Je ne peux pas dire que j’aie été emballé par cet album. Mais je dois quand même admettre que, sous ses dehors assez austères, il nous embarque gentiment et il se laisse lire facilement, parfois le sourire aux lèvres.
Les décors sont minimalistes (l’austérité du Nord-Ouest de l’Angleterre est ici presque caricaturale, restreinte ici à quelques parkings isolés), les personnages peu expressifs, et l’intrigue on ne peut moins dynamique. En effet, nous suivons un vague conflit entre vendeurs de glaces, un militant des secours en montagne (là où seules quelques collines existent !), avec quelques menu débats entre cruciverbistes.
C’est un peu sec mais, contre toute attente, ça se laisse lire. Il y a dans certains passages un humour pince sans rire, froid, et l’aspect pauvre de l’ensemble se transforme même en quelque chose de risible.
Je serais moins enthousiaste que mes prédécesseurs, mais c’est une lecture originale et recommandable (mais ceux qui ne cherchent que de l’action doivent s’abstenir !).
C’est l’histoire d’un homme qui a le plus grand mal à se positionner en société, à savoir comment développer des relations sociales. Et qui, faute de mieux « joue un rôle », celui de bouffon le plus souvent.
Lui-même abusé sexuellement durant son enfance, il développe des relations ambigües avec les femmes – qui sont nombreuses à être attirées par lui ! Mais que ce soit pour les relations amoureuses, sociales, politiques, il n’est jamais sincère et préfère à chaque fois fuir la réalité, mentir, provoquant souvent des drames.
Car le récit développe une vision très noire de la société, très pessimiste, le suicide (physique ou social) étant très présent.
Au milieu de tout ça, des cauchemars, visions d’horreur, ou simples morts, alimentent une certaine horreur, sans qu’Ito – qui adapte ici un auteur que je ne connaissais pas – n’apporte les délires visuels qui souvent habitent ses œuvres. On est ici davantage dans un récit d’atmosphère que dans l’horreur brute des séries qu’Ito crée lui-même. Les « visions d’horreur » sont toutefois plus présentes dans le troisième et dernier tome.
En tout cas, le récit nous permet de suivre la vie – et la déchéance – du héros. Mais aussi le malheur qu’il entraine autour de lui (chez les femmes avec lesquelles il a des relations, mais pas que, puisqu'il pousse au suicide l'une des rares personnes à l'avoir percé à jour).
Si la lecture n’est pas inintéressante, j’ai quand même trouvé qu’il y avait des longueurs, certaines redites.
En tout cas, le récit nous permet de suivre la vie – et la déchéance – du héros. Mais aussi le malheur qu’il entraine autour de lui. La déchéance est collective. Il y a quelques chose des romans noirs gothiques dans ce récit.
De Beethoven, je ne connaissais que quelques bribes de sa personnalité, toutes liées à sa période adulte et célèbre. Je partais donc dans l'inconnu avec cet album, qui se concentre sur "l'avant ", sa jeunesse.
Une période de formation, en tant qu'artiste et en tant que personne. Avec son père comme personnage clé. Qui lui a mis le pied à l'étrier comme musicien. Mais ce père est un personnage assez négatif. Alcoolique, violent, borné, exploitant sans vergogne son fils - qu'il voyait davantage comme l'exécutant d'œuvres écrites par d'autres, comme Mozart alors en vogue, que comme compositeur.
La pression mise continûment par son père explique sans doute le côté quelque peu frénétique ou pressé de Ludwig. Je ne connais pas son œuvre suffisamment en profondeur pour y déceler là aussi des traces de cette relation difficile.
En tout cas l'album se laisse lire agréablement. Le sujet est sans doute moins original que d'autres séries de Ross, mais son dessin, ici très moderne et dynamique, colle très bien à la personnalité qu'il nous donne à voir.
Je viens de finir Kléos, alors la note s'en ressentira. Bien sans plus, d'accord il y a un aspect tragique et comique dans son aventure et le dessin est bon, mais je l'ai lu et non relu alors que j'ai relu Kleos plusieurs fois ! J'ai l'impression que le héros avait plus de potentiel sans pouvoir relever ce qui manque à la bd pour être meilleure. Le final est bon, d'accord mais… J'ai aussi mieux aimé le premier tome de Deamon, et même la gloire d'Héra. Franchement, tirer aussi peu d'une histoire de changement de sexe à une époque, la notre, où ils existent, et en France où les femmes ont plus de droit qu'en Grèce de l'Antiquité. Je pense que cette bd est surcotée grâce au soleil de Grèce et à une façon de voir et vivre le sexe non encore corrompu par l'idée de péché si je ne dirait pas qu'on puisse prétendre qu'elle était libre.
J'aime beaucoup l'humour absurde, les blagues à froid et les répliques bien cons, bref je suis friande de ce genre de production.
Ici c'est bon, j'avoue avoir a minima souri, mais je suis quand-même déçue.
Je suis souvent déçue dans mes avis, ça va finir par devenir mon running gag officiel sur le site, mais ici ma déception ne vient pas d'attente trop grandes ou d'une lecture d'une traite qui auraient pu tuer l'humour, non ma déception vient du fait que j'ai déjà lu la plupart de ces gags dans d'autres formats auparavant sur le net. Le gag sur "les filles chaudes et désespérée de ta région" en est le plus gros exemple, j'ai littéralement reposé l'album pour le comparer avec une version antérieure que je connaissais et que je trouve bien mieux rythmée et impactante.
Pas un mal absolu, les gags sont standards, déjà faits auparavant, mais pas nécessairement mauvais. J'en ai découvert certains qui, même s'ils reposent eux aussi sur la même rythmique de cassure d'attente, ont réussi à me faire rire.
Bref, pas excellent mais pas déplaisant.
Je ne connaissais absolument pas ce personnage de Wasterlain avant de tomber sur cette série en bouquinerie.
Monsieur Bonhomme est apparu dans les pages du journal Tintin, d'abord en 1972 dans une histoire où il n'était pas encore musicien mais "marchand de vacances". La majorité des récits ont ensuite été publiés en 1973 et 1974 (une autre histoire sera réalisée bien plus tard, dans les années 80, mais ne sera jamais éditée en album). Il s'agit d'une série inclassable, naviguant tour à tour entre le conte fantastique, l'humour, la science-fiction voire même l'aventure-action exotique comme on en retrouvera plus tard chez Jeannette Pointu. Leur point commun réside dans ce héros débonnaire, d'abord assez neutre, qui évolue rapidement vers une figure d'artiste musicien légèrement hippie, ainsi que dans une tendance récurrente à le confronter à l'absurdité de la société humaine.
En ce sens, Monsieur Bonhomme s'adresse autant aux enfants, avec des histoires simples et amusantes, qu'aux adultes, grâce à un humour discret, une atmosphère poétique et un léger fond de satire sociale.
Le dessin est un peu guindé dans les toutes premières histoires, lorsque Monsieur Bonhomme est encore très lisse et coiffé court. Le style personnel de Wasterlain s'impose toutefois rapidement, au fur et à mesure que les cheveux de Bonhomme s'allongent et que le personnage adopte une allure nettement plus cool.
J'ai apprécié ces histoires courtes et variées, ainsi que leur ambiance très marquée années 70. Le mélange des tons et la diversité des genres évitent toute lassitude et suscitent même une certaine curiosité quant à la direction que prendra chaque nouveau récit. Les intrigues restent toutefois assez simples, parfois un peu trop enfantines pour m'embarquer pleinement en tant que lecteur adulte, mais cela n'empêche pas cette lecture d'être une jolie découverte.
Il y a des incohérences dans mes réactions à cet album, en fait je n’arrive pas à avoir un avis, alors j’écris pour essayer d’en trouver un.
Lorsque l’on ouvre un Lepage et que l’on a déjà lu l’auteur on sait globalement ce que l’on va trouver, une descente dans son quotidien de voyageur aventurier sans l’être, à la fois témoin et passeur d’un environnement dans lequel nous ne nous sentons pas légitimes d’aller. Cette fois ci c’est un retour ce qui détonne d’autant plus comment se renouveler ? que va-t-on voir de plus ou de moins ?
Graphiquement, l’auteur murit, les illustrations sont maintenant des exercices de style tout à fait sublimes et je trouve un jeu entre les versions croquis et les versions travaillées au sein de la narration pour nous offrir des pauses et des moments de méditation.
L’humain trouve dans ce récit toute sa place, et le témoignage sur ce que l’on ne doit pas communiquer pour ne pas sensibiliser le « grand public » à des choses pourtant nécessaires qui pourraient le heurter me parait un modèle de narration journalistique sans ligne éditoriale politique venant nous dire ce qu’il est bon ou mal de penser : Merci !
Tout ceci bien sûr très positif, oui mais que c’est lent, je ne me suis pas attaché aux personnages tant ils paraissent fugaces, trop étroitement décrit pour se les approprier et partager en quelques sorte le vécu. Il y a une frustration évidente à partager des moments dans l’intimité de Lepage sans pouvoir agir ou exister dans le sens où nous aurions un mot une attitude pour faire raisonner le moment selon notre sensibilité. La limite du récit de voyage se situe dans cette faille : l’auteur a été suffisamment subtil et sensible pour nous faire partager des moments de grâce et pourtant nous ne les avons pas vécu car tout ceci n’est qu’un récit tiers sur lequel nous n’avons pas prise et sur lequel nous sommes désespérément passifs. Cette conscience de notre incapacité à être actif dans l’aventure donne au lecteur une frustration évidente, non que nous aurions fait mieux, mais nous aurions fait nos propres erreurs et appris sur nous même ce que ce témoignage ne nous permet pas de faire…
Je ne suis pour ma part pas certain qu’il y ait de la connerie à enlever aux uns où aux autres, elle fait partie de nous et permet à la vie d’être un apprentissage permanent, ce livre ne nous apprend pas grand-chose, il nous fait partager du vécu, un cheminement et comme toutes les sagesses de l’histoire le disent l’important n’est pas la destination mais le chemin. Apprenons de ce chemin et prenons ce qui en est bon pour nous, peu importe ce qui est une limite, une frustration !
Adaptation d'un roman, cette version BD propose un polar solide, bien construit, qui mise davantage sur la durée et l’atmosphère que sur l’esbroufe. L’intrigue est efficace, lisible, et bénéficie d’un étalement temporel bien géré, avec des ellipses pertinentes qui renforcent le poids du traumatisme et l’obsession du héros. Sans prétendre au statut d’œuvre majeure, le scénario tient parfaitement ses promesses.
Les personnages sont crédibles et attachants, inscrits dans un contexte historique et social cohérent. Les thèmes périphériques aux meurtres — mémoire, culpabilité, violence diffuse de l’Amérique rurale — sont traités avec sérieux et apportent de l’épaisseur au récit, sans parasiter la trame principale.
Graphiquement, un travail précis et maîtrisé. Le dessin reste sobre, lisible, au service de la narration, et les couleurs évoquent efficacement une Amérique campagnarde, poussiéreuse et mélancolique. L’ensemble fonctionne bien et installe une ambiance durablement sombre, sans excès de démonstration.
Signalons tout d’abord la qualité de l’édition de cet album qui fait de l’œil aussi bien par les commentaires que l’on peut en lire que par l’attention porté à l’objet tout à fait travaillé et soigné comme pour montrer un écrin à découvrir au-delà d’une couverture si chatoyante dans les couleurs tout en étant anguleuse et inhospitalière.
Le récit commence et nous sommes immédiatement aspirés par un environnement étrange. En poussant les limites des erreurs humaines dans un environnement respirant les conséquences de nos manquements, nous nous sentons à la fois curieux, inquiets un peu coupables aussi mais surtout tellement sensible à l’humanité qui malgré tout continue. Et pourtant rien ne va humainement, socialement, climatiquement, bureaucratiquement… Mais le graphisme nous remplis de désir de poursuivre et d’envie de comprendre où tout cela va nous mener. Il faut un peu de temps pour commencer à saisir où nous sommes tombés, ce que constitue les missions, chaque page, chaque couleur nos accroche un peu plus à ce monde dont on perçoit petit à petit la complexité en ayant bien compris depuis le début le chaos initial, où tout cela va-t-il nous mener ? jusqu’à tiers album l’excitation monte.
Et puis un doute s’installe, et si tout cela ne menait nulle part ? et si toute cette cohérence de couleur d’univers de détails et d’environnement n’existait que pour dépeindre un vide existentiel, un « no future » version post apocalyptique ? Les fourmillements de sensations annexes, de détails scénaristiques nous fait entrer petit à petit dans une sorte de témoignage plus qu’un manifeste, dans un documentaire d’arte plutôt que dans une fiction narrative menant à une idée. On s’installe dans un fauteuil et alors ce qui était inconfortable, à fleur de peau ce qui donnait envie de comprendre par le chaos et l’absurde devient un voyage, un chemin plus neutre où demeure un environnement graphique magistral mais où le narratif en a pris un sacré coup dans l’aile.
Cet environnement se révèle magistralement dans le dessin, les parties d’expéditions microscopiques m’ont d’ailleurs fait penser dans le style graphique à Alpha La peur suinte, le chaos règle, l’absurde triomphe, mais l’espoir subsiste malgré tout. Les couleurs chaudes répondent aux traits durs, les angles aux rondeurs. Vous l’aurez compris je trouve le travail graphique tout à fait admirable d’adéquation avec l’environnement décrit !
Mais voilà je reste très largement sur ma faim sur ce qui dépasse la mi album, tout çà pour çà ai-je envie de me dire ? J’aurai tellement aimé que les efforts pour intégrer une dimension spirituelle, religieuse même avec ce rite de fin de vie, ces questionnements sur l’éducation nous emmènent ailleurs que vers un simple « mais la vie continue ». Tant de détails posés çà et là pour donner une richesse à un environnement social complexe permettent de rendre cette situation initiale si abstraite et loin de notre réalité plus proche et allégorique mais hélas comme nous arrivons finalement à un reportage j’ai totalement décroché de la fin d’un récit certes très travaillé, très joli, mais devenu tellement artificiel dans sa vacuité de sens. Par ailleurs cette quête de l’infiniment petit pour fuir une réalité absurde me semble tout à fait plaquée et je n’ai pas compris le chemin qui arrive là.
Au final ce très bel objet ne sera probablement pas ré-ouvert de sitôt, c’est bien dommage j’aurai tellement aimé y replonger pour y trouver des significations cachées, des liens entre les multiples lieux permettant de donner un sens. Mes enfants n’ont pas résisté longtemps d’ailleurs à la lecture. Mon sentiment est donc aussi amer à la fin qu’il ne l’était devant cette société si amère qui nous est proposée à la narration. Je suis peut être passé à côté de certaines choses mais le nihilisme pur dans le message accompagnant un environnement aussi nihiliste par nature, c’est trop redondant.
J'hésite vraiment entre 3 et 4, c'est pour ça que je penche pour le 3 + coup de cœur. Jérôme K. Jérôme Bloche est une saga que j'ai découvert sur le tard, mais j'aurais adoré la découvrir adolescent. Sa grande force est indéniablement la qualité de son dessin, la qualité de son personnage et la qualité de ses dialogues.
Le dessin, d'abord, est d'une finesse incroyable. Il insuffle à ses personnages et à ses intrigues une vie qui déborde dans chaque case ! Ce qui ne serait rien sans des dialogues qui permettent une immersion totale. On est à fond plongé dans cet univers de roman policier du terroir, bien franchouillard dans l'âme, tout comme on partage avec le personnage principal son côté un peu foutraque et tête-en-l'air. C'est plein de charme, d'humour mais aussi de tristesse quand il le faut, Dodier et ses auteurs sachant glisser du drame au milieu de l'enquête, doublée parfois d'une belle réflexion sociale.
Alors pourquoi "seulement" 3 étoiles ? Parce que, dans la grande majorité des cas, j'avoue avoir été un peu déçu des enquêtes. On comprend relativement vite que c'est rarement l'aspect policier qui prime, dans cette saga, mais souvent, j'entrevoyais sans peine par quel moyen donner un peu plus de relief à l'intrigue policière, comment créer davantage de surprise. Ici, en choisissant d'accentuer l'aspect humain derrière chaque drame sur lequel Jérôme enquête, c'est toujours l'ampleur narrative, le souffle romanesque qui en prend un coup. Et même si c'est un choix relativement assumé des auteurs, je trouve ça décevant. On avait le support parfait pour avoir un détective culte à la hauteur d'un Hercule Poirot, et finalement, on se retrouve avec des récits qui ne sont pas assez bien ficelés pour relever le défi.
Dans l'ensemble, Jérôme K. Jérôme Bloche est donc une saga que j'apprécie clairement. Mais je dois admettre qu'à la lecture de la plupart des tomes, je me rends compte que j'aurais voulu pouvoir l'aimer davantage. Une bonne saga à lire, donc, mais qui n'atteindra malheureusement jamais chez moi le niveau culte.
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Je ne peux pas dire que j’aie été emballé par cet album. Mais je dois quand même admettre que, sous ses dehors assez austères, il nous embarque gentiment et il se laisse lire facilement, parfois le sourire aux lèvres. Les décors sont minimalistes (l’austérité du Nord-Ouest de l’Angleterre est ici presque caricaturale, restreinte ici à quelques parkings isolés), les personnages peu expressifs, et l’intrigue on ne peut moins dynamique. En effet, nous suivons un vague conflit entre vendeurs de glaces, un militant des secours en montagne (là où seules quelques collines existent !), avec quelques menu débats entre cruciverbistes. C’est un peu sec mais, contre toute attente, ça se laisse lire. Il y a dans certains passages un humour pince sans rire, froid, et l’aspect pauvre de l’ensemble se transforme même en quelque chose de risible. Je serais moins enthousiaste que mes prédécesseurs, mais c’est une lecture originale et recommandable (mais ceux qui ne cherchent que de l’action doivent s’abstenir !).
La Déchéance d'un homme
C’est l’histoire d’un homme qui a le plus grand mal à se positionner en société, à savoir comment développer des relations sociales. Et qui, faute de mieux « joue un rôle », celui de bouffon le plus souvent. Lui-même abusé sexuellement durant son enfance, il développe des relations ambigües avec les femmes – qui sont nombreuses à être attirées par lui ! Mais que ce soit pour les relations amoureuses, sociales, politiques, il n’est jamais sincère et préfère à chaque fois fuir la réalité, mentir, provoquant souvent des drames. Car le récit développe une vision très noire de la société, très pessimiste, le suicide (physique ou social) étant très présent. Au milieu de tout ça, des cauchemars, visions d’horreur, ou simples morts, alimentent une certaine horreur, sans qu’Ito – qui adapte ici un auteur que je ne connaissais pas – n’apporte les délires visuels qui souvent habitent ses œuvres. On est ici davantage dans un récit d’atmosphère que dans l’horreur brute des séries qu’Ito crée lui-même. Les « visions d’horreur » sont toutefois plus présentes dans le troisième et dernier tome. En tout cas, le récit nous permet de suivre la vie – et la déchéance – du héros. Mais aussi le malheur qu’il entraine autour de lui (chez les femmes avec lesquelles il a des relations, mais pas que, puisqu'il pousse au suicide l'une des rares personnes à l'avoir percé à jour). Si la lecture n’est pas inintéressante, j’ai quand même trouvé qu’il y avait des longueurs, certaines redites. En tout cas, le récit nous permet de suivre la vie – et la déchéance – du héros. Mais aussi le malheur qu’il entraine autour de lui. La déchéance est collective. Il y a quelques chose des romans noirs gothiques dans ce récit.
Ludwig et Beethoven
De Beethoven, je ne connaissais que quelques bribes de sa personnalité, toutes liées à sa période adulte et célèbre. Je partais donc dans l'inconnu avec cet album, qui se concentre sur "l'avant ", sa jeunesse. Une période de formation, en tant qu'artiste et en tant que personne. Avec son père comme personnage clé. Qui lui a mis le pied à l'étrier comme musicien. Mais ce père est un personnage assez négatif. Alcoolique, violent, borné, exploitant sans vergogne son fils - qu'il voyait davantage comme l'exécutant d'œuvres écrites par d'autres, comme Mozart alors en vogue, que comme compositeur. La pression mise continûment par son père explique sans doute le côté quelque peu frénétique ou pressé de Ludwig. Je ne connais pas son œuvre suffisamment en profondeur pour y déceler là aussi des traces de cette relation difficile. En tout cas l'album se laisse lire agréablement. Le sujet est sans doute moins original que d'autres séries de Ross, mais son dessin, ici très moderne et dynamique, colle très bien à la personnalité qu'il nous donne à voir.
Tirésias
Je viens de finir Kléos, alors la note s'en ressentira. Bien sans plus, d'accord il y a un aspect tragique et comique dans son aventure et le dessin est bon, mais je l'ai lu et non relu alors que j'ai relu Kleos plusieurs fois ! J'ai l'impression que le héros avait plus de potentiel sans pouvoir relever ce qui manque à la bd pour être meilleure. Le final est bon, d'accord mais… J'ai aussi mieux aimé le premier tome de Deamon, et même la gloire d'Héra. Franchement, tirer aussi peu d'une histoire de changement de sexe à une époque, la notre, où ils existent, et en France où les femmes ont plus de droit qu'en Grèce de l'Antiquité. Je pense que cette bd est surcotée grâce au soleil de Grèce et à une façon de voir et vivre le sexe non encore corrompu par l'idée de péché si je ne dirait pas qu'on puisse prétendre qu'elle était libre.
Quiproquos
J'aime beaucoup l'humour absurde, les blagues à froid et les répliques bien cons, bref je suis friande de ce genre de production. Ici c'est bon, j'avoue avoir a minima souri, mais je suis quand-même déçue. Je suis souvent déçue dans mes avis, ça va finir par devenir mon running gag officiel sur le site, mais ici ma déception ne vient pas d'attente trop grandes ou d'une lecture d'une traite qui auraient pu tuer l'humour, non ma déception vient du fait que j'ai déjà lu la plupart de ces gags dans d'autres formats auparavant sur le net. Le gag sur "les filles chaudes et désespérée de ta région" en est le plus gros exemple, j'ai littéralement reposé l'album pour le comparer avec une version antérieure que je connaissais et que je trouve bien mieux rythmée et impactante. Pas un mal absolu, les gags sont standards, déjà faits auparavant, mais pas nécessairement mauvais. J'en ai découvert certains qui, même s'ils reposent eux aussi sur la même rythmique de cassure d'attente, ont réussi à me faire rire. Bref, pas excellent mais pas déplaisant.
Monsieur Bonhomme
Je ne connaissais absolument pas ce personnage de Wasterlain avant de tomber sur cette série en bouquinerie. Monsieur Bonhomme est apparu dans les pages du journal Tintin, d'abord en 1972 dans une histoire où il n'était pas encore musicien mais "marchand de vacances". La majorité des récits ont ensuite été publiés en 1973 et 1974 (une autre histoire sera réalisée bien plus tard, dans les années 80, mais ne sera jamais éditée en album). Il s'agit d'une série inclassable, naviguant tour à tour entre le conte fantastique, l'humour, la science-fiction voire même l'aventure-action exotique comme on en retrouvera plus tard chez Jeannette Pointu. Leur point commun réside dans ce héros débonnaire, d'abord assez neutre, qui évolue rapidement vers une figure d'artiste musicien légèrement hippie, ainsi que dans une tendance récurrente à le confronter à l'absurdité de la société humaine. En ce sens, Monsieur Bonhomme s'adresse autant aux enfants, avec des histoires simples et amusantes, qu'aux adultes, grâce à un humour discret, une atmosphère poétique et un léger fond de satire sociale. Le dessin est un peu guindé dans les toutes premières histoires, lorsque Monsieur Bonhomme est encore très lisse et coiffé court. Le style personnel de Wasterlain s'impose toutefois rapidement, au fur et à mesure que les cheveux de Bonhomme s'allongent et que le personnage adopte une allure nettement plus cool. J'ai apprécié ces histoires courtes et variées, ainsi que leur ambiance très marquée années 70. Le mélange des tons et la diversité des genres évitent toute lassitude et suscitent même une certaine curiosité quant à la direction que prendra chaque nouveau récit. Les intrigues restent toutefois assez simples, parfois un peu trop enfantines pour m'embarquer pleinement en tant que lecteur adulte, mais cela n'empêche pas cette lecture d'être une jolie découverte.
Danser avec le vent
Il y a des incohérences dans mes réactions à cet album, en fait je n’arrive pas à avoir un avis, alors j’écris pour essayer d’en trouver un. Lorsque l’on ouvre un Lepage et que l’on a déjà lu l’auteur on sait globalement ce que l’on va trouver, une descente dans son quotidien de voyageur aventurier sans l’être, à la fois témoin et passeur d’un environnement dans lequel nous ne nous sentons pas légitimes d’aller. Cette fois ci c’est un retour ce qui détonne d’autant plus comment se renouveler ? que va-t-on voir de plus ou de moins ? Graphiquement, l’auteur murit, les illustrations sont maintenant des exercices de style tout à fait sublimes et je trouve un jeu entre les versions croquis et les versions travaillées au sein de la narration pour nous offrir des pauses et des moments de méditation. L’humain trouve dans ce récit toute sa place, et le témoignage sur ce que l’on ne doit pas communiquer pour ne pas sensibiliser le « grand public » à des choses pourtant nécessaires qui pourraient le heurter me parait un modèle de narration journalistique sans ligne éditoriale politique venant nous dire ce qu’il est bon ou mal de penser : Merci ! Tout ceci bien sûr très positif, oui mais que c’est lent, je ne me suis pas attaché aux personnages tant ils paraissent fugaces, trop étroitement décrit pour se les approprier et partager en quelques sorte le vécu. Il y a une frustration évidente à partager des moments dans l’intimité de Lepage sans pouvoir agir ou exister dans le sens où nous aurions un mot une attitude pour faire raisonner le moment selon notre sensibilité. La limite du récit de voyage se situe dans cette faille : l’auteur a été suffisamment subtil et sensible pour nous faire partager des moments de grâce et pourtant nous ne les avons pas vécu car tout ceci n’est qu’un récit tiers sur lequel nous n’avons pas prise et sur lequel nous sommes désespérément passifs. Cette conscience de notre incapacité à être actif dans l’aventure donne au lecteur une frustration évidente, non que nous aurions fait mieux, mais nous aurions fait nos propres erreurs et appris sur nous même ce que ce témoignage ne nous permet pas de faire… Je ne suis pour ma part pas certain qu’il y ait de la connerie à enlever aux uns où aux autres, elle fait partie de nous et permet à la vie d’être un apprentissage permanent, ce livre ne nous apprend pas grand-chose, il nous fait partager du vécu, un cheminement et comme toutes les sagesses de l’histoire le disent l’important n’est pas la destination mais le chemin. Apprenons de ce chemin et prenons ce qui en est bon pour nous, peu importe ce qui est une limite, une frustration !
Seul le silence
Adaptation d'un roman, cette version BD propose un polar solide, bien construit, qui mise davantage sur la durée et l’atmosphère que sur l’esbroufe. L’intrigue est efficace, lisible, et bénéficie d’un étalement temporel bien géré, avec des ellipses pertinentes qui renforcent le poids du traumatisme et l’obsession du héros. Sans prétendre au statut d’œuvre majeure, le scénario tient parfaitement ses promesses. Les personnages sont crédibles et attachants, inscrits dans un contexte historique et social cohérent. Les thèmes périphériques aux meurtres — mémoire, culpabilité, violence diffuse de l’Amérique rurale — sont traités avec sérieux et apportent de l’épaisseur au récit, sans parasiter la trame principale. Graphiquement, un travail précis et maîtrisé. Le dessin reste sobre, lisible, au service de la narration, et les couleurs évoquent efficacement une Amérique campagnarde, poussiéreuse et mélancolique. L’ensemble fonctionne bien et installe une ambiance durablement sombre, sans excès de démonstration.
Silent Jenny
Signalons tout d’abord la qualité de l’édition de cet album qui fait de l’œil aussi bien par les commentaires que l’on peut en lire que par l’attention porté à l’objet tout à fait travaillé et soigné comme pour montrer un écrin à découvrir au-delà d’une couverture si chatoyante dans les couleurs tout en étant anguleuse et inhospitalière. Le récit commence et nous sommes immédiatement aspirés par un environnement étrange. En poussant les limites des erreurs humaines dans un environnement respirant les conséquences de nos manquements, nous nous sentons à la fois curieux, inquiets un peu coupables aussi mais surtout tellement sensible à l’humanité qui malgré tout continue. Et pourtant rien ne va humainement, socialement, climatiquement, bureaucratiquement… Mais le graphisme nous remplis de désir de poursuivre et d’envie de comprendre où tout cela va nous mener. Il faut un peu de temps pour commencer à saisir où nous sommes tombés, ce que constitue les missions, chaque page, chaque couleur nos accroche un peu plus à ce monde dont on perçoit petit à petit la complexité en ayant bien compris depuis le début le chaos initial, où tout cela va-t-il nous mener ? jusqu’à tiers album l’excitation monte. Et puis un doute s’installe, et si tout cela ne menait nulle part ? et si toute cette cohérence de couleur d’univers de détails et d’environnement n’existait que pour dépeindre un vide existentiel, un « no future » version post apocalyptique ? Les fourmillements de sensations annexes, de détails scénaristiques nous fait entrer petit à petit dans une sorte de témoignage plus qu’un manifeste, dans un documentaire d’arte plutôt que dans une fiction narrative menant à une idée. On s’installe dans un fauteuil et alors ce qui était inconfortable, à fleur de peau ce qui donnait envie de comprendre par le chaos et l’absurde devient un voyage, un chemin plus neutre où demeure un environnement graphique magistral mais où le narratif en a pris un sacré coup dans l’aile. Cet environnement se révèle magistralement dans le dessin, les parties d’expéditions microscopiques m’ont d’ailleurs fait penser dans le style graphique à Alpha La peur suinte, le chaos règle, l’absurde triomphe, mais l’espoir subsiste malgré tout. Les couleurs chaudes répondent aux traits durs, les angles aux rondeurs. Vous l’aurez compris je trouve le travail graphique tout à fait admirable d’adéquation avec l’environnement décrit ! Mais voilà je reste très largement sur ma faim sur ce qui dépasse la mi album, tout çà pour çà ai-je envie de me dire ? J’aurai tellement aimé que les efforts pour intégrer une dimension spirituelle, religieuse même avec ce rite de fin de vie, ces questionnements sur l’éducation nous emmènent ailleurs que vers un simple « mais la vie continue ». Tant de détails posés çà et là pour donner une richesse à un environnement social complexe permettent de rendre cette situation initiale si abstraite et loin de notre réalité plus proche et allégorique mais hélas comme nous arrivons finalement à un reportage j’ai totalement décroché de la fin d’un récit certes très travaillé, très joli, mais devenu tellement artificiel dans sa vacuité de sens. Par ailleurs cette quête de l’infiniment petit pour fuir une réalité absurde me semble tout à fait plaquée et je n’ai pas compris le chemin qui arrive là. Au final ce très bel objet ne sera probablement pas ré-ouvert de sitôt, c’est bien dommage j’aurai tellement aimé y replonger pour y trouver des significations cachées, des liens entre les multiples lieux permettant de donner un sens. Mes enfants n’ont pas résisté longtemps d’ailleurs à la lecture. Mon sentiment est donc aussi amer à la fin qu’il ne l’était devant cette société si amère qui nous est proposée à la narration. Je suis peut être passé à côté de certaines choses mais le nihilisme pur dans le message accompagnant un environnement aussi nihiliste par nature, c’est trop redondant.
Jérôme K. Jérôme Bloche
J'hésite vraiment entre 3 et 4, c'est pour ça que je penche pour le 3 + coup de cœur. Jérôme K. Jérôme Bloche est une saga que j'ai découvert sur le tard, mais j'aurais adoré la découvrir adolescent. Sa grande force est indéniablement la qualité de son dessin, la qualité de son personnage et la qualité de ses dialogues. Le dessin, d'abord, est d'une finesse incroyable. Il insuffle à ses personnages et à ses intrigues une vie qui déborde dans chaque case ! Ce qui ne serait rien sans des dialogues qui permettent une immersion totale. On est à fond plongé dans cet univers de roman policier du terroir, bien franchouillard dans l'âme, tout comme on partage avec le personnage principal son côté un peu foutraque et tête-en-l'air. C'est plein de charme, d'humour mais aussi de tristesse quand il le faut, Dodier et ses auteurs sachant glisser du drame au milieu de l'enquête, doublée parfois d'une belle réflexion sociale. Alors pourquoi "seulement" 3 étoiles ? Parce que, dans la grande majorité des cas, j'avoue avoir été un peu déçu des enquêtes. On comprend relativement vite que c'est rarement l'aspect policier qui prime, dans cette saga, mais souvent, j'entrevoyais sans peine par quel moyen donner un peu plus de relief à l'intrigue policière, comment créer davantage de surprise. Ici, en choisissant d'accentuer l'aspect humain derrière chaque drame sur lequel Jérôme enquête, c'est toujours l'ampleur narrative, le souffle romanesque qui en prend un coup. Et même si c'est un choix relativement assumé des auteurs, je trouve ça décevant. On avait le support parfait pour avoir un détective culte à la hauteur d'un Hercule Poirot, et finalement, on se retrouve avec des récits qui ne sont pas assez bien ficelés pour relever le défi. Dans l'ensemble, Jérôme K. Jérôme Bloche est donc une saga que j'apprécie clairement. Mais je dois admettre qu'à la lecture de la plupart des tomes, je me rends compte que j'aurais voulu pouvoir l'aimer davantage. Une bonne saga à lire, donc, mais qui n'atteindra malheureusement jamais chez moi le niveau culte.