J'ai bien accroché à ce documentaire périlleux sur le monde de la police. Je me suis introduit dans cette lecture sans apriori n'étant pas hostile ,par principe, au travail des policiers. C'est d'ailleurs amusant de découvrir les états d'âme de l'auteur au début de son reportage. Mathieu Sapin garde avec bonheur ce ton humoristique tout au long de son ouvrage surtout dans les scènes où il se met lui-même en situation.
De plus il garde une grande impartialité de traitement dans les différentes situations vécues dans les bureaux ou sur le terrain. Pourtant pendant cette grosse année , Sapin n'a pas manquer de matériel sensible à tel point qu'il n'a pas pu incorporer toutes ses expériences comme il le souligne en fin d'ouvrage. Ainsi le déroulé reste fluide car l'auteur évite de s'éparpiller. La parole est toujours politiquement neutre avec un souci de respecter les valeurs républicaines. Le discours peut être technique dans la description du fonctionnement de certains services mais aussi très humain avec l'impact sur les fonctionnaires de certaines situations critiques (la bavure, la mort, la pédocriminalité).
J'ai senti tout au long de la série une volonté d'apaisement sur un sujet clivant prompt aux dérapages verbaux.
Le graphisme accentue le côté humoristique surtout avec Sapin qui se met beaucoup en scène de façon drôle voire risible en contraste avec le personnage classe de Camille Chaize la directrice adjointe de la com au ministère.
Une lecture riche, attrayante et intéressante sur un sujet fondamental difficile. A mes yeux Sapin propose une série équilibrée et convaincante.
3.5
Le genre de délire collectif que j'aime bien.
Je connaissais la plupart des auteurs qui participent à cet album et je les aime bien. La seule exception étant Rochier dont je découvre le travail. Je ne pense pas que son dessin soit fait pour une BD humoristique, en tout cas ses planches m'ont rarement fait rire contrairement au travail des autres auteurs. Le scénario est simple, les auteurs reforment un band imaginaire, et avec ce postulat on va loin dans le délire parce que rien ne va se passer comme prévu. Chaque auteur va avoir des problèmes durant son voyage et ça va très loin dans le délire et les catastrophes.
J'ai bien rigolé tout le long de l'album et c'est un bon cru si on est fan de ses auteurs. J'ai particulièrement aimé le travail de Bouzard et le running-gag sur les flashbacks d'un accident d'avion dont aurait été victime le groupe dans le passé. On ne sait jamais ce qui va arriver ensuite et j’ai passé un bon moment sauf pour ce qui concerne Rochier.
Hombre vit pour survivre. Son emploi du temps : trouver des balles pour son fusil et de la viande pour se nourrir.
Hombre et ses décors post apo sont dessinés de main de maître.
Hombre a des dialogues crus et intelligents.
Hombre croise tout un tas d'ordures et leur fait la faveur de les envoyer ad patres.
Hombre est désabusé, lassé mais a conservé ce fil rouge d'humanité qui le lie au monde.
Hombre ferait passer Jeremiah pour un bisounours.
Hombre a de faux airs de Sean Connery.
Hombre est difficilement trouvable en librairie, ce qui renforce son statut d'oeuvre culte.
Hombre a des airs de macho mais il se fait apprendre la vie par Attila, sa partenaire amazone.
Attila a la phobie des fringues.
Muchas gracias Hombre.
Ouch, elle est dure cette BD ... J'avais compris que ça n'allait pas spécialement parler écologie avec les autres avis, mais je ne pensais pas que ça serait aussi violent sur la question du sexisme.
C'est une excellente BD, à mon gout, et je vais me permettre de la défendre après avoir lu quelques autres avis dessus. Parce que je trouve que la BD réussit parfaitement à traiter de son sujet et de façon très claire, impliquant le lecteur dans les évènements que vécu l'autrice. Et ça, c'est génial. Parce que la question du sexisme est ici traitée à la fois de l'intérieur (l'autrice subit des violences graves du fait d'être une femme) mais qu'elle ne se limite pas à ces constats. Elle développe, elle creuse légèrement. Et la conclusion est sans appel.
Le déroulé de cette histoire du début des années 2000 va embrasser plusieurs années et faire un bilan du sexisme dans ces entreprises majoritairement masculine, mais aussi balayer quelques autres sujets : l'industrie et le capitalisme, la violence envers les populations autochtones, la pollution, le système à l'américaine avec les dettes d'études, les accidents du travail omniprésent, et j'en oublie encore. En fait, l'autrice dresse surtout un portrait d'une entreprise qui fait fortune en détruisant la nature pour en extraire du pétrole, sacrifiant la santé des employés, détruisant des nations premières. Et cet environnement toxique (d'où le titre) est celui où peut s'exprimer le sexisme comme normalité qui permet à des mecs solitaires et frustrés de se sentir plus puissant. Ce que l'autrice exprime cependant, ce n'est pas juste la violence qu'elle subit, mais celle qui est exprimée tout autour. Elle s'inquiète de la santé de ses collègues, mentale comme physique, mais se rend compte aussi que la violence qu'elle subit n'est qu'une facette de toute la violence qui s'exprime ici. Le final sera une constatation que toutes les luttes se rejoignent (tiens, ça me rappelle la convergence des luttes) et que le sexisme, l'écologie, la justice sociale, le système capitaliste, les amérindiens, tout ça se rejoint dans la nécessité de changement.
J'ajouterais que la BD a l'audace de finir sur une dernière remarque pleine de sens : la normalisation de ces comportements, jusqu'à ce que quelqu'un fasse remarquer à quel point ça ne devrait pas être. La BD a cette violence latente qui devient norme et qu'elle a du redécouvrir comme problématique. Sans chercher à excuser, la BD cherche à comprendre comment tout cela est possible, comment des humains se laissent aller à être de sombres merdes dans un système qui pourtant les exploite. Si rien n'évoque clairement l'anti-capitalisme, la BD est clairement dans une contestation de ce système et à l'intelligence de faire remarquer que le sexisme, c'est pas une question de gros cons. Sinon ça serait bien plus simple à gérer ... C'est un voisin, un cousin, un père, un ami qui devient prédateur dans un environnement toxique. Encore une fois, ce titre est génialement bien trouvé, bravo à la traductrice !
Le dessin est simple, mais efficace. Il ressemble à des dessins de blog, avec des environnements simples et des personnages très typés qui ont beaucoup d'expressivité. Mais ça n'empêche pas d'avoir des passages travaillés dans le dessin (je pense à deux d'entre eux que je ne peux révéler sans spoiler).
De façon générale, je trouve la BD courageuse de la part de l'autrice, qui ne fait ni dans le misérabilisme ni dans la synthèse froide. C'est un témoignage de cette violence sexiste, mais aussi un commentaire sur son origine, son développement, la façon dont elle devient normalisée dans une société qui détruit tout le reste avec. L'histoire est glauque, mais terriblement bien mise en scène et je trouve que la scène finale a un côté choquant par l'impact de la dernière page. Ce moment où tout bascule, où la protagoniste se rend compte que ce n'est pas normal. Cette prise de conscience finale semble terrible, mais salutaire et je crois bien que c'est ce que j'admire le plus dans la bd : avoir réussi à la transmettre.
Je rejoins le commentaire précédent d'Erik.
Voilà une bd facile à lire sur un sujet opaque : l'évasion fiscale. Et volontairement opaque, c'est le principe même, et cette bd l'explique très bien.
C'est une bd très pédagogique, qui avec humour (et ça rend tout plus sympa), est le fruit d'un combat de la part du (relativement) célèbre couple de sociologues Pinçont-Charlot. Les dessins sont très efficaces aussi, et fluidifient la lecture, qui aurait pu être lourde (suivre un procès, son appel...).
Une bd qui fait du bien car elle remet les ordres de grandeurs à leurs places. L'évasion fiscale est massive et structurelle, et met en danger, sans exagération aucune, notre démocratie. Elle souligne également un Etat de droit inégal notamment du fait que le droit est notamment écrit par les "notables".
La liaison entre sociologie (étude des classes appelées "dominantes" dans la bd) et évasion fiscale a toujours été pour moi évidente. Les travaux de Thomas Piketty (lire l'adaptation géniale en bd de ses travaux : "capital et idéologie") ont achevés la démonstration sur les mécanismes d'inégalités en lien avec le capitalisme, la fiscalité et derrière ça les classes sociales.
A l'heure ou j'écris les Etats d'Europe cherchent des équilibres à leurs budgets. On peine à financer quelques fonctionnaires dans la traque à l'évasion fiscale alors qu'elle représente, excusez du peu, 80-100 milliards d'euros par an. En parallèle on va traquer les fraudeurs au RSA, et c'est très bien, il le faut pour le symbole et le principe. Cependant la fraude au RSA c'est 2-3 milliard par an, au regard des 700 milliards versés (1,9 millions de personnes...quand on y pense, quelle trsitesse...). Moi qui suit un peu allé à l'école, généralement, et en dehors d'un affichage parfois indispensable, il vaut mieux aller s'occuper en premier lieu de 98% du problème plutôt que de mettre beaucoup d'énergie sur les 2%. Question de bon sens et d'efficacité.
Bref, une bd a diffuser, car les batailles sont loin d'être gagnées (elles sont mollement entamées), et ça fait quelques siècles que ça dure.
Une bd originale qui à mon sens mèle la Créature de Frankeinstein et Arsène Lupin.
Je les ai tous lu, et je les adore tous.
Pas la peine de faire un récit de 15 lignes. Quand on aime, on ne compte pas.
J'ai pris bien du plaisir à lire ce triptyque. Je n'y connais rien en tatouage et pas plus dans l'organisation des Yakusas. Le scénario de Robledo prend le temps d'installer les personnages dans ce monde du Tebori qui est le tatouage traditionnel japonais, le seul qui convienne aux chefs Yakusas. Comme rien ne devrait sortir des conversations du salon de tatouage, cela permet à l'auteur d'y installer une intrigue policière et sentimentale bien ficelée. Le récit est fluide , tonique avec un zeste de fantastique qui sied bien à la culture locale. J'ai trouvé le T3 un ton en dessous avec des situations trop excessives pour une conclusion genre Happy end qui s'éloigne de l'esprit initial du récit.
Le graphisme semi réaliste de Marcial Toledano est très plaisant pour moi. J'aime ces rondeurs et ce travail sur les détails des tatouages. La mise en couleur très réussie participe beaucoup au plaisir de lecture que j'ai éprouvé.
Une lecture détente bien sympa. A découvrir.
Voilà un coup de cœur très inattendu !
Si j’ai toujours été attirée par cette série, j’ai trouvé la lecture du premier tome fastidieuse. J’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l’univers, la faute en partie au graphisme. Les souris sont certes adorables, mais il y a un petit quelque chose qui me dérange au niveau de la colorisation. Par ailleurs, j’ai eu du mal à différencier les souris au départ, et certaines scènes d’action manquent de lisibilité.
C’est donc avec un sentiment plus que mitigé que je suis arrivée au bout de ce premier tome ; et là, sans que je m’y attende, la scène de conclusion a réveillé mon intérêt. Je ne saurais expliquer comment, mais j’ai commencé à ressentir un je-ne-sais-quoi… comme si l’histoire qu’on venait de me raconter n’était pas une pure fiction, mais une légende basée sur un monde ayant réellement existé. C’est comme si ce monde, ces personnages, prenaient soudainement vie sous mes yeux, et que je ressentais le souffle de l’aventure qui m’appelait…
C’est donc avec enthousiasme que j’ai entamé la lecture du deuxième tome, et cette fois-ci j’ai été embarquée immédiatement. J’ai aimé les décors, parfois grandioses, dans lesquels évoluent courageusement ces souris minuscules. J’ai aimé l’univers, avec tous ces petits détails, ces cités différentes. J’ai aimé les personnages, leurs relations, leurs nuances. J’ai aimé le sentiment d’aventure et les confrontations épiques.
J’ai dévoré la suite, et j’ai même relu le premier tome que j’ai finalement beaucoup apprécié à ma seconde lecture.
J’ai lu les albums il y a quelques mois après les avoir empruntés à la bibliothèque, et rien que d’écrire cette critique, je sens un petit pincement au cœur qui me donne envie de me procurer la série pour repartir à l’aventure avec Kenzie, Saxon et Lieam.
Je ne savais pas où je mettais les pieds en commençant cette série. Pourtant j'adore la rando (et le running) et je connais quelques passages du Chemin. Alors quand je vois ce jeune homme inexpérimenté partir seul au mois de janvier au moment où les gites sont fermés, je me dis que Blaise Pruvost avait peu de chances de me convaincre. Bonne surprise ! J'ai immédiatement été accroché par le ton simple et sincère de ce témoignage. Ce jeune chien fou, nourri aux spiritualités orientales qui se dépouille du superflu au fur et à mesure de son trajet révèle une personnalité bien attachante. Seul face à lui même, loin de la dispersion parisienne, Blaise apprend de ses faiblesses pour se découvrir autre et talentueux. Les rencontres souvent bienveillantes lui apportent une richesse qu'il ne soupçonnait pas en partant. Son récit est un véritable hymne à l'ouverture. Ouverture vers les autres souvent amicaux, ouverture intérieure qui puise dans sa spiritualité et ouverture vers la nature sauvage qu'il traverse avec respect . Contrairement à une série comme Le Droit du sol il n'y a pas de militantisme affiché dans la narration ce qui procure une douceur dans la narration très agréable.
Le graphisme de Blaise Pruvost est probablement perfectible sur de nombreux points mais il procure une narration fluide et parfois humoristique.
Une belle lecture antidépressive et anti anxiogène qui invite au ressourcement par un moyen très simple à la portée de (presque) tous. 3.5
J'ai beaucoup apprécié cette fiction historique retraçant la fin de la guerre d'Indochine du côté Viet-Minh quelque peu dépolitisée.
Minh est un jeune artiste libre d'esprit qui se retrouve enrôlé par les Rouges alors que sa famille et son éducation sont Bleues. Cela donne un récit documenté qui travaille sur deux axes. Le premier axe principal est militaire. Truong nous décrit d'une façon très crédible la montée du jeune soldat artiste vers la bataille décisive de Dien Ben Fu. L'auteur reprend toutes les situations qui ont fait la légende de la bravoure des paysans et paysannes Viet-Minh pour réussir à vaincre les troupes d'élites françaises qui se sont vaillamment battues. L'auteur utilise un road trip qui part du camp d'entrainement chinois jusqu'à l'enfer de Dien Bien Fu pour nous montrer la ténacité d'une armée en sandales, se déplaçant à pied de nuit sur des terrains difficiles aidée par des JF porteuses de lourdes caisses de munitions sur des axes continuellement bombardés et mitraillés. Le récit ne peut que conduire à l'admiration de ces combattant(e)s qui n'ont jamais faibli malgré des pertes colossales. L'auteur rappelle ainsi que le sort de la bataille a longtemps été incertain.
Le second axe narratif concerne le côté politique qui imprégnait le discours idéologique des commissaires accompagnant la troupe. Les talents graphiques de Minh font de lui un élément de choix pour les unités de propagande (40 hommes ou femmes défendus par douze soldats) essentielles pour illustrer les exploits des uns et la cruauté des autres à une troupe et ses auxiliaires illettrés. Cette partie rend le personnage de Minh moins crédible. En effet il est douteux qu'une telle indépendance d'esprit considérée comme de l'insolence vis à vis de la doctrine communiste ait pu rester sans châtiment très sévère. Toutefois cela permet à l'auteur d'épingler la cécité de quelques intellectuels de l'époque qui participaient au culte de Staline et de rappeler le jdanovisme artistique qui sévissait dans les pays du bloc communiste. L'une des scènes est très symbolique du regard de l'auteur sur la liberté des artistes à cette époque. En effet la caricature que fait Minh de Staline superposé à Mao m'a immédiatement fait penser à la célèbre affaire du portrait de Picasso. Picasso est d'ailleurs honoré quelques pages plus loin comme artiste de la paix avec sa colombe.
J'ai donc trouvé ce récit très riche tout au long des presque 300 pages qui se lisent sans effort.
Le graphisme propose un N&B précis avec quelques nuances de couleurs. Les extérieurs sont bien travaillés ce qui plonge le/la lecteur-trice immédiatement dans l'ambiance du pays. Ma seule petite réserve graphique est qu'il est parfois difficile de distinguer certains personnages.
Une lecture qui m'a parlé par sa justesse de ton et l'originalité de son point de vue. Un bon 4
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À l'Intérieur
J'ai bien accroché à ce documentaire périlleux sur le monde de la police. Je me suis introduit dans cette lecture sans apriori n'étant pas hostile ,par principe, au travail des policiers. C'est d'ailleurs amusant de découvrir les états d'âme de l'auteur au début de son reportage. Mathieu Sapin garde avec bonheur ce ton humoristique tout au long de son ouvrage surtout dans les scènes où il se met lui-même en situation. De plus il garde une grande impartialité de traitement dans les différentes situations vécues dans les bureaux ou sur le terrain. Pourtant pendant cette grosse année , Sapin n'a pas manquer de matériel sensible à tel point qu'il n'a pas pu incorporer toutes ses expériences comme il le souligne en fin d'ouvrage. Ainsi le déroulé reste fluide car l'auteur évite de s'éparpiller. La parole est toujours politiquement neutre avec un souci de respecter les valeurs républicaines. Le discours peut être technique dans la description du fonctionnement de certains services mais aussi très humain avec l'impact sur les fonctionnaires de certaines situations critiques (la bavure, la mort, la pédocriminalité). J'ai senti tout au long de la série une volonté d'apaisement sur un sujet clivant prompt aux dérapages verbaux. Le graphisme accentue le côté humoristique surtout avec Sapin qui se met beaucoup en scène de façon drôle voire risible en contraste avec le personnage classe de Camille Chaize la directrice adjointe de la com au ministère. Une lecture riche, attrayante et intéressante sur un sujet fondamental difficile. A mes yeux Sapin propose une série équilibrée et convaincante.
T'inquiète
3.5 Le genre de délire collectif que j'aime bien. Je connaissais la plupart des auteurs qui participent à cet album et je les aime bien. La seule exception étant Rochier dont je découvre le travail. Je ne pense pas que son dessin soit fait pour une BD humoristique, en tout cas ses planches m'ont rarement fait rire contrairement au travail des autres auteurs. Le scénario est simple, les auteurs reforment un band imaginaire, et avec ce postulat on va loin dans le délire parce que rien ne va se passer comme prévu. Chaque auteur va avoir des problèmes durant son voyage et ça va très loin dans le délire et les catastrophes. J'ai bien rigolé tout le long de l'album et c'est un bon cru si on est fan de ses auteurs. J'ai particulièrement aimé le travail de Bouzard et le running-gag sur les flashbacks d'un accident d'avion dont aurait été victime le groupe dans le passé. On ne sait jamais ce qui va arriver ensuite et j’ai passé un bon moment sauf pour ce qui concerne Rochier.
Hombre
Hombre vit pour survivre. Son emploi du temps : trouver des balles pour son fusil et de la viande pour se nourrir. Hombre et ses décors post apo sont dessinés de main de maître. Hombre a des dialogues crus et intelligents. Hombre croise tout un tas d'ordures et leur fait la faveur de les envoyer ad patres. Hombre est désabusé, lassé mais a conservé ce fil rouge d'humanité qui le lie au monde. Hombre ferait passer Jeremiah pour un bisounours. Hombre a de faux airs de Sean Connery. Hombre est difficilement trouvable en librairie, ce qui renforce son statut d'oeuvre culte. Hombre a des airs de macho mais il se fait apprendre la vie par Attila, sa partenaire amazone. Attila a la phobie des fringues. Muchas gracias Hombre.
Environnement toxique
Ouch, elle est dure cette BD ... J'avais compris que ça n'allait pas spécialement parler écologie avec les autres avis, mais je ne pensais pas que ça serait aussi violent sur la question du sexisme. C'est une excellente BD, à mon gout, et je vais me permettre de la défendre après avoir lu quelques autres avis dessus. Parce que je trouve que la BD réussit parfaitement à traiter de son sujet et de façon très claire, impliquant le lecteur dans les évènements que vécu l'autrice. Et ça, c'est génial. Parce que la question du sexisme est ici traitée à la fois de l'intérieur (l'autrice subit des violences graves du fait d'être une femme) mais qu'elle ne se limite pas à ces constats. Elle développe, elle creuse légèrement. Et la conclusion est sans appel. Le déroulé de cette histoire du début des années 2000 va embrasser plusieurs années et faire un bilan du sexisme dans ces entreprises majoritairement masculine, mais aussi balayer quelques autres sujets : l'industrie et le capitalisme, la violence envers les populations autochtones, la pollution, le système à l'américaine avec les dettes d'études, les accidents du travail omniprésent, et j'en oublie encore. En fait, l'autrice dresse surtout un portrait d'une entreprise qui fait fortune en détruisant la nature pour en extraire du pétrole, sacrifiant la santé des employés, détruisant des nations premières. Et cet environnement toxique (d'où le titre) est celui où peut s'exprimer le sexisme comme normalité qui permet à des mecs solitaires et frustrés de se sentir plus puissant. Ce que l'autrice exprime cependant, ce n'est pas juste la violence qu'elle subit, mais celle qui est exprimée tout autour. Elle s'inquiète de la santé de ses collègues, mentale comme physique, mais se rend compte aussi que la violence qu'elle subit n'est qu'une facette de toute la violence qui s'exprime ici. Le final sera une constatation que toutes les luttes se rejoignent (tiens, ça me rappelle la convergence des luttes) et que le sexisme, l'écologie, la justice sociale, le système capitaliste, les amérindiens, tout ça se rejoint dans la nécessité de changement. J'ajouterais que la BD a l'audace de finir sur une dernière remarque pleine de sens : la normalisation de ces comportements, jusqu'à ce que quelqu'un fasse remarquer à quel point ça ne devrait pas être. La BD a cette violence latente qui devient norme et qu'elle a du redécouvrir comme problématique. Sans chercher à excuser, la BD cherche à comprendre comment tout cela est possible, comment des humains se laissent aller à être de sombres merdes dans un système qui pourtant les exploite. Si rien n'évoque clairement l'anti-capitalisme, la BD est clairement dans une contestation de ce système et à l'intelligence de faire remarquer que le sexisme, c'est pas une question de gros cons. Sinon ça serait bien plus simple à gérer ... C'est un voisin, un cousin, un père, un ami qui devient prédateur dans un environnement toxique. Encore une fois, ce titre est génialement bien trouvé, bravo à la traductrice ! Le dessin est simple, mais efficace. Il ressemble à des dessins de blog, avec des environnements simples et des personnages très typés qui ont beaucoup d'expressivité. Mais ça n'empêche pas d'avoir des passages travaillés dans le dessin (je pense à deux d'entre eux que je ne peux révéler sans spoiler). De façon générale, je trouve la BD courageuse de la part de l'autrice, qui ne fait ni dans le misérabilisme ni dans la synthèse froide. C'est un témoignage de cette violence sexiste, mais aussi un commentaire sur son origine, son développement, la façon dont elle devient normalisée dans une société qui détruit tout le reste avec. L'histoire est glauque, mais terriblement bien mise en scène et je trouve que la scène finale a un côté choquant par l'impact de la dernière page. Ce moment où tout bascule, où la protagoniste se rend compte que ce n'est pas normal. Cette prise de conscience finale semble terrible, mais salutaire et je crois bien que c'est ce que j'admire le plus dans la bd : avoir réussi à la transmettre.
Les Riches au tribunal
Je rejoins le commentaire précédent d'Erik. Voilà une bd facile à lire sur un sujet opaque : l'évasion fiscale. Et volontairement opaque, c'est le principe même, et cette bd l'explique très bien. C'est une bd très pédagogique, qui avec humour (et ça rend tout plus sympa), est le fruit d'un combat de la part du (relativement) célèbre couple de sociologues Pinçont-Charlot. Les dessins sont très efficaces aussi, et fluidifient la lecture, qui aurait pu être lourde (suivre un procès, son appel...). Une bd qui fait du bien car elle remet les ordres de grandeurs à leurs places. L'évasion fiscale est massive et structurelle, et met en danger, sans exagération aucune, notre démocratie. Elle souligne également un Etat de droit inégal notamment du fait que le droit est notamment écrit par les "notables". La liaison entre sociologie (étude des classes appelées "dominantes" dans la bd) et évasion fiscale a toujours été pour moi évidente. Les travaux de Thomas Piketty (lire l'adaptation géniale en bd de ses travaux : "capital et idéologie") ont achevés la démonstration sur les mécanismes d'inégalités en lien avec le capitalisme, la fiscalité et derrière ça les classes sociales. A l'heure ou j'écris les Etats d'Europe cherchent des équilibres à leurs budgets. On peine à financer quelques fonctionnaires dans la traque à l'évasion fiscale alors qu'elle représente, excusez du peu, 80-100 milliards d'euros par an. En parallèle on va traquer les fraudeurs au RSA, et c'est très bien, il le faut pour le symbole et le principe. Cependant la fraude au RSA c'est 2-3 milliard par an, au regard des 700 milliards versés (1,9 millions de personnes...quand on y pense, quelle trsitesse...). Moi qui suit un peu allé à l'école, généralement, et en dehors d'un affichage parfois indispensable, il vaut mieux aller s'occuper en premier lieu de 98% du problème plutôt que de mettre beaucoup d'énergie sur les 2%. Question de bon sens et d'efficacité. Bref, une bd a diffuser, car les batailles sont loin d'être gagnées (elles sont mollement entamées), et ça fait quelques siècles que ça dure.
La Voleuse du Père Fauteuil
Une bd originale qui à mon sens mèle la Créature de Frankeinstein et Arsène Lupin. Je les ai tous lu, et je les adore tous. Pas la peine de faire un récit de 15 lignes. Quand on aime, on ne compte pas.
Tebori
J'ai pris bien du plaisir à lire ce triptyque. Je n'y connais rien en tatouage et pas plus dans l'organisation des Yakusas. Le scénario de Robledo prend le temps d'installer les personnages dans ce monde du Tebori qui est le tatouage traditionnel japonais, le seul qui convienne aux chefs Yakusas. Comme rien ne devrait sortir des conversations du salon de tatouage, cela permet à l'auteur d'y installer une intrigue policière et sentimentale bien ficelée. Le récit est fluide , tonique avec un zeste de fantastique qui sied bien à la culture locale. J'ai trouvé le T3 un ton en dessous avec des situations trop excessives pour une conclusion genre Happy end qui s'éloigne de l'esprit initial du récit. Le graphisme semi réaliste de Marcial Toledano est très plaisant pour moi. J'aime ces rondeurs et ce travail sur les détails des tatouages. La mise en couleur très réussie participe beaucoup au plaisir de lecture que j'ai éprouvé. Une lecture détente bien sympa. A découvrir.
Légendes de la Garde
Voilà un coup de cœur très inattendu ! Si j’ai toujours été attirée par cette série, j’ai trouvé la lecture du premier tome fastidieuse. J’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l’univers, la faute en partie au graphisme. Les souris sont certes adorables, mais il y a un petit quelque chose qui me dérange au niveau de la colorisation. Par ailleurs, j’ai eu du mal à différencier les souris au départ, et certaines scènes d’action manquent de lisibilité. C’est donc avec un sentiment plus que mitigé que je suis arrivée au bout de ce premier tome ; et là, sans que je m’y attende, la scène de conclusion a réveillé mon intérêt. Je ne saurais expliquer comment, mais j’ai commencé à ressentir un je-ne-sais-quoi… comme si l’histoire qu’on venait de me raconter n’était pas une pure fiction, mais une légende basée sur un monde ayant réellement existé. C’est comme si ce monde, ces personnages, prenaient soudainement vie sous mes yeux, et que je ressentais le souffle de l’aventure qui m’appelait… C’est donc avec enthousiasme que j’ai entamé la lecture du deuxième tome, et cette fois-ci j’ai été embarquée immédiatement. J’ai aimé les décors, parfois grandioses, dans lesquels évoluent courageusement ces souris minuscules. J’ai aimé l’univers, avec tous ces petits détails, ces cités différentes. J’ai aimé les personnages, leurs relations, leurs nuances. J’ai aimé le sentiment d’aventure et les confrontations épiques. J’ai dévoré la suite, et j’ai même relu le premier tome que j’ai finalement beaucoup apprécié à ma seconde lecture. J’ai lu les albums il y a quelques mois après les avoir empruntés à la bibliothèque, et rien que d’écrire cette critique, je sens un petit pincement au cœur qui me donne envie de me procurer la série pour repartir à l’aventure avec Kenzie, Saxon et Lieam.
Six mois et un autre
Je ne savais pas où je mettais les pieds en commençant cette série. Pourtant j'adore la rando (et le running) et je connais quelques passages du Chemin. Alors quand je vois ce jeune homme inexpérimenté partir seul au mois de janvier au moment où les gites sont fermés, je me dis que Blaise Pruvost avait peu de chances de me convaincre. Bonne surprise ! J'ai immédiatement été accroché par le ton simple et sincère de ce témoignage. Ce jeune chien fou, nourri aux spiritualités orientales qui se dépouille du superflu au fur et à mesure de son trajet révèle une personnalité bien attachante. Seul face à lui même, loin de la dispersion parisienne, Blaise apprend de ses faiblesses pour se découvrir autre et talentueux. Les rencontres souvent bienveillantes lui apportent une richesse qu'il ne soupçonnait pas en partant. Son récit est un véritable hymne à l'ouverture. Ouverture vers les autres souvent amicaux, ouverture intérieure qui puise dans sa spiritualité et ouverture vers la nature sauvage qu'il traverse avec respect . Contrairement à une série comme Le Droit du sol il n'y a pas de militantisme affiché dans la narration ce qui procure une douceur dans la narration très agréable. Le graphisme de Blaise Pruvost est probablement perfectible sur de nombreux points mais il procure une narration fluide et parfois humoristique. Une belle lecture antidépressive et anti anxiogène qui invite au ressourcement par un moyen très simple à la portée de (presque) tous. 3.5
40 hommes et 12 fusils - Indochine 1954
J'ai beaucoup apprécié cette fiction historique retraçant la fin de la guerre d'Indochine du côté Viet-Minh quelque peu dépolitisée. Minh est un jeune artiste libre d'esprit qui se retrouve enrôlé par les Rouges alors que sa famille et son éducation sont Bleues. Cela donne un récit documenté qui travaille sur deux axes. Le premier axe principal est militaire. Truong nous décrit d'une façon très crédible la montée du jeune soldat artiste vers la bataille décisive de Dien Ben Fu. L'auteur reprend toutes les situations qui ont fait la légende de la bravoure des paysans et paysannes Viet-Minh pour réussir à vaincre les troupes d'élites françaises qui se sont vaillamment battues. L'auteur utilise un road trip qui part du camp d'entrainement chinois jusqu'à l'enfer de Dien Bien Fu pour nous montrer la ténacité d'une armée en sandales, se déplaçant à pied de nuit sur des terrains difficiles aidée par des JF porteuses de lourdes caisses de munitions sur des axes continuellement bombardés et mitraillés. Le récit ne peut que conduire à l'admiration de ces combattant(e)s qui n'ont jamais faibli malgré des pertes colossales. L'auteur rappelle ainsi que le sort de la bataille a longtemps été incertain. Le second axe narratif concerne le côté politique qui imprégnait le discours idéologique des commissaires accompagnant la troupe. Les talents graphiques de Minh font de lui un élément de choix pour les unités de propagande (40 hommes ou femmes défendus par douze soldats) essentielles pour illustrer les exploits des uns et la cruauté des autres à une troupe et ses auxiliaires illettrés. Cette partie rend le personnage de Minh moins crédible. En effet il est douteux qu'une telle indépendance d'esprit considérée comme de l'insolence vis à vis de la doctrine communiste ait pu rester sans châtiment très sévère. Toutefois cela permet à l'auteur d'épingler la cécité de quelques intellectuels de l'époque qui participaient au culte de Staline et de rappeler le jdanovisme artistique qui sévissait dans les pays du bloc communiste. L'une des scènes est très symbolique du regard de l'auteur sur la liberté des artistes à cette époque. En effet la caricature que fait Minh de Staline superposé à Mao m'a immédiatement fait penser à la célèbre affaire du portrait de Picasso. Picasso est d'ailleurs honoré quelques pages plus loin comme artiste de la paix avec sa colombe. J'ai donc trouvé ce récit très riche tout au long des presque 300 pages qui se lisent sans effort. Le graphisme propose un N&B précis avec quelques nuances de couleurs. Les extérieurs sont bien travaillés ce qui plonge le/la lecteur-trice immédiatement dans l'ambiance du pays. Ma seule petite réserve graphique est qu'il est parfois difficile de distinguer certains personnages. Une lecture qui m'a parlé par sa justesse de ton et l'originalité de son point de vue. Un bon 4