Un jeune garçon se réveille au bord d'un petit temple après avoir été sauvé de la noyade par le dragon qui vivait dedans. Ce dernier est persuadé que c'est la fiancée qu'on lui a promis depuis bien longtemps. Pas grave si ce n'est pas une fille : ce sont là deux personnes très seules qui se sont trouvées et qui vont pouvoir nouer une belle relation et comprendre pourquoi le garçon est amnésique et a perdu un oeil.
C'est un joli album de belle facture, épais de presque 350 pages. Il se démarque par la beauté de son graphisme. Le trait est riche, les décors soignés. Le dragon est très expressif et mignon, le héros lui est... très féminin. Cette volonté de le rendre aussi androgyne est un peu déstabilisante : même quand il clame être un garçon, difficile de le voir comme autre chose qu'une fille. Et au-delà de ça, il y a une vraie volonté de créer un univers accueillant malgré ce qui se trame sous la surface, et c'est justement ce contraste entre le dessin très doux et ce qu'on devine de la vie du garçon qui rend l'ensemble aussi particulier. Cette douceur visuelle a aussi un effet pervers : elle masque parfois des thèmes beaucoup plus lourds, et le manga ne sait pas toujours comment gérer cet écart.
En effet, en refermant ce one-shot, j'ai eu l'impression d'avoir lu une histoire à la fois très tendre et un peu bancale, un conte étrange où un collégien amnésique et un dragon esseulé vivent une parenthèse douce-amère qui fait écho à leur solitude. Leur relation, construite sur un attachement immédiat et presque naïf, paraît un peu mièvre et emplie d'un humour léger tandis qu'en parallèle, le récit aborde des sujets très durs (maltraitance, infanticide) qui cassent complètement le ton. J'ai souvent eu l'impression que l'histoire voulait évoquer des choses graves sans vraiment avoir la place ou l'ambition de les traiter, ce qui donne une sensation de précipitation dès que ça devient trop sérieux. Comme si le manga ne savait pas trop où il allait, abordant des sujets aux tonalités très différentes avant de revenir, deux pages plus tard, à un registre plus lumineux et presque enfantin.
Malgré ces limites et ce ton un peu guimauve, l'histoire a une innocence sincère et une bienveillance désarmante, et son duo de personnages est plutôt attachant. Ce n'est pas un récit profond, ce n'est pas non plus une œuvre parfaitement maîtrisée, mais il y a dans cette petite fable un vrai cœur et une douceur qui, malgré les maladresses, m'ont accompagné jusqu'à la dernière page.
Bon, je suis partagé sur ma note, entre la bonne impression finale laissée par les deux dernières histoires qui sont plus courtes et denses, mais sans oublier que la première histoire de ce recueil (la plus longue) m'a semblé ne jamais finir, ce qui est aussi un frein à un éventuel conseil de lecture.
Cette BD est du pur roman graphique à l'américaine. On est sur un format de tranche de vie, explication de son quotidien et dessin répétitif sans recherche esthétique mais pas non plus désagréable. Julia Wertz capte vite l'attention, son trait est vivant, très facile à comprendre et détaille les environnements lorsque nécessaire, tout en restant proche de son personnage dont les expressions passent surtout par une palette de visuels des paupières, les positions générales et la bouche. Ce n'est pas subtil, pas même intéressant à décortiquer, c'est du direct et du lisible. La clarté avant tout, en somme.
Maintenant, la BD est aussi bavarde. Rien qu'en galerie vous voyez trois pages où ça semble causer NON STOP, au point de donner l'impression parfois de lire un roman illustré, tempéré par quelques cases de pure BD où la narration est portée par le médium. Et cette façon de narrer l'histoire est vite lourde, surtout encore une fois dans une histoire aussi longue que la première qui raconte les petits boulots de l'autrice tout au long de sa jeunesse, tempéré par les déboires avec sa maladie auto-immune et son alcoolisme. C'est franchement trop long à mon gout et même si je reconnais que la fin de la BD m'a laissée une impression plus positive, je reste quand même dans une sensation d'un peu trop. Sans doute un choix éditorial de laisser tout, sans couper, mais je trouve que la lecture doit être fragmentée pour être intéressante. Par contre, elle est aussi assez lente, puisqu'on va de situations en situations avec l'humour caustique de Julia et son caractère de cochon. C'est rigolo, parfois lourd, et sur plusieurs lectures ça finit par peser.
Donc une BD qui est intéressante, notamment la dernière histoire qui m'a rappelée bien des souvenirs, tout en étant lourde et longue, pas forcément recommandable. Les personnes qui aiment le style de l'autrice devraient aimer mais je ne recommande pas comme lecture du soir, c'est assez vite indigeste. Comme dit plus haut, c'est du pur roman graphique américain, avec son bon et son mauvais côté.
Je découvre l'auteure avec cet album. Il se laisse lire, il y a des passages amusants, mais j'en suis sorti avec un avis mitigé.
Disons qu'un album me suffit (il y a visiblement matière à en publier d'autres). Au bout d'un moment c'est un peu lassant, car le sujet (l'adolescence et ses petits drames, ses questionnements) à déjà été pas mal traité.
L'ensemble se présente comme le journal intime d'une adolescente - sa frangine jouant le rôle de chieuse qui veut faire comme et avec sa grande sœur.
Le ton est naturel, colle bien à ce qu'on imagine d'un journal intime d'une adolescente. Mais le texte est souvent envahissant, occupant parfois la grande majorité des cases.
Le dessin lui-même relève de l'underground, c'est lisible, même si le style de Barry n'est pas forcément ma came. Quasiment aucun décors, c'est centré sur les deux frangines, parfois simplement leur buste voire leur visage, on est parfois à la limite de la BD.
Lisible donc, mais aussi facilement oubliable je le crains.
Je ne sais pas trop quoi penser de cet one-shot qui se révèle bien particulier.
Un couple français fait un échange de maison avec un couple australien. Dès qu'ils débarquent on sent que quelques ne va pas et que le propriétaire de la maison est louche. Petit à petit, on va voir que ce propriétaire est bien mystérieux et semble avoir une obsession… J'ai cru au début à un thriller un peu banal, mais au résultat correct jusqu'à ce qu'on a les révélations sur le pourquoi des agissements de ce monsieur Douglas. J'avoue que ce moment m'a bien surpris parce que je pensais que le scénario était plus conventionnel alors qu'il y a une grosse surprise qui change tout le scénario !
Cela dit, j'ai été à demi-convaincu parce que si le scénario est bien fait, il ne m'a pas passionné non plus. Il faut dire aussi qu'on tombe un peu dans de la spiritualité qui ne m'attire pas trop et les personnages m'ont laissé un peu indifférent. Au final, ça se laisse lire, mais ça ne m'a pas marqué plus que ça. Le dessin est correct.
Un diptyque qui démarre mieux qu'il ne finit.
La mise en place est très sympa, l'univers intéressant, la partie graphique suit ... et puis arrive malheureusement un 2eme tome qui ne va pas au bout des promesses. Forcément, ça ternit bien le ressenti final. Dommage.
Lecture sympa de médiathèque tout de même, ça reste honnête mais il y avait tellement matière à mieux faire.
Je retiendrai un background qui me plaît mais sacrifié dans les enjeux et avec un méchant bien ridicule (du moins bien loupé dans ses motivations). Tout ça manque de profondeur mais ça reste pas foncièrement désagréable à lire.
Trash, politiquement incorrect et humour noir se mêlent dans les gags de ces deux personnages, un chien et un chat à la filiation évidente avec Pif et Hercule. Dans le premier tome, ce sont deux médecins atroces, absolument dépourvus de morale, enchaînant les blagues qui piétinent méthodiquement tout ce que la civilisation humaine s'est efforcée de considérer comme un minimum de décence. Tout est assumé : pas de leçon, pas de contre-morale, pas de bienveillance cachée sous l'humour noir, juste deux personnages qui traversent le pire de l'humain comme si de rien n'était. Dans le second tome, on prend les mêmes et on recommence en les plaçant cette fois dans le rôle variable de soldats ou de policiers.
Je ne suis pas amateur d'humour trash et de vulgarité, mais j'avoue avoir ri quelques fois avec cette série. Ces recueils de strips ne sont finalement ni aussi dangereux ni aussi transgressifs qu'ils pourraient le laisser craindre, mais ils restent suffisamment vachards pour provoquer un plaisir un peu honteux. Le côté provocateur est très assumé, n'hésitant pas à plonger dans le racisme primaire, le sexisme ou la pure immoralité. On hésite régulièrement entre l'éclat de rire et le léger malaise. Si l'on excepte l'histoire longue introduite au milieu du premier tome, les gags en trois cases imposent le rythme sec des comic strips qui colle bien à ces punchlines glaciales. Le graphisme va dans le même sens, avec son trait volontairement bancal et presque brouillon, tendance underground, donnant à ces héros des airs d'abrutis filiformes qui débitent l'inhumain avec un calme désarmant, ce qui rappelle un peu l'esprit de Ruppert et Mulot. Tout est fait pour associer l'humour grinçant au sentiment de malaise léger.
Certains strips sont très drôles par leur sécheresse, d'autres sont plus poussifs, d'autres encore tirent tellement sur la corde trash que ça devient plus bête que méchant. Toutefois, malgré une certaine variété des situations, les gags finissent par tourner un peu en rond et plus les pages se déroulent, plus il devient rare de rire autant qu'au départ. En ce sens, le second tome m'a moins enthousiasmé que le premier. L'épisode plus long (Satin au Congo) inclus dans le premier tome casse aussi le rythme et ressemble à un ajout moins convaincant greffé après coup à l'album.
J'ai trouvé ça plus drôle et plus inventif que je l'imaginais et j'ai passé un plutôt bon moment, même si l'enthousiasme s'est étiolé au fil de ma lecture et de l'évaporation de l'inspiration des auteurs. Ce n'est pas révolutionnaire et j'ai lu plus choquant comme BD, mais c'est un défouloir sympa si on aime l'humour grinçant et la provocation gratuite.
Ah, l'ami Fritz, tout une légende en Alsace celui-là ! Inspiré d'un roman célèbre au XIXè siècle qui connu une grande heure de gloire après l'annexion de 1870 comme personnage typique alsacien. C'est devenu suffisamment légendaire pour être ensuite repris en réel, puisque tout les ans à Marlenheim, depuis les années 70, se tient son mariage en chair et en os, incarné par des acteurs en costume. Une petite fête locale célèbre qui vaut le détour.
Ce personnage et cette histoire sont donc alsaciens dans l'âme, et si le sujet vous intéresse les deux auteurs d'origine ont fait de nombreux écrits autour de l'Alsace du XIXè.
Quant à la BD en elle-même, que vaut-elle ? Eh bien, c'est une adaptation d'histoire du XIXè, quoi. Le dessin est sympathique et tente de retranscrire l'ambiance de village de l'époque, avec les costumes bien évidemment. C'est plutôt bien fait, même si j'ai noté des erreurs dans les proportions et les perspectives plusieurs fois, tout comme le traitement des couleurs en aplat fait parfois assez fade. C'est du dessin qui fait assez basique mais convient, en somme.
Pour l'histoire, on suit assez fidèlement le roman d'origine. C'est une histoire de célibataire qui tombe amoureux, lui qui prêchait le bonheur dans la solitude. C'est une histoire qui va dans le sens qu'on imagine, tout comme le déroulé reste sans grande surprise. Ça vaut surtout pour les détails annexes, très typés alsaciens et qui font folklorique. On notera aussi la volonté de faire de l'Alsace le plus bel endroit du monde, tout comme il y a une volonté de faire de l'Alsace une terre d'accueil de toutes les confessions, qui s'entendent à merveille. On est dans une histoire classique, assez datée dans le style et le déroulé.
En somme, une BD qui raconte l'histoire de ce jeune homme devenu référence locale pour l'Alsace. Si vous vous intéressez à la région et à son histoire notamment folklorique, la BD est intéressante à découvrir. Sinon, vous pouvez passer votre chemin, c'est loin d'être indispensable.
Cette BD dit ce qui fonde les sociétés, lire l'œuvre de René Girard, pour ceux que ça intéresse. Problème, on devine ce qui va arriver dès les premières pages, autre problème, on n'a pas d'explication sur le fait de savoir pourquoi cela arrive ici et de cette manière… Si ce flou était voulu pour ajouter de le force expressive, on le verrait, ici, il n'y a qu'un vide, une carence. On ne fait qu'attendre l'inévitable, aidé par les superbes images, dans le style Hopper, d'attente. Cela fait quand même beaucoup, beaucoup d'attente, tout ça : images et scénario, ce qui fait que l'œuvre se laisse lire une fois mais pas deux.
Des albums sur les attentats du 11 septembre 2001 à New-York (et Washington), il commence à en avoir pas mal. Mais j’ai trouvé que celui-ci sortait de l’ordinaire et que, avec une économie de moyen, il parvenait à lier « l’intime », le personnel, et « l’historique ».
Il se trouve que Sandrine Revel était à New-York au moment des attentats – elle avait même visité les World Trade Center deux jours avant les attentats qui vont détruire les tours et tuer des centaines de personnes.
C’est un événement inouï et dramatique, qui va télescoper chez elle un autre drame : elle venait de perdre un frère, et le « fantôme » de celui-ci ne cesse de la hanter, de l’accompagner dans ses réflexions. C’est sans doute ce qui fait que le drame collectif est ici vécu et présenté de façon original, et quelque peu décalé, poétique. Mais ce traitement rend la lecture agréable. Ça n’est pas seulement un documentaire, ça tourne au roman graphique et le mélange des deux fonctionne bien ici.
Une lecture très rapide, mais plaisante.
Je me retrouve dans l’avis de gruizzli, pour les points positifs et le petit bémol. Comme lui j’avais un chouia plus apprécié l’album Le Chat du kimono, dans lequel j’avais trouvé un peu plus de poésie, un côté conte un peu plus décalé.
Mais ça reste quand même une lecture très plaisante. Le fil rouge est assez banal (un concours de bravaches, qui cherchent à montrer à l’autre qu’il peut proposer le meilleur thé).
Mais la narration est fluide, légère, agréable. Et Pena ajoute au récit de base quelques petits à-côtés sympathique.
A commencer par son dessin. Un Noir et Blanc agréable, parfois rehaussé de rouge (avec quelques touches de fantastique à ce moment).
Et une pincée de polar (Sherlock Holmes fait quelques apparitions), de menus rebondissements qui densifient quelque peu l’histoire de base, en particulier au tour du personnage d’Alice.
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Le Garçon et le Dragon
Un jeune garçon se réveille au bord d'un petit temple après avoir été sauvé de la noyade par le dragon qui vivait dedans. Ce dernier est persuadé que c'est la fiancée qu'on lui a promis depuis bien longtemps. Pas grave si ce n'est pas une fille : ce sont là deux personnes très seules qui se sont trouvées et qui vont pouvoir nouer une belle relation et comprendre pourquoi le garçon est amnésique et a perdu un oeil. C'est un joli album de belle facture, épais de presque 350 pages. Il se démarque par la beauté de son graphisme. Le trait est riche, les décors soignés. Le dragon est très expressif et mignon, le héros lui est... très féminin. Cette volonté de le rendre aussi androgyne est un peu déstabilisante : même quand il clame être un garçon, difficile de le voir comme autre chose qu'une fille. Et au-delà de ça, il y a une vraie volonté de créer un univers accueillant malgré ce qui se trame sous la surface, et c'est justement ce contraste entre le dessin très doux et ce qu'on devine de la vie du garçon qui rend l'ensemble aussi particulier. Cette douceur visuelle a aussi un effet pervers : elle masque parfois des thèmes beaucoup plus lourds, et le manga ne sait pas toujours comment gérer cet écart. En effet, en refermant ce one-shot, j'ai eu l'impression d'avoir lu une histoire à la fois très tendre et un peu bancale, un conte étrange où un collégien amnésique et un dragon esseulé vivent une parenthèse douce-amère qui fait écho à leur solitude. Leur relation, construite sur un attachement immédiat et presque naïf, paraît un peu mièvre et emplie d'un humour léger tandis qu'en parallèle, le récit aborde des sujets très durs (maltraitance, infanticide) qui cassent complètement le ton. J'ai souvent eu l'impression que l'histoire voulait évoquer des choses graves sans vraiment avoir la place ou l'ambition de les traiter, ce qui donne une sensation de précipitation dès que ça devient trop sérieux. Comme si le manga ne savait pas trop où il allait, abordant des sujets aux tonalités très différentes avant de revenir, deux pages plus tard, à un registre plus lumineux et presque enfantin. Malgré ces limites et ce ton un peu guimauve, l'histoire a une innocence sincère et une bienveillance désarmante, et son duo de personnages est plutôt attachant. Ce n'est pas un récit profond, ce n'est pas non plus une œuvre parfaitement maîtrisée, mais il y a dans cette petite fable un vrai cœur et une douceur qui, malgré les maladresses, m'ont accompagné jusqu'à la dernière page.
L'Attente infinie
Bon, je suis partagé sur ma note, entre la bonne impression finale laissée par les deux dernières histoires qui sont plus courtes et denses, mais sans oublier que la première histoire de ce recueil (la plus longue) m'a semblé ne jamais finir, ce qui est aussi un frein à un éventuel conseil de lecture. Cette BD est du pur roman graphique à l'américaine. On est sur un format de tranche de vie, explication de son quotidien et dessin répétitif sans recherche esthétique mais pas non plus désagréable. Julia Wertz capte vite l'attention, son trait est vivant, très facile à comprendre et détaille les environnements lorsque nécessaire, tout en restant proche de son personnage dont les expressions passent surtout par une palette de visuels des paupières, les positions générales et la bouche. Ce n'est pas subtil, pas même intéressant à décortiquer, c'est du direct et du lisible. La clarté avant tout, en somme. Maintenant, la BD est aussi bavarde. Rien qu'en galerie vous voyez trois pages où ça semble causer NON STOP, au point de donner l'impression parfois de lire un roman illustré, tempéré par quelques cases de pure BD où la narration est portée par le médium. Et cette façon de narrer l'histoire est vite lourde, surtout encore une fois dans une histoire aussi longue que la première qui raconte les petits boulots de l'autrice tout au long de sa jeunesse, tempéré par les déboires avec sa maladie auto-immune et son alcoolisme. C'est franchement trop long à mon gout et même si je reconnais que la fin de la BD m'a laissée une impression plus positive, je reste quand même dans une sensation d'un peu trop. Sans doute un choix éditorial de laisser tout, sans couper, mais je trouve que la lecture doit être fragmentée pour être intéressante. Par contre, elle est aussi assez lente, puisqu'on va de situations en situations avec l'humour caustique de Julia et son caractère de cochon. C'est rigolo, parfois lourd, et sur plusieurs lectures ça finit par peser. Donc une BD qui est intéressante, notamment la dernière histoire qui m'a rappelée bien des souvenirs, tout en étant lourde et longue, pas forcément recommandable. Les personnes qui aiment le style de l'autrice devraient aimer mais je ne recommande pas comme lecture du soir, c'est assez vite indigeste. Comme dit plus haut, c'est du pur roman graphique américain, avec son bon et son mauvais côté.
Come over come over
Je découvre l'auteure avec cet album. Il se laisse lire, il y a des passages amusants, mais j'en suis sorti avec un avis mitigé. Disons qu'un album me suffit (il y a visiblement matière à en publier d'autres). Au bout d'un moment c'est un peu lassant, car le sujet (l'adolescence et ses petits drames, ses questionnements) à déjà été pas mal traité. L'ensemble se présente comme le journal intime d'une adolescente - sa frangine jouant le rôle de chieuse qui veut faire comme et avec sa grande sœur. Le ton est naturel, colle bien à ce qu'on imagine d'un journal intime d'une adolescente. Mais le texte est souvent envahissant, occupant parfois la grande majorité des cases. Le dessin lui-même relève de l'underground, c'est lisible, même si le style de Barry n'est pas forcément ma came. Quasiment aucun décors, c'est centré sur les deux frangines, parfois simplement leur buste voire leur visage, on est parfois à la limite de la BD. Lisible donc, mais aussi facilement oubliable je le crains.
Home exchange
Je ne sais pas trop quoi penser de cet one-shot qui se révèle bien particulier. Un couple français fait un échange de maison avec un couple australien. Dès qu'ils débarquent on sent que quelques ne va pas et que le propriétaire de la maison est louche. Petit à petit, on va voir que ce propriétaire est bien mystérieux et semble avoir une obsession… J'ai cru au début à un thriller un peu banal, mais au résultat correct jusqu'à ce qu'on a les révélations sur le pourquoi des agissements de ce monsieur Douglas. J'avoue que ce moment m'a bien surpris parce que je pensais que le scénario était plus conventionnel alors qu'il y a une grosse surprise qui change tout le scénario ! Cela dit, j'ai été à demi-convaincu parce que si le scénario est bien fait, il ne m'a pas passionné non plus. Il faut dire aussi qu'on tombe un peu dans de la spiritualité qui ne m'attire pas trop et les personnages m'ont laissé un peu indifférent. Au final, ça se laisse lire, mais ça ne m'a pas marqué plus que ça. Le dessin est correct.
Air - Sous un ciel moins gris
Un diptyque qui démarre mieux qu'il ne finit. La mise en place est très sympa, l'univers intéressant, la partie graphique suit ... et puis arrive malheureusement un 2eme tome qui ne va pas au bout des promesses. Forcément, ça ternit bien le ressenti final. Dommage. Lecture sympa de médiathèque tout de même, ça reste honnête mais il y avait tellement matière à mieux faire. Je retiendrai un background qui me plaît mais sacrifié dans les enjeux et avec un méchant bien ridicule (du moins bien loupé dans ses motivations). Tout ça manque de profondeur mais ça reste pas foncièrement désagréable à lire.
Paf & Hencule
Trash, politiquement incorrect et humour noir se mêlent dans les gags de ces deux personnages, un chien et un chat à la filiation évidente avec Pif et Hercule. Dans le premier tome, ce sont deux médecins atroces, absolument dépourvus de morale, enchaînant les blagues qui piétinent méthodiquement tout ce que la civilisation humaine s'est efforcée de considérer comme un minimum de décence. Tout est assumé : pas de leçon, pas de contre-morale, pas de bienveillance cachée sous l'humour noir, juste deux personnages qui traversent le pire de l'humain comme si de rien n'était. Dans le second tome, on prend les mêmes et on recommence en les plaçant cette fois dans le rôle variable de soldats ou de policiers. Je ne suis pas amateur d'humour trash et de vulgarité, mais j'avoue avoir ri quelques fois avec cette série. Ces recueils de strips ne sont finalement ni aussi dangereux ni aussi transgressifs qu'ils pourraient le laisser craindre, mais ils restent suffisamment vachards pour provoquer un plaisir un peu honteux. Le côté provocateur est très assumé, n'hésitant pas à plonger dans le racisme primaire, le sexisme ou la pure immoralité. On hésite régulièrement entre l'éclat de rire et le léger malaise. Si l'on excepte l'histoire longue introduite au milieu du premier tome, les gags en trois cases imposent le rythme sec des comic strips qui colle bien à ces punchlines glaciales. Le graphisme va dans le même sens, avec son trait volontairement bancal et presque brouillon, tendance underground, donnant à ces héros des airs d'abrutis filiformes qui débitent l'inhumain avec un calme désarmant, ce qui rappelle un peu l'esprit de Ruppert et Mulot. Tout est fait pour associer l'humour grinçant au sentiment de malaise léger. Certains strips sont très drôles par leur sécheresse, d'autres sont plus poussifs, d'autres encore tirent tellement sur la corde trash que ça devient plus bête que méchant. Toutefois, malgré une certaine variété des situations, les gags finissent par tourner un peu en rond et plus les pages se déroulent, plus il devient rare de rire autant qu'au départ. En ce sens, le second tome m'a moins enthousiasmé que le premier. L'épisode plus long (Satin au Congo) inclus dans le premier tome casse aussi le rythme et ressemble à un ajout moins convaincant greffé après coup à l'album. J'ai trouvé ça plus drôle et plus inventif que je l'imaginais et j'ai passé un plutôt bon moment, même si l'enthousiasme s'est étiolé au fil de ma lecture et de l'évaporation de l'inspiration des auteurs. Ce n'est pas révolutionnaire et j'ai lu plus choquant comme BD, mais c'est un défouloir sympa si on aime l'humour grinçant et la provocation gratuite.
L'Ami Fritz
Ah, l'ami Fritz, tout une légende en Alsace celui-là ! Inspiré d'un roman célèbre au XIXè siècle qui connu une grande heure de gloire après l'annexion de 1870 comme personnage typique alsacien. C'est devenu suffisamment légendaire pour être ensuite repris en réel, puisque tout les ans à Marlenheim, depuis les années 70, se tient son mariage en chair et en os, incarné par des acteurs en costume. Une petite fête locale célèbre qui vaut le détour. Ce personnage et cette histoire sont donc alsaciens dans l'âme, et si le sujet vous intéresse les deux auteurs d'origine ont fait de nombreux écrits autour de l'Alsace du XIXè. Quant à la BD en elle-même, que vaut-elle ? Eh bien, c'est une adaptation d'histoire du XIXè, quoi. Le dessin est sympathique et tente de retranscrire l'ambiance de village de l'époque, avec les costumes bien évidemment. C'est plutôt bien fait, même si j'ai noté des erreurs dans les proportions et les perspectives plusieurs fois, tout comme le traitement des couleurs en aplat fait parfois assez fade. C'est du dessin qui fait assez basique mais convient, en somme. Pour l'histoire, on suit assez fidèlement le roman d'origine. C'est une histoire de célibataire qui tombe amoureux, lui qui prêchait le bonheur dans la solitude. C'est une histoire qui va dans le sens qu'on imagine, tout comme le déroulé reste sans grande surprise. Ça vaut surtout pour les détails annexes, très typés alsaciens et qui font folklorique. On notera aussi la volonté de faire de l'Alsace le plus bel endroit du monde, tout comme il y a une volonté de faire de l'Alsace une terre d'accueil de toutes les confessions, qui s'entendent à merveille. On est dans une histoire classique, assez datée dans le style et le déroulé. En somme, une BD qui raconte l'histoire de ce jeune homme devenu référence locale pour l'Alsace. Si vous vous intéressez à la région et à son histoire notamment folklorique, la BD est intéressante à découvrir. Sinon, vous pouvez passer votre chemin, c'est loin d'être indispensable.
La Loterie
Cette BD dit ce qui fonde les sociétés, lire l'œuvre de René Girard, pour ceux que ça intéresse. Problème, on devine ce qui va arriver dès les premières pages, autre problème, on n'a pas d'explication sur le fait de savoir pourquoi cela arrive ici et de cette manière… Si ce flou était voulu pour ajouter de le force expressive, on le verrait, ici, il n'y a qu'un vide, une carence. On ne fait qu'attendre l'inévitable, aidé par les superbes images, dans le style Hopper, d'attente. Cela fait quand même beaucoup, beaucoup d'attente, tout ça : images et scénario, ce qui fait que l'œuvre se laisse lire une fois mais pas deux.
Le 11e Jour
Des albums sur les attentats du 11 septembre 2001 à New-York (et Washington), il commence à en avoir pas mal. Mais j’ai trouvé que celui-ci sortait de l’ordinaire et que, avec une économie de moyen, il parvenait à lier « l’intime », le personnel, et « l’historique ». Il se trouve que Sandrine Revel était à New-York au moment des attentats – elle avait même visité les World Trade Center deux jours avant les attentats qui vont détruire les tours et tuer des centaines de personnes. C’est un événement inouï et dramatique, qui va télescoper chez elle un autre drame : elle venait de perdre un frère, et le « fantôme » de celui-ci ne cesse de la hanter, de l’accompagner dans ses réflexions. C’est sans doute ce qui fait que le drame collectif est ici vécu et présenté de façon original, et quelque peu décalé, poétique. Mais ce traitement rend la lecture agréable. Ça n’est pas seulement un documentaire, ça tourne au roman graphique et le mélange des deux fonctionne bien ici. Une lecture très rapide, mais plaisante.
Tea Party
Je me retrouve dans l’avis de gruizzli, pour les points positifs et le petit bémol. Comme lui j’avais un chouia plus apprécié l’album Le Chat du kimono, dans lequel j’avais trouvé un peu plus de poésie, un côté conte un peu plus décalé. Mais ça reste quand même une lecture très plaisante. Le fil rouge est assez banal (un concours de bravaches, qui cherchent à montrer à l’autre qu’il peut proposer le meilleur thé). Mais la narration est fluide, légère, agréable. Et Pena ajoute au récit de base quelques petits à-côtés sympathique. A commencer par son dessin. Un Noir et Blanc agréable, parfois rehaussé de rouge (avec quelques touches de fantastique à ce moment). Et une pincée de polar (Sherlock Holmes fait quelques apparitions), de menus rebondissements qui densifient quelque peu l’histoire de base, en particulier au tour du personnage d’Alice.