Les ex-people, comme leur nom l'indique, sont d'anciens gens, d'anciens humain-e-s pour être plus précise. Une escouade composée de sept fantômes, tous revenu-e-s à la vie, bloqué-e-s dans un état second avant la mort, qui décide de partir dans une quête improbable vers Jérusalem afin de pouvoir obtenir le moyen de revenir à la vie (et de redevenir normaux).
J'aime bien les histoires de protagonistes atypiques se rejoignant/regroupant sur le tas, par les hasards du destin, j'aime les groupes chaotiques mais soudés (souvent générateurs d'histoires vives et entrainantes), j'aime les récits qui sentent bon les contes et légendes et enfin j'aime beaucoup les histoires d'amour. Bon, vu que le diptyque coche toutes ces cases j'ai passé un très bon moment à la lecture, mais je regrette tout de même quelques facilités scénaristiques, une exposition du passé de certains personnages pas toujours amenée de manière fluide et un dénouement sympathique mais un peu trop rapide à mon goût. L'oeuvre est bonne, les personnages simples mais attachants et le dessin m'a beaucoup plu, mais il n'empêche qu'il me manque un je ne sais quoi pour pleinement apprécier cette histoire autant qu'elle aurait pu me plaire. Il y avait de quoi me faire fermer l'album avec des étoiles dans les yeux, le dessin d'Alexander Utkin me parle beaucoup, l'aventure m'a entrainée et les personnages, sans être révolutionnaires, sont sincèrement attachants, alors je trouve ça bien dommage que de légers petits défauts de la forme (notamment la fin) me rendent le tout finalement "bien sans plus"
Bref, un récit très agréable, certes pas parfait, mais tout de même sympathique.
Et hop ! Encore un Avatar ! plutôt déçu par les derniers albums de la production qui gravite autour de la franchise, c'est un peu à reculons que je suis rentré dans ma lecture. Mais contre toute attente, j'ai trouvé celui-ci beaucoup plus intéressant que les précédents.
Si le dessin de Gabriel Guzman m'a un peu surpris au début (comparé aux derniers albums lus et illustrés par d'autres auteurs), j'ai trouvé qu'il était plutôt efficace pour représenter toute la richesse et la diversité de ce petit monde de Pandora. Toute l'intrigue va se focaliser sur la quête initiatique que va vivre So'lek, le seul na'avi survivant de sa tribu après la première grande guerre perdue par les na'avis. Evoluant au fil des ans de tribu en tribu, il va acquérir les savoir-faire spécifiques à chacune et apprendre de l'univers dans lequel il évolue... Jusqu'à sa nouvelle rencontre avec l'espèce humaine...
Beaucoup moins simpliste et dénué de fond que mes autres lectures autour d'Avatar, voilà un album qui devrait plaire et ravir les amateurs de cet univers.
Comme à leur habitude, les éditions 2024 (aujourd’hui 2042) ont réalisé un très beau travail éditorial, et le très grand format met très bien en valeur l’esthétique proposée par Étienne Chaize, qui développe une œuvre singulière, originale en tous points.
Mais ici, je suis resté un chouia sur ma faim. Le long périple des rescapés d’Ur traine un peu trop, l’histoire manque d’un quelque chose qui la ferait basculer vers une épopée extraordinaire. Pourtant, il y a de la poésie, et la narration (le texte est uniquement placé en bas d’immenses planches – certaines étant muettes) semble nous pousser vers un récit quasi biblique, comme une revisite des errances des Hébreux.
L’aspect graphique m’a lui aussi un peu laissé sur ma faim. En effet, je n’ai pas trouvé heureux ici le procédé consistant à placer les personnages dessinés dans des décors immenses aux airs de photos retravaillées. C’est original, et ça dégage une certaine poésie, mais le rendu m’a laissé de côté.
Cet album est une petite curiosité, qui a attiré mon attention parce que tout ce que fais Gotlib m’intéresse a priori.
La pagination est faible, c’est vite lu. L’album accompagnait initialement la sortie d’un disque de Gotainer (les paroles de ses chansons accompagnent chacun des chapitres, sensés présenter une des qualités des « Gaulois »). Quant à Uderzo, outre donner les droits d’utiliser logos et personnages des célèbres Gaulois – et enrichir le catalogue de sa maison d’édition Albert René, il est peu présent, uniquement avec Astérix et Obélix qui commentent, en petit, ce que Gotlib a développé au-dessus dans ses histoires courtes. Histoires qui se déroulent dans un cadre contemporain, illustrant les Gaulois d’aujourd’hui.
Disons-le tout de suite, l’album n’est pas courant, mais il n’est pas non plus indispensable. Le principal intérêt – le seul quasiment à mes yeux – c’est de découvrir un petit travail méconnu de Gotlib. Son dessin est toujours excellent, juste ce qu’il faut de caricature pour agiter les zygomatiques.
Ces petites histoires sont inégales, mais la lecture – très rapide au demeurant – est plutôt agréable. Une curiosité amusante, sans plus. Mais je suis un incorrigible complétiste de Gotlib !
Note réelle 2,5/5.
Les dessins sont par moments baveux mais malgré tout esthétiques, et ils expriment la déliquescence fascinante de la société et du personnage. Je pense et souhaite que le roman sorte de l'oubli. La déformation des corps exprime ce que les malheureux doivent subir pour survivre, notamment notre héros qui fait tout pour survivre, s'enrichir et s'enfuir à l'Ouest, pour plus de liberté ! Un zéro en moral, en sentiment, en tout, ne retient pas la sympathie, comme cependant, nul ne mérite d'être broyé par l'Histoire, on espère qu'il parviendra à se sauver. Les péripéties valent pour elles-mêmes et pour leur léger suspens. A lire, peut se relire mais ce n'est certainement pas nécessaire.
Toutes les BD de Lucas Harari que j’ai lues (je ne sais pas trop ce qu’Arthur – son frère ? – a ajouté ici au scénario) ont un point commun : il installe une ambiance fantastique à la fois douce et angoissante, une gêne, quelque chose d’indéfinissable qui attire et hypnotise quelque peu.
C’est encore le cas ici, même si l’intrigue est un peu plus directe et joue moins sur ce que l’imagination du lecteur peut ajouter à ce qu’il voit.
L’histoire est intéressante et originale, une fois acceptée le principe du changement de corps entre individus.
Je regrette juste quelques longueurs ou sautes de rythme.
Mais globalement j’ai bien aimé cette histoire, qui trouble les identités des protagonistes (identités civiles et sexuelles), qui pose aussi la question des relations familiales : est-on prêt à accepter que celui ou celle qu’on a connu.e ait changé de corps, voire de sexe ?
Le dessin d’Harari est, comme à son habitude, assez froid et statique (ceci étant renforcé » par la colorisation), mais je l’aime bien lui aussi.
Une lecture intrigante.
Note réelle 3,5/5.
Les créations du duo War and Peas sont très connues sur internet depuis de nombreuses années, souvent relayées et postées à droite à gauche, alors quand j'ai appris par mon père que certains de leurs gags avaient été traduits et publiés en français j'ai été curieuse et lui ai emprunté cet album.
Pour présenter rapidement, il s'agit de gags à l'humour noir doux (par-là j'entend pas de trash) rassemblés autour du thème de notre bonne vieille planète Terre. Grosso-modo, ça va pas mal parler écologie et bio-diversité, donc attendez-vous à de nombreux gags sur la fin imminente de notre espèce et sur les comportements de certains animaux.
Le dessin d'Elizabeth Pich est simple, privilégiant les compositions de cases aérées et les expressions de personnages expressives et facilement lisibles. Du classique dans le genre, mais tout de même efficace.
La qualité des gags est inégale, mais c'est mine de rien un défaut classique de ce genre d'albums, encore plus lorsqu'il s'agit d'un best-of à thème, donc je ne jette pas la pierre (après tout je m'y attendais).
Bon, l'album est bon, mais j'avoue avoir eu un petit défaut qui a parasité ma lecture.
Il y a des bons gags et des moins bons gags, certes, mais le problème c'est que les bons gags… bah je les connaissais déjà. Bah oui, comme dit en intro, les créations de War and Peas circulent un peu partout sur internet donc forcément les plus drôles ont déjà été lues par bon nombre d'entre nous (en tout cas quiconque se baladerait sur les réseaux sociaux à l'internationale). Et comme je suis en plus habituée à leur texte VO j'ai du mal à juger la qualité de la traduction sur le simple fait que mon cerveau le perçoit immédiatement comme une sorte de dissonance. Alors quand je tombe sur les trois/quatre que je ne connaissais pas mais qui ne m'ont pas paru hilarantes pour autant, bah pour le coup j'échappe à cette dissonance mais je ne sais que dire.
Évidemment, ce défaut est dû à un biais cognitif, je le sais bien et je ne l'impute pas à l'album en soi et encore moins au travail de traduction de Fanny Soubiran qui m'a paru de très bonne facture (mis à part un ou deux gags où le formulation m'a semblée légèrement manquer de peps), mais il n'empêche que ce défaut a bien été présent à mon esprit et à bel et bien parasité ma lecture. Si je le mentionne dans cet avis c'est avant tout car je ne pense pas être la seule à expérimenter ce genre de dissonance face à des traductions d'œuvres/de créations tellement partagées ad nauseam sur le web que l'on fini par les connaître presque inconsciemment. La culture du meme a tué la traduction !
Breeeeeeef, une œuvre inégale mais tout de même divertissante et qui, mon problème de dissonance mis à part, reste une lecture agréable.
Le premier tome ne m’avait pas spécialement enthousiasmé. Trop décousu, trop enfantin, sans grande envergure, il n’offrait qu’un sympathique divertissement dont l’intérêt résidait avant tout dans la singularité des habitations proposées. Mais le deuxième tome propose un scénario bien plus construit, avec une intrigue qui émerge. L’univers est maintenant bien en place et les personnages gagnent en profondeur.
Soara se présente maintenant comme un récit de fantasy original, construit autour de ce concept d’habitats spécialement étudiés pour satisfaire des populations bien singulières mais offrant aussi une intrigue plus générale et plus ambitieuse. L’aventure est bien au rendez-vous et devrait ravir plus d’un jeune lecteur.
Pas un immanquable mais un récit sympathique qui se démarque par son concept architectural. A réserver toutefois à un jeune public.
Je ne suis pas un habitué du concept des magic girl et c’est, d’ailleurs, la première série de ce genre que je suis aussi assidument. Il m’est donc impossible de jouer au jeu des comparaisons et je ne peux qu’offrir un regard vierge mais ce qui est certain, c’est que j’ai bien accroché.
Magilumière capte d’abord par son character design. Des personnages excessifs, farfelus, amusants, décalés auxquels je me suis vite attaché. Le scénario, ensuite, de prime abord basique et prévisible, se développe au fil des tomes pour offrir une véritable intrigue tout en abordant des sujets plus généraux que ce que cet univers de magie laissait supposer. Enfin, les valeurs véhiculées (esprit d’entreprise, tolérance, ouverture aux autres, courage, sens de l’initiative) sont tout à fait adaptées au public visé (qui est très large mais plutôt orienté ‘adolescents’).
Le dessin n’est pas exceptionnel mais les scènes d’action sont plutôt bien retranscrites et compréhensibles.
En soi, la série n’est pas un chef-d’œuvre mais dispose d’assez de qualités pour satisfaire un public en quête de divertissement alliant magie, humour et personnages attachants. Reste à voir si elle résistera aux affres du temps (j’écris cet avis après avoir lu les six premiers tomes et certaines longueurs commencent à se faire ressentir).
Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas lu l'une de ces BD de Jim et Fredman qu'on voyait partout dans les supermarchés il y a une vingtaine d'années. On les retrouve ici dans une formule qu'ils maîtrisaient bien, même si elle tournait un peu en rond et n'a jamais fait l'unanimité chez les lecteurs les plus exigeants.
En le redécouvrant après tout ce temps, j'ai pu apprécier le dessin de Fredman : un trait généreux, pas avare en détails et en mises en scène, des couleurs vives, une gestuelle élastique, et des personnages expressifs. C'est propre, dynamique, et ça fonctionne bien.
Côté scénario, Jim reprend le principe éprouvé de ses albums consacrés aux défauts des mecs, mais appliqué cette fois aux travers féminins, volontairement caricaturés. L'introduction est amusante : il explique avoir eu besoin d'une femme pour éviter la misogynie et, surtout, de lui faire décrire les défauts de ses copines plutôt que les siens. Par la suite, certaines idées fonctionnent, quelques portraits sont bien vus, mais l'ensemble repose largement sur des clichés déjà lus ailleurs. Rien de honteux, rien d'hilarant non plus, juste de quoi esquisser un sourire. A noter d'ailleurs que plusieurs personnalités et défauts évoqués pourraient tout aussi bien s'appliquer à des hommes.
On retrouve la patte habituelle du duo : une qualité régulière, agréable, mais sans grande audace. Sur un album entier, la répétition se fait sentir et les gags reposent souvent sur des comportements volontairement exagérés. C'est un album qui se lit sans déplaisir, mais qui laisse une impression de déjà-vu.
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The Ex-People
Les ex-people, comme leur nom l'indique, sont d'anciens gens, d'anciens humain-e-s pour être plus précise. Une escouade composée de sept fantômes, tous revenu-e-s à la vie, bloqué-e-s dans un état second avant la mort, qui décide de partir dans une quête improbable vers Jérusalem afin de pouvoir obtenir le moyen de revenir à la vie (et de redevenir normaux). J'aime bien les histoires de protagonistes atypiques se rejoignant/regroupant sur le tas, par les hasards du destin, j'aime les groupes chaotiques mais soudés (souvent générateurs d'histoires vives et entrainantes), j'aime les récits qui sentent bon les contes et légendes et enfin j'aime beaucoup les histoires d'amour. Bon, vu que le diptyque coche toutes ces cases j'ai passé un très bon moment à la lecture, mais je regrette tout de même quelques facilités scénaristiques, une exposition du passé de certains personnages pas toujours amenée de manière fluide et un dénouement sympathique mais un peu trop rapide à mon goût. L'oeuvre est bonne, les personnages simples mais attachants et le dessin m'a beaucoup plu, mais il n'empêche qu'il me manque un je ne sais quoi pour pleinement apprécier cette histoire autant qu'elle aurait pu me plaire. Il y avait de quoi me faire fermer l'album avec des étoiles dans les yeux, le dessin d'Alexander Utkin me parle beaucoup, l'aventure m'a entrainée et les personnages, sans être révolutionnaires, sont sincèrement attachants, alors je trouve ça bien dommage que de légers petits défauts de la forme (notamment la fin) me rendent le tout finalement "bien sans plus" Bref, un récit très agréable, certes pas parfait, mais tout de même sympathique.
Avatar - Aux frontières de Pandora
Et hop ! Encore un Avatar ! plutôt déçu par les derniers albums de la production qui gravite autour de la franchise, c'est un peu à reculons que je suis rentré dans ma lecture. Mais contre toute attente, j'ai trouvé celui-ci beaucoup plus intéressant que les précédents. Si le dessin de Gabriel Guzman m'a un peu surpris au début (comparé aux derniers albums lus et illustrés par d'autres auteurs), j'ai trouvé qu'il était plutôt efficace pour représenter toute la richesse et la diversité de ce petit monde de Pandora. Toute l'intrigue va se focaliser sur la quête initiatique que va vivre So'lek, le seul na'avi survivant de sa tribu après la première grande guerre perdue par les na'avis. Evoluant au fil des ans de tribu en tribu, il va acquérir les savoir-faire spécifiques à chacune et apprendre de l'univers dans lequel il évolue... Jusqu'à sa nouvelle rencontre avec l'espèce humaine... Beaucoup moins simpliste et dénué de fond que mes autres lectures autour d'Avatar, voilà un album qui devrait plaire et ravir les amateurs de cet univers.
Ether (Chaize)
Comme à leur habitude, les éditions 2024 (aujourd’hui 2042) ont réalisé un très beau travail éditorial, et le très grand format met très bien en valeur l’esthétique proposée par Étienne Chaize, qui développe une œuvre singulière, originale en tous points. Mais ici, je suis resté un chouia sur ma faim. Le long périple des rescapés d’Ur traine un peu trop, l’histoire manque d’un quelque chose qui la ferait basculer vers une épopée extraordinaire. Pourtant, il y a de la poésie, et la narration (le texte est uniquement placé en bas d’immenses planches – certaines étant muettes) semble nous pousser vers un récit quasi biblique, comme une revisite des errances des Hébreux. L’aspect graphique m’a lui aussi un peu laissé sur ma faim. En effet, je n’ai pas trouvé heureux ici le procédé consistant à placer les personnages dessinés dans des décors immenses aux airs de photos retravaillées. C’est original, et ça dégage une certaine poésie, mais le rendu m’a laissé de côté.
Vive la Gaule
Cet album est une petite curiosité, qui a attiré mon attention parce que tout ce que fais Gotlib m’intéresse a priori. La pagination est faible, c’est vite lu. L’album accompagnait initialement la sortie d’un disque de Gotainer (les paroles de ses chansons accompagnent chacun des chapitres, sensés présenter une des qualités des « Gaulois »). Quant à Uderzo, outre donner les droits d’utiliser logos et personnages des célèbres Gaulois – et enrichir le catalogue de sa maison d’édition Albert René, il est peu présent, uniquement avec Astérix et Obélix qui commentent, en petit, ce que Gotlib a développé au-dessus dans ses histoires courtes. Histoires qui se déroulent dans un cadre contemporain, illustrant les Gaulois d’aujourd’hui. Disons-le tout de suite, l’album n’est pas courant, mais il n’est pas non plus indispensable. Le principal intérêt – le seul quasiment à mes yeux – c’est de découvrir un petit travail méconnu de Gotlib. Son dessin est toujours excellent, juste ce qu’il faut de caricature pour agiter les zygomatiques. Ces petites histoires sont inégales, mais la lecture – très rapide au demeurant – est plutôt agréable. Une curiosité amusante, sans plus. Mais je suis un incorrigible complétiste de Gotlib ! Note réelle 2,5/5.
Ibicus
Les dessins sont par moments baveux mais malgré tout esthétiques, et ils expriment la déliquescence fascinante de la société et du personnage. Je pense et souhaite que le roman sorte de l'oubli. La déformation des corps exprime ce que les malheureux doivent subir pour survivre, notamment notre héros qui fait tout pour survivre, s'enrichir et s'enfuir à l'Ouest, pour plus de liberté ! Un zéro en moral, en sentiment, en tout, ne retient pas la sympathie, comme cependant, nul ne mérite d'être broyé par l'Histoire, on espère qu'il parviendra à se sauver. Les péripéties valent pour elles-mêmes et pour leur léger suspens. A lire, peut se relire mais ce n'est certainement pas nécessaire.
Le Cas David Zimmerman
Toutes les BD de Lucas Harari que j’ai lues (je ne sais pas trop ce qu’Arthur – son frère ? – a ajouté ici au scénario) ont un point commun : il installe une ambiance fantastique à la fois douce et angoissante, une gêne, quelque chose d’indéfinissable qui attire et hypnotise quelque peu. C’est encore le cas ici, même si l’intrigue est un peu plus directe et joue moins sur ce que l’imagination du lecteur peut ajouter à ce qu’il voit. L’histoire est intéressante et originale, une fois acceptée le principe du changement de corps entre individus. Je regrette juste quelques longueurs ou sautes de rythme. Mais globalement j’ai bien aimé cette histoire, qui trouble les identités des protagonistes (identités civiles et sexuelles), qui pose aussi la question des relations familiales : est-on prêt à accepter que celui ou celle qu’on a connu.e ait changé de corps, voire de sexe ? Le dessin d’Harari est, comme à son habitude, assez froid et statique (ceci étant renforcé » par la colorisation), mais je l’aime bien lui aussi. Une lecture intrigante. Note réelle 3,5/5.
War and Peas - Salut la Terre
Les créations du duo War and Peas sont très connues sur internet depuis de nombreuses années, souvent relayées et postées à droite à gauche, alors quand j'ai appris par mon père que certains de leurs gags avaient été traduits et publiés en français j'ai été curieuse et lui ai emprunté cet album. Pour présenter rapidement, il s'agit de gags à l'humour noir doux (par-là j'entend pas de trash) rassemblés autour du thème de notre bonne vieille planète Terre. Grosso-modo, ça va pas mal parler écologie et bio-diversité, donc attendez-vous à de nombreux gags sur la fin imminente de notre espèce et sur les comportements de certains animaux. Le dessin d'Elizabeth Pich est simple, privilégiant les compositions de cases aérées et les expressions de personnages expressives et facilement lisibles. Du classique dans le genre, mais tout de même efficace. La qualité des gags est inégale, mais c'est mine de rien un défaut classique de ce genre d'albums, encore plus lorsqu'il s'agit d'un best-of à thème, donc je ne jette pas la pierre (après tout je m'y attendais). Bon, l'album est bon, mais j'avoue avoir eu un petit défaut qui a parasité ma lecture. Il y a des bons gags et des moins bons gags, certes, mais le problème c'est que les bons gags… bah je les connaissais déjà. Bah oui, comme dit en intro, les créations de War and Peas circulent un peu partout sur internet donc forcément les plus drôles ont déjà été lues par bon nombre d'entre nous (en tout cas quiconque se baladerait sur les réseaux sociaux à l'internationale). Et comme je suis en plus habituée à leur texte VO j'ai du mal à juger la qualité de la traduction sur le simple fait que mon cerveau le perçoit immédiatement comme une sorte de dissonance. Alors quand je tombe sur les trois/quatre que je ne connaissais pas mais qui ne m'ont pas paru hilarantes pour autant, bah pour le coup j'échappe à cette dissonance mais je ne sais que dire. Évidemment, ce défaut est dû à un biais cognitif, je le sais bien et je ne l'impute pas à l'album en soi et encore moins au travail de traduction de Fanny Soubiran qui m'a paru de très bonne facture (mis à part un ou deux gags où le formulation m'a semblée légèrement manquer de peps), mais il n'empêche que ce défaut a bien été présent à mon esprit et à bel et bien parasité ma lecture. Si je le mentionne dans cet avis c'est avant tout car je ne pense pas être la seule à expérimenter ce genre de dissonance face à des traductions d'œuvres/de créations tellement partagées ad nauseam sur le web que l'on fini par les connaître presque inconsciemment. La culture du meme a tué la traduction ! Breeeeeeef, une œuvre inégale mais tout de même divertissante et qui, mon problème de dissonance mis à part, reste une lecture agréable.
Soara et les bâtisseurs fantastiques
Le premier tome ne m’avait pas spécialement enthousiasmé. Trop décousu, trop enfantin, sans grande envergure, il n’offrait qu’un sympathique divertissement dont l’intérêt résidait avant tout dans la singularité des habitations proposées. Mais le deuxième tome propose un scénario bien plus construit, avec une intrigue qui émerge. L’univers est maintenant bien en place et les personnages gagnent en profondeur. Soara se présente maintenant comme un récit de fantasy original, construit autour de ce concept d’habitats spécialement étudiés pour satisfaire des populations bien singulières mais offrant aussi une intrigue plus générale et plus ambitieuse. L’aventure est bien au rendez-vous et devrait ravir plus d’un jeune lecteur. Pas un immanquable mais un récit sympathique qui se démarque par son concept architectural. A réserver toutefois à un jeune public.
Magilumière Co. Ltd.
Je ne suis pas un habitué du concept des magic girl et c’est, d’ailleurs, la première série de ce genre que je suis aussi assidument. Il m’est donc impossible de jouer au jeu des comparaisons et je ne peux qu’offrir un regard vierge mais ce qui est certain, c’est que j’ai bien accroché. Magilumière capte d’abord par son character design. Des personnages excessifs, farfelus, amusants, décalés auxquels je me suis vite attaché. Le scénario, ensuite, de prime abord basique et prévisible, se développe au fil des tomes pour offrir une véritable intrigue tout en abordant des sujets plus généraux que ce que cet univers de magie laissait supposer. Enfin, les valeurs véhiculées (esprit d’entreprise, tolérance, ouverture aux autres, courage, sens de l’initiative) sont tout à fait adaptées au public visé (qui est très large mais plutôt orienté ‘adolescents’). Le dessin n’est pas exceptionnel mais les scènes d’action sont plutôt bien retranscrites et compréhensibles. En soi, la série n’est pas un chef-d’œuvre mais dispose d’assez de qualités pour satisfaire un public en quête de divertissement alliant magie, humour et personnages attachants. Reste à voir si elle résistera aux affres du temps (j’écris cet avis après avoir lu les six premiers tomes et certaines longueurs commencent à se faire ressentir).
Tous les défauts microscopiques des filles
Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas lu l'une de ces BD de Jim et Fredman qu'on voyait partout dans les supermarchés il y a une vingtaine d'années. On les retrouve ici dans une formule qu'ils maîtrisaient bien, même si elle tournait un peu en rond et n'a jamais fait l'unanimité chez les lecteurs les plus exigeants. En le redécouvrant après tout ce temps, j'ai pu apprécier le dessin de Fredman : un trait généreux, pas avare en détails et en mises en scène, des couleurs vives, une gestuelle élastique, et des personnages expressifs. C'est propre, dynamique, et ça fonctionne bien. Côté scénario, Jim reprend le principe éprouvé de ses albums consacrés aux défauts des mecs, mais appliqué cette fois aux travers féminins, volontairement caricaturés. L'introduction est amusante : il explique avoir eu besoin d'une femme pour éviter la misogynie et, surtout, de lui faire décrire les défauts de ses copines plutôt que les siens. Par la suite, certaines idées fonctionnent, quelques portraits sont bien vus, mais l'ensemble repose largement sur des clichés déjà lus ailleurs. Rien de honteux, rien d'hilarant non plus, juste de quoi esquisser un sourire. A noter d'ailleurs que plusieurs personnalités et défauts évoqués pourraient tout aussi bien s'appliquer à des hommes. On retrouve la patte habituelle du duo : une qualité régulière, agréable, mais sans grande audace. Sur un album entier, la répétition se fait sentir et les gags reposent souvent sur des comportements volontairement exagérés. C'est un album qui se lit sans déplaisir, mais qui laisse une impression de déjà-vu.