Ce roman graphique déstabilise, malheureusement pas toujours dans le bon sens du terme.
D'abord par ses illustrations dans un style naïf créées à la palette graphique, associant une ligne claire peu détaillée à des aplats de couleurs entremêlés d'intéressantes surimpressions. Cela manque franchement de personnalité (le revers systématique de ces illustrations à l'ordinateur), mais l'absence de vie inhérente à ce style sied joliment au fantastique en créant de l'inquiétante étrangeté.
Déstabilisation ensuite liée à ce fantastique empruntant au folklore anglais, de moins en moins équivoque et caché, malgré son irruption dans le quotidien de la campagne galloise, et finalement à considérer pour le lecteur comme un autre monde à accepter. Pointe sur ce point un regret : le genre fantastique est plus intéressant lorsqu'il ne se départit pas du doute, de la folie, du rêve, etc. Sinon, il devient un simple contrat de lecture, qu'il vaut mieux exploiter pour ce qu'il apporte de divertissement, de spectaculaire, ce qui n'est jamais véritablement l'objectif souhaité ici. L'intrigue gagne regrettablement en clarté, sans que cela serve totalement la thématique du deuil.
Toutes ces réserves mentionnées, demeure un récit plutôt touchant (heureusement avec cette thématique), original dans sa manière d'inviter un folklore peu connu, globalement maîtrisé dans sa gestion des syntagmes, quand bien même la liaison entre ceux-ci apparaît menue sinon artificielle. Quant à l'esthétique visuelle, elle m'évoque pour ma part nombre de jeux vidéo indépendants (certes réussis sur le plan de la Direction Artistique), m'interdisant d'y percevoir là une originalité ou matière à m'enthousiasmer.
Une BD intrigante, assez intéressante, m'ayant moins convaincu que d'autres passionnés croisés ici ou là.
Si tu veux savoir ce qui est bon pour ton corps, c’est à toi de le découvrir !
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Ce tome constitue une anthologie d’histoires mettant en scène des femmes et leur relation sexuelle du moment. Son édition originale date de 2023. Il a été réalisé par Aurélie Loiseau pour le scénario et par Al’Covial (Alain Boussillon) pour les dessins et les couleurs. Il comporte trente-huit pages de bande dessinée, et cinq dessins en pleine page pour la page de titre de chacun. Il comprend cinq histoires courtes, d’une pagination différente allant de trois pages à douze pages.
Avec ou sans, trois pages. Après des galipettes matinales, l’homme se lève et s’habille. Il indique qu’il va chercher des croissants à la boulangerie. Allongée nue sur le lit, la femme lui répond qu’elle reste ici à l’attendre. Elle constate qu’il a laissé son ordinateur ouvert, et elle décide de faire sa curieuse. Elle découvre des photographies de femmes nues, toutes avec le sexe épilé. Elle en déduit qu’il préfère qu’il n’y ait pas de poils. Aussi, quelques jours après, avant de retrouver son amant, elle se rase le pubis.
Échecs et sexe, douze pages. Dans un grand imperméable rouge, elle vient de débarquer chez lui avec ses talons hauts et ses bas, et elle lui réserve une petite surprise. Lui, c’est Alben, son adversaire préféré. Elle sonne, il lui ouvre. Une fois à l’intérieur, elle ouvre son imperméable, et elle est en dessous chic sans autre vêtement avec un collier de perles. Il lui dit qu’elle est délicieuse. Elle lui répond qu’elle a envie de lui, que toute la journée elle a pensé à ce moment, mais elle réfrène son empressement, lui demandant d’abord de lui montrer sa petite tenue. Elle a l’impression de voir le regard d’un enfant gourmand.
Fantasme, six pages. Elle est en train de se caresser allongée sur son lit, en regardant une vidéo pornographique mettant en scène quatre femmes entre elles. Souvent le week-end, elle se détend à sa manière, toujours avec du porno lesbien pour s’exciter jusqu’à la jouissance. Elle apprécie pendant quelques minutes le shoot d’hormones du bien-être qui agit sur son corps. L’extase est libératrice. Mais cela s’estompe rapidement, et comme souvent un sentiment de culpabilité l’envahit. Elle se dit qu’elle devrait peut-être essayer avec une femme.
Un amour de vibro, douze pages. Un couple hétérosexuel est en train de faire l’amour, et elle espère qu’il va finir rapidement cette fois. Il ne se rend même pas compte que c’était nul pour elle. Un peu plus tard dans la même journée, elle va retrouver une copine à un café, et elle évoque sa déception. Celle-ci l’encourage à découvrir par elle-même ce qui est bon pour son corps. La copine l’accompagne pour faire l’emplette d’un vibro masseur.
Elle, cinq pages. Elle rejoint trois copines pour passer une soirée ensemble. La conversation tourne autour des sous-vêtements, et chacune évoque sa relation avec, entre celle qui se sent serrée, et celle qui explore son corps avec la lingerie.
Publié par l’éditeur Tabou, il s’agit d’une bande dessinée à caractère pornographique explicite. Le court texte introductif explique que ces histoires sont nées de la rencontre artistique d’un dessinateur de bande dessinée, et d’une sexothérapeute. La présentation continue : Ce projet a été concrétisé avec l’envie de parler de la sexualité des femmes sans tabou, avec légèreté et des notes d’humour ; les petites histoires offrent des moments intimes, elles témoignent des différents visages et facettes du plaisir et désir féminin. Enfin, les deux auteurs ont nourri cette bande dessinée au travers de deux visions différentes, tant au niveau générationnel, qu’au niveau de leur propre regard sur la sexualité d’une femme. Il explicite l’intention de ce projet : L’ouvrage invite les femmes à s’approprier leurs corps et leurs envies. Après vérification, l’autrice existe vraiment, et elle exerce, entre autres, le métier de sexothérapeute : il s’agit donc bien de récits racontés avec un point de vue féminin, et pas juste d’un argument de vente bidon pour refourguer les mêmes fantasmes masculins avec une autre étiquette. Au travers de cinq récits sont abordés de manière explicite le rapport aux poils, les relations sexuelles sans engagement émotionnel, la masturbation à partir de fantasmes pornographiques, l’utilisation d’un sextoy, et les dessous.
Le lecteur peut tomber sous le charme de la jeune femme en couverture, représentée dans un mode pin-up, avec un petit sourire discret, et des accessoires évoquant les récits à l’intérieur. Il en apprécie la jolie mise en couleurs. Les illustrations accompagnant chaque titre de chapitre sont en pleine page : une jeune femme nue assise sur un tabouret, tenant un rasoir mécanique dans son dos, une jeune femme également en mode pin-up et en bikini et talons haut se tenant debout à côté d’une pièce d’échec (un roi) lui arrivant au niveau de la poitrine, une jeune femme brune à genou en culotte avec un téléphone portable à la main, une jeune femme blonde en culotte allongée sur le ventre avec un vibromasseur à ses côtés, une jeune femme potelée en ombre chinoise tenant un sous-vêtement dans chaque main. Des dessins plutôt chastes, avec une ambiance mutine, sans vulgarité, une pose étudiée, des traits de contour assurés, une mise en couleurs apportant du volume à chaque courbe. Le lecteur découvre une dernière illustration en pleine page sur la quatrième de couverture : une autre jeune femme brune de dos, en string et talons hauts tenant un panneau sens interdit tout en regardant une page du troisième chapitre apparaissant en colonne sur la partie de droite.
Les dessins de chaque chapitre présentent les mêmes caractéristiques d’une histoire à l’autre, différentes de celles de la couverture ou des dessins en tête de chapitre. Les traits de contour sont moins lissés, les courbes sont moins mises en avant, les traits sont plus rêches, la mise en couleur est moins sophistiquée. Ils relèvent d’un registre réaliste et descriptif, assez explicite. Comme il est d’usage dans les bandes dessinées appartenant à ce genre, les personnages sont régulièrement représentés nus, sans hypocrisie, avec une bonne visibilité de leurs parties intimes, parfois mises en avant par le cadrage. Ainsi le lecteur peut voir quelques pénétrations, deux ou trois sexes masculins en érection, des personnages féminins avec les jambes écartées, une poignée de cunnilingus, l’utilisation d’un vibromasseur. Toutefois, il n’y a pas de gros plan de pénétration ou sur d’autres pratiques. Toutes les relations sont de nature consentie avec une volonté de partage de plaisir, sans pratiques sortant de l’ordinaire, ou réprouvée par la morale, ni interdite par la loi. Ces dernières caractéristiques placent cet ouvrage à part de la production habituelle.
Le premier récit est très rapide puisqu’il comporte trois pages. Il est raconté du point de vue féminin : la dame souhaite faire plaisir à son compagnon. Les dessins s’avèrent plus ou moins précis (par exemple pour la représentation des tétons), avec parfois des variations anatomiques déconcertantes (par exemple la taille variable de la poitrine de madame). Elle tente donc le rasage du minou… et elle n’obtient pas l’effet escompté. Il n’y a pas de culpabilisation de l’un ou l’autre, pas de discours sur l’injonction au rasage, juste une mise en situation, et une forme d’humour bon enfant (si l’on peut dire). Dans le deuxième récit, le dessinateur prend en charge plusieurs éléments de la narration : les tenues de la jeune femme, l’ameublement de l’appartement de monsieur, la terrasse d’un café, les différentes positions. Le récit se focalise sur cette relation d’amour libre dédiée à la séduction et au plaisir sexuel, sans marque d’affection, un plan cul comme le résume la dame. À nouveau cette relation fonctionne sur la base d’un consentement explicite, sans emprise ou culpabilisation. La scénariste intègre le fait que les deux amants jouent aux échecs entre eux, comme une métaphore de leur relation, pour savoir qui va gagner, c’est-à-dire qui va faire évoluer leur relation vers ce qu’il ou elle veut. Cela induit une perspective déconcertante sur la personnalité de cette femme, sur la manière dont elle envisage la relation amoureuse.
Les trois autres histoires présentent les mêmes caractéristiques concernant la narration visuelle : une mise en page intéressante, des prises de vue conçues spécifiquement pour chaque situation, une représentation dont la précision fluctue dans certaines cases, ou les proportions corporelles d’un même personnage d’une case à l’autre. La brune suivante s’interroge sur ce qui a déterminé son orientation sexuelle (Parce qu’on lui a dit que cela devait être ainsi ?), et sur les conséquences de sa consommation de vidéos à caractère pornographiques. La quatrième héroïne prend en main son éducation sexuelle sur les conseils de sa copine qui lui dit que : La société et leur éducation ont fait croire aux femmes que leur sexualité dépendait d’un homme, mais le corps d’une femme, ses plaisirs, ses désirs lui appartiennent. Si elle veut savoir ce qui est bon pour son corps, c’est à elle de le découvrir. À nouveau, l’histoire aborde un thème particulier de la sexualité féminine à partir d’une situation concrète, sans jugement de valeur, sans culpabilisation ni dramatisation, avec compréhension et une pointe d’humour. Pour finir la scénariste aborde la question des dessous féminins, à nouveau sans obligation, et ni jugement de valeur, y compris pour des modèles rétro ou animaliers. C’est la seule histoire à mettre en scène une femme avec une morphologie différente de la taille mannequin.
Un ouvrage à caractère pornographique dans la mesure où les relations sexuelles sont montrées de manière explicite. Dans le même temps, une collection de cinq histoires courtes abordant différents aspects de la sexualité d’un point de vue féminin, que ce soit les poils, les fantasmes ou l’évolution d’une relation de type plan C, sans jugement ni culpabilisation, avec bienveillance et décontraction. Surprenant.
Un livre épais de 250 pages, qui n'est pas autobiographique indique l'auteur en préambule, sur les problèmes alimentaires. Pas forcément une préoccupation me concernant. L'héroïne s'appelle Miss et vit dans une famille un peu étrange, comme tout cet univers fantasmagorique. Son père est un cheval, un corps puissant, il fait beaucoup de sport. Sa mère est une grosse limace bleue vautrée dans le canapé et d'une incroyable violence sur les pré-supposés problèmes de surpoids de sa fille Miss et ses 2 soeurs. On les incite à manger des fruits et des légumes à l'excès au détriment de tout ce qui est sucré, chocolat etc., bref de plaisir. Mais pour autant il y a de petites boules sphériques frites au dîner selon les termes de l'autrice. Des pommes noisettes quoi. Avec tout ça la jeune fille en grandissant se met à ne rien bouffer, culpabiliser, pour obtenir un idéal de beauté, puis à se faire vomir. Une obsession de manger au quotidien.
Tout cela est bien illustré, bien colorisé aussi. Pas mal de dessins pleine planche, la lecture n'est pas si longue. J'étais loin d'avoir capté toutes les références culturelles indiquées par l'auteur en fin d'ouvrage qu'elle a pu glisser dans ces pages.
Tout simplement une très belle histoire.
Cela commence un peu de manière conventionnelle, une petite silhouette féminine qui fuit en courant dans la forêt, poursuivie par deux gros types avec des chiens, des chapeaux melons, des carabines... de grandes pages muettes noir et blanc, aux traits gras et surfaces grisées : feutre, pinceaux, graphite, tout est permis pour représenter les branches mortes, les pins dressés, les prairies, la surface éclaboussée par la course, des rivières...
Mais les ressors de la fuite sont remontés par des rencontres surprenantes et des personnages qui se trompent, se pardonnent, et nous donnent à penser, à rêver, à désespérer mais aussi à espérer.
C'est une adaptation d'un roman de Gil Adamson que la BD donne envie de lire, on devine une subtilité psychologique qui reste en partie hors de portée mais sous-jacente. L'esprit western n'est pas si présent que ça, si ce n'est dans la brochette des mineurs épuisés qui se retrouvent à la messe pour boxer.
Ce qui est un peut frustrant c'est l'inhumanité des poursuivants, en comparaison de la délicatesse d'observation du reste, cela fait perdre en intérêt, le seul trou dans la cuirasse arrive vers la fin quand le plus jeune frère fait part de son envie d'abadonner la poursuite...
Finalement ce n'est pas la jeune fille non plus qui nous intéresse, mais plutôt les personnages qui la croisent et leurs réactions devant son destin. On s'attend au pire, mais c'est autre chose qui se produit.
Est-ce le meilleur ? Non, c'est l'inventivité du sort.
Cette BD autobiographique sur Nathalie Le Huche est une excellente histoire d'adolescence. Je dois dire que c'est surprenamment intéressant, alors même que cette période du collège est bien loin derrière moi pourtant.
Le récit se développe autour de l'arrivée en sixième de cette enfant, sixième qui va mal se passer et je le comprend. La BD parle assez rapidement de la violence scolaire, développée ici par une enseignante sadique et méchante, qui va briser toute la confiance de Magalie et lui faire fuir l'école. Phobie scolaire, à 11 ans. Si cette situation qui me parait tout de même dingue est ensuite détaillé avec ce que Magalie fera. Et entre les cours à la maison, la lente marche vers l'adolescence et sa famille, elle découvre les Beatles. Comme une sorte d'exutoire à son mal-être, elle se passionne pour les Fabulous Four qui vont l'accompagner durant ces années.
La BD est donc à la fois l'histoire de sa phobie scolaire et l'histoire de sa passion pour les Beatles, avec une mise en scène franchement réussie sur différents points. Elle s'amuse à faire ressortir la musique dans des compositions psychédéliques, représentant bien à mon goût cet aspect synesthésique de la musique. La BD se finit bien, comme on s'en doutait, mais laisse penseur quant à la violence qu'on autorise dans l'école et la façon dont les professeurs sont bien plus souvent responsable qu'on l'image du manque de confiance de leurs élèves.
Une bonne BD qui donne envie de continuer à suivre son autrice !
Si je n’ai jamais lu de Maigret (mais je les connais via des téléfilms), j’ai par contre lu plusieurs romans « durs » de Simenon, c’est clairement la partie de son œuvre qui m’attire le plus.
Je ne connaissais pas ce roman-ci, mais j’ai plutôt apprécié ma lecture. Il ne faut pas y chercher un quelconque suspens policier, une enquête fouillée pleine de rebondissements. Non, au contraire, et même si une tension s’installe et qu’un crime est commis, il n’est pas le point de départ de l’intrigue, mais sa conclusion.
Et c’est surtout l’ambiance qui est intéressante, plus que l’intrigue elle-même. Une ambiance pesante, avec des paysages tristes et embrumés en toile de fond. Et un personnage central énigmatique, qui porte le deuil, qui semble déborder de négativité. Vaguement manipulatrice, même si finalement ça n’est pas si évident et linéaire que ça semblait l’être de prime abord.
Une affaire d’ambiance essentiellement donc, il faut accepter cette histoire sans vrai rythme. Une lecture intéressante en tout cas.
Une lecture globalement assez plaisante, qui conviendra sans doute aux amateurs du genre fantasy.
L’univers créé par Dysart est relativement original. Assez post-apocalyptique, en tout cas très noir, et extrêmement violent (et cela va crescendo jusqu’au final qui ménage quelques rebondissements, mais pas les principaux protagonistes).
La narration est agréable et fluide, même si la lecture de certaines cases n’est pas toujours aisée. C’est le cas lorsque les orcs parlent (un langage inventé, mais pas traduit), et surtout lorsque Andune s’exprime (la police de caractère est difficile à déchiffrer).
Le dessin est lisible, du comics moderne classique, plutôt dans le haut du panier du genre. C’est davantage la colorisation qui m’a surpris. En effet, si l’ambiance est des plus noires, les couleurs sont au contraire pétantes. Mais ce contraste fonctionne plutôt bien.
Dans un genre pas mal balisé, cet album s’en sort bien. De la Dark Fantasy bien fichue.
Troisième album que je lis autour des aventures de Ferdinand Tirancourt. Le personnage sert à Pelaez de prétexte à « visiter » le monde et ses points chauds. Ici il est plus en retrait.
Car, même s’il reste un personnage central, c’est bien le maelstrom des révolutions mexicaines qui est au cœur du récit, avec la lutte entre Pancho Villa d’une part, et l’armée mexicaine et un corps expéditionnaire américain d’autre part.
Du coup on s’écarte peut-être du sujet ou des ambiances initiales, mais avec ces aventures exotiques, on a une sorte de western tardif assez rythmé, classique, pas inintéressant.
La fin nous ramène à la France de la fin de la Première guerre mondiale – un retour aux sources en quelque sorte, alors que le personnage de Ferdinand a gagné en épaisseur – et est devenu aussi plus sympathique que ce qu’on devinait de lui au début de « Pinard de guerre », même s’il reste un indécrottable magouilleur, toujours borderline.
Le dessin de Porcel est dynamique et agréable. On a là une série de one-shots qui renouvelle le thème/personnage central de façon plaisante.
Je ne suis toujours pas convaincu de la nécessité – autre que mercantile – d’étirer la série Thorgal avec moult spin-off ou séries dérivées. Mais ma curiosité a été piquée avec cette « collection » Thorgal- Saga, et je lis les albums au fur et à mesure de leurs sorties.
Cette collection est très inégale, m’a rarement satisfait. Cet album se situe dans une très honnête moyenne.
Le dessin d’Aouamri, s’il n’égale pas celui de Rosinski (et s’il est plus inégal), se révèle quand même intéressant et très agréable.
L’intrigue se range elle aussi dans la lignée de ce que Van Hamme proposait, en particulier avec cette idée de « cité mouvante » aux airs de piège vicieux et magique. Elle se laisse lire agréablement.
Mais plusieurs choses m’ont un peu laissé sur ma faim. D’abord une conclusion qui évacue trop facilement et brutalement les personnages secondaires (en plus d’amener trop rapidement le happy-end – pour Thorgal, dont on sait forcément qu’il va s’en sortir).
Ensuite, le méchant n’est pas très réussi ici, avec un rôle finalement mineur.
Enfin, point de détail, j’ai trouvé la police un peu trop grosse parfois, le texte envahissant un peu trop certaines cases.
Un album à emprunter à l’occasion.
Un des premiers albums du duo Jim et Fredman, réalisé à une époque où ils avaient encore assez d'inspiration pour remplir ces BD d'humour qui ont fait leur succès à la fin des années 1990. L'album s'intéresse à la famille, en particulier aux proches un peu envahissants ou franchement pénibles. Je dois dire que je ne me suis pas senti très concerné par les situations (ma famille comme ma belle-famille ne ressemblent pas vraiment aux caricatures présentes ici), mais j'ai trouvé les gags plutôt bien construits, parfois prévisibles mais globalement efficaces. Le dessin très dynamique et expressif de Fredman fonctionne vraiment bien et donne du rythme même quand l'humour me touche moins. Les couleurs pastel, typiques du dessinateur, ajoutent un charme indéniable et rendent la lecture agréable.
Bref, ce n'est pas un chef-d'oeuvre de l'humour, mais c'est un album plutôt réussi, amusant et porté par un graphisme qui joue pour beaucoup dans son efficacité.
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Ce roman graphique déstabilise, malheureusement pas toujours dans le bon sens du terme. D'abord par ses illustrations dans un style naïf créées à la palette graphique, associant une ligne claire peu détaillée à des aplats de couleurs entremêlés d'intéressantes surimpressions. Cela manque franchement de personnalité (le revers systématique de ces illustrations à l'ordinateur), mais l'absence de vie inhérente à ce style sied joliment au fantastique en créant de l'inquiétante étrangeté. Déstabilisation ensuite liée à ce fantastique empruntant au folklore anglais, de moins en moins équivoque et caché, malgré son irruption dans le quotidien de la campagne galloise, et finalement à considérer pour le lecteur comme un autre monde à accepter. Pointe sur ce point un regret : le genre fantastique est plus intéressant lorsqu'il ne se départit pas du doute, de la folie, du rêve, etc. Sinon, il devient un simple contrat de lecture, qu'il vaut mieux exploiter pour ce qu'il apporte de divertissement, de spectaculaire, ce qui n'est jamais véritablement l'objectif souhaité ici. L'intrigue gagne regrettablement en clarté, sans que cela serve totalement la thématique du deuil. Toutes ces réserves mentionnées, demeure un récit plutôt touchant (heureusement avec cette thématique), original dans sa manière d'inviter un folklore peu connu, globalement maîtrisé dans sa gestion des syntagmes, quand bien même la liaison entre ceux-ci apparaît menue sinon artificielle. Quant à l'esthétique visuelle, elle m'évoque pour ma part nombre de jeux vidéo indépendants (certes réussis sur le plan de la Direction Artistique), m'interdisant d'y percevoir là une originalité ou matière à m'enthousiasmer. Une BD intrigante, assez intéressante, m'ayant moins convaincu que d'autres passionnés croisés ici ou là.
Histoires d'Elles
Si tu veux savoir ce qui est bon pour ton corps, c’est à toi de le découvrir ! - Ce tome constitue une anthologie d’histoires mettant en scène des femmes et leur relation sexuelle du moment. Son édition originale date de 2023. Il a été réalisé par Aurélie Loiseau pour le scénario et par Al’Covial (Alain Boussillon) pour les dessins et les couleurs. Il comporte trente-huit pages de bande dessinée, et cinq dessins en pleine page pour la page de titre de chacun. Il comprend cinq histoires courtes, d’une pagination différente allant de trois pages à douze pages. Avec ou sans, trois pages. Après des galipettes matinales, l’homme se lève et s’habille. Il indique qu’il va chercher des croissants à la boulangerie. Allongée nue sur le lit, la femme lui répond qu’elle reste ici à l’attendre. Elle constate qu’il a laissé son ordinateur ouvert, et elle décide de faire sa curieuse. Elle découvre des photographies de femmes nues, toutes avec le sexe épilé. Elle en déduit qu’il préfère qu’il n’y ait pas de poils. Aussi, quelques jours après, avant de retrouver son amant, elle se rase le pubis. Échecs et sexe, douze pages. Dans un grand imperméable rouge, elle vient de débarquer chez lui avec ses talons hauts et ses bas, et elle lui réserve une petite surprise. Lui, c’est Alben, son adversaire préféré. Elle sonne, il lui ouvre. Une fois à l’intérieur, elle ouvre son imperméable, et elle est en dessous chic sans autre vêtement avec un collier de perles. Il lui dit qu’elle est délicieuse. Elle lui répond qu’elle a envie de lui, que toute la journée elle a pensé à ce moment, mais elle réfrène son empressement, lui demandant d’abord de lui montrer sa petite tenue. Elle a l’impression de voir le regard d’un enfant gourmand. Fantasme, six pages. Elle est en train de se caresser allongée sur son lit, en regardant une vidéo pornographique mettant en scène quatre femmes entre elles. Souvent le week-end, elle se détend à sa manière, toujours avec du porno lesbien pour s’exciter jusqu’à la jouissance. Elle apprécie pendant quelques minutes le shoot d’hormones du bien-être qui agit sur son corps. L’extase est libératrice. Mais cela s’estompe rapidement, et comme souvent un sentiment de culpabilité l’envahit. Elle se dit qu’elle devrait peut-être essayer avec une femme. Un amour de vibro, douze pages. Un couple hétérosexuel est en train de faire l’amour, et elle espère qu’il va finir rapidement cette fois. Il ne se rend même pas compte que c’était nul pour elle. Un peu plus tard dans la même journée, elle va retrouver une copine à un café, et elle évoque sa déception. Celle-ci l’encourage à découvrir par elle-même ce qui est bon pour son corps. La copine l’accompagne pour faire l’emplette d’un vibro masseur. Elle, cinq pages. Elle rejoint trois copines pour passer une soirée ensemble. La conversation tourne autour des sous-vêtements, et chacune évoque sa relation avec, entre celle qui se sent serrée, et celle qui explore son corps avec la lingerie. Publié par l’éditeur Tabou, il s’agit d’une bande dessinée à caractère pornographique explicite. Le court texte introductif explique que ces histoires sont nées de la rencontre artistique d’un dessinateur de bande dessinée, et d’une sexothérapeute. La présentation continue : Ce projet a été concrétisé avec l’envie de parler de la sexualité des femmes sans tabou, avec légèreté et des notes d’humour ; les petites histoires offrent des moments intimes, elles témoignent des différents visages et facettes du plaisir et désir féminin. Enfin, les deux auteurs ont nourri cette bande dessinée au travers de deux visions différentes, tant au niveau générationnel, qu’au niveau de leur propre regard sur la sexualité d’une femme. Il explicite l’intention de ce projet : L’ouvrage invite les femmes à s’approprier leurs corps et leurs envies. Après vérification, l’autrice existe vraiment, et elle exerce, entre autres, le métier de sexothérapeute : il s’agit donc bien de récits racontés avec un point de vue féminin, et pas juste d’un argument de vente bidon pour refourguer les mêmes fantasmes masculins avec une autre étiquette. Au travers de cinq récits sont abordés de manière explicite le rapport aux poils, les relations sexuelles sans engagement émotionnel, la masturbation à partir de fantasmes pornographiques, l’utilisation d’un sextoy, et les dessous. Le lecteur peut tomber sous le charme de la jeune femme en couverture, représentée dans un mode pin-up, avec un petit sourire discret, et des accessoires évoquant les récits à l’intérieur. Il en apprécie la jolie mise en couleurs. Les illustrations accompagnant chaque titre de chapitre sont en pleine page : une jeune femme nue assise sur un tabouret, tenant un rasoir mécanique dans son dos, une jeune femme également en mode pin-up et en bikini et talons haut se tenant debout à côté d’une pièce d’échec (un roi) lui arrivant au niveau de la poitrine, une jeune femme brune à genou en culotte avec un téléphone portable à la main, une jeune femme blonde en culotte allongée sur le ventre avec un vibromasseur à ses côtés, une jeune femme potelée en ombre chinoise tenant un sous-vêtement dans chaque main. Des dessins plutôt chastes, avec une ambiance mutine, sans vulgarité, une pose étudiée, des traits de contour assurés, une mise en couleurs apportant du volume à chaque courbe. Le lecteur découvre une dernière illustration en pleine page sur la quatrième de couverture : une autre jeune femme brune de dos, en string et talons hauts tenant un panneau sens interdit tout en regardant une page du troisième chapitre apparaissant en colonne sur la partie de droite. Les dessins de chaque chapitre présentent les mêmes caractéristiques d’une histoire à l’autre, différentes de celles de la couverture ou des dessins en tête de chapitre. Les traits de contour sont moins lissés, les courbes sont moins mises en avant, les traits sont plus rêches, la mise en couleur est moins sophistiquée. Ils relèvent d’un registre réaliste et descriptif, assez explicite. Comme il est d’usage dans les bandes dessinées appartenant à ce genre, les personnages sont régulièrement représentés nus, sans hypocrisie, avec une bonne visibilité de leurs parties intimes, parfois mises en avant par le cadrage. Ainsi le lecteur peut voir quelques pénétrations, deux ou trois sexes masculins en érection, des personnages féminins avec les jambes écartées, une poignée de cunnilingus, l’utilisation d’un vibromasseur. Toutefois, il n’y a pas de gros plan de pénétration ou sur d’autres pratiques. Toutes les relations sont de nature consentie avec une volonté de partage de plaisir, sans pratiques sortant de l’ordinaire, ou réprouvée par la morale, ni interdite par la loi. Ces dernières caractéristiques placent cet ouvrage à part de la production habituelle. Le premier récit est très rapide puisqu’il comporte trois pages. Il est raconté du point de vue féminin : la dame souhaite faire plaisir à son compagnon. Les dessins s’avèrent plus ou moins précis (par exemple pour la représentation des tétons), avec parfois des variations anatomiques déconcertantes (par exemple la taille variable de la poitrine de madame). Elle tente donc le rasage du minou… et elle n’obtient pas l’effet escompté. Il n’y a pas de culpabilisation de l’un ou l’autre, pas de discours sur l’injonction au rasage, juste une mise en situation, et une forme d’humour bon enfant (si l’on peut dire). Dans le deuxième récit, le dessinateur prend en charge plusieurs éléments de la narration : les tenues de la jeune femme, l’ameublement de l’appartement de monsieur, la terrasse d’un café, les différentes positions. Le récit se focalise sur cette relation d’amour libre dédiée à la séduction et au plaisir sexuel, sans marque d’affection, un plan cul comme le résume la dame. À nouveau cette relation fonctionne sur la base d’un consentement explicite, sans emprise ou culpabilisation. La scénariste intègre le fait que les deux amants jouent aux échecs entre eux, comme une métaphore de leur relation, pour savoir qui va gagner, c’est-à-dire qui va faire évoluer leur relation vers ce qu’il ou elle veut. Cela induit une perspective déconcertante sur la personnalité de cette femme, sur la manière dont elle envisage la relation amoureuse. Les trois autres histoires présentent les mêmes caractéristiques concernant la narration visuelle : une mise en page intéressante, des prises de vue conçues spécifiquement pour chaque situation, une représentation dont la précision fluctue dans certaines cases, ou les proportions corporelles d’un même personnage d’une case à l’autre. La brune suivante s’interroge sur ce qui a déterminé son orientation sexuelle (Parce qu’on lui a dit que cela devait être ainsi ?), et sur les conséquences de sa consommation de vidéos à caractère pornographiques. La quatrième héroïne prend en main son éducation sexuelle sur les conseils de sa copine qui lui dit que : La société et leur éducation ont fait croire aux femmes que leur sexualité dépendait d’un homme, mais le corps d’une femme, ses plaisirs, ses désirs lui appartiennent. Si elle veut savoir ce qui est bon pour son corps, c’est à elle de le découvrir. À nouveau, l’histoire aborde un thème particulier de la sexualité féminine à partir d’une situation concrète, sans jugement de valeur, sans culpabilisation ni dramatisation, avec compréhension et une pointe d’humour. Pour finir la scénariste aborde la question des dessous féminins, à nouveau sans obligation, et ni jugement de valeur, y compris pour des modèles rétro ou animaliers. C’est la seule histoire à mettre en scène une femme avec une morphologie différente de la taille mannequin. Un ouvrage à caractère pornographique dans la mesure où les relations sexuelles sont montrées de manière explicite. Dans le même temps, une collection de cinq histoires courtes abordant différents aspects de la sexualité d’un point de vue féminin, que ce soit les poils, les fantasmes ou l’évolution d’une relation de type plan C, sans jugement ni culpabilisation, avec bienveillance et décontraction. Surprenant.
Manger
Un livre épais de 250 pages, qui n'est pas autobiographique indique l'auteur en préambule, sur les problèmes alimentaires. Pas forcément une préoccupation me concernant. L'héroïne s'appelle Miss et vit dans une famille un peu étrange, comme tout cet univers fantasmagorique. Son père est un cheval, un corps puissant, il fait beaucoup de sport. Sa mère est une grosse limace bleue vautrée dans le canapé et d'une incroyable violence sur les pré-supposés problèmes de surpoids de sa fille Miss et ses 2 soeurs. On les incite à manger des fruits et des légumes à l'excès au détriment de tout ce qui est sucré, chocolat etc., bref de plaisir. Mais pour autant il y a de petites boules sphériques frites au dîner selon les termes de l'autrice. Des pommes noisettes quoi. Avec tout ça la jeune fille en grandissant se met à ne rien bouffer, culpabiliser, pour obtenir un idéal de beauté, puis à se faire vomir. Une obsession de manger au quotidien. Tout cela est bien illustré, bien colorisé aussi. Pas mal de dessins pleine planche, la lecture n'est pas si longue. J'étais loin d'avoir capté toutes les références culturelles indiquées par l'auteur en fin d'ouvrage qu'elle a pu glisser dans ces pages.
La Veuve
Tout simplement une très belle histoire. Cela commence un peu de manière conventionnelle, une petite silhouette féminine qui fuit en courant dans la forêt, poursuivie par deux gros types avec des chiens, des chapeaux melons, des carabines... de grandes pages muettes noir et blanc, aux traits gras et surfaces grisées : feutre, pinceaux, graphite, tout est permis pour représenter les branches mortes, les pins dressés, les prairies, la surface éclaboussée par la course, des rivières... Mais les ressors de la fuite sont remontés par des rencontres surprenantes et des personnages qui se trompent, se pardonnent, et nous donnent à penser, à rêver, à désespérer mais aussi à espérer. C'est une adaptation d'un roman de Gil Adamson que la BD donne envie de lire, on devine une subtilité psychologique qui reste en partie hors de portée mais sous-jacente. L'esprit western n'est pas si présent que ça, si ce n'est dans la brochette des mineurs épuisés qui se retrouvent à la messe pour boxer. Ce qui est un peut frustrant c'est l'inhumanité des poursuivants, en comparaison de la délicatesse d'observation du reste, cela fait perdre en intérêt, le seul trou dans la cuirasse arrive vers la fin quand le plus jeune frère fait part de son envie d'abadonner la poursuite... Finalement ce n'est pas la jeune fille non plus qui nous intéresse, mais plutôt les personnages qui la croisent et leurs réactions devant son destin. On s'attend au pire, mais c'est autre chose qui se produit. Est-ce le meilleur ? Non, c'est l'inventivité du sort.
Nowhere girl
Cette BD autobiographique sur Nathalie Le Huche est une excellente histoire d'adolescence. Je dois dire que c'est surprenamment intéressant, alors même que cette période du collège est bien loin derrière moi pourtant. Le récit se développe autour de l'arrivée en sixième de cette enfant, sixième qui va mal se passer et je le comprend. La BD parle assez rapidement de la violence scolaire, développée ici par une enseignante sadique et méchante, qui va briser toute la confiance de Magalie et lui faire fuir l'école. Phobie scolaire, à 11 ans. Si cette situation qui me parait tout de même dingue est ensuite détaillé avec ce que Magalie fera. Et entre les cours à la maison, la lente marche vers l'adolescence et sa famille, elle découvre les Beatles. Comme une sorte d'exutoire à son mal-être, elle se passionne pour les Fabulous Four qui vont l'accompagner durant ces années. La BD est donc à la fois l'histoire de sa phobie scolaire et l'histoire de sa passion pour les Beatles, avec une mise en scène franchement réussie sur différents points. Elle s'amuse à faire ressortir la musique dans des compositions psychédéliques, représentant bien à mon goût cet aspect synesthésique de la musique. La BD se finit bien, comme on s'en doutait, mais laisse penseur quant à la violence qu'on autorise dans l'école et la façon dont les professeurs sont bien plus souvent responsable qu'on l'image du manque de confiance de leurs élèves. Une bonne BD qui donne envie de continuer à suivre son autrice !
La Maison du canal
Si je n’ai jamais lu de Maigret (mais je les connais via des téléfilms), j’ai par contre lu plusieurs romans « durs » de Simenon, c’est clairement la partie de son œuvre qui m’attire le plus. Je ne connaissais pas ce roman-ci, mais j’ai plutôt apprécié ma lecture. Il ne faut pas y chercher un quelconque suspens policier, une enquête fouillée pleine de rebondissements. Non, au contraire, et même si une tension s’installe et qu’un crime est commis, il n’est pas le point de départ de l’intrigue, mais sa conclusion. Et c’est surtout l’ambiance qui est intéressante, plus que l’intrigue elle-même. Une ambiance pesante, avec des paysages tristes et embrumés en toile de fond. Et un personnage central énigmatique, qui porte le deuil, qui semble déborder de négativité. Vaguement manipulatrice, même si finalement ça n’est pas si évident et linéaire que ça semblait l’être de prime abord. Une affaire d’ambiance essentiellement donc, il faut accepter cette histoire sans vrai rythme. Une lecture intéressante en tout cas.
L'Île aux orcs
Une lecture globalement assez plaisante, qui conviendra sans doute aux amateurs du genre fantasy. L’univers créé par Dysart est relativement original. Assez post-apocalyptique, en tout cas très noir, et extrêmement violent (et cela va crescendo jusqu’au final qui ménage quelques rebondissements, mais pas les principaux protagonistes). La narration est agréable et fluide, même si la lecture de certaines cases n’est pas toujours aisée. C’est le cas lorsque les orcs parlent (un langage inventé, mais pas traduit), et surtout lorsque Andune s’exprime (la police de caractère est difficile à déchiffrer). Le dessin est lisible, du comics moderne classique, plutôt dans le haut du panier du genre. C’est davantage la colorisation qui m’a surpris. En effet, si l’ambiance est des plus noires, les couleurs sont au contraire pétantes. Mais ce contraste fonctionne plutôt bien. Dans un genre pas mal balisé, cet album s’en sort bien. De la Dark Fantasy bien fichue.
Pillard de guerre
Troisième album que je lis autour des aventures de Ferdinand Tirancourt. Le personnage sert à Pelaez de prétexte à « visiter » le monde et ses points chauds. Ici il est plus en retrait. Car, même s’il reste un personnage central, c’est bien le maelstrom des révolutions mexicaines qui est au cœur du récit, avec la lutte entre Pancho Villa d’une part, et l’armée mexicaine et un corps expéditionnaire américain d’autre part. Du coup on s’écarte peut-être du sujet ou des ambiances initiales, mais avec ces aventures exotiques, on a une sorte de western tardif assez rythmé, classique, pas inintéressant. La fin nous ramène à la France de la fin de la Première guerre mondiale – un retour aux sources en quelque sorte, alors que le personnage de Ferdinand a gagné en épaisseur – et est devenu aussi plus sympathique que ce qu’on devinait de lui au début de « Pinard de guerre », même s’il reste un indécrottable magouilleur, toujours borderline. Le dessin de Porcel est dynamique et agréable. On a là une série de one-shots qui renouvelle le thème/personnage central de façon plaisante.
Thorgal Saga - La Cité mouvante
Je ne suis toujours pas convaincu de la nécessité – autre que mercantile – d’étirer la série Thorgal avec moult spin-off ou séries dérivées. Mais ma curiosité a été piquée avec cette « collection » Thorgal- Saga, et je lis les albums au fur et à mesure de leurs sorties. Cette collection est très inégale, m’a rarement satisfait. Cet album se situe dans une très honnête moyenne. Le dessin d’Aouamri, s’il n’égale pas celui de Rosinski (et s’il est plus inégal), se révèle quand même intéressant et très agréable. L’intrigue se range elle aussi dans la lignée de ce que Van Hamme proposait, en particulier avec cette idée de « cité mouvante » aux airs de piège vicieux et magique. Elle se laisse lire agréablement. Mais plusieurs choses m’ont un peu laissé sur ma faim. D’abord une conclusion qui évacue trop facilement et brutalement les personnages secondaires (en plus d’amener trop rapidement le happy-end – pour Thorgal, dont on sait forcément qu’il va s’en sortir). Ensuite, le méchant n’est pas très réussi ici, avec un rôle finalement mineur. Enfin, point de détail, j’ai trouvé la police un peu trop grosse parfois, le texte envahissant un peu trop certaines cases. Un album à emprunter à l’occasion.
Comment supporter la famille
Un des premiers albums du duo Jim et Fredman, réalisé à une époque où ils avaient encore assez d'inspiration pour remplir ces BD d'humour qui ont fait leur succès à la fin des années 1990. L'album s'intéresse à la famille, en particulier aux proches un peu envahissants ou franchement pénibles. Je dois dire que je ne me suis pas senti très concerné par les situations (ma famille comme ma belle-famille ne ressemblent pas vraiment aux caricatures présentes ici), mais j'ai trouvé les gags plutôt bien construits, parfois prévisibles mais globalement efficaces. Le dessin très dynamique et expressif de Fredman fonctionne vraiment bien et donne du rythme même quand l'humour me touche moins. Les couleurs pastel, typiques du dessinateur, ajoutent un charme indéniable et rendent la lecture agréable. Bref, ce n'est pas un chef-d'oeuvre de l'humour, mais c'est un album plutôt réussi, amusant et porté par un graphisme qui joue pour beaucoup dans son efficacité.