Sang de Banlieue

Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)

La mouise n'a pas de patrie. Derrière la façade rutilante de nos économies de pointe, l'envers du décor est toujours le même: cités dortoirs, chômage, gosses livrés à eux même, drogue, délinquance, et la mort au bout du chemin. Les galères se ressemblent toutes, que l'on soit en France, aux Etats-unis, en Grande-Bretagne ou en Espagne. Titre original: Sangre de Barrio.


Auteurs espagnols Banlieue Barcelone El Vibora Espagne Séries avec un unique avis

La mouise n'a pas de patrie. Derrière la façade rutilante de nos économies de pointe, l'envers du décor est toujours le même: cités dortoirs, chômage, gosses livrés à eux même, drogue, délinquance, et la mort au bout du chemin. Les galères se ressemblent toutes, que l'on soit en France, aux Etats-unis, en Grande-Bretagne ou en Espagne. Pour Vicente, tout a mal commencé. Fuyant un père alcoolique, il se retrouve avec sa mère et sa soeur dans un H.L.M de la cité la plus pourrie de Barcelone: L'Hospitalet de Llobregat. Tout les éléments nécessaires à la fabrication d'un bon délinquant sont réunis. Et Vicente va plonger. Dans cet univers de petites combines et de violence omniprésente où les faibles sont écrasés sans pitié, le gamin maigrichon doit devenir fort s'il veut avoir une chance de survie. Mais quand on descend aussi profond dans les abysses, peut-on un jour remonter à la surface? Sangre de barrio est le récit le plus noir de Jaime Martin, en parallèle il a réalisé une autre série prenant pour héros cinq jeunes glandeurs, Los Primos del Parque. Le ton est résolument plus léger: on pense aux rockers de Frank Margerin. Il a ensuite réalisé de nombreux récits humoristiques, des BDs pour enfants, des illustrations et a travaillé pour la télévision espagnole... Jaime Martin est un auteur espagnol qui s'est fait connaitre dans le monde de la BD avec ses histoires courtes publées dans le mensuel espagnol El Vibora. En 1990, il n'avait pas trente ans, il réalise la première partie de Sang de Banlieue, ce qui lui a valu de recevoir le prix espoir au salon international de la BD de Barcelone. En 1993 il réalise la deuxième partie de Sang de Banlieue. En 1994 à l'occasion de la parution en Album des deux parties, Jaime Martin écrit un épisode intermédiaire ou il fait entrer son style graphique dans l'ère de l'ordinateur, non sans faire un clin d'oeil au mangas, qui connaissent à cette époque un immense succés en Espagne. La présente édition, publiée par Bethy en France en 1998 reprend l'intégralité de Sang de Banlieue, dans l'ordre chronologique du déroulement de l'histoire.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 18 Novembre 1998
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Sang de Banlieue © Bethy 1998
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)
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28/08/2006 | JJJ
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Par JJJ
Note: 4/5

Avec cette BD Jaime Martin pointe du doigt les travers de notre société moderne et le côté le moins glorieux de la vie de nos grandes villes, je commence mon texte par une formule cliché car je sais bien que ce thème a été visité et revisité de nombreuses fois sous forme de BD ou autrement. Je ne sais pas si cette BD prenant pour cadre la Banlieue et racontant la vie des jeunes qui y vivent est meilleure qu'une autre sur le même sujet, ce que je sais, c'est que Jaime Martin ne cherche pas à dénoncer ou démontrer quoi que ce soit, il met juste en scène l'histoire d'un jeune homme, habitant de la cité Llobregat, et qu'il le fait rudement bien. C'est l'histoire de Vicente, dit Vicen qui se trouve débarqué dans ce monde, avec sa mère et sa soeur. Vicen pour pouvoir survivre va intégrer une bande, pour pouvoir rêver il va se défoncer avec tout ce qu'il pourra trouver. Martin nous montre le déroulement de cette vie de façon simple, sans abuser d'effets de style, bien sûr, comme dans toute fiction il y a un lot d'éléments dramatiques. La représentation de cette BD est crue, tant dans les dialogues que pour les images, là encore c'est crédible, Martin ne s'embarrasse pas de pudeur, ni n'utilise de superflus effets spéciaux pour tomber dans le divertissement facile. Cette histoire se compose de deux chapitres principaux et d'un court interlude entre ces deux chapitres. Le premier chapitre nous montre l'arrivée de Vicen au sein de la cité, son adaptation à cette vie, ses galères avec ses amis d'infortunes... ce chapitre s'achève brutalement sur un évènement dramatique qui par la suite fera basculer la vie de Vicen. A ce niveau l'histoire nous en a donné pas mal, pourtant c'est loin d'être terminé ! A ce moment un court interlude d'une dizaine de pages, nommé "Purgatorio", vole trois ans de vie à Vicen, bien qu'il soit très bref, ce passage est intéressant pour deux raisons : la première est justement due à sa courte durée qui illustre parfaitement le temps que Vicen a perdu de sa jeunesse, trois ans passés en un éclair. La deuxième raison est le style graphique employé pour ce passage, radicalement différent des deux principaux chapitres, il nous fait fortement sentir que l'on change un moment d'univers, ça paraît presque irréel. En seulement dix pages, on a un lien efficace qui nous fait bien sentir la distance entre les deux chapitres, je pense que c'est assez habile pour être souligné. Vient ensuite la deuxième grande partie, on retrouve Vicen à dix-huit ans, on voit ce qui a changé dans sa vie et surtout ce qui n'a pas changé et n'est pas près de changer. Ce chapitre est aussi efficace que le premier, tout aussi sombre, peut-être un peu plus violent, on y retrouve Vicen confronté à de nouveaux problèmes, il essaie de changer d'horizon... Je n'en dirai pas plus sur l'histoire pour ne rien gâcher, pour ce qui est des dessins de Jaime Martin, ça ressemble fortement au style de Bernet, "Sang de Banlieue" est en noir et blanc bien tranché, je crois que l'on peut dire sans problème que les dessins sont beaux. Cette BD m'a plu, c'est un bon moment de lecture qui s'achève sur une fin très ouverte, au vu de l'histoire, j'ai trouvé que c'était fort à propos. Une lecture que je conseille. JJJ

28/08/2006 (modifier)