Whisky (Duhamel/Ratte)

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

À l’adoption. Trois paumés, dont un chien.


Chiens École européenne supérieure de l'image Les SDF Nouveautés BD, comics et manga

Amir et Théo sont à la rue, liés par un pacte de survie. Une relation de maître à élève qui leur permet de tenir le coup. Mais le père Théo, c’est la vieille école, et sa conception de l’élève frôle parfois celle de l’esclave. Amir a beau être patient, il y a des limites à tout. Même pour un réfugié. Quand le vétéran s’entiche d’un chien tout droit sorti d’un salon de toilettage pour dames, Amir craque. Les chiens, il les déteste. Alors celui-là, hors de question de le garder. Surtout s’il y a une récompense...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 28 Mai 2025
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Whisky (Duhamel/Ratte) © Bamboo 2025
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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23/05/2025 | Ro
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L'avatar du posteur Bruno Menetrier

Le scénario est signé par le normand Bruno Duhamel (né en 75), un bédéaste aussi à l'aise avec les pinceaux qu'avec la plume, et qui est coutumier des personnages un peu décalés, en marge de notre bonne société. Pour cet album Whisky, il a confié le dessin au franc comtois David Ratte (né en 70) sur les conseils de l'éditeur et le résultat confirme la pertinence du tandem. Les personnages et le canevas : Un vieux SDF, c'est Théo. Un jeune réfugié kurde, c'est Amir. Théo et Amir vont "trouver" un petit chien sympa comme tout qu'ils baptiseront Whisky. Le SDF devient vite papy gâteux, comme tout le monde avec un chien comme celui-ci. Le réfugié, lui, ne supporte pas la bestiole, « on n'a pas assez pour nourrir ». Un animal qui lui rappelle certainement son pays ravagé par la guerre, où les chiens tenaient plus de la hyène ou du chacal que du yorkshire sorti du toilettage. Alors ménage à trois ? Ou pas ? On aime : Nos deux compères "vivent" tous deux sous le même pont mais ne partagent pas tout à fait valeurs et cultures, ce qui nous vaut de savoureux dialogues. « [...] - Allez l'arabe ! Au boulot ! - Pas arabe. Kurde. - Ouais, c'est pareil. Au boulot ! » Leur boulot, c'est « du vrai boulot de survivaliste » : chaparder quelques fruits au marché et fouiller les poubelles, tout cela sous le regard bienveillant d'affiches publicitaires pour la nourriture ayurvédique pour chats ou les compléments alimentaires en gélules. Décalage, on a dit ? Et puis il y a les petites leçons de vie dispensées par le vieux Théo, bougon et réac. « [...] - Tu pas aimer artistes ? - Leçon du jour mon gars ... Si tu veux pouvoir profiter d'un des rares terrains vagues qui existent encore, ne laisse JAMAIS les artistes s'y installer ! Les artistes, c'est l'avant-garde de la bourgeoisie ! » Côté dessins, une ligne claire classique et bien lisible, avec des personnages croqués comme il faut et bien expressifs. Côté intrigue, on frôle parfois le gentil conte de Noël pour ados (ça se passe en hiver sous la neige) mais derrière cette façade charmante, Duhamel réussit à glisser quelques critiques acerbes sur notre société bien organisée pour vivre confortablement à l'écart de ses sdf. Il faut même plusieurs lectures pour en profiter pleinement. Avec le duo Kurde/SDF qui fonctionne parfaitement (belle trouvaille), le scénario s'avère bien plus malin qu'on ne le pensait. L'album est plein de charme et de poésie (la vie des SDF n'est peut-être pas aussi sympa que cela) et les deux personnages - oops, pardon pour le chien - les trois personnages sont vraiment attachants.

29/06/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Amir et Théo vivent dans la rue, sous un pont où chacun s'est construit sa cabane. Théo, le plus âgé, a pris Amir sous son aile alors qu'il n'était qu'un jeune réfugié perdu, et il lui a appris à survivre dehors, à se débrouiller, et à rendre cette vie un peu moins dure. Leur lien est fort, presque filial, même si Théo reste le guide. Il impose un jour la présence d'un petit chien abandonné, convaincu qu'il leur apportera un peu de chaleur. Mais pour Amir, c'est une blessure qui se rouvre : son passé est marqué par un drame lié aux chiens, et cette arrivée déclenche un profond désaccord entre les deux hommes. Deux hommes et un canin. Ce one-shot joue presque sur le huis clos, centré sur cette relation qui vacille avec l'intrusion du nouvel arrivant. Les autres figures, les clients du marché, la police, les bourgeois du quartier et les jeunes dealers ne sont que des figurants en arrière-plan. Ces derniers apportent toutefois un peu d'action et de tension, heureusement résolue avec une touche d'humour revanchard. Le dessin de David Ratte y est très bon, et on sent bien qu'il a pris une vraie assurance dans son trait depuis ses premiers succès (Le Voyage des Pères en particulier). C'est un album agréable, porté par des personnages attachants, mais dont l'intrigue reste au fond assez mineure. On passe un bon moment, on se demande un peu s'il est judicieux de considérer la vie de SDF comme une fin en soi sans chercher à y apporter une échappatoire, on est soulagé par une fin douce après quelques petites péripéties... et puis j'ai refermé l'album, avec le sentiment que je l'oublierai sans doute assez vite.

23/05/2025 (modifier)