Les derniers avis (44748 avis)

Par Cacal69
Note: 3/5
Couverture de la série Amazing Fantasy
Amazing Fantasy

La Marvel donne les pleins pouvoirs à Kaare Andrews (J'avais aimé son travail sur "Iron Fist : The Living Weapon") pour dépoussiérer son univers de super-héros. Une idée de départ intéressante, celle de transporter des super-héros dans un monde de fantasy. On va donc y découvrir un Captain America datant de 1943, un Spider-Man à ses débuts et la Black Widow de la chambre rouge sous la tutelle de l'Union Soviétique. Mais vous aurez droit aussi à d'autres personnages connus de chez Marvel. Une mayonnaise qui a du mal à prendre, un scénario surprenant mais manquant de cohérence par moments, surtout pour la mise en place de l'intrigue, malgré quelques passages plus intéressants. Kaare Andrews n'arrive pas à me faire adhérer à cette aventure se déroulant sur une île dans un autre univers. Un univers peuplé de dragons, griffons, morts-vivants et centaures entre autres. Les personnages principaux sont agaçants et peu crédibles. Une lecture qui n'a pas été un supplice grâce au dynamisme de la narration. J'aime beaucoup le style graphique de Kaare Andrews, il est accrocheur, soigné et dégage de la puissance. Juste un petit bémol sur certains visages qui auraient mérité d'être mieux travaillés. En bonus en fin d'album, une petite aventure de Wolverine, toujours dans cet univers fantasy par le même auteur. Sympathique. Pour les curieux. Un petit 3 étoiles (merci au dessin).

23/04/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
Couverture de la série Carnation
Carnation

Un étrange album, aux dessins qui m'ont évoqués des planches en sérigraphie. Je ne m'attendais pas à grand chose de cet album que j'ai emprunté pour la couverture plutôt sympa. C'est une lecture assez spéciale, dans l'ensemble. Les planches ne sont pas toujours conventionnelles et de nombreuses cases contiennent des dessins figuratifs, métaphoriques, qui permettent de souligner le texte d'une manière parfois originale. Une façon de faire qui n'est pas sans me rappeler l'utilisation que fait Squarzoni dans ses œuvres du même procédé (d'ailleurs il est cité en remerciement à la fin). La lecture est donc assez ambitieuse, qu'il ne faut pas faire rapidement dans un coin entre deux rendez-vous. C'est plutôt verbeux et parfois complexe puisque l'auteur mélange des citations, des passages assez complexes narrativement et une voix-off qui présente les sentiments intérieurs du personnage. Mais en se laissant porter par le récit on voit la façon dont l'auteur se met à nue dans une relation toxique dont il est à la fois victime et bourreau, se complaisant dans une relation où il peut se croire dans le beau rôle. C'est une BD introspective, mettant à nue des aspects sombres du narrateur qui ne se cache pas d'avoir fait une bonne quantité de bêtises durant ses jeunes années. Cela dit, si la lecture fut sympathique, j'ai surtout en de l'antipathie pour les deux protagonistes et de fait, peu envie de relire la BD. Surtout que la fin m'a semblé abrupte, même si compréhensible. C'est une BD qui s'arrête à cette relation et ne développera pas plus. Pour ma part, je ne regrette pas ma lecture mais je ne chercherais pas à la relire !

23/04/2024 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Enfin je vole !
Enfin je vole !

Je connaissais l'histoire d'Eugene Bullard pour l'avoir lu dans Le Petit Théâtre des opérations et je pensais que cette biographie plus longues allaient approfondir mes connaissances sur lui et j'ai pas eu l'impression que j'ai appris grand chose de nouveau. L'histoire commence dans les années 50 lorsque Bullard revenu aux États-Unis et travaillaient comme garçon d'ascenseur raconte sa vie à un client durant une panne d'ascenseur. On va donc suivre la vie de Bullard lorsqu'il était gamin dans le sud jusqu'à ses exploits dans l'armée française durant la première guerre mondiale. Ça se laisse lire sans problème parce que Bullard a eu une vie excitante, mais j'ai été un peu déçu comment les auteurs traitent sa vie. On passe un peu trop de temps dans le sud des États-Unis. Je comprends que les auteurs sont américains et veulent dénoncer le racisme qu'on retrouve dans l'histoire de leur pays, mais des histoires sur le racisme du sud profond des années d'avant les droits civiles j'en ai lu des paquets alors qu'on voit moins le traitement des noirs dans les pays européens à la même époque, du moins dans les fictions que j'ai lu ou vu. Les auteurs abordent la question dans une des meilleures scènes du récit: on voit qu'il y a du racisme, mais comme ce n'est pas aussi extrême que dans le sud des États-Unis, on comprend pourquoi c'est un paradis pour un type comme Bullard qui a vécu dans une atmosphère où un noir pouvait se faire lyncher pour un oui ou pour un non. Un autre truc qui m'a déçu est qu'en mets sur la couverture que Bullard a été aviateur, mais lorsqu'on arrive enfin à la première guerre mondiale, on va surtout voir Bullard dans les tranchés. Bullard l'aviateur n'arrive que dans les 50 dernières pages d'une biographie de plus de 300 pages ! En plus, le récit du passé de Bullard se termine après la première guerre mondiale donc le lecteur ne voit pas comment un héros de guerre qui a combattu pour la France se retrouve quelques décennies plus tard comme simple garçon d'ascenseur aux États-Unis. Moi je le sais parce que je connaissais déjà la vie de Bullard dans les grandes lignes, mais un lecteur qui ne le connaissait pas va rester sur sa faim et être obligé d'aller sur Wikipédia pour connaitre la suite. Les auteurs ont peut-être prévue un second tome, mais pour l'instant l'éditeur traite cet album comme un one-shot. Sinon, le dessin est très bon. Il y est à la fois dynamique et expressif. On notera plusieurs pages muettes ou avec peu de mots ce qui fait que la lecture est plutôt rapide pour un album aussi long.

23/04/2024 (modifier)
Couverture de la série La Mort dans l'âme
La Mort dans l'âme

Le récit est bien mené, et montre de façon graduée les derniers jours d’un homme, atteint d’un cancer incurable, de son entrée dans un services de « soins palliatifs » jusqu’à sa mort. Il est conscient de sa déchéance – de plus en plus visible au fur et à mesure que son état se dégrade et qu’il est « entubé » et abreuvé de morphine – et, au cours des discussions qu’il a avec son fils (la seule personne à lui rendre visite, mis à part un curé), il essaye de le convaincre de l’aider à mourir dignement. Se pose alors la question du suicide assisté, de l’euthanasie. Si la situation est bien posée, le récit est hélas très linéaire – on connais la fin, le seul doute restant relevant de la manière de mourir), et il n’y a quasiment pas « d’à côtés » pour aérer l’intrigue ou la rendre « captivante ». Un sujet délicat, globalement bien présenté, mais une lecture qui reste assez froide.

22/04/2024 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Sans panique
Sans panique

Sans panique est un conte moderne au graphisme agréablement naïf. C'est l'histoire de Romie, jeune rescapée d'un hélicoptère crashé sur une île et recueillie par ses habitants. Ceux-ci sont sympathiques et prévenants mais ils semblent ne ressentir aucune émotion, ni peur, ni douleur, ni rien. Ils se contentent d'exister, comme des robots sans âme. Romie ayant souffert par le passé souhaiterait bien apprendre à se détacher ainsi de toute sensibilité, mais celle à qui elle demande de lui apprendre cela aimerait au contraire déborder d'émotions comme Romie le fait. Elles passent alors le pacte de s'éduquer mutuellement. Et la chose devient d'autant plus urgente qu'une météorite est prévue de s'écraser sur l'île dans une quinzaine de jours et que la population ne veut pas fuir puisqu'elle ne ressent aucune peur de la mort. Le dessin est dans un style naïf, avec des perspectives quasiment inexistantes et des aplats comme coloriés au feutre. C'est charmant et ça donne envie de lire l'album. L'idée de cette fable est amusante. Le comportement sans émotion des habitants de l'île surprend et on se demande comment va évoluer la relation entre l'héroïne et l'amie qu'elle s'y fait. Toutefois, j'ai eu du mal à m'attacher à Romie et à son caractère certes affirmé mais peu agréable, d'autant plus quand le dessin la représente presque toujours avec des sourcils froncés, comme éternellement énervée, en colère ou à l'inverse avec un sourire démoniaque. Aussi vide et sans émotion soit-elle, son amie m'est parue plus attachante en comparaison. Quant au déroulement de l'intrigue, passé l'aspect intriguant de ce peuple apathique, il se fait légèrement plus puéril une fois les héroïnes revenues à terre. Et même si la manière dont Romie va réussir à "guérir" son amie est plutôt amusante, la réutilisation de cette idée pour tout le reste de l'île m'a semblé un peu trop facile, entrainant une conclusion presque enfantine à un conte qui avant cela était plus mature. Je n'ai pas été totalement convaincu par cet album malgré plusieurs bons côtés tant graphiques que dans l'idée et les personnages, mais j'y vois quand même un sympathique premier album d'une autrice qui a du potentiel.

22/04/2024 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série La Montgolfière de Berlin
La Montgolfière de Berlin

La chute du mur de Berlin date d'il y a presque 35 ans, mais son souvenir reste vivace dans de nombreuses familles en Allemagne. Parmi les milliers de tentatives ayant eu lieu depuis 1961 pour passer de l'est à l'ouest, une curiosité a retenu l'attention de l'autrice (elle est aussi narré dans des ouvrages relatifs à cette période et dans un musée à Berlin, celle qui a amené deux couples à tenter de s'échapper en montgolfière. L'album nous retrace donc les différentes phases de cette tentative, de l'idée originale, jusqu'à son succès, après une première tentative qui a échoué pour quelques dizaines de mètres, et en passant par les magouilles des époux Wetzel et Strelczyk pour se procurer le matériel nécessaire à la construction de l'aérostat. Tout cela dans une ambiance de paranoïa constante, matérialisée par les rencontres redoutées dans la rue des agents de la Stasi, et la curiosité envahissante de le vieille voisine... Cette ambiance est bien rendue par les dialogues, ainsi que les regards apeurés ou suspicieux des protagonistes. Le dessin de Luogo Comune est très particulier, une sorte de ligne claire sans encrage, doublé d'une bichromie en bleu et orange rendant bien l'atmosphère oppressante de Berlin-Est. Très intéressant, même si les circonstances historiques ne sont qu'effleurées.

22/04/2024 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Les 3 Vies d'Arminé
Les 3 Vies d'Arminé

J'ai commencé par confondre le début de cet album avec ceux de Kobane Calling et de Ainsi se tut Zarathoustra. Les trois parlent en effet des voyages d'un occidental venu découvrir de l'intérieur la situation d'un peuple du Caucase opprimé par un grand voisin voire même le pays où il réside. Mais les deux autres parlent des Kurdes et des Zoroastriens tandis que celle-ci parle des Arméniens. Et si Les 3 Vies d'Arminé aborde bien le sujet du génocide arménien, il en aborde également d'autres qui ont structuré ce qu'est devenu la population arménienne de nos jours, notamment le terrible séisme de 1988 et l'influence des Russes. Et le co-auteur, Frédo Burguière du groupe des Ogres de Barback, y apporte aussi sa patte personnelle puisque lui vient dans ce pays en tant que petit-fils d'une réfugiée Arménienne, et en tant que musicien aussi, ce qui aide à mieux se faire accepter sur place. Quant à la fameuse Arminé du titre de l'album, c'est un personnage qui n'est pas forcément au centre de cette histoire, on n'en parlera finalement que dans une grosse poignée de pages, mais elle a marqué l'auteur par son parcours étonnant et la force de sa personnalité et de son engagement. Le graphisme est appréciable : il mélange les styles narratifs, avec un peu de texte illustré au départ, puis de vraies planches de BD, parfois en couleurs, plus souvent en noir et blanc. Bref, c'est un récit de plusieurs voyages et de témoignages instructifs sur l'Arménie d'hier et d'aujourd'hui. Comme j'avais déjà lu plusieurs ouvrages sur le génocide Arménien, c'est plus la partie sur ce qu'il s'est passé dans la pays entre les années et 2000 qui m'a appris des choses. Mais j'ai été surpris de voir qu'il n'y avait pas de véritable conclusion au récit, juste un récit de faits et de paroles sans plus de structure ou de message particulier. Pas mal mais pas une lecture vraiment marquante je trouve.

22/04/2024 (modifier)
Par Blue boy
Note: 3/5
Couverture de la série Erectus
Erectus

Inspiré du roman homonyme de Xavier Müller, « Erectus » n’est que l’adaptation du tome 1 sur les trois parus. Et le récit, s’il fait résonner en nous les angoisses engendrées par l’apparition du Covid et le confinement qui en a résulté, a pourtant été publié deux ans avant. Celui décrit dans le livre est pourtant autrement terrifiant dans la mesure où il fait peser la menace d’une régression sur l’ensemble de la faune et la flore terrestre, ce qui inclut l’humanité. Erik Juszezak a su s’emparer de l’œuvre pour la restituer de façon synthétique dans sa bande dessinée d’un peu plus de cent pages. Bien sûr, on s’en doutait un peu rien qu’en feuilletant l’ouvrage : le dessin réaliste très bien exécuté mais plutôt en mode « BD à papa » n’allait pas révolutionner le neuvième art. Mais il faut le reconnaître, c’est un bon moment de lecture qui se dévore d’une traite, grâce notamment à un thème plus qu’intrigant, voire cauchemardesque. De plus, outre celui d’un virus ravageur, « Erectus » aborde un autre sujet qui interroge notre humanité en ces temps incertains où intolérance et obscurantisme menacent d’engloutir nos démocraties : celui de l’accueil réservé à une population différente, en l’occurrence ici une espèce antédiluvienne dont les membres sont en quelque sorte nos cousins éloignés. Certes, certains éléments du récit m’ont laissé perplexe, notamment l’absence de précautions vis-à-vis des sujets contaminés, a fortiori des scientifiques qui n’hésitent pas à les palper allègrement pour y détecter des lésions éventuelles (un détail qui saute aux yeux quand on a vécu la parano liée au coronavirus). De même, je n’ai pu retenir un sourire devant les états d’âme, quelque peu décalés dans un tel contexte, de la paléontologue Anna Meunier, gaulée comme une princesse, qui fond littéralement à la vue du beau gosse biologiste Lucas Carvalho. Mais il n’est pas interdit de faire preuve d’indulgence, voire trouver que cela ajoute au charme un rien suranné de l’objet. Globalement, Erik Juszezak nous offre une adaptation plaisante qui séduira les jeunes de 7 à 77 ans. Ceux-ci ne pourront que s’extasier devant la représentation convaincante des créatures préhistoriques — on apprend d’ailleurs avec étonnement que l’ancêtre de la baleine ressemblait à un mammifère à l’apparence de canidé, le pakicetus ! On ne saurait dire avec assurance si le virus Kruger (c’est son nom), en comparaison duquel le Covid ressemble à une « grippette », est juste le résultat d’élucubrations de Xavier Müller, lui-même journaliste scientifique, mais une chose est sûre : on n’a pas forcément envie de le savoir !

21/04/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 3/5
Couverture de la série Batman : Huntress -  Cry for blood
Batman : Huntress - Cry for blood

Vengeance et justice - Ce tome contient une histoire complète ne nécessitant qu'une connaissance superficielle de Batman. Il comprend les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2000, écrits par Greg Rucka, dessinés par Rick Burchett et mis en couleurs par Tatjana Wood. L'encrage a été réalisé par Burchett pour les épisodes 1 à 4, et par Terry Beatty pour les épisodes 5 & 6. Les couvertures ont été réalisées par Burchett. Le corps d'un cadavre flotte dans la rivière de Gotham, alors que le symbole de chauve-souris s'affiche sur le ciel nuageux. Il s'agit de celui de Claudio Panessa. Sur le quai, la police a délimité un périmètre et le commissaire James Gordon est sur place. Batman examine le cadavre de près. La voix intérieure d'Helena Bertinelli commente sur le fait que tout le monde va croire qu'elle est coupable de ce meurtre, alors qu'en fait personne ne la connaît vraiment. Dans le même temps, elle pense au sens de l'omerta pour les siciliens : la nécessité de se faire vengeance par soi-même, faute de pouvoir avoir confiance dans les institutions gouvernementales. Depuis le trottoir d'en face de l'immeuble d'Helena, une silhouette en pardessus avec un chapeau observe Batman se poser sur le toit. Batman s'introduit chez Helena Bertinelli et observe l'aménagement : la carte de la Sicile, la photographie de famille encadrée avec ses parents et son grand frère, l'ordinateur, le cahier de notes. Il est interrompu par Helena qui le menace d'une arbalète en sortant de sa salle de bain. Batman lui demande si elle a tué Claudio Panessa car il a été retrouvé avec un carreau d'arbalète dans le corps. Elle explique qu'elle était chez elle en train de corriger des copies. Batman s'en va en la prévenant que s'il découvre qu'elle est l'assassin, il la mettra hors d'état de nuire. Helena Bertinelli pense qu'il ne peut pas comprendre qu'il s'agit d'une histoire de famille. Leur histoire commence il y a plus d'un siècle quand son arrière-grand-père Giuseppe Bertinelli a immigré à Gotham depuis la Sicile. Il travaillait dur, et également montrait une réelle adresse à se servir d'une arme à feu. Il a intégré le crime organisé, et décidé qu'il dirigerait les 5 familles alors implantées à Gotham : les Bertinelli, les Beretti, les Galante, les Inzerillos et les Cassamentos. La guerre des gangs qui s'en est suivie lui a coûté la vie de deux fils, mais au final il a atteint son objectif d'unir les 5 familles et de régner sur elles en tant que Don. Giuseppe Bertinelli est décédé en 1949, et Alfredo Bertinelli (son seul fils survivant, le grand-père d'Helena) lui a succédé en tant que parrain. Un jour, Tomaso Panessa s'est fait connaitre, demandant que sa famille devienne la sixième du crime organisé à Gotham. Il a essuyé une fin de non-recevoir de la part d'Alfredo Bertinelli. Lorsqu'Helena avait 8 ans, un assassin a fait irruption chez les Bertinelli alors qu'ils étaient à table et a tué sa mère, son père et son frère sous yeux, la laissant vivante. le sang appelle le sang. La famille Galante a pris la tête des affaires, et a permis à la famille Panessa d'entrer dans les affaires. La famille Panessa a pris en charge Helena Bertinellli et l'a envoyée grandir en sécurité en Sicile. Au temps présent, le soir, elle se rend chez les Panessa pour saluer son oncle Tomaso et pour présenter ses condoléances. Régulièrement, les responsables éditoriaux font le constat que Batman fait vendre, et passent commande auprès des créateurs, d'un nouveau personnage qui graviterait autour du héros pour élargir la gamme et profiter de son aura. Helena Rosa Bertinelli est le troisième personnage à endosser le costume de Huntress, après Paula Brooks créée en 1947 par Mort Meskin, et Helena Wayne créée en 1977 par Paul Levitz, Joe Staton, Joe Orlando et Bob Layton. Elle est apparue la première fois en 1989, dans sa propre minisérie écrite par Joe Cavalieri et dessinée par Joe Staton. La présente histoire contient une version révisée des origines présentées en 1989. La scène introductive permet d'établir que Huntress est basée à Gotham et qu'elle entretient une relation houleuse avec Batman, celui-ci se défiant d'elle, la soupçonnant d'être capable d'assassiner froidement ses ennemis. Au cours du récit, il apparaît qu'elle ait déjà connue des autres superhéros gravitant autour de Batman. Elle a eu une relation amoureuse avec Nightwing. Oracle (Barbara Gordon) ne lui fait pas plus confiance que Batman. Par contre Robin (Tim Drake) n'a pas de préjugés en sa défaveur. Dans cette histoire, elle bénéficie de l'aide de 2 autres superhéros qui n'appartiennent pas à la Bat-family. Dès le début, Greg Rucka explicite le genre du récit : il se déroule à Gotham, sous la surveillance de Batman, et il est question de familles mafieuses, et de crime organisé. le lecteur trouve les conventions attendues : plusieurs familles (5) qui se partagent un territoire, une guerre des gangs qui couve, des règlements de compte, une alliance entre 2 gangs par le biais d'un mariage, une série d'exécutions sommaires qui reprend après plusieurs décennies de tranquillité. Néanmoins, Greg Rucka n'en fait pas de trop : il a conscience qu'il n'est pas Francis Ford Coppola et il se focalise plus sur le passé d'Helena Bertinelli en Sicile, que dans la description des relations au sein De La Famille. du coup certaines évocations ont un goût de trop peu (les débuts de Giuseppe Bertinelli, la veillée funèbre, la séquence de mariage), mais c'est aussi ce qui évite au récit de sombrer dans le kitsch superficiel. le lecteur peut être un peu surpris par le choix de Rick Burchett comme artiste, connu pour des adaptations de qualité en comics, de la série Batman la série animée. Effectivement, ses contours donnent parfois une sensation un peu douce, par exemple tirant les visages un registre tout public, ou parfois intemporel. Pourtant l'évocation de la fin du dix-neuvième siècle ou des paysages de Sicile s'avère visuellement convaincante, avec une violence ni gore, ni sadique, mais bien réelle. Un mafieux a été assassiné et Huntress est la principale suspecte, à la fois aux yeux de la police, des familles du crime organisé et de Batman, ainsi que d'Oracle. Helena Bertinelli n'a aucune intention de se laisser intimider, mais elle se retrouve vite dépassée. Un individu prend sur lui de la retirer de l'échiquier et de la mettre au vert : The Question. le lecteur peut être un peu surpris par son irruption dans le récit : il peut supposer qu'il s'agit d'une occasion pour le scénariste d'écrire le personnage, en s'inspirant de la version développée par Dennis O'Neil qui était également le responsable éditorial originel sur cette histoire. du coup, le récit prend une direction originale en sortant de Gotham le temps d'un épisode. le lecteur éprouve vite de l'empathie pour cette femme qui refuse de se laisser intimider par Batman, qui refuse de se soumettre à sa volonté, qui envoie balader son ancien amoureux bien intentionné mais inféodé à Batman, et qui accepte l'aide d'un étranger à la façon de faire bizarre. le scénariste développe donc 2 récits en parallèle et complètement liés : l'enquête sur le vrai meurtrier de Claudia Panessa, et l'histoire de la jeunesse d'Helena Bertinelli. Il se laisse charmer par l'apparence claire des dessins de Rick Burchett. Il voit qu'il a du mal à tenir le rythme sur les 2 derniers épisodes avec quelques cases sans décors, et l'appel à la rescousse d'un encreur un tout petit peu plus carré que lui. L'artiste représente des personnages civils crédibles avec des morphologies variées et des âges différents. Il concilie avec l'élégance la dureté intérieure d'Helena Bertinelli et sa capacité de sourire, en évitant soigneusement d'exagérer ses courbes et ses mensurations. Les auteurs se montrent facétieux en incluant une représentation d'artiste de Huntress dans un journal : elle semble avoir été dessinée par Rob Liefeld, avec un niveau d'agressivité maximal, et une poitrine hypertrophiée. Burchett s'implique dans les scènes d'action, avec des affrontements bien découpés, induisant une accélération du rythme de lecture, au cours desquels les personnages bougent en fonction des caractéristiques de l'environnement des obstacles, les coups et les parades s'enchaînent de manière logique, sans aller jusqu'à devenir un ballet. le lecteur sourit à plusieurs reprises : la caricature de Huntress, l'échange de regard butés entre Batman et Huntress, la prise de bec entre Nightwing et Helena, le regard amusé de Vic Sage. Rick Burchett sait rendre les personnages vivants, facilitant la projection du lecteur en eux. Greg Rucka raconte une histoire d'omerta (en modifiant un peu le sens du mot en passant), bien ficelée, sans sortir des sentiers battus. Il fait aussi en sorte que Helena Bertinelli puisse évoluer et devenir plus étoffée. Lorsqu'elle est retirée de force de Gotham, elle se retrouve en présence d'un maître des arts martiaux qui va remplir l'office de sensei le temps d'un épisode, lui apprenant à mieux se maîtriser. Ce tome constitue une bonne occasion de faire connaissance avec ce personnage gravitant autour de Batman. le scénariste connaît son affaire : il sait raconter une histoire de gangsters sans abuser des clichés, et il sait écrire un personnage féminin qui sache en remontrer aux hommes sur leur terrain sans en devenir un. L'artiste amalgame une narration tout public sans violence trop graphique, avec les conventions visuelles attendues d'un récit de superhéros sans se contenter d'aligner des poses déconnectées, des personnages à la corpulence normale, et une direction d'acteurs nuancée. L'histoire présente un bon niveau de saveur, s'élevant au-dessus de la production mensuelle, sans atteindre la catégorie des indispensables.

21/04/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 3/5
Couverture de la série Apocalypse Nerd
Apocalypse Nerd

Seattle rayé de la carte - Ce tome comprend une histoire complète, découpée en 6 chapitres, et indépendante de toute autre. Elle est parue initialement sus la forme d'une minisérie en 6 épisodes en 2005. Elle est écrite, dessinée, et encrée par Peter Bagge, en noir & blanc, avec des nuances de gris appliquée par Joanne Bagge (la femme de Peter). Perry (un développeur informatique de logiciels) et Gordo (un revendeur de drogues) reviennent d'un week-end à camper dans les montagnes de North Cascades, situées entre Seattle et la frontière canadienne. En rentrant vers Seattle, ils ont la surprise de voir qu'ils croisent beaucoup de voitures en sens inverse, toutes lourdement chargées, avec des conducteurs très pressés. En écoutant la radio, ils comprennent qu'il a dû survenir un événement grave. Ils s'arrêtent à la première station-service sur la route, où la gérante les accueille fusil en main, pour se prémunir des pillards. Elle leur explique qu'une bombe atomique a explosé sur Seattle, et sur d'autres villes des États-Unis. Elle exige malgré tout qu'ils payent pour ce qu'ils emportent. Ils réussissent à faire le plein de carburant à la sauvette, et décident de retourner à la cabane où ils avaient campé. Dans l'introduction, Peter Bagge explique que l'idée de cette histoire lui est venue en entendant les déclarations Kim Jong-il (1941-2011), déclarant que la Corée du Nord disposait de l'arme atomique et que ce pays pouvait s'en servir pour détruire Seattle. Il ne lui en a pas fallu plus pour se lancer dans ce récit d'anticipation. Comme à son habitude, il a choisi de mettre en scène de adultes (environ 30 ans, plus ou moins une poignée d'années), pas très responsables, au sens moral sous-développé, et aux capacités affectives limitées, et ne parlons pas de leur empathie (voir les récits consacrés à Buddy Bradley). Bien sûr, pour que le récit dépasse les 2 semaines en temps narratif, l'un des 2 compères dispose de rudiments de chasseur. Par la suite, ils vont essayer d'opérer un retour vers la civilisation, croiser quelques rescapés en plus ou moins bon état, et plus ou moins bien disposés. Ils vont même réussir à séjourner dans un camp organisé, et à rencontrer des personnes du sexe opposé. Peter Bagge a développé un style narratif, tant au niveau des dialogues que des dessins, qui n'appartient qu'à lui. En feuilletant ce tome, le lecteur découvre (ou retrouve, en fonction de sa familiarité avec cet auteur) des dessins déformés dans un but humoristique. La particularité la plus visible se trouve dans la manière de dessiner les bras et les jambes en arc de cercle, sans pliure pour le coude ou le genou. Cela donne une apparence de bonhomme en caoutchouc aux personnages. Il y a également la façon de dessiner les couches, en forme de C, souvent de profil. Cela donne un air d'ahuris aux personnages, brillants par leur comprenette limitée, et leur incapacité à anticiper grand-chose. Cet artiste applique la même approche graphique aux accessoires et aux décors. Les voitures sont dessinées comme s'il s'agissait de jouet pour enfant. Les bâtiments semblent sortis d'une boîte de Playmobils. Lorsqu'il dessine un clavier d'ordinateur, il s'agit d'un rectangle strié de traits perpendiculaires, sans souci de donner l'impression d'un clavier réel, avec des touches formes différentes, et légèrement décalées d'une ligne à l'autre (ne parlons pas du pavé numérique). Cette représentation simplifiée et exagérée confère une dimension humoristique aux personnages qui semblent évoluer dans un environnement de dessin animé à destination de la jeunesse. Les cases se lisent toutes seules, certaines expressions de visage faisant naître un sourire automatique sur celui du lecteur. Cela ne signifie pas pour autant que Bagge réalise des planches à faible teneur en informations visuelles. Si les dessins sont à l'opposé d'une approche photographique, ils portent une part importante de la narration, qu'il s'agisse des actions des personnages, ou des lieux dans lesquels ils évoluent. le lecteur voit par lui-même l'étendue de la forêt, les animaux sauvages, le campement de mobil-homes, le chalet occupé par la communauté de femmes, les différents type de véhicules, allant de la citadine au camion de transport de troupe militaire. Le lecteur suit donc les tribulations de ces 2 zozos confrontés à l'obligation de survivre par eux-mêmes. Il partage leur inconfort et leur inquiétude, sans aller jusqu'à les plaindre. Sous une apparence humoristique, Peter Bagge dépeint une humanité peu reluisante, dont le vernis cède immédiatement, confronté à l'effondrement de la société. Gordo sait se servir d'une carabine et part chasser le daim, pendant qu'il relègue Perry aux tâches de cueillette, reproduisant le modèle de chasseur & cueilleur. Il réussit à blesser un animal, mais il a besoin de Perry pour l'achever, dans une boucherie peu ragoûtante. L'auteur va donc mettre en scène quelques-unes des conventions inhérentes au genre du récit de survie, à commencer par trouver de la nourriture, trouver de quoi se désaltérer, piller les réserves des magasins, se méfier des communautés organisées, échapper aux troupes armées rackettant les communautés ou les voyageurs isolés, résister à l'hiver. Il met également en scène les bases de la comédie, alors que Perry et Gordo doivent se supporter, résister à l'angoissante grandissante du vide abyssal de leur nouvelle vie, gérer la pénurie. Bagge relance le récit à mi-parcours en écartant Gordo, au profit de Madge, une femme croisée dans la communauté féminine. Avec sa verve acerbe habituelle, Bagge met en avant la veulerie du comportement des êtres humains, capables des bassesses les plus mesquines et les plus égoïstes pour gagner un peu de confort dérisoire. Seule une communauté de scientifique s'avère capable de voir plus loin que le bout de son nez, et capable de penser à l'avenir en termes de mois plutôt que de jours. L'auteur n'épargne pas les détails les plus concrets à ses personnages (et donc à ses lecteurs), en particulier l'effet d'un régime alimentaire déséquilibré, et les gaz qu'il occasionne, ou même les difficultés de transit intestinal. Ça ne vole pas très haut, mais c'est à la fois pertinent au regard de l'intrigue, et en phase avec le niveau des personnages. Ce contexte post apocalyptique rend les protagonistes méfiants et névrotiques à tendance paranoïaque. Dans la mesure où ils sont armés pour pouvoir se défendre, il ne faut pas longtemps avant que d'autres survivants succombent sous des tirs préventifs, pas forcément très bien maîtrisés. Les qualités narratives de Bagge lui permettent de marier le côté grosse farce, avec le côté dramatique, sans que l'un n'annihile l'effet de l'autre, ou prenne le pas sur l'autre. Il ne cherche pas à faire réaliste (en particulier les vêtements de Perry et Gordo semblent résister à l'usure et à l'absence de machine à laver) ; par contre la difficulté de leur situation transparaît bien dans chaque séquence. Perry, Gordo, et Madge n'ont aucune confiance dans quelques sociétés que ce soit. Ils se sentent immédiatement exploités, mal adaptés (comme ils l'étaient dans la société normale), improductifs, et incertains quant à la pérennité de leur situation. Ces sentiments leur font commettre des actes baignant dans l'égoïsme le plus basique et le plus répugnant. Bagge les montre comme s'étant adaptés à cette forme de liberté, libérés des contraintes de la société démocratique. Ils ne cherchent en aucun cas à retrouver cet état antérieur. du coup, ils se comportent sauvagement dès qu'ils décèlent un risque réel ou imaginé de retourner à cet état antérieur. Ils ne voient pas dans leur nouvel environnement la tyrannie des besoins matériels pour lesquels il faut dépenser une grande énergie pour les satisfaire, mais plutôt une forme de liberté en se contentant d'y subvenir, sans avoir à réfléchir, à chercher un sens dans une vie plus complexe. Le lecteur suit donc leurs pérégrinations avec un regard mi amusé, mi excédé par ces adolescents égoïstes attardés. Il se rend compte que la fin du récit approche, alors qu'il n'y a pas de résolution en vue. Effectivement, l'intrigue tourne court, sans morale, ni ouverture vers une évolution probable, avec des personnages qui ont encore aggravé leur cas. En particulier, Madge se retrouve dans un état qui nécessite une attention médicale dispensée par des professionnels, sans s'en soucier, toujours aussi oublieuse des contraintes. Cet aspect de sa condition rappelle au lecteur qu'il est dans un conte édulcoré, finalement éloigné d'un récit de survie réaliste, sans prise en compte des questions de santé (ne serait-ce que les lunettes de Perry, ou celle de Madge). Finalement le lecteur en ressort mi-figue, mi-raisin, amusé par le comportement égotiste de ces individus, incapables d'éprouver de l'empathie pour eux, intrigués par les questions pratiques que pose cette survie mais aussi vaguement désintéressé par cette approche superficielle qui ignore les aspects que l'auteur ne souhaite pas traiter. Entre un récit rigolo sans conséquence, et une comédie acide et grinçante.

21/04/2024 (modifier)