Les derniers avis (35380 avis)

Par grogro
Note: 5/5
Couverture de la série Cigarettes - Le Dossier sans filtre
Cigarettes - Le Dossier sans filtre

Merci Gruizzli ! C'est lui qui m'a motivé pour laisser mon avis sur cette BD pourtant lue à sa sortie mais que j'avais un peu oubliée, sans doute parce qu'à l'époque, elle m'avait plongé dans un mal-être certain, comme face un miroir après un soir de bringue. Moi qui alors fumais des clopes roulées, j'avais soudain abandonné les filtres histoire de soulager (un peu) ma mauvaise conscience. C'était déjà ça. Comme lui, je pense qu'on pourra pinailler sur le dessin ou sur tous ces attributs normalement intrinsèquement portés par le 9e Art, ce n'est ici pas le propos. Certes, le dessin est plus que correct. Les choix de colorisation peuvent laisser dubitatif. Qu'importe ! Ici, plus que dans toute autre BD doc lue jusque là, c'est véritablement l'information qui est au centre, et force est de constater que ça mitraille sec. Cette BD est en outre très habile : elle est construite comme une visite touristique, et notre tour-operator est un serviteur maléfique des cigarettiers au ton cynique. Ca fait son effet ! Je souscris complètement à son avis. C'est une BD puissante sur cette question de la tabagie. Les auteurs balancent une tonne et demi d'informations qui sont comme autant de coups de poings dans la g%*µ£$@. Quand on est/a été fumeur comme moi, on se sent soudain complètement à la merci des vendeurs de cancer. On se sent petit, lâche, dépossédé de son libre arbitre, esclave d'une propagande dont on n'avait jusqu'alors pas réalisé toute la portée. Par l'intermédiaire des lobbys, la manipulation est injectée partout, tout le temps, y compris et surtout à des endroits que l'on ne soupçonnait pas, par exemple dans l'industrie cinématographique ! Aujourd'hui, ça me saute aux yeux. Le dernier exemple en date, c'était Le Règne Animal, excellent film où pourtant le tabac est présenté dès la scène d'ouverture comme la marque de la rébellion et de la pensée divergente. On y voit Romain Duris expliquer à son fils qu'il faut penser en dehors du cadre tout en s'allumant une cigarette... Bref ! Une BD qui vaut (largement et essentiellement) pour l'information qu'elle transmet, et pour la manière dont elle le fait. Ca ne laissera aucun fumeur indifférent ; si vous pensez "qu'on se fait bien niquer la gueule" par le système, c'est que vous ne le pensez pas assez fort !

21/11/2023 (modifier)
Par gruizzli
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Cigarettes - Le Dossier sans filtre
Cigarettes - Le Dossier sans filtre

Wou. Putain ... Wouah ! Voila le ressenti final de ma lecture (comptez cinq-dix secondes entre chaque mot pour ressentir l'intensité du truc). Et nom d'un chien, c'est fou comme BD ! Dans le genre, je dirais même que j'ai rarement lu une BD documentaire aussi bien faite. Tout est bon, tout est net, tout est précis ! A tel point que j'ai brisé ma règle habituelle de n'écrire mes avis qu'après un temps de réflexion, tant j'avais besoin de sortir l'avis à chaud. J'ai lu cette BD en deux voyages en train, me plongeant dedans et regrettant de devoir l'interrompre. Quelle lecture fluide, quelle lecture prenante. Je ne fume pas et ne suis pas entouré de fumeurs, je n'ai pas été exposé à la publicité des cigarettes étant enfant (merci l'absence de télé) et personne n'a fumé près de moi étant enfant. Je pensais que c'était de la chance, je constate aujourd'hui que c'est une bénédiction. La clope tue. C'est un fait, mais tout comme le risque de cancer ou la mauvaise odeur, tout ça ne concerne que la partie émergée de l'iceberg du tabac. Cette BD vient violemment remettre les points sur les I en nous rappelant que la partie immergée est dantesque. Et surtout pire, bien pire. Je ne pourrais dire en mot ce que cette BD retranscrit. Les chiffres, les faits, les phrases, les conséquences, tout parait fou à la lecture des pages. Je ressors de là convaincu qu'il faut réussir à faire arrêter la cigarette au monde entier, parce que rien de bon ne peut en sortir. Mais surtout, quelle démonstration documentaire ! Le dessin est parfait : alliant les graphismes, les textes explicatives, les métaphores, les caricatures, les détournements ou les reprises, il joue de tout les codes narratifs ou visuels pour nous pondre une BD digeste jusqu'au bout alors qu'elle étale une quantité d'informations remarquable. Rarement j'ai été aussi investi dans une BD documentaire et surtout, quelle prestance visuelle ! Le personnage de présentateur (qui m'a fait penser à Spider Jerusalem de Transmetropolitan) explique non sans un humour noir toute l'origine du tabac et de la cigarette, pour ensuite étaler la grandeur de cette industrie. Tout est clair et lisible, sans pavés explicatifs monstrueux à lire. Et de plus, plein de clins d’œils amusants parsèment l'ouvrage (j'ai reconnu l'hommage à Gotlib). C'est clair, drôle et instructif, parsemé de détails qui font mouche (les chiffres au niveau des numéros de page, par exemple). Honnêtement, je me sens obligé de lui accorder un cinq étoiles. Cette BD n'a pas fait un seul faux pas dans son déroulé. On peut pinailler, bien sur : plus de détails sur les autres pays du monde, sur l'écologie, l'environnement, ou des précisions sur tel ou tel problématique. Mais force est de reconnaitre que la BD est avant tout une œuvre introductive : elle se veut la plus exhaustive possible sur le sujet. Et lorsque j'ai refermé la BD, j'ai eu un étrange sentiment. Parce qu'au delà du "simple" documentaire travaillé, les auteurs font ce tour de force du dernier chapitre : une considération qui dépasse le simple cadre de la cigarette. Et cette considération va bien au-delà du simple cadre documentaire : elle est politique. C'est frappant de voir que tout semble lié, jusqu'à ce constat implacable. La cigarette est un poison, mais l'empoisonneur reste avant tout le capitalisme. Quelle conclusion magistrale et quelle fin en apothéose. Ce dessin, cette expression, ce message. Il est d'une justesse et d'une violence qui remuent. Ce genre de BD est à mettre entre toutes les mains pour se rendre compte de la portée et de l'impact de ces "simples" cigarettes. C'est une question qui a bientôt deux siècles que celle de l'industrie du tabac, et ce qu'elle soulève dépasse les simples fumeurs. C'est un cancer sociétale, une tumeur politique et un désastre environnemental. C'est un gouffre qui se finit dans les mêmes poches depuis des années, c'est un poison quotidien. Je pense qu'il sera difficile désormais de ne pas voir en chaque fumeur une victime d'un système atroce que nos états, nos politiques et nos entreprises permettent. Rappelons que 200 personnes meurent en France chaque jour des conséquences du tabac. Il ne faut pas rester impassible face à cela.

20/11/2023 (modifier)
Couverture de la série Les Variations d'Orsay
Les Variations d'Orsay

Cela fait longtemps que je ne suis pas allé au musée d'Orsay et la série de Manuele Fior est une invite à une visite avec un oeil nouveau. En effet cette série est tout sauf un catalogue d'une visite guidée du musée. Dans un récit à la narration assez déroutante et provocatrice dans ses dialogues, l'auteur secoue son lecteur comme les peintres du musée ont secoué leur public. La mauvaise réception des oeuvres de Monet, Morisot, Degas, Gaugin et des autres peintres aujourd'hui illustres est archi connue. Fior ne s'y attarde pas trop sauf à une anecdote lors du salon des intransigeants. La narration est une construction complexe qui appelle à une certain recul pour en saisir l'ensemble. Cette façon de passer d'une anecdote à une autre dans l'espace et le temps rejoint l'esprit des tableaux que Fior met en avant. C'est assez original avec une lecture rapide qui ne laisse pas le temps de se lasser. Le graphisme fait de cadres peints est dans la logique de la narration. Les détails des tableaux alternent avec des moments fictifs peu polissés. C'est parfois asez brutal en rappel aux difficultés quotidiennes des peintres aujourd'hui adulés. Une lecture intéressante par son originalité dans le traitement d'une thématique très connue. 3.5

20/11/2023 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série L'Échappée belle
L'Échappée belle

Pour me situer en tant que lecteur, je n'ai jamais été passionné d'équitation ni de chevaux, et la plupart des récits les concernant me laissent indifférent. Ça aurait pu être le cas de celui-ci et pourtant je l'ai trouvé très plaisant à lire. Les quatre personnages principaux sont tous de purs passionnés d'équitation. Trois d'entre eux, deux filles et un garçon, fréquentent assidûment un petit centre équestre où ils aident au quotidien et bichonnent les chevaux. Un jour, une nouvelle cavalière plutôt douée débarque d'un autre haras nettement plus célèbre et commence à prendre des cours dans leur club. Tentant de nouer le contact avec elle, l'une des habituées est reçue avec froideur, la nouvelle venue lui indiquant clairement vouloir simplement monter à cheval sans pour autant chercher à se faire de nouveaux amis. Voilà qui n'est pas sans piquer la susceptibilité de la plus exubérante des trois amis. Ce récit est raconté avec justesse et de manière agréable. Le lecteur est placé du point de vue de chaque partie, avec l'incompréhension des trois amis d'une part, et la mélancolie teintée d'un bon fond de la nouvelle venue. On comprend peu à peu ce qui l'a amenée à agir ainsi, une histoire de pression vis-à-vis de la compétition et de rupture avec une ancienne amie. Le tout est crédible et le déroulé de l'histoire tient la route. Chaque personnage est plutôt bien construit, chacun avec sa personnalité, et une grande séquence finale mettra justement chacune de ces personnalités à l'épreuve d'un évènement important. Même si l'équitation est au cœur de son intrigue, cette BD porte avant tout sur les relations humaines et aussi le rapport à la compétition, et déborde également sur des thèmes autres que les chevaux, tels que la passion pour une série télé de SF qui sera l'élément qui saura rapprocher les protagonistes. Le graphisme pour sa part est à mi-chemin entre le comics jeunesse et le franco-belge pour un rendu simple mais efficace. Et par bonheur, les chevaux sont bien dessinés, même les gros poneys récalcitrants. En conclusion, il s'agit d'un roman graphique tous publics qui saura parler aux jeunes lecteurs comme aux plus vieux et qui, sous couvert d'histoires de chevaux et d'équitation, aborde avec intelligence et suffisamment de légèreté des sujets humains intéressants.

20/11/2023 (modifier)
Couverture de la série Écuyère
Écuyère

Je rejoins Alix pour dire que c’est un bel album pour le public cible (je pense qu’il s’adresse avant tout à de jeunes lecteurs, jeunes ados en priorité). Mon ressenti personnel serait de 3 étoiles (3,5), mais j’arrondis au niveau supérieur, car je pense que de jeunes lecteurs apprécieront davantage cette lecture. L’histoire développe de nobles idées, l’entraide, la vanité de l’ambition, de la guerre, et c’est plutôt amené finement, sans de trop lourds sabots. Cela se passe dans une période indéfinie, dans une région non précisée, mais que l’on devine située dans le monde arabe, dans la région de la Syrie, de la Jordanie et de la Palestine. Les auteures ont des attaches avec cette région (et l’un des lieux de l’histoire s’inspire du site de Petra). Des décors relativement familiers, mais peu exploités (il y a peu de décors finalement), dans lesquels se développe une histoire où la guerre de conquête est omniprésente, sans pour autant être visible. La narration est agréable, les pages sont aérées. Le dessin n’est pas forcément mon truc, mais passe très bien (j’ai juste plus de réserves pour les quelques scènes de bagarre/duels, traitées à la façon manga – pas ma tasse de thé). Une bonne lecture d’ado.

19/11/2023 (modifier)
Couverture de la série Les Nombrils
Les Nombrils

J’adore « Les Nombrils » , c’est peut être l’une de mes bandes dessinées préférées, dont malheureusement l’avenir est compromis suite au divorce des deux auteurs qui, oui, étaient en couple. La série est unique au niveau de son évolution, en effet, les trois premiers tomes (surtout le 1 et le 2), sont des gags en une page avec un peu de continuité. J’avais beaucoup aimé, ri, avec de l’humour un peu bête et des fois carrément noir. Mais la série, devient vraiment intéressante et plus mature à partir du tome 4, avec cette fois-ci des gags mais surtout une histoire entière sur tout le tome avec un véritable arc narratif qui se suit au fil des tomes. Nos personnages évoluent tous, même Jenny et Vicky qui sont pourtant au début détestables, on se met à les apprécier au fur et à mesure. Elles deviennent plus profondes qu’elles ne le laissent paraître. Maintenant spoil, attention. Les thèmes abordés sont intéressants, voire carrément matures ! Le tome 6 est pour moi mon préféré avec un tueur en série, la découverte de l’homosexualité de l’une des protagonistes et j’en passe. J’ai adoré cette série, en espérant que malgré leur séparation, des prochains tomes sortiront.

19/11/2023 (modifier)
Couverture de la série Ramiro
Ramiro

Ramiro est une série à l'ancienne qui ne peut pas laisser insensible un grand fan de XIII comme moi. Vance signe là un scénario (avec Stoquart) au canevas assez classique de la proie (6 premiers albums) puis du chasseur (au service du roi Alphonse) assez complexe à cause du contexte historique espagnol pas très connu du public français. Sans être une leçon magistrale d'histoire les éléments sont bien détaillés avec des références solides. L'originalité des premiers albums est de suivre le Chemin de Compostelle depuis Le Puy comme épine dorsale du "road trip" du Bâtard d'Alphonse VIII de Castille. Vance revient d'une façon crédible sur les rivalités entre Cluny et les Templiers dans des méandres diplomatiques qui n'ont rien à envier aux couloirs du Quai d'Orsay. Le scénario demande une lecture suivie avec des dialogues d'un bon niveau. On est loin d'un travail à la va-vite. L'ambiance proposée par Vance colle parfaitement à la dureté de l'époque et la dureté du pays. Le graphisme de Vance fait la part belle aux paysages rudes de la Sierra avec une multiplication des complications climatiques (orages, neige ou déserts) qui sont souvent les plus rudes adversaires de Ramiro et de ses compagnons. Vance en profite pour dessiner de façon très fine et détaillée les divers édifices de ce siècle (églises, forts ou villages) qui parsèment cette Espagne de l'intérieure. Chaque album est garni d'un dossier photographique qui renvoie aux édifices que peut croiser Ramiro pendant ses aventures. On reconnait facilement la patte de Vance dans ses personnages rudes. Certains visages sont un avant-goût de XIII. Une lecture très plaisante pour les fans de Vance mais aussi pour découvrir un récit historique où la fiction ne rend pas le scénario farfelu.

19/11/2023 (modifier)
Par cac
Note: 4/5
Couverture de la série Barthélémy - L'Enfant sans âge
Barthélémy - L'Enfant sans âge

Un album qui persiste en mémoire encore plusieurs semaines après sa lecture, c'est le signe d'un bon album. Je m'attendais à quelque chose d'un peu drôle comme le sont les autres séries de cette collection de Cornélius comme Francis ou Faits divers par Anouk Ricard. On peut dire que c'est un peu drôle mais ce n'est pas le trait dominant de l'histoire. Comme c'est présenté comme une suite de strips mais avec une continuité, il y a quelques punchlines. Barthélémy est un immortel qui n'en peut plus de vivre et cherche un moyen d'en finir. Il a une maturité exceptionnelle vu son grand âge malgré son corps d'enfant mais rencontre un jour une jeune fille qui le trouble. Il y a une dimension philosophique derrière. Un dessin 'simple' en apparence, très lisible et jouant d'une palette de couleurs restreinte sur le rouge et vert.

17/11/2023 (modifier)
Couverture de la série Batman - The Dark Prince Charming
Batman - The Dark Prince Charming

Je m’y suis lancé pas spécialement jouasse mais cette collaboration avec DC m’a plutôt convaincu, Enrico Marini m’a agréablement interpellé. Pour qui connaît l’auteur, la partie graphique ne surprendra pas, on connaît ses ambiances, son trait et certains tics « blockbuster », même si je n’en suis plus fan, c’est difficilement critiquable. En tout cas, son style se fond bien avec l’univers, c’est un peu le candidat parfait, et j’aime bien son interprétation du Joker et de Bruce Wayne. Le plaisir des yeux n’est rien sans un minimum de scénario et je n’ai pas trouvé l’auteur mauvais à cet exercice. Sur une trame classique (libération d’une enfant), il développe un récit linéaire et sans fioritures. C’est fluide, bien mis en scène et ça ne cherche pas à révolutionner ce petit monde, j’ai particulièrement aimé le personnage d’Archie et les joutes verbales entre le Joker et la petite. Au final, un récit indépendant et complet, pas indispensable mais fort sympathique, l’auteur évite les pièges et remplit haut la main le cahier des charges. 3,5 Une reprise réussie, pourquoi pas d’autres collaborations avec des auteurs de l’hexagone ?

17/11/2023 (modifier)
Couverture de la série Le Clan de l'ours des cavernes
Le Clan de l'ours des cavernes

La découverte du mois, ne connaissant pas les romans je me suis laissé tenter sans a priori et quelle réussite. L'histoire est touchante et l'on suit avec envie les péripéties d'Ayla et de son clan adoptif. Le dessin de Camille Moog arrive très bien à mettre en avant les émotions des personnages dans les scènes douces ou difficiles, accentué par la mise en couleur de Marta Todeschini. Cela donne envie de connaître la suite de ses aventures et de pourquoi pas se plonger dans les romans !

17/11/2023 (modifier)