Il faut selon moi bien du courage, et un soupçon d'inconscience, pour mettre en scène sa vie très privée et l'offrir à la vision de tous.
Aurélia AURITA n'en manque donc pas en nous offrant ainsi les émois de sa relation avec Frédéric BOILET
Ainsi dans le tome 1 nous sommes plongés dans les débuts de leur relation et ce, sans fausse pudeur et autre hypocrisie puritaine.
C'est tout naturellement que nous passons plus de temps couchés que debout. Nous assistons à un amour naissant sans tabou et avec des expériences que je pense nombre d'entre nous a pu essayer dans son intimité (miroir, sextoys, …). La différence d'âge marquée entre Aurélia et Fréderic, une vingtaine d'année, ne nous plonge pas pour autant dans un rapport maître/élève, ce qui selon moi marque une forme de respect entre eux.
Le tome 2 est très différent car beaucoup moins orienté pratiques sexuelles. Ici on partage le quotidien d'Aurélia dans sa nouvelle vie de couple avec toutes ses interrogations, ses peurs. Pour la peine je le trouve beaucoup plus personnel que le premier.
Concernant le dessin c'est assez minimaliste et semble quand même bien loin de ce que l'autrice est réellement capable de faire (voir le portrait de Frédéric au milieu du tome 1). Cela évite selon moi une trop grande projection sur nos deux protagonistes.
Le ton juste avec une histoire vraie, ni trop sage ni trop hard.
Une histoire étrange, qui m’a au final laissé un peu perplexe, même si elle se laisse lire facilement, et agréablement.
Couverture et début d’intrigue me laissaient penser à un récit où l’écologie allait prendre le dessus, et où les éléments naturels déchainés allaient faire monter la tension (il est en permanence question de « méga-marées » ayant forcé les habitants de la côte écossaise à se retirer plus loin dans les terres). En fait il n’en est rien.
Le récit bascule petit à petit vers une sorte de polar. Mais, là aussi, tout semble presque adouci. Il y a bien deux morts, mais la fatalité semble responsable. Il y a bien quelques excès de violence, mais ils sont atténués (comme cette scène où un protagoniste est attaqué par un chien, qui se finit trop tranquillement à mon goût).
Finalement, c’est presque plus une ambiance que développe Lépingle, dans les landes côtières écossaises. Si le récit manque sans doute d’aspérité, et d’un véritable méchant, il se laisse lire. Mais je reste quand même un peu sur ma faim, aussi à cause d’une conclusion qui laisse en suspens certaines choses (d’où vient ce stock de métaux rares ? Quelle est la cause réelle de la mort de Wyatt ?).
Si la lecture est plaisante, c’est aussi que le dessin de Lépingle – une ligne claire un peu grasse – est agréable (je suis juste moins convaincu par les yeux des personnages).
Une BD avec du bon et du moins bon. Dans le bon, il y a l'aspect société dystopique et déshumanisée qui finit par s'entretenir inutilement, ce qui est bien retranscrit. De même l'asservissement des femmes par l'image, la question écologique, la logique productiviste ... Tout est assez bien retranscrit, dans une histoire qui permet de glisser des messages pas subtils mais salutaire. D'ailleurs les citations éclairent clairement sur les intentions des auteurs (et j'ai été étonné de certains noms). D'autre part, il faut souligner que certains messages explicites dans les bulles sont clairement pour la décroissance et contre la logique capitaliste, ce qui est une bonne chose.
Maintenant, dans le moins bon, il y a le dessin que je ne connaissais pas mais qui m'a gêné. En effet, il y a deux trois détails notamment le fait que les têtes aient tendance à être souvent identique (notamment pour les femmes) ce qui masque les émotions. Plusieurs fois je me demandais si c'était volontaire mais d'autres personnages ont des évolutions plus marquées, ce qui m'a dérangé. Dans les détails moins bon, j'ai aussi un gros grief envers la représentation de la clope comme une émancipation positive (vantée d'ailleurs) surtout quand on sait que la cigarette et le capitalisme, c'est un bon ménage !
La BD ose des choses, et j'apprécie ça, mais je dois dire que le dessin m'a pas mal bloqué. C'est une BD en demi-teinte pour moi même si je pense que le positif restera en mémoire.
Avec cet album très épais, Yslaire rend un hommage appuyé à Baudelaire, son œuvre. Mais aussi à ce qui a pu l’inspirer, à commencer par sa muse, Jeanne Duval, évoquée dans certains poèmes, et mise en lumière ici (c’est à elle en tout cas qu’Yslaire veut donner la priorité, c’est aussi là que sa "marge de manœuvre" d’auteur est plus grande, étant données les zones d’ombre concernant Jeanne). C’est aussi un hommage à une sorte de bohème littéraire et artistique – on croise nombre de contemporains, amis ou collègues de Baudelaire dans cet album.
Si l’album se laisse lire, j’ai trouvé que ça s’étirait un peu trop, que certaines longueurs auraient pu être évitées.
Esthétiquement, c’est plutôt agréable. Yslaire réussit très bien à rendre l’époque, dessin et colorisation sont à la fois plaisant et raccord avec le sujet.
Un peu longuet parfois, mais un sujet plaisant et globalement une bonne restitution de l’esprit de l’époque, même si le Baudelaire aigri de la fin (celui des « Fusées » ou de « Mon cœur mis à nu ») est évacué.
Je ne connais pas trop l'œuvre de Mittei même si je l'ai rencontré au détours de séries des années 70 pour lesquelles il collaborait.
Comme on est de son enfance ce style graphique me convient parfaitement surtout avec cette mise en couleur. Sans être un grand nostalgique, j'aime bien retrouvé ces sensations de lectures enfantines et paisibles. Ce côté lumineux, pétillant où la bonne humeur est toujours présente correspond bien aux récits d'Alphonse Daudet. Bien que Nîmois, Daudet a surtout vécu à Paris. Cela ne l'a pas empêché de saisir l'esprit du Sud de la France lors de ses voyages . Peut être à cause de son état de santé défaillant ses récits débordent de chaleur humaine, d'aspiration à la vie à travers la bonne chère, la liberté, la lumière. C'est exactement ce que réussit à transmettre Mittei sans prise de tête et pour le plaisir de tous. On retrouve une foule de ses petits personnages habituels au banquet de Noël, Mittei n'oubliant pas de faire des apparitions pour célébrer cette poésie de la vie.
Une lecture pour tous bien rafraichissante.
Max est un enfant très renfermé, si timide qu'il évite toute discussion en dehors de celles avec son oncle. Il se réfugie dans son imaginaire où il se rêve héros vivant dans un château protecteur. Ce château, c'est en réalité le musée où son oncle travaille comme gardien. Max y grandit entouré d'œuvres antiques, dont le portrait terrifiant d'un pirate sanguinaire qui hante ses cauchemars. Pourtant, ce tableau attire l'intérêt de cambrioleurs, et dans le feu de l'action, Max découvre que sa présence réveille le pirate Cornélius, prisonnier de la toile.
Cette BD jeunesse mêle aventure et fantastique : un garçon timide y croise un pirate finalement moins cruel qu'il n'y paraît, et une jeune fille débrouillarde. Ensemble, ils se lancent dans une quête pour empêcher le vol du trésor du pirate et tenter de briser la malédiction du tableau.
Graphiquement, l'ensemble est inégal. Certains personnages paraissent lourds et maladroits, tandis que les enfants sont plutôt réussis. Les décors, très simples, rappellent parfois les univers des jeux Nintendo 64, et la mise en scène souffre de perspectives bancales et d'actions confuses. Ce n'est pas mauvais, mais ces maladresses se remarquent.
Le public ciblé n'est pas toujours clair : si le héros a 10 ans et sa camarade 12, certains éléments semblent pensés pour un public plus jeune encore. Le récit souffre d'un manque de maturité : les comportements paraissent forcés, les protagonistes jouent des rôles qui manquent de naturel, les péripéties sont souvent convenues ou incohérentes, ce qui passe pour de très jeunes lecteurs mais font davantage tiquer les plus âgés. On sent malgré tout la sincérité et l'envie de bien faire. Les auteurs sont généreux dans leur offre, l'album est assez dense et occupe bien ses 72 pages et on sent qu'ils y mettent du cœur et veulent faire plaisir à leurs lecteurs quelque soit leur âge.
En définitive, cela se lit comme une première œuvre : imparfaite mais attachante, sincère et pleine de bonne volonté. Et si, adulte, je reste attentif à ses défauts, je suis convaincu qu'à 10 ans ou moins, je n'y aurais vu que l'essentiel : une aventure amusante aux côtés de personnages sympathiques.
Parmi toutes les bandes dessinées que j’ai lues au fil des ans, qu’il s’agisse de BD, de manga ou de Comics, Escale à Yokohama occupe une place à part : il m’est impossible de comprendre pourquoi je l’ai appréciée. Car, pour être honnête, il ne s’y passe rien, les petits points nébuleux ne reçoivent aucune réponse et la fin ne débouche sur rien de neuf.
Pourtant, cette lecture m’aura procuré un sentiment d’apaisement, de douce sérénité, qui est exactement le but recherché par le genre « iyashikei », genre né à la fin des années 1990 au Japon, qui traduisait le besoin pour la population locale de rêver sereinement à un avenir radieux alors même que l’actualité ne s’y prêtait pas vraiment (tremblement de terre à Kobe, attaque au gaz sarin dans le métro à Tokyo, éclatement de la bulle économique, auxquels vont encore s’ajouter un tsunami et ses conséquences (Fukushima)).
Dans son genre, ce manga est donc une pleine réussite. Il ressemble à un jardin japonais dont le dépouillement et la simplicité des formes provoquent une forme de léthargie méditative chez le promeneur. Et c’est ce que j’ai été durant une bonne part de la série : un promeneur méditatif et serein.
La série se compose de courts chapitres chronologiques dans lesquels on va de plus en plus découvrir Alpha, son café, ses voisins, ce monde post-apocalyptique « apaisé », la résilience qui anime chacun des acteurs. Notre curiosité est titillée, mais sur un mode contemplatif, lent, dépourvu de toute tension dramatique. Et d’ailleurs, lorsqu’un drame survient (le café d’Alpha sera détruit par une tempête), la série perd de son charme.
Vraiment séduit sur une bonne première moitié des tomes, j’avoue m’être quelque peu lassé du concept sur la seconde moitié. Il était temps que ça se termine… mais j’aurais aimé quelques explications supplémentaires concernant certains personnages mystérieux. Ceci dit, ce mystère persistant, cette absence d’explications force le lecteur à mettre en pratique ce que la série montre tout au long de son fil : apprendre à accepter avec sérénité. Je n’ai juste pas encore atteint le niveau de sagesse nécessaire…
Au niveau du dessin, le style de Hitoshi Ashinano est très dépouillé. Ses filiformes personnages féminins ne manquent pas de charme et ses décors créent l’ambiance post-apocalyptique souhaitée : la nature efface sans agression les traces de l’homme, à l’image de vagues qui lentement effaceraient des dessins tracés sur le sable. Certains chapitres en couleur font preuve d’une belle luminosité, accentuant encore cette impression d’apaisement, de sérénité que le scénario cherche à créer.
On peut rapprocher cette série de « Les Promeneuses de l'Apocalypse » mais je trouve qu’ « Escale à Yokohama » atteint mieux son but et parvient à mieux créer une bulle autour du lecteur. Un peu plus courte et avec deux ou trois petites explications supplémentaires, elle se serait vue attribuer la note de 4/5. En l’était, c’est un 3/5 qui me vient en tête.
… Et pourtant, dieu sait qu’il ne se passe rien dans ces 14 tomes !
C'est le type de lecture que je trouve sympa mais assez facilement oubliable. Jean Cremers nous propose un récit qui hésite entre la comédie familiale et le carnet de voyage rédempteur. Cela donne un scénario linéaire très classique avec un zest de mythologie nordique pour épaissir le personnage de Martin. Toutefois c'est cette partie du personnage que j'ai eu du mal à m'approprier. Entre la sentimentalité due au drame et le côté viking amplifié par le physique, j'ai eu du mal à superposer les deux stéréotypes. Ainsi le final m'a glissé dessus sans provoquer en moi l'émotion que cela aurait du.
Le graphisme s'appuie beaucoup sur les très beaux croquis de la nature norvégienne dans cette montée vers le Preikestolen. Le côté taiseux de Martin permet de limiter les dialogues et de profiter du l'aspect contemplatif de la narration visuelle.
Une lecture plaisante malgré un scénario assez convenu à mes yeux.
C'est avec la parution de l'intégrale sortie cette année que je découvre cette série qui souffle (déjà !) ses 12 bougies cette année. J'appréhendais un peu ma lecture, ayant peur de tomber sur une de ces "vieilles" séries de fantasy sortie chez Soleil au scénario pompeux et à la colorisation outrancière... Et bien non !
Bonne surprise que ce triptyque qui revisite les légendes et la mythologie nordique de façon efficace.
Le duo Péru/Goux installe un univers centré sur les nains. Les créatures fantastiques et mythiques s'effacent petit à petit sous le joug et les coups de boutoir des humains. Jusqu'ici, c'est plutôt classique, mais l'un des nains, Thor (le bien nommé), va hérité des pouvoirs de son homonyme divin et retourner le cours de l'histoire.
Si certaines facilités scénaristiques sont bien présentes, elles permettent une narration efficace qui nous propose un bon divertissement fantastique et épique en 3 tomes. Le fond sombre et violent qui tisse la trame du récit est aussi un atout intéressant là où d'autres séries sont trop édulcorées à mon goût.
Une belle découverte.
Note réelle 3.5/5
2.5
Hunter S. Thompson est un journaliste mythique aux États-Unis qui a lancé un nouveau style de journalisme. Pour avoir lu des articles de ce dernier, j'ai trouvé ça correct sans plus et je ne fais pas parti de ceux qui l'idolâtre contrairement à l'auteur.
On apprend que les grandes lignes de la vie de Thompson vu que dans le pure style gonzo, le centre d'intérêt est l'auteur lui-même. Je ne suis pas trop sur si le voyage décrit dans l'album est vraie vu que certains passages me semblent un peu gros (la rencontre avec Johnny Depp). En tout cas, je suis comme Mac Arthur, j'ai eu un problème à trouver intéressant le voyage de deux hommes de 40-50 ans immature qui agissent encore comme s'ils avaient 18-20 ans. Je ne partage pas du tout leur centre intérêt. Il y a des passages qui sortent du lot comme la prise de conscience de l'auteur et certains détails sur l'Amérique comme l'amour de la propriété privée qui tourne en paranoïa. Le point fort de l’album est que l’auteur est sincère, notamment en montrant les moins bons cotés de Thompson et son style de vie.
Ça se laisse lire, sans plus et le dessin fait le boulot sans être extraordinaire.
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Fraise et Chocolat
Il faut selon moi bien du courage, et un soupçon d'inconscience, pour mettre en scène sa vie très privée et l'offrir à la vision de tous. Aurélia AURITA n'en manque donc pas en nous offrant ainsi les émois de sa relation avec Frédéric BOILET Ainsi dans le tome 1 nous sommes plongés dans les débuts de leur relation et ce, sans fausse pudeur et autre hypocrisie puritaine. C'est tout naturellement que nous passons plus de temps couchés que debout. Nous assistons à un amour naissant sans tabou et avec des expériences que je pense nombre d'entre nous a pu essayer dans son intimité (miroir, sextoys, …). La différence d'âge marquée entre Aurélia et Fréderic, une vingtaine d'année, ne nous plonge pas pour autant dans un rapport maître/élève, ce qui selon moi marque une forme de respect entre eux. Le tome 2 est très différent car beaucoup moins orienté pratiques sexuelles. Ici on partage le quotidien d'Aurélia dans sa nouvelle vie de couple avec toutes ses interrogations, ses peurs. Pour la peine je le trouve beaucoup plus personnel que le premier. Concernant le dessin c'est assez minimaliste et semble quand même bien loin de ce que l'autrice est réellement capable de faire (voir le portrait de Frédéric au milieu du tome 1). Cela évite selon moi une trop grande projection sur nos deux protagonistes. Le ton juste avec une histoire vraie, ni trop sage ni trop hard.
Submersion
Une histoire étrange, qui m’a au final laissé un peu perplexe, même si elle se laisse lire facilement, et agréablement. Couverture et début d’intrigue me laissaient penser à un récit où l’écologie allait prendre le dessus, et où les éléments naturels déchainés allaient faire monter la tension (il est en permanence question de « méga-marées » ayant forcé les habitants de la côte écossaise à se retirer plus loin dans les terres). En fait il n’en est rien. Le récit bascule petit à petit vers une sorte de polar. Mais, là aussi, tout semble presque adouci. Il y a bien deux morts, mais la fatalité semble responsable. Il y a bien quelques excès de violence, mais ils sont atténués (comme cette scène où un protagoniste est attaqué par un chien, qui se finit trop tranquillement à mon goût). Finalement, c’est presque plus une ambiance que développe Lépingle, dans les landes côtières écossaises. Si le récit manque sans doute d’aspérité, et d’un véritable méchant, il se laisse lire. Mais je reste quand même un peu sur ma faim, aussi à cause d’une conclusion qui laisse en suspens certaines choses (d’où vient ce stock de métaux rares ? Quelle est la cause réelle de la mort de Wyatt ?). Si la lecture est plaisante, c’est aussi que le dessin de Lépingle – une ligne claire un peu grasse – est agréable (je suis juste moins convaincu par les yeux des personnages).
Les Yeux doux
Une BD avec du bon et du moins bon. Dans le bon, il y a l'aspect société dystopique et déshumanisée qui finit par s'entretenir inutilement, ce qui est bien retranscrit. De même l'asservissement des femmes par l'image, la question écologique, la logique productiviste ... Tout est assez bien retranscrit, dans une histoire qui permet de glisser des messages pas subtils mais salutaire. D'ailleurs les citations éclairent clairement sur les intentions des auteurs (et j'ai été étonné de certains noms). D'autre part, il faut souligner que certains messages explicites dans les bulles sont clairement pour la décroissance et contre la logique capitaliste, ce qui est une bonne chose. Maintenant, dans le moins bon, il y a le dessin que je ne connaissais pas mais qui m'a gêné. En effet, il y a deux trois détails notamment le fait que les têtes aient tendance à être souvent identique (notamment pour les femmes) ce qui masque les émotions. Plusieurs fois je me demandais si c'était volontaire mais d'autres personnages ont des évolutions plus marquées, ce qui m'a dérangé. Dans les détails moins bon, j'ai aussi un gros grief envers la représentation de la clope comme une émancipation positive (vantée d'ailleurs) surtout quand on sait que la cigarette et le capitalisme, c'est un bon ménage ! La BD ose des choses, et j'apprécie ça, mais je dois dire que le dessin m'a pas mal bloqué. C'est une BD en demi-teinte pour moi même si je pense que le positif restera en mémoire.
Mademoiselle Baudelaire
Avec cet album très épais, Yslaire rend un hommage appuyé à Baudelaire, son œuvre. Mais aussi à ce qui a pu l’inspirer, à commencer par sa muse, Jeanne Duval, évoquée dans certains poèmes, et mise en lumière ici (c’est à elle en tout cas qu’Yslaire veut donner la priorité, c’est aussi là que sa "marge de manœuvre" d’auteur est plus grande, étant données les zones d’ombre concernant Jeanne). C’est aussi un hommage à une sorte de bohème littéraire et artistique – on croise nombre de contemporains, amis ou collègues de Baudelaire dans cet album. Si l’album se laisse lire, j’ai trouvé que ça s’étirait un peu trop, que certaines longueurs auraient pu être évitées. Esthétiquement, c’est plutôt agréable. Yslaire réussit très bien à rendre l’époque, dessin et colorisation sont à la fois plaisant et raccord avec le sujet. Un peu longuet parfois, mais un sujet plaisant et globalement une bonne restitution de l’esprit de l’époque, même si le Baudelaire aigri de la fin (celui des « Fusées » ou de « Mon cœur mis à nu ») est évacué.
Les Lettres de mon Moulin
Je ne connais pas trop l'œuvre de Mittei même si je l'ai rencontré au détours de séries des années 70 pour lesquelles il collaborait. Comme on est de son enfance ce style graphique me convient parfaitement surtout avec cette mise en couleur. Sans être un grand nostalgique, j'aime bien retrouvé ces sensations de lectures enfantines et paisibles. Ce côté lumineux, pétillant où la bonne humeur est toujours présente correspond bien aux récits d'Alphonse Daudet. Bien que Nîmois, Daudet a surtout vécu à Paris. Cela ne l'a pas empêché de saisir l'esprit du Sud de la France lors de ses voyages . Peut être à cause de son état de santé défaillant ses récits débordent de chaleur humaine, d'aspiration à la vie à travers la bonne chère, la liberté, la lumière. C'est exactement ce que réussit à transmettre Mittei sans prise de tête et pour le plaisir de tous. On retrouve une foule de ses petits personnages habituels au banquet de Noël, Mittei n'oubliant pas de faire des apparitions pour célébrer cette poésie de la vie. Une lecture pour tous bien rafraichissante.
Max & Cornélius
Max est un enfant très renfermé, si timide qu'il évite toute discussion en dehors de celles avec son oncle. Il se réfugie dans son imaginaire où il se rêve héros vivant dans un château protecteur. Ce château, c'est en réalité le musée où son oncle travaille comme gardien. Max y grandit entouré d'œuvres antiques, dont le portrait terrifiant d'un pirate sanguinaire qui hante ses cauchemars. Pourtant, ce tableau attire l'intérêt de cambrioleurs, et dans le feu de l'action, Max découvre que sa présence réveille le pirate Cornélius, prisonnier de la toile. Cette BD jeunesse mêle aventure et fantastique : un garçon timide y croise un pirate finalement moins cruel qu'il n'y paraît, et une jeune fille débrouillarde. Ensemble, ils se lancent dans une quête pour empêcher le vol du trésor du pirate et tenter de briser la malédiction du tableau. Graphiquement, l'ensemble est inégal. Certains personnages paraissent lourds et maladroits, tandis que les enfants sont plutôt réussis. Les décors, très simples, rappellent parfois les univers des jeux Nintendo 64, et la mise en scène souffre de perspectives bancales et d'actions confuses. Ce n'est pas mauvais, mais ces maladresses se remarquent. Le public ciblé n'est pas toujours clair : si le héros a 10 ans et sa camarade 12, certains éléments semblent pensés pour un public plus jeune encore. Le récit souffre d'un manque de maturité : les comportements paraissent forcés, les protagonistes jouent des rôles qui manquent de naturel, les péripéties sont souvent convenues ou incohérentes, ce qui passe pour de très jeunes lecteurs mais font davantage tiquer les plus âgés. On sent malgré tout la sincérité et l'envie de bien faire. Les auteurs sont généreux dans leur offre, l'album est assez dense et occupe bien ses 72 pages et on sent qu'ils y mettent du cœur et veulent faire plaisir à leurs lecteurs quelque soit leur âge. En définitive, cela se lit comme une première œuvre : imparfaite mais attachante, sincère et pleine de bonne volonté. Et si, adulte, je reste attentif à ses défauts, je suis convaincu qu'à 10 ans ou moins, je n'y aurais vu que l'essentiel : une aventure amusante aux côtés de personnages sympathiques.
Escale à Yokohama
Parmi toutes les bandes dessinées que j’ai lues au fil des ans, qu’il s’agisse de BD, de manga ou de Comics, Escale à Yokohama occupe une place à part : il m’est impossible de comprendre pourquoi je l’ai appréciée. Car, pour être honnête, il ne s’y passe rien, les petits points nébuleux ne reçoivent aucune réponse et la fin ne débouche sur rien de neuf. Pourtant, cette lecture m’aura procuré un sentiment d’apaisement, de douce sérénité, qui est exactement le but recherché par le genre « iyashikei », genre né à la fin des années 1990 au Japon, qui traduisait le besoin pour la population locale de rêver sereinement à un avenir radieux alors même que l’actualité ne s’y prêtait pas vraiment (tremblement de terre à Kobe, attaque au gaz sarin dans le métro à Tokyo, éclatement de la bulle économique, auxquels vont encore s’ajouter un tsunami et ses conséquences (Fukushima)). Dans son genre, ce manga est donc une pleine réussite. Il ressemble à un jardin japonais dont le dépouillement et la simplicité des formes provoquent une forme de léthargie méditative chez le promeneur. Et c’est ce que j’ai été durant une bonne part de la série : un promeneur méditatif et serein. La série se compose de courts chapitres chronologiques dans lesquels on va de plus en plus découvrir Alpha, son café, ses voisins, ce monde post-apocalyptique « apaisé », la résilience qui anime chacun des acteurs. Notre curiosité est titillée, mais sur un mode contemplatif, lent, dépourvu de toute tension dramatique. Et d’ailleurs, lorsqu’un drame survient (le café d’Alpha sera détruit par une tempête), la série perd de son charme. Vraiment séduit sur une bonne première moitié des tomes, j’avoue m’être quelque peu lassé du concept sur la seconde moitié. Il était temps que ça se termine… mais j’aurais aimé quelques explications supplémentaires concernant certains personnages mystérieux. Ceci dit, ce mystère persistant, cette absence d’explications force le lecteur à mettre en pratique ce que la série montre tout au long de son fil : apprendre à accepter avec sérénité. Je n’ai juste pas encore atteint le niveau de sagesse nécessaire… Au niveau du dessin, le style de Hitoshi Ashinano est très dépouillé. Ses filiformes personnages féminins ne manquent pas de charme et ses décors créent l’ambiance post-apocalyptique souhaitée : la nature efface sans agression les traces de l’homme, à l’image de vagues qui lentement effaceraient des dessins tracés sur le sable. Certains chapitres en couleur font preuve d’une belle luminosité, accentuant encore cette impression d’apaisement, de sérénité que le scénario cherche à créer. On peut rapprocher cette série de « Les Promeneuses de l'Apocalypse » mais je trouve qu’ « Escale à Yokohama » atteint mieux son but et parvient à mieux créer une bulle autour du lecteur. Un peu plus courte et avec deux ou trois petites explications supplémentaires, elle se serait vue attribuer la note de 4/5. En l’était, c’est un 3/5 qui me vient en tête. … Et pourtant, dieu sait qu’il ne se passe rien dans ces 14 tomes !
Vague de froid
C'est le type de lecture que je trouve sympa mais assez facilement oubliable. Jean Cremers nous propose un récit qui hésite entre la comédie familiale et le carnet de voyage rédempteur. Cela donne un scénario linéaire très classique avec un zest de mythologie nordique pour épaissir le personnage de Martin. Toutefois c'est cette partie du personnage que j'ai eu du mal à m'approprier. Entre la sentimentalité due au drame et le côté viking amplifié par le physique, j'ai eu du mal à superposer les deux stéréotypes. Ainsi le final m'a glissé dessus sans provoquer en moi l'émotion que cela aurait du. Le graphisme s'appuie beaucoup sur les très beaux croquis de la nature norvégienne dans cette montée vers le Preikestolen. Le côté taiseux de Martin permet de limiter les dialogues et de profiter du l'aspect contemplatif de la narration visuelle. Une lecture plaisante malgré un scénario assez convenu à mes yeux.
Mjöllnir
C'est avec la parution de l'intégrale sortie cette année que je découvre cette série qui souffle (déjà !) ses 12 bougies cette année. J'appréhendais un peu ma lecture, ayant peur de tomber sur une de ces "vieilles" séries de fantasy sortie chez Soleil au scénario pompeux et à la colorisation outrancière... Et bien non ! Bonne surprise que ce triptyque qui revisite les légendes et la mythologie nordique de façon efficace. Le duo Péru/Goux installe un univers centré sur les nains. Les créatures fantastiques et mythiques s'effacent petit à petit sous le joug et les coups de boutoir des humains. Jusqu'ici, c'est plutôt classique, mais l'un des nains, Thor (le bien nommé), va hérité des pouvoirs de son homonyme divin et retourner le cours de l'histoire. Si certaines facilités scénaristiques sont bien présentes, elles permettent une narration efficace qui nous propose un bon divertissement fantastique et épique en 3 tomes. Le fond sombre et violent qui tisse la trame du récit est aussi un atout intéressant là où d'autres séries sont trop édulcorées à mon goût. Une belle découverte. Note réelle 3.5/5
Gonzo - Voyage dans l'Amérique de Las Vegas Parano
2.5 Hunter S. Thompson est un journaliste mythique aux États-Unis qui a lancé un nouveau style de journalisme. Pour avoir lu des articles de ce dernier, j'ai trouvé ça correct sans plus et je ne fais pas parti de ceux qui l'idolâtre contrairement à l'auteur. On apprend que les grandes lignes de la vie de Thompson vu que dans le pure style gonzo, le centre d'intérêt est l'auteur lui-même. Je ne suis pas trop sur si le voyage décrit dans l'album est vraie vu que certains passages me semblent un peu gros (la rencontre avec Johnny Depp). En tout cas, je suis comme Mac Arthur, j'ai eu un problème à trouver intéressant le voyage de deux hommes de 40-50 ans immature qui agissent encore comme s'ils avaient 18-20 ans. Je ne partage pas du tout leur centre intérêt. Il y a des passages qui sortent du lot comme la prise de conscience de l'auteur et certains détails sur l'Amérique comme l'amour de la propriété privée qui tourne en paranoïa. Le point fort de l’album est que l’auteur est sincère, notamment en montrant les moins bons cotés de Thompson et son style de vie. Ça se laisse lire, sans plus et le dessin fait le boulot sans être extraordinaire.