Les derniers avis (44842 avis)

Par gruizzli
Note: 3/5
Couverture de la série Lily Love Peacock
Lily Love Peacock

Un album qui fait la transition entre les volumes 2 et 3 de la série Jeanne Picquigny, à laquelle il a été finalement intégré. Tout le monde suit ? En tout cas, c'est dans la droite ligne de ce qui est déjà présent dans la série-mère, à savoir un parcours de jeune femme (ici contemporaine) qui vit sa vie et ses questionnements, notamment amoureux et sexuels, mais aussi de questionnements sur le monde et la vie. Si on ne vole pas dans les nuées philosophiques, je dois dire que c'est plutôt sympathique et agréable comme lecture. Le trait de Fred Bernard reste dans cette veine qu'il a développé et qui me semble coller à merveille à son récit. Le noir et blanc, les silhouette filiformes lorsque l'on s'éloigne et les visages aux grands yeux expressifs fonctionnent comme une lecture efficace et prenante. Il n'y a qu'a voir le concert final, où ce sont les postures et les dynamiques des traits qui font passer les émotions et le rythme endiablé de la chanson. L'auteur sait manier son coup de pinceau et je trouve que ça fonctionne très bien. Niveau histoire, on perd beaucoup en exotisme des premières aventures, Lily Love Peacock étant coincée ici dans son boulot de mannequinat au début avant de croiser Ruby. Ses différentes considérations ne sont pas inintéressantes mais soyons honnête, je n'ai pas non plus été transporté comme jamais. Les quelques passages en Afrique sont plus sympathiques et le passage en France renoue avec Jeanne Picquigny, ce qui m'a déjà plus intéressé. Mais au global l'histoire est moins prenante que dans les aventures précédentes où une bonne partie du plaisir venait de l'aventure à travers le globe. C'est globalement sympathique, à lire quand vous connaissez déjà les autres ouvrages de l'auteur mais clairement dispensable comme première approche.

30/04/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 3/5
Couverture de la série Falkland - La Guerre des Malouines
Falkland - La Guerre des Malouines

Un chien on le dresse avec le bâton, pas avec des caresses. - Ce tome est le dix-huitième de la série Les grandes batailles navales, écrite par Jean-Yves Delitte qui en a également dessiné huit. Chaque tome est indépendant de tous les autres. La première édition date de 2022. Ce tome comporte quarante-six pages, dessinés par Mario Bianchini assisté de Francesco Mercoldi, et mises en couleurs par Douchka Delitte. Il comprend un dossier historique de sept pages, illustré par des photographies d'époque, rédigé par Jean-Yves Delitte. Les autres albums de la série sont consacrés soit à une bataille, soit à un navire : Jutland, Trafalgar, Chesapeake, Lépante, Tsushima, Stamford Bridge, Hampton Roads, Midway, Texel, Salamine, No Ryang, le Bismarck, Actium, La Hougue, Gondelour, Gravelines, Leyte. Il commence par une préface d'une demi-page en petits caractères, rédigée par Denis-Michel Boëll, conservateur général du patrimoine, sur les enjeux des batailles navales, et le principe de les raconter par le prisme de personnages embarqués dans ces aventures, sur la base d'une enquête documentaire rigoureuse. L'archipel des Falkland perdu dans l'Atlantique sud rentre dans l'Histoire avec les grandes découvertes de la fin du XVIe siècle. Anglais, Espagnols, Français, Argentins, vont alternativement exprimer des prétentions territoriales sur ces quelques kilomètres carrés de terres arides, balayés par des vents glacials. En 1981, une nouvelle junte militaire accède au pouvoir en Argentine, avec à sa tête le général Leopoldo Galtieri, proche du tristement célèbre Jorge Rafael Videla. le pays est alors confronté à une situation financière catastrophique où l'inflation explose. Pour les généraux argentins, il faut trouver une parade au risque de voir le mécontentement se généraliser et tourner au pugilat public, pour ne pas dire à l'insurrection. C'est alors que l'archipel revient à la mémoire de la junte argentine. Les quelques kilomètres carrés de terre, peuplés de 700.000 moutons et d'un millier d'âmes selon les imaginaires, deviennent subitement une cause nationale. le premier avril 1982, l'Argentine, pays refuge pour les nazis et dictature militaire sans honneur, avait envahi des terres anglaises perdues dans le Pacifique sud. le 2 mai 1982, le sous-marin anglais HMS Conqueror répondait à l'acte insensé des Argentins en coulant le croiseur Ara General Belgrano. La guerre que d'aucuns tentaient encore d'éviter était devenue une réalité. La flottille anglaise file paisiblement vers les Falkland. À bord du HMS Sheffield, dans l'antre du navire, l'officier radar écoute avec nonchalance de la musique à la radio, tandis que l'officier de surveillance aérienne tout comme son suppléant ont quitté leur poste. Cerise sur le gâteau, les défenses rapprochées ne sont pas approvisionnées en munition et n'ont aucun serveur. La suite est dès lors un enchaînement implacable. Deux pilotes argentins se rapprochent à basse altitude. Puis, suivant une procédure parfaitement maîtrisée, ils reprennent de l'altitude, allument leur radar d'approche, arment leurs missiles – Exocet de type AM39 air-mer – avant de presser la détente de tir et de virer pour rejoindre leur base. Le titre de la collection est explicite et fait office de promesse : raconter une grande bataille navale. En fonction de son inclination et de sa connaissance préalable de ce conflit, le lecteur peut choisir de commencer par la bande dessinée elle-même, et voir s'il lui reste assez de curiosité pour lire le dossier en fin de tome, ou s'il préfère l'inverse pour avoir un aperçu du conflit et des détails techniques avant. Quoi qu'il en soit, son horizon d'attente comprend le fait que cette bande dessinée se présente comme une œuvre d'Histoire. La couverture peut l'étonner car elle met au premier plan un avion, mais le dossier explicite le fait que les batailles navales impliquent l'aviation qui y joue un rôle prépondérant depuis le vingtième siècle. La couverture a été réalisée par Delitte et elle s'étend sur la première et la quatrième de couverture mettant en valeur le vol de ces chasseurs, avec l'océan en arrière-plan et une petite portion de terre derrière les nuages. le lecteur découvre ensuite les dessins de Francesco Mercoldi : ils s'inscrivent bien sûr dans un registre réaliste et descriptif pour réaliser une reconstitution historique fidèle et précise. Bien évidemment le lecteur guette de grandes cases mettant en valeur les navires et les avions de chasse. Ça commence avec une case de la largeur de la page montrant des torpilles filant silencieusement sous l'eau. Ça continue avec le vaisseau HMS Sheffield fendant les flots. Page neuf, le lecteur découvre une partie de la flottille britannique dans une case occupant les deux tiers de la planche. Planche onze, un avion décolle depuis le pont d'un porte-avions. Page suivante, deux avions argentins volent juste au-dessus des flots. Par la suite, le lecteur peut admirer un combat aéronaval pages vingt et vingt-et-un, puis un combat aérien, avec des tirs de canons terrestres, un vol d'hélicoptères, l'avancée d'une colonne chars. De manière inattendue, l'artiste ne cherche pas à magnifier la puissance de feu des avions, des navires, ou des véhicules militaires, ni même leur capacité de destruction. À les voir évoluer, le lecteur se retrouve surtout impressionné par leur allure qui atteste de la réussite technologique qu'ils constituent. Ce n'est pas une forme de majesté qui impose le respect, c'est l'évidence de voir évoluer des engins fiables et robustes, capables de tenir leur place sur un océan agité, ou de fendre les airs en toute sécurité pour les êtres humains à l'abri à l'intérieur. le dessinateur s'inspire bien sûr d'images militaires, mais sans exagérer les angles de prises de vue ou les prouesses d'évolution. de même, la coloriste reste dans un registre naturaliste, et même volontairement terne. Ce ne sont pas des engins rutilants pour en mettre plein la vue comme à la parade, mais des outils robustes à l'efficacité éprouvée. Il en va de même pour la représentation des militaires : pas de rodomontades, de lunettes de soleil avec reflet esthétique, ou de muscles gonflés et huilés, ni même d'hommes avançant contre les éléments dans des tenues déchirées. Il s'agit d'individus bien différenciés, et pas d'une masse d'hommes interchangeables, certains avec un uniforme argentin, d'autres avec un uniforme britannique : ils ont tous un visage unique et une morphologie avec quelques détails même si ces derniers sont peu nombreux car gommés par les uniformes. Pour autant le lecteur reconnaît au premier coup d'oeil Augustin Tosco Valdès, soldat argentin. Le lecteur prend vite conscience qu'il évolue dans un monde d'hommes, sans aucune femme. Il voit également que les auteurs respectent la ligne éditoriale de cette collection : raconter la guerre à hauteur d'homme. Il voit donc des soldats britanniques comme argentins, quelques officiers, un conseiller militaire ex-nazi. Ces personnages discutent, commentent la situation, donnent parfois leur avis en prenant du recul. Il n'y a que Augustin Tosco Valdès dont l'histoire personnelle soit un peu développée. D'un côté, ces êtres humains font exister ce conflit, lui donnent un peu de chair ; d'un autre côté, sans être interchangeable, ils ne deviennent pas familiers au lecteur. D'un côté, les auteurs atteignent l'objectif de montrer que la guerre est faite par des êtres de chair et de sang, sans jugement de valeur autre qu'il s'agit de bons professionnels qui ne sont ni sanguinaires ni des extrémistes patriotiques. de l'autre côté, ils n'ont pas de point de vue sur leur métier, ou sur le conflit. Il n'y a qu'Augustin qui évoque l'injustice de la junte argentine et ses exactions, et qui manifeste son opposition à la présence d'ex-nazis en tant que conseillers de l'armée. Il en découle un patriotisme très ténu et générique qui n'a rien de militant : la condamnation d'un régime dictatorial par rapport à une démocratie, mais sans entrer dans le détail. En termes de narration de la guerre, le lecteur apprécie donc la qualité de la reconstitution historique visuelle, le soin apporté aux éléments militaires, les prises de vue des batailles. Il se rend compte que le scénariste fait l'effort de faire respirer son récit, avec quelques pages comportant des informations, contrebalancées par d'autres focalisées sur l'action, et même huit pages dépourvues de phylactères et de cartouches de texte, sans aucun mot. La contrepartie de ce mode narratif implique une place limitée pour intégrer les informations historiques. de fait, l'auteur ne place pas de date pour chaque séquence, ce qui est assez surprenant pour une reconstitution historique. le choix de raconter la guerre à hauteur d'homme induit également que le lecteur n'assiste pas aux réunions d'état-major, aux prises de décision stratégiques, ou encore aux répercussions médiatiques des affrontements, que ce soit du côté argentin, du côté britannique, ou à l'échelle de l'opinion mondiale. de ce point de vue, s'il n'est pas familier avec les différentes phases de ce conflit, il a tout intérêt à commencer par la lecture du dossier en fin d'ouvrage, pour pouvoir mieux saisir l'ampleur de certaines ellipses. Cette reconstitution de la guerre des Malouines se montre intéressante par ses représentations visuelles, et par son approche très professionnelle de l'armée. Elle peut s'avérer un peu frustrante par le manque d'épaisseur des hommes en uniforme dont les propos sont exempts de tout point de vue, ou par la faible teneur en exposé de faits historiques, en analyse stratégique ou géopolitique.

30/04/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 3/5
Couverture de la série X-Force - Sexe + violence
X-Force - Sexe + violence

Les griffes de Wolverine lacèrent et le sang gicle. - Ce tome comprend les 3 épisodes de cette minisérie est parue en 2010. Domino (Neena Thurman) est en train de cracher du sang et 2 dents dans un lavabo sur l'île d'Alcatraz. Elle porte la marque de 3 impacts de balles et plusieurs lacérations. Heureusement Elixir (Joshua Foley) arrive et s'apprête à utiliser ses talents de mutant pour la guérir. Mais il en est empêché par Wolverine qui exige des explications. Domino explique qu'elle s'est retrouvée à accepter de travailler pour la Guilde des Assassins, à la demande de Bella Donna Boudreaux. Et ce job l'a amenée à entrer en conflit contre le clan de ninjas The Hand. Wolverine va avoir un peu de mal à tirer les choses au clair et à comprendre pourquoi les 2 factions sont à la poursuite de Domino. Et puis cette ambiance dangereuse semble provoquer une attraction irrésistible et pratiquement bestiale entre eux deux. Comme à leur habitude, Craig Kyle et Christopher Yost (CK&CY) plongent dans le folklore Marvel pour ressortir des personnages plus ou moins oubliés et les présenter sous un jour beaucoup plus dangereux et malsain. Ils vont donc piocher du coté de Gambit pour exhumer son amour d'enfance, mais aussi du coté de Wolverine pour dépoussiérer des personnages bancals (Boomerang ou Back Mamba), peu originaux (Bushwacker ou Bullet) ou carrément impossible (Razorfist qui a deux lames effilées à la place des mains, très pratique pour manger ou se moucher, ou se gratter le dos). Et ils n'hésitent pas à forcer le trait sur chacune de leurs caractéristiques pour les rendre encore plus improbables et risibles, mais aussi terriblement mortels. Pour le reste, le scénario aligne des scènes de carnage, de destruction et de combats sanglants, avec quelques retours en arrière qui expliquent comment Domino en est arrivée là. Et tout ça sert de prétexte plus ou moins convaincant pour que Grabiele Dell'Otto s'en donne à coeur joie. Et il ne s'est pas privé le bougre. Il prend un plaisir non dissimulé à inventer des visuels mémorables pour exacerber la violence. Pour commencer Dell'Otto a choisi une palette de couleurs qui tranche d'avec celles utilisées dans les comics. Il utilise des couleurs délavées qui font sale, du noir et blanc et gris pour les scènes se déroulant dans le passé, du rouge sombre pour les litres d'hémoglobine, des teints de peau blafards ou cireux ou mats. Il évite les tons vifs et criards aux profits de couleurs qui évoquent plus l'obscurité et la dégénérescence. Il construit ses pages sur la base d'un faible nombre de cases, entre 2 et 5. Il a opté pour conserver les costumes gris et argent mat utilisés par la version secrète de X-Force, celle qui fait les sales boulots que les X-Men ne peuvent pas faire. À chaque fois que la violence éclate, elle s'accompagne de giclées de sang d'ampleur raisonnable qui n'ont rien de séduisantes. Par exemple, Wolverine est en train de conduire une voiture lorsqu'il est atteint par une balle en pleine tête. Le pare-brise se teinte de rouge à l'intérieur de l'habitacle ; il est moucheté, au lieu d'être noyé dans des litres de sang. Le résultat provoque une grimace de dégoût car il évoque immédiatement un accident réel de la route, plutôt qu'une séquence exagérée de bandes dessinées. Lors d'un combat, Wolverine découpe la tête d'n adversaire en plusieurs tranches et la matière cervicale tâche les alentours. Lorsque Wolverine se fait arracher la peau lors des combats, son ossature métallique apparaît à nu. Dell'Otto ne triche pas pour représenter les scènes : il représente la rage de chaque personne, la force des impacts, les chairs à vifs tranchées, les impacts de balles, etc. Et pourtant, il sait introduire une ou deux touches d'humour, sans diminuer l'impact visuel des scènes de carnage. Par exemple, sa vision de Razorfist met aussi bien en avant sa puissance musculaire et l'horreur de ses 2 lames, que le coté exagéré et impossible du personnage. Cette implication visuelle permet même de faire abstraction d'un manque de décors pendant plusieurs pages, tellement les personnages semblent sortir des couleurs qui créent le fond et l'ambiance. Et le sexe promis dans le titre ? Eh bien, il s'agit d'un comics américain, sans interdiction de lecture pour les plus jeunes avec des superhéros de premier plan. Donc les 2 séances de jambes en l'air entre Wolverine et Domino sont bien présentes, mais n'espérez rien de graphique ou de nudité frontale. Ce qui fait l'attrait de ce récit, ce sont les références à des personnages obscurs gravitant dans l'univers des X-Men, un niveau de violence beaucoup plus élevé que dans les comics habituels, une histoire simple servant de défouloir et des illustrations sans concession avec un vrai parti pris graphique éloigné de l'esthétique aguicheuse habituelle

30/04/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 3/5
Couverture de la série Spider-Man - Family Business
Spider-Man - Family Business

Maman et papa étaient des agents de la CIA. - En 2013, l'éditeur Marvel entame un nouveau programme de récits complets publiés directement en album, sans sérialisation mensuelle. le premier de la série est Endless Wartime, une histoire des Avengers réalisée par Warren Ellis (scénario) et Mike McKone (dessins). En 2014 paraît le deuxième album : "Family Business" écrit par Mark Waid et James Robinson, dessiné par Werther Dell'Edera et peint par Gabriele Dell'Otto. En Tunisie, Wilson Fisk (beau costume blanc et chemise rouge à fleurs blanches) vient récupérer un prisonnier dans une geôle : Marvin Flumm. il a l'intention de l'asservir pour rétablir sa domination sur le crime organisé. Trois mois plus tard à New York, Peter Parker est en retard pour payer sa facture d'électricité, et d'ailleurs elle a été coupée. Alors qu'il se rend dans une supérette, il doit se changer en Spider-Man pour mettre fin à un trafic de lessive. En rentrant chez lui (appartement plongé dans le noir faute d'électricité), il est attaqué par un commando paramilitaire qui le kidnappe en hélicoptère. Parker se jette dans le vide, s'échappe et trouve refuge dans une voiture conduite par une jeune femme qui lui déclare s'appeler Teresa Parker, et être sa sœur. Elle le convainc de l'accompagner à Monte-Carlo. Cette histoire constitue un récit complet, avec une fin en bonne et due forme, éditée dans la branche "Marvel OGN" (Original Graphic Novel). L'objectif de Marvel était de mettre sur le marché des récits complets pouvant être vendus en librairies généralistes, plutôt que dans des magasins spécialisés de comics (copiant le modèle de DC des récits "Earth one" comme Batman, Terre-Un). La présente histoire a été conçue par Mark Waid qui a proposé à James Robinson de travailler avec lui pour la développer. le lecteur familier du personnage de Spider-Man retrouvera le costume rouge & bleu, le sens d'araignée, les lancers de toile, une apparition du costume noir, Wilson Fisk. Waid et Robinson ont également intégré un autre supercriminel de troisième zone : Cyclone (Pierre Fresson, membre d'une des toutes premières versions des Thunderbolts, en anglais). Bien sûr, au vu de la déclaration de Teresa Parker, il est également question des activités de Richard Parker et Mary Fitzpatrick, à l'époque où ils étaient agents secrets. Outre le mystère rattaché à Teresa Parker, Waid et Robinson déstabilisent le lecteur en sortant Peter Parker de son environnement familier. Il se retrouve plongé dans une intrigue d'espionnage et trimbalé à Monte-Carlo puis en Suisse et en Égypte. C'est à porter au crédit des artistes que d'avoir réussi à rendre visuellement crédibles les aventures de Spider-Man dans ce contexte. La page des crédits spécifie que Werther Dell'Edera a effectué les crayonnés et que Gabriele Dell'Otto a peint chacune des images. Chaque page comprend une moyenne de 4 cases, avec quelques illustrations pleine page et quelques pages comprenant 5 ou 6 cases, avec un maximum de 8. le rendu final est du même niveau que le travail de Dell'Otto pour l'aventure de X-Force Sexe + Violence. Dès la première page, le lecteur apprécie la luminosité de cet endroit de la Tunisie, ainsi que la déchéance physique des prisonniers, la présence massive du Kingpin, et les mouches qui volètent partout. Dans la deuxième séquence, Dell'Otto transcrit très bien la luminosité particulière due à la pluie, de nuit dans une ville fortement éclairée. Il s'applique pour que la tenue vestimentaire de Parker soit réaliste, crédible et reconnaissable. La première apparition de Spider-Man sur la capot de la voiture des voleurs est magnifique, à la fois effrayante pour les criminels, et légèrement amusante pour le lecteur plus âgé (du fait d'une posture volontairement impressionnante). Dell'Otto réalise des compositions qui permettent au lecteur de regarder les détails, mais qui transmettent aussi les sensations. Feuilletées une par une chaque page comprend au moins une image qui retient l'attention par son originalité ou la puissance de son évocation. Quel que soit l'environnement, la coordination de Dell'Edera et Dell'Otto rend compte de l'ambiance particulière, au travers de l'éclairage, des tenues vestimentaires, de l'environnement, avec un équilibre remarquable entre un bon niveau de détail et l'intégration de sensations. Ils réussissent à rendre Cyclone plausible dans le contexte d'une salle de jeux de casino, malgré son superpouvoir idiot et son costume en total décalage avec l'ambiance réaliste. Les expressions des visages font preuve de nuances. le langage corporel est adapté à chaque situation. Les scènes d'action sont spectaculaires à souhait. La partie visuelle de l'histoire est une grande réussite. Cela tient aussi au fait que Dell'Otto est capable de concevoir des apparences originales aux aspects les plus usés de Spider-Man, que ce soit sa toile (une très belle texture relevant du liquide, mais aussi de la matière gluante) ou ses postures. Le fond de l'intrigue de Waid et Robinson fait fortement penser à le fils du démon de Mike Barr et Jerry Bingham (une histoire de Batman parue en 1991). Comme eux, ils extraient leur héros de son environnement habituel pour le plonger dans une aventure d'espionnage à dimension internationale, et ils ajoutent une composante relative à un parent proche. Si les images portent la narration avec efficacité et sophistication, l'intrigue, l'histoire cumule les clichés. le lecteur retrouve donc la parente cachée (peut-être), l'identité secrète de Peter Parker dévoilée à son ennemi, le supercriminel inefficace, le personnage mystérieux qui détient plein de secrets qu'il lâche au compte-goutte pour relancer l'intrigue, l'arme secrète datant de la seconde guerre mondiale, un passage dans une pyramide égyptienne, etc. Si ce n'était Dell'Edera et Dell'Otto qui avaient illustré cette enfilade de clichés, le résultat final aurait été beaucoup plus convenu. Toutefois les personnages se conduisent comme des adultes avec une amitié sincère qui se développe lentement entre Teresa et Peter (malgré la méfiance et l'incrédulité de celui-ci). Sur la base d'une intrigue inattendue pour Spider-Man, mais convenue comme aventure d'espionnage, Dell'Otto magnifie les dessins de Dell'Edera pour une immersion visuelle sophistiquée et personnelle, très agréable.

30/04/2024 (modifier)
Couverture de la série Le Bouddha d'Azur
Le Bouddha d'Azur

On retrouve dans ce diptyque l’univers de Cosey, amoureux des espaces enneigées, de la montagne, mais aussi de la culture tibétaine. Tout ce que l’on a déjà vu dans plusieurs de ses séries, à commencer par sa série phare, Jonathan. Disons que si ce diptyque se laisse lire, il est moins envoûtant que « Jonathan », moins planant, peut-être plus réaliste et/ou moins porté par la rêverie, je ne sais pas. L’intrigue aussi m’a moins captivé, elle est assez ténue. Une histoire d’amour particulière, pas forcément crédible. Ici, la lenteur qui ailleurs chez Cosey apporte le frisson, engourdit plutôt. Sinon, le dessin est classique, sympa et très lisible. Une lecture agréable, mais sans plus. A noter que le personnage de Porridge jeune (son visage) – et certaines situations – m’ont fait penser à certaines séquences de Pratt – dans un univers totalement différent…

29/04/2024 (modifier)
Couverture de la série L'Île des Justes
L'Île des Justes

J’ai bien aimé ma lecture mais je n’ai pas été soufflée par cette dernière. En fait, l’album ne m’a jamais surpris dans son déroulé, on a exactement les mêmes ingrédients que dans de nombreux autres à la thématique proche, et ce malgré la géolocalisation de l’intrigue. Les personnages ne m’ont pas plus interpellé que ça, cependant je reconnais que l’album se lit très bien. Même si pas ma came, la réalisation est de qualité. Un bon one-shot mais sans doute trop passe-partout à mes yeux pour que je m’emballe.

29/04/2024 (modifier)
Par PAco
Note: 3/5
Couverture de la série Oxalys
Oxalys

Réalisée par les auteurs de la série jeunesse Les Mythics, "Oxalys" reste dans la même veine graphique en misant sur l'Aventure. Dara nous entraîne sur les pas d'une troupe d'aventuriers un peu filous, limite mercenaires, mais avec un minimum de morale quand même (on est avec les "gentils") qui vont rencontrer une jeune ingénunuche qui va se révéler très douée pour la magie. Sur leur route, il vont devoir affronter le maléfique seigneur Mormoloch et ses démons... Soyons franc, je ne suis pas le public cible pour ce genre de série jeunesse, le scénario ne casse pas 3 pattes à un canard, et ce n'est pas pour son originalité que le scénario brille. Les personnages sont quand même très typés et un brin caricaturaux, mais certaines petites trouvailles font qu'on ne tombe pas non plus dans le rébarbatif. Le côté "shonen à la française", plaira j'en suis certain au jeune public à qui se destine cette série. *** Tome 2 *** Revoilà notre petite troupe toujours en quête des artefacts qui lui permettront de trouver Oxalys. Leur chemin reste semé d'embuches et de rencontres plus ou moins heureuses et tumultueuses. L'amitié qui lie nos protagonistes va être mise à rude épreuve, ce qui arrange parfaitement Mormoloch et ses sombres desseins. On reste donc dans la même tendance que le 1er tome avec un scénario rythmé et dynamique où s'enchaînent les rebondissements au fil de la quête de nos petits héros. Une série qui s'annonce efficace pour la jeunesse.

07/06/2023 (MAJ le 29/04/2024) (modifier)
Par PAco
Note: 3/5
Couverture de la série Envoyez l'armée !
Envoyez l'armée !

J'aime bien le trait de Fabrice Erre et j'aime croiser ses publications sur les réseaux sociaux que je trouve souvent pertinentes et drôles. J'étais du coup curieux de découvrir cet album consacré à l'armée (que je ne porte pas particulièrement dans mon coeur - doux euphémisme...-) C'est toujours le problème avec ce genre de production : réussir à faire rire sur la durée. Pour le coup, si certains gags m'ont fait rire, l'ensemble est assez moyen, surtout quand on les enchaine sur plus de 60 pages. C'est typiquement le genre d'ouvrage qu'il faudrait avoir à porter de main pour y picorer quelques gags avec parcimonie pour en reprendre la lecture quelques jours plus tard. (2.5/5)

29/04/2024 (modifier)
Couverture de la série Les Grands Esprits se rencontrent - Une histoire des sciences de l'Antiquité à nos jours
Les Grands Esprits se rencontrent - Une histoire des sciences de l'Antiquité à nos jours

Je ne sais pas si ce sont les cris d'alarmes de l'OCDE sur l'évolution des acquis des jeunes français dans le classement Pisa 2022 mais il faut mettre en avant l'initiative de Muriel Guedj pour intéresser les enfants aux maths et aux sciences. Cette série propose un voyage dans le temps de deux enfants d'aujourd'hui depuis la Grèce antique jusqu'à l'IA ou l'ADN. C'est une histoire qui comporte ses choix et ses omissions. L'auteure ne s'arrête pas aux limites de la science mais introduit des notions propres à l'époque (comme la démocratie en Grèce). Chaque chapitre est très simplifié mais donne une bonne idée de certaines notions. J'ai noté plusieurs axes intéressants. Guedj souligne que l'erreur a pu faire partie de cette histoire. L'auteure replace certaines théories obsolètes dans leur contexte historique. Ensuite l'auteure laisse une place importante aux savants arabes du Moyen-Âge dont certains me sont inconnus. Enfin les auteures s'efforcent de revaloriser et de mettre en valeur le travail des femmes dans le domaine scientifique. C'est bien dans l'esprit contemporain et cela donnera peut-être le goût à plus de jeunes filles de se lancer dans la voie des sciences mathématiques ou physiques comme elles l'ont fait en médecine et biologie. Le graphisme de Clotka est une ligne claire très simple assez économe. Les époques sont illustrées par des costumes stéréotypés sans trop de recherches. Le dynamisme s'efface devant le côté didactique et scolaire de la série. De même la mise en couleur correspond à un dessin jeunesse. Une lecture pour les enfants d'une dizaine d'années afin de les éveiller aux sciences.

29/04/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
Couverture de la série La Belle Image
La Belle Image

J'avais un vague souvenir de la BD mais curieusement peu d'impression global. J'ai donc profité de retrouver l'ensemble de mes BD pour pouvoir enfin la relire, et je dirais que mon bilan est semblable à celui de nombreux autres avis : la BD est bien mais elle a une fin abrupte et une absence de véritable climax dans le récit semble brider l'histoire. Ce n'est clairement pas une faute imputable à Cyril Bonin, qui continue à utiliser son trait aux visages taillés à la serpe mais qui joue aussi des expressions corporelles ou des couleurs pour donner une atmosphère clairement identifiable. L'histoire est adaptée d'un livre de Marcel Aymé que je n'ai jamais lu (je pourrais donc pas comparer) mais je reconnais quelques traits de son style que j'ai beaucoup apprécié dans plusieurs ouvrages. Comme souvent chez lui, le banal et le quotidien cachent les vraies visages de l'humain. C'est une sorte de psychanalyse de l'humain et la banalité de nos relations. Ici, le couple délité dans le temps et le quotidien devenu progressivement de plus en plus banal. L'idée du basculement par le changement de visage est une riche idée, mais le déroulé semble assez rapide (sa femme tombe rapidement sous son charme) et surtout les questionnements existentiels sur le fait de disparaitre et être si vite remplacé auraient mérité d'être plus développé. D'autre part, cette fin abrupte de retour à la normale alors que se préparait une réelle montée en tension. C'est vraiment dommage, j'aurais bien aimé plus. C'est donc une lecture plaisante avec quelques points intéressants que le récit soulève mais le tout retombe trop vite avec une fin assez peu satisfaisante. Sans doute dû à l'adaptation, mais je me demande si changer la fin du livre n'aurait pas été plus prenant. A lire à l'occasion, mais n'en attendez pas un chef-d’œuvre.

29/04/2024 (modifier)