Du célèbre personnage éponyme cette série ne garde que quelques références, principalement en ce qui concerne la personnalité flamboyante et charmeuse du protagoniste, le propos sur l'hybris qui mène à sa perte et l'esthétique de cape et d'épée. Mis à part ça, ici, pas d'amourette (tout du moins ce n'est pas le sujet central), il est surtout question de fantastique, d'une mystérieuse disparition et d'une histoire sur le libre arbitre.
A Flot, ville isolée au milieu d'un océan tempétueux empêchant quiconque de partir, tout se paie. Toutes les folies, tous les impossibles sont à portée de main à condition d'en payé le prix fort auprès du dirigeant immortel de l'île.
Qu'y a-t-il au delà des murs et de la tempête ? Est-il nécessaire que la magie demande à tous-te de payer un prix si lourd ? Est-il possible d'améliorer la vie des pauvres gens vivant ici ? Qu'est-il advenu du Comendador, mystérieusement disparu il y a peu ? Ces questions brûlent les lèvres de Doña Laura, une soigneuse à la tête d'un petit groupe de parias cherchant à changer les choses. Alors quand un certain Don Juan, sauveur de la veuve et de l'orphelin et visiblement doté d'un grand pouvoir sans contrepartie, commence à faire parler de lui, un projet d'alliance voit le jour.
C'est un récit fantastique classique, centré sur une ville mystérieuse, une magie au fonctionnement d'apparence simple mais aux possibilités complexes et des personnages ayant visiblement soif de justice et de liberté. Pas révolutionnaire mais bien mené : les scènes d'actions sont entraînantes, les échanges font mouches, l'histoire parvient à nous donner envie d'en savoir plus sur toute cette histoire (particulièrement avec son final qui en promet beaucoup).
Je n'en attendais pas grand chose, n'étant pas très fan du personnage éponyme de Molière (n'aimant pas vraiment la pièce, même si les archétypes de beaux-parleurs/charmeurs/flamboyants me plaisent généralement), mais j'avoue être ressortie satisfaite et intriguée à la fin de ma lecture de ce premier tome.
Le véritable défi de cet ouvrage, qui aborde le thème de la décroissance, autre défi sociétal voire utopie irréalisable avec nos yeux de 2025, consistait à produire un documentaire pédagogique allié à une fiction crédible, se situant dans un avenir proche et avec des personnages consistants.
Mathieu Burniat n’a donc pas ménagé sa peine, et qui plus est, il lui fallait éviter de tomber dans la facilité en recourant par exemple au registre post-apocalyptique. Alors bien sûr, l’idée, si originale soit-elle, d’avoir choisie l’île de la Cité, en plein cœur de Paris, pour évoquer une expérience grandeur nature d’une société décroissante, n’en est pas moins saugrenue. Mais il faut voir cela comme un parti pris, non dépourvu d’humour au demeurant, que le lecteur se doit d’accepter afin d’entrer pleinement dans la narration.
Bien sûr, il sera très facile d’en critiquer le pitch (on ne sait d’ailleurs pas vraiment si on a demandé l’avis des habitants de la micro-île pour participer à l’expérience, ni celui de ceux qui occupaient l’île avant sa mise en place et comment on les a relogés). Bref, il faudra accepter cette dinguerie idyllique en faisant un petit effort d’imagination. Certes, on peut déjà deviner les sourires moqueurs en voyant ce quartier typiquement parisien garnis de jardins potagers, à deux pas de Notre-Dame, désormais utilisée pour les assemblées générales de la communauté, ou en découvrant le Tribunal de commerce transformé en atelier de réparation et de recyclage d’objets divers.
Mathieu Burniat s’est efforcé d’anticiper les moqueries prévisibles en prenant le contre-pied. Tout d’abord, celui qui est vraisemblablement son double dans le récit (Carl Mermot, dessinateur-reporter en mission commandée sur l'île de la Cité), est confronté à l’angoisse de la page blanche et n’a pas été fichu de produire quelque chose de valable en l’espace de six ans, alors que l’échéance du projet approche… parce que oui, le sujet n’est pas forcément enthousiasmant pour tout le monde et qu’il ne faut pas ennuyer les gens ! De plus, pour que l’expérience soit concluante, toutes les sensibilités politiques doivent cohabiter, y compris ces « Cornucopiens » qui s’accrochent au mythe de la croissance éternelle ! Ceux-ci fournissent à Burniat l’occasion d’exposer les arguments des uns et des autres, ne se limitant pas au simple exercice pédagogique à sens unique, et en cela, l’ouvrage est plutôt pertinent. De plus, il sait faire preuve d’une certaine (auto-)dérision en exposant les petites contradictions de ceux qui prêchent la bonne parole, Carl Mermot compris, victime d’une rechute coca-colaesque.
L’ouvrage, tout en déconstruisant le mirage de la « corne d’abondance » chère au capitalisme toujours en vigueur et plus agressif que jamais, fournit un argumentaire plausible et propose des pistes à ceux qui envisagent de tourner le dos à leurs habitudes consuméristes pour adopter un mode de vie décroissant.
Le dessin à l’aquarelle de Dominique Mermoux, proche de l’esquisse et sans effets de manche, colle plutôt bien au propos. La mise en page est dynamique, à l’image de la narration portant la patte de Burniat, lequel nous a habitués à des ouvrages très énergiques.
« Et soudain le futur », en évitant l’écueil du pensum écolo assommant, livre un plaidoyer pour un monde viable pour les générations futures, en évitant culpabilité et anxiété. Sur un mode non dénué d’humour, il fournit les arguments pour permettre à chacun de se responsabiliser, pour faire en sorte que la décroissance infuse les consciences — et pas seulement celles de « bobos parisiens déconnectés » —, soit acceptée par l’ensemble des citoyens. Pour cela, les auteurs ont tenté de montrer, sans pour idéaliser le concept à outrance — lequel n’est pas forcément exempt de failles, mais pour le savoir, il faudrait peut-être essayer, alors qu’en revanche on connaît les dégâts terribles engendrés par le capitalisme —, qu’elle pouvait être conduite de manière positive et sereine, que nous avions certainement beaucoup plus à y gagner : une décroissance choisie est largement préférable à une récession subie. Telle était la mission communicationnelle de leur confrère imaginaire, Carl, dont la « mission était de réenchanter le futur ».
Bien sûr, ceux qui sont totalement accros au consumérisme (par exemple, en changeant de smartphone tous les trois mois) risquent de souffrir en lisant cette bande dessinée, mais ils seront peut-être un peu mieux préparés à l’« effondrement » d’un système (avec toutes les nuances que comporte cette expression), désormais devenu inéluctable.
C’est la lecture récente de la dernière publication du duo Charles, Au coeur du désert, qui m’a fait penser à aviser cette série, que j’avais lue plutôt avec grand plaisir pour les premiers albums, pour m’en détacher un peu par la suite vers la fin des années 1990.
Après le premier cycle de six albums, le récit m’avait moins intéressé. Le fil rouge de la guerre disparu, des passages en Europe moins intéressants, des histoires d’amours et des relations entre multiples personnages qui s’étirent. Et un dessin qui change quelque peu : j’y avais trouvé moins d’intérêt (alors que les lieux et la période m’intéressent a priori).
Reste donc ce premier cycle, qui est plutôt une réussite. Commencé chez Deligne, il prend par la suite tout naturellement sa place dans la collection Vécu de Glénat. En effet, il colle parfaitement à son « cahier des charges » : le travail de recherche est visible, et personnages et événements historiques sont très bien utilisés. La guerre de sept ans sert de décor et ravive continuellement les tensions. Le sort des Acadiens déportés est lui aussi bien conté. Enfin, la vie des coureurs des bois et les relations avec les diverses tribus indiennes (qui m’avaient passionné sur une période légèrement postérieure dans les romans de Fenimore Cooper), même si elle n’est ici pas au centre, sont aussi un plus pour le récit. Décors (sous-bois, forts, villes, vêtements) sont bien restitués, et permettent de crédibiliser l’intrigue.
Le récit est relativement rythmé donc, et s’articule autour de plusieurs personnages qui se croisent, s’aiment, se haïssent. Toute cette partie (y compris le complot liant nos héros au sort de Québec), inventée par Jean-François Charles, s’imbrique bien dans la grande Histoire. Surtout, il a su nous proposer des personnages attachants, crédibles, qui ne sont jamais des super héros ni des personnages monolithiques. Voir Benjamin, le héros principal, loin d’être un modèle, et souvent ballotté par les événements.
Certes, il y a bien quelques facilités (les principaux personnages sont increvables), mais on les accepte facilement ici. Marie Schirley fait une bien belle méchante (elle est un peu plus consistante que Louise, même si cette dernière montre aussi un fort caractère), et elle attise pas mal de flammes (à l’image de sa chevelure rousse). Mais je n’ai pas été convaincu par son revirement, elle qui paraissait ne jurer que par les mondanités et les salons, la voir devenir une aventurière, sans arrêt sur les routes, fait un peu artificiel.
Dessin et colorisation sont flamboyants, mais trop brouillons sur le premier tome. Mais ils deviennent plus nets et précis par la suite. Un trait agréable, dans la lignée là aussi de ce que proposaient les auteurs de la collection Vécu. J’avais par contre été décontenancé par le changement après le premier cycle.
Un premier cycle très recommandable, la suite s’étirant trop et perdant un peu de son unité. Mais ça reste quand même une des belles séries de la collection Vécu.
Note réelle 3,5/5.
Pro et pas foncièrement désagréable cet album cependant je le trouve un peu vain.
Je ne trouve pas ce que j’attends de ce type de collection (principalement de l’audace et de la surprise). D’ailleurs à mes yeux, c’est même le tome le plus faible, bien trop linéaire et fidèle à la mythologie « Thorgalienne », ça manque d’appétence.
Ici une aventure plutôt lambda de notre héros, ça explore un peu l’univers des différents mondes autour de Midgard mais sans emporter véritablement. Ça se traîne et en manque de péripéties pour le nombre de pages, la fin n’est pas folle …
Heureusement les auteurs déploient un certain savoir faire pour ne pas rendre la lecture totalement ennuyante. J’ai juste eu l’impression de lire le tome 43 où est la plus-value de la collection ??
Je suis un peu dur dans mes propos (que ma note viendra un peu contrebalancer) mais hormis avec la vision de R. Recht, les nouvelles versions par … ont de plus en plus de mal à me convaincre.
Je veux de la parodie, de l’innovation ou simplement sortir des pas de notre héros et explorer d’autres sentiers, pourquoi pas lorgner vers la sf avec ses ancêtres ou approfondir le Jolan adulte de la couronne d’Ogotaï ?
Une série qui se laisse lire, mais qui n’est pas vraiment très originale, sur un créneau (histoire de pirates) pas mal encombré.
Le premier tome jouait énormément sur un humour un peu bourrin, gras (et un peu lassant au bout d’un moment), et pas mal de bastons. Du classique pour Soleil (tendance Lanfeust). Par la suite, l’humour s’estompe de plus en plus (sans disparaitre), pour revenir à de l’aventure plus classique – les bastons et autres coups bas persistant.
Autre constante Soleil, les bombasses qui se chamaillent, en n’hésitant pas à exhiber leurs formes…
Les petites touches de fantastique ne m’ont pas convaincu, mais l’intrigue n’en abuse pas trop, et c’est tant mieux.
Le dessin n’est pas ma tasse de thé, mais il fait globalement le travail – même si je l’ai trouvé clairement moins bon dans le dernier tome, où certaines cases sont vraiment bâclées (c’est en tout cas plus inégal dans ce tome).
Un récit de pirates, qui peut s’emprunter, mais il n’est clairement pas dans les meilleurs du genre.
Note réelle 2,5/5.
2.5
Un one-shot correct sans plus qui s'adresse surtout aux enfants.
Je ne sais pas si comme avec Disney il y avait un gros cahier des charges, mais l'imagination de Trondheim est vraiment asphyxiée dans cet album. Les personnages et les situations sont tous du déjà vu. On dirait une bd parue dans une publication jeunesse comme il en sortait à la chaine à une époque ou encore un épisode quelconque d'un dessin animé. Cette histoire souffre aussi du gros défaut des aventures mettant en vedette le marsupilami : les humains ont plus d'importance dans le scénario que le marsupilami lui-même qui est mis en retrait et qui agit surtout comme un deus ex machina. Il était mieux comme compagnon turbulent de Spirou et Fantasio.
Il reste le dessin de Nesme qui ressemble à un film d'animation qui est très bon quoique je ne suis pas un fan de son marsupilami.
J'avais déjà vu passer des extraits de cette série en ligne (les premiers épisodes, en fait) et avoue avoir été suffisamment intriguée par la prémisse pour que je n'hésite pas à acheter le premier tome lorsque j'ai découvert que l'histoire venait d'arriver dans nos vertes contrées.
La Belle & la Racaille, comme son nom français l'indique, est une histoire d'amour similaire au conte de La Belle et la Bête, remaniée ici façon éveil des sentiments amoureux en milieux scolaire (lycéen) entre deux personnes d'apparences très (trop) différentes. L'éponyme racaille s'appelle Atsuko, une loubarde à l'ancienne, une sécheuse de cours invétérée, une machine de guerre capable d'écraser n'importe quel crétin qui l'énerve au sol. La belle, quant à elle, s'appelle Kanzaki, une jeune fille tout ce qu'il y a de plus adorable, qui n'aurait aucun mal à être une fille très populaire si elle n'était pas constamment surexcitée et tête en l'air, nouvelle au bahut et qui va immédiatement s'enticher d'Atsuko à la consternation de cette dernière. Au début seulement, car progressivement, Atsuko elle aussi va énormément s'attacher à Kanzaki, les deux prenant grand plaisir à se retrouver, bien qu'aucune n'arrive vraiment à bien communiquer cet état de fait à l'autre.
C'est un récit simple, qui ne révolutionne pas sa formule et ne se montre pas aussi fou dans son exécution que ce à quoi j'aurais pu m'attendre, mais le résultat est bon, maîtrisé. L'histoire fonctionne, on parvient à s'attacher à ces deux jeunes filles, à leur relation qui se crée petit à petit et à leurs difficultés à bêtement exprimer ce qu'elles ressentent à l'autre.
L'œuvre brille aussi beaucoup par son dessin, très proche d'un style rétro (en tout cas similaire à celui d'artistes comme Naoko Takeuchi). Je trouve que le style graphique ajoute un joli cachet bienvenu dans cette série, c'est même lui qui avait attiré mon attention sur cette série il y a quelques années.
Une série de romance lycéenne très mignonne.
Je me retrouve assez dans l’avis de Ro, même si je pense avoir moins apprécié que lui ma lecture de ce diptyque.
Tout l’aspect graphique (dessin et colorisation), sans être hyper original, se révèle dynamique et agréable. Suffisamment plaisant en tout cas pour m’avoir poussé à aller jusqu’au bout, alors que certains détails m’avaient au départ plutôt rebuté.
L’histoire est assez originale, faisant intervenir quelques personnages réels (Andy Warhol, Johnny Cash) dans une intrigue qui nous fait traverser une bonne partie de l’Amérique du Nord (Québec et New-York au départ, puis Californie ensuite).
Les relations – amoureuses mais pas que – entretenues par le héros Thomas avec la femme qu’il aime sortent du commun, avec un « contrat » que Thomas aura du mal à accepter et respecter jusqu’au bout.
C’est aussi un autre « contrat » qui lui posera problème, lui qui se voit contraint de peindre « à la chaine » pour un commanditaire qu’il n’apprécie pas. Les réflexions – hélas pas trop poussées – au sujet du marché de l’art, de l’inspiration, du lien entre créateur et marchand auraient mérité d’être plus creusées. Mais elles densifient une intrigue qui, sans cela, aurait été un peu creuse.
Mais certaines choses m’ont un peu gêné. La rencontre avec Warhol, et surtout les valises de billets qui ont permis à Thomas de « vivre » sans aucune réelle contrainte durant presque deux ans, m’ont paru trop improbables, et ont faussé la vision que j’ai eue de l’histoire. De même, je n’ai pas vraiment compris le jeu du barman propriétaire de la grange du Juke Box Motel.
Bref, pas désagréable, cette lecture m’a laissé un peu sur ma faim.
Note réelle 2,5/5.
Dans une cité futuriste déglinguée aux allures postapocalyptiques, d'immenses animaux surgissent de manière aléatoire et sèment la destruction. Jacquie, traçaire de métier, traque ces monstres, avec une obsession particulière pour l'un d'eux, plus colossal et insaisissable que les autres. Sa route croise celle de Kevyn, un adolescent bricoleur, vif et bien informé sur les recoins du quartier, qui se joint à sa quête.
Pour une fois, Les Humanoïdes Associés publient un titre en noir et blanc très proche du manga, tant sur le fond que sur la forme. Corc signe ici sa première bande dessinée, et ses références aux classiques du manga SF sont visibles : l'ombre d’Akira et de Katsuhiro Otomo en général plane sur cette mégalopole décrépite et son ado motard et un peu dealer et son rapport à Jacquie qui rappelle fortement la relation entre Kaneda et Kei. Gunnm affleure dans les paysages et les scènes de chasse urbaine, et Blame ! aussi parfois dans l'écrasement des personnages par l'échelle des bâtiments et des créatures. Impossible aussi de ne pas penser à L'Attaque des Titans dans les acrobaties de Jacquie, qui virevolte autour des monstres à l’aide de son grappin. Ce mélange pourra sembler trop familier à certains lecteurs, mais visuellement et narrativement, c'est très bien exécuté.
Le trait de Corc est déjà étonnamment maîtrisé : personnages expressifs, découpage dynamique, équilibre entre gravité et légèreté… Kevyn apporte une touche d’humour avec ses réactions un peu excessives, tandis que Jacquie incarne une froideur presque caricaturale. Le récit, tout en rythme et en tension, glisse discrètement vers une dimension plus mystérieuse, suggérant que tout pourrait ne pas être réel, avec un cadre urbain nommé de façon évocatrice et de multiples références au rêve. L’histoire entretient habilement le flou sans tout révéler trop vite.
On pourra toutefois reprocher aux deux héros des rôles un peu trop convenus : Jacquie constamment renfermée et hautaine, Kevyn surexcité et parfois fatigant avec ses exclamations répétées. Leur duo fonctionne grâce à la mise en scène nerveuse, mais leurs échanges manquent de nuance.
Cela reste une première œuvre prometteuse. Corc ne renouvelle pas le genre, mais il maîtrise déjà ses codes et livre un album qui séduit par son efficacité graphique et narrative.
Etonnant que cette histoire de 1983 n'ait pas été publiée en France avant quand on sait la renommée de son auteur Miyazaki. L'histoire est joliment illustrée, en couleurs ce qui est assez rare dans le manga et fait penser bien sûr à d'autres oeuvres de l'auteur y compris par les traits de ses personnages. Ici le jeune Shuna se décide à quitter son village enclavé dans les montagnes pour rechercher une solution afin de mieux nourrir le village.
On lui a parlé d'une graine un peu spéciale qu'il pourrait rapporter et semer. C'est une aventure périlleuse et le jeune va rencontrer dans son voyage une esclave qui doit avoir à peu près son âge et sa soeur qui deviendront de bons amis, voire un peu plus.
C'est un conte inspiré d'une légende tibétaine. Je ne dirais pas que c'est quelque chose d'haletant mais ça se lit bien et à découvrir assurément pour les complétistes de l'œuvre de l'auteur.
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Don Juan des Flots
Du célèbre personnage éponyme cette série ne garde que quelques références, principalement en ce qui concerne la personnalité flamboyante et charmeuse du protagoniste, le propos sur l'hybris qui mène à sa perte et l'esthétique de cape et d'épée. Mis à part ça, ici, pas d'amourette (tout du moins ce n'est pas le sujet central), il est surtout question de fantastique, d'une mystérieuse disparition et d'une histoire sur le libre arbitre. A Flot, ville isolée au milieu d'un océan tempétueux empêchant quiconque de partir, tout se paie. Toutes les folies, tous les impossibles sont à portée de main à condition d'en payé le prix fort auprès du dirigeant immortel de l'île. Qu'y a-t-il au delà des murs et de la tempête ? Est-il nécessaire que la magie demande à tous-te de payer un prix si lourd ? Est-il possible d'améliorer la vie des pauvres gens vivant ici ? Qu'est-il advenu du Comendador, mystérieusement disparu il y a peu ? Ces questions brûlent les lèvres de Doña Laura, une soigneuse à la tête d'un petit groupe de parias cherchant à changer les choses. Alors quand un certain Don Juan, sauveur de la veuve et de l'orphelin et visiblement doté d'un grand pouvoir sans contrepartie, commence à faire parler de lui, un projet d'alliance voit le jour. C'est un récit fantastique classique, centré sur une ville mystérieuse, une magie au fonctionnement d'apparence simple mais aux possibilités complexes et des personnages ayant visiblement soif de justice et de liberté. Pas révolutionnaire mais bien mené : les scènes d'actions sont entraînantes, les échanges font mouches, l'histoire parvient à nous donner envie d'en savoir plus sur toute cette histoire (particulièrement avec son final qui en promet beaucoup). Je n'en attendais pas grand chose, n'étant pas très fan du personnage éponyme de Molière (n'aimant pas vraiment la pièce, même si les archétypes de beaux-parleurs/charmeurs/flamboyants me plaisent généralement), mais j'avoue être ressortie satisfaite et intriguée à la fin de ma lecture de ce premier tome.
Et soudain le futur
Le véritable défi de cet ouvrage, qui aborde le thème de la décroissance, autre défi sociétal voire utopie irréalisable avec nos yeux de 2025, consistait à produire un documentaire pédagogique allié à une fiction crédible, se situant dans un avenir proche et avec des personnages consistants. Mathieu Burniat n’a donc pas ménagé sa peine, et qui plus est, il lui fallait éviter de tomber dans la facilité en recourant par exemple au registre post-apocalyptique. Alors bien sûr, l’idée, si originale soit-elle, d’avoir choisie l’île de la Cité, en plein cœur de Paris, pour évoquer une expérience grandeur nature d’une société décroissante, n’en est pas moins saugrenue. Mais il faut voir cela comme un parti pris, non dépourvu d’humour au demeurant, que le lecteur se doit d’accepter afin d’entrer pleinement dans la narration. Bien sûr, il sera très facile d’en critiquer le pitch (on ne sait d’ailleurs pas vraiment si on a demandé l’avis des habitants de la micro-île pour participer à l’expérience, ni celui de ceux qui occupaient l’île avant sa mise en place et comment on les a relogés). Bref, il faudra accepter cette dinguerie idyllique en faisant un petit effort d’imagination. Certes, on peut déjà deviner les sourires moqueurs en voyant ce quartier typiquement parisien garnis de jardins potagers, à deux pas de Notre-Dame, désormais utilisée pour les assemblées générales de la communauté, ou en découvrant le Tribunal de commerce transformé en atelier de réparation et de recyclage d’objets divers. Mathieu Burniat s’est efforcé d’anticiper les moqueries prévisibles en prenant le contre-pied. Tout d’abord, celui qui est vraisemblablement son double dans le récit (Carl Mermot, dessinateur-reporter en mission commandée sur l'île de la Cité), est confronté à l’angoisse de la page blanche et n’a pas été fichu de produire quelque chose de valable en l’espace de six ans, alors que l’échéance du projet approche… parce que oui, le sujet n’est pas forcément enthousiasmant pour tout le monde et qu’il ne faut pas ennuyer les gens ! De plus, pour que l’expérience soit concluante, toutes les sensibilités politiques doivent cohabiter, y compris ces « Cornucopiens » qui s’accrochent au mythe de la croissance éternelle ! Ceux-ci fournissent à Burniat l’occasion d’exposer les arguments des uns et des autres, ne se limitant pas au simple exercice pédagogique à sens unique, et en cela, l’ouvrage est plutôt pertinent. De plus, il sait faire preuve d’une certaine (auto-)dérision en exposant les petites contradictions de ceux qui prêchent la bonne parole, Carl Mermot compris, victime d’une rechute coca-colaesque. L’ouvrage, tout en déconstruisant le mirage de la « corne d’abondance » chère au capitalisme toujours en vigueur et plus agressif que jamais, fournit un argumentaire plausible et propose des pistes à ceux qui envisagent de tourner le dos à leurs habitudes consuméristes pour adopter un mode de vie décroissant. Le dessin à l’aquarelle de Dominique Mermoux, proche de l’esquisse et sans effets de manche, colle plutôt bien au propos. La mise en page est dynamique, à l’image de la narration portant la patte de Burniat, lequel nous a habitués à des ouvrages très énergiques. « Et soudain le futur », en évitant l’écueil du pensum écolo assommant, livre un plaidoyer pour un monde viable pour les générations futures, en évitant culpabilité et anxiété. Sur un mode non dénué d’humour, il fournit les arguments pour permettre à chacun de se responsabiliser, pour faire en sorte que la décroissance infuse les consciences — et pas seulement celles de « bobos parisiens déconnectés » —, soit acceptée par l’ensemble des citoyens. Pour cela, les auteurs ont tenté de montrer, sans pour idéaliser le concept à outrance — lequel n’est pas forcément exempt de failles, mais pour le savoir, il faudrait peut-être essayer, alors qu’en revanche on connaît les dégâts terribles engendrés par le capitalisme —, qu’elle pouvait être conduite de manière positive et sereine, que nous avions certainement beaucoup plus à y gagner : une décroissance choisie est largement préférable à une récession subie. Telle était la mission communicationnelle de leur confrère imaginaire, Carl, dont la « mission était de réenchanter le futur ». Bien sûr, ceux qui sont totalement accros au consumérisme (par exemple, en changeant de smartphone tous les trois mois) risquent de souffrir en lisant cette bande dessinée, mais ils seront peut-être un peu mieux préparés à l’« effondrement » d’un système (avec toutes les nuances que comporte cette expression), désormais devenu inéluctable.
Les Pionniers du Nouveau Monde
C’est la lecture récente de la dernière publication du duo Charles, Au coeur du désert, qui m’a fait penser à aviser cette série, que j’avais lue plutôt avec grand plaisir pour les premiers albums, pour m’en détacher un peu par la suite vers la fin des années 1990. Après le premier cycle de six albums, le récit m’avait moins intéressé. Le fil rouge de la guerre disparu, des passages en Europe moins intéressants, des histoires d’amours et des relations entre multiples personnages qui s’étirent. Et un dessin qui change quelque peu : j’y avais trouvé moins d’intérêt (alors que les lieux et la période m’intéressent a priori). Reste donc ce premier cycle, qui est plutôt une réussite. Commencé chez Deligne, il prend par la suite tout naturellement sa place dans la collection Vécu de Glénat. En effet, il colle parfaitement à son « cahier des charges » : le travail de recherche est visible, et personnages et événements historiques sont très bien utilisés. La guerre de sept ans sert de décor et ravive continuellement les tensions. Le sort des Acadiens déportés est lui aussi bien conté. Enfin, la vie des coureurs des bois et les relations avec les diverses tribus indiennes (qui m’avaient passionné sur une période légèrement postérieure dans les romans de Fenimore Cooper), même si elle n’est ici pas au centre, sont aussi un plus pour le récit. Décors (sous-bois, forts, villes, vêtements) sont bien restitués, et permettent de crédibiliser l’intrigue. Le récit est relativement rythmé donc, et s’articule autour de plusieurs personnages qui se croisent, s’aiment, se haïssent. Toute cette partie (y compris le complot liant nos héros au sort de Québec), inventée par Jean-François Charles, s’imbrique bien dans la grande Histoire. Surtout, il a su nous proposer des personnages attachants, crédibles, qui ne sont jamais des super héros ni des personnages monolithiques. Voir Benjamin, le héros principal, loin d’être un modèle, et souvent ballotté par les événements. Certes, il y a bien quelques facilités (les principaux personnages sont increvables), mais on les accepte facilement ici. Marie Schirley fait une bien belle méchante (elle est un peu plus consistante que Louise, même si cette dernière montre aussi un fort caractère), et elle attise pas mal de flammes (à l’image de sa chevelure rousse). Mais je n’ai pas été convaincu par son revirement, elle qui paraissait ne jurer que par les mondanités et les salons, la voir devenir une aventurière, sans arrêt sur les routes, fait un peu artificiel. Dessin et colorisation sont flamboyants, mais trop brouillons sur le premier tome. Mais ils deviennent plus nets et précis par la suite. Un trait agréable, dans la lignée là aussi de ce que proposaient les auteurs de la collection Vécu. J’avais par contre été décontenancé par le changement après le premier cycle. Un premier cycle très recommandable, la suite s’étirant trop et perdant un peu de son unité. Mais ça reste quand même une des belles séries de la collection Vécu. Note réelle 3,5/5.
Thorgal Saga - De givre et de feu
Pro et pas foncièrement désagréable cet album cependant je le trouve un peu vain. Je ne trouve pas ce que j’attends de ce type de collection (principalement de l’audace et de la surprise). D’ailleurs à mes yeux, c’est même le tome le plus faible, bien trop linéaire et fidèle à la mythologie « Thorgalienne », ça manque d’appétence. Ici une aventure plutôt lambda de notre héros, ça explore un peu l’univers des différents mondes autour de Midgard mais sans emporter véritablement. Ça se traîne et en manque de péripéties pour le nombre de pages, la fin n’est pas folle … Heureusement les auteurs déploient un certain savoir faire pour ne pas rendre la lecture totalement ennuyante. J’ai juste eu l’impression de lire le tome 43 où est la plus-value de la collection ?? Je suis un peu dur dans mes propos (que ma note viendra un peu contrebalancer) mais hormis avec la vision de R. Recht, les nouvelles versions par … ont de plus en plus de mal à me convaincre. Je veux de la parodie, de l’innovation ou simplement sortir des pas de notre héros et explorer d’autres sentiers, pourquoi pas lorgner vers la sf avec ses ancêtres ou approfondir le Jolan adulte de la couronne d’Ogotaï ?
Pavillon Noir
Une série qui se laisse lire, mais qui n’est pas vraiment très originale, sur un créneau (histoire de pirates) pas mal encombré. Le premier tome jouait énormément sur un humour un peu bourrin, gras (et un peu lassant au bout d’un moment), et pas mal de bastons. Du classique pour Soleil (tendance Lanfeust). Par la suite, l’humour s’estompe de plus en plus (sans disparaitre), pour revenir à de l’aventure plus classique – les bastons et autres coups bas persistant. Autre constante Soleil, les bombasses qui se chamaillent, en n’hésitant pas à exhiber leurs formes… Les petites touches de fantastique ne m’ont pas convaincu, mais l’intrigue n’en abuse pas trop, et c’est tant mieux. Le dessin n’est pas ma tasse de thé, mais il fait globalement le travail – même si je l’ai trouvé clairement moins bon dans le dernier tome, où certaines cases sont vraiment bâclées (c’est en tout cas plus inégal dans ce tome). Un récit de pirates, qui peut s’emprunter, mais il n’est clairement pas dans les meilleurs du genre. Note réelle 2,5/5.
El Diablo
2.5 Un one-shot correct sans plus qui s'adresse surtout aux enfants. Je ne sais pas si comme avec Disney il y avait un gros cahier des charges, mais l'imagination de Trondheim est vraiment asphyxiée dans cet album. Les personnages et les situations sont tous du déjà vu. On dirait une bd parue dans une publication jeunesse comme il en sortait à la chaine à une époque ou encore un épisode quelconque d'un dessin animé. Cette histoire souffre aussi du gros défaut des aventures mettant en vedette le marsupilami : les humains ont plus d'importance dans le scénario que le marsupilami lui-même qui est mis en retrait et qui agit surtout comme un deus ex machina. Il était mieux comme compagnon turbulent de Spirou et Fantasio. Il reste le dessin de Nesme qui ressemble à un film d'animation qui est très bon quoique je ne suis pas un fan de son marsupilami.
La Belle & la Racaille
J'avais déjà vu passer des extraits de cette série en ligne (les premiers épisodes, en fait) et avoue avoir été suffisamment intriguée par la prémisse pour que je n'hésite pas à acheter le premier tome lorsque j'ai découvert que l'histoire venait d'arriver dans nos vertes contrées. La Belle & la Racaille, comme son nom français l'indique, est une histoire d'amour similaire au conte de La Belle et la Bête, remaniée ici façon éveil des sentiments amoureux en milieux scolaire (lycéen) entre deux personnes d'apparences très (trop) différentes. L'éponyme racaille s'appelle Atsuko, une loubarde à l'ancienne, une sécheuse de cours invétérée, une machine de guerre capable d'écraser n'importe quel crétin qui l'énerve au sol. La belle, quant à elle, s'appelle Kanzaki, une jeune fille tout ce qu'il y a de plus adorable, qui n'aurait aucun mal à être une fille très populaire si elle n'était pas constamment surexcitée et tête en l'air, nouvelle au bahut et qui va immédiatement s'enticher d'Atsuko à la consternation de cette dernière. Au début seulement, car progressivement, Atsuko elle aussi va énormément s'attacher à Kanzaki, les deux prenant grand plaisir à se retrouver, bien qu'aucune n'arrive vraiment à bien communiquer cet état de fait à l'autre. C'est un récit simple, qui ne révolutionne pas sa formule et ne se montre pas aussi fou dans son exécution que ce à quoi j'aurais pu m'attendre, mais le résultat est bon, maîtrisé. L'histoire fonctionne, on parvient à s'attacher à ces deux jeunes filles, à leur relation qui se crée petit à petit et à leurs difficultés à bêtement exprimer ce qu'elles ressentent à l'autre. L'œuvre brille aussi beaucoup par son dessin, très proche d'un style rétro (en tout cas similaire à celui d'artistes comme Naoko Takeuchi). Je trouve que le style graphique ajoute un joli cachet bienvenu dans cette série, c'est même lui qui avait attiré mon attention sur cette série il y a quelques années. Une série de romance lycéenne très mignonne.
Jukebox motel
Je me retrouve assez dans l’avis de Ro, même si je pense avoir moins apprécié que lui ma lecture de ce diptyque. Tout l’aspect graphique (dessin et colorisation), sans être hyper original, se révèle dynamique et agréable. Suffisamment plaisant en tout cas pour m’avoir poussé à aller jusqu’au bout, alors que certains détails m’avaient au départ plutôt rebuté. L’histoire est assez originale, faisant intervenir quelques personnages réels (Andy Warhol, Johnny Cash) dans une intrigue qui nous fait traverser une bonne partie de l’Amérique du Nord (Québec et New-York au départ, puis Californie ensuite). Les relations – amoureuses mais pas que – entretenues par le héros Thomas avec la femme qu’il aime sortent du commun, avec un « contrat » que Thomas aura du mal à accepter et respecter jusqu’au bout. C’est aussi un autre « contrat » qui lui posera problème, lui qui se voit contraint de peindre « à la chaine » pour un commanditaire qu’il n’apprécie pas. Les réflexions – hélas pas trop poussées – au sujet du marché de l’art, de l’inspiration, du lien entre créateur et marchand auraient mérité d’être plus creusées. Mais elles densifient une intrigue qui, sans cela, aurait été un peu creuse. Mais certaines choses m’ont un peu gêné. La rencontre avec Warhol, et surtout les valises de billets qui ont permis à Thomas de « vivre » sans aucune réelle contrainte durant presque deux ans, m’ont paru trop improbables, et ont faussé la vision que j’ai eue de l’histoire. De même, je n’ai pas vraiment compris le jeu du barman propriétaire de la grange du Juke Box Motel. Bref, pas désagréable, cette lecture m’a laissé un peu sur ma faim. Note réelle 2,5/5.
Bestia
Dans une cité futuriste déglinguée aux allures postapocalyptiques, d'immenses animaux surgissent de manière aléatoire et sèment la destruction. Jacquie, traçaire de métier, traque ces monstres, avec une obsession particulière pour l'un d'eux, plus colossal et insaisissable que les autres. Sa route croise celle de Kevyn, un adolescent bricoleur, vif et bien informé sur les recoins du quartier, qui se joint à sa quête. Pour une fois, Les Humanoïdes Associés publient un titre en noir et blanc très proche du manga, tant sur le fond que sur la forme. Corc signe ici sa première bande dessinée, et ses références aux classiques du manga SF sont visibles : l'ombre d’Akira et de Katsuhiro Otomo en général plane sur cette mégalopole décrépite et son ado motard et un peu dealer et son rapport à Jacquie qui rappelle fortement la relation entre Kaneda et Kei. Gunnm affleure dans les paysages et les scènes de chasse urbaine, et Blame ! aussi parfois dans l'écrasement des personnages par l'échelle des bâtiments et des créatures. Impossible aussi de ne pas penser à L'Attaque des Titans dans les acrobaties de Jacquie, qui virevolte autour des monstres à l’aide de son grappin. Ce mélange pourra sembler trop familier à certains lecteurs, mais visuellement et narrativement, c'est très bien exécuté. Le trait de Corc est déjà étonnamment maîtrisé : personnages expressifs, découpage dynamique, équilibre entre gravité et légèreté… Kevyn apporte une touche d’humour avec ses réactions un peu excessives, tandis que Jacquie incarne une froideur presque caricaturale. Le récit, tout en rythme et en tension, glisse discrètement vers une dimension plus mystérieuse, suggérant que tout pourrait ne pas être réel, avec un cadre urbain nommé de façon évocatrice et de multiples références au rêve. L’histoire entretient habilement le flou sans tout révéler trop vite. On pourra toutefois reprocher aux deux héros des rôles un peu trop convenus : Jacquie constamment renfermée et hautaine, Kevyn surexcité et parfois fatigant avec ses exclamations répétées. Leur duo fonctionne grâce à la mise en scène nerveuse, mais leurs échanges manquent de nuance. Cela reste une première œuvre prometteuse. Corc ne renouvelle pas le genre, mais il maîtrise déjà ses codes et livre un album qui séduit par son efficacité graphique et narrative.
Le Voyage de Shuna
Etonnant que cette histoire de 1983 n'ait pas été publiée en France avant quand on sait la renommée de son auteur Miyazaki. L'histoire est joliment illustrée, en couleurs ce qui est assez rare dans le manga et fait penser bien sûr à d'autres oeuvres de l'auteur y compris par les traits de ses personnages. Ici le jeune Shuna se décide à quitter son village enclavé dans les montagnes pour rechercher une solution afin de mieux nourrir le village. On lui a parlé d'une graine un peu spéciale qu'il pourrait rapporter et semer. C'est une aventure périlleuse et le jeune va rencontrer dans son voyage une esclave qui doit avoir à peu près son âge et sa soeur qui deviendront de bons amis, voire un peu plus. C'est un conte inspiré d'une légende tibétaine. Je ne dirais pas que c'est quelque chose d'haletant mais ça se lit bien et à découvrir assurément pour les complétistes de l'œuvre de l'auteur.