Les dessins sont par moments baveux mais malgré tout esthétiques, et ils expriment la déliquescence fascinante de la société et du personnage. Je pense et souhaite que le roman sorte de l'oubli. La déformation des corps exprime ce que les malheureux doivent subir pour survivre, notamment notre héros qui fait tout pour survivre, s'enrichir et s'enfuir à l'Ouest, pour plus de liberté ! Un zéro en moral, en sentiment, en tout, ne retient pas la sympathie, comme cependant, nul ne mérite d'être broyé par l'Histoire, on espère qu'il parviendra à se sauver. Les péripéties valent pour elles-mêmes et pour leur léger suspens. A lire, peut se relire mais ce n'est certainement pas nécessaire.
Toutes les BD de Lucas Harari que j’ai lues (je ne sais pas trop ce qu’Arthur – son frère ? – a ajouté ici au scénario) ont un point commun : il installe une ambiance fantastique à la fois douce et angoissante, une gêne, quelque chose d’indéfinissable qui attire et hypnotise quelque peu.
C’est encore le cas ici, même si l’intrigue est un peu plus directe et joue moins sur ce que l’imagination du lecteur peut ajouter à ce qu’il voit.
L’histoire est intéressante et originale, une fois acceptée le principe du changement de corps entre individus.
Je regrette juste quelques longueurs ou sautes de rythme.
Mais globalement j’ai bien aimé cette histoire, qui trouble les identités des protagonistes (identités civiles et sexuelles), qui pose aussi la question des relations familiales : est-on prêt à accepter que celui ou celle qu’on a connu.e ait changé de corps, voire de sexe ?
Le dessin d’Harari est, comme à son habitude, assez froid et statique (ceci étant renforcé » par la colorisation), mais je l’aime bien lui aussi.
Une lecture intrigante.
Note réelle 3,5/5.
Les créations du duo War and Peas sont très connues sur internet depuis de nombreuses années, souvent relayées et postées à droite à gauche, alors quand j'ai appris par mon père que certains de leurs gags avaient été traduits et publiés en français j'ai été curieuse et lui ai emprunté cet album.
Pour présenter rapidement, il s'agit de gags à l'humour noir doux (par-là j'entend pas de trash) rassemblés autour du thème de notre bonne vieille planète Terre. Grosso-modo, ça va pas mal parler écologie et bio-diversité, donc attendez-vous à de nombreux gags sur la fin imminente de notre espèce et sur les comportements de certains animaux.
Le dessin d'Elizabeth Pich est simple, privilégiant les compositions de cases aérées et les expressions de personnages expressives et facilement lisibles. Du classique dans le genre, mais tout de même efficace.
La qualité des gags est inégale, mais c'est mine de rien un défaut classique de ce genre d'albums, encore plus lorsqu'il s'agit d'un best-of à thème, donc je ne jette pas la pierre (après tout je m'y attendais).
Bon, l'album est bon, mais j'avoue avoir eu un petit défaut qui a parasité ma lecture.
Il y a des bons gags et des moins bons gags, certes, mais le problème c'est que les bons gags… bah je les connaissais déjà. Bah oui, comme dit en intro, les créations de War and Peas circulent un peu partout sur internet donc forcément les plus drôles ont déjà été lues par bon nombre d'entre nous (en tout cas quiconque se baladerait sur les réseaux sociaux à l'internationale). Et comme je suis en plus habituée à leur texte VO j'ai du mal à juger la qualité de la traduction sur le simple fait que mon cerveau le perçoit immédiatement comme une sorte de dissonance. Alors quand je tombe sur les trois/quatre que je ne connaissais pas mais qui ne m'ont pas paru hilarantes pour autant, bah pour le coup j'échappe à cette dissonance mais je ne sais que dire.
Évidemment, ce défaut est dû à un biais cognitif, je le sais bien et je ne l'impute pas à l'album en soi et encore moins au travail de traduction de Fanny Soubiran qui m'a paru de très bonne facture (mis à part un ou deux gags où le formulation m'a semblée légèrement manquer de peps), mais il n'empêche que ce défaut a bien été présent à mon esprit et à bel et bien parasité ma lecture. Si je le mentionne dans cet avis c'est avant tout car je ne pense pas être la seule à expérimenter ce genre de dissonance face à des traductions d'œuvres/de créations tellement partagées ad nauseam sur le web que l'on fini par les connaître presque inconsciemment. La culture du meme a tué la traduction !
Breeeeeeef, une œuvre inégale mais tout de même divertissante et qui, mon problème de dissonance mis à part, reste une lecture agréable.
Le premier tome ne m’avait pas spécialement enthousiasmé. Trop décousu, trop enfantin, sans grande envergure, il n’offrait qu’un sympathique divertissement dont l’intérêt résidait avant tout dans la singularité des habitations proposées. Mais le deuxième tome propose un scénario bien plus construit, avec une intrigue qui émerge. L’univers est maintenant bien en place et les personnages gagnent en profondeur.
Soara se présente maintenant comme un récit de fantasy original, construit autour de ce concept d’habitats spécialement étudiés pour satisfaire des populations bien singulières mais offrant aussi une intrigue plus générale et plus ambitieuse. L’aventure est bien au rendez-vous et devrait ravir plus d’un jeune lecteur.
Pas un immanquable mais un récit sympathique qui se démarque par son concept architectural. A réserver toutefois à un jeune public.
Je ne suis pas un habitué du concept des magic girl et c’est, d’ailleurs, la première série de ce genre que je suis aussi assidument. Il m’est donc impossible de jouer au jeu des comparaisons et je ne peux qu’offrir un regard vierge mais ce qui est certain, c’est que j’ai bien accroché.
Magilumière capte d’abord par son character design. Des personnages excessifs, farfelus, amusants, décalés auxquels je me suis vite attaché. Le scénario, ensuite, de prime abord basique et prévisible, se développe au fil des tomes pour offrir une véritable intrigue tout en abordant des sujets plus généraux que ce que cet univers de magie laissait supposer. Enfin, les valeurs véhiculées (esprit d’entreprise, tolérance, ouverture aux autres, courage, sens de l’initiative) sont tout à fait adaptées au public visé (qui est très large mais plutôt orienté ‘adolescents’).
Le dessin n’est pas exceptionnel mais les scènes d’action sont plutôt bien retranscrites et compréhensibles.
En soi, la série n’est pas un chef-d’œuvre mais dispose d’assez de qualités pour satisfaire un public en quête de divertissement alliant magie, humour et personnages attachants. Reste à voir si elle résistera aux affres du temps (j’écris cet avis après avoir lu les six premiers tomes et certaines longueurs commencent à se faire ressentir).
Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas lu l'une de ces BD de Jim et Fredman qu'on voyait partout dans les supermarchés il y a une vingtaine d'années. On les retrouve ici dans une formule qu'ils maîtrisaient bien, même si elle tournait un peu en rond et n'a jamais fait l'unanimité chez les lecteurs les plus exigeants.
En le redécouvrant après tout ce temps, j'ai pu apprécier le dessin de Fredman : un trait généreux, pas avare en détails et en mises en scène, des couleurs vives, une gestuelle élastique, et des personnages expressifs. C'est propre, dynamique, et ça fonctionne bien.
Côté scénario, Jim reprend le principe éprouvé de ses albums consacrés aux défauts des mecs, mais appliqué cette fois aux travers féminins, volontairement caricaturés. L'introduction est amusante : il explique avoir eu besoin d'une femme pour éviter la misogynie et, surtout, de lui faire décrire les défauts de ses copines plutôt que les siens. Par la suite, certaines idées fonctionnent, quelques portraits sont bien vus, mais l'ensemble repose largement sur des clichés déjà lus ailleurs. Rien de honteux, rien d'hilarant non plus, juste de quoi esquisser un sourire. A noter d'ailleurs que plusieurs personnalités et défauts évoqués pourraient tout aussi bien s'appliquer à des hommes.
On retrouve la patte habituelle du duo : une qualité régulière, agréable, mais sans grande audace. Sur un album entier, la répétition se fait sentir et les gags reposent souvent sur des comportements volontairement exagérés. C'est un album qui se lit sans déplaisir, mais qui laisse une impression de déjà-vu.
J'ai découvert Mathieu Bablet avec Adrastée et depuis je ne loupe aucune de ses nouvelles productions.
Ce "Silent Jenny" termine sa trilogie post-apocalyptique après Shangri-La et Carbone & Silicium.
Bablet nous donne à voir un monde qui n'est plus le notre, une catastrophe inconnue l'a profondément changé, la vie animale et végétale a disparu. L'humanité survie tant bien que mal dans des conditions difficiles (températures très élevées, recherche d'eau et terre impropre à la culture). Pour faire revenir la vie, des expéditions sont rigoureusement programmées par une bureaucratie très pointilleuse sur le règlement. Point après point sur la carte, les recherches D’ADN d'abeille, le pollinisateur suprême, sont le Graal tant espéré. Des recherches qui amènent nos prospecteurs sous la surface de la terre, dans l'inframonde. Il est nécessaire pour cela de rapetisser à une taille d'insecte, et ce n'est pas sans danger. C'est le quotidien de Jenny, une femme introvertie, elle n'est pas très bavarde et ne respire pas la joie de vivre. Et ses visions récurrentes de la mort ne l'aident pas à aller mieux. Elle vit sur une monade, le Cherche-midi, un genre de bateau, bardé de technologie vieillissante, sur roue qui se traîne à la vitesse d'une limace. On y découvre un monde clos qui veut résister à Pyrrhocorp, une multinationale qui veut faire main mise sur ce monde désertique (thème récurrent chez l'auteur).
Comme à son habitude Bablet nous offre un récit dense qui lorgne sur le philosophique, il pousse à la réflexion sur des sujets d'actualité.
Une lecture qui n'a pas été un long fleuve tranquille, des choses m'ont échappé. Page 185, pourquoi la monade le Cherche-midi ne stoppe-t-elle pas les machines lorsqu'elle traverse un petit coin de paradis ? Malgré une relecture des dernières planches, je ne suis pas certain d'avoir tout bien compris. Je termine donc cet album sur une impression mitigée.
J'adore le style graphique Bablet. Il m'en a encore mis plein les yeux, des décors fabuleux, la désolation transpire sur chaque planche et les design des monades et des costumes sont une totale réussite. Il s'améliore même dans la représentation des visages, ils sont toujours disgracieux mais beaucoup plus facilement reconnaissables. De superbes couleurs. De rares magnifiques doubles pages à rester bouche bée.
Difficile de trouver une juste note... j'opte pour un 3,5 et un gros coup de cœur graphique.
De l'humour absurde assez proche de ce que peux faire Fabcaro, Karibou ou encore Tienstiens avec son excellent "Koko n'aime pas le capitalisme". Le principe est encore une fois de s'amuser de codes narratifs et de situations assez prévisibles et claires, en les détournant ou jouant sur l'absurdité de celles-ci en les poussant trop loin.
Cependant, je dois avouer que si j'ai beaucoup ri sur certains situations, il en reste de nombreuses qui sont juste sympathiques. Et surtout, je trouve que contrairement à certaines idées des auteurs cités au-dessus, il manque un peu de fond. Il n'y a pas ce petit supplément de critique politique ou social, ce petit pas de côté qui rajoute à l'humour absurde une considération sur le monde et la façon dont notre société est profondément absurde, ce qui rejaillit dans les imaginaires que l'on se crée.
Pas mauvaise BD du tout, bien au contraire, juste inférieure à mon goût à d'autre du genre. Elle est servie par un dessin très réussi par contre, avec un côté crayonné qui m'a évoqué Tienstiens. C'est joli, très compréhensible et ça se marrie à merveille au ton décalé et illogique de l'ensemble.
Lecture recommandée tout de même.
Jolie tranche de vie intimiste en 2 tomes volumineux autour d'un premier amour.
La trame principale de la romance est en soi peu originale, mais l'autrice rend l'exercice plaisant par sa gestion du rythme, de l'ambiance et des péripéties : pour notre jeune héroïne introvertie, toute ouverture à l'autre se vit dans un tiraillement continu, entre désir de vie, courage souhaité et appréhension du regard ou de la réaction de l'autre ; ainsi les questionnements intérieurs interrogent chaque élan du cœur, étirent le rythme général. La tournure mélancolique de l'intrigue séduit, ajoute une approche plus inattendue, parfaitement en écho avec les sentiments de l'héroïne.
Surtout, ce manga assoit son originalité dans sa manière de convier abondamment la culture japonaise et taiwanaise : Murakami, Edward Yang, la musique pop et notamment Hosono sont très régulièrement invités et d'une certaine manière à l'origine de la relation amoureuse, participent à son enrichissement.
Même maladroite, la manière de rendre compte du tourbillonnement intérieur de personnes chamboulées par un concert ou une œuvre culturelle touche la personne que je suis, jusqu'à atténuer le regret de n'être nullement attaché à cette héroïne un peu gauche et fort peu charismatique.
Je ne suis pas aussi généreux que mes prédécesseur-e-s sur cette série car je me laisse une petite marge de progression si le T2 garde le rythme de la fin du T1. En effet j'ai trouvé les premières pages un peu quelconque: un héros transparent doté d'un super pouvoir qui affronte les forces du mal avec la réussite du premier coup, une ambiance antique modernisée façon ado contemporain avec des références mythologiques trop facilement détournées. Je dois avouer que mon début de lecture fut poussive. J'ai beaucoup plus accroché en deuxième partie quand le personnage de Kalio prend la main et que l'intrigue accélère.
J'ai trouvé le graphisme de Karascoët sympa et bien adapté sans plus. L'univers méditerranéen est crédible et j'ai beaucoup aimé la mise en couleur. Mais graphiquement aussi j'ai trouvé le personnage d'Icare moins réussi dans sa fluidité et ses gestuelles que celui d'une Kalio très empathique.
Finalement un avis partagé qui attend la suite.
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Ibicus
Les dessins sont par moments baveux mais malgré tout esthétiques, et ils expriment la déliquescence fascinante de la société et du personnage. Je pense et souhaite que le roman sorte de l'oubli. La déformation des corps exprime ce que les malheureux doivent subir pour survivre, notamment notre héros qui fait tout pour survivre, s'enrichir et s'enfuir à l'Ouest, pour plus de liberté ! Un zéro en moral, en sentiment, en tout, ne retient pas la sympathie, comme cependant, nul ne mérite d'être broyé par l'Histoire, on espère qu'il parviendra à se sauver. Les péripéties valent pour elles-mêmes et pour leur léger suspens. A lire, peut se relire mais ce n'est certainement pas nécessaire.
Le Cas David Zimmerman
Toutes les BD de Lucas Harari que j’ai lues (je ne sais pas trop ce qu’Arthur – son frère ? – a ajouté ici au scénario) ont un point commun : il installe une ambiance fantastique à la fois douce et angoissante, une gêne, quelque chose d’indéfinissable qui attire et hypnotise quelque peu. C’est encore le cas ici, même si l’intrigue est un peu plus directe et joue moins sur ce que l’imagination du lecteur peut ajouter à ce qu’il voit. L’histoire est intéressante et originale, une fois acceptée le principe du changement de corps entre individus. Je regrette juste quelques longueurs ou sautes de rythme. Mais globalement j’ai bien aimé cette histoire, qui trouble les identités des protagonistes (identités civiles et sexuelles), qui pose aussi la question des relations familiales : est-on prêt à accepter que celui ou celle qu’on a connu.e ait changé de corps, voire de sexe ? Le dessin d’Harari est, comme à son habitude, assez froid et statique (ceci étant renforcé » par la colorisation), mais je l’aime bien lui aussi. Une lecture intrigante. Note réelle 3,5/5.
War and Peas - Salut la Terre
Les créations du duo War and Peas sont très connues sur internet depuis de nombreuses années, souvent relayées et postées à droite à gauche, alors quand j'ai appris par mon père que certains de leurs gags avaient été traduits et publiés en français j'ai été curieuse et lui ai emprunté cet album. Pour présenter rapidement, il s'agit de gags à l'humour noir doux (par-là j'entend pas de trash) rassemblés autour du thème de notre bonne vieille planète Terre. Grosso-modo, ça va pas mal parler écologie et bio-diversité, donc attendez-vous à de nombreux gags sur la fin imminente de notre espèce et sur les comportements de certains animaux. Le dessin d'Elizabeth Pich est simple, privilégiant les compositions de cases aérées et les expressions de personnages expressives et facilement lisibles. Du classique dans le genre, mais tout de même efficace. La qualité des gags est inégale, mais c'est mine de rien un défaut classique de ce genre d'albums, encore plus lorsqu'il s'agit d'un best-of à thème, donc je ne jette pas la pierre (après tout je m'y attendais). Bon, l'album est bon, mais j'avoue avoir eu un petit défaut qui a parasité ma lecture. Il y a des bons gags et des moins bons gags, certes, mais le problème c'est que les bons gags… bah je les connaissais déjà. Bah oui, comme dit en intro, les créations de War and Peas circulent un peu partout sur internet donc forcément les plus drôles ont déjà été lues par bon nombre d'entre nous (en tout cas quiconque se baladerait sur les réseaux sociaux à l'internationale). Et comme je suis en plus habituée à leur texte VO j'ai du mal à juger la qualité de la traduction sur le simple fait que mon cerveau le perçoit immédiatement comme une sorte de dissonance. Alors quand je tombe sur les trois/quatre que je ne connaissais pas mais qui ne m'ont pas paru hilarantes pour autant, bah pour le coup j'échappe à cette dissonance mais je ne sais que dire. Évidemment, ce défaut est dû à un biais cognitif, je le sais bien et je ne l'impute pas à l'album en soi et encore moins au travail de traduction de Fanny Soubiran qui m'a paru de très bonne facture (mis à part un ou deux gags où le formulation m'a semblée légèrement manquer de peps), mais il n'empêche que ce défaut a bien été présent à mon esprit et à bel et bien parasité ma lecture. Si je le mentionne dans cet avis c'est avant tout car je ne pense pas être la seule à expérimenter ce genre de dissonance face à des traductions d'œuvres/de créations tellement partagées ad nauseam sur le web que l'on fini par les connaître presque inconsciemment. La culture du meme a tué la traduction ! Breeeeeeef, une œuvre inégale mais tout de même divertissante et qui, mon problème de dissonance mis à part, reste une lecture agréable.
Soara et les bâtisseurs fantastiques
Le premier tome ne m’avait pas spécialement enthousiasmé. Trop décousu, trop enfantin, sans grande envergure, il n’offrait qu’un sympathique divertissement dont l’intérêt résidait avant tout dans la singularité des habitations proposées. Mais le deuxième tome propose un scénario bien plus construit, avec une intrigue qui émerge. L’univers est maintenant bien en place et les personnages gagnent en profondeur. Soara se présente maintenant comme un récit de fantasy original, construit autour de ce concept d’habitats spécialement étudiés pour satisfaire des populations bien singulières mais offrant aussi une intrigue plus générale et plus ambitieuse. L’aventure est bien au rendez-vous et devrait ravir plus d’un jeune lecteur. Pas un immanquable mais un récit sympathique qui se démarque par son concept architectural. A réserver toutefois à un jeune public.
Magilumière Co. Ltd.
Je ne suis pas un habitué du concept des magic girl et c’est, d’ailleurs, la première série de ce genre que je suis aussi assidument. Il m’est donc impossible de jouer au jeu des comparaisons et je ne peux qu’offrir un regard vierge mais ce qui est certain, c’est que j’ai bien accroché. Magilumière capte d’abord par son character design. Des personnages excessifs, farfelus, amusants, décalés auxquels je me suis vite attaché. Le scénario, ensuite, de prime abord basique et prévisible, se développe au fil des tomes pour offrir une véritable intrigue tout en abordant des sujets plus généraux que ce que cet univers de magie laissait supposer. Enfin, les valeurs véhiculées (esprit d’entreprise, tolérance, ouverture aux autres, courage, sens de l’initiative) sont tout à fait adaptées au public visé (qui est très large mais plutôt orienté ‘adolescents’). Le dessin n’est pas exceptionnel mais les scènes d’action sont plutôt bien retranscrites et compréhensibles. En soi, la série n’est pas un chef-d’œuvre mais dispose d’assez de qualités pour satisfaire un public en quête de divertissement alliant magie, humour et personnages attachants. Reste à voir si elle résistera aux affres du temps (j’écris cet avis après avoir lu les six premiers tomes et certaines longueurs commencent à se faire ressentir).
Tous les défauts microscopiques des filles
Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas lu l'une de ces BD de Jim et Fredman qu'on voyait partout dans les supermarchés il y a une vingtaine d'années. On les retrouve ici dans une formule qu'ils maîtrisaient bien, même si elle tournait un peu en rond et n'a jamais fait l'unanimité chez les lecteurs les plus exigeants. En le redécouvrant après tout ce temps, j'ai pu apprécier le dessin de Fredman : un trait généreux, pas avare en détails et en mises en scène, des couleurs vives, une gestuelle élastique, et des personnages expressifs. C'est propre, dynamique, et ça fonctionne bien. Côté scénario, Jim reprend le principe éprouvé de ses albums consacrés aux défauts des mecs, mais appliqué cette fois aux travers féminins, volontairement caricaturés. L'introduction est amusante : il explique avoir eu besoin d'une femme pour éviter la misogynie et, surtout, de lui faire décrire les défauts de ses copines plutôt que les siens. Par la suite, certaines idées fonctionnent, quelques portraits sont bien vus, mais l'ensemble repose largement sur des clichés déjà lus ailleurs. Rien de honteux, rien d'hilarant non plus, juste de quoi esquisser un sourire. A noter d'ailleurs que plusieurs personnalités et défauts évoqués pourraient tout aussi bien s'appliquer à des hommes. On retrouve la patte habituelle du duo : une qualité régulière, agréable, mais sans grande audace. Sur un album entier, la répétition se fait sentir et les gags reposent souvent sur des comportements volontairement exagérés. C'est un album qui se lit sans déplaisir, mais qui laisse une impression de déjà-vu.
Silent Jenny
J'ai découvert Mathieu Bablet avec Adrastée et depuis je ne loupe aucune de ses nouvelles productions. Ce "Silent Jenny" termine sa trilogie post-apocalyptique après Shangri-La et Carbone & Silicium. Bablet nous donne à voir un monde qui n'est plus le notre, une catastrophe inconnue l'a profondément changé, la vie animale et végétale a disparu. L'humanité survie tant bien que mal dans des conditions difficiles (températures très élevées, recherche d'eau et terre impropre à la culture). Pour faire revenir la vie, des expéditions sont rigoureusement programmées par une bureaucratie très pointilleuse sur le règlement. Point après point sur la carte, les recherches D’ADN d'abeille, le pollinisateur suprême, sont le Graal tant espéré. Des recherches qui amènent nos prospecteurs sous la surface de la terre, dans l'inframonde. Il est nécessaire pour cela de rapetisser à une taille d'insecte, et ce n'est pas sans danger. C'est le quotidien de Jenny, une femme introvertie, elle n'est pas très bavarde et ne respire pas la joie de vivre. Et ses visions récurrentes de la mort ne l'aident pas à aller mieux. Elle vit sur une monade, le Cherche-midi, un genre de bateau, bardé de technologie vieillissante, sur roue qui se traîne à la vitesse d'une limace. On y découvre un monde clos qui veut résister à Pyrrhocorp, une multinationale qui veut faire main mise sur ce monde désertique (thème récurrent chez l'auteur). Comme à son habitude Bablet nous offre un récit dense qui lorgne sur le philosophique, il pousse à la réflexion sur des sujets d'actualité. Une lecture qui n'a pas été un long fleuve tranquille, des choses m'ont échappé. Page 185, pourquoi la monade le Cherche-midi ne stoppe-t-elle pas les machines lorsqu'elle traverse un petit coin de paradis ? Malgré une relecture des dernières planches, je ne suis pas certain d'avoir tout bien compris. Je termine donc cet album sur une impression mitigée. J'adore le style graphique Bablet. Il m'en a encore mis plein les yeux, des décors fabuleux, la désolation transpire sur chaque planche et les design des monades et des costumes sont une totale réussite. Il s'améliore même dans la représentation des visages, ils sont toujours disgracieux mais beaucoup plus facilement reconnaissables. De superbes couleurs. De rares magnifiques doubles pages à rester bouche bée. Difficile de trouver une juste note... j'opte pour un 3,5 et un gros coup de cœur graphique.
De rien
De l'humour absurde assez proche de ce que peux faire Fabcaro, Karibou ou encore Tienstiens avec son excellent "Koko n'aime pas le capitalisme". Le principe est encore une fois de s'amuser de codes narratifs et de situations assez prévisibles et claires, en les détournant ou jouant sur l'absurdité de celles-ci en les poussant trop loin. Cependant, je dois avouer que si j'ai beaucoup ri sur certains situations, il en reste de nombreuses qui sont juste sympathiques. Et surtout, je trouve que contrairement à certaines idées des auteurs cités au-dessus, il manque un peu de fond. Il n'y a pas ce petit supplément de critique politique ou social, ce petit pas de côté qui rajoute à l'humour absurde une considération sur le monde et la façon dont notre société est profondément absurde, ce qui rejaillit dans les imaginaires que l'on se crée. Pas mauvaise BD du tout, bien au contraire, juste inférieure à mon goût à d'autre du genre. Elle est servie par un dessin très réussi par contre, avec un côté crayonné qui m'a évoqué Tienstiens. C'est joli, très compréhensible et ça se marrie à merveille au ton décalé et illogique de l'ensemble. Lecture recommandée tout de même.
The Song about Green
Jolie tranche de vie intimiste en 2 tomes volumineux autour d'un premier amour. La trame principale de la romance est en soi peu originale, mais l'autrice rend l'exercice plaisant par sa gestion du rythme, de l'ambiance et des péripéties : pour notre jeune héroïne introvertie, toute ouverture à l'autre se vit dans un tiraillement continu, entre désir de vie, courage souhaité et appréhension du regard ou de la réaction de l'autre ; ainsi les questionnements intérieurs interrogent chaque élan du cœur, étirent le rythme général. La tournure mélancolique de l'intrigue séduit, ajoute une approche plus inattendue, parfaitement en écho avec les sentiments de l'héroïne. Surtout, ce manga assoit son originalité dans sa manière de convier abondamment la culture japonaise et taiwanaise : Murakami, Edward Yang, la musique pop et notamment Hosono sont très régulièrement invités et d'une certaine manière à l'origine de la relation amoureuse, participent à son enrichissement. Même maladroite, la manière de rendre compte du tourbillonnement intérieur de personnes chamboulées par un concert ou une œuvre culturelle touche la personne que je suis, jusqu'à atténuer le regret de n'être nullement attaché à cette héroïne un peu gauche et fort peu charismatique.
Foudroyants
Je ne suis pas aussi généreux que mes prédécesseur-e-s sur cette série car je me laisse une petite marge de progression si le T2 garde le rythme de la fin du T1. En effet j'ai trouvé les premières pages un peu quelconque: un héros transparent doté d'un super pouvoir qui affronte les forces du mal avec la réussite du premier coup, une ambiance antique modernisée façon ado contemporain avec des références mythologiques trop facilement détournées. Je dois avouer que mon début de lecture fut poussive. J'ai beaucoup plus accroché en deuxième partie quand le personnage de Kalio prend la main et que l'intrigue accélère. J'ai trouvé le graphisme de Karascoët sympa et bien adapté sans plus. L'univers méditerranéen est crédible et j'ai beaucoup aimé la mise en couleur. Mais graphiquement aussi j'ai trouvé le personnage d'Icare moins réussi dans sa fluidité et ses gestuelles que celui d'une Kalio très empathique. Finalement un avis partagé qui attend la suite.