Les derniers avis (35883 avis)

Par gruizzli
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Les Indociles
Les Indociles

Je crois qu'il n'y a pas de meilleure manière de commencer cette critique que par un énorme Merci à Grogro, dont les discussions dans la voiture à Angoulême m'ont convaincu d'acheter cette BD dès que je suis rentré. Et je ne redirais jamais à quel point ce genre de conseils peut-être précieux dans les lectures, parce qu'une pépite de ce genre ça vaut son prix. Le pavé est peu engageant de prime abord : 50 € pour un pavé si lourd et dense, empli de textes et de petites cases, annonçant une longue et fastidieuse lecture, qui en voudrait ? Et pourtant, merci grogro, on peut se laisser à l'acheter, le feuilleter, commencer à la lire. Et dans mon cas, le poser (après avoir du difficilement l'abandonner deux fois pour des raisons futiles, comme le travail) près d'une journée et demi après, pour rester habité par ce que je venais de lire. Quelle force ! Je dois le souligner directement, tant c'est ce qui m'a le plus surpris, mais cette BD est d'une force incroyable : elle happe et entraine, alors que l'histoire racontée n'est ni follement originale ni incroyable, aux rebondissements et retournements incessants. C'est proprement stupéfiant à quel point le récit m'a pris dans son intrigue en quelques pages, en quelques moments. Très vite Lulu, Jo et Chiara sont introduits, globalement cernés et leur monde peut se déployer. Le monde des années 60, dans toute leur horreur (dirait Gébé). Un monde de pensionnat catholique, de patriarcat décomplexé, de puritanisme moral et bien sur, de contre-culture émergente. Une contre-culture hippie, communiste, libertaire qui se dessine progressivement dans le Jura Suisse. La BD va balayer des dizaines d'années pour déboucher dans les nôtres, balayant les espoirs et les rêves, rappelant la dure et lourde réalité qui s'est abattue sur le mouvement de contestation des années 60. La BD semble dire que ce ne fut pas que la faute du vilain système contre les gentils contestataires, qui restent aussi des humains dans toutes leurs contradictions. Parfois cons, parfois touchants, souvent naïf et amusants, les trois protagonistes sont terriblement humains. Leur histoire sonne juste, les dialogues sonnent juste, tout fait vrai. C'est le genre de BD qui laisse songeur pendant longtemps après sa lecture par ce qu'elle raconte. C'est Les Vieux Fourneaux version Suisse, en somme. Ces vieux qui ont lutés, y ont crus, ont échoués. Leur combat d'hier sont contre un monde qui n'existe plus aujourd'hui mais semble vouloir revenir sans cesse. Christophe Blocher ou Trump, Marine LePen ou Giorgia Meloni, cet ancien monde que l'on espérait ne plus jamais revoir semble revenir d'entre les morts. Et "Les Indociles", c'est le manifeste de ceux qui étaient déjà là contre eux avant. Plutôt qu'un parcours à suivre, leur vie sonne comme un rappel de ce qui a été fait. On peut l'avoir oublié, on peut se dire que c'était mal fait et ridicule, voir contre-productif. Mais peut-être que ce genre de BD nous permets de redonner espoir quand on se demande pourquoi lutter. Et pour la jeune génération, c'est important de retrouver non pas des modèles mais des inspirations. Finalement, cette BD nous parle de la lutte collective comme émancipation, d'amour comme échappatoire au poids de la vie, à l'obstination parfois bête comme mode de vie. C'est pas une glorification, mais une histoire émouvante. Et je ne peux qu'avoir une immense sympathie pour ces gens qui restent bien loin d'un idéal que j'aurais envie d’imiter, mais je suis aussi impressionné par ce qu'ils ont fait là où ils étaient. Voir le monde des années 60 de leur point de vue fait prendre conscience qu'il nous est facile de les critiquer. Mais on parle d'un monde sans radio libre, aux informations plus lacunaires, aux discours catho sur les ondes et dans l'école. Tout refuser en bloc n'était sans doute pas la solution, mais il fallait essayer pour le savoir. J'ai adoré ma lecture -merci grogro- et je n'ai qu'une envie : la recommander à tout le monde. C'est un morceau d'histoire, une Histoire sans grand personnage ni grands moments, juste des vies quotidiennes qui se nouent ensemble. On parle d'homosexualité, de politique, de parentalité, de transformation du monde, d'émancipation des femmes, de machos et de beaufs, de drogue et de musique. Les auteurs montrent le passage de flambeau d'une génération à une autre ... Et putain, ça fait du bien au moral, quoi ! Ça requinque, ça donne envie de s'y mettre ! Franchement, le reste on s'en fout : le dessin, la pagination, les couleurs, tout ça, c'est super. Je vous l'ai dit, c'est super lisible ! Alors j'arrête de déblatérer, si je vous ai pas convaincu, je pourrais pas le faire et je sais pas ce qu'il vous faut. Ouais, c'est le genre de BD qui donne envie d'en parler pendant deux heures avant de se dire "Non, mais en fait on s'en fout : lis-la". Le conseil est passé, à bon entendeur, salut ! Et merci grogro du conseil.

12/03/2024 (modifier)
Couverture de la série Un chant d'amour
Un chant d'amour

Réédition d’un ouvrage paru chez La Découverte en 2017 (quelques pages ont été ajoutées), cet album est une excellente synthèse des relations entretenues entre la France (ses élites politiques et médiatiques) et Israël, durant la Vème République, de De Gaulle à Macron. Ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique, Alain Gresh est un spécialiste de la question (plusieurs de ses livres sont passionnants et complets sur le sujet). Il sait aussi être clair et didactique. J’avais failli le faire venir rencontrer mes élèves il y a une vingtaine d’années (mais ça ne s’était pas fait hélas). Ici il ne fait que reprendre des propos publics ou rapportés dans la presse, et dresse un portrait sans concession de l’évolution des rapports entre les deux pays, dans lesquels les enjeux internes (à Israël et/ou à la France) jouent un rôle important. Il montre aussi les changements de caps, les évolutions, jusqu’à l’alignement aveugle sur les positions américaines et israéliennes. Tout ceci éclaire le silence assourdissant de la France à propos des crimes commis en ce moment même par l’armée israélienne, sous les ordres d’un gouvernement extrémiste et raciste, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie occupée. En tout cas, c’est un récit documenté, complet et clair. Le dessin d’Hélène Aldeguer est simple et stylisé. Je n’en suis pas forcément fan (en plus les personnages historiques ne sont pas hyper ressemblants – même si ça n’altère en rien la lisibilité et la compréhension). Mais ça passe et la lecture est fluide. A noter Qu’elle n’utilise que les trois couleurs du drapeau français, ce qui accentue une certaine froideur. Un ouvrage intéressant, jamais rébarbatif, à recommander aux lecteurs souhaitant mieux comprendre certains enjeux actuels. On est là proche de ce que le journaliste Charles Enderlin a pu écrire sur divers supports.

12/03/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Les Ogres-Dieux
Les Ogres-Dieux

Etrange série -hélas abandonnée- que voila. Hubert semble avoir atteint ici une sorte de quintessence de son œuvre, un pinacle de ce qu'il aimait et faisait déjà en bande-dessinée. Ce qui laisse prédominer la sensation de regret au sortir du quatrième tome, le gout d'inachevé restant tenace face à ce qui s'apparentait à une minutieuse construction narrative. Un chef-d'oeuvre inachevé ... Si je suis dithyrambique, c'est parce que je sens, à travers les différents volumes, l'importance que Hubert à accordé à la narration d'un univers de toutes les manières possibles pour en faire jaillir les messages. C'est le genre de série qu'il faut prendre le temps d'apprécier, de savourer même, en lisant minutieusement ces albums qui ont été édités comme une chronique d'un temps ancien. Commençons déjà par cela : l'édition de qualité, aux couvertures épaisses et dorées, aux pleines pages de grande taille pour aller dans le thème, aux enluminures qui la parsèment et aux nombreuses pages entièrement rédigées, jouant sur la chronique dans le récit. Une édition prestigieuse et à la hauteur de l'intérieur, que j'ai la chance d'avoir dans son superbe coffret qui rehausse encore plus l'ensemble. Une qualité visuelle qui rajoute déjà à l'ensemble. Le dessin est un élément fort du récit. Cet encrage noir, ce sens du dessin grandiose, étalé sur des pleines planches et jouant sur les gros plans des personnages gigantesques, le contraste d'échelle, les jeux sur les nombreux plans, tout est fait pour jouer sur le ressenti du gigantisme de cette dynastie. Il faut noter aussi le plaisir visuel des architectures, qui rendent visuellement parfaitement l'ambiance. C'est une recherche esthétique permanente, qui envoie du lourd dans nos mirettes ! Mais c'est le scénario qui tient en haleine pendant les quatre tomes. Sur départ qui semble classique, sur une famille royale de géants qui dévorent des humains, Hubert développe une histoire qui lorgne vers la création d'univers. Hubert se veut démiurge et tisse les liens de ce qui peut s'apparenter à l'Histoire de son monde. Narrée successivement par différents personnages afin de croiser les regards comme un historien croiserait les sources, présentant successivement les points de vue opposés pour en tirer la contradiction de toute vie, Hubert cherche une histoire qui ne rejoint jamais le manichéisme. Il montre que tout peut s'opposer dans une société, que lutter contre l'oppression ne fait pas de nous des gentils, que de bons sentiments peuvent se révéler tout aussi mauvais pour les autres. De façon assez claire, sous les thèmes chers au scénariste, il y a un sous-texte de la complexité d'un monde. Croire que tout est facile et sera vite résolu est un doux mensonge que la violence de la BD met bien vite à mal. J'ai aimé cette lecture, prenante comme un bon livre d'Histoire qui tente (vainement) de montrer une situation donnée à l'aulne de chacun de ses protagonistes. Qui aimer, qui détester, qui rejeter, qui soutenir ? Hubert n'aime pas les évidences et nous le fait bien sentir. Que penser de cette femme, dans le volume 4, enfermée, retirée du monde, le comprenant à travers les livres et se rendant compte que la lecture ne suffit pas à le comprendre ? Qu'il faut le vivre ! Moi qui aime tant lire, je ne peux qu'apprécier ce message. C'est une lecture éprouvante, donc, une lecture riche et dense, dont on ne sort pas facilement. Une lecture frustrante par cette absence de fin, clairement la série est incomplète et se dirigeait vers quelque chose de plus riche encore. C'est tout un monde, tout un univers qui se déploie devant nous et nous invite à s'y plonger. Hubert et Gatignol se sont accordés merveilleusement bien pour nous proposer cette pépite littéraire que je découvre cette année. Une réussite totale, à mes yeux. Me croiriez-vous si je vous disais que j'ai aimé ?

11/03/2024 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
Couverture de la série The Bugle Call
The Bugle Call

Tiens, une nouvelle série qui me semble très intéressante chez Ki-oon. Elle émarge dans le genre fantastique, avec ces jeunes gens dont les mutations leur confèrent des pouvoirs extra-ordinaires qui ont leur utilité dans un contexte de guerre, comme dans ce monde pseudo-médiéval qui nous est proposé. Le cheminement est classique : un garçon qui découvre ses pouvoirs est repéré par une entité ou un personnage puissant qui le prend à son service pour en faire une arme, changeant sa condition, mais la rendant à peine plus enviable. Ce qui m'a plu, c'est la représentation graphique des sons, comme les perçoit Luka, et l'utilisation qui en est faite par l'entremise de son clairon. C'est à la fois inattendu et très dynamique. Ce premier tome pose un peu les bases de l'univers, sans qu'on en sache beaucoup sur l'origine des pouvoirs des "Branchus". J'aime bien également le casque arboré par le Pape, dont le design n'est certainement pas anodin. graphiquement, sans que le trait de Toumori se démarque d'autres mangas du même genre, il y a de l'énergie, de la recherche, sans toutefois se montrer m'as-tu vu dans les détails ou les mouvements. C'est lisible, c'est intéressant. Je valide et je veux lire la suite.

11/03/2024 (modifier)
Couverture de la série Bérézina
Bérézina

C'est avec curiosité que j'ai lu le triptyque de Richaud et Gil car j'avais beaucoup aimé le roman de Rambaud. Je n'ai pas du tout été déçu. Frédéric Richaud et Ivan Gil réussissent très bien à transposer l'esprit du livre avec une force visuelle qui donne de la puissance aux événements. Je suis toujours assez critique avec les fictions historiques mais ici je partage les choix scénaristiques. La thématique la plus évidente est une virulente critique de la guerre (c'est classique) relayée par des poèmes de Victor Hugo pourtant admirateur de Napoléon I. J'ai apprécié que Richaud et Gil aillent plus loin que Rambaud dans la désacralisation de l'image de Napoléon. Leur portrait est sévère et pose en creux une question posée dans la série : "Quelle image auront de nous les générations futures ?" Des monstres ? C'est la réponse du livre à laquelle je souscris. Pourtant nos manuels d'histoires et nos avenues parmi les plus prestigieuses répondent différemment. C'est le grand mérite du scénario de ne pas s'écarter d'un réalisme crédible que ce soit pour le haut commandement ou le gros de la troupe et des suiveurs tous rapaces si l'occasion se présente. Les auteurs remisent l'imagerie épique à la cave car même le seul moment franchement héroïque de la construction des ponts par les hommes d'Eblé est tout juste évoquée dans une voix off qui accompagne une très belle double page. Comme dans le roman, la série monte en intensité dramatique au fil des albums. Le choix de proposer un triptyque est excellent car il laisse le temps aux auteurs d'approfondir les différentes étapes de cette désastreuse entreprise. Le graphisme de Gil atteint un sommet au tome 3 dans la narration visuelle avec cette suite de tableaux d'hommes et de chevaux réduits à rien par la volonté d'un seul. Les visages émaciés tranchent avec un Napoléon rebondit et chaudement vêtu. Ma seule réserve se trouve dans le fait que Richaud et Gil ont choisi d'ignorer la vision de Koutousov. Cela fluidifie le récit mais cela ne rend pas compte des dissensions sur certains choix côté russe. Que le Tsar donne l'ordre d'incendier Moscou, ville sainte, contre l'avis d'une partie de la noblesse n'était pas une option si évidente. Une très belle lecture qui propose un excellent équilibre dans la narration par le texte et l'image.

11/03/2024 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Les Guerres de Lucas
Les Guerres de Lucas

En vieux fan de Star Wars, je ne pouvais pas passer à côté de cet album acclamé pour raconter avec brio le parcours de George Lucas et la création du fameux Episode IV qui a tant marqué le public et le cinéma en général. Et c'est vrai que j'ai passé un excellent moment, passionnant, instructif et aussi amusant parfois. C'est une biographie et une exposition objective des faits mais c'est fait avec excellence et une très bonne fluidité. On est très vite porté par le récit et on suit le taiseux George comme on suivrait les aventures d'un héros créateur. Le dessin porte l'histoire avec une belle maîtrise, une bonne mise en scène et une bonne narration graphique. J'ai vraiment aimé cette lecture par la façon dont elle porte le lecteur d'une part, mais aussi par la somme d'anecdotes et d'informations qu'elle m'a fournie. J'ai littéralement appris tout le déroulé des études et de la carrière de George Lucas, et comment il en est venu à commencer le tournage de Star Wars. J'ai souri à tous les clins d'oeil que les fans de Star Wars seront à même de repérer ("Je tire le premier ?" "Evidemment !"), ainsi qu'à quelques scènes pleines d'humour, comme l'apparition accidentelle d'un R2-D2 en chute libre derrière le tournage de Jésus de Nazareth. J'ai été surpris de voir qu'il n'avait finalement que très peu participé à la réalisation des effets spéciaux d'ILM. J'ai été stupéfait d'apprendre que John Williams avait composé, orchestré et enregistré la totalité de la musique du film en à peine 3 mois, et ce moins de 2 mois avant la sortie du film. J'ai été effaré de réaliser que le film avait été finalisé la veille même de la sortie en salles, comme si tout, absolument tout dans sa réalisation avait été fait dans l'urgence, voire en catastrophe, à l'image de toutes ces scènes que Lucas avait été obligé de couper car pas possible de les filmer... et tout ça pour un résultat finalement aussi parfait, malgré l'opposition si manifeste de ceux que l'auteur appelle les costards-cravates. Comme s'il avait fallu toute cette urgence et ces impossibilités pour épurer l'ensemble et obtenir le meilleur. C'est passionnant pour un amateur de Star Wars et de cinéma en général, tout en étant raconté avec brio et une bonne part d'humour. Un coup de coeur !

11/03/2024 (modifier)
Couverture de la série Afrikakorps
Afrikakorps

Je trouve la BD très réaliste. On a l'impression de vivre cette guerre. Les dessins sont magnifiques, ils sont compréhensibles et bien colorés, on sent que l'auteur est un passionné.

10/03/2024 (modifier)
Par Yann135
Note: 4/5
Couverture de la série Bagnard de guerre
Bagnard de guerre

En déambulant dans les allées bondées du festival d’Angoulême, je me suis arrêté – car pas grand monde – sur le stand de grand angle et chance inouïe, Philippe Pelaez était disponible ! Une aubaine pour échanger avec lui. Il m’a présenté ainsi son dernier album … bagnard de guerre. J’ai tout de suite accroché et je suis reparti avec celui-ci ! Et j’ai bien fait ! Bagnard de guerre – je vous l’annonce d’entrée - est un album captivant, qui vous entraîne dans l’enfer du bagne de Cayenne pendant la première guerre mondiale. Philippe Pelaez est plutôt habile. Son scénario nous plonge dans un univers carcéral ultra violent. Les conditions de détention à Cayenne sont minutieusement détaillées, et l’on ressent la tension permanente qui règne dans ce lieu inhospitalier. Le personnage principal, Ferdinand Tirancourt, est un insoumis au caractère froid, mais auquel on s’attache progressivement. Son aventure au bagne est ponctuée d’épreuves difficiles et de dangers omniprésents. L'intrigue - il faut l'avouer - est bien rythmée. Le dessin de Francis Porcel est réaliste et efficace, et il contribue à l’immersion du lecteur. L’intrigue se conclut par un retournement de situation que je n’ai pas du tout vu venir. Ca donne du piquant et une dimension supplémentaire à ce one shot. N’hésitez pas à vous procurer cette pépite prenante et visuellement réussie. Je me suis régalé.

10/03/2024 (modifier)
Couverture de la série J'aurai ta peau, Dominique A.
J'aurai ta peau, Dominique A.

Je fais profil bas mais je ne connaissais pas cet artiste. C'est une des qualités de cette série de mettre en avant ce chanteur présenté d'une façon très sympathique et humaine dans le récit. J'ai trouvé la thématique très originale. En effet les auteurs construisent autour d'un portrait psychologiquement et graphiquement très bien travaillé une histoire policière qui est très crédible à l'origine du nom de scène particulier de l'artiste. Des vedettes plus ou moins connues qui doivent se protéger de fans indélicats voire d'un public malveillant est le quotidien de ce ces hommes ou femmes publiques. Arnaud Le Gouëfflec construit un récit très fluide où l'humour et la dérision sont très présents. Jusqu'au dénouement on hésite entre mauvaise blague et réelle intrigue. C'est très équilibré, je l'ai lu avec beaucoup de plaisir. J'ai apprécié le graphisme d'Olivier Balez qui sort des sentiers battus avec ce genre collage qui nous fait rentrer dans l'univers de la lettre anonyme. Une lecture très plaisante et très respectueuse des artistes qui interviennent.

10/03/2024 (modifier)
Couverture de la série Abdallahi
Abdallahi

Un récit qui prend son temps pour donner toute sa mesure. Le lecteur doit être patient, et accepter une certaine lenteur, une langueur qui doit autant au soleil de l’Afrique qu’à la volonté sourde d’un homme d'« entrer » en Afrique, à Tombouctou, mais aussi dans une Afrique fantasmée. On est au temps des explorateurs européens, dans ce premier tiers du XIXème siècle où les aventuriers rêveurs, un peu fous et démiurges, se lançaient dans l’inconnu à connaître, avec avidité et inconscience, avant que les marchands et les militaires ne rationalisent tout ça. J’ai longtemps cru que le héros était une pure invention de Dabitch (je ne le connaissais pas : mais la biographie en fin du second volume rectifie cette erreur). Explorateur méconnu, mais au destin et à la personnalité étonnants en tout cas. Et Dabitch – qui a sans doute modifié quelques détails – a su garder quelque chose de mystérieux dans cette épopée. Il ne faut pas attendre d’action à tous les coins de page, mais on ne s’ennuie jamais, même lorsque de longs passages contemplatifs se succèdent. Le temps se dilate, sans qu’on le regrette. Et, comme souvent, le dessin de Pendanx accompagne très bien le récit de Dabitch. Même si je m’attendais à plus de décors en plans larges, son travail est vraiment chouette. Une lecture agréable en tout cas. Note réelle 3,5/5.

10/03/2024 (modifier)