Quand le bouquin (« petit » pavé de 288 pages…) nous arrive dans les mains, la première réaction est proche de l’émerveillement. Un titre intrigant (qui s’expliquera à la lecture), une couverture réussie, un beau travail éditorial de Steinkis, et un graphisme tout en explosion de couleurs, souvent proche de l’art pictural (évoquant David Hockney dont il revendique l’influence dans le récit).
Encore jeune dessinateur de trente ans et quelques, David Combet signe ici sa première œuvre (semi-autobiographique ?) en tant qu’auteur complet. La narration se déploie autour de deux axes narratifs parallèles : le quotidien d’artiste du jeune Pierre, natif des Alpes, écumant les soirées lyonnaises en quête de reconnaissance », et ses souvenirs d’enfance centrés sur les parties de chasse avec son père, qui visiblement ont laissé des traces peu confortables dans sa psyché d’artiste.
C'est ainsi que le lecteur va suivre Pierre enfant (« Caillou ») sous la houlette de papa et son collègue Edouard dans des randonnées alpines (en mode chasse-pêche-nature et tradition), où il se sentait écartelé entre son admiration pour la flore et la faune alpines et sa réticence d’avoir à empoigner un fusil pour viser des proies sous la pression du paternel. On devine que sa sensibilité d’artiste ne s’accordait guère avec les injonctions viriles et culpabilisantes d’un père (« tu seras un vrai bonhomme, mon fils, ou tu ne seras pas ») dont les certitudes vont se fissurer au fil du récit, en raison d'une mauvaise passe conjugale. Et ce passé amer continue à hanter sa vie d’adulte à Lyon (cette cité très plaisante que l’on reconnaît facilement à travers les nombreuses références graphiques) où l’on assiste aux errances du gamin devenu grand, décidé à vivre sa vie d’artiste gay dans l’anonymat de la grande ville, espérant pourquoi pas provoquer le début d’une carrière couronnée de succès… mais le poids d’une enfance brimée dans ses aspirations peut-il vraiment s’alléger dans un milieu où priment l’apparence et l’arrogance, bien symbolisées par le personnage de Simon Chevalier ?
Côté dessin, c’est un feu d’artifice sous le signe de l’arc-en-ciel – ce qui, vu la thématique, est pour le moins approprié… David Combet aime les couleurs, ça se voit et c’est joli quand on aime ça. La référence à David Hockney est explicite, et en effet, l’auteur a opté pour une approche très picturale. La représentation de Lyon et des paysages alpins est très plaisante, même si on sera peut-être un peu moins convaincu par les visages à l’expressivité très appuyée. Mais globalement, le rendu visuel est plaisant, et on sent une certaine gourmandise de la part de Combet à croquer la vie comme le monde environnant.
Quant au récit, il a clairement une fonction exutoire, celle d’évoquer les blessures morales de l’auteur, ce qu’il fait à travers le personnage de Pierre. On ressent également cette volonté d’être exhaustif, de représenter toute l’échelle des émotions chez ses personnages, qu’il s’agisse des visages et des postures. Cette particularité a pour inconvénient d’étirer la narration, ce qui donne lieu à quelques longueurs dont on ne saisit pas toujours la pertinence. On peut également regretter le traitement psychologique un peu superficiel des autres personnages, l’action étant centrée uniquement autour de Pierre.
En résumé, « La Mise à mort du tétras lyre » se lit comme la quête initiatique d’un homme, qu’il soit le double ou non de l’auteur, pour trouver les clés de sa libération et de son épanouissement. Avec ce récit très personnel et authentique, David Combet peut être satisfait du travail accompli, même si la narration, un rien inaboutie, aurait mérité davantage de rigueur. On ne peut nier qu’il y a chez lui un potentiel à raconter les choses, mais ce livre est peut-être arrivé un peu tôt. L’impression finale est d’avoir dégusté un vin un peu jeune qui n’aurait pas eu le temps de vieillir.
Hors les murs est une bande dessinée publiée par la Réunion des Musées Nationaux, issue d'une collaboration entre le musée du Grand Palais, une vingtaine de commissaires, conservateurs et artistes, le Centre pénitentiaire Sud Francilien, et plusieurs détenus volontaires. Ensemble, ils ont imaginé une exposition artistique au sein même de la prison. Sous la direction d'un commissaire d'exposition, un comité de détenus a choisi les œuvres à présenter et défini le message qu'ils souhaitaient transmettre : celui du voyage et de l'ouverture sur le monde, en contraste avec leur enfermement. Le projet s'est accompagné de rencontres avec des artistes, conférenciers et restaurateurs venus partager leurs savoirs sur l'art et le fonctionnement des musées.
Cendrine Borzycki, invitée à assister à plusieurs de ces séances, en a tiré ce récit documentaire. Elle y montre que la culture peut franchir les murs, tout en dévoilant les coulisses concrètes d'une exposition, bien loin de la simple installation de tableaux.
L'ouvrage se veut avant tout instructif. Il documente à la fois le milieu carcéral, la démarche muséale et l'état d'esprit des participants. Le dessin de Borzycki, proche du croquis, privilégie la spontanéité à la virtuosité. Son trait simple et ses teintes sobres confèrent à l'ensemble une élégance discrète, mais le graphisme peut paraître sommaire. En revanche, la lecture reste fluide et les dialogues, vivants, donnent de l'épaisseur aux détenus, souvent curieux et réfléchis. Ils rappellent d'ailleurs eux-mêmes qu'ils ne représentent qu'une minorité : la plupart des prisonniers n'ont montré aucun intérêt pour le projet, et ceux-là ne figurent pas dans le livre.
Malgré son intérêt documentaire, le récit perd un peu de souffle après son introduction. Les comptes rendus de réunions et les visites de musées manquent de dynamisme, et la frustration s'accentue lorsque l'exposition finale n'est jamais montrée. La bande dessinée se conclut en renvoyant à une page web que je n'ai pas trouvée, sans doute disparue il y a quelques années, laissant le lecteur sans image du résultat si ce n'est quelques planches de la BD montrant les prototypes visuels de ce à quoi elle pourrait ressembler lors de sa préparation.
Hors les murs est un témoignage sincère et instructif sur la rencontre entre art et détention, mais dont la lecture reste un peu aride et inachevée. Une belle idée, plus enrichissante que réellement captivante.
Note : 2.5/5
Au sortir de ce tome introductif, je ne sais pas trop quoi penser.
D’abord parce que certaines choses m’ont clairement échappé, des passages sont restés obscurs, comme l’histoire elle-même. Je ne sais pas où elle va nous mener, si le polar, un certain fantastique ésotérique vont prendre le dessus.
Pour le moment, Nury est aussi mystérieux que son personnage principal, auteur putatif d’un livre que quasiment personne n’a lu ou vu, mais qui attire les convoitises, jusqu’aux producteurs vénaux d’Hollywood (au passage Nury caricature – à peine – les techniques marketing et publicitaires, avec un passage savoureux lorsque deux producteurs envisagent leur campagne de lancement de l’adaptation du bouquin – qu’ils n’ont pourtant pas lu !).
Du coup, entre ces mystères entretenus et les passages un peu obscurs (le rôle du clébard, les digressions religieuses, etc.), je reste pour le moment réservé.
Mais la lecture n’en a pas pour autant été désagréable, en grande partie grâce au travail graphique de Brüno. En effet, je trouve que son dessin se bonifie avec le temps. Toujours aussi épuré, le rendu est ici très chouette.
A voir donc ce que ça donnera par la suite.
Le Jour du Marché du même auteur m’avait clairement laissé sur ma faim. Je me réconcilie un peu avec lui avec cet album qui, sans être hyper emballant, se révèle quand même plaisant à lire, vraiment plus intéressant.
Déjà le format à l’italienne et plus globalement le travail éditorial de Delcourt me conviennent, c’est un format que j’apprécie, et qui est adapté au récit, dans lequel nous suivons durant quelques semaines (mais des flash-backs densifient le récit et l’étendent) la vie de Mark.
Mark, qui se débat alors que sa vie se délite, alors que tout s’éparpille auteur de lui, alors que ses certitudes se fragilisent. Son couple périclite et le divorce s’annonce – de moins en moins à l’amiable. Au niveau boulot ça ne va pas mieux, il est escroqué par son patron. Il se débat en tant que nouveau célibataire avec ses enfants lorsqu’il en a la garde, alors que sa mère souffre d’un cancer. En arrière-plan, les incertitudes se multiplient aussi, nous sommes en pleine campagne électorale, entre Hillary Clinton et Donald Trump…
Le récit est traité de façon légère, doux-amer, sans surjouer empathie ou trop impliquer le lecteur, observateur décalé du verni qui craque. Les personnages animaliers et la colorisation usant de divers gris plutôt ternes accentuent une certaine langueur, une certaine tristesse, jusqu’aux dernières cases, où l’optimisme semble vouloir retenter sa chance.
Voilà un album délicat, accessible aux plus jeunes, distillant progressivement sa touchante émotion.
Autour d'un propos écolo sur la réouverture au monde, aux autres, l'auteur développe une non-intrigue : des promenades dans la forêt permettant de prendre le temps d'observer la faune sauvage, le ciel, d'entendre cette vie fragile que nos sociétés connectées et individualisées oublient.
On découvre peu à peu une relation mère-fille emplie de silences, mais non-dénuée d'attentions ; la thématique du deuil s'invite alors et donne de l'ampleur à l'ensemble.
Avec son format à l'italienne, son noir et blanc teinté de brun, la rareté du texte, un style à la lisière du manga et de la ligne claire, un découpage "façon storyplay" de cinéma, cette manière occasionnellement de créer du mouvement en démultipliant les personnages sur une même case, associé à un crescendo narratif plutôt réussi, l'auteur parvient à déployer une histoire dramatique et pleine d'espoir qui étonnamment nous fait passer de l'anecdotique aux douleurs intimes les plus belles.
Surprenant de constater combien l'indéniable maladresse des ficelles narratives et dialogues aboutit à un sentiment général de délicatesse poétique.
Beau comme un bébé qui pleure.
Edition soignée, grand format carré, couverture élégante, cet album attire indéniablement le regard. Les Sentiers d'Anahuac retrace un pan de la civilisation aztèque et sa colonisation par les espagnols.
Commençons par souligner le travail graphique très intéressant. Le style est à la fois simple et précis, les personnages sont soignés et très reconnaissables. Les pages ne sont pas surchargées mais pourtant elles contiennent beaucoup d'informations et de détails. L'utilisation de la couleur avec parcimonie met l'accent sur des petits éléments par ci par là. C'est très esthétique.
Mais ce qui est plus réussi encore c'est le découpage des planches. On sort régulièrement du traditionnel gaufrier, avec des dessins pleines pages qui représentent pourtant un enchainement que d'autres dessinateurs auraient découpé en cases successives. Ces mises en pages sont très esthétiques et en plus c'est toujours fluide, lisible et compréhensible. Visuellement c'est du beau boulot et l'album est très agréable.
Sur le contenu, nous avons un récit très historique. Il retrace une civilisation, découverte par le prisme d'un jeune novice, né juste après la colonisation. Le jeune Antonio aide un missionnaire à traduire et écrire l'histoire. Il y est question de croyance, de dieux anciens, d'évangélisation par les colons qui font la chasse aux croyances anciennes qui façonnaient la civilisation aztèque. On apprend tout ça au travers du regard du jeune Antonio. C'est une quête qui va durer des décennies qui est relaté dans cet album. Tout cela est très bien documenté, très précis. Si le propos est globalement intéressant, il a eu du mal à me passionner sur la longueur de l'album. L'usage de termes nahuatl est omniprésent. Il peut y avoir des phrases avec 3 ou 4 mots issus de cette langue. Il y a bien un glossaire complet en fin d'album mais c'est un peu fastidieux de s'y référer toutes les pages.
Dessin et colorisation sont surprenants, et a priori pas forcément ma tasse de thé. Mais je m’y suis rapidement fait, au point qu’au bout d’un moment ils ont presque formé l’attrait principal de cet album.
Des couleurs tapantes donc, presque psychédéliques, avec un dessin pas toujours facile à déchiffrer, mais qui est dynamique.
L’histoire se laisse lire. Par les outrances mises en avant, elle dénonce la surveillance généralisée de la population via les moyens techniques modernes, une certaine forme de dictature, et les médias diffusant sous forme de surenchère comme si c’était un jeu télévisé (un peu de « Le prix du danger » ici).
Comme je l’ai dit, ça se laisse lire, mais j’en suis quand même sorti moins enthousiaste que mes prédécesseurs. Du pas mal sans plus me concernant, même si je reconnais une certaine originalité graphique.
En 1971, un braqueur intrépide pirate un avion US et s'enfuit en parachute avec un joli pactole. La police ne le retrouvera jamais ...
Pour nous, Cornette et Garreta imaginent la suite, celle que même le FBI ne connait pas.
Pour le scénario du Dernier vol de Dan Cooper, le belge Jean-Luc Cornette s'est emparé de l'histoire totalement vraie mais complètement folle d'un pirate de l'air étasunien qui en 1971 prend un avion de ligne en otage : il empoche 200.000 $, fait redécoller l'appareil et saute en parachute en plein ciel, façon Tom Cruise. Un braquage plutôt original.
L'animal se faisait appeler Dan Cooper : un pseudo tiré d'une BD canadienne en vogue dans les années 50-60. Il ne sera jamais retrouvé même si le FBI n'abandonne les recherches qu'en 2016.
Plusieurs imitateurs tenteront des braquages identiques au fil des années, mais tous seront attrapés ou abattus : le mystérieux Dan Cooper est le seul qui, sans doute, profita de son magot.
Les dessins sont de Renaud Garreta, un garçon qui aime bien les voitures (Sébastien Loeb), les bateaux (Fastnet) et les avions (Tanguy et Laverdure) !
Le canevas et les personnages :
La première partie de l'album reconstitue le braquage et le détournement de l'avion : Cornette imagine même une complice au mystérieux Dan Cooper, une jolie blonde.
Après le fameux saut en parachute, le scénario invente une suite aux aventures de Dan Cooper : qu'est-il devenu ? a-t-il retrouvé sa complice ? coule-t-il des jours heureux au Mexique ?
Vous le découvrirez bientôt en exclusivité, même le FBI ne le sait pas !
Le détournement d'avion de la première partie donne une histoire assez bluffante, on a du mal à réaliser qu'il s'agit d'une histoire vraie. La suite imaginée par les auteurs réservent quelques surprises, au lecteur comme à Dan Cooper, jusqu'à une fin qui laisse planer encore quelques mystères.
Côté dessins, c'est peu la déception : le trait assez classique de Garreta reste dans l'esprit d'une BD comme Insiders, mais les visages nous ont semblé beaucoup moins précis, parfois grossiers en arrière-plan. Ce crayon rapide, cet aspect un peu brouillon, est peut-être là pour rappeler les anciens albums de Dan Cooper mais cela ne convient plus trop à nos grilles de lecture d'aujourd'hui.
2.5
Un album qui regroupe trois histoires se passant dans le même monde.
Le résultat est pas trop mal, mais les scénarios m'ont laissé sur ma faim. Puis j'ai lu que ça sert de mise en place pour un film d'animation qui apparemment va se faire et ça explique tout. Les récits sont un survol d'un univers qui a le potentiel d'être très riche, d'où une certaine frustration d'en vouloir plus. Le ton est très influencé par les films de Miyazaki, avec notamment l'importance de l'environnement. Le dessin est très bon et me faisait penser à un storyboard et maintenant que j'ai appris qu'on veut faire de ce monde un film, ça explique tout.
Au final, c'est pas mauvais, mais trop peu marquant ou passionnant pour que je recommande la lecture. Ça se laisse lire sans problème et comme je l'ai écrit les illustrations sont jolies, mais c'est à peu près tout.
2.5
Akata présente ce manga comme ambitieux et pour l'instant je ne sais pas trop quoi en penser.
Il faut dire que pour l'instant je n'ai lu que deux des trois tomes parus en français et que le premier tome est une très longue introduction au rythme trop lent. Ce n'est pas trop grave lorsque c'est pour expliquer ce qui est arrivé au Japon pour que la société s'effondre, mais l'histoire personnel du héros est cliché pour n'importe qui ayant lu une œuvre se passant dans un monde post-apocalyptique. Le héros essai de vivre sa vie tranquille avec sa femme sauf que ceux qui ont du pouvoir en abuse et grosse surprise sa femme finit tuer de manière injuste (bon j'avoue que j'ai été surprise qu'elle ne se fasse pas en prime violer de manière gratuite juste pour qu'on comprenne bien que la vie est pas juste). Cela le motive à vouloir changer les choses et pour l'instant sa quête ne me passionne pas trop et je ne pense pas que j'ai envie de continuer de lire la série pour voir si je vais changer d'avis.
Le dessin est correct.
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La Mise à mort du tétras lyre
Quand le bouquin (« petit » pavé de 288 pages…) nous arrive dans les mains, la première réaction est proche de l’émerveillement. Un titre intrigant (qui s’expliquera à la lecture), une couverture réussie, un beau travail éditorial de Steinkis, et un graphisme tout en explosion de couleurs, souvent proche de l’art pictural (évoquant David Hockney dont il revendique l’influence dans le récit). Encore jeune dessinateur de trente ans et quelques, David Combet signe ici sa première œuvre (semi-autobiographique ?) en tant qu’auteur complet. La narration se déploie autour de deux axes narratifs parallèles : le quotidien d’artiste du jeune Pierre, natif des Alpes, écumant les soirées lyonnaises en quête de reconnaissance », et ses souvenirs d’enfance centrés sur les parties de chasse avec son père, qui visiblement ont laissé des traces peu confortables dans sa psyché d’artiste. C'est ainsi que le lecteur va suivre Pierre enfant (« Caillou ») sous la houlette de papa et son collègue Edouard dans des randonnées alpines (en mode chasse-pêche-nature et tradition), où il se sentait écartelé entre son admiration pour la flore et la faune alpines et sa réticence d’avoir à empoigner un fusil pour viser des proies sous la pression du paternel. On devine que sa sensibilité d’artiste ne s’accordait guère avec les injonctions viriles et culpabilisantes d’un père (« tu seras un vrai bonhomme, mon fils, ou tu ne seras pas ») dont les certitudes vont se fissurer au fil du récit, en raison d'une mauvaise passe conjugale. Et ce passé amer continue à hanter sa vie d’adulte à Lyon (cette cité très plaisante que l’on reconnaît facilement à travers les nombreuses références graphiques) où l’on assiste aux errances du gamin devenu grand, décidé à vivre sa vie d’artiste gay dans l’anonymat de la grande ville, espérant pourquoi pas provoquer le début d’une carrière couronnée de succès… mais le poids d’une enfance brimée dans ses aspirations peut-il vraiment s’alléger dans un milieu où priment l’apparence et l’arrogance, bien symbolisées par le personnage de Simon Chevalier ? Côté dessin, c’est un feu d’artifice sous le signe de l’arc-en-ciel – ce qui, vu la thématique, est pour le moins approprié… David Combet aime les couleurs, ça se voit et c’est joli quand on aime ça. La référence à David Hockney est explicite, et en effet, l’auteur a opté pour une approche très picturale. La représentation de Lyon et des paysages alpins est très plaisante, même si on sera peut-être un peu moins convaincu par les visages à l’expressivité très appuyée. Mais globalement, le rendu visuel est plaisant, et on sent une certaine gourmandise de la part de Combet à croquer la vie comme le monde environnant. Quant au récit, il a clairement une fonction exutoire, celle d’évoquer les blessures morales de l’auteur, ce qu’il fait à travers le personnage de Pierre. On ressent également cette volonté d’être exhaustif, de représenter toute l’échelle des émotions chez ses personnages, qu’il s’agisse des visages et des postures. Cette particularité a pour inconvénient d’étirer la narration, ce qui donne lieu à quelques longueurs dont on ne saisit pas toujours la pertinence. On peut également regretter le traitement psychologique un peu superficiel des autres personnages, l’action étant centrée uniquement autour de Pierre. En résumé, « La Mise à mort du tétras lyre » se lit comme la quête initiatique d’un homme, qu’il soit le double ou non de l’auteur, pour trouver les clés de sa libération et de son épanouissement. Avec ce récit très personnel et authentique, David Combet peut être satisfait du travail accompli, même si la narration, un rien inaboutie, aurait mérité davantage de rigueur. On ne peut nier qu’il y a chez lui un potentiel à raconter les choses, mais ce livre est peut-être arrivé un peu tôt. L’impression finale est d’avoir dégusté un vin un peu jeune qui n’aurait pas eu le temps de vieillir.
Hors les murs - Journal d'un voyage immobile
Hors les murs est une bande dessinée publiée par la Réunion des Musées Nationaux, issue d'une collaboration entre le musée du Grand Palais, une vingtaine de commissaires, conservateurs et artistes, le Centre pénitentiaire Sud Francilien, et plusieurs détenus volontaires. Ensemble, ils ont imaginé une exposition artistique au sein même de la prison. Sous la direction d'un commissaire d'exposition, un comité de détenus a choisi les œuvres à présenter et défini le message qu'ils souhaitaient transmettre : celui du voyage et de l'ouverture sur le monde, en contraste avec leur enfermement. Le projet s'est accompagné de rencontres avec des artistes, conférenciers et restaurateurs venus partager leurs savoirs sur l'art et le fonctionnement des musées. Cendrine Borzycki, invitée à assister à plusieurs de ces séances, en a tiré ce récit documentaire. Elle y montre que la culture peut franchir les murs, tout en dévoilant les coulisses concrètes d'une exposition, bien loin de la simple installation de tableaux. L'ouvrage se veut avant tout instructif. Il documente à la fois le milieu carcéral, la démarche muséale et l'état d'esprit des participants. Le dessin de Borzycki, proche du croquis, privilégie la spontanéité à la virtuosité. Son trait simple et ses teintes sobres confèrent à l'ensemble une élégance discrète, mais le graphisme peut paraître sommaire. En revanche, la lecture reste fluide et les dialogues, vivants, donnent de l'épaisseur aux détenus, souvent curieux et réfléchis. Ils rappellent d'ailleurs eux-mêmes qu'ils ne représentent qu'une minorité : la plupart des prisonniers n'ont montré aucun intérêt pour le projet, et ceux-là ne figurent pas dans le livre. Malgré son intérêt documentaire, le récit perd un peu de souffle après son introduction. Les comptes rendus de réunions et les visites de musées manquent de dynamisme, et la frustration s'accentue lorsque l'exposition finale n'est jamais montrée. La bande dessinée se conclut en renvoyant à une page web que je n'ai pas trouvée, sans doute disparue il y a quelques années, laissant le lecteur sans image du résultat si ce n'est quelques planches de la BD montrant les prototypes visuels de ce à quoi elle pourrait ressembler lors de sa préparation. Hors les murs est un témoignage sincère et instructif sur la rencontre entre art et détention, mais dont la lecture reste un peu aride et inachevée. Une belle idée, plus enrichissante que réellement captivante. Note : 2.5/5
Electric Miles
Au sortir de ce tome introductif, je ne sais pas trop quoi penser. D’abord parce que certaines choses m’ont clairement échappé, des passages sont restés obscurs, comme l’histoire elle-même. Je ne sais pas où elle va nous mener, si le polar, un certain fantastique ésotérique vont prendre le dessus. Pour le moment, Nury est aussi mystérieux que son personnage principal, auteur putatif d’un livre que quasiment personne n’a lu ou vu, mais qui attire les convoitises, jusqu’aux producteurs vénaux d’Hollywood (au passage Nury caricature – à peine – les techniques marketing et publicitaires, avec un passage savoureux lorsque deux producteurs envisagent leur campagne de lancement de l’adaptation du bouquin – qu’ils n’ont pourtant pas lu !). Du coup, entre ces mystères entretenus et les passages un peu obscurs (le rôle du clébard, les digressions religieuses, etc.), je reste pour le moment réservé. Mais la lecture n’en a pas pour autant été désagréable, en grande partie grâce au travail graphique de Brüno. En effet, je trouve que son dessin se bonifie avec le temps. Toujours aussi épuré, le rendu est ici très chouette. A voir donc ce que ça donnera par la suite.
Hors-saison
Le Jour du Marché du même auteur m’avait clairement laissé sur ma faim. Je me réconcilie un peu avec lui avec cet album qui, sans être hyper emballant, se révèle quand même plaisant à lire, vraiment plus intéressant. Déjà le format à l’italienne et plus globalement le travail éditorial de Delcourt me conviennent, c’est un format que j’apprécie, et qui est adapté au récit, dans lequel nous suivons durant quelques semaines (mais des flash-backs densifient le récit et l’étendent) la vie de Mark. Mark, qui se débat alors que sa vie se délite, alors que tout s’éparpille auteur de lui, alors que ses certitudes se fragilisent. Son couple périclite et le divorce s’annonce – de moins en moins à l’amiable. Au niveau boulot ça ne va pas mieux, il est escroqué par son patron. Il se débat en tant que nouveau célibataire avec ses enfants lorsqu’il en a la garde, alors que sa mère souffre d’un cancer. En arrière-plan, les incertitudes se multiplient aussi, nous sommes en pleine campagne électorale, entre Hillary Clinton et Donald Trump… Le récit est traité de façon légère, doux-amer, sans surjouer empathie ou trop impliquer le lecteur, observateur décalé du verni qui craque. Les personnages animaliers et la colorisation usant de divers gris plutôt ternes accentuent une certaine langueur, une certaine tristesse, jusqu’aux dernières cases, où l’optimisme semble vouloir retenter sa chance.
Murmures des sous-bois
Voilà un album délicat, accessible aux plus jeunes, distillant progressivement sa touchante émotion. Autour d'un propos écolo sur la réouverture au monde, aux autres, l'auteur développe une non-intrigue : des promenades dans la forêt permettant de prendre le temps d'observer la faune sauvage, le ciel, d'entendre cette vie fragile que nos sociétés connectées et individualisées oublient. On découvre peu à peu une relation mère-fille emplie de silences, mais non-dénuée d'attentions ; la thématique du deuil s'invite alors et donne de l'ampleur à l'ensemble. Avec son format à l'italienne, son noir et blanc teinté de brun, la rareté du texte, un style à la lisière du manga et de la ligne claire, un découpage "façon storyplay" de cinéma, cette manière occasionnellement de créer du mouvement en démultipliant les personnages sur une même case, associé à un crescendo narratif plutôt réussi, l'auteur parvient à déployer une histoire dramatique et pleine d'espoir qui étonnamment nous fait passer de l'anecdotique aux douleurs intimes les plus belles. Surprenant de constater combien l'indéniable maladresse des ficelles narratives et dialogues aboutit à un sentiment général de délicatesse poétique. Beau comme un bébé qui pleure.
Les Sentiers d'Anahuac
Edition soignée, grand format carré, couverture élégante, cet album attire indéniablement le regard. Les Sentiers d'Anahuac retrace un pan de la civilisation aztèque et sa colonisation par les espagnols. Commençons par souligner le travail graphique très intéressant. Le style est à la fois simple et précis, les personnages sont soignés et très reconnaissables. Les pages ne sont pas surchargées mais pourtant elles contiennent beaucoup d'informations et de détails. L'utilisation de la couleur avec parcimonie met l'accent sur des petits éléments par ci par là. C'est très esthétique. Mais ce qui est plus réussi encore c'est le découpage des planches. On sort régulièrement du traditionnel gaufrier, avec des dessins pleines pages qui représentent pourtant un enchainement que d'autres dessinateurs auraient découpé en cases successives. Ces mises en pages sont très esthétiques et en plus c'est toujours fluide, lisible et compréhensible. Visuellement c'est du beau boulot et l'album est très agréable. Sur le contenu, nous avons un récit très historique. Il retrace une civilisation, découverte par le prisme d'un jeune novice, né juste après la colonisation. Le jeune Antonio aide un missionnaire à traduire et écrire l'histoire. Il y est question de croyance, de dieux anciens, d'évangélisation par les colons qui font la chasse aux croyances anciennes qui façonnaient la civilisation aztèque. On apprend tout ça au travers du regard du jeune Antonio. C'est une quête qui va durer des décennies qui est relaté dans cet album. Tout cela est très bien documenté, très précis. Si le propos est globalement intéressant, il a eu du mal à me passionner sur la longueur de l'album. L'usage de termes nahuatl est omniprésent. Il peut y avoir des phrases avec 3 ou 4 mots issus de cette langue. Il y a bien un glossaire complet en fin d'album mais c'est un peu fastidieux de s'y référer toutes les pages.
The New World
Dessin et colorisation sont surprenants, et a priori pas forcément ma tasse de thé. Mais je m’y suis rapidement fait, au point qu’au bout d’un moment ils ont presque formé l’attrait principal de cet album. Des couleurs tapantes donc, presque psychédéliques, avec un dessin pas toujours facile à déchiffrer, mais qui est dynamique. L’histoire se laisse lire. Par les outrances mises en avant, elle dénonce la surveillance généralisée de la population via les moyens techniques modernes, une certaine forme de dictature, et les médias diffusant sous forme de surenchère comme si c’était un jeu télévisé (un peu de « Le prix du danger » ici). Comme je l’ai dit, ça se laisse lire, mais j’en suis quand même sorti moins enthousiaste que mes prédécesseurs. Du pas mal sans plus me concernant, même si je reconnais une certaine originalité graphique.
Le Dernier Vol de Dan Cooper
En 1971, un braqueur intrépide pirate un avion US et s'enfuit en parachute avec un joli pactole. La police ne le retrouvera jamais ... Pour nous, Cornette et Garreta imaginent la suite, celle que même le FBI ne connait pas. Pour le scénario du Dernier vol de Dan Cooper, le belge Jean-Luc Cornette s'est emparé de l'histoire totalement vraie mais complètement folle d'un pirate de l'air étasunien qui en 1971 prend un avion de ligne en otage : il empoche 200.000 $, fait redécoller l'appareil et saute en parachute en plein ciel, façon Tom Cruise. Un braquage plutôt original. L'animal se faisait appeler Dan Cooper : un pseudo tiré d'une BD canadienne en vogue dans les années 50-60. Il ne sera jamais retrouvé même si le FBI n'abandonne les recherches qu'en 2016. Plusieurs imitateurs tenteront des braquages identiques au fil des années, mais tous seront attrapés ou abattus : le mystérieux Dan Cooper est le seul qui, sans doute, profita de son magot. Les dessins sont de Renaud Garreta, un garçon qui aime bien les voitures (Sébastien Loeb), les bateaux (Fastnet) et les avions (Tanguy et Laverdure) ! Le canevas et les personnages : La première partie de l'album reconstitue le braquage et le détournement de l'avion : Cornette imagine même une complice au mystérieux Dan Cooper, une jolie blonde. Après le fameux saut en parachute, le scénario invente une suite aux aventures de Dan Cooper : qu'est-il devenu ? a-t-il retrouvé sa complice ? coule-t-il des jours heureux au Mexique ? Vous le découvrirez bientôt en exclusivité, même le FBI ne le sait pas ! Le détournement d'avion de la première partie donne une histoire assez bluffante, on a du mal à réaliser qu'il s'agit d'une histoire vraie. La suite imaginée par les auteurs réservent quelques surprises, au lecteur comme à Dan Cooper, jusqu'à une fin qui laisse planer encore quelques mystères. Côté dessins, c'est peu la déception : le trait assez classique de Garreta reste dans l'esprit d'une BD comme Insiders, mais les visages nous ont semblé beaucoup moins précis, parfois grossiers en arrière-plan. Ce crayon rapide, cet aspect un peu brouillon, est peut-être là pour rappeler les anciens albums de Dan Cooper mais cela ne convient plus trop à nos grilles de lecture d'aujourd'hui.
Chroniques de l'île de l'éphémère
2.5 Un album qui regroupe trois histoires se passant dans le même monde. Le résultat est pas trop mal, mais les scénarios m'ont laissé sur ma faim. Puis j'ai lu que ça sert de mise en place pour un film d'animation qui apparemment va se faire et ça explique tout. Les récits sont un survol d'un univers qui a le potentiel d'être très riche, d'où une certaine frustration d'en vouloir plus. Le ton est très influencé par les films de Miyazaki, avec notamment l'importance de l'environnement. Le dessin est très bon et me faisait penser à un storyboard et maintenant que j'ai appris qu'on veut faire de ce monde un film, ça explique tout. Au final, c'est pas mauvais, mais trop peu marquant ou passionnant pour que je recommande la lecture. Ça se laisse lire sans problème et comme je l'ai écrit les illustrations sont jolies, mais c'est à peu près tout.
Les Nations du Soleil sanglant
2.5 Akata présente ce manga comme ambitieux et pour l'instant je ne sais pas trop quoi en penser. Il faut dire que pour l'instant je n'ai lu que deux des trois tomes parus en français et que le premier tome est une très longue introduction au rythme trop lent. Ce n'est pas trop grave lorsque c'est pour expliquer ce qui est arrivé au Japon pour que la société s'effondre, mais l'histoire personnel du héros est cliché pour n'importe qui ayant lu une œuvre se passant dans un monde post-apocalyptique. Le héros essai de vivre sa vie tranquille avec sa femme sauf que ceux qui ont du pouvoir en abuse et grosse surprise sa femme finit tuer de manière injuste (bon j'avoue que j'ai été surprise qu'elle ne se fasse pas en prime violer de manière gratuite juste pour qu'on comprenne bien que la vie est pas juste). Cela le motive à vouloir changer les choses et pour l'instant sa quête ne me passionne pas trop et je ne pense pas que j'ai envie de continuer de lire la série pour voir si je vais changer d'avis. Le dessin est correct.