Les derniers avis (38936 avis)

Couverture de la série El Gaucho
El Gaucho

C'est la seconde belle collaboration entre Pratt et Manara que j'ai lue. Si les deux auteurs sont à louer, je trouve tout de même que le scénario de Pratt est un atout majeur et cadre parfaitement avec l'érotisme de Manara. Comme le souligne Présence dans son avis, la sensibilité du lecteur fera pencher la préférence vers l'histoire sentimentale et son érotisme ou vers l'intérêt historique du récit. J'avais d'ailleurs gardé la partie sensuelle en mémoire de ma lecture de jeunesse. Aujourd'hui j'ai redécouvert la série avec un goût bien plus marqué pour cette partie historique peu connue en France malgré son importance dans l'histoire sud américaine. Même si Pratt ne fouille pas avant dans le contexte historique de cet événement (guerres napoléoniennes, idées des Lumières, conflit irlandais, affirmation de l'identité créole, démission du vice roi (1810) pour aboutir à l'indépendance), son récit est une ouverture à comprendre comment un fait historique assez banal peut avoir des conséquences politiques importantes. Le partage du travail entre les deux grands artistes est savamment équilibré. Manara introduisant sa patte sensuelle qui, paradoxalement, va dramatiser le récit bien plus que la bataille de Buenos Aires. Comme à l'accoutumé le trait reste fin, élégant et très expressif. Les décors des navires, des uniformes, de la mangrove ou de la ville sont d'un travail de grande précision. Ce graphisme nous immerge dans cette ambiance où une femme quelque soit son rang n'était pas à l'abri de la lâcheté des hommes. Une très belle lecture adulte à redécouvrir.

11/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Presque maintenant
Presque maintenant

J'ai apprécié cette lecture agréable et fraiche. Je ne pense pas que Cyril Bonin cherchait à réinventer le genre du triangle amoureux mais plutôt à rendre un bel hommage au cinéma des années 60. En effet les allusions ou parallèles au "Jules et Jim" de François Truffaut sont nombreux. Cela permet de construire trois personnages très crédibles dans leur parcours de brillants étudiants qui se retrouvent dans la culture Haut de gamme. La modernisation du thème propose une interrogation plus actuelle sur le progrès issu de la Science. Ce qui est vrai pour les nanoparticules ( très tendances il y a quelques années) pourrait l'être sur l'IA. L'auteur est d'ailleurs presque à accoupler les sujets via le lien numérique entre les deux problématiques. Le titre de l'ouvrage invite d'ailleurs à réfléchir à l'espace entre ces deux époques qui pour beaucoup de lecteurs sont dans un presque maintenant tant le temps s'est contracté. Graphiquement j'ai adoré la couverture à la fois explicite à première vue et interrogative dans le détail médical. Ensuite j'ai pris plaisir à être avec les trois personnages tant je les ai trouvé attachants et crédibles dans les expressions et leurs comportements. Une belle et chaude mise en couleur complète le plaisir de lecture. Une lecture détente rapide et intelligente comme un petit dessert.

11/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Météores
Les Météores

Cette bande dessinée frappe avant tout par son atmosphère. Loin des récits catastrophe spectaculaires, elle choisit de s’attarder sur des personnages ordinaires, des « météores » qui traversent la vie avec leurs fragilités et leurs doutes. Le scénario, volontairement fragmenté et intimiste, capte des instants suspendus plus qu’il ne raconte une histoire linéaire. Cela donne un ton poétique et mélancolique, mais aussi un rythme très lent qui pourra dérouter. Le dessin de Redolfi, tout en nuances froides et en silences visuels, sert parfaitement cette ambiance. Le format horizontal, presque cinématographique, renforce la sensation d’un film contemplatif où la neige et la lumière jouent un rôle essentiel. C’est une œuvre touchante, belle et singulière, mais qui demande patience et sensibilité. Ceux qui attendent de l’action ou une intrigue solide risquent d’être frustrés, tandis que les lecteurs sensibles à la poésie du quotidien y trouveront une vraie richesse. Note : 3,5 / 5

10/09/2025 (modifier)
Par Montane
Note: 4/5
Couverture de la série Olivier Rameau
Olivier Rameau

En relisant cette série qui s’est imposée dans le journal Tintin dans les années 70, je pensais à ceux qui avaient vertement critiqué DANY pour son Spirou et la Gorgone bleue. Je me disais que décidément ceux ci n’avaient pénétré l’univers du monde de Rêverose et de sa célèbre capitale Hallucinaville. Il est vrai que pour pénétrer cet univers féerique il faut en connaître le chemin. Et celui ci n’est pas facile à trouver : un petit train de campagne qui vous amène dans un monde dépourvu de toute logique et de rationalité. Ce monde est aussi accessible à tous les doux rêveurs, adeptes de gentillesse et de poésie, qualité ratée dans «  le vrai monde ou l’on s’ennuie ». Ce chemin, Olivier Rameau et un autre clerc de Notaire, Monsieur Pertinent, l’on emprunté pour ne jamais plus faire machine arrière. Et on comprend Olivier Rameau qui y a rencontré la jolie Colombe Tiredaille. Les lecteurs découvriront egalement toute une galerie de personnages plus farfelus les uns que les autres. Et puis il y a les occasionnels visiteurs, comme ce boxeur qui revient dans le monde onirique le temps d’un KO sur le ring. Le temps d’une dizaine d’aventures qui toutes se terminent bien, on retrouve la verve de Greg, telle qu’on pouvait la connaître avec Achille Talon mais avec bien moins de texte, et ce n’est pas plus mal. Le dessin de Dany se prête parfaitement à cet univers féerique, et évolue bien évidemment avec le temps. Une nouvelle aventure avec Dany au scénario et uniquement au scénario serait d’ailleurs en préparation. J’ai pris énormément de plaisir à relire cette série phare du journal Tintin, qui m’a permis de retrouver une lecture de mon enfance qui a très bien vieilli. Je vous souhaite de retrouver le même plaisir de votre côté.

10/09/2025 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
Couverture de la série 1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta
1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta

D’une certaine façon je comprends les reproches faits par Gaston dans son avis. Les aventures maritimes ont le vent en poupe (eh eh), parmi les parutions récentes j’ai lu Pitcairn - L'île des Révoltés du Bounty et Le Voyage du Commodore Anson, et il y a forcément une impression de déjà-vu. De plus le rythme est assez lent, même si ce dernier point ne m’a pas gêné, et contribue, je trouve, à la lente dégradation de l’ambiance à bord du Jakarta. J’ai malgré tout passé un excellent moment de lecture. Le jeu psychologique et le rapport de force entre les différents protagonistes sont remarquablement mis en scène. Le tome 2 développe bien cet aspect tribal, et propose un changement de décor appréciable après la longue traversé en mer éprouvante du premier tome. La fin, elle, est juste parfaite. Le grand format des albums fait vraiment honneur à la superbe mise en image de Thimothée Montaigne et Clara Tessier. J’ai notamment beaucoup apprécié le travail sur les visages des personnages, très détaillés et expressifs. Une grande épopée terminée en 2 tomes, qui propose une vision cynique et assez horrifique de l’âme humaine.

13/09/2023 (MAJ le 10/09/2025) (modifier)
Par PatrikGC
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Des Yeux de Bitch
Des Yeux de Bitch

J'ai bien aimé ces chroniques souvent lestes sur la vie de diverses citadines qui n'ont pas vraiment pas froid aux yeux et ailleurs (surtout ailleurs). Ce sont surtout des anecdotes, des mini-tranches de vie, des gags souvent fort amusants (si on apprécie ce genre), dont la lecture d'une seule traite peut être lassante par overdose, comme beaucoup de recueils du même type. J'aime bcp le graphisme qui possède un côté girly et animation, style ''tout le monde il est beau''. C'est bien vu dans l'ensemble, ça sent en effet le vécu, mais avec l'arrière-pensée que certaines personnes sont assez nymphos... Dommage qu'une n'y ait pas eu d'autres tomes. Le Covid aurait pu donner de bons gags :)

10/09/2025 (modifier)
Par PatrikGC
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Les Madeleines de Mady
Les Madeleines de Mady

Je possède les 2 volumes. Je ne suis sans doute pas la cible visée par ces albums, mais j'ai bien aimé, à la fois pour le graphisme et pour une certaine fraîcheur de ton. Oui, c'est parfois très léger, anecdotique et souvent parisien, mais c'est délassant. C'est tout ce que je demande à ce type d'ouvrage. Les ''Madeleines'' remplissent parfaitement le contrat.

10/09/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Paysans - Le Champ des possibles
Paysans - Le Champ des possibles

Le champ des possibles, c’est reconquérir sa souveraineté, son autonomie d’être, sa capacité à penser. - Ce tome correspond à un reportage auprès de nombreux acteurs, il ne nécessite pas de connaissances préalables. Son édition originale date de 2023. Il a été réalisé à partir du travail documentaire de Marie-France Barrier, par Céline Gandner pour le scénario, et par Marie Jaffredo pour les dessins et les couleurs. Il comporte cent-cinq pages de bande dessinée. Il s’ouvre avec un texte rédigé par Michel Welterlin, directeur de la collection Témoins du monde. Il se termine avec les remerciements des trois autrices, une présentation de leur parcours, et la liste des ouvrages parus dans cette collection. Elle se sent Perce-Neige, pas celle qui fait le printemps, celle qui l’annonce. Le lierre, il fleurit en octobre. C’est tard, oui. Mais il offre aux abeilles, bien contentes, de quoi butiner toute l’année. Alors pourquoi Perce-Neige ? Elle fleurit parmi les premiers et, Marie-France a eu le sentiment de s’être éveillé très tôt à ces réflexions environnementales. Ce n’est ni bien ni mal. Là, elle se tient collée contre le tronc d’un très grand arbre, il a bien trois cents ans. C’est son spot secret, à elle, son paysage. Elle lui parle comme un confident. Les arbres sont des traits d’union entre les énergies cosmiques qui viennent du fin fond de l’univers et les énergies telluriques nichées au cœur de la terre. Ce sont des alchimistes qui font le lien entre le visible et l’invisible, et transforment la lumière et le CO2 pour nourrir les êtres humains, les abriter les chauffer, les éclairer. Et eux, petits humains qui sont si dépendants d’eux, pourquoi se sont-ils tant éloignés de ces génies généreux ? Ils se sont crus au sommet de la création quand ils ne sont qu’un infime maillon de cette chaîne du vivant. Marie-France aimerait tellement participer à leurs retrouvailles, se réconcilier avec l’Arbre, ce grand chef d’orchestre de la nature. Comme il est beau, ce vieux frère, toujours à grandir vers la lumière ! Nichée au creux d’un arbre, c’est là où elle se sent le mieux. Elle a comme l’impression d’être à la maison, d’être en famille. Depuis toute petite, elle cherche sa juste contribution au monde, elle a envie d’être au service de la vaste communauté des terriens. Elle a comme l’intuition d’une mission à accomplir. Alors voilà, tout comme le font les arbres, elle va elle aussi prendre soin de la terre nourricière. Elle a besoin de se rebrancher, de mettre les mains dans la terre. Voilà dix ans qu’elle fait du documentaire et, là, elle a besoin d’autre chose, de plus concret, de plus engagé. La voilà partie pour une nouvelle aventure de vie : douze semaines de formation au maraîchage biologique en Sologne, qui sait, un nouveau chapitre d’existence s’ouvre peut-être. Marie-France se rend à la ferme de Sainte Marthe. En arrivant, elle y découvre qu’il y a plein de gens comme elle. Elle n’est pas si isolée dans ses questionnements et son appel à la terre. Ici elle n’est pas une bizarrerie. Elle perçoit des profils et des âges très différents. Mais ils sont tous novices du monde agricole. Retourner à l’école pour retrouver une position d’apprenante. C’est revitalisant. Le premier jour, chacun se présente et partage la raison de sa venue. C’est très excitant pour tout le monde. Comme un saut dans le vide. Marie-France Barrier est documentariste de profession, et elle a réalisé, entre autres, les films Le champ des possibles (2017) et Le temps des arbres (2020), dont s’inspire le présent ouvrage, où les autrices la mettent en scène. La séquence d’ouverture expose ainsi sa motivation ainsi que sa démarche. Impressionnée par les arbres, et consciente de la position intenable de l’être humain séparé du monde végétal, elle décide de prendre soin de la terre nourricière en commençant par un stage de formation en maraîchage. Toutefois, elle fait rapidement le constat qu’elle n’est pas faite pour ce métier. En revanche, elle a fait l’expérience qu’il y a tant de belles histoires à raconter autour de ce monde agricole qui se réinvente, qui cherche des solutions, qui explore le champ des possibles pour faire pousser un avenir fertile et résilient. Elle reprend donc la route pour aller écouter et recueillir la parole des anciens agriculteurs, viticulteurs et éleveurs qui ont grandi dans le moule de l’agriculture industrielle et qui se sentent prêts à s’en détacher pour en imaginer un autre. Les autrices mettent ainsi en scène ces rencontres, la parole d’un céréalier, d’un éleveur laitier, des membres d’une ferme collective, d’un scieur mobile, d’un propriétaire forestier, d’un paysan, d’un couple de viticulteurs, avec une grande importance donnée aux images. En entamant ce genre d’ouvrage, le lecteur peut nourrir un a priori sur sa forme : des longs pavés de texte explicatifs pour exposer les faits et les connaissances, et des images réduites au rôle de faire-valoir. Il y a bien des phases d’exposition consistantes, sans pour autant que se produise l’effet de pavés indigestes par trop de didactisme magistral. Chaque entretien prend la forme d’une rencontre avec un professionnel personnellement impliqué dans la mise en œuvre de méthodes différentes offrant une alternative viable à l’agriculture industrialisée, avec une part prépondérante donnée au témoignage plutôt qu’à l’exposé. La première page de bande dessinée peut faire hésiter le lecteur : un petit dessin de perce-neige en bas à droit de la page, sur fond gris, avec trois cartouches de texte, c’est-à-dire plus de texte que d’image. Dans les trois pages suivantes : une illustration pleine page, pour un arbre et Marie-France en relation avec. Puis le lecteur découvre des cases disposées en bande sans bordure encrée. Des dessins au rendu doux, dans un registre naturaliste un peu simplifié, avec des couleurs dans un mode réaliste avec des teintes un peu estompées. La dessinatrice apporte bien sûr un soin particulier aux plantes et aux arbres. D’ailleurs elle réalise quarante illustrations en pleine page ayant pour objet la nature, que ce soient des plantes ou des paysages. Le lecteur voit bien que cet ouvrage est consacré à la culture, à la terre et à son travail, aux plantes et aux arbres. Les dessins ne parlent que de ça : il peut ainsi contempler ces paysages et ces activités dans leur variété. Les trajets dans de petites routes de campagne, les rangées de salades, la qualité de la terre arable éprouvée à pleine main avec ses vers de terre, les sillons bien parallèles, les vaches, l’herbe et les fleurs, les haies qui délimitent des parcelles de petite taille, les forêts de hauts arbres, la terre devenue aride et nue, le savant travail de sciage d’un arbre de gros diamètre, les tristes forêts de culture de résineux, les écureuils, les champignons… Puis des paysages moins communs : une parcelle cultivée autour de l’arbre et avec lui, des moutons qui profitent des arbres fourragers, des arbres plantés dans une parcelle de vignes pour rompre avec la monoculture, la prolifération de la faune dans une mare, etc. Grâce aux dessins, le lecteur peut constater par lui-même l’existence de ces cultures d’une approche différente, ainsi que leurs répercussions sur la faune et la flore. À l’évidence, l’artiste s’est richement documenté pour pouvoir transcrire ces modes de culture sortant du modèle de l’agriculture industrielle. Elle les représente avec une évidence dont la plausibilité atteste d’une observation éclairée de ces sites. Recueillir la parole d’agriculteurs, viticulteurs et éleveurs qui se sont détachés de l’agriculture industrielle, c’est ainsi que Marie-France va d’abord rencontrer Olivier, pays de Caux, céréalier depuis 20 ans, 45 ans, 300ha de céréales. Puis Frédéric, Sarthe, éleveur laitier, la quarantaine, environ 50 vaches et 60ha. Visiter une ferme collective, 11 ingénieurs agronomes, 80ha, village La Tournerie dans le Limousin. Et Étienne, proche de la retraite, Castelnau-de-Brassac, au-dessus de Castres, scieur mobile. Xavier, 56 ans, comptable, propriétaire forestier, a acquis 110ha près du plateau de Millevaches près de Limoges. Jack, coteaux du Gers, ferme familiale, 56 ans, paysan, 150ha. Delphine et Benoît, viticulteurs, Bordelais, couple de vignerons explorateurs, 8ha. Il s’agit de professionnels installés depuis plus sieurs années, mettant en œuvre leurs convictions, et vivant de leur travail, sans perte financière par rapport à leurs pratiques précédentes. Dans un premier temps, la journaliste semble mettre en avant des convictions personnelles peut-être naïves sous un certain angle : Les arbres en tant que traits d’union entre les énergies cosmiques qui viennent du fin fond de l’univers et les énergies telluriques nichées au cœur de la terre, le paysan qui travaille avec le vivant est plus qu’un sage, c’est un super-héros, reconquérir sa souveraineté, son autonomie d’être, sa capacité à penser. Ou encore : Chacun d’entre nous sait mieux que quiconque ce qui est le mieux pour soi. Toutefois ces convictions cèdent immédiatement le pas aux expériences concrètes racontées par chaque professionnel rencontré. La découverte d’acteurs d’un monde agricole qui se réinvente, qui cherche des solutions, qui explore le champ des possibles pour faire pousser un avenir fertile et résilient. Il n’y a rien de naïf dans leurs histoires, dans leur expérience de vie, ni rien de manichéen, encore moins de magique. C’est du concret, le retour de l’expérience. Au fil de ces rencontres, la journaliste évoque tous les questionnements qui accompagnent cette mise en œuvre d’alternatives : le rendement, la résistance aux maladies, la viabilité économique, et les aspects écologiques de base comme la biodiversité et la compatibilité de la production avec les rythmes naturels et les écosystèmes, et même ce concept un peu flou de bon sens paysan en lui rendant du sens, sans angélisme, sans moralisme. Le lecteur en ressort tout ragaillardi d’avoir ainsi pu découvrir des alternatives viables, à un mode de production dont il peut se sentir prisonnier parce qu’il n’y aurait pas de possibilité de faire autrement. Un ouvrage écolo et petites fleurs ? Au contraire, des reportages avec les pieds dans la boue, les mains dans la terre, et une complémentarité entre expérience de terrain et connaissances théoriques. La narration visuelle donne à voir une multiplicité de paysages agricoles, dans leur diversité et leur richesse. Les autrices permettent au lecteur de découvrir, de rencontrer et d’écouter des paysans et des éleveurs passionnants, dont le parcours professionnel dans l’agriculture industrielle les a amenés à avoir la curiosité de chercher et de mettre en œuvre des alternatives pragmatiques et viables. Passionnant.

10/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Musée
Musée

Quel coup de crayon ! Chabouté a vraiment un dessin classique et pur, dans un Noir et Blanc assez tranché, qui est franchement agréable. Et ici, c’est à la fois raccord avec le sujet – les œuvres d’art du musée d’Orsay – et avec son « histoire ». En effet, avant que n’interviennent les dialogues, et que s’éclaircisse le récit, une très longue introduction muette permet de « patienter », tout en plantant le décor. Chabouté fait ensuite se balader, dialoguer les œuvres d’art (Dytar avait usé du même procédé avec des œuvres du Louvre dans l’album Les Tableaux de l'ombre), ce qui permet de voir musée et œuvre sous un autre regard. En parallèle Chabouté apporte quelques touches humoristiques en faisant intervenir le public, pour des moments plus ou moins savoureux (des visiteurs pédants étalant leur cuistrerie vaine, des oisifs s’emmerdant, des gamins jouant, des visiteurs ne faisant que photographier, des « scolaires » scotchés sur leur portable, des incultes étalant leur inculture, et plein de regards plus ou moins étonnés, etc.). On sent que Chabouté a multiplié les petites observations que l’on a tous pu faire dans un musée ou une galerie. Tout se mélange fonctionne bien, c’est dynamique et plaisant, et c’est aussi un bel hommage à l’art et aux œuvres présentées dans le musée d’Orsay (même si ça n’est pas ma période préférée, de loin, j’ai toujours trouvé très chouette ce musée, une belle réutilisation d’une ancienne gare – j’ai en plus eu la chance en tant que lycéen de le visiter avec ma classe quasiment vide, avant son inauguration). Parmi tous les albums réalisés en partenariat avec le Louvre ou Orsay, cet album de Chabouté – et son dessin y est pour beaucoup – se hisse clairement parmi les meilleurs.

09/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Islander
Islander

Très fort ce 1er tome d’une trilogie annoncée, une introduction maîtrisée. Pour ceux habitués aux récits post apo, les péripéties ou le comportement humain ne surprendront pas vraiment mais il m’a semblé ici que l’on était comme dans une quintessence du genre. Alors que nous ignorons encore la cause de la chute de notre monde, tout est parfaitement tenu niveau intrigue et tension. D’entrée le scénariste nous plonge dans le bain avec cette étape au Havre que j’ai trouvé d’une froideur et d’un réalisme saisissant. Ce passage me renvoie à la crise migratoire actuelle et j’ai aimé ce contrepied de voir des européens en pareille situation. Ensuite le récit déroule tout en prenant son temps (+ 150 pages), ça ne manque de moments forts et ça explore plutôt bien le genre humain (je trouve cette dernière partie particulièrement réussie). Mais ce qui fait également de cette série une telle réussite, c’est le travail de Corentin Rouge. Je ne le connaissais que via ses interventions sur XIII ou Thorgal que j’avais déjà jugé très propres et pro, mais là mama mia !! C’est clairement au dessus, ça respire et je n’ai pas de plus beau compliment que de dire : immersif. Bref bravo aux auteurs, du bon moment de bandes dessinées.

09/09/2025 (modifier)