Les derniers avis (47355 avis)

Par karibou79
Note: 3/5
Couverture de la série À la poursuite du trésor de Décalécatán
À la poursuite du trésor de Décalécatán

Alors les Fabrice, ce sont 2 gars qui érigent la bétise en art de vivre, qui sévissent dans l'édito tordant du journal Spirou. Les 2 auteurs ont déjà bossé ensemble, on connaît leur style basé sur la compilation de séquences comiques ou de récits courts. Ici c'est bien une histoire complète au format standard qui prend le temps d'installer les situations. Le délire des clichés mexicains à base de moustache fait mouche direct avec moi, je suis aux anges. Pas de temps morts, les situations d'aventure et d'humour décalé s'enchaînent mais peut-être à un rythme qu'ils semblent s'imposer et du coup, on a l'impression que la crétinerie de nos 2 gugusses tournent en rond. Je me marre de la pauvre guide qui se retrouve diminuée à chaque imprévu mais on se doute de plus en plus rapidement combien de cases vont s'écouler avant qu'elle ne morfle à nouveau. Mais ça tourne un peu en rond donc c'est frustrant. Pourtant les décors et les personnages sont variés, peut-être que le récit aurait dû être plus court pour être plus punchy.

11/06/2025 (modifier)
Par karibou79
Note: 3/5
Couverture de la série Le Voyage de Shuna
Le Voyage de Shuna

Quelles belles aquarelles, quel souffle épique. On est en territoire connu, cette histoire s'intégre parfaitement dans le monde de Nausicaä de la vallée du vent (créée d'ailleurs à la même époque) : costumes, bestiaire, expressions du visage, thème de l'écologie et du rapport à notre civilisation... Autant d'éléments qui sont la patte Ghibli que l'on retrouve tout au long de la carrière du maître. Mais ici c'est la forme qui change: pas de gaufrier, pas de bulles de dialogue mais seulement 1 ou 2 cases par page avec quelques lignes discrètes de voix off. Ce n'est pas un manga mais bien un conte qui serait destiné à de grands enfants capables d'affronter quelques thèmes plus durs (la traite d'esclaves, ce n'est pas du Ungerer). Mais pas vraiment non plus car on a aussi l'impression de feuilleter une sorte de story-board compilant des (magnifiques) croquis préparatoires, une case pouvant résumer une séquence d'action complète. Une note moyenne car le nom Miyazaki est si lourd à porter que l'on est forcément plus sévère. Si l'auteur avait été moins connu et l'œuvre clairement classée comme un conte, la note serait supérieure.

11/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Guerre à Gaza
Guerre à Gaza

Joe Sacco a déjà publié plusieurs albums sur la situation en Palestine – et à Gaza même. Tous de qualité. Et qui le suit sait qu’il a depuis longtemps cherché à consolider ses connaissances du sujet. Cet album pêche par sa concision, et son côté « coup de gueule » brut et sans réel travail de construction. Il n’y a pas ici le travail de terrain habituel – et pour cause, puisque tous ceux qui pourraient témoigner sont impitoyablement tués. Mais ce sont aussi ces caractéristiques qui en font sa force. En effet, Sacco en appelle en fin d’album à Dante, décrivant l’enfer vécu par les Gazaouis. Près d’un an après le début de publication de ces rubriques aux États-Unis, la réalité dépasse l’entendement et les images formulées par Sacco. Les massacres s’enchaînent, les déclarations génocidaires et racistes des dirigeants israéliens se suivent. Et ceux qui dénoncent ces crimes sont eux-mêmes « criminalisés », poursuivis, en Europe ou aux États-Unis (ne parlons pas d’Israël), la censure étouffe ceux qui veulent encore croire à une réaction face à la barbarie (et les crimes – réels – du Hamas ne justifient en rien ce qui se fait depuis des mois à Gaza). Face à cette censure, Sacco propose d’user de l’expression « auto-défense génocidaire », oxymore dérisoire, qui ferait presque trait d’humour – noir – si les morts de Gaza ne nous empêchaient d’avoir envie de rire. C’est pourquoi malgré ses défauts et son aspect presque minimaliste, le cri du cœur/coup de gueule de Sacco est salutaire, pour que le silence ne donne pas raison à ceux qui en Israël se comportent en parole et en acte comme pouvaient le faire ceux qui exterminaient les Juifs il y a quelques décennies. Ici Sacco s’en prend à l’hypocrisie de Biden, qui arme copieusement ceux qui tuent, pour « en même temps » (décidément cette expression éclaire beaucoup d’hypocrisie !) – le cynisme de Trump n’ayant pas encore pleinement sévi au moment où Sacco écrivait ces lignes.

10/06/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Marceline
Marceline

Marceline a 13 ans et subit de plein fouet les premiers bouleversements de la puberté : poils, odeurs, peut-être bientôt les règles, mais surtout ce sentiment de ne plus être à sa place, ni dans son corps ni au collège... Passionnée de chats, elle s'imagine sans trop y croire que tout cela vient d'une transformation progressive en chat-garou. Cette idée lui sert de refuge pour traverser ces moments difficiles. Elle n'est pas seule pour autant : à côté de ses parents qui ne l'écoutent pas assez, elle a sa meilleure amie, désormais dans un autre collège, ainsi que plusieurs jeunes de son âge qu'elle rencontre. Parmi eux, une fille encore plus folle de chats qu'elle, avec qui le courant passe moyennement, et un garçon qui assume avec le sourire son propre rejet des normes scolaires. Malgré un certain manque de maturité, Marceline a une bonne répartie et ne se laisse pas abattre par ceux qui cherchent à la harceler. Cette BD réussit joliment à aborder le passage à l'adolescence. L'album laisse penser qu'il faut aimer les chats pour l'apprécier, mais ceux-ci ne sont finalement qu'un prétexte à dépeindre des scènes d'adolescence ordinaire, traitées avec justesse et humour. L'héroïne n'est pas obsédée par ces animaux : ils lui servent surtout de soutien moral, alors qu'elle reste bien consciente de ce qu'elle traverse et gère la situation avec intelligence. Le ton est globalement sensible et sincère. L'humour n'est pas très marqué mais maintient le sourire du lecteur et apporte la légèreté nécessaire pour tourner les pages. Le personnage de Marceline est bien rendu, avec cette touche d'immaturité qui rappelle qu'elle sort tout juste de l'enfance, mais aussi suffisamment d'intelligence pour montrer qu'elle n'est pas naïve et sait se débrouiller quand il le faut. Le récit évite le manichéisme, ce que j'ai particulièrement apprécié, notamment dans ce passage où elle croit avoir trouvé une super amie, mais choisit finalement de s'en éloigner faute de réelle connexion. L'ami garçon qu'elle se fait ensuite est lui aussi original et attachant. Bref, une BD sensible et juste, avec un bon équilibre d'humour et d'idées amusantes pour divertir, s'attacher à l'héroïne et parler aux jeunes lecteurs qui vivent, vivront ou ont vécu cette période difficile.

10/06/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série La Casati - La Muse égoïste
La Casati - La Muse égoïste

La Marquise Casati était un personnage fantasque et richissime du début du XXe siècle. Très jeune, elle avait décidé de devenir une œuvre d'art vivante, et elle a consacré son immense héritage à incarner cette idée, côtoyant de nombreux artistes et figures mondaines qu'elle fascinait par son apparence, ses extravagances et ses fêtes somptueuses. Je ne la connaissais pas du tout, et cette BD m'a permis de découvrir l'ensemble de sa vie. Il faut reconnaître qu'elle était vraiment singulière et a su faire preuve d'une créativité étonnante pour marquer les esprits, sans jamais sombrer dans la vulgarité. La BD rend bien cette personnalité hors norme, avec un ton juste et une élégance qui correspond parfaitement au sujet. Mais il est difficile de ne pas être aussi frappé par le malaise que suscite une telle débauche de moyens. Obsédée par son image et sa volonté de choquer ou d’éblouir, elle dépensait sans retenue pour nourrir cette mise en scène permanente. Du point de vue sociétal, il y a quelque chose de profondément dérangeant à voir une fortune aussi colossale dilapidée ainsi. Artistiquement, son parcours intrigue, mais face au gaspillage humain, financier et même animal qu’il implique, difficile d’y voir un simple geste artistique désintéressé. Cela donne surtout un éclairage cru sur la décadence d’un monde de privilégiés. Malgré tout, la Marquise Casati reste un personnage fascinant, jusqu’à la fin fidèle à sa démarche, continuant à incarner son mythe même ruinée. C’est une lecture intéressante, bien mise en scène, qui brille par son élégance formelle tout en laissant un arrière-goût d’inconfort face à cette époque et à ce qu’elle révèle.

10/06/2025 (modifier)
Par Titanick
Note: 3/5
Couverture de la série Anita Conti (Catel & Bocquet)
Anita Conti (Catel & Bocquet)

Première biographie que je lis du tandem Catel et Bocquet. C’est du beau travail, une bio qui semble assez exhaustive, certes linéaire mais qui donne un aperçu du cheminement de pensée de cette océanographe, qu’on connaît nettement moins que Cousteau. Avec un beau dessin bien lisible, c’est plutôt agréable à suivre. C’est vrai qu’on pourrait reprocher un côté hagiographique, mais il semble que les auteurs aient voulu nous faire comprendre la sincérité des engagements de Mme Conti. On voit les motivations qui la poussent à s’engager sur des pêcheries au large des côtes lointaines, et on la voit commencer à douter de cette pêche intensive pour s’engager de plus en plus, et bien en amont de beaucoup, pour la préservation des ressources d’abord et du milieu marin ensuite. On retiendra une femme sincère, pionnière de la protection des océans. En cette semaine où s’ouvre le sommet sur les océans, il faut se souvenir d’elle et de ses derniers combats.

10/06/2025 (modifier)
Par grogro
Note: 3/5
Couverture de la série Déesse
Déesse

C'est la deuxième BD de cette collection que je lis, après celle de Monsieur Bouzard. Je ne l'aurais sans doute pas ouverte si Aude Picault n'était pas invitée au festival de BD de Délemont en Suisse, à un jet de pierre de chez ouam. Et c'est une BD sympathique. J'aime beaucoup sa vision de la mythologie, et sa réinterprétation de la Genèse biblique, avec cette dichotomie Bien/Mal, Ange/Démon... Qui plus est, elle intègre des éléments païens dans l'histoire, ce qui à mon sens est une chose tout à fait pertinente. En effet, la religion a toujours fleuri sur les vestiges de croyances antérieures auxquelles elle se substitue, qu'elle absorbe, intègre à son propre dogme pour finalement mieux les effacer des mémoires. Enfin, la Femme y tient une place centrale qui était très probablement celle qu'elle occupait dans les premières sociétés. Sur le sujet, et afin de prolonger cette lecture, on pourra lire l'excellent livre de Merlin Stone, Quand Dieu était femme... Bon, le côté cul est ici tout à fait anecdotique, mais on s'en fout complètement puisque ce n'est pas ça je pense que les lecteurs recherches avec cette petite collection qui, ainsi que le rappelle l'éditeur, "va vous rendre sourd de bonne heure".

10/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Parasite
Parasite

J’ai emprunté la série au vu du pitch de départ, qui me laissait supposer une histoire proche de celles que propose Junji Ito, mais en plus long. D’ailleurs je l’ai lue dans la dernière version en 8 tomes, bizarrement appelée « éditions originales » (pourtant pas la première édition publiée en France – la première l’ayant été avec 2 tomes de plus !?). Le début ressemble effectivement à du Ito, avec un fantastique un peu gore et déstabilisant, lorsque les organismes parasites s’emparent d’humains, et que les « boucheries » se multiplient. Cet aspect peine à se renouveler par la suite, et je n’ai pas accroché aux nombreuses scènes durant lesquelles se combattent ces organismes intrusifs. Les réflexions de Shinichi (seul à survivre et à cohabiter avec son parasite, qu’il a bloqué au niveau de son bras) sont un peu plus intéressantes. Tel David Vincent, il doit prévenir un monde incrédule de l’existence d’envahisseurs. Mais comment le faire ? Comment repérer ces envahisseurs (en cela son parasite se transforme souvent en allié, détectant les autres êtres – humains ou animaux – infectés, l’aidant dans les combats contre ceux-ci, etc.). Shinichi et son parasite ayant chacun besoin de l’autre pour survivre, deviennent complémentaires – malgré quelques tensions – et se pose alors la possible cohabitation entre les deux espèces, même si Shinichi représente une exception (la professeure elle aussi infestée étant l’autre cas sortant de l’ordinaire prédateur et mortifère de l’entrisme des parasites dans les corps qu’ils infestent). S’invitent aussi d’autres réflexions, comme la place des humains sur Terre, une certaine forme d’écologie. Reste que cette lecture ne m’a pas plus passionné que ça, et je suis arrivé au bout en m’ennuyant un peu parfois. Le dessin d’Iwaaki – très lisible au demeurant – est assez basique, fait en tout cas son âge, et je préfère celui d’Ito ou surtout de Maruo, pour citer d’autres mangakas aimant les histoires plus ou moins horrifiques.

09/06/2025 (modifier)
Par pol
Note: 3/5
Couverture de la série Cargo - Pavillon Barbare
Cargo - Pavillon Barbare

Ce cargo est le théâtre d'un huis-clos mettant en scène une galerie de personnages tous plus paumés les uns que les autres. Nous sommes en présence d'une belle brochette de losers et de paumés qui vont se croiser au rythme des vagues et des escales de notre embarcation. Au début, ils ne sont que quelques uns présents à bord. Les différentes péripéties vont apporter leur lot de nouveaux personnages et de surprises. Ce qui est très réussi dans la construction du récit et dans la narration, c'est l'entrée en matière de chacun de ces protagonistes. A chaque fois qu'on va croiser un nouveau personnage, un flash back va nous conduire de plus en plus en arrière dans le passé (2 jours plus tôt, une semaine plus tôt, 10 jours etc...). Ce saut dans le temps va nous permettre de faire connaissance avec le nouveau personnage, de comprendre que même si on ne l'a pas encore vu, il est déjà présent à bord depuis un certain temps, et on va découvrir comment il a embarqué. Le mécanisme est plutôt amusant et c'est ainsi qu'on va découvrir un passager clandestin, un duo de réfugiés, un naufragé repêché. Ce mécanisme va aussi mettre en lumière que certaines personnes ne sont pas qui qu'elles prétendent. Ca fonctionne vraiment très bien et ça donne une dimension amusante et décalé au récit. Le petit lot de surprises qui accompagnent ces découvertes est bien sympa. Par contre, une fois tous les personnages présents à bord, le rythme retombe un peu et les petits twist amusants disparaissent. Il y a un peu moins d'inspiration niveau scénario à partir de ce moment là. Entre ceux qui s'engueulent et essayent de s'entretuer sur le pont supérieur, et les prisonniers qui s'ennuient dans la cale, on a beaucoup moins envie de sourire sur le dernier tiers du récit. Ca tourne un peu en rond et ça ne raconte plus grand chose d'interessant ou de rigolo. Au final un album original et sympa, mais la seconde moitié du développement n'est pas à la hauteur du début, qui avait pourtant ouvert la voie de belle manière.

09/06/2025 (modifier)
Par cac
Note: 3/5
Couverture de la série La Veuve
La Veuve

Adaptation du roman La veuve de 2007 de Gil Adamson que je ne connaissais pas, cette histoire raconte la fuite de Mary après voir tué son mari, sans doute l'avait-il bien cherché. Elle est poursuivie par les 2 frères du défunt qui cherchent réparation et cela oblige Mary à parcourir les montagnes et forêts. Et c'est bien là la force de cet album, de très beaux dessins noir et blanc de la nature canadienne. Pas mal de planches contemplatives où le texte est rare. S'il n'y avait pas eu ces belles pages, l'histoire en tant que telle est louable avec un certain hommage au courage féminin, mais ne mérite pas plus que 3/5 selon moi.

08/06/2025 (modifier)