Je ne sais trop quoi penser de cet album, que j’ai trouvé vraiment déroutant.
Le dessin tout d’abord, avec des personnages animaliers, des décors au rendu souvent hyper réaliste (même si finalement il y en a peu), est plutôt intrigant. Et un personnage dont on ne voit pas le visage, caché qu’il est par des bandelettes. En tout cas j’ai vraiment bien aimé l’aspect graphique.
Déroutant aussi le texte en appoint des images. Un texte qui a des allures de long poème triste, qui serait déclamé par le héros, notre chat au visage de momie.
Déroutante enfin la construction de l’album. Aucune bulle, mais un texte mis à côté des images. Parfois même plusieurs pages avec uniquement du texte, puis de longues séquences avec seulement des images.
Du coup je sors avec un ressenti mitigé de cette lecture. Le dessin est plutôt agréable, le texte pas inintéressant, mais le mélange des deux m’a un peu laissé sur ma faim. Publié avec le label d’Amnesty International, j’imagine qu’on a là une sorte d’allégorie de tous les régimes dictatoriaux (ici des chiens qui menacent et traquent parfois de façon indiscriminé les chats, des balles qui fusent, des explosions qui menacent), mais le message est soit trop « simple », soit trop abstrait.
En fait la beauté poétique de certains passages anesthésie plutôt la violence semble-t-il dénoncée par le récit, qui perd en intelligibilité ce qu’il a gagné en poésie. Le « message » s’est perdu quelque part.
Pas mal de qualités dans cet album, même si au final je resterai sur trois étoiles (note réelle 3,5/5).
Le travail de De Metter tout d’abord, avec son dessin toujours agréable à l’œil, et qui retranscrit bien l’époque – que ce soit en France ou en Indochine. Du bon boulot, plaisant et dynamique.
Je ne connais pas le roman de Lemaitre, mais l’adaptation en donne quelque chose là aussi agréable à suivre, bien huilé au niveau de l’intrigue – ou des intrigues qui s’emboîtent.
La description de la déliquescence coloniale en Indochine, des magouilles dont tout le monde profite (colons bien placés comme Indochinois bien renseignés – y compris les Viet-Minh d’ailleurs), au détriment des caisses de l’Etat colonisateur, est assez bien vue et pleine d’ironie. Une ironie, une certaine noirceur, un côté grinçant qui percent aussi dans les relations familiales des Pelletier (surtout pour le couple formé par « Bouboule » et sa femme assez cynique). Les deux niveaux de l’histoire se retrouvent et la mécanique, qui ménage des surprises, fonctionne bien pour le lecteur.
Mais la fin m’a déçu. Comme si, tout s’éclairant, on se débarrassait brusquement de questions encombrantes. Et il reste des questions donc (et quelques facilités – comme la façon dont Bouboule échappe à ses responsabilités après le meurtre dans le cinéma).
Mais bon, ça reste un album qi plaira aux amateurs de polar ancré dans l’histoire de l’immédiat après-guerre.
Lumumba est un personnage quasi mythique pour qui s’intéresse à la période charnière des décolonisations d’après-guerre, particulièrement dans cette Afrique centrale, véritable panier de crabes.
Cet album permet de faire connaitre ce personnage, mais j’en suis sorti un chouia sur ma faim.
En effet, j’ai eu l’impression – sans que je puisse forcément en formuler toutes les raisons – que tout ce que j’attendais n’avait pas été évoqué ici.
La narration, la personnalité de Lumumba sont ici un peu trop mollassonnes je trouve. Et le final, avec les magouilles post-coloniales des Belges (et plus généralement des Américains/occidentaux, avec la complicité de l’ONU qui leur est acquise), pour garder le contrôle des richesses du nouveau Congo via la sécession du Katanga (Mobutu apparait sur la fin) aurait sans doute mérité d’être étoffé.
Mais bon, l’album a le mérite de remettre en lumière une personne qui a été au cœur – peu de temps il est vrai – des luttes anticoloniales, et qui s’est peu à peu mué en leader du « Tiers -monde », presque à son corps défendant, avant d’être assassiné (je connaissais l’anecdote de la dent pour en avoir entendu parler il y a quelques années et aussi avoir lu un article sur Lumumba dans le Monde diplomatique).
Le dessin est honnête sans plus. L'histoire est par contre très intéressante. Et moi, j'aime bien la personnalité de la joueuse de tennis ! Elle aime ce sport, elle aime gagner : c'est merveilleux, aimer quelque chose ouvre sur le monde, gagner une façon de progresser. Elle est femme et elle est noire : autant dire qu'elle cumule les handicaps. Et alors ? Elle va courageusement de l'avant. Mais cela ne lui donne aucune obligation de se faire le porte-voix des femmes et des Noirs, ce qu'elle n'a pas été, si je me souviens bien d'une BD qui me fait penser ne pas avoir parfaitement exploité le potentiel du personnage. Où voit-on les efforts du personnage, le mépris des Blancs ? Tout cela est d'un plat.
Pour reprendre ma plaidoirie de l'individualiste…. De toute façon, qu'on le veuille ou non, quand on réussit, on devient un exemple, une figure de proue, qui fait avancer les choses… En plus, personne ne demande aux activistes de s'illustrer dans quelque domaine, alors, est-il juste de demander aux meilleurs dans leur partie d'être activiste ? Quelle drôle d'idée que cette sorte de taxe sur les talents ! Comme si être femme, Noir, et tant qu'on y est, handicapé, homosexuel ou tout autre caractéristique peu intégré par la société devait d'abord plomber face à la société globale, et en plus, river à ses compagnons de chaîne ! La dame, elle, aspirait à jouer au tennis, dans cet espace où dès que vous y pénétrez, les règles sont les mêmes pour tous, qui développe le corps, mais aussi l'esprit, étant donné qu'on y suit une stratégie. Par ce dispositif, comme le dis Caillois, les jeux développent les qualités des participants et des spectateurs. J'ajouterais même qu'ils luttent, cerise imprévue sur le gâteau, contre les préjugés. Cependant, être dans cet espace particulier attire les personnes non pressées de rester dans une société aux règles souvent moins pures, et ne prédispose pas à lutter contre même si on trouve des exceptions…. Par contre, ces espaces sont par le fait des attracteurs d'excellence dans les joueurs aussi bien que chez les spectateurs.
Un manga assez étonnant parce qu'il traite de son sujet, une femme qui pense que son mari la trompe, de manière réaliste.
On va donc suivre les interrogations de la pauvre héroïne qui ne sait pas quoi faire. Au travers de son histoire et celle de son mari, on va aussi voir des problèmes d'autres couples... En effet, la vie n'est pas facile dans ce Japon qui aime bien mettre les gens dans des cases bien définies et c'est dur d'être femme au foyer (quoique l'héroïne a un travail à temps partiel, n'ayant pas encore d'enfants) ou employé dans une grande entreprise. Le ton est réaliste ou du moins tout semble crédible. Le scénario n'est pas aussi cousu de fil blanc qu'il semble au premier abord et il y a des bonnes surprises. L'héroïne est attachante.
Malgré tout, je trouve qu'il y a des défauts dans le scénario. Le pire étant qu'après avoir vu le point de vue de l'héroïne pendant plusieurs tomes, on va voir la version des faits du point de vue du mari pendant 2 tomes et on apprend rien de vraiment nouveau après toutes les grosses révélations du tome 4. Il y a quelques moments sympas, mais globalement j'ai eu l'impression que je perdais mon temps et que cela ralentissait inutilement le scénario. Il y a aussi le personnage de l'étudiant qui travaille avec l'héroïne que je trouve assez énervant. En fait, j'ai trouvé que c'était une bonne série dramatique, mais pas au point de trouver cela passionnant à lire.
Quant au dessin, c'est typiquement le genre de dessin qu'on retrouve dans ce genre de mangas pour femmes (quoique c'est paru dans un appli qui ne semble pas destinée à un seul sexe). C'est pas mal et ça va bien pour ce type de récit.
Étrange BD, touchante et singulière par son honnêteté dans le rapport qu'une femme entretient avec elle-même et son corps suite à un accouchement.
Cette BD est sur le post-partum, cette dépression qui intervient suite à l'accouchement et touche beaucoup de femmes qui ont du mal à se reconnaitre suite à un évènement aussi violent (parfois traumatique). J'avais déjà eu quelques échos de ce que ça a pu être pour certaines, et je suis surpris que ce soit la première fois que je le vois en BD. C'est bien raconté et parfois chargé en émotion, notamment les moments où la protagoniste se sent détachée de tout jusqu'à avoir envie d'une remplaçante pour son enfant. C'est dur mais réaliste dans le ton, non voyeuriste et sans artifices sur le ressenti.
La BD est cependant un peu limitée, comme souvent dans ce genre de BD "témoignage". J'emploie ce terme volontairement, bien que la BD ne soit ni biographique ni auto-biographique, puisque les deux autrices se sont inspirées de leurs propres vies pour la BD. Et je trouve que de fait, ça limite à ce "simple" témoignage de l'intérieur sans ajout externe (des données autour de ce post-partum, des considérations biologiques, les moyens de s'en sortir...) J'aurais bien aimé que soit un peu plus creusée la situation que juste l'histoire de cette femme, histoire touchante par ailleurs.
Le dessin qui l'accompagne m'a clairement fait penser à du Pénélope Bagieu, notamment dans les yeux des personnages et la souplesse du trait, mais je trouve qu'il colle bien au récit notamment dans l'aspect reportage personnel. En fait ça m'évoque des blogs-bd des années 2010, avec cet aspect intimiste.
En fin de compte, je suis partagé sur ma note. D'un côté j'ai clairement bien aimé ma lecture, qui était intéressante et qui est touchante, mais d'un autre côté j'ai un aspect de pas-assez, un sentiment de manque dans le traitement. Peut-être parce que j'ai pas mal creusé le sujet des relations parents-enfants lorsque ça se passe mal, mais la BD se limite à un témoignage qui est suffisant en soi, mais qui ne déborde pas de ce cadre. 3.5 en gros !
De toutes les adaptations du récit culte de Mary Shelley que j'ai lues, c'est probablement la plus belle.
Georges Bess a un coup de crayon remarquable, évoquant les styles de nombreux grands maîtres tout en conservant un trait très personnel, à la fois précis et organique. Ses planches sont un véritable plaisir pour les yeux : soignées, inventives, et traversées d'un imaginaire visuel riche qui dépasse la simple illustration fidèle du texte. Ses décors comme ses personnages sont travaillés avec une élégance constante. C'est magnifique, tout simplement.
Mais le problème, pour moi, vient du récit lui-même. Frankenstein m'a toujours ennuyé. Cette adaptation me paraît très fidèle et complète, mais l'histoire, aussi riche soit-elle en réflexions sur la vie, la morale et la nature humaine, ne parvient pas à me captiver. Victor Frankenstein, figure tragique, orgueilleuse et finalement bien plus détestable que sa créature, incarne parfaitement le thème de la démesure, mais le déroulement du récit me semble lent, monotone, étiré. Je ne me sens jamais vraiment impliqué ni ému par son parcours.
La lassitude que j'éprouve ne vient donc pas de l'adaptation de Bess, qui est magistrale, mais bien du texte d'origine. Aussi somptueux que soit le dessin, il ne suffit pas, pour moi, à ranimer l'intérêt pour une histoire dont la lenteur m'endort plus qu'elle ne me fascine.
C'est la nouvelle série des "Créations originales" de Disney proposée par Glénat. Tout d'abord j'ai eu un doute que ce soit la même collection car le dos perd son beau toilage et son petit logo pour revenir à une forme plus classique. C'est peut être par souci d'économie car l'album est moins cher. En ce qui concerne le fond c'est Jul qui est aux manettes scénaristiques. Probablement plus habitué à l'humour caustique, l'auteur revient à un humour bien plus classique qui ne choquera pas le lectorat habituel des Mickey, jeunes ou moins jeunes. Le récit se focalise d'ailleurs sur le fossé générationnel créé dans certaines familles par l'apparition des nouvelles technologies. Perso j'ai apprécié le comique simple de situations dans lesquelles je me suis souvent retrouvé comme vieux dinosaure. Jul n'invente rien mais donne un bon rythme à son récit qui aurait eu facilement sa place dans un Mickey Parade à l'ancienne.
Le côté classique de l'album est renforcé par le graphisme de Nicolas Keramidas, un habitué de la collection. Les personnages sont conformes à leur image. C'est sans fantaisie mais précis et dynamique. C'est une lecture qui plaira probablement au plus grand nombre des amateurs de Picsou et sa famille.
Je m'amuse toujours en lisant une histoire de Picsou déjà pour elle même et ensuite pour les prouesses réalisées par les auteurs pour rendre un milliardaire acariâtre très sympathique.
Une lecture détente sympathique pour tout public. Un bon 3
Cette série des années 70 visite une thématique très peu utilisée. Vidal et Clavé envoient leur photographe québécois en Turquie. Law Breaker est un personnage ambigu qui aurait pu croiser la route de Corto sur le chemin des causes perdues. Après les Péons du Yucatan avec un certain succès Law atterrit dans un bordel turc très cosmopolite. Vidal construit un scénario sombre et semble-t-il documenté sur un des premiers pogroms contre les Arméniens vivant en Turquie. Le récit est bien construit même si le personnage de Law a peu d'influence et ne sert de prétexte pour rappeler une aube d'heures sombres sur l'Europe à la diplomatie vacillante. Je trouve que Vidal, à vouloir faire de son personnage un être complexe, le rend surtout assez antipathique malgré ses bons sentiments.
Je possède la version N&B qui convient parfaitement à l'esprit du récit. Le trait de Clavé est très détaillé parfois trop ce qui provoque quelques surcharges dans les cases. Comme le texte est abondant cela crée une lourdeur dans la lecture de certaines cases.
La façon est datée mais cela reste un récit de fiction historique intéressant.
Quatre éditions avec couverture alternative : une classique, une Cultura, une FNAC et une Canal BD, partout placée en tête de gondole avec des bouquins qui dégueulent de partout, Silent Jenny est THE album de fin d’année que libraires et éditeur veulent nous faire acheter. C’est pas du niveau d’un Astérix bien sûr mais il y a du gros matraquage publicitaire autour de cette sortie.
Alors moi je n’ai pas vraiment suivi le parcours de Mathieu Bablet. J’avais détesté La Belle Mort, un de mes premiers avis sur ce site il y a 13 ans, puis plus rien durant longtemps. J’ai été séduit par son affiche hommage à l’univers de Zelda réalisée dans le cadre d’une collaboration Caurettes Editions – Geekart.com, je passe devant tous les jours et il m’arrive encore d’admirer certains aspects. Et puis dernièrement son Shin Zero en tant que scénariste avec son pote Guillaume Singelin, que j’ai trouvé plutôt bon. Alors pourquoi pas Silent Jenny, laisse-toi tenter me suis-je dis.
(Longue inspiration) Je ne sais pas sûr de quoi en penser de façon générale, honnêtement. Alors c’est beau, à part les personnages qui ont des physiques dégueulaaaaaasses ; pour le reste c’est hyper captivant. Il y a une finesse dans les détails, les couleurs sont variées, Mathieu Bablet nous régale là-dessus, c’est aussi pour ça que je l’ai acheté, immense respect pour le dessinateur.
Je n’y ai pas vu du Miyazaki comme d’autres, moi ça m’a plutôt fait penser à un mix Alain Damasio (Horde du Contrevent) – Christopher Priest (Le Monde inverti) pour le côté recherche du mouvement perpétuel, contrées désertiques, arides, la rudesse du climat et de la vie, le sentiment de désolation permanent, de se battre contre des moulins à vent. Avec un gros nappage de Robert Silverberg (Les Monades urbaines) avec cette philosophie de vie à base d’inepties écolo-bolchéviques (« ce qui est à nous est à vous… car la propriété privée n’existe pas » énorme soupir…). Heureusement à un moment donnée les enfants de cette crasseuse colonie de baba cool geignard, une fois devenus des adolescents ; décident d’envoyer bouler Mèrepère, Jenny et toute cette bande de dingos hippies (on y est capitaine du navire au tour par tour), pour partir fonder leur propre monade qui ne sera pas basée sur des valeurs obscurantistes et dégénérées comme celles du Cherche-Midi. Ouf, après plus de 200 pages de lecture, enfin une autre perspective.
Il y a des tentatives d’humour un peu inoffensif aussi où ça tape sur la méchante méga-corporation qui a tout raflé : La Pyrrhocorp, qui est une sorte d’enfer administratif et bureaucratique supra-mondiale, qui sous couvert de pseudo recherches scientifiques pour reverdir la planète n’est en réalité qu’une immense machine à brasser de l’air et de la paperasse. Les employés agissent comme des fonctionnaires qui attendent l’aval de leur N+1 pour faire mumuse avec la Deathstar, ça cause de la bouffe de la cantine, etc. Bref c’est la maison des fous dans Astérix, on a tous vu la réf’ du laisser-passer A38 ;) . Pas trop compris l’intérêt des mange-cailloux, hormis que c’étaient des espèces de gitans voleurs de cuivre qui font chier tout le monde.
Voilà, oui et puis bon il y a Jenny, une meuf dépressive et suicidaire sur 280 pages et qui est un peu chiante on va pas se le cacher. On a envie de la secouer. Voilà, et à la fin tout le monde se prend une grosse faciale par une abeille géante. Merci, c'est tout.
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Au pays de la mémoire blanche
Je ne sais trop quoi penser de cet album, que j’ai trouvé vraiment déroutant. Le dessin tout d’abord, avec des personnages animaliers, des décors au rendu souvent hyper réaliste (même si finalement il y en a peu), est plutôt intrigant. Et un personnage dont on ne voit pas le visage, caché qu’il est par des bandelettes. En tout cas j’ai vraiment bien aimé l’aspect graphique. Déroutant aussi le texte en appoint des images. Un texte qui a des allures de long poème triste, qui serait déclamé par le héros, notre chat au visage de momie. Déroutante enfin la construction de l’album. Aucune bulle, mais un texte mis à côté des images. Parfois même plusieurs pages avec uniquement du texte, puis de longues séquences avec seulement des images. Du coup je sors avec un ressenti mitigé de cette lecture. Le dessin est plutôt agréable, le texte pas inintéressant, mais le mélange des deux m’a un peu laissé sur ma faim. Publié avec le label d’Amnesty International, j’imagine qu’on a là une sorte d’allégorie de tous les régimes dictatoriaux (ici des chiens qui menacent et traquent parfois de façon indiscriminé les chats, des balles qui fusent, des explosions qui menacent), mais le message est soit trop « simple », soit trop abstrait. En fait la beauté poétique de certains passages anesthésie plutôt la violence semble-t-il dénoncée par le récit, qui perd en intelligibilité ce qu’il a gagné en poésie. Le « message » s’est perdu quelque part.
Le Grand Monde
Pas mal de qualités dans cet album, même si au final je resterai sur trois étoiles (note réelle 3,5/5). Le travail de De Metter tout d’abord, avec son dessin toujours agréable à l’œil, et qui retranscrit bien l’époque – que ce soit en France ou en Indochine. Du bon boulot, plaisant et dynamique. Je ne connais pas le roman de Lemaitre, mais l’adaptation en donne quelque chose là aussi agréable à suivre, bien huilé au niveau de l’intrigue – ou des intrigues qui s’emboîtent. La description de la déliquescence coloniale en Indochine, des magouilles dont tout le monde profite (colons bien placés comme Indochinois bien renseignés – y compris les Viet-Minh d’ailleurs), au détriment des caisses de l’Etat colonisateur, est assez bien vue et pleine d’ironie. Une ironie, une certaine noirceur, un côté grinçant qui percent aussi dans les relations familiales des Pelletier (surtout pour le couple formé par « Bouboule » et sa femme assez cynique). Les deux niveaux de l’histoire se retrouvent et la mécanique, qui ménage des surprises, fonctionne bien pour le lecteur. Mais la fin m’a déçu. Comme si, tout s’éclairant, on se débarrassait brusquement de questions encombrantes. Et il reste des questions donc (et quelques facilités – comme la façon dont Bouboule échappe à ses responsabilités après le meurtre dans le cinéma). Mais bon, ça reste un album qi plaira aux amateurs de polar ancré dans l’histoire de l’immédiat après-guerre.
La Dent - La Décolonisation selon Lumumba
Lumumba est un personnage quasi mythique pour qui s’intéresse à la période charnière des décolonisations d’après-guerre, particulièrement dans cette Afrique centrale, véritable panier de crabes. Cet album permet de faire connaitre ce personnage, mais j’en suis sorti un chouia sur ma faim. En effet, j’ai eu l’impression – sans que je puisse forcément en formuler toutes les raisons – que tout ce que j’attendais n’avait pas été évoqué ici. La narration, la personnalité de Lumumba sont ici un peu trop mollassonnes je trouve. Et le final, avec les magouilles post-coloniales des Belges (et plus généralement des Américains/occidentaux, avec la complicité de l’ONU qui leur est acquise), pour garder le contrôle des richesses du nouveau Congo via la sécession du Katanga (Mobutu apparait sur la fin) aurait sans doute mérité d’être étoffé. Mais bon, l’album a le mérite de remettre en lumière une personne qui a été au cœur – peu de temps il est vrai – des luttes anticoloniales, et qui s’est peu à peu mué en leader du « Tiers -monde », presque à son corps défendant, avant d’être assassiné (je connaissais l’anecdote de la dent pour en avoir entendu parler il y a quelques années et aussi avoir lu un article sur Lumumba dans le Monde diplomatique).
White only
Le dessin est honnête sans plus. L'histoire est par contre très intéressante. Et moi, j'aime bien la personnalité de la joueuse de tennis ! Elle aime ce sport, elle aime gagner : c'est merveilleux, aimer quelque chose ouvre sur le monde, gagner une façon de progresser. Elle est femme et elle est noire : autant dire qu'elle cumule les handicaps. Et alors ? Elle va courageusement de l'avant. Mais cela ne lui donne aucune obligation de se faire le porte-voix des femmes et des Noirs, ce qu'elle n'a pas été, si je me souviens bien d'une BD qui me fait penser ne pas avoir parfaitement exploité le potentiel du personnage. Où voit-on les efforts du personnage, le mépris des Blancs ? Tout cela est d'un plat. Pour reprendre ma plaidoirie de l'individualiste…. De toute façon, qu'on le veuille ou non, quand on réussit, on devient un exemple, une figure de proue, qui fait avancer les choses… En plus, personne ne demande aux activistes de s'illustrer dans quelque domaine, alors, est-il juste de demander aux meilleurs dans leur partie d'être activiste ? Quelle drôle d'idée que cette sorte de taxe sur les talents ! Comme si être femme, Noir, et tant qu'on y est, handicapé, homosexuel ou tout autre caractéristique peu intégré par la société devait d'abord plomber face à la société globale, et en plus, river à ses compagnons de chaîne ! La dame, elle, aspirait à jouer au tennis, dans cet espace où dès que vous y pénétrez, les règles sont les mêmes pour tous, qui développe le corps, mais aussi l'esprit, étant donné qu'on y suit une stratégie. Par ce dispositif, comme le dis Caillois, les jeux développent les qualités des participants et des spectateurs. J'ajouterais même qu'ils luttent, cerise imprévue sur le gâteau, contre les préjugés. Cependant, être dans cet espace particulier attire les personnes non pressées de rester dans une société aux règles souvent moins pures, et ne prédispose pas à lutter contre même si on trouve des exceptions…. Par contre, ces espaces sont par le fait des attracteurs d'excellence dans les joueurs aussi bien que chez les spectateurs.
One Half of a Married Couple
Un manga assez étonnant parce qu'il traite de son sujet, une femme qui pense que son mari la trompe, de manière réaliste. On va donc suivre les interrogations de la pauvre héroïne qui ne sait pas quoi faire. Au travers de son histoire et celle de son mari, on va aussi voir des problèmes d'autres couples... En effet, la vie n'est pas facile dans ce Japon qui aime bien mettre les gens dans des cases bien définies et c'est dur d'être femme au foyer (quoique l'héroïne a un travail à temps partiel, n'ayant pas encore d'enfants) ou employé dans une grande entreprise. Le ton est réaliste ou du moins tout semble crédible. Le scénario n'est pas aussi cousu de fil blanc qu'il semble au premier abord et il y a des bonnes surprises. L'héroïne est attachante. Malgré tout, je trouve qu'il y a des défauts dans le scénario. Le pire étant qu'après avoir vu le point de vue de l'héroïne pendant plusieurs tomes, on va voir la version des faits du point de vue du mari pendant 2 tomes et on apprend rien de vraiment nouveau après toutes les grosses révélations du tome 4. Il y a quelques moments sympas, mais globalement j'ai eu l'impression que je perdais mon temps et que cela ralentissait inutilement le scénario. Il y a aussi le personnage de l'étudiant qui travaille avec l'héroïne que je trouve assez énervant. En fait, j'ai trouvé que c'était une bonne série dramatique, mais pas au point de trouver cela passionnant à lire. Quant au dessin, c'est typiquement le genre de dessin qu'on retrouve dans ce genre de mangas pour femmes (quoique c'est paru dans un appli qui ne semble pas destinée à un seul sexe). C'est pas mal et ça va bien pour ce type de récit.
La Remplaçante
Étrange BD, touchante et singulière par son honnêteté dans le rapport qu'une femme entretient avec elle-même et son corps suite à un accouchement. Cette BD est sur le post-partum, cette dépression qui intervient suite à l'accouchement et touche beaucoup de femmes qui ont du mal à se reconnaitre suite à un évènement aussi violent (parfois traumatique). J'avais déjà eu quelques échos de ce que ça a pu être pour certaines, et je suis surpris que ce soit la première fois que je le vois en BD. C'est bien raconté et parfois chargé en émotion, notamment les moments où la protagoniste se sent détachée de tout jusqu'à avoir envie d'une remplaçante pour son enfant. C'est dur mais réaliste dans le ton, non voyeuriste et sans artifices sur le ressenti. La BD est cependant un peu limitée, comme souvent dans ce genre de BD "témoignage". J'emploie ce terme volontairement, bien que la BD ne soit ni biographique ni auto-biographique, puisque les deux autrices se sont inspirées de leurs propres vies pour la BD. Et je trouve que de fait, ça limite à ce "simple" témoignage de l'intérieur sans ajout externe (des données autour de ce post-partum, des considérations biologiques, les moyens de s'en sortir...) J'aurais bien aimé que soit un peu plus creusée la situation que juste l'histoire de cette femme, histoire touchante par ailleurs. Le dessin qui l'accompagne m'a clairement fait penser à du Pénélope Bagieu, notamment dans les yeux des personnages et la souplesse du trait, mais je trouve qu'il colle bien au récit notamment dans l'aspect reportage personnel. En fait ça m'évoque des blogs-bd des années 2010, avec cet aspect intimiste. En fin de compte, je suis partagé sur ma note. D'un côté j'ai clairement bien aimé ma lecture, qui était intéressante et qui est touchante, mais d'un autre côté j'ai un aspect de pas-assez, un sentiment de manque dans le traitement. Peut-être parce que j'ai pas mal creusé le sujet des relations parents-enfants lorsque ça se passe mal, mais la BD se limite à un témoignage qui est suffisant en soi, mais qui ne déborde pas de ce cadre. 3.5 en gros !
Frankenstein (Bess)
De toutes les adaptations du récit culte de Mary Shelley que j'ai lues, c'est probablement la plus belle. Georges Bess a un coup de crayon remarquable, évoquant les styles de nombreux grands maîtres tout en conservant un trait très personnel, à la fois précis et organique. Ses planches sont un véritable plaisir pour les yeux : soignées, inventives, et traversées d'un imaginaire visuel riche qui dépasse la simple illustration fidèle du texte. Ses décors comme ses personnages sont travaillés avec une élégance constante. C'est magnifique, tout simplement. Mais le problème, pour moi, vient du récit lui-même. Frankenstein m'a toujours ennuyé. Cette adaptation me paraît très fidèle et complète, mais l'histoire, aussi riche soit-elle en réflexions sur la vie, la morale et la nature humaine, ne parvient pas à me captiver. Victor Frankenstein, figure tragique, orgueilleuse et finalement bien plus détestable que sa créature, incarne parfaitement le thème de la démesure, mais le déroulement du récit me semble lent, monotone, étiré. Je ne me sens jamais vraiment impliqué ni ému par son parcours. La lassitude que j'éprouve ne vient donc pas de l'adaptation de Bess, qui est magistrale, mais bien du texte d'origine. Aussi somptueux que soit le dessin, il ne suffit pas, pour moi, à ranimer l'intérêt pour une histoire dont la lenteur m'endort plus qu'elle ne me fascine.
Picsou et les Bit-coincoins
C'est la nouvelle série des "Créations originales" de Disney proposée par Glénat. Tout d'abord j'ai eu un doute que ce soit la même collection car le dos perd son beau toilage et son petit logo pour revenir à une forme plus classique. C'est peut être par souci d'économie car l'album est moins cher. En ce qui concerne le fond c'est Jul qui est aux manettes scénaristiques. Probablement plus habitué à l'humour caustique, l'auteur revient à un humour bien plus classique qui ne choquera pas le lectorat habituel des Mickey, jeunes ou moins jeunes. Le récit se focalise d'ailleurs sur le fossé générationnel créé dans certaines familles par l'apparition des nouvelles technologies. Perso j'ai apprécié le comique simple de situations dans lesquelles je me suis souvent retrouvé comme vieux dinosaure. Jul n'invente rien mais donne un bon rythme à son récit qui aurait eu facilement sa place dans un Mickey Parade à l'ancienne. Le côté classique de l'album est renforcé par le graphisme de Nicolas Keramidas, un habitué de la collection. Les personnages sont conformes à leur image. C'est sans fantaisie mais précis et dynamique. C'est une lecture qui plaira probablement au plus grand nombre des amateurs de Picsou et sa famille. Je m'amuse toujours en lisant une histoire de Picsou déjà pour elle même et ensuite pour les prouesses réalisées par les auteurs pour rendre un milliardaire acariâtre très sympathique. Une lecture détente sympathique pour tout public. Un bon 3
Sang d'Arménie (L'Île aux chiens)
Cette série des années 70 visite une thématique très peu utilisée. Vidal et Clavé envoient leur photographe québécois en Turquie. Law Breaker est un personnage ambigu qui aurait pu croiser la route de Corto sur le chemin des causes perdues. Après les Péons du Yucatan avec un certain succès Law atterrit dans un bordel turc très cosmopolite. Vidal construit un scénario sombre et semble-t-il documenté sur un des premiers pogroms contre les Arméniens vivant en Turquie. Le récit est bien construit même si le personnage de Law a peu d'influence et ne sert de prétexte pour rappeler une aube d'heures sombres sur l'Europe à la diplomatie vacillante. Je trouve que Vidal, à vouloir faire de son personnage un être complexe, le rend surtout assez antipathique malgré ses bons sentiments. Je possède la version N&B qui convient parfaitement à l'esprit du récit. Le trait de Clavé est très détaillé parfois trop ce qui provoque quelques surcharges dans les cases. Comme le texte est abondant cela crée une lourdeur dans la lecture de certaines cases. La façon est datée mais cela reste un récit de fiction historique intéressant.
Silent Jenny
Quatre éditions avec couverture alternative : une classique, une Cultura, une FNAC et une Canal BD, partout placée en tête de gondole avec des bouquins qui dégueulent de partout, Silent Jenny est THE album de fin d’année que libraires et éditeur veulent nous faire acheter. C’est pas du niveau d’un Astérix bien sûr mais il y a du gros matraquage publicitaire autour de cette sortie. Alors moi je n’ai pas vraiment suivi le parcours de Mathieu Bablet. J’avais détesté La Belle Mort, un de mes premiers avis sur ce site il y a 13 ans, puis plus rien durant longtemps. J’ai été séduit par son affiche hommage à l’univers de Zelda réalisée dans le cadre d’une collaboration Caurettes Editions – Geekart.com, je passe devant tous les jours et il m’arrive encore d’admirer certains aspects. Et puis dernièrement son Shin Zero en tant que scénariste avec son pote Guillaume Singelin, que j’ai trouvé plutôt bon. Alors pourquoi pas Silent Jenny, laisse-toi tenter me suis-je dis. (Longue inspiration) Je ne sais pas sûr de quoi en penser de façon générale, honnêtement. Alors c’est beau, à part les personnages qui ont des physiques dégueulaaaaaasses ; pour le reste c’est hyper captivant. Il y a une finesse dans les détails, les couleurs sont variées, Mathieu Bablet nous régale là-dessus, c’est aussi pour ça que je l’ai acheté, immense respect pour le dessinateur. Je n’y ai pas vu du Miyazaki comme d’autres, moi ça m’a plutôt fait penser à un mix Alain Damasio (Horde du Contrevent) – Christopher Priest (Le Monde inverti) pour le côté recherche du mouvement perpétuel, contrées désertiques, arides, la rudesse du climat et de la vie, le sentiment de désolation permanent, de se battre contre des moulins à vent. Avec un gros nappage de Robert Silverberg (Les Monades urbaines) avec cette philosophie de vie à base d’inepties écolo-bolchéviques (« ce qui est à nous est à vous… car la propriété privée n’existe pas » énorme soupir…). Heureusement à un moment donnée les enfants de cette crasseuse colonie de baba cool geignard, une fois devenus des adolescents ; décident d’envoyer bouler Mèrepère, Jenny et toute cette bande de dingos hippies (on y est capitaine du navire au tour par tour), pour partir fonder leur propre monade qui ne sera pas basée sur des valeurs obscurantistes et dégénérées comme celles du Cherche-Midi. Ouf, après plus de 200 pages de lecture, enfin une autre perspective. Il y a des tentatives d’humour un peu inoffensif aussi où ça tape sur la méchante méga-corporation qui a tout raflé : La Pyrrhocorp, qui est une sorte d’enfer administratif et bureaucratique supra-mondiale, qui sous couvert de pseudo recherches scientifiques pour reverdir la planète n’est en réalité qu’une immense machine à brasser de l’air et de la paperasse. Les employés agissent comme des fonctionnaires qui attendent l’aval de leur N+1 pour faire mumuse avec la Deathstar, ça cause de la bouffe de la cantine, etc. Bref c’est la maison des fous dans Astérix, on a tous vu la réf’ du laisser-passer A38 ;) . Pas trop compris l’intérêt des mange-cailloux, hormis que c’étaient des espèces de gitans voleurs de cuivre qui font chier tout le monde. Voilà, oui et puis bon il y a Jenny, une meuf dépressive et suicidaire sur 280 pages et qui est un peu chiante on va pas se le cacher. On a envie de la secouer. Voilà, et à la fin tout le monde se prend une grosse faciale par une abeille géante. Merci, c'est tout.