Les derniers avis (47355 avis)

Couverture de la série Les Poissons, eux, ne pleurent pas
Les Poissons, eux, ne pleurent pas

Cet album est un véritable reportage militant pour témoigner de la surpêche le long des côtes atlantiques d'Afrique (ici en Gambie) et des conditions de vie des laissés-pour-compte du développement mondial. Le scénariste Laurent Galandon (né en 70) est un habitué des causes sociales ou politiques et le dessinateur Jean-Denis Pendanx (né en 66), qui connait bien l'Afrique, le Soudan notamment, témoigne régulièrement de son engagement humanitaire. C'est un voyage-reportage en Gambie qui leur a inspiré cette histoire, presque une histoire vraie, une histoire de pêcheurs : Les poissons, eux, ne pleurent pas. La Gambie, c'est un tout petit pays de la côte Atlantique, une mince bande de terre le long du fleuve du même nom, une ... ancienne colonie britannique, complètement enclavée dans le Sénégal, ... ancienne colonie française. Les auteurs nous emmènent à Gunjur, un village de pirogues de pêche sur la côte Atlantique. L'entreprise chinoise (Silver Lead dans l'album, c'est Golden Lead dans la vraie vie) s'accapare la pêche locale - y compris en armant de gros chalutiers - pour la transformer en farine de poissons à exporter. Les articles du Monde ou de la BBC sont là pour nous rappeler que les auteurs n'ont pas eu besoin d'inventer une fiction : les images rapportées de leur reportage se suffisent à elles-mêmes (il y a d'ailleurs un encart photos en fin d'album). Cet album est le fruit d'un projet réalisé avec l'Alliance Française de Bunjul, la capitale du pays : les auteurs y furent accueillis en résidence fin 2023. ? Après leur voyage-reportage, les auteurs nous invitent à suivre le quotidien d'une famille de ce petit village de pêcheurs. Les hommes partent plusieurs jours en mer, croisant entre les gros chalutiers, pêchant de plus en plus loin, pour ramener de moins en moins de poissons. Un poisson qui devient trop cher pour la consommation locale et qu'ils revendent à l'usine chinoise de farine animale. Leurs enfants espèrent un avenir meilleur après l'école mais les pêcheurs sont obligés de s'endetter pour les filets et les moteurs de leurs pirogues. ? le récit est plutôt factuel, réaliste, presque documentaire et s'efforce de couvrir différents aspects de la vie locale (quotidien, pêche, pollution, éveil écologique, émigration, ...), tout cela sans trop jouer sur la corde sensible. Ce serait pourtant facile tant est dure la vie de ces laissés-pour-compte du développement mondial. ? le dessin de Pendanx, façon aquarelle, prend parfois des allures de carnet de voyage ou emprunte le petit côté naïf des illustrations africaines. Il sait se faire coloré et poétique quand il doit nous raconter une fable, dramatique quand une scène de pêche tourne mal, violent et sévère quand la police se met à charger les manifestants, … Bien sûr, c'est pas un album de ceux qui font rêver, plutôt un de ceux qui font réfléchir ou tout au moins ouvrir les yeux.

03/06/2025 (modifier)
Couverture de la série La Guerre des Amants
La Guerre des Amants

Les mouvements et artistes d’avant-garde du début du XXème siècle m’intéressent beaucoup. Même si je me passionne surtout pour dada et le surréalisme, j’ai trouvé intéressant les deux premiers albums, dans lesquels nous suivons les artistes constructivistes russes (premier tome) et ceux du Bauhaus (deuxième tome), Kandinsky faisant la liaison entre les deux. Surtout qu’ici Manini (qui s’intéresse aux avant-gardes de cette époque : voir son album consacré à Arthur Cravan) nous présente ici une période moins connue du (la première, à Weimar, avant le début des persécutions nazies). Le dernier tome est moins intéressant sur ce sujet, se concentrant sur l’immédiat après seconde guerre mondiale et la recherche des œuvres d’art volées par les Nazis. Comme fil rouge de ces trois albums (parfois de façon un peu artificielle je trouve, ça fait un peu « guide de visite »), nous suivons deux personnages qui se trouvent, se perdent, vivent une histoire d’amour compliquée, dans une époque qui l’est tout autant. Il faut dire que ces deux amoureux de l’art sont très différents : Natalia est une révolutionnaire russe passionnée et Walter un Américain. Ils traversent les bouleversements politiques (ils se sont rencontrés en Russie durant la Révolution d’Octobre) et artistiques en essayant de garder leur humanité, leur amour et leurs passions. Globalement ça se laisse lire agréablement. J’ai préféré les deux premiers tomes, le dernier est moins captivant, et aussi moins original pour son sujet. Mais c’est un triptyque recommandable. Manini a bien utilisé le matériau historique, et malgré quelques rares moments un peu artificiels comme je l’ai fait remarquer, l’’histoire entre Natalia et Walter s’imbrique bien dans la Grande Histoire.

03/06/2025 (modifier)
Couverture de la série La Duelliste (Tabou)
La Duelliste (Tabou)

Dans la foulée de Thrace, et sur le même principe, Trif (au scénario et dessin) et Celestini (aux couleurs) se lancent dans un triptyque historique, dans une version « classique » chez Graph Zeppelin, et dans une version plus « adulte » chez Tabou. J’ai lu les deux versions du premier album, et les deux sont plaisantes à lire. Trif est un très bon dessinateur, et il reconstitue très bien le XVIIème siècle (décors et habits), avec toujours le souci d’employer un vocabulaire précis (traduction des termes en bas de pages). Les personnages sont très réussis et, pour ce qui est de cette série, les scènes érotiques sont sensuelles et agréables. Pour le moment c’est d'ailleurs plus érotique que véritablement porno (on est à la limite). Mon seul reproche serait que plusieurs dames se ressemblent un peu trop. Mais pour le reste, c’est visuellement très agréable. L’intrigue est assez bien ficelée. Une histoire de vengeance, des personnages qui se croisent et n’ont pour le moment pas livrer tous leurs secrets, le potentiel est intéressant. Avec des personnages manipulateurs (la plupart des protagonistes ne sont pas forcément celui ou celle qu’il semble être. A tout prendre le seul à ne rien cacher, c’est celui qui est le « pourri », noble coureur de jupons et excellent escrimeur, qui tue à tour de bras ceux qui ont l’inconscience de le défier en duel (il le fait parfois par amusement). Et la fille de l’une de ses victimes veut se venger, apprendre l’art de l’épée, pour le tuer en duel. Voilà donc notre « duelliste », qui possède, outre une forte personnalité, un charme indéniable – même si, pour le moment, c’est bien la seule de toutes les dames qui traversent l’album à ne pas en avoir usé ! Une série pour le moment agréable à lire et regarder, relativement rythmée, avec du potentiel. Et quelques scènes sensuelles. Je me verrais bien lui mettre une étoile de plus si la qualité se maintient. Note réelle 3,5/5.

03/06/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Coda
Coda

Je ne suis pas un gros fan de fantasy, mais je suis capable d'apprécier des récits de ce type. Ici, je trouve qu'il y a de bonnes idées et un ton original, qui est pas trop mal dans un genre qui est très formaté, sauf qu'il y a aussi des défauts qui font en sorte que je ne le trouve pas que ça soit un récit exceptionnel. Le principal problème que j'ai rencontré au niveau du scénario est que l'intrigue est un peu difficile à comprendre au début. J'étais tellement perdu en lisant les premières pages que j'avais juste envie de refermer ce très long livre. Cela m'a prit un certain temps pour bien rentrer dans ce récit très dense. Il y a aussi un peu trop de textes offs, cela casse un peu le rythme. Au final, je n'ai pas détesté ma lecture même si j'étais bien content lorsque j'ai fini l'album après deux jours de lectures. Le dessin est pas mal et les couleurs informatiques ne m'ont pas trop dérangé. Un album à emprunt.

02/06/2025 (modifier)
Par cac
Note: 3/5
Couverture de la série Gabriele Münter - Les Terres bleues
Gabriele Münter - Les Terres bleues

Gabriele Münter (1877-1962) est une peintre expressionniste allemande que je ne connaissais pas. Pas plus que l'auteur de cette biographie Mayte Alvarado, une auteure espagnole dont cela semble la première publication traduite en France malgré qu'elle ait quelques années d'expérience et de productions dans le domaine. En tout cas son style graphique sert bien cette histoire de peinture. Je ne sais pas si c'est en couleur directe mais ses couleurs sont éclatantes. L'ouvrage débute par une exposition sur l'art dégénéré selon les nazis, dont certaines oeuvres de la peintre et ses amis font partie. On y évoque sa vie au fil de 4 saisons, son influence dans le mouvement du Cavalier bleu, à une époque où les femmes peintres n'étaient pas pléthore. Elle vit dans sa maison de Murnau en Bavière face aux montagnes qui l'inspirent.

02/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Mission Osirak
Mission Osirak

Un diptyque à réserver aux amateurs d’action mêlant espionnage et aviation. Factuellement, c’est assez bien fait de ce point de vue. On nous montre bien la très longue préparation par Israël de l’opération qui visait à détruire les réacteurs nucléaires irakiens (susceptibles par la suite de produire des armes atomiques). L’actualité récente, en particulier l’élimination massive de milliers de combattants du Hezbollah au Liban avec des appareils téléphoniques piégés a montré que les services israéliens (Mossad en tête) n’avaient pas perdu la main. La longue préparation militaire (avec la livraison opportune par les Américains de leurs tout nouveaux chasseurs F16), mais aussi l’infiltration d’espions en Irak même, l’élimination de savants travaillant pour l’Irak, tout ceci est bien développé dans ce récit, qui fait l’effort de présenter le contexte international dans lequel il se déroule. C’est ainsi l’occasion de quelques rappels. La France (Barre, Chirac apparaissent) a soutenu Saddam Hussein, lui fournissant la technologie pour ces réacteurs, mais aussi lui vendant des armes (avec les Américains), en particulier durant le conflit l’opposant à l’Iran. Un détail que les médias ont « oublié » lorsqu’il s’est agi de faire disparaitre Saddam Hussein après l’attaque américaine de 2003. De même, les États-Unis soutenaient la dictature iranienne du Shah, l’Iran basculant dans le camp des ennemis non pas parce que les mollahs installaient une dictature, mais parce qu’ils s’opposaient aux États-Unis. Intéressant sur la partie relations et magouilles internationales, le récit n’est quand même pas palpitant. D’abord parce qu’aucun personnage n’est réellement attachant. Les dialogues sont souvent mièvres, et, en particulier, la relation amoureuse entre le leader des pilotes israéliens et la conseillère du Premier ministre israélien est sans intérêt. Ensuite parce que le dessin, très lisible, est d’une froideur incroyable. La colorisation bien sûr y est pour quelque chose, mais je trouve ce style très peu accrocheur. Ça manque clairement de nuances. Note réelle 2,5/5.

02/06/2025 (modifier)
Par Hervé
Note: 3/5
Couverture de la série L'Or du spectre
L'Or du spectre

J'avais vraiment apprécié la précédente collaboration de Matz et Xavier Le Serpent et le Coyote, toujours chez le même éditeur. Les auteurs nous offrent ici une intrigue plus basique qui se déroule en grande partie dans le désert. Comme pour l'album précédent,j'ai opté pour une version noir et blanc, dans lequel le dessin de Xavier excelle. Personnages, décors, voiture, le graphisme de Xavier colle parfaitement au scénario de Matz. Par contre, j'ai trouvé le récit un peu de deçà de l'album précédent. Les personnages sont un peu trop caricaturaux, jusqu'au vieux fou, qui m'a fait sérieusement songer au "Spectre aux balles d'or" de Blueberry. Entrecoupés de chapitres dont les titres rappellent des western, l'histoire tourne autour de trahisons, de règlements de compte où rien ne se passe comme prévu, le tout avec un clin d’œil plus qu'appuyé au récit précédent signés des mêmes auteurs. Là où Matz avait élaboré un scénario huilé comme un mécanisme d'horlogerie dans Le Serpent et le Coyote; il nous offre là une histoire à laquelle nous avons du mal à croire. Divertissant mais sans être l'album que l'on retiendra de ce duo.

02/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Impact - Green War
Impact - Green War

L'album reprend la diatribe écologique qu'était le bouquin de Norek. Plus qu'une alerte, c'est une véritable alarme et qui résonne très fort. Le fond comme le ton sont sans appel : un thriller pré-apocalyptique. Tout comme Caryl Férey, Olivier Norek fait partie de ces écrivains qui aiment adapter leurs romans en albums de bande dessinée. Et on aime bien ça. Comme son polar Surface par exemple (Michel Lafon - 2022). Cette fois-ci il n'a pas choisi son bouquin le plus facile : Impact (sorti en 2020), un véritable pamphlet écologique, assez controversé d'autant qu'une lecture rapide pouvait laisser croire à une apologie de l'éco-terrorisme. L'album reprend le titre du roman, Impact - Green War, et c'est Fred Pontarolo qui prend les pinceaux, avec pour commencer cette belle couverture d'un panda qui pleure des larmes de sang. Une histoire qui pourrait être une version romancée du Monde sans fin de Jancovici et Blain. Depuis le roman, l'histoire est connue : Virgil Solal, ancien militaire, ancien flic, a basculé du côté obscur à la naissance de sa fille. Une enfant mort-née pour cause de pollution. Après ce drame, Virgil est devenu un éco-terroriste, et pour faire court : Norek Virgil est en colère. La trame du récit est donc celle d'un thriller policier (Norek est aux commandes !) : après le PDG du Groupe Total et une dirigeante de la Société Générale, qu'est-ce qu'ont prévu les "terroristes", comment les arrêter alors que les réseaux sociaux s'enflamment pour la cause défendue ? C'est une psychologue, une "profileuse", qui va faire avancer l'intrigue. Elle se soigne aux anxiolytiques contre divers troubles : « agoraphobie, haptophobie, entomophobie, germaphobie, hypocondrie, rien qui ne puisse gêner la mission ». L'album reprend cette alerte planétaire, cette diatribe écologique qu'était le bouquin. Plus qu'une alerte, c'est une véritable alarme et qui résonne très fort. Même si le discours reste soigné et mesuré : « Je n'ai rien d'un utopiste. Et je connais les faiblesses des énergies renouvelables. Le rendement des éoliennes est trop variable. Les panneaux photovoltaïques sont faits de métaux rares, recouverts du sang des gosses qui les sortent des mines. Les voitures électriques ont leurs batteries et le nucléaire a ses déchets. » Mais le fond comme le ton sont sans appel et l'album est imagé d'encarts qui illustrent les pires désastres écologiques de notre planète, tout cela est bien documenté. Pour dire vrai, je n'ai pas lu le bouquin original mais je me demande si cette mise en images n'est pas encore plus appropriée au message qui nous est délivré. Côté dessins, le crayon de Pontarolo est connu et peut déconcerter ou même sembler brouillon, d'autant que même les cases se gondolent parfois. On aime ou on n'aime pas. Nous pas trop, mais cela ne justifie pas de passer à côté du texte, généreusement retranscrit dans les pages de cet album. D'autant que le ton du pamphlet très didactique n'est guère édulcoré par les images : État et Justice sont mis au banc des accusés, quand « l'appareil politique, désarmé, n'est plus que le syndic des ambitions des plus riches ». Olivier Norek n'oublie pas de poser quelques bonnes questions : « L’écologie sans révolution, c’est du jardinage.». Ou bien encore : « Nous ne ferons rien sans nous allier au capitalisme. ». Alors rendez-vous dans quelques années puisque « les glaciers disparaîtront probablement tous d'ici 2040. Nous savons ce qu'il se passe et ce qu'il faut faire. Vous seul(e)s saurez si nous l'avons fait. ». C'est le résumé de l'épitaphe qui figure sur une plaque apposée en 2019 sur les restes du glacier pyrénéen Arriel. Dans son récit, Norek évoque plusieurs scénarios possibles pour notre futur de 2040 mais je ne suis pas sûr de croire beaucoup à celui que les auteurs ont choisi pour clôturer cet album.

02/06/2025 (modifier)
Couverture de la série L'Or du spectre
L'Or du spectre

Après Le Serpent et le Coyote (paru en 2022) Matz et Xavier reprennent les routes de l'Ouest Américain et revisitent le western au son d'un auto-radio des années 70. Philippe Xavier est un artiste dont le coup de crayon s'est aiguisé dans le domaine de la publicité et du graphisme sur le sol américain. Matz (Alexis Nolent) est notre scénariste préféré : c'est celui de la série Le Tueur et de quelques autres albums remarquables, souvent des coups de cœur. Ses scénarios, très écrits, sont presque des romans. Les deux complices n'en sont pas à leur coup d'essai (on leur doit notamment la série Tango - Le Lombard 2017) et L'or du spectre est un peu la suite de leur album précédent, Le serpent et le coyote (Le Lombard 2022), mais il peut tout de même se lire indépendamment. Dans l'album précédent (Le serpent et le coyote), on avait laissé Joe (un malfrat repenti, témoin protégé d'un procès anti-mafia), en cavale avec son camping-car quelque part sur les routes du Nouveau Mexique. Nous voilà repartis sur les routes de l'ouest sauvage, Montana, Wyoming, Colorado, Nouveau-Mexique, au bout de nulle part : Chuck sort de 5 ans de placard et retrouve sa dulcinée, Kat. Tous deux veulent bien sûr retrouver le butin que Chuck a enterré quelque part, avant ses vacances en taule mais ils vont tomber sur un os creux et sur un vieux pépé, qui n'est pas sûr de s'appeler Rufus, il perd la boule, et pire, la mémoire ce qui n'est pas très pratique quand on cherche après son or ! Le pépé gâteux croit être né en 1820 au temps de la ruée vers l'or et les indiens du coin le prennent pour un fantôme. Après tout, qui sait ... En gros, tout le monde se retrouve avec une pelle à la main et creuse, creuse, tantôt pour déterrer un trésor, tantôt pour enterrer un gêneur. La routine de l'Ouest, quoi ! Et que les fans se rassurent, nos héros finiront bien par croiser la route de Joe dans son camping-car ! ? Chuck et Kat, on les trouve plutôt sympas. Chuck incarne l'idiot parfait : il a même révélé à un camarade de cellule l'endroit où il avait dissimulé son butin ! Et le "camarade" est évidemment sorti avant Chuck ... C'est Kat la tête pensante, la blonde fatale dans toute sa splendeur, et le dessinateur Philippe Xavier fait tout pour nous la rendre séduisante. Mais elle est assez vénère après les conneries de son petit-ami. Ce qui nous vaut des dialogues piquants puisque la belle Kat n'a pas la langue dans la poche de son jean. « [...] - Tout va bien se passer, bébé, t'inquiète. - C'est quand tu dis des trucs comme ça que je m'inquiète en fait. J'hésite. J'arrive pas à décider si t'es un pauvre con ou un sale con Chuck. Pourquoi t'as préféré dire à quelqu'un d'autre que moi où était planqué le fric ? - Mais tu m'aimes, bébé, non ? - Arrête de m'appeler bébé, ça m'énerve. » ? Côté dessins, Philippe Xavier se régale (et nous aussi) : c'est du grand cinéma, digne du technicolor. Cadrages larges sur des panoramas grandioses et plans resserrés sur les trognes des personnages, tous très variés, ou les beaux yeux de Kat. Dans ces planches, il plane parfois comme un petit air de Blueberry, que l'on aperçoit d'ailleurs en arrière-plan page 29 : clin d’œil. C'est un véritable plaisir et cela nous offre un album magnifique. ? Voilà un western revisité années 70 au dessin impeccable. L'album précédent évoquait les débuts du programme WITSEC de protection des témoins repentis et cela donnait au scénario une profondeur, une densité, que l'on ne retrouve pas vraiment ici : L'or du spectre semble manquer d'un fil conducteur un peu plus riche que les déboires de Chuck et Kate en quête de leur bonne fortune. Peut-être faut-il voir là un épisode de transition dans une série qui ne dit pas encore son nom.

02/06/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Cour royale
Cour royale

Le perruquier officiel de Versailles doit livrer une commande importante au château. Il en profite pour y emmener sa jolie fille, dont la présence ne passe pas inaperçue : toute la cour s'intéresse à elle, jusqu'au roi lui-même qui l'invite à l'une de ses réceptions. Cette faveur royale déclenche jalousies et complots : plusieurs nobles cherchent alors à se débarrasser de la jeune femme, mais aussi du valet de son père, secrètement amoureux d'elle, ainsi que du père lui-même… et de ses perruques. L'ensemble prend la forme d'un vaudeville humoristique sur fond de château de Versailles, une façon de tourner en dérision les mœurs absurdes de l'aristocratie tout en déroulant une intrigue à la fois romantique et optimiste. Les auteurs font parler les personnages dans une langue volontairement ampoulée, censée évoquer l'époque. Je ne sais pas si ce type de langage était réellement en usage, mais il ralentit un peu la lecture, tout en renforçant le ton moqueur et en accentuant le contraste entre la noblesse et le petit peuple. À l'inverse, les jeux de mots très appuyés sur les noms des personnages m'ont sorti de l'ambiance : trop anachroniques, ils cassent l'immersion sans vraiment me faire rire. L'histoire est dense, souvent amusante, avec une galerie de personnages plutôt riche. Certains sont bien trouvés, d'autres plus anecdotiques, au point que j'ai parfois eu du mal à suivre qui faisait quoi et pourquoi, tant les intrigues s'entremêlent dans un joyeux désordre. Malgré tout, j'ai passé un bon moment. L'ensemble s'avère dépaysant, avec des situations cocasses et bien mises en scène. Et j'ai apprécié qu'on ait droit à une fin heureuse, à la manière d'un petit conte de fées romantique.

02/06/2025 (modifier)