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Couverture de la série Miss Charity
Miss Charity

Je commence à être familier de la façon du couple Montel/Clément. Leurs propositions souvent poétiques et contemplatives ne me laissent jamais indifférent. Toutefois ici j'ai eu du mal à accrocher dans les pas de la jeune Charity et de son univers victorien guindé et étouffant. Je comprends ce parcours de pionnière qui éclos à cette époque dans beaucoup de domaines réservés aux hommes ( médecine, physique, cinéma …) Sauf que je trouve le message un peu ambiguë puisque c'est dans un domaine artistique que la jeune Charity explose. J'ai trouvé le rythme bien trop lent et seuls les personnages de Tabitha, au début, puis celui de Blanche ont égayé ma lecture. L'autre source de plaisir provient des belles aquarelles de Anne Montel. Elles sont gracieuses, fraiches et colorées. La construction des planches est très moderne et donne le sentiment d'une totale liberté en contraste absolu avec l'ambiance de prison sociale dans laquelle vit la jeune fille. Pas trop à mon goût mais cela reste une lecture plaisante. Un bon 3 tout de même

08/09/2025 (modifier)
Couverture de la série My Broken Mariko
My Broken Mariko

Hmmm… Pas facile pour moi de vraiment savoir quoi penser de ce manga. D'un côté, le sujet du suicide, d'une vie si désespérante qu'un individu ne soit plus qu'une coquille se contentant d'avancer sans réfléchir, d'une fuite en avant pour symboliser le chaos passé et la difficulté de pleinement comprendre et digérer les émotions que l'on ressent, tout ça marche beaucoup sur moi. J'avoue même avoir pleuré. Mais, de l'autre côté, je me dois d'être honnête, la forme m'a paru bien trop chaotique, décevante même. Trop "fofolle" pour pleinement émouvoir, cherchant trop à faire rire au détriment de la pleine gravité de la situation. C'est compliqué à dire, il est techniquement possible de lier le comique et le tragique, de traiter son sujet à la fois avec la gravité qui lui revient et la légèreté que l'on souhaite lui insuffler, mais pourtant, là, chacune des deux extrémités narratives dessert l'autre. Pas un problème d'idée, un problème de forme je pense. Peut-être que si les passages se voulant comiques n'intervenait/n'interrompait pas toutes les deux pages, qu'ils servaient plus à cristalliser les quelques bons souvenirs passés ou à symboliser l'espoir d'un futur ils auraient pu mieux passer. Ce défaut de rythme et de ton mis-à-part (il reste tout de même un gros point noir à mes yeux) j'apprécie l'histoire qui nous est racontée. Disons en tout cas que je l'apprécie sur le papier. C'est l'histoire d'une jeune femme apprenant un jour aux infos que sa meilleure amie s'est donnée la mort. Sachant à quel point sa vie a été dure auparavant, ne souhaitant pas laisser ses cendres entre les mains de son père qui lui avait fait tant de mal et ne parvenant pas encore à faire son deuil, Tomoyo décide de voler les reste de Mariko, son amie, et de lui offrir un dernier voyage. Un road-movie mélancolique, teinté du spectre de l'amitié perdu, de la mort et des souvenirs ça promet une histoire qui prend aux tripes, qui tape nos petits cœurs touts mous et nos glandes lacrymales avec la violence d'une barre de fer narrative. Pourtant, comme dit plus haut, l'exécution ne parvient pas vraiment à remplir ses promesses. Dommage, car on ressent une justesse, une sincérité dans cet amitié, cette souffrance et ce deuil. Une sincérité qui a tout de même réussie à me toucher malgré les défauts de forme. Qu'il s'agisse des appels à l'aide de Mariko prenant la forme de chantages affectifs ou le mal-être qui habite Tomoyo face à tout ça depuis tout ce temps, tout ceci sonne vrai, sonne concret. Et le dessin et le découpage scénique de Waka Hirako (quand il ne s'interrompt pas toutes les cinq minutes pour des apartés comiques) est bon, léché, cinématographique même par moment. L'autrice s'exprime d'ailleurs sur ses inspirations lors d'une petite interview mise à disposition à la fin de l'album, une interview que j'ai trouvée très intéressante, notamment lorsqu'elle explique d'où lui est venu le sujet de l'histoire. Non content de nous laissé-e-s face à cette histoire sur laquelle je ne sais toujours pas quoi pleinement penser, le manga nous mets également à disposition le tout premier récit de l'autrice, intitulé Yishka, là aussi un road-movie, cette fois-ci dans une ambiance mafieuse, dans le désert américains, troquant la relation fusionnelle entre deux jeunes filles pour une relation parentale et éphémère entre un repenti fuyant son passé et un jeune homme orphelin essayant de joindre les deux bouts comme ils peut, mais gardant tout de même cette ambiance désespérante et cette mise en scène cinématographique. C'est peut-être con à dire, mais j'ai finalement plus été touchée par cette courte histoire. Elle n'est pas révolutionnaire, plutôt clichée même, mais elle marche, elle reste efficace. Elle m'a moins impactée émotionnellement mais est parvenue à maintenir une narration et un ton fluides jusqu'au bout. Conseillerais-je la lecture de ce manga ? Eh bien malgré ses défauts, oui. La forme n'est pas parfaite mais le fond du récit est sincère, le dessin est inégal et le ton fluctue trop mais bien souvent le tout parvient à faire mouche, à être juste. Une œuvre inégale mais loin d'être dénuée d'intérêt. Pas un chef d'œuvre mais une création suffisamment intrigante et travaillée pour que je garde l'autrice en tête et que j'essaye de voir ses prochaines créations.

07/09/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Shinobi Life
Shinobi Life

Beni est une lycéenne issue d’une riche famille, héritière blasée qui se fait régulièrement kidnapper et n’a aucune peur de mourir, tant que la responsabilité en revient à son père qu’elle déteste. Tout change lorsqu’un ninja, projeté depuis le Japon médiéval, atterrit sur elle par accident. La confondant avec son ancêtre, la princesse Beni, il jure de la protéger au péril de sa vie, mettant au service de la jeune fille aussi bien ses talents de shinobi que son charme. Ce manga avait été pensé à l’origine comme un one-shot, et cela se ressent fortement. Le premier tome, à lui seul, est une réussite : mélange de voyage temporel, de ninjas, d’humour et de romance, il est à la fois vif et attachant. En un seul volume, il se passe beaucoup de choses, entre le Japon contemporain et médiéval. Malgré des facilités scénaristiques, une romance et un graphisme typiquement shojo, et quelques exagérations, l’intrigue reste cohérente, amusante et se conclut de façon un peu abrupte mais satisfaisante. Seulement voilà : le succès aidant, l’éditeur a proposé à l’autrice d’en faire une série. Et si les tomes qui suivent immédiatement tiennent encore la route, développant les personnages et leur relation, on sent vite que la formule s’essouffle. La romance prend d’abord plus de place, avec des thématiques intéressantes (différences de statut social, fierté blessée de se faire protéger par une femme, ou encore confusion des sentiments face à une ressemblance avec une ancêtre). Mais l’intrigue finit par se diluer : le rythme ralentit, les péripéties se raréfient. Pire encore, par la suite les deux protagonistes sont séparés pendant plusieurs tomes, l’héroïne retournant dans le passé tandis que le héros tente de la retrouver. Résultat : la romance stagne, remplacée par une guerre de ninjas assez convenue et peu palpitante, avant des retrouvailles évidemment attendues. Bref, si vous cherchez une lecture courte et plaisante, le premier tome suffit largement. Pris comme un one-shot, il fonctionne bien et évite les longueurs qui plombent la suite. Note : 3/5 pour le premier tome, et 2/5 pour la suite.

07/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Rojava
Rojava

Il faut saluer cette sympathique mise en images du combat des femmes du Kurdistan : il n'y a pas que des barbus au Moyen-Orient. La rentrée littéraire c'est aussi des albums BD : voici Rojava avec Aurélien Ducoudray au scénario et Sébastien Morice au dessin. Sa formation d'architecte permet à S. Morice de se montrer très réaliste dans les scènes de guérilla urbaine au cœur des ruines syriennes et A. Ducoudray a réalisé de son côté un gros travail de documentation pour décrire cet épisode de la guerre civile syrienne. Un second épisode est programmé : on a déjà hâte ! L'héroïne, Rojava, est une très jeune femme kurde (16 ans !) qui s'engage comme sniper (snipeuse ?) dans les YPJ, la déclinaison féminine (depuis 2013) des YPG (Yekîneyên Parastina Gel : Unités de Protection du Peuple), la branche armée de la lutte pour l'indépendance du Kurdistan au Moyen-Orient. La nouveauté peut-être, c'est que les dirigeants des unités YPJ sont des dirigeantes, leurs chefs sont des cheffes, et ça c'est un peu nouveau dans l'histoire du combat au féminin. Leur cri de ralliement : « La vie ! La femme ! La liberté ! » L'ironie de la chose (si ironie il y a ici), c'est qu'elles sont devenues les bêtes noires de Daesh : aux yeux des barbus intégristes, se faire tuer par une femme est déshonorant et ferme la porte du paradis ... Rojava c'est aussi le nom de la région du nord de la Syrie, c'est donc la partie sud-ouest du Kurdistan. Lorsque la snipeuse Rojava débarque dans l'album, elle tient le rôle principal dans un reportage Youtube filmé par des journalistes occidentaux, ce qui ne plait pas forcément à la commandante de la section, Rukan. Pour la petite histoire, A. Ducoudray a eu cette idée en lisant (chez son dentiste !) un reportage-photo de Paris-Match sur des combattantes kurdes vêtues de propre, maquillées, baskets neuves aux pieds, comme à la fashion-week : sans doute un peu d'habile propagande de la part du PKK ! Au premier abord, on pourrait croire à une BD pour ados, mièvre et éducative : l'héroïne est moitié snipeuse moitié youtubeuse et il y a même dans l'équipe une gamine qui collectionne les photos de martyrs !? De plus, A. Ducoudray parsème son récit de blagues anti-Daesh histoire de détendre un peu une atmosphère de guérilla pour le moins tendue. Mais ce n'est qu'une amusante façade, et le propos, très documenté, va s'avérer bien plus sérieux que cela. « [...] Après mon premier affrontement, j'ai décidé de ne plus avoir mes règles ... À partir de là, j'étais dans un monde où il n'y avait plus que la mort, donc continuer chaque mois d'avoir un rappel que je pouvais donner la vie, ça ne coïncidait pas avec ce que je vivais ... » Ou bien encore : « [...] - Tiens, mets ce caillou dans ton slip. Chaque fois que tu seras couchée pour tirer, ça te griffera le ventre et tu t'endormiras pas ... Le confort c'est l'ennemi du sniper. » Pour cette dernière anecdote, A. Ducoudray s'est sans doute inspiré du livre de Azad Cudi, célèbre sniper kurde iranien ("Sniper - Ma guerre contre Daech" éditions Nouveau Monde). On sait que les guerres changent les pays et les frontières, mais aussi les habitants et les mœurs. Les américains l'ont découvert à la fin de la Seconde Guerre Mondiale quand les noirs sont revenus au pays après avoir servi dans les armes et été acclamés en libérateurs en Europe, ... tout comme les blancs, ou bien encore quand les GI sont rentrés chez eux et ont retrouvé des femmes qui avaient pris les affaires en main ... en leur absence. Les femmes des brigades YPJ espèrent qu'il en sera de même au Kurdistan, si du moins ces guerres prennent fin un jour. « [...] Contre Daesh, on est tous égaux, mais après ? Ils me respectent parce que j'ai un fusil et un uniforme. Change le costume, le respect part avec. Notre plus grand combat après Daesh, sera celui d'une société mixte vraiment égalitaire. » Les dessins de S. Morice sont ceux d'une belle ligne claire et laissent toute la place à l'intrigue et aux personnages, dessinés et typés avec soin. On a déjà évoqué son passé d'architecte et la colorisation comme les éclairages font ressortir les différentes ambiances : le bleu pour la nuit sur la terrasse, le rouge au fond des tunnels creusés sous la ville, les ocres du désert, ...

07/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Under Earth
Under Earth

Le récit ne révolutionne sans doute rien, et je peux lui reprocher d’être parfois un peu trop « léger », de manquer d’une certaine densité (malgré une pagination très importante). Certains passages m’ont aussi paru un chouia obscurs, et la conclusion, un peu ouverte, n’est, elle aussi pas assez claire. Mais, malgré ces remarques, c’est une lecture que j’ai trouvé sympathique, agréable. D’abord, les plus de 500 pages se dévorent rapidement. Il y a peu de texte, de cases. On est d’emblée plongé dans cet univers carcéral horrible, cette immense prison en grande partie souterraine, où des détenus – pour de longues peines, voire des peines infinies – vivent et travaillent quasiment en vase clos, survivent plutôt. Au milieu de cette masse de réprouvés, l’auteur nous propose de suivre quelques personnages, qui cherchent à s’en sortir, voire à sortir de ce mouroir implacable, où on fouille les bas-fonds pour en retrouver des objets, des restes de la société « ordinaire », artefacts vendus plus ou moins cher, seuls les plus riches, les plus forts pouvant agrémenter leur séjour d’un petit confort. Le jeu sur les couleurs est intéressant. Il y en a peu, c’est tranché, du Noir et Blanc avec nuances de gris, un peu de bichromies. Là aussi c’est simple et volontairement pauvre. L’univers créé par Chris Gooch est oppressant, franchement noir. Et prenant. On s’attache aussi aux personnages qui se débattent pour s’échapper, en lisant des livres pour l’un d’entre eux, ou physiquement pour d’autres. Comme à leur habitude, les éditions Huber nous proposent un auteur indé intéressant et original, avec un beau travail éditorial. Note réelle 3,5/5.

07/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Vertigéo
Vertigéo

J’avais découvert – plutôt avec plaisir – Amaury Bündgen, comme auteur complet sur Le Rite et Ion Mud. En plus d’univers très différents, j’avais beaucoup aimé le dessin. Et déjà sur Ion Mud Bündgen s’en donnait à cœur-joie avec les immensités intérieures et vides. Et on retrouve ici son très beau dessin, une belle utilisation du Noir et Blanc. Les décors et les personnages sont vraiment chouettes. C’est clairement le point fort du cet album, et ce dessin entretient bien le relatif mystère angoissant qui prédomine. Mais, si l’histoire se laisse lire plutôt agréablement, il lui manque un peu de tension. Et surtout, lorsque éclate la bulle mystérieuse, sur la fin, j’ai été déçu. C’est un peu trop abrupt, trop vite expédié. D’autre part l’explication finale est trop facile et caricaturale, au point au dernier moment de faire perdre une bonne partie de la critique induite par le récit, dans lequel les simples ouvriers sont sacrifiés à la réussite d’une construction obscure, obéissant à des ordres impitoyables et quasi absurdes au profit de nantis se donnant bonne conscience. Le scénario de Chéry aurait pu peaufiner les nuances et la fin, pour mieux exploiter l’univers créé, et bien mis en images par Bündgen.

07/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Petits Génies - Little Agatha Christie
Les Petits Génies - Little Agatha Christie

Une lecture plaisante. Probablement à réserver à un jeune lectorat, mais Aurel a réussi quelque chose d’intéressant. Il nous présente une très jeune Agatha Christie, vive, espiègle, qui donne libre cours à son imagination, et ne s’en laisse jamais conter. Pour ajouter au dynamisme de la gamine, et captiver davantage les jeunes lecteurs, de petites énigmes s’invitent régulièrement dans les histoires courtes (solutions en fin de volume). Album sympathique pour les futurs lecteurs de la reine du polar british !

06/09/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Lord of the fans
Lord of the fans

Ce monde est scindé en deux royaumes : celui des humains et de leurs héros, et celui des démons, ennemis par essence sans véritable autre raison que leur opposition naturelle. À la tête des démons se trouve un jeune roi surpuissant, doté d’un mana quasi illimité lui permettant de réaliser toutes les magies qu'il désire. Pourtant, malgré cette toute-puissance, il s'ennuie ferme dans son rôle. Fasciné par une héroïne encore adolescente mais animée d’un sens du devoir inébranlable, il en tombe presque amoureux. Il passe son temps à l'observer à distance grâce à sa vision magique, l'encourageant en secret et cherchant à la motiver pour qu'elle revienne l'affronter. Le dessin est maîtrisé et agréable, même s'il reste très classique pour le genre. On est clairement plus proche du registre shonen que du seinen. Côté scénario, le point de départ surprend et intrigue, mais laisse d’abord perplexe : la narration s'avère très aérée et les premiers chapitres paraissent assez creux. Le ton penche parfois vers le nunuche, entre la passion exagérée du roi démon pour sa jeune héroïne et l'attitude de celle-ci, romantique et un brin immature malgré son statut de guerrière. L’intrigue, au final, reste simple mais tient la route. Elle occupe bien ses cinq tomes quoiqu'il n'en aurait pas fallu davantage car le concept n’aurait guère permis davantage de développements. Au fil de la lecture, on finit tout de même par s’attacher à ce roi démon fleur bleue, à son assistante rigide et mystérieuse, ainsi qu'à cette héroïne au cœur pur, naïve mais touchante. Le rythme est bon, l’histoire se lit sans ennui malgré quelques répétitions, et la conclusion se révèle étonnamment réussie : elle trouve une idée convaincante et un peu inattendue, et offre une grande scène finale à la fois drôle et efficace. En bref, ce n’est pas un grand manga, mais une série courte, plaisante et divertissante.

03/01/2025 (MAJ le 06/09/2025) (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Le Goût du sang
Le Goût du sang

Un ex-mafieux minable et fraîchement sorti de prison se retrouve par hasard dans une ferme où la fermière vient de poignarder son mari. Il l'aide à faire disparaître le corps, avant de découvrir que la victime était en réalité le comptable de son ancienne mafia. Très vite, ses anciens comparses, persuadés qu'il a réglé un vieux compte, se lancent à ses trousses… Le ton oscille entre polar et comédie noire. Aldo, mafieux un peu balourd mais attachant, Lou, fermière imprévisible au couteau facile, un jeune policier bienveillant mais pas très futé et une galerie de mafieux obstinés composent un casting volontairement caricatural. L'intrigue repose davantage sur les quiproquos, les excès et les situations absurdes que sur la vraisemblance. On est presque dans le vaudeville criminel, où l'on enchaîne les cadavres et les malentendus sans jamais trop se soucier du réalisme. Le dessin, relâché et orienté humour, reste basique mais lisible. Il manque parfois de rigueur dans les enchaînements de cases, mais l’ensemble garde une fluidité agréable, renforcée par une mise en page aérée. Rien de spectaculaire, mais cela soutient bien le rythme et les dialogues. C'est une lecture légère, plaisante et sans prétention. Une histoire improbable mais amusante, qui arrache plus de sourires que de rires, et qui s'avère un peu anecdotique mais sympathique.

06/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Yeux doux
Les Yeux doux

Une lecture plutôt agréable, et un album que je me serais bien vu mieux noter. Certains détails m’ont toutefois un chouia laissé sur ma faim. Le récit est intéressant, la narration est assez vive, et on s’attache aux personnages. Au travers des citation introduisant les chapitres, mais aussi des dialogues et de l’intrigue elle-même, Corbeyran ne fait pas mystère de ses intentions de dénoncer certaines tares de nos sociétés actuelles. En effet, le productivisme déshumanisant des ouvriers interchangeables, la surconsommation d’objets standardisés, la surveillance omniprésente via des caméras sont ici présentés de façon presque ubuesque tant c’est outrancier. L’ultralibéralisme actuel est à l’évidence singé par Corbeyran. Et, au milieu de cette société froide et dystopique, quelques inévitables grains de sable pour gripper la machine, vont dynamiser l’intrigue. C’est donc dynamique, parfois amusant, en particulier ce qui tourne autour d’Anatole, le meilleur « surveillant », qui tombe amoureux d’une voleuse à la tire, et qui va se retrouver au milieu de tous ceux qui luttent contre ce système implacable et mortifère. Même si la plupart des femmes ont tendance à trop se ressembler, j’ai bien aimé le dessin. Il est surprenant dans son rendu (idem pour la colorisation), mais j’ai trouvé sympa ce côté un peu rétro, un peu loufoque et ressemblant à certains vieux dessins animés. Par contre, j’ai trouvé décevante la fin, trop facile et sucrée, trop rapide. La violence physique reste trop symbolique, la violence sociale un peu trop « lointaine », et surtout le château de cartes tombe trop aisément. Mais cela reste néanmoins une lecture agréable.

06/09/2025 (modifier)