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Couverture de la série Une autre histoire de l'Amérique
Une autre histoire de l'Amérique

Décidément, le catalogue Fantagraphics est vraiment une mine pour qui apprécie les auteurs américains indé ! Jack Jackson est un auteur que j’aime bien. Par-delà ses qualités d’auteur de comics, c’est avant tout un passionné, qui a consacré énormément de temps pour ses recherches (comme ça avait été le cas sur Comanche Moon). D’ailleurs, s’il a été à titre posthume promu au Will Eisner Award Hall, il avait auparavant reçu une foule de prix historiques au Texas. Cet imposant travail de recherche se voit, se sent, et peut sans doute effrayer le lecteur lambda. En effet, on est rapidement submergé par le nombre de personnages de l’histoire mouvementée du Texas (puisque c’est plus du Texas que de « L’Amérique » que cet album présente une « autre histoire »), au cœur de cette première moitié du XIXème siècle qui va le voir devenir un enjeu entre Mexique et États-Unis naissants, mais aussi avec énormément de dissensions internes, de retournements d’alliances, ce qui fait qu’il faut quand même sacrément s’accrocher pour suivre (le personnage de Juan Seguin est un bon fil rouge au centre de ces luttes meurtrières). L’autre petit reproche que l’on pourrait faire ici à Jackson – mais c’est un peu sa marque de fabrique et on retrouve ce travers dans ses autres œuvres – c’est sa narration. A mi-chemin entre le roman graphique pur, tendance western, et le travail historique classique, avec pas mal de commentaires en off (qui occupent plus de place que les dialogues en phylactères). Cela donne une petite lourdeur qui, ajoutée à la foule de noms à ingurgiter, freine sans doute un peu la lecture. Mais le sujet m’intéresse, donc j’ai fait l’effort de passer outre ces petits défauts – qui sont aussi des qualités, tant ce western réaliste aux airs de livre d’histoire illustrée, est riche. Si bien sûr on pense à la bataille de « Fort Alamo » (le film hollywoodien a sans doute fixé pour beaucoup l’imaginaire de la région et de cet épisode), il est ici traité de façon expéditive. Jackson a consacré un album à cet épisode « Fort Alamo » (album pas encore référencé sur le site), plus serré et moins ambitieux, simple « extrait » de cette « Autre histoire de l’Amérique », en tout cas de sa première partie, « Los Tejanos ». La seconde partie, « Une cause perdue » s’intéresse davantage au moment où le Texas est clairement plus américain que mexicain. Cet album propose effectivement une « histoire ». Une autre histoire donc, mettant en avant des figures importantes, souvent laissées en retrait voire ignorées de l’Histoire officielle, car sans doute pas assez consensuelles. Outre la richesse des bases historiques de cet album, l’autre point fort – mais c’est ici aussi affaire de goût – c’est le travail graphique de Jackson. Comme à son habitude il travaille en Noir et Blanc, son trait au rendu proche de gravures, peut être rapproché de celui de Crumb – mais d’un Crumb dont les outrances sexuelles auraient été remplacées par la recherche d’un réalisme historique. Sans doute rigide, un peu comme la narration en fait, c’est là aussi quelque chose d’énorme en matière de travail. Et j’aime bien le rendu, malgré cette rigidité. Jackson donne une force à son dessin, et par là même à son récit. Un album exigeant donc – en temps déjà – mais sur lequel les amateurs de récits historiques et du sujet se doivent de jeter un œil. Note réelle 3,5/5.

09/09/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Les Singes
Les Singes

Les singes, c'était Manon et son père quand elle était enfant, complices au point de jouer aux primates ensemble dans le salon. Mais aujourd'hui, Manon est une jeune adulte qui revient pour un court séjour chez ses parents, et l'ambiance n'a plus rien de joyeux. Sa mère repart une fois de plus en voyage d'affaires, son père est fuyant et dissimule quelque chose, tandis que Manon elle-même n'a plus l'insouciance d'autrefois. Elle est agacée par ce permis qu'elle n'arrive pas à décrocher et rongée par des crises d'angoisse qui la rendent agressive. L'atmosphère est déjà tendue quand son père tente de la traiter comme la petite fille qu'elle n'est plus, et elle se tend encore davantage avec l'arrivée de la tante, qui ne fait qu'accentuer les crispations. Sous des dehors de roman graphique, Yann Le Bec signe en réalité un polar hitchcockien. Comme dans Fenêtre sur cour, toute la question est de savoir si crime il y a, ou si l'héroïne se fait des idées. Manon souffre-t-elle de paranoïa, comme son comportement pourrait le laisser penser ? Ou a-t-elle raison de s'inquiéter ? L'auteur choisit de centrer son récit sur les relations entre les personnages, en particulier celle entre le père et sa fille, à la fois juste et troublante. Aucun protagoniste n'est pourtant vraiment attachant : la mère est absente, le père trop opaque, Manon agaçante dans ses excès émotionnels et ses gestes maladroits... Seule la tante dégage une certaine sympathie, mais elle apparait finalement peu. Le dessin, en bichromie, rappelle le style du roman graphique et sert bien le récit. La mise en scène met en valeur l'état d'esprit de Manon, oscillant entre agitation, angoisse et doute croissant. Malgré quelques longueurs et des personnages peu engageants, l'histoire capte l'attention et maintient l'incertitude jusqu'au bout. La conclusion apporte les réponses attendues, mais elle tombe un peu brutalement : un épilogue aurait permis de refermer le livre de manière plus satisfaisante. C'est un récit imparfait mais prenant, qui joue habilement avec le doute et le malaise à la manière d'Hitchcock. Malgré des personnages auxquels j'ai eu du mal à m'attacher et une fin trop abrupte, j'ai été tenu en haleine par cette atmosphère trouble et ce jeu constant entre paranoïa et réalité.

09/09/2025 (modifier)
Par Stouf
Note: 3/5
Couverture de la série Tokyo Mystery Café
Tokyo Mystery Café

On va dire que c’est une lecture divertissante ! On passe un bon moment à suivre ce jeune français dans les petites rues de Tokyo. Seulement l’histoire n’a rien d’extraordinaire. On a l’habitude des personnages typiquement français (le jeune héros gringalet, les amis nerds, la méchante au regard sournois et glacial et ses sbires en costume et lunettes de soleil). Aussi je ne suis fan pas du style aquarelle : trop de bleu et de rose et ça néglige les bords (chacun ses goûts).

09/09/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Redfork
Redfork

2.5 Un comics moyen avec un scénario que n'importe quel amateur de l'horreur a vu une bonne centaine de fois, notamment dans tous ces téléfilms qui existent uniquement pour remplir les cases horaires des chaines du câble. Alors le héros revient dans sa ville natale après avoir passé quelques années en prison. Il voit que sa famille a des problèmes, mais ce n'est rien contre la menace surnaturelle venue d'un autre âge qui est sorti de la terre... La partie surnaturelle est ce qui m'a le moins intéressé dans le scénario, j'aimais mieux lorsqu'on parlait des problèmes de la ruralité américaine avec ce village qui possède non seulement une industrie qui sera bientôt obsolète, mais aussi des mineurs en mauvaise santé à cause des conditions de leur travail et qui finissent souvent drogué. Le mystère sur ce qui se passe est un peu passionnant, mais après avoir lu la clé du mystère ben j'ai aucune raison de relire l'album. Ça se laisse lire et il y a des moments sympas. C'est dommage qu'au final l'histoire soit trop cliché et aussi superficielle dans son traitement (je pense notamment au dénouement final qui me semble aller trop vite). Le dessin est correct.

09/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Batman - Wayne Family Adventures
Batman - Wayne Family Adventures

J'aime beaucoup les récits tranche de vie. Je trouve qu'il y a quelque chose de fascinant et de très touchant dans les histoires se centrant sur les relations d'individus, sur l'intimité et les petits rien du quotidien. Il y a un potentiel énorme dans ces récits. J'aime aussi relativement bien les histoires de super-héros. Même si les symboliques morales de certaines figures super-héroïques me laisse un goût amer je reconnais apprécier certains personnages, certaines histoires et problématiques de ces univers. Par exemple, je dois bien l'avouer, j'aime plusieurs récits et adaptations autour de l'univers de Batman. Qu'il s'agisse de la série animée de 92, de celle de 2004 ou de certains récits aux enjeux et aux propos travaillés qui naissent parfois dans les comics, j'ai souvent apprécié l'univers dépeints de Gotham (même s'il existe également tant de récits mal écrit le concernant que je considère mon affection toute relative). J'aime particulièrement les ennemis affrontés et la petite famille qui se créé autour de Batman. Alors une série tranche de vie centrée sur ladite petite famille, promettant des blagues et références en veux-tu en voilà et quelques instants dramatiques utilisant à bon escient les passés lourds de ses personnages, ça m'intéresse ! Pourtant, je vais être honnête, j'ai été un peu déçue. Pas que cela soit mauvais : il y a de bonnes idées et l'univers est bien respecté (la série regorge de personnages et de références, n'hésite jamais à faire intervenir toute personne ayant déjà de prêt ou de loin travaillé avec Batman). Mais malheureusement l'exécution m'a semblé pataude. Tout d'abord, le dessin. Il m'a paru trop impersonnel, trop figé même. Difficile d'appuyer certaines expressions comiques, certaines cassures de ton ou même certains moments dramatiques quand les personnages ont l'air si peu expressifs. J'exagère sans doute dans ma retranscription, les personnages ressentent et expriment des émotions, mais le tout m'a vraiment semblé trop retenu (constipé ?). En fait c'est surtout un problème de pose et d'action plutôt que d'expressions du visage. Après, j'avoue que ce défaut est minime, il m'a surtout frappé à une poignée de moments. Le vrai problème que j'ai rencontré lors de cette lecture concernait les dialogues. L'écriture en général, même. C'est un peu trop bateau à mes yeux. Certains épisodes comiques parviennent à trouver des phrases qui paraissent naturelles et font mouches (les épisodes les plus drôles d'ailleurs) mais la majorité des épisodes m'a paru détachée, robotique. Pas à cause du fond, plutôt à cause de la forme presque machinale dont le tout est écrit. Pas assez de blanc, de non-dits, tout est constamment exposé sans subtilité, sans nuance. Je sais que le public visé est adolescent, mais cela n'empêche pas de faire de la qualité ! En fait, pour vous illustrer le problème, il n'y a qu'à parler de la capacité hallucinante qu'ont chacun-e des membres de cette famille à toujours être capable de sortir de profonds discours sur la force d'aller de l'avant et sur le fait que notre passé ne nous défini pas. C'est bon sur le papier, hein, mais quand tous les personnages refont ce même moment d'introspection avec les mêmes sortes d'arguments et la même rythmique à longueur de temps (je vous jure que c'est très souvent) cela perd de son impact. Il y a un côté un peu absurde à voir ses personnages prêts à sortir de long discours d'expositions et d'introspections à tout moment. Je ne sais pas, j'ai toujours préféré les discours motivants et les discussions à cœurs ouverts dans une forme plus naturelle, moins préparée. Ou alors, quitte à faire le choix de l'épique et des discours braves et forts autant iconiser le tout, marquer l'instant par la mise en scène et le rythme. Mais là j'ai vraiment eu l'impression que ces moments survenaient tous les deux épisodes et sans grand impact. Cette sur-insistance constante sur le fait que toute cette famille cherche à aller de l'avant mais retombe encore parfois dans de mauvais mécanismes de défense n'est pas un mal en soi. Au contraire même, je trouve que chacun-e des membre de cette "famille", de ce groupe d'individus aux parcours et aux relations si chaotiques mais s'aimant et se respectant néanmoins a un énorme potentiel pour une série mêlant tranche de vie comique et discours inspirants. Je trouve seulement que l'exécution laisse à désirer, ou en tout cas n'a pas su répondre à mes attentes. J'aurais voulu justement que ces moments aient un impact plus notables dans la psychologie des personnages, que ces discussions paraissent moins préparées et plus touchantes, que je ressente vraiment ce qui fait que cette famille se soit construite malgré les horreurs que ses membres ont vécus par le passé. Bon, ce défaut d'écriture mis à part, la série n'est pas mauvaise. Il y a une bonne utilisation des différences entre chacun des personnages (même si je n'aurais pas dit non à un peu plus de caractérisation chez certain-e-s), de bonnes idées (même si, comme dit plus haut, l'exécution n'est pas toujours extraordinaire), ... Bon, oui, j'ai été déçue, forcément cela déteint sur mon avis. Mais, hey, ça se laisse sincèrement lire. J'ai même lu la série jusqu'au bout sur Webtoon (tout du moins tout ce qui était sorti à ce jour) pour vraiment juger le travail jusqu'au bout. Ce n'est pas mauvais, sincèrement, mais ça remplie juste son office sans grande prise de risque à mes yeux. (Note réelle 2,5)

08/09/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
Couverture de la série ONI - Plaisirs intimes
ONI - Plaisirs intimes

Une bien sympathique BD de la part d'une autrice que j'apprécie de plus en plus pour son coup de crayon vraiment pas dégeu. C'est important et sans doute primordial pour une BD de ce genre, mais je dois dire que j'aime cette façon qu'elle a de dessiner, tout en courbes douces mais aussi en couleur légères, pastels, avec une touche d'érotisme classieux. Niveau histoire, c'est léger mais efficace, la narration passant avant tout par les pensées des personnages représentées sous deux teintes. L'histoire racontée est simple, sur deux personnes qui se rencontrent plusieurs fois dans leurs vies, explorant ensemble une osmose sexuelle. Niveau sexe, ça ne va pas très loin et ce n'est pas l'intérêt. C'est surtout la beauté des corps qui se croisent, la question des envies et de la façon de faire monter le désir. C'est classique dans le déroulé mais j'aime beaucoup la douceur qui se dégage de ce genre de récit. Pas de vulgarité, pas de brutalité, juste une découverte de soi et de l'autre. L'ensemble marche bien et j'en suis presque ressorti frustré de la brièveté, puisque le format de 48 pages est respecté et m'a semblé un peu trop court. Une bonne BD, dans le style de l'autrice et qui donne vraiment envie de la voir s'essayer à plus long et plus complexe comme récit, pour l'instant je valide !

08/09/2025 (modifier)
Couverture de la série The Fixer - Une histoire de Sarajevo
The Fixer - Une histoire de Sarajevo

Joe Sacco est un auteur que j’aime beaucoup, son travail de documentariste est franchement très intéressant. Si le conflit israélo-palestinien est le sujet qui l’a le plus occupé, on le retrouve ici dans une région et un conflit sur lesquels il a aussi travaillé plusieurs fois (voir Gorazde par exemple). Si ici on retrouve Sacco se mettant en scène, et si j’ai quand même trouvé agréable ma lecture, j’ai aussi trouvé cet album un peu moins intéressant que celui que je viens de citer – pour rester dans les conflits ayant mené à l’éclatement de l’ex-Yougoslavie. Il y a là moins de profondeur qu’à l’habitude chez Sacco. L’essentiel de l’album tourne autour de ses rencontres avec Neven un « fixer » à Sarajevo, qui lui a permis – moyennant finances, d’avoir des informations de première main, des contacts, et de réaliser des reportages. Le personnage de Neven est ambigu – comme pas mal de chefs de guerre bosniaques évoqués ici – et Sacco ne cherche pas à en faire un saint ou un salaud. On sent toutefois qu’il s’est attaché à lui, par-delà les relations professionnelles. Ce qui n’empêche pas Sacco de jouer d’humour et d’autodérision à chaque fois qu’il doit raquer pour payer Neven (qui ne manque vraiment aucune occasion de lui soutirer quelques billets). Certains passages où Sacco semble se faire un peu enfumer sont amusants. Bref, une lecture pas inintéressante – sur le travail d’un reporter dans le bourbier serbo-bosniaque des années 1990, sur la situation même de la Bosnie au tournant de l’indépendance, avec des chefs de guerre liés à la pègre utilisés par les dirigeants politiques avant qu’ils ne cherchent à s’en débarrasser. Mais un album clairement en deçà en matière de densité et d’ambition par rapport aux meilleurs Sacco.

08/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Colville
Colville

Je découvre cet auteur avec cet album, qui possède de réelles qualités, même si, au vu de l’entame, j’en attendais sans doute un peu plus. Ce qui m’a d’emblée attiré, c’est le travail graphique de Steven Gilbert. Son dessin, le rendu, noir et un peu charbonneux, est très plaisant. En tout cas pour les décors, ambiance – ce qui est ici très important, et domine presque l’intrigue elle-même. En effet, c’est plus hésitant et inégal pour les personnages, avec quelques hésitations et menus défauts. Mais, globalement, c’est agréable à regarder. Concernant l’intrigue, elle est en soi très légère. Un jeune homme tente une dernière petite arnaque pour gratter les quelques centaines de dollars qui lui manquent pour auto-éditer son comics. Hélas, tout va mal tourner. On le sait dès le départ, puisque les premières cases, muettes, nous livrent quasiment la fin de ce thriller, images que nous reverrons plus tard, avec les explications, les enchainements qui y mènent. La construction – volontairement décousue – est d’ailleurs, comme l’ambiance, le point original et attractif de cette histoire. Un ensemble très très noir, glauque, les petites frappes de banlieue qui semblaient occuper le côté obscur se voyant largement dépassés par bien plus pervers qu’eux ! Colville est loin d’être le bled calme qu’on imagine en effet. Un polar qui manque un peu de densité, mais que les amateurs d’ambiances poisseuses apprécieront je pense.

08/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Notre histoire
Notre histoire

Ces deux albums retracent la vie de Lilian Thuram jusqu’à ses débuts de footballeur professionnel. De sa Guadeloupe natale, d’où sa mère s’est embarquée pour la France avec tous ses enfants, jonglant continuellement avec de petits moyens pour que tous s’en sortent, jusqu’au début de réussite de Lilian, qu’on suppose bénéfique pour toute la famille. Régulièrement au cœur de ce récit assez linéaire et classique – et manquant sans doute d’aspérité, à défaut de manquer d’empathie, nous retrouvons le jeune Lilian discutant avec Neddo, un vieux monsieur rencontré dans la cité où la famille s’est installée près de Fontainebleau. Celui-ci va régulièrement lui raconter la vie et l’action de personnes qui se sont battues contre les préjugés et pour défendre les libertés. A part Ésope, la plupart sont liés à la lutte contre le racisme et sont des Noirs, que ce soit dans les colonies européennes ou aux États-Unis (le dernier exemple étant celui d’Angela Davis). Si le procédé fait quand même très artificiel (le personnage du « vieux sage » Neddo est inventé), et si cela tourne un peu à l’exempla édifiant parfois, on ne peut que reconnaitre la nécessité de rappeler des valeurs qui devraient être universelles, et qui forment officiellement l’ossature de notre « démocratie », comme celles reprises dans notre devise. Lilian Thuram s’est depuis longtemps impliqué dans la lutte contre les discriminations – raciales en particulier. Il a participé à plusieurs documentaires avec l’historien spécialiste du sujet Pascal Blanchard. C’est pourquoi, même si l’histoire qui sert de fil rouge n’est en elle-même pas forcément hyper emballante, les idées défendues par ce diptyque méritent d’être mises en avant, par-delà la relative naïveté des moyens employés pour les défendre. En plus des préjugés racistes, Lilian Thuram contredit aussi les idées reçues sur les sportifs – footballeurs en particulier – incapables d’élaborer une pensée cohérente et intellectuellement élevée. Thuram est visiblement une belle personne, et cette série, en plus de nous expliquer sa « formation » (ses valeurs plus que ses capacités sportives), permet de remettre en avant des personnes que l’histoire « officielle » (écrite par et pour des Blancs le plus souvent) a laissé de côté.

08/09/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
Couverture de la série The Ex-People
The Ex-People

Dommage, cette série en deux tomes manque clairement de peps pour que je puisse leur donner plus. Et pourtant j'aimais beaucoup l'idée et l'atmosphère de conte qui se dégageait de l'ensemble avait quelque chose pour me plaire. Le premier volume contient les éléments de mise en place d'une histoire qui se développe très peu au final, avec une longue mise en place de comment on en est arrivé là et une résolution qui est ... beaucoup trop rapide. Une action, une grande bataille et voila la fin après un petit échange sympathique mais clairement manquant de développement. A mon sens, il manquerait un volume de plus et l'histoire aurait bien mieux tenue. En l'état il y a beaucoup de choses sympathique mais l'enchainement rapide fait que pleins de détails sont trop peu développés tandis que d'autre le sont trop par rapport à leur importance. Le dessin de Utkine est toujours aussi bon que ce que j'avais découvert dans son Le Roi des oiseaux, avec ce trait charbonneux qui va à merveille à une ambiance de conte légèrement merveilleuse, avec une touche d'étrange dans les personnages où les yeux en amande et trop grand pour le visage, plongeant très vite dans le ton du récit. Rien que pour le dessin, je recommanderais la lecture. Pas mauvais, clairement pas, mais manquant d'un truc qui fasse réellement décoller le récit au-dessus de la masse, cette BD manque du petit plus qui me ferait monter ma note. En l'état, je donne un 3* qui salue le travail et je ne vous déconseille pas la lecture qui reste plaisante.

08/09/2025 (modifier)