauvais monstre lu récemment).
Au programme de l’aventure familiale et de bon goût, on croisera de nombreux personnages, le tout est suffisamment accrocheur pour contenter tout public.
Là où ça pêche un peu au final, c’est sur la partie graphique, j’aime bien les couleurs et le trait de l’auteur me convient, mais hormis notre jeune héroïne je trouve la représentation des autres rôles sans charisme, ça m’a un peu gêné à la longue.
Même si décors et arrière-plans sont parfois sacrifiés, ça n’est pas toujours le cas, certaines planches peuvent être un peu plus détaillées. En tout cas, j’ai vraiment apprécié le dessin, qui use d’un beau Noir et Blanc, avec un trait fin, un style de crayonné jouant sur des fines hachures.
L’histoire quant à elle se laisse lire, mais j’ai trouvé qu’elle manquait de substance, malgré quelques passages intéressants. Il y a de la naïveté parfois, et des dialogues ou commentaires (beaucoup de texte en off) qui sans doute auraient pu être moins gentils, prévisibles.
L’auteur n’abuse pas du fantastique, et le dessin aéré est, comme je l’ai dit, plutôt chouette. Ça se laisse lire, mais je n’y reviendrai pas je pense.
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Les Péripéties homologuées de Paul et Tom
Oser parler de l'homosexualité avec de l'humour, c'est plutôt rare et un peu casse-gueule. C'est ce que j'ai voulu faire ici, et avec plutôt pas mal de réussite vu les avis des critiques, que ce soit les critiques BD (Actua BD, Babelio, Samba BD,Le bulleur podcast, RTBF, ...) mais également les revues gays (Garçon magazine, Frendly, Jock.life). Cette BD ne se limite pas à parler aux couples homosexuels, mais à tout le monde, car les situations que l'on y retrouve sont communes à tous les couples, hétéros comme homos, il n'y a pas de différence. Aimer, c'est... aimer, quelque soit la constitution du couple. L'album pose des questions simples : dans un couple homos, y en a t-il aussi un qui a les pieds froids ? Ou bien les deux ronflent-ils ? Pourquoi le vendeur de roses qui passe dans les restos ne s'arrête t-il jamais aux tables occupées par deux hommes ? Ce serait sans doute plus rentable que les tables mixtes, non ? A quoi font référence ceux qui demandent à un homo "qui fait la femme" ? Aux tâches ménagères ? Et ainsi de suite. L'idée était de faire une BD sur la vie d'un couple de même sexe, tantôt comique, tantôt ironique, souvent critique sur les préjugés et idées reçues. Les deux personnages principaux sont Paul, dans la quarantaine (des pistes sur son âge seront données dans l'album) et Tom, plus jeune. Cette différence d'âge peut bien sûr être source de nombreux gags et malentendus. On découvrira tout au long de l'album non seulement leur vie de couple, mais également leurs relations avec les autres : amis, famille, collègues, ... Car Paul et Tom ne vivent pas sur une île, ils interagissent avec leur environnement, et, quand ils en ont un, leur entourage professionnel. Enfin, ces deux héros ont une vraie personnalité et que l'on en comprenne les origines. L'album aborde leur passé commun (leur première rencontre, leur premier rendez-vous, leur mariage), mais également, à l'aide d'interviews de proches, leur passé individuel. Jacq, auteur
Bab El-Mandeb
Première lecture que je fais de cet auteur. Attilio Micheluzzi n’a rien à envier à Pratt, je trouve. Son noir et blanc est très élégant et effectivement la couleur de la première édition devait vraiment lui faire perdre beaucoup. L’histoire quant à elle, si elle semble fictive, du moins est-elle bien ancrée et crédible dans cette réalité historique où Mussolini veut sa part du gâteau africain en faisant main basse sur l’Abyssinie. Nos quatre héros se retrouvent donc à devoir convoyer deux automitrailleuses aux forces de la résistance éthiopienne. Tous n’auront pas la même motivation, révolte, dettes de jeux,… mais ils sont bien campés et les personnages féminins ne sont pas en reste. Le récit débute en Egypte, les temps sont troubles, les militaires inquiets, les agents secrets se cachent sous les couvertures les plus respectables. Et on entre peu à peu dans le vif du sujet, quand la guerre éclate et que la violence se déchaîne. J’ai bien aimé la progression de l’histoire avec cette partie en forme de reconstitution des évènements au jour le jour par le biais d’un journal de bord. L’effet d’enquête par le narrateur fonctionne très bien je trouve et donne beaucoup de corps au récit. Un beau dessin, des personnages intéressants, une bonne histoire dans l’Histoire. C’est top pour moi.
Zil Zelub
Guido Buzzelli est vraiment un auteur à part, dont le travail est très reconnaissable, et ne saurait laisser indifférent (j’imagine qu’il est très clivant – même si ce ne sont que de simples suppositions, car il n’y a que très peu d’avis sur ses séries). Le recueil Zil Zelub reprend des histoires créées au début des années 1970. Je ne pense pas que ce soit celui que je recommanderais pour un lecteur découvrant cet auteur, car il est des plus déroutants. En particulier la première histoire, donnant son titre au recueil, la plus longue, qui est pleine de folie plus ou moins douce, mêlant fantastique et loufoquerie, moments de violence et de poésie. Il doit y avoir pas mal de références autobiographiques dans cette histoire. Comme souvent le personnage principal a les traits de l’auteur, et à plusieurs reprises celui-ci, dans ses rêves ou l’évocation de sa jeunesse, fait référence à Buzzelli et son histoire. Mais quel délire que cette intrigue, où nous suivons un violoncelliste dont les parties du corps (tête, jambes, bras) se détachent, deviennent autonomes – un bras se comporte d’ailleurs comme un pervers sexuel !), alors que des sortes de ptérodactyles se baladent en ville. Les trois histoires suivantes, elles aussi empreintes de poésie et de fantastique, sont plus courtes et se laissent un peu plus facilement appréhender. Le dessin est très classique pour cet auteur. Un Noir et Blanc rageur, nerveux, jouant sur des hachures. On a parfois l’impression que ce sont des crayonnés jetés négligemment sur le papier, mais en fait c’est assez élaboré, même si le rendu est très sec. Un album inclassable, sans doute peu avenant – mais j’y ai trouvé mon compte (j’aime bien cet auteur de toute façon). Le principal reproche que j’aurais à lui faire, c’est d’être parfois trop bavard, certaines bulles sont bien trop denses. A découvrir à l’occasion, on a là un auteur qui sort des sentiers battus !
Les Nouveaux Mecs
Ralf König est un auteur que j’aime bien, mais d’habitude je préfère lorsqu’il fait intervenir le personnage de Paul, obsédé sympathique, véritable dynamiteur d’intrigues. Pas de Paul ici, mais ça n’est pas grave, car c’est une lecture très agréable, sympathique, souvent amusante sans être hilarante. Le dessin est habituel pour lui, souvent minimaliste. Mais il arrive à faire passer des émotions, des sentiments, des mimiques très drôles avec un minimum de moyens, König est d’une redoutable efficacité dans ce domaine. Si bien sûr les personnages homosexuels occupent les principaux rôles, ils partagent dans cette série davantage de place avec des personnages hétéros – même si le personnage principal (hétéro, ce qui est rarissime chez König) se pose pas mal de question à ce propos, une rupture amoureuse l’ayant poussé à se remettre en question, et à faire quelques rencontres surprenantes. Comme souvent avec König, on a une lecture détente agréable. Note réelle 3,5/5.
Clear
Cet album avait tout pour me plaire : il s’agit d’une histoire complète, je suis friand d’anticipation, et j’aime généralement bien ce que fait Scott Snyder… et bingo ! J’ai trouvé l’intrigue intéressante et relativement facile à suivre, malgré les méandres volontaires du scenario. L’enquête est prenante et bien construite, et les révélations bien amenées… les fins de chapitre se finissent toujours sur un cliffhanger qui donne envie de lire la suite ! J’ai trouvé les thèmes passionnants : la connexion permanente aux réseaux, et surtout ces filtres (payants et régulés) que l’on peut appliquer au monde autour de soi pour le rendre plus intéressant ou supportable. Quelle belle analogie à nos réseaux sociaux et nos vies virtuelles, qui me rappelle d’ailleurs un peu le superbe Square Eyes d’Anna Mill. L’auteur en profite pour philosopher sur ce que nous sommes prêts à faire pour nous simplifier la vie, et la rendre plus tolérable… j’ai trouvé le ton juste, la réflexion pertinente. La mise en image est réussie, dans un style moderne idéal pour représenter les effets psychédéliques causés par les filtres. Un excellent one-shot, que je recommande aux amateurs du genre. A noter qu’il s’agit à ma connaissance de la première publication française d’une série « Comixology Originals », la branche éditoriale de l’ogre Amazon, qui avait racheté le site de lecture en ligne Comixology en 2014. Amazon attire des auteurs connus (Snyder, Lemire) et publie des nouvelles œuvres en ligne (lisible via l’application Kindle), dont certaines sont ensuite rééditées en album papier par un éditeur traditionnel (Dark Horse Comics dans le cas de « Clear »).
Bettica Batenica
Un tout petit format pour un album épais et plutôt original. A raison d'une à deux cases maximum par page, il offre un graphisme en aplats de couleurs semi-psychédéliques et à la ligne claire. On y avance comme dans un rêve, oscillant entre réalisme, science-fiction et une part d'onirisme ou de métaphysique. Malgré cette originalité, je ne suis pas tombé sous le charme. Pour commencer, je ne suis pas fan du dessin. Si son trait est correct mais pas ma tasse de thé, je suis un peu rebuté par son choix de couleurs. Et surtout, le petit format me convient mal, souvent trop petit pour apprécier pleinement un dessin, il devient presque illisible quand l'auteur fait le choix de réduire encore ses cases sur certaines pages. Sans parler du format de l'album, sa petite taille et son épaisseur faisant en sorte qu'il soit compliqué d'ouvrir en grand les pages et donc de bien voir les planches sans risquer d'abîmer l'ouvrage. Ensuite, l'histoire ne m'a pas séduit. J'ai préféré la première partie, proche de l'enquête policière mais j'ai peu apprécié l'impunité dont jouissent les membres de cet institut dans leurs actes. Et la seconde partie m'a encore moins accroché, surtout avec sa révélation finale qui tombait un peu à plat pour moi et parait peu crédible dans sa réalisation, d'autant qu'elle pousse le lecteur à la deviner plus qu'elle n'est vraiment claire. Bref, j'ai refermé ce petit album avec un sentiment un peu perplexe et pas convaincu.
Latah
Une plongée au cœur de la forêt vietnamienne pendant la guerre en 1965, nous suivons des soldats américains en mission de reconnaissance. Ce fait de guerre classique va vite se transformer en pénétrant sur le territoire d'un monstre local qui tue sans distinction les soldats des 2 camps. La retranscription de l'ambiance oppressante vécue par les soldats est le point fort de cette bd, le manque de visibilité qui cause un risque permanent d'embuscade et les conditions de vie provoquées par la pluie sont superbement dessinés. La représentation détaillée de la jungle avec sa couleur dominante verte, les visages et les équipements des soldats nous transportent au cœur de cette jungle hostile en plein conflit avec réalisme. Pour la compréhension, la fin de l'histoire est annoncée trop tôt. Il n'y a donc aucun effet de surprise, je termine ma lecture avec cette déception alors que pratiquement tout l'album l'auteur a su m'embarquer dans cette aventure. Un bel album de la collection Signé
Mon Papy Titanic
L'histoire d'une petite fille qui décide d'aller vivre chez son grand-père et de celui-ci qui, après avoir été un peu pris au dépourvu au départ, s'en retrouve ravi. L'occasion pour les deux d'apprendre à mieux se connaître et de passer de beaux moments ensemble. Même si le ton est léger et l'humour bien présent, c'est avant tout un roman graphique qui nous offert ici, structuré en histoires courtes de 5 ou 6 pages chacune. C'est une tendre relation entre la petite-fille et son grand-père, faite de bas et de beaucoup de hauts, de nombreux moments mignons et touchants, et pas bêtes du tout. L'accent est grandement mis sur le bonheur ressenti par les grands-parents de pouvoir profiter de leurs petits enfants, et inversement sur l'éventuel syndrome du nid vide pour ceux qui n'ont pas cette chance. Graphiquement, le style de Marco Paulo s'apparente ici à celui de Nob dont la série Mamette est d'ailleurs dans un esprit similaire à celle-ci. Les couleurs sont certes plus simples mais l'ensemble est mignon et efficace. Et j'apprécie le visible clin d'œil à Raoul Cauvin dans le physique du papy ainsi que dans le nom de l'école de la petite-fille. C'est une BD qu'on entame avec plaisir et qui finit par devenir de plus en plus touchante au fil de la lecture, surtout pour un père et peut-être futur grand-père comme moi. J'ai beaucoup apprécié et s'il y a une suite, j'en serai.
Les Royaumes du Nord
Je n’ai pas lu la trilogie en romans, mais je trouve que Philip Pullman est un peu maudit. Les différentes adaptations de son récit se sont toutes arrêtées au premier tome. Ça a été le cas au cinéma avec À la croisée des mondes : la boussole d’or que j’ai trouvé plutôt sympathique, et ça l’est aussi en bd avec cette trilogie « Les royaumes du Nord », au moins sur ce point il n’y a pas tromperie, c’est le titre du 1er roman. Mais du coup je me sens un peu orphelin de la suite surtout que j’accroche bien à l’univers, avec le sentiment de ne voir qu’une vision partielle/tronquée de l’histoire, quid de la suite « La tour des anges » et « Le miroir d’ambre » … il n’y a qu’à lire les romans vous me direz (et vous avez raison) mais c’était juste pour préciser ce que donne l’histoire sur d’autres médiums. Passez cette longue intro, qu’est-ce qu’il en est de cette adaptation ? Du travail honnête, la découverte de l’univers est vraiment sympa avec ce côté steampunk et la particularité de ce monde où chaque humain possède son daëmon : un animal avec lequel il est lié (tiens ce côté me fait penser à Mauvais monstre lu récemment). Au programme de l’aventure familiale et de bon goût, on croisera de nombreux personnages, le tout est suffisamment accrocheur pour contenter tout public. Là où ça pêche un peu au final, c’est sur la partie graphique, j’aime bien les couleurs et le trait de l’auteur me convient, mais hormis notre jeune héroïne je trouve la représentation des autres rôles sans charisme, ça m’a un peu gêné à la longue.
La Belle du temple hanté
Même si décors et arrière-plans sont parfois sacrifiés, ça n’est pas toujours le cas, certaines planches peuvent être un peu plus détaillées. En tout cas, j’ai vraiment apprécié le dessin, qui use d’un beau Noir et Blanc, avec un trait fin, un style de crayonné jouant sur des fines hachures. L’histoire quant à elle se laisse lire, mais j’ai trouvé qu’elle manquait de substance, malgré quelques passages intéressants. Il y a de la naïveté parfois, et des dialogues ou commentaires (beaucoup de texte en off) qui sans doute auraient pu être moins gentils, prévisibles. L’auteur n’abuse pas du fantastique, et le dessin aéré est, comme je l’ai dit, plutôt chouette. Ça se laisse lire, mais je n’y reviendrai pas je pense.