Ça faisait un moment que je n'avais pas lu une nouvelle série humoristique à thème, de celles qui s'intéressent à un métier, un sport ou un loisir. Cette fois, c'est l'escalade qui est à l'honneur, et plus précisément l'escalade de bloc : celle qu'on pratique essentiellement en salle, sur des murs bas, sans harnais mais avec de gros matelas au sol en cas de chute. Les auteurs nous embarquent aux côtés d'un couple de débutants qui découvre cette discipline, s'intègre au groupe et partage rapidement des moments de fun, avec une légère touche de compétition.
Il s'agit ici d'une de ces quelques séries qui utilisent l'humour comme porte d'entrée pour faire découvrir un univers. Ce n'est pas un ouvrage documentaire, même si un petit cahier explicatif vient conclure l'album, mais les gags permettent de saisir les grandes lignes du sport, ses accessoires, ses techniques, son ambiance. C'est un aspect qui m'a plu et qui a piqué ma curiosité, bien que certains dialogues semblent s'adresser à des initiés. J'ignore toujours, par exemple, ce qu'est une "lolotte", un terme croisé deux fois sans explication.
Graphiquement, c'est plutôt réussi. Le trait est assuré, et les personnages évoquent par moments le style de Mo-CDM, avec un bon équilibre entre réalisme et caricature. Les décors sont minimalistes sans jamais paraître vides, ce qui rend l'ensemble agréable à l'œil.
En revanche, les gags ne m'ont pas fait rire. Aucun ne m'a vraiment accroché, et certains m'ont même semblé un peu plats ou attendus. Cela dit, l'atmosphère générale est sympathique, et la mise en scène suffit à faire naître un sourire.
À lire si vous êtes curieux de découvrir le bloc de façon légère ou si vous en êtes adepte et souhaitez retrouver votre passion transposée avec un certain humour en BD.
J'avais beaucoup apprécié la lecture de la biographie d'Alice Guy. La série des pionniers reprend la même période de la naissance
du cinéma en élargissant la narration à de nombreux autres intervenants. Toutefois le récit est centré sur trois personnages principaux Charles Pathé, Gaumont et Alice Guy. C'est d'ailleurs un point positif d'avoir mis le personnage de la jeune femme au devant de l'histoire. C'est toutefois Pathé qui sert de colonne vertébrale à la narration comme noyau autour duquel gravitent un nombre important de noms parfois peu connus. Le travail de recherche et de synthèse de Damien Maric et de Guillaume Dorison est donc énorme tant les initiatives sont diverses et nombreuses puisque tout était à inventer. Cela part quelque fois dans tous les sens et j'ai trouvé la lecture moins aisée que pour la biographie d'Alice Guy . En effet des trois personnages c'est Alice Guy la plus créatrice et artistique dans ce qui a fait le succès du cinéma: les films. La bataille Pathé/Gaumont reste une bataille industrielle autour du matériel, des brevets, des studio , des réseaux de distributions ou d'alliances internationales. Mais l'âme du cinéma est ailleurs et de films on en parle assez peu.
Pour masquer cette aridité, les auteurs mettent l'accent sur le sensationnel et le tragique porteurs d'émotions comme le prouve l'ouverture de la série .
Le graphisme de Jean-Baptiste Hostache donne la priorité aux visages des principaux personnages. Il y a donc beaucoup de dialogues dans des scènes assez statiques. L'ambiance 1900 est bien restituée par les costumes , les extérieurs rares mais travaillés et la mise en couleur qui tend à rappeler le sépia.
Une lecture intéressante mais exigeante. Les intervenants du récit étant plus des techniciens, des entrepreneurs que des artistes je suis resté sur ma faim.
Bon, le titre est aguicheur – racoleur ou humoristique, c’est selon. Le sujet en tout cas n’est pas sans intérêt.
Comme le signale Gaston, l’ensemble n’est pas forcément palpitant, l’enquête ne prétend pas à être exhaustive ou à dresser un portrait sociologique d’une population.
D’une part parce que plusieurs sujets s’entrechoquent ici : les relations entre musulmans et juifs, entre Palestiniens et Israéliens, entre hommes et femmes (mais aussi le regard de la société, des « plus anciens » sur les relations amoureuses ici présentées).
D’autres part parce que l’album compile une série de témoignages très variées (concernant les situations et les catégories de population concernées), ce qui fait qu’on a parfois l’impression de lire une suite d’anecdotes mal reliées entre elles.
Mais la lecture est quand même intéressante, justement du fait de l’éclectisme des témoignages. Cela donne pas mal de points d’attaque pour le sujet des relations amoureuses dans cette région qui fait souvent l’actualité pour la haine et la guerre qui s’y propagent.
Et justement, le hasard a voulu que cette enquête ait été menée et finie juste avant les attaques du 7 octobre 2023 (même si la publication en est légèrement postérieure), et la riposte génocidaire à Gaza (et l’accentuation de la violence coloniale en Cisjordanie occupée) ainsi que la droitisation et la crispation de la société israélienne qui s’en sont suivis. En catastrophe, les auteurs ont concocté une introduction pour évoquer cet événement, et leurs questionnements quant à l’opportunité de publier leur enquête malgré tout.
Disons que, sans être un génie, on peut augurer que les relations entre Arabes et Juifs vont durablement être compliquées, voire quasi impossibles (ne parlons pas de l’impossibilité d’aimer sous les bombes à Gaza !). Ça ne nous fait que plus regretter cette guerre – qui n’a pas débuté le 7 octobre – et le racisme qui l’accompagne. Le nationalisme et les religions (juives et musulmanes) semblaient déjà dans l’enquête être des freins importants à l’épanouissement de relations amoureuses inter-communautés – voire de relations amoureuses tout court. Hélas ça ne va faire qu’empirer, les extrémistes de tous bords faisant leur nid dans la haine omniprésente.
Pas palpitant donc, mais quand même intéressant, pour montrer une possibilité, une petite lueur d’espérance, au milieu de la nuit qui tombe.
Tous les rescapés des attentats contre Charlie Hebdo ont eu besoin de se reconstruire. Et, comme Coco avec cet album, c’est souvent passé par la publication d’un ou de plusieurs récits cathartiques.
Outre l’ample couverture médiatique du déroulement de l’attentat et de ses suites, qui fait « l’extérieur » du traumatisme est connu de tous, j’ai aussi dû lire la quasi-totalité des témoignages et autres récits « d’après » des membres de Charlie Hebdo ayant échappé à la tuerie. Cela joue sans doute sur mon ressenti en enlevant une bonne part d’originalité à ce récit. L'album est très épais, mais il se lit très vite, car il y a peu de texte.
Je ne suis pas forcément fan du dessin de Coco, mais sur ce genre de récit et plus généralement en dessin de presse, ça passe très bien.
Le récit justement, est très décousu, alternant passages « d’avant » et « d’après ». Certains détails sont intéressants, sur le fonctionnement de la rédaction. Surtout sur les dissensions se développant au moment de la reprise du journal, lorsque visiblement certains ont voulu se mettre en avant ou « solder des comptes » : l’unanimisme idéalisé en prend un coup, mais Coco a sans doute raison de rappeler que le journal était fait par des êtres humains, avec leurs qualités et leurs défauts.
Ça n’était pas le propos, mais j’aurais aimé un peu plus de recul sur la vague « Je suis Charlie » (voir la bobine de Netanyahou en première ligne de la manifestation, lorsqu’on voit ce qu’il fait de la liberté de la presse en Israël (et lorsqu’on voit son respect de la vie humaine en Palestine !) passe mal. D’autres opportunistes (Sarkozy témoignant dans un procès avant les attentats de 2015, on se demande s’il aurait dit la même chose pour défendre un journal éreintant l’Église catholique).
Mais bon, le travail de Coco lui a sans doute fait du bien, une sorte de thérapie obligatoire, et on sent en lisant cet album la douleur quasi indicible qui la torture (c’est elle qui, menacée par les terroristes, leur a ouvert la porte de la rédaction…). Elle parvient à faire passer beaucoup d’émotion (dans la douleur, mais aussi lorsqu’elle dit son admiration et son amour pour Cabu et son travail), sans surjouer un pathos inutile.
J’ai commencé ma lecture par la face Alma (et je pense que c’est plus intéressant que de le faire par la face Yourcenar).
Alma joue plus sur une mission mystique et guerrière, avec de plus en plus de combats, il y a beaucoup de cases muettes, alors que Yourcenar est beaucoup plus verbeux (parfois trop je trouve), jouant plus sur des réflexions éthiques et philosophiques – avec des choses tournant autour de l’amour, du destin, du « devoir » (mais ce dernier thème apparait aussi dans Alma).
Le dessin et la colorisation ne manquent pas de charmes. Mais, affaire de goût, je n’en suis pas fan. Il passe bien, mais le trait un peu manga des personnages, et les contours flous des décors m’ont parfois décontenancé.
Si le titre est assez pauvre, le récit bicéphale est lui plus riche donc. Je suis moins enthousiaste que mes prédécesseurs : le dessin bien sûr, mais aussi un récit avec quelques longueurs, m’empêchent de les rejoindre. Mais ça reste quand même une lecture intéressante.
Deux ans de vacances n'est pas le roman le plus connu de Jules Verne même si il a eu une belle postérité en animés, film ou série BD.
En effet Jules Verne s'est emparé du genre Robinsonnade pour un roman destiné à la jeunesse. C'est un roman géographique et d'aventure comme était coutumier le grand écrivain. Jiro Otani laisse de côté la partie géographique pour se concentrer sur l'aventure de ces jeunes garçons. La gageure est de faire tenir toutes les aventures en un seul tome d'une grosse centaine de pages au format manga classique. Cela donne une narration très (trop ?) rapide où les événement se succèdent à grande vitesse. C'est évidemment très naïf car le récit donne l'impression que les difficultés glissent sur les beaux costumes de collégiens de nos jeunes naufragés. Contrairement à un roman comme Sa Majesté des Mouches qui prend le même postulat d'origine, Otachi ( et Jules Verne ?) n'approfondissent pas trop les tensions au sein du groupe. La vision est très optimiste, faite de solidarité, de partage du pouvoir et de cohésion face aux dangers. Cela procure une lecture bon enfant qui convient à un jeune lectorat. J'ai une petite réserve sur les choix graphiques de l'auteur qui rend les enfants trop lisses physiquement.
Quoiqu'il en soit ce titre a sa place dans cette collection et procure une lecture agréable bien qu'un peu naïve.
2.5
Un recueil qui m’intéressait parce que je n'avais jamais rien vu de cette autrice et qu'en matière de manga d'horreur j'avais surtout lu des auteurs masculins. J'avais envie de voir un point de vue féminin sur le genre, surtout que les histoires d'horreur ont souvent comme audience au Japon les filles, aussi étrange que cela puisse paraitre pour un lecteur occidental.
Ce sont des histoires courtes de qualité variable, avec des histoires qui marchent et d'autres non. Il y a aussi parfois une touche humoristique macabre. La plupart des histoires mettent en scènes des adolescentes et il y a souvent une dénonciation de la cruauté de la société japonaise et de l'adolescence, notamment le culte de la beauté et des apparences ainsi que le harcèlement scolaire. La plupart des histoires ne sont pas mauvaises, mais au mieux cela ne va pas plus loin que le correct sans plus. Je pense qu'il n'y a que deux histoires qui m'ont un peu marqué et c'est tout.
Le dessin est vraiment rétro et si je me fie à mes recherches sur internet, ce recueil date des années 90, alors que le dessin semble venir des années 70. En tout cas, j'aime bien ce côté vieillot, mais les lecteurs habitués aux styles modernes risquent de trouver cela moche.
C'est une histoire d'amour de jeunesse assez classique, centrée sur des personnages se découvrant et s'affirmant, le tout dans une ambiance mi-sérieuse mi-loufoque, si ce n'est qu'ici il est question de vol.
De vol ? Oui, de vol, car Ella a volé sous l'emprise de l'alcool les affaires de la fille qu'elle aime... affaires que cette-même fille avait justement volées à plein d'autres personnes !
Là où des jeunes couples classiques choisiraient les sorties cinés et les balades au parc comme premiers rendez-vous, Ella et Madeleine ont plutôt opté pour des missions d'infiltration dans les fêtes lycéennes afin de restituer discrètement tous les objets précédemment volés.
Ça sonne amusant, hein ?
En vrai, ça l'est, mais c'est malheureusement très convenu. Les personnages et leur évolution sont simples mais pas dénués d'intérêt, pourtant l'exécution m'a paru trop sage, trop attendue.
Le dessin est convenable (j'ai plus apprécié le travail de colorisation et quelque fois de mise en page), le propos de l'histoire simple mais touchant, les personnages sont un peu trop "foufous" dans leurs expressions à mon goût mais le trait est tout de même vif, l'histoire se laisse lire sans déplaisir, ...
C'est du bon, j'aurais juste pu m'attendre à quelque chose de "plus" avec cette prémisse.
Je suivrai tout de même les prochaines créations de l'autrice, il y a un très bon potentiel là-dedans.
On a là une adaptation très fidèle au texte d’origine de Mary Shelley, Marion Mousse ne s’est pas écarté d’une histoire très connue. Pas de surprise donc, mais un travail honnête.
Elle a pris le temps avec trois tomes, d’installer le malaise, et le malheur de Victor Frankenstein, avec une narration classique et globalement fluide.
Son dessin au trait gras, avec une colorisation très sombre, n’est pas forcément ma tasse de thé (ça manque pas mal de détails quand même), mais ça passe très bien, et la lecture est agréable.
Par contre, ayant lu récemment la version de Georges Bess, celle de Marion Mousse souffre quand même de la comparaison. Si les deux suivent la trame d’origine sans s’en écarter, le dessin de Bess ajoute une réelle plus-value, tandis que celui de Mousse montre moins de force.
Une adaptation honnête sans plus.
C’est une série qui est un peu dans le même esprit que le roman « La guerre du feu » de Rosny aîné, avec une reconstitution relativement crédible d’un univers préhistorique, et une longue quête menée par le héros (ici ça n’est pas le secret du feu, mais celui d’un matériau solide pour les lames de lance qui est l’objet de cette quête).
La narration alterne passages muets et quasi méditatifs, ouvrant de lointains horizons et des savanes ou des sous-bois remplis d’une faune abondante, et d’autres beaucoup plus verbeux. Ce sont ces derniers passages qui m’ont un peu gêné. Non pas par leur abondance en tant que telle. Mais c’est surtout que je m’imaginais les échanges entre Néandertaliens plus économes de mots, je ne suis pas sûr que le langage se soit déjà suffisamment développé pour qu’il puisse donner lieu à de tels échanges – en termes de densité et en termes de niveau de langage. Je ne suis pas non plus sûr que toutes les tribus parlent forcément le même langage.
Mais bon, ce sont des remarques mineures, qui n’empêchent pas d’apprécier ce récit. Le dessin est agréable, et fait la part belle aux étendues immenses sur lesquelles quelques rares groupes se battent pour survivre. Là aussi la reconstitution semble réaliste, même si j’ai moins été convaincu par la tribu des Hommes-Flammes et leur peau rougeâtre, comme recouverte de terre cuite ou de glaise, de façon beaucoup trop uniforme. Mais le trait gras, pas forcément très léché de Roudier convient très bien aux personnages.
Le lecteur doit accepter quelques facilités scénaristiques (et des happy-end sur la fin avec constitution express de couples un peu guimauve), mais globalement ces aventures préhistoriques se laissent lire agréablement.
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Les Grimpeurs
Ça faisait un moment que je n'avais pas lu une nouvelle série humoristique à thème, de celles qui s'intéressent à un métier, un sport ou un loisir. Cette fois, c'est l'escalade qui est à l'honneur, et plus précisément l'escalade de bloc : celle qu'on pratique essentiellement en salle, sur des murs bas, sans harnais mais avec de gros matelas au sol en cas de chute. Les auteurs nous embarquent aux côtés d'un couple de débutants qui découvre cette discipline, s'intègre au groupe et partage rapidement des moments de fun, avec une légère touche de compétition. Il s'agit ici d'une de ces quelques séries qui utilisent l'humour comme porte d'entrée pour faire découvrir un univers. Ce n'est pas un ouvrage documentaire, même si un petit cahier explicatif vient conclure l'album, mais les gags permettent de saisir les grandes lignes du sport, ses accessoires, ses techniques, son ambiance. C'est un aspect qui m'a plu et qui a piqué ma curiosité, bien que certains dialogues semblent s'adresser à des initiés. J'ignore toujours, par exemple, ce qu'est une "lolotte", un terme croisé deux fois sans explication. Graphiquement, c'est plutôt réussi. Le trait est assuré, et les personnages évoquent par moments le style de Mo-CDM, avec un bon équilibre entre réalisme et caricature. Les décors sont minimalistes sans jamais paraître vides, ce qui rend l'ensemble agréable à l'œil. En revanche, les gags ne m'ont pas fait rire. Aucun ne m'a vraiment accroché, et certains m'ont même semblé un peu plats ou attendus. Cela dit, l'atmosphère générale est sympathique, et la mise en scène suffit à faire naître un sourire. À lire si vous êtes curieux de découvrir le bloc de façon légère ou si vous en êtes adepte et souhaitez retrouver votre passion transposée avec un certain humour en BD.
Les Pionniers
J'avais beaucoup apprécié la lecture de la biographie d'Alice Guy. La série des pionniers reprend la même période de la naissance du cinéma en élargissant la narration à de nombreux autres intervenants. Toutefois le récit est centré sur trois personnages principaux Charles Pathé, Gaumont et Alice Guy. C'est d'ailleurs un point positif d'avoir mis le personnage de la jeune femme au devant de l'histoire. C'est toutefois Pathé qui sert de colonne vertébrale à la narration comme noyau autour duquel gravitent un nombre important de noms parfois peu connus. Le travail de recherche et de synthèse de Damien Maric et de Guillaume Dorison est donc énorme tant les initiatives sont diverses et nombreuses puisque tout était à inventer. Cela part quelque fois dans tous les sens et j'ai trouvé la lecture moins aisée que pour la biographie d'Alice Guy . En effet des trois personnages c'est Alice Guy la plus créatrice et artistique dans ce qui a fait le succès du cinéma: les films. La bataille Pathé/Gaumont reste une bataille industrielle autour du matériel, des brevets, des studio , des réseaux de distributions ou d'alliances internationales. Mais l'âme du cinéma est ailleurs et de films on en parle assez peu. Pour masquer cette aridité, les auteurs mettent l'accent sur le sensationnel et le tragique porteurs d'émotions comme le prouve l'ouverture de la série . Le graphisme de Jean-Baptiste Hostache donne la priorité aux visages des principaux personnages. Il y a donc beaucoup de dialogues dans des scènes assez statiques. L'ambiance 1900 est bien restituée par les costumes , les extérieurs rares mais travaillés et la mise en couleur qui tend à rappeler le sépia. Une lecture intéressante mais exigeante. Les intervenants du récit étant plus des techniciens, des entrepreneurs que des artistes je suis resté sur ma faim.
Amour, sexe et Terre Promise - Reportage en Israël et Palestine
Bon, le titre est aguicheur – racoleur ou humoristique, c’est selon. Le sujet en tout cas n’est pas sans intérêt. Comme le signale Gaston, l’ensemble n’est pas forcément palpitant, l’enquête ne prétend pas à être exhaustive ou à dresser un portrait sociologique d’une population. D’une part parce que plusieurs sujets s’entrechoquent ici : les relations entre musulmans et juifs, entre Palestiniens et Israéliens, entre hommes et femmes (mais aussi le regard de la société, des « plus anciens » sur les relations amoureuses ici présentées). D’autres part parce que l’album compile une série de témoignages très variées (concernant les situations et les catégories de population concernées), ce qui fait qu’on a parfois l’impression de lire une suite d’anecdotes mal reliées entre elles. Mais la lecture est quand même intéressante, justement du fait de l’éclectisme des témoignages. Cela donne pas mal de points d’attaque pour le sujet des relations amoureuses dans cette région qui fait souvent l’actualité pour la haine et la guerre qui s’y propagent. Et justement, le hasard a voulu que cette enquête ait été menée et finie juste avant les attaques du 7 octobre 2023 (même si la publication en est légèrement postérieure), et la riposte génocidaire à Gaza (et l’accentuation de la violence coloniale en Cisjordanie occupée) ainsi que la droitisation et la crispation de la société israélienne qui s’en sont suivis. En catastrophe, les auteurs ont concocté une introduction pour évoquer cet événement, et leurs questionnements quant à l’opportunité de publier leur enquête malgré tout. Disons que, sans être un génie, on peut augurer que les relations entre Arabes et Juifs vont durablement être compliquées, voire quasi impossibles (ne parlons pas de l’impossibilité d’aimer sous les bombes à Gaza !). Ça ne nous fait que plus regretter cette guerre – qui n’a pas débuté le 7 octobre – et le racisme qui l’accompagne. Le nationalisme et les religions (juives et musulmanes) semblaient déjà dans l’enquête être des freins importants à l’épanouissement de relations amoureuses inter-communautés – voire de relations amoureuses tout court. Hélas ça ne va faire qu’empirer, les extrémistes de tous bords faisant leur nid dans la haine omniprésente. Pas palpitant donc, mais quand même intéressant, pour montrer une possibilité, une petite lueur d’espérance, au milieu de la nuit qui tombe.
Dessiner encore
Tous les rescapés des attentats contre Charlie Hebdo ont eu besoin de se reconstruire. Et, comme Coco avec cet album, c’est souvent passé par la publication d’un ou de plusieurs récits cathartiques. Outre l’ample couverture médiatique du déroulement de l’attentat et de ses suites, qui fait « l’extérieur » du traumatisme est connu de tous, j’ai aussi dû lire la quasi-totalité des témoignages et autres récits « d’après » des membres de Charlie Hebdo ayant échappé à la tuerie. Cela joue sans doute sur mon ressenti en enlevant une bonne part d’originalité à ce récit. L'album est très épais, mais il se lit très vite, car il y a peu de texte. Je ne suis pas forcément fan du dessin de Coco, mais sur ce genre de récit et plus généralement en dessin de presse, ça passe très bien. Le récit justement, est très décousu, alternant passages « d’avant » et « d’après ». Certains détails sont intéressants, sur le fonctionnement de la rédaction. Surtout sur les dissensions se développant au moment de la reprise du journal, lorsque visiblement certains ont voulu se mettre en avant ou « solder des comptes » : l’unanimisme idéalisé en prend un coup, mais Coco a sans doute raison de rappeler que le journal était fait par des êtres humains, avec leurs qualités et leurs défauts. Ça n’était pas le propos, mais j’aurais aimé un peu plus de recul sur la vague « Je suis Charlie » (voir la bobine de Netanyahou en première ligne de la manifestation, lorsqu’on voit ce qu’il fait de la liberté de la presse en Israël (et lorsqu’on voit son respect de la vie humaine en Palestine !) passe mal. D’autres opportunistes (Sarkozy témoignant dans un procès avant les attentats de 2015, on se demande s’il aurait dit la même chose pour défendre un journal éreintant l’Église catholique). Mais bon, le travail de Coco lui a sans doute fait du bien, une sorte de thérapie obligatoire, et on sent en lisant cet album la douleur quasi indicible qui la torture (c’est elle qui, menacée par les terroristes, leur a ouvert la porte de la rédaction…). Elle parvient à faire passer beaucoup d’émotion (dans la douleur, mais aussi lorsqu’elle dit son admiration et son amour pour Cabu et son travail), sans surjouer un pathos inutile.
Fantasy - Yourcenar / Alma
J’ai commencé ma lecture par la face Alma (et je pense que c’est plus intéressant que de le faire par la face Yourcenar). Alma joue plus sur une mission mystique et guerrière, avec de plus en plus de combats, il y a beaucoup de cases muettes, alors que Yourcenar est beaucoup plus verbeux (parfois trop je trouve), jouant plus sur des réflexions éthiques et philosophiques – avec des choses tournant autour de l’amour, du destin, du « devoir » (mais ce dernier thème apparait aussi dans Alma). Le dessin et la colorisation ne manquent pas de charmes. Mais, affaire de goût, je n’en suis pas fan. Il passe bien, mais le trait un peu manga des personnages, et les contours flous des décors m’ont parfois décontenancé. Si le titre est assez pauvre, le récit bicéphale est lui plus riche donc. Je suis moins enthousiaste que mes prédécesseurs : le dessin bien sûr, mais aussi un récit avec quelques longueurs, m’empêchent de les rejoindre. Mais ça reste quand même une lecture intéressante.
Deux ans de vacances (manga)
Deux ans de vacances n'est pas le roman le plus connu de Jules Verne même si il a eu une belle postérité en animés, film ou série BD. En effet Jules Verne s'est emparé du genre Robinsonnade pour un roman destiné à la jeunesse. C'est un roman géographique et d'aventure comme était coutumier le grand écrivain. Jiro Otani laisse de côté la partie géographique pour se concentrer sur l'aventure de ces jeunes garçons. La gageure est de faire tenir toutes les aventures en un seul tome d'une grosse centaine de pages au format manga classique. Cela donne une narration très (trop ?) rapide où les événement se succèdent à grande vitesse. C'est évidemment très naïf car le récit donne l'impression que les difficultés glissent sur les beaux costumes de collégiens de nos jeunes naufragés. Contrairement à un roman comme Sa Majesté des Mouches qui prend le même postulat d'origine, Otachi ( et Jules Verne ?) n'approfondissent pas trop les tensions au sein du groupe. La vision est très optimiste, faite de solidarité, de partage du pouvoir et de cohésion face aux dangers. Cela procure une lecture bon enfant qui convient à un jeune lectorat. J'ai une petite réserve sur les choix graphiques de l'auteur qui rend les enfants trop lisses physiquement. Quoiqu'il en soit ce titre a sa place dans cette collection et procure une lecture agréable bien qu'un peu naïve.
La Maison des Horreurs
2.5 Un recueil qui m’intéressait parce que je n'avais jamais rien vu de cette autrice et qu'en matière de manga d'horreur j'avais surtout lu des auteurs masculins. J'avais envie de voir un point de vue féminin sur le genre, surtout que les histoires d'horreur ont souvent comme audience au Japon les filles, aussi étrange que cela puisse paraitre pour un lecteur occidental. Ce sont des histoires courtes de qualité variable, avec des histoires qui marchent et d'autres non. Il y a aussi parfois une touche humoristique macabre. La plupart des histoires mettent en scènes des adolescentes et il y a souvent une dénonciation de la cruauté de la société japonaise et de l'adolescence, notamment le culte de la beauté et des apparences ainsi que le harcèlement scolaire. La plupart des histoires ne sont pas mauvaises, mais au mieux cela ne va pas plus loin que le correct sans plus. Je pense qu'il n'y a que deux histoires qui m'ont un peu marqué et c'est tout. Le dessin est vraiment rétro et si je me fie à mes recherches sur internet, ce recueil date des années 90, alors que le dessin semble venir des années 70. En tout cas, j'aime bien ce côté vieillot, mais les lecteurs habitués aux styles modernes risquent de trouver cela moche.
Voleuse
C'est une histoire d'amour de jeunesse assez classique, centrée sur des personnages se découvrant et s'affirmant, le tout dans une ambiance mi-sérieuse mi-loufoque, si ce n'est qu'ici il est question de vol. De vol ? Oui, de vol, car Ella a volé sous l'emprise de l'alcool les affaires de la fille qu'elle aime... affaires que cette-même fille avait justement volées à plein d'autres personnes ! Là où des jeunes couples classiques choisiraient les sorties cinés et les balades au parc comme premiers rendez-vous, Ella et Madeleine ont plutôt opté pour des missions d'infiltration dans les fêtes lycéennes afin de restituer discrètement tous les objets précédemment volés. Ça sonne amusant, hein ? En vrai, ça l'est, mais c'est malheureusement très convenu. Les personnages et leur évolution sont simples mais pas dénués d'intérêt, pourtant l'exécution m'a paru trop sage, trop attendue. Le dessin est convenable (j'ai plus apprécié le travail de colorisation et quelque fois de mise en page), le propos de l'histoire simple mais touchant, les personnages sont un peu trop "foufous" dans leurs expressions à mon goût mais le trait est tout de même vif, l'histoire se laisse lire sans déplaisir, ... C'est du bon, j'aurais juste pu m'attendre à quelque chose de "plus" avec cette prémisse. Je suivrai tout de même les prochaines créations de l'autrice, il y a un très bon potentiel là-dedans.
Frankenstein de Mary Shelley
On a là une adaptation très fidèle au texte d’origine de Mary Shelley, Marion Mousse ne s’est pas écarté d’une histoire très connue. Pas de surprise donc, mais un travail honnête. Elle a pris le temps avec trois tomes, d’installer le malaise, et le malheur de Victor Frankenstein, avec une narration classique et globalement fluide. Son dessin au trait gras, avec une colorisation très sombre, n’est pas forcément ma tasse de thé (ça manque pas mal de détails quand même), mais ça passe très bien, et la lecture est agréable. Par contre, ayant lu récemment la version de Georges Bess, celle de Marion Mousse souffre quand même de la comparaison. Si les deux suivent la trame d’origine sans s’en écarter, le dessin de Bess ajoute une réelle plus-value, tandis que celui de Mousse montre moins de force. Une adaptation honnête sans plus.
Neandertal
C’est une série qui est un peu dans le même esprit que le roman « La guerre du feu » de Rosny aîné, avec une reconstitution relativement crédible d’un univers préhistorique, et une longue quête menée par le héros (ici ça n’est pas le secret du feu, mais celui d’un matériau solide pour les lames de lance qui est l’objet de cette quête). La narration alterne passages muets et quasi méditatifs, ouvrant de lointains horizons et des savanes ou des sous-bois remplis d’une faune abondante, et d’autres beaucoup plus verbeux. Ce sont ces derniers passages qui m’ont un peu gêné. Non pas par leur abondance en tant que telle. Mais c’est surtout que je m’imaginais les échanges entre Néandertaliens plus économes de mots, je ne suis pas sûr que le langage se soit déjà suffisamment développé pour qu’il puisse donner lieu à de tels échanges – en termes de densité et en termes de niveau de langage. Je ne suis pas non plus sûr que toutes les tribus parlent forcément le même langage. Mais bon, ce sont des remarques mineures, qui n’empêchent pas d’apprécier ce récit. Le dessin est agréable, et fait la part belle aux étendues immenses sur lesquelles quelques rares groupes se battent pour survivre. Là aussi la reconstitution semble réaliste, même si j’ai moins été convaincu par la tribu des Hommes-Flammes et leur peau rougeâtre, comme recouverte de terre cuite ou de glaise, de façon beaucoup trop uniforme. Mais le trait gras, pas forcément très léché de Roudier convient très bien aux personnages. Le lecteur doit accepter quelques facilités scénaristiques (et des happy-end sur la fin avec constitution express de couples un peu guimauve), mais globalement ces aventures préhistoriques se laissent lire agréablement.