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Couverture de la série On leur vend des armes
On leur vend des armes

J’avais déjà lu pas mal de choses sur ce thème, dans le Canard enchainé et dans le Monde Diplomatique, mais cet album remet très bien les choses en place, et en lumière. Il compile et adapte plusieurs enquêtes publiées par Disclose et par La Revue dessinée, le tout accompagné de mises au point inédites et de divers compléments. Le seul reproche que l’on pourrait faire à cette publication est que certains thèmes, certains faits se répètent, sont un peu redondant. Mais l’ensemble est très intéressant. Très documenté, factuel, la démonstration est implacable. La France vend des armes – et de plus en plus – au mépris des valeurs qu’elle proclame défendre, mais aussi des traités et engagement qu’elle a pris. Et ce dans une grande discrétion, le secret défense arrivant opportunément pour protéger le secret des affaires, les collusions entre marchands d’armes et hauts dirigeants. Le Drian, ministre transformé en représentant des marchands d’armes français est en cela édifiant, Tartuffe incarnant l’hypocrisie à son apogée. Les milliers de civils victimes des armes et technologies françaises, au Yemen, en Égypte – voire en Ukraine – ne pèsent pas lourds face aux milliards engrangés par les industriels français et face à « l’intérêt national ». La narration est très agréable, parfois ludique et humoristique, en tout cas jamais barbante. C’est fluide et instructif, comme souvent pour les reportages de La Revue dessinée. C’est à lire, pour se rendre compte à quel point nos dirigeants (de droite comme de gauche) se foutent de nous lorsqu’ils se scandalisent médiatiquement des guerres et des dictatures, qu’ils ont pourtant facilitées et renforcées.

06/06/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série V pour Vendetta
V pour Vendetta

Dans le triptyque à succès d'Alan Moore, il me manquait ce "V pour Vendetta" à mon tableau de lecture. Dans une Angleterre imaginaire, un régime totalitaire est au pouvoir après une guerre nucléaire, nous sommes en 1977. Alan Moore nous décrit un régime néo-fasciste à vomir, régime évidement raciste et homophobe. Média d'État, caméras de surveillance à chaque coin de rue sont ses outils pour contrôler le peuple. V est un homme qui cache son visage sous un masque. Le choix de ce masque ne doit rien au hasard puisqu'il reprend un portrait stylisé de Guy Fawkes (membre d'un groupe qui a planifié la Conspiration des Poudres). Il se veut la mèche qui réveillera les consciences avec ses idées anarchistes. Un récit dense, bourré de références, des passages un peu longuet, mais c'est passionnant, intrigant et effrayant. Une œuvre, qui malgré ses 35 ans ne fait pas son âge, elle est toujours d'actualité. Elle nous rappelle que rien n'est jamais acquis. Alan Moore a le don de choisir des dessinateurs clivants, et à chaque fois je me trouve dans le camp de la minorité. Il est vrai qu'au premier regard, ce dessin et ces couleurs ne sont guère appétissants. Mais en y regardant de plus près, ce dessin vieillot au trait gras pas toujours lisible au premier regard et à la colorisation terne contribue fortement à ressentir cette ambiance inquiétante qui enveloppe le lecteur d'une chape de plomb. Du bon boulot. Le meilleur Alan Moore avec From Hell.

06/06/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série Patrick Dewaere - A part ça la vie est belle
Patrick Dewaere - A part ça la vie est belle

Les biographies m'ennuient souvent, et je n'avais qu'une curiosité très modérée à l'idée de découvrir le parcours de Patrick Dewaere, acteur français dont j'avais bien sûr entendu parler mais dont je n'avais vu aucun film. Pourtant, je dois reconnaître que cette BD m'a surpris par la qualité de sa narration, qui m'a complètement absorbé. Le choix narratif est original : ce n'est pas un biographe extérieur qui raconte, mais Patrick Dewaere lui-même, qui se confie à la première personne. Son récit n'est pas chronologique, mais reste toujours fluide et intuitif, on ne s'y perd jamais. Il commence par les heures qui précèdent sa mort, puis remonte progressivement le fil de ses pensées pour expliquer comment il en est arrivé là, ce qui l'a façonné, ce qui l'a abîmé. Le ton est humain, direct, sans fioritures, et malgré les allers-retours dans le temps, l'ensemble reste clair et cohérent. C'est aussi une immersion dans la France des années 70, une époque qui me rebute toujours un peu mais qui prend ici vie avec beaucoup de relief. L'ambiance, les mentalités, les rapports humains : tout est bien restitué. On comprend sans difficulté l'état d'esprit du personnage principal et de son entourage. Patrick Dewaere est présenté sans filtre : un acteur talentueux, intense, mais aussi un homme tourmenté, égocentrique, parfois violent, psychologiquement cabossé, probablement à cause d'un viol subi dans sa jeunesse (évoqué sans être ici raconté). Tout au long de la lecture, j'ai trouvé le récit instructif et remarquablement construit, mais c'est surtout sa conclusion qui m'a marqué. La mise en scène, les dialogues, l'émotion contenue mais juste : les dernières pages m'ont touché de manière inattendue. Pour quelqu'un dont je ne connaissais rien et que je n'avais jamais vu jouer, c'est une biographie réussie.

06/06/2025 (modifier)
Couverture de la série La Tempête (David Wautier)
La Tempête (David Wautier)

J'apprécie généralement les albums sans texte pour la jeunesse. Pour une fois ce ne sont pas les éditions de la Gouttière (Anuki,Passe-passe, Myrmidon) mais une autre petite maison, Le Diplodocus, qui propose cet excellent récit graphique de David Wautier. Cette série s'adresse surtout aux jeunes lecteurs et lectrices de 4/5 ans comme une initiation à la BD mais pas seulement. En effet j'ai immédiatement été séduit par l'intelligence du scénario qui peut facilement parler à un lectorat plus âgé (comme moi). Tout d'abord 44 pages, c'est beaucoup pour un très jeune lectorat. Cela demande un effort de concentration assez intense pour ne pas lâcher sa lecture. C'est tout le talent de l'auteur de proposer des "rebondissements", une montée dans l'intensité dramatique des évènements puis un final classique mais libérateur pour réussir à capter l'attention jusqu'au bout. Wautier choisit un environnement inhabituel pour un très jeune public : une ferme isolée au pied de la Monument Valley dans le désert de l'Arizona. Un jeune garçon de 5/6 ans s'y promène avec sa petite sœur (et sa poupée) seuls à quelques centaines de mètre de la ferme où la maman est seule à faire le linge. Une entrée en matière particulière car si elle permet une appropriation immédiate pour un très jeune lectorat, elle installe un climat assez fort d'angoisse pour une vision adulte (isolement, vulnérabilité des personnages). Ce sentiment augmente quand on sent le danger invisible arriver. Des Indiens ? des hors la loi ? ce serait un imaginaire adulte sur lequel Wautier joue avec malice. Non ce ne sont que des nuages noirs qui soulagent le lecteur adulte mais pas forcément l'enfant qui voit son espace de confort malmené par des événements qu'il connait bien. Ce (trop) long développement pour montrer comment j'ai trouvé intelligente la construction du récit de l'auteur. Le reste n'est que plaisir des yeux ! le graphisme de Wautier pouvant parler à un public très large. La construction des planches reste dans le classique gaufrier émotionnel et actif avec quelques pleines pages contemplatives. Une très belle lecture pour tous à faire seul.e ou partagée.

06/06/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série Les Yeux du Chat
Les Yeux du Chat

Jouer à voir - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Son édition originale date de 1978. Il s’agit de la première collaboration entre Alejandro Jodorowsky (scénario) et Jean Giraud (1938-2012), sous le pseudonyme de Mœbius. Cet ouvrage compte cinquante pages de bande dessinée. L’édition de 2013 présente la particularité d’avoir été imprimée sur des pages jaunes. Elle comprend également une préface écrite par le scénariste le vingt-neuf juillet 2011. Il explique comment il avait commencé à travailler sur le projet de film d’adaptation du roman Dune (1970) de Frank Herbert (1920-1986). Lors d’un plein d’essence, il découvre sur les rayonnages de la station-service de splendides dessins de vaisseaux spatiaux signés Mœbius, et sur une série western dessinée par Jean Giraud, et il comprend qu’il a trouvé l’artiste pour les costumes et celui pour le storyboard. Arrivé à Paris, il rend visite à son attaché de presse qui est en conversation avec Jean Giraud, et le scénariste découvre qu’il a devant lui les deux personnes qu’il recherche, et qui ne sont qu’un seul homme. Puis il explique dans sa préface les circonstances de la réalisation de la présente histoire, réalisée à titre gracieux, et offerte aux lecteurs du mensuel Métal Hurlant, publié par les Humanoïdes Associés. Un enfant se tient dans l’encadrement d’une très haute fenêtre, ou sur une terrasse. Il est revêtu d’un vêtement ample, il a le crâne rasé. Il regarde au loin. Haut dans le ciel un aigle s’éloigne pour une destination inconnue. Une mégalopole indéterminée : de très hauts gratte-ciels qui surplombent les autres constructions, certaines se trouvant dans leur ombre. Des antennes au sommet de ces constructions fines et élancées. Le ciel est totalement masqué par des nuages d’une nature indiscernable. L’enfant n’a pas bougé de place. Il se tient parfaitement immobile, tourné vers le lointain, dans la même posture. À une distance indéterminée dans la ville, les nuages ont pris une forme étale, constituant une sorte de plafond opaque. Il se produit une trouée à la forme régulière qui laisse passer comme une colonne inclinée de lumière atteignant le sol d’une sorte de placette. Dans ce quartier, l’architecture de la ville combine plusieurs caractéristiques. Comme un rappel d’une fortification, ou peut-être une large parcelle piétonne desservant les étages les plus élevés des maisons. Il se trouve aussi un mélange d’immeubles parisiens et de constructions plus baroques surmontées de dômes. Au pied de l’une d’elle sur le pont piétons se trouvent des débris de maçonnerie. L’enfant respecte une immobilité parfaite devant sa très haute fenêtre : il a perçu le rayon de soleil qui a percé la couche nuageuse. Il s’agit en fait d’un rayon de lumière d’un ou deux mètres de diamètre qui atteint le sol de la placette. Les façades d’immeubles sont délabrées : les fenêtres éclatées, des impacts sur les murs, le revêtement dégradé. Des détritus au sol de nature technologique. Au travers d’une fenêtre brisée, apparaissent des objets abandonnés en tas. Le secteur semble désert, dépourvu de toute présence humaine. En lisant la préface, le lecteur prend connaissance des circonstances dans lesquelles cette bande dessinée a vu le jour : une belle campagne de publicité de l’éditeur qui a pris la forme d’une nouvelle collection de petits volumes, en tirage limité, baptisée Mistral. Chacun de ces volumes portaient la mention : Cette édition ne saurait être vendue, elle est donnée gratuitement à tout fidèle des Humanoïdes Associés. Jodorowsky explicite en détails les conditions de réalisation de ces petits volumes. Il commence par rappeler que : La bande dessinée est un art industriel, les artistes sont des artisans, ils font leur travail et ils sont payés à la page, c’est leur modus vivendi. Pour ces ouvrages, l’éditeur leur proposait de travailler gratuitement, c’est-à-dire sans toucher de droits d’auteurs, ce que les présents créateurs ont accepté pour être sûr sur que leur autre projet puisse bien aller jusqu’à la publication, en l’occurrence L’Incal. Afin de répondre à la demande, le scénariste a intégré les spécifications et les exigences éditoriales, pour les transformer en un exercice de style. Il a indiqué à l’artiste que : Plutôt que de réaliser des planches découpées en vignettes, ils vont présenter l’histoire comme une suite d’illustrations aussi solitaires que l’enfant et le chat, et chaque vignette occupera une page entière. En face de chaque tableau, l’artiste pourra mettre comme un motif qui se répète, l’ombre de l’enfant en train de regarder par la fenêtre. Ainsi les contraintes éditoriales deviennent une structure formelle conceptuelle. Les créateurs partent sur le principe que la planche de gauche, celle avec l’enfant qui tourne le dos au lecteur, est multipliée dix-huit fois. Dans la première, Mœbius a simplement ajouté l’aigle au loin qui part en chasse. Puis lorsque l’aigle revient après une longue attente, il a commencé à animer l’enfant, et à modifier les ombres qui fonctionnent alors comme un contrechamp de l’image à droite. En outre, le personnage prononce en tout et pour tout douze phrases, très courtes, moins de dix mots à chaque fois, saupoudrées sur douze pages différentes. Du coup, au premier contact, la lecture s’avère très rapide : dix minutes en prenant le temps de vérifier si le personnage a bougé d’une page de gauche à une autre, et en absorbant les informations visuelles de la page de droite. L’intrigue s’avère linéaire et simple : page de gauche le personnage a vu partir l’aigle et il attend son retour sans bouger, page de droite l’aigle finit par arriver sur la placette où il fait face au chat que mentionne le titre du récit. La promesse implicite de la couverture est tenue : il y a bien un affrontement entre les deux animaux. Le récit se clôt en bonne et due forme, inscrivant le récit dans le genre horrifique, dans un environnement de science-fiction. Et voilà. Le récit s’avère plus intéressant pour un amateur de bande dessinée en tant que médium. Il constitue la première collaboration entre deux auteurs majeurs, qui travailleront ensuite sur la série L’Incal (1980-1988), la trilogie du Cœur couronné (La folle du Sacré Cœur, Le piège de l’irrationnel, Le fou de la Sorbonne), Griffes d’ange, ainsi que sur le projet de film avorté Dune. Il permet également d’admirer les planches de l’artiste, dans un récit complet, avec une structure rigoureuse et accessible. Tout commence avec une page de gauche, et la silhouette immobile du personnage de dos, dans un grand cadre étroit vertical. Le lecteur en déduit qu’il s’agit du personnage principal, qu’il se tient dans l’embrasure d’une fenêtre monumentale, démesurée par rapport à la taille d’un être humain, relativisant l’importance de ce dernier dans un décor gigantesque. Il découvre la répétition de cette image à l’identique, dix-sept fois la même, et avec un élément supplémentaire (l’aigle au loin dans le ciel) pour la première. Ce dispositif visuel produit un effet de stabilité, d’impassibilité, laissant le doute dans l’esprit du lecteur si le personnage est perdu dans ses pensées, ou au contraire focalisé sur la survenance d’un événement à venir. Le déroulement du récit lui permet de comprendre qu’il s’agit de la deuxième hypothèse. Les pages de droite s’avèrent plus fournies en information, constituant une narration visuelle plus classique, racontant des événements dans un ordre chronologique. Du fait de la composition de l’ouvrage, une case par page, celle de gauche identique de l’une à l’autre, l’attention du lecteur se trouve focalisée sur les informations contenues dans l’illustration en pleine page à droite. Il commence par s’intéresser à l’environnement : une mégalopole dans un futur indéterminé, peut-être pas sur Terre, peut-être que oui, cela n’a finalement pas d’importance dans le récit. Une influence de l’urbanisme parisien visible dans certaines formes d’immeubles et de toitures. Et comme une ville construite pour partie par-dessus, avec une architecture futuriste, un avenir plus ou moins lointain, pas très rieur, une forme de résignation à un environnement inhospitalier commençant à se délabrer. Le lecteur relève un ou deux détails supplémentaires : les appareillages technologiques abscons dont il n’est pas possible de devenir les fonctions, les déchets présents sur le sol, et la forme caractéristique d’une plante à cinq feuilles sur le frontispice au-dessus de la fenêtre à l’extérieur. Les pages de droites révèlent également que le personnage se tient bien devant l’encadrement d’une haute fenêtre, et qu’il s’agit peut-être d’un adolescent ou d’un jeune adulte. Le lecteur découvre donc progressivement l’intrigue : l’apparition d’un chat sur la placette et l’arrivée de l’aigle pour un affrontement, comme le montre l’illustration retenue pour la couverture de l’édition de 2013. Jodorowsky utilise le mot tableau pour parler de chacune de ces illustrations. Le lecteur fait l’expérience qu’elles forment bien d’une narration séquentielle : chacune raconte quelque chose en elle-même, et en relation avec la précédente et la suivante elle constitue un moment. Sur la première planche de droite, le lecteur ne voit pas juste la représentation d’une ville d’un point de vue au-dessus des toits, il voit ce que voit le personnage, il voit une cité d’anticipation, et il voit un ciel bouché, peut-être du fait de la pollution atmosphérique, une préoccupation très prégnante à l’époque de la réalisation du récit. Dans la deuxième, il comprend que la trouée dans les nuages laissant passer la lumière du soleil constitue un événement, rendant l’image dynamique, au lieu d’une simple représentation statique. Dans la troisième, la lumière du soleil atteint le sol de la placette : vraisemblablement un fait remarquable, comme un coup de projecteur sur cet endroit précis, et le décor montre qu’il s’agit d’un quartier particulier de la mégalopole. Par la suite, le lecteur ressent les variations de nature dans les cadrages et les cadrages plus ou moins large ou près : les postures et la curiosité du chat, le comportement de prédateur de l’aigle, le lien qui l’unit au personnage humain, etc. La narration visuelle se suffit à elle-même pour que le lecteur comprenne l’intrigue, sans l’aide de mots. Une curiosité que cette première collaboration entre ces deux créateurs hors norme ? Il y a de cela, et c’est aussi une leçon magistrale d’art séquentiel, de narration visuelle utilisant les fortes contraintes de production du récit (pagination imposée, absence de rémunération, rythme élevé de production) pour structurer la bande dessinée. Une histoire courte vite lue et classique ? Certes, et aussi une intrigue de genre, cruelle et mystique (l’affrontement entre deux animaux pour le bénéficie d’un être humain isolé du reste de l’humanité dans sa tour d’ivoire, et délabrée). Un conte impitoyable pour adultes.

06/06/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Stand by me Kakuemon
Stand by me Kakuemon

3.5 J'aime bien les séries de mangas qui montrent l'envers du décor du monde des mangas. J'ai lu les deux premiers tomes de cette nouvelle série est c'est vraiment bon ! Bon, par moment on dirait que les problèmes du personnage principal sont un peu exagérés (je pense surtout aux assistants qui semblent être les pires du monde), mais la vie de mangaka est effectivement dure, constamment sur leur table à dessin à faire des dizaines de pages par semaine et les débutants sont à la merci d'éditeurs qui peuvent faire ce qu’ils veulent d'eux vu que le manga est un marché concurrentiel et pleins d'auteurs disparaissent rapidement s'ils ne plaisent pas aux lecteurs. Une particularité de cette série est qu'en plus de voir un jeune mangaka galérer même après avoir rencontré le succès, on voit son lui du futur qui est revenu dans le passé pour lui dire d'arrêter les mangas parce qu'il va gâcher sa vie. Il y a aussi le seul personnage féminin qui est intéressant. Au début, on dirait juste le gros cliché sexiste de la femme qui couche avec n'importe qui de connu, mais dans le second tome on commence à lui donner une personnalité un peu plus complexe de femme sexy qui vit dans un monde patriarcal qui ne la considère que comme un objet sexuel. J'espère que les tomes suivants vont continuer dans ce sens et la développer encore plus. Le dessin est bon, c'est le style réaliste que j'aime bien retrouver dans ce genre de seinen.

06/06/2025 (modifier)
Couverture de la série La Douceur de l'Enfer
La Douceur de l'Enfer

Je suis un grand admirateur du travail d'Olivier Grenson. Que ce soit Koda ou La Femme accident j'aime ses créations graphiques souples et détaillées. Ici Grenson propose une création complète avec un scénario où l'on devine qu'il a mis beaucoup de lui-même. En effet les deux thématiques principales qui sont le deuil et la réconciliation impliquent souvent une pioche dans un vécu douloureux pour nourrir le récit. On en a malheureusement la confirmation avec la dédicace nécrologique glaçante en avant propos du T1. L'auteur nous propose deux personnages centraux sombres qui se nourrissent de rancœurs contre les autres ou contre eux-mêmes. Malgré les épisodes sur la guerre de Corée, Grenson propose un récit plus introspectif qu'actif. Le rythme est donc lent à la mesure de la gestation de la parole libératrice. Grenson positionne son récit sur plusieurs niveaux de réconciliations, intra familiale (le couple ou. Billy/Ted ) au niveau national entre les deux Corée et envers soi-même. Cette proposition élargie donne à la thématique une belle profondeur avec des passages ou des dialogues très touchants quand l'auteur y ajoute celle du deuil. J'ai quelques réserves mineurs sur certains points du récit de Ted mais cela ne m'a pas empêché d'apprécier la fluidité du récit. Evidemment le graphisme de Grenson est toujours un plaisir de l'œil et donne à la narration un confort constant. Toutefois j'ai trouvé certaines cases moins abouties surtout pour les visages des deux femmes Martha et Emily. Pour le reste c'est toujours très réussi que ce soit dans les extérieurs de Corée, de San Francisco ou des épisodes de guerre. Une belle lecture qui invite au retour sur soi dans de nombreux passages.

05/06/2025 (modifier)
Par Simili
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Les Carnets de Cerise
Les Carnets de Cerise

Cerise, Cerise, Cerise, voilà une bien jolie surprise. Je ne suis clairement pas le public visé d'une telle série et c'est avec pas mal d'appréhension que je me suis lancé dans sa lecture Cerise est donc une fillette d'une dizaine d'années qui est curieuse de tout et surtout des inconnus qui l'entourent. Sa curiosité (qu'on pourrait aisément qualifiée de mal placée) l'entraine dans des aventures qu'elle consigne dans des carnets. Car Cerise souhaite devenir auteure. A l'heure où les enfants sont plus connectés que jamais (mais toujours moins que demain) c'est très rafraichissant de voir une enfant aimer lire et écrire. Les dessins sont très agréables et alternent habilement entre BD et extraits des Carnets de Cerises. On regrettera juste une colorisation trop informatisée. Tout s'enchaine facilement et la lecture est assez fluide, ce qui est "normal" pour une BD jeunesse. Bien que chaque tome soit indépendant il est quand même préférable de les lire dans l'ordre car cela permet de suivre l'évolution de Cerise et ses amies. D'ailleurs on peut trouver certains clins d'œil aux tomes précédents en cours de lecture Les histoires n'ont pas toutes les même qualités narratives ainsi s'il fallait noter les différents tomes : * Tome 1 : 3/5 une très belle histoire se prêtant parfaitement aux dessins et couleurs de la série. * Tome 2 : 1/5 J'ai détesté cet album pas à cause de l'histoire ou des dessins mais à cause des conflits qui éclatent entre Cerise et son entourage (maman et amies). En continuant la série je pense que ce passage était obligé afin de faire grandir Cerise * Tome 3 : 5/5 Et oui cette histoire de chasse au trésor est ultra touchante, humainement parlant. Certaines blessures de l'enfance mettent très longtemps à guérir. On découvre par la même un peu plus l'histoire de notre héroïne * Tome 4 : 3/5 On redescend d'intensité. L'intrigue, toujours pleine de bons sentiments, est moins touchante que la précédente. Cerise arrivera t'elle enfin à mettre des mots sur ses maux ? * Tome 5 : 5/5 Cette fois c'est Cerise qui enquête sur son passé et c'est très émouvant. Les blessures de Cerise sont contées avec pudeur et empathie. C'est très prenant et ultra touchant Ma note est légèrement gonflée mais il serait dommage de pénaliser la série à cause d'un seul tome. Ce fut sincèrement une belle découverte

05/06/2025 (modifier)
Par Hervé
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Les Gorilles du Général
Les Gorilles du Général

C'est certainement l'album que j'attendais avec impatience cette année, pour plusieurs raisons. D'une part il est signé Xavier Dorison, dont j'achète la plupart des albums, et d'autre part, ce récit couvre une période de l'histoire qui m'intéresse particulièrement , les débuts de la Vème République sur fonds de guerre d'Algérie. J'avais à ce titre adoré Un général, des généraux de Juncker et Boucq, et je ne compte plus le nombre de livres ou d'essais que je possède sur le Général de Gaulle. Ici, Xavier Dorsion nous fait découvrir les coulisses de la Vème République, à travers l'histoire un peu romancée, des 4 gardes du corps du Général de Gaulle. Et c'est fort réussi.. Les dialogues font mouches, les personnages sont charismatiques et le lecteur est plongé dans le récit comme dans un film. Mais ce qui fait la force de ce premier volume c'est le dessin de Julien Télo, que je découvre ici. Son style me fait songer à celui de Sylvain Vallée. L'ambiance des années 50 est parfaitement retranscrite, des costumes aux voitures, tout y est.. En plus, j'ai lu cette aventure dans l'édition proposée en grand format et en noir et blanc, sous une couverture plus réussie, à mon goût, que l'édition courante. Ce tirage de luxe rend parfaitement hommage au magnifique dessin de Julien Télo et j'espère que les éditions Casterman feront de même pour les autres albums prévus pour cette série. J'ai lu dans un entretien donné par Dorison, que la série est prévue en 10 volumes , vaste programme ! comme dirait de Gaulle. Les auteurs ont certainement signés ici, un des albums qui marquera cette année. Une réussite.

04/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Ulysse
Ulysse

J'ai été à deux doigts de donner la note max à cette série. J'ai acquis l'intégrale de Glénat car j'aime bien ces adaptations mythologiques qui sortent du schéma universitaire classique tout en gardant les fondamentaux. J'ai été gâté et Lob m'a permis de replonger dans une époque délicieusement et gentiment irrévérencieuse pour les monuments de toutes sortes. Lob construit son récit en respectant les grandes étapes du récit homérien. L'auteur se permet juste de faire monter le célèbre poète pour y ajouter un élément comique et une troisième voix (Ulysse, Lob et Homère) qui ajoute une sorte de crédibilité documentaire au récit. C'est une trouvaille de plus dans un scénario qui équilibre le récit mythologique avec des épisodes de SF dans une saveur érotique et psychédélique avec un fort parfum de Flower Power. Lob ne se contente pas d'aligner les épisodes du voyage, il recrée ces épisodes dans des représentations originales en travaillant sur les anachronismes pour provoquer la surprise et le rire. Car ce Ulysse est une vraie lecture où se mêlent des contes ( les sirènes) des réflexions contemporaines ( Circée fait du "Balancetoporc" bien avant l'heure) ou métaphysiques. C'est délivré avec un ton léger sans se prendre au sérieux ce qui rend le message d'autant plus percutant. Le final et à 'image du récit imprévu et intelligent. Le graphisme de Pichard travaille sur de l'érotisme très sage. Nous sommes loin des modèles anorexiques ou des gamines manga. Le fantasme de l'époque ressemble bien plus à Brigitte Bardot ou Claudia Cardinale. Les formes pleines et rebondies correspondent au dessin rond de l'auteur. Toutefois Pichard ne se contente pas d'aligner des nymphettes ( souvent très sages) il propose aussi une multitudes de détails dans les scènes de SF Comme le démontage de Polyphème. Il y a beaucoup de trouvailles dans les représentations visuelles de certains personnages ( Athéna, Eole, Polyphème, Neptune) ce qui fait un fort effet de contraste avec le classicisme des Grecs. Une lecture très intéressante avec une belle créativité et beaucoup d'originalité malgré le thème ultra classique. Un régal

04/06/2025 (modifier)