A mi-chemin entre le documentaire et le roman graphique, l’album s’inspire directement de l’expérience vécue par le scénariste et sa famille, prise au piège au Liban lors de l’attaque israélienne de 2006.
Le fait que l’auteur ait été témoin direct des événements donne au récit une touche réaliste évidente. Tout est – hélas – plausible, par-delà les quelques inventions scénaristiques accompagnant la partie « authentique » des faits.
Et, de fait, le récit est rapidement prenant. La montée en tension, jusqu’au nombreuses scènes étouffantes, lorsque les bombardements se multiplient et se rapprochent (les personnages que nous suivons vivent au sud Liban, à Tyr, pas loin de la frontière israélienne) et que les nouvelles de la mort de proches arrivent, tout est bien présenté.
Enfin, le dessin est vraiment bon. Fluide et dynamique, il est aussi agréable pour les décors – sans être trop fouillé non plus.
En lisant cet album, on ne peut qu’être frappé des ressemblances avec la situation actuelle, alors qu’Israël frappe les Palestiniens à Gaza, mais aussi de nombreuses cibles civiles au Liban, toujours avec les mêmes « éléments de langage » (ne sont visés – et tués – que des terroristes – ici du Hezbollah) que les faits démentent. Mais à l’époque l’Onu était intervenue (évacuations menées par des casques bleus) et des manifestations hostiles à la politique israélienne étaient autorisées…
Marie Bardiaux-Vaiente et Gally ont fait le pari d'intéresser leurs lectrices et lecteurs à un sujet sorti tout droit du Dalloz pour étudiants de Sciences-Po. C'est audacieux et louable car les autrices font le choix de la curiosité et de l'intelligence.
Personnellement je trouve le pari réussi. En effet qui dans le grand public connait vraiment le Conseil Constitutionnel ? C'est pourtant une instance originale et novatrice qui garantit nos libertés démocratiques. Les autrices proposent un schéma narratifs qui s'appuie sur trois axes forts: l'histoire, la fonction et des anecdotes signifiantes.
L'histoire nous renvoie au général De Gaulle et à la création de la cinquième République. La question fondatrice est simple mais fondamentale : qu'est ce qui prime: la loi ou la constitution ? Outil assez peu utilisé jusqu'en 1971 et "la décision liberté d'association".
Par quelques schémas les autrices montrent ensuite la place du Conseil dans la place du Droit Français. Elle concluent par sa fonction la plus spectaculaire lors des élections présidentielles.
Le récit n'est pas aride grâce à l'exploitation d'anecdotes signifiantes qui montrent comment tout individu peut à travers une QPC (Question prioritaire de constitutionnalité) peut faire modifier la loi française.
Le dessin plein d'humour de Gally fait contrepoids au sérieux du propos. C'est toujours léger et drôle tout en respectant l'institution.
Une lecture étonnante où j'ai appris de nombreuses choses sur les institutions. A lire dès le lycée.
Ouh, voilà un album avec une base classique mais une exécution efficace !
J'ai décidé de lire cet album sur un coup de tête, la couverture m'avait attiré l'œil et les quelques pages mises à disposition sur le site m'avaient donné envie de lire l'histoire.
C'est un genre de récit qui marche beaucoup sur moi, mêlant réflexions profondes sur la vie et l'humain et une forme fantasque. Ici, il est question de mort, de suicide, d'erreurs, de choix, de l'importance de chaque actions et décisions que l'on prend.
Catalina est seule, Catalina est amoureuse d'un homme qui la trompe avec sa propre colocataire, Catalina ne sait plus quoi faire, Catalina se tranche les veines sur un coup de tête. Sauf qu'au lieu de mourir, Catalina reçoit la visite d'une étrange jeune femme du nom de Karmen, dont le nom va très rapidement nous faire comprendre le rôle qu'elle va jouer dans cette histoire : celui du juge karmique.
L'histoire est efficace, en tout cas c'est le genre d'histoire qui me parle énormément. J'aime les récits où les fonctionnements naturels de l'univers sont régis par des êtres parfaitement humains (en tout cas humanoïdes), influençant personnellement le fonctionnement des choses. J'aime aussi les récits où un élément fantastique vient chambouler le quotidien, où une vie tout ce qu'il y a de plus banale change du jour au lendemain à cause d'un évènement paranormal, où la vie quotidienne d'antan prend toute sa saveur face aux conséquences du fantastique. J'aime enfin le sujet de la mort, son inéluctabilité, ses symboliques, la valeur qu'elle donne à la vie par contraste, et aussi ses conséquences pour les vivant-e-s. Comme beaucoup, malheureusement, je suis familière avec le sujet du suicide, l'isolement, le poids de l'idée, le risque parfois de passer à l'acte sur un coup de tête. Peut-être est-ce pour cela, d'ailleurs, que l'album m'a autant touché. En tout cas, j'ai pleuré à chaudes larmes.
Je ne peux que conseiller cet album, cela a été une excellente surprise pour moi.
(Et je vais de ce pas rappeler les personnes que j'aime).
"Speak", comme le mot peut l'indiquer (ou pas), raconte l'histoire d'une jeune fille qui se mure dans son silence, qui se renferme sur elle-même, qui se nécrose à petit feu.
C'est l'histoire d'une jeune fille comme il en existe malheureusement tant d'autres, isolée, harcelée, effacée, désespérée, et qui cache en elle un secret qui la détruit morceau par morceau. Ce qui la détruit ne nous est pas directement raconté mais se devine petit à petit, puis nous est suggérée, puis montré et enfin nommé : Mélinda s'est fait violer il y a de ça un an. Ce rythme de la révélation, mis en parallèle avec la situation de Mélinda qui nous parait de plus en plus catastrophique, marche beaucoup. On se sent étouffé comme elle par ce qui lui est arrivé, par ce que les autres lui font subir sans vraiment chercher à comprendre ce qu'elle vit, par ce besoin de plus en plus viscéral de faire quelque chose, d'exploser, de parler.
La montée en tension, l'acte immonde qui se devine progressivement, le mal-être profond de la protagoniste, ce besoin de plus en plus irrépressible de crier, de dire, d'agir face à tout ce qui lui arrive… l'album maintient l'attention tout du long, on voit à peine les pages passer.
Le récit est réaliste, retranscrit très bien le fonctionnement chaotique et souvent cruel des jeunes ados, les "punitions sociales" typiques de cet âge, et surtout les conséquences du viol et du trauma qui s'en suit. Les mots employés, les réactions, l'image du corps, tout semble vrai et joue sur le côté prenant et terrible de l'album.
Dans la préface, l'autrice du roman d'origine parle très rapidement du travail cathartique qu'a été d'écrire cette histoire, nul doute que le côté réaliste vient donc de sa propre expérience.
La mise à disposition de numéros d'urgences à la fin de l'album est un très bon ajout.
Voilà une histoire bien fichue, vraiment prenante. Une nouvelle fois, Vehlmann a pondu un très bon scénario, bien huilé, fluide. Et qui sait ménager quelques surprises, malgré une intrigue somme-toute assez linéaire. En effet, on se débarrasse régulièrement de personnages importants, que l’on pensait destinés à nous accompagner plus longtemps.
Le premier chapitre semblait nous amener vers un récit préhistorique, avec uniquement des animaux pensant et parlant comme protagonistes. La suite se révèle plus complexe. J’ai bien aimé ce récit âpre, violent, un long voyage qui fait suite à une catastrophe (qui la prolonge plutôt). Ni la catastrophe, ni l’univers dans lequel se déroule l’intrigue ne sont réellement expliqués, mais on est quand même embarqué sans être frustré.
L’histoire est d’autant plus agréable à lire que le dessin et la colorisation de Roger sont eux-aussi réussis, chouettes.
On a là un album plaisant.
C'est une histoire somme toute classique d'amour, de secrets, de tromperies, de passés troubles et de rebondissements abracadabrantesques.
Sandrine tombe un beau jour éperdument amoureuse du beau Michel, le musicien engagé au visage angélique arrondissant ses fins de mois en livrant des macédoines. Mais Sandrine est mariée à Henry, un brillant homme d'affaire avec qui elle vivait jusque là le parfait amour (en tout cas, la vie était une suite de surprises sans cesse renouvelées).
Leur idylle parviendra-t-elle à embarquer vers les horizons majestueux de l'amour véritable, ou bien les vents de la destiné feront-ils couler leur relation avant-même de quitter port ? Mari, amant, ancien amant, ancien amant bis, ami jaloux (mais ça n'a rien a voir avec le fait qu'il n'a jamais connu son père), devront tous se montrer rusés afin de pouvoir parvenir à leur fins.
Ici, comme souvent avec Fabcaro, c'est un délire absurde jouant sur le contraste d'une forme pseudo-sérieuse et d'un fond profondément débile. C'est une histoire d'amour façon telenovela, jouant sur les codes-même du genre, notamment en parodiant des moments clés de ce genre d'intrigues comme les scènes d'expositions bateaux, les passés troubles, les métaphores verbeuses et les révélations miraculeuses de fin d'histoire.
Tout cet amoncellement de blagues de connivences, de personnages archétypaux profondément idiots et d'envolées lyriques qui feraient pâlir une certaine grande reporter (et future femme de médecin), ça me fait personnellement rire aux éclats à chaque relecture.
Vraiment, même si je reconnais à Zaï Zaï Zaï Zaï d'être la plus aboutie des créations de Fabcaro, c'est bien cet album qui m'apparaît comme son meilleur, et de loin. Sans doute suis-je plus sensible à l'humour parodique et con typique des pastiches de telenovela.
Bon, l'album a reçu tant de louanges, je ne saurais pas vraiment quoi ajouter.
C'est sans doute l'album le plus abouti de son auteur, celui où il a perfectionné son humour, sa forme narrative, où il s'est même essayé à un nouveau style graphique qu'il réutilisera beaucoup par la suite.
C'est l'histoire d'un type lambda (l'auteur lui-même, comme toujours) qui oublie sa carte de fidélité à la caisse et va donc décider de fuir. De cet évènement tout ce qu'il y a de plus banal va se lancer une intrigue rocambolesque, parodiant road movie et thriller, jouant sur une forme sérieuse et un fond absurde, et mêlant humour con et critique social (notamment envers les médias qui enveniment les situations en brassant du vent, les artistes bourgeois profitant des drames sociaux pour faire parler d'elleux, ou encore les débats publiques qui se contentent plus souvent d'enchaîner les mots clés plutôt que de vraiment apporter des propos réfléchis).
Comme dit plus haut, Fabcaro perfectionne ici ses rengaines habituelles : le regard que les autres portent sur sa profession de bédéiste, ses angoisses, ses craintes sur le monde qui l'entoure, sa vision pessimiste mais comique des comportements humains traités sous l'angle de l'absurde, des dialogues volontairement ampoulés, ...
S'il faut faire découvrir l'auteur à quelqu'un, c'est sans doute l'album a conseillé (avec l'un de ces romans et l'une de ses premières BD d'anecdotes absurdes comme Le Steak Haché de Damoclès pour également voir ses autres types de créations).
C'est con, c'est drôle, ça parvient à être plus qu'un simple délire absurde, ça a reçu un succès mérité, …
Vraiment, que dire qui n'a pas déjà été dit ?
L'album nous raconte l'histoire de trois grands spationautes, Jim, Mike et John, partis fouler de leur pied le sol jusque là inexploré de notre voisine rouge. Leur épopée stellaire sera semée d'embûches, comme les problèmes de communication avec leurs supérieurs ou encore des rencontres extraterrestres angoissantes (même si l'une tournera rapidement en amour torride et compliqué façon telenovela).
Sans surprise, comme pour les autres collaborations entre Fabcaro et Fabrice Erre, ici nous avons droit à de l'humour con. Du vrai, du brut, celui reposant uniquement sur l'incommensurable connerie de chacun des personnages.
Si on aime le genre (ce qui est mon cas), la lecture est très agréable.
(Note réelle 3,5)
Si vous cherchez un fil conducteur, un semblant de narration cohérente, passez votre chemin : ici, on suit vaguement des personnages, jouant des rôles plus clichés et absurdes les uns que les autres, le scénario n'a aucun sens, ... Franchement, le serveur du café a raison, ce n'est pas avec ça que Fabcaro vendra plus 8 albums.
Mais bon, c'est facile à dire quand on se contente de lire l'histoire, parce que l'auteur est au bord de la dépression et tout le monde s'en fout. Alors ça lui fait une belle jambe de devoir écrire une histoire qui a du sens quand lui-même ne sait plus où il va. Et en plus il faudrait réparer la clôture !
Nan, vraiment, dans ces conditions, comment voulez-vous pondre une histoire qui ait du sens ?
(Note réelle 3,5)
On prend la même idée d'histoire sans queue ni tête que dans La Clôture, on rend ça encore plus décousu, encore plus con, on saupoudre le tout d'un propos sur le temps qui passe, le passage à l'âge adulte et une esthétique parodique de western et on obtient "-20% sur l'esprit de la forêt".
Contrairement à La Clôture, nous n'assistons pas ici à un simple craquage nerveux, cet album est en réalité un peu plus profond : le propos sur le passage à l'âge adulte et le temps qui passe n'est pas qu'accessoire, c'est véritablement le fil conducteur de l'œuvre. Bien qu'il n'y ait pas de réel conclusion, ce récit nous partage quand-même les pensées et le sentiment de vieillissement de l'auteur, ressassant le passé avec sa tante et se remémorant sa jeunesse. Il y a un véritable sentiment de déprime, de peur de se perdre, de ne plus savoir vraiment qui l'on est, qui l'on a été ou ce que l'on devient qui se dégage de ce récit.
Et ce n'est pas pour ce côté touchant et déprimant que j'aime autant cet album (enfin pas que), c'est surtout parce qu'il me fait sincèrement rire. Aux éclats. Je suis très sensible à l'humour con et absurde de Fabcaro et là on est encore sur une œuvre de bonne facture. La lecture est on ne peut plus recommandée pour moi.
J'ai un faible pour les histoires à la forme légère et humoristique et au fond plus lourd.
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Yallah Bye
A mi-chemin entre le documentaire et le roman graphique, l’album s’inspire directement de l’expérience vécue par le scénariste et sa famille, prise au piège au Liban lors de l’attaque israélienne de 2006. Le fait que l’auteur ait été témoin direct des événements donne au récit une touche réaliste évidente. Tout est – hélas – plausible, par-delà les quelques inventions scénaristiques accompagnant la partie « authentique » des faits. Et, de fait, le récit est rapidement prenant. La montée en tension, jusqu’au nombreuses scènes étouffantes, lorsque les bombardements se multiplient et se rapprochent (les personnages que nous suivons vivent au sud Liban, à Tyr, pas loin de la frontière israélienne) et que les nouvelles de la mort de proches arrivent, tout est bien présenté. Enfin, le dessin est vraiment bon. Fluide et dynamique, il est aussi agréable pour les décors – sans être trop fouillé non plus. En lisant cet album, on ne peut qu’être frappé des ressemblances avec la situation actuelle, alors qu’Israël frappe les Palestiniens à Gaza, mais aussi de nombreuses cibles civiles au Liban, toujours avec les mêmes « éléments de langage » (ne sont visés – et tués – que des terroristes – ici du Hezbollah) que les faits démentent. Mais à l’époque l’Onu était intervenue (évacuations menées par des casques bleus) et des manifestations hostiles à la politique israélienne étaient autorisées…
Dans les couloirs du Conseil constitutionnel
Marie Bardiaux-Vaiente et Gally ont fait le pari d'intéresser leurs lectrices et lecteurs à un sujet sorti tout droit du Dalloz pour étudiants de Sciences-Po. C'est audacieux et louable car les autrices font le choix de la curiosité et de l'intelligence. Personnellement je trouve le pari réussi. En effet qui dans le grand public connait vraiment le Conseil Constitutionnel ? C'est pourtant une instance originale et novatrice qui garantit nos libertés démocratiques. Les autrices proposent un schéma narratifs qui s'appuie sur trois axes forts: l'histoire, la fonction et des anecdotes signifiantes. L'histoire nous renvoie au général De Gaulle et à la création de la cinquième République. La question fondatrice est simple mais fondamentale : qu'est ce qui prime: la loi ou la constitution ? Outil assez peu utilisé jusqu'en 1971 et "la décision liberté d'association". Par quelques schémas les autrices montrent ensuite la place du Conseil dans la place du Droit Français. Elle concluent par sa fonction la plus spectaculaire lors des élections présidentielles. Le récit n'est pas aride grâce à l'exploitation d'anecdotes signifiantes qui montrent comment tout individu peut à travers une QPC (Question prioritaire de constitutionnalité) peut faire modifier la loi française. Le dessin plein d'humour de Gally fait contrepoids au sérieux du propos. C'est toujours léger et drôle tout en respectant l'institution. Une lecture étonnante où j'ai appris de nombreuses choses sur les institutions. A lire dès le lycée.
Karmen
Ouh, voilà un album avec une base classique mais une exécution efficace ! J'ai décidé de lire cet album sur un coup de tête, la couverture m'avait attiré l'œil et les quelques pages mises à disposition sur le site m'avaient donné envie de lire l'histoire. C'est un genre de récit qui marche beaucoup sur moi, mêlant réflexions profondes sur la vie et l'humain et une forme fantasque. Ici, il est question de mort, de suicide, d'erreurs, de choix, de l'importance de chaque actions et décisions que l'on prend. Catalina est seule, Catalina est amoureuse d'un homme qui la trompe avec sa propre colocataire, Catalina ne sait plus quoi faire, Catalina se tranche les veines sur un coup de tête. Sauf qu'au lieu de mourir, Catalina reçoit la visite d'une étrange jeune femme du nom de Karmen, dont le nom va très rapidement nous faire comprendre le rôle qu'elle va jouer dans cette histoire : celui du juge karmique. L'histoire est efficace, en tout cas c'est le genre d'histoire qui me parle énormément. J'aime les récits où les fonctionnements naturels de l'univers sont régis par des êtres parfaitement humains (en tout cas humanoïdes), influençant personnellement le fonctionnement des choses. J'aime aussi les récits où un élément fantastique vient chambouler le quotidien, où une vie tout ce qu'il y a de plus banale change du jour au lendemain à cause d'un évènement paranormal, où la vie quotidienne d'antan prend toute sa saveur face aux conséquences du fantastique. J'aime enfin le sujet de la mort, son inéluctabilité, ses symboliques, la valeur qu'elle donne à la vie par contraste, et aussi ses conséquences pour les vivant-e-s. Comme beaucoup, malheureusement, je suis familière avec le sujet du suicide, l'isolement, le poids de l'idée, le risque parfois de passer à l'acte sur un coup de tête. Peut-être est-ce pour cela, d'ailleurs, que l'album m'a autant touché. En tout cas, j'ai pleuré à chaudes larmes. Je ne peux que conseiller cet album, cela a été une excellente surprise pour moi. (Et je vais de ce pas rappeler les personnes que j'aime).
Speak
"Speak", comme le mot peut l'indiquer (ou pas), raconte l'histoire d'une jeune fille qui se mure dans son silence, qui se renferme sur elle-même, qui se nécrose à petit feu. C'est l'histoire d'une jeune fille comme il en existe malheureusement tant d'autres, isolée, harcelée, effacée, désespérée, et qui cache en elle un secret qui la détruit morceau par morceau. Ce qui la détruit ne nous est pas directement raconté mais se devine petit à petit, puis nous est suggérée, puis montré et enfin nommé : Mélinda s'est fait violer il y a de ça un an. Ce rythme de la révélation, mis en parallèle avec la situation de Mélinda qui nous parait de plus en plus catastrophique, marche beaucoup. On se sent étouffé comme elle par ce qui lui est arrivé, par ce que les autres lui font subir sans vraiment chercher à comprendre ce qu'elle vit, par ce besoin de plus en plus viscéral de faire quelque chose, d'exploser, de parler. La montée en tension, l'acte immonde qui se devine progressivement, le mal-être profond de la protagoniste, ce besoin de plus en plus irrépressible de crier, de dire, d'agir face à tout ce qui lui arrive… l'album maintient l'attention tout du long, on voit à peine les pages passer. Le récit est réaliste, retranscrit très bien le fonctionnement chaotique et souvent cruel des jeunes ados, les "punitions sociales" typiques de cet âge, et surtout les conséquences du viol et du trauma qui s'en suit. Les mots employés, les réactions, l'image du corps, tout semble vrai et joue sur le côté prenant et terrible de l'album. Dans la préface, l'autrice du roman d'origine parle très rapidement du travail cathartique qu'a été d'écrire cette histoire, nul doute que le côté réaliste vient donc de sa propre expérience. La mise à disposition de numéros d'urgences à la fin de l'album est un très bon ajout.
Le Dieu-Fauve
Voilà une histoire bien fichue, vraiment prenante. Une nouvelle fois, Vehlmann a pondu un très bon scénario, bien huilé, fluide. Et qui sait ménager quelques surprises, malgré une intrigue somme-toute assez linéaire. En effet, on se débarrasse régulièrement de personnages importants, que l’on pensait destinés à nous accompagner plus longtemps. Le premier chapitre semblait nous amener vers un récit préhistorique, avec uniquement des animaux pensant et parlant comme protagonistes. La suite se révèle plus complexe. J’ai bien aimé ce récit âpre, violent, un long voyage qui fait suite à une catastrophe (qui la prolonge plutôt). Ni la catastrophe, ni l’univers dans lequel se déroule l’intrigue ne sont réellement expliqués, mais on est quand même embarqué sans être frustré. L’histoire est d’autant plus agréable à lire que le dessin et la colorisation de Roger sont eux-aussi réussis, chouettes. On a là un album plaisant.
Et si l'amour c'était aimer ?
C'est une histoire somme toute classique d'amour, de secrets, de tromperies, de passés troubles et de rebondissements abracadabrantesques. Sandrine tombe un beau jour éperdument amoureuse du beau Michel, le musicien engagé au visage angélique arrondissant ses fins de mois en livrant des macédoines. Mais Sandrine est mariée à Henry, un brillant homme d'affaire avec qui elle vivait jusque là le parfait amour (en tout cas, la vie était une suite de surprises sans cesse renouvelées). Leur idylle parviendra-t-elle à embarquer vers les horizons majestueux de l'amour véritable, ou bien les vents de la destiné feront-ils couler leur relation avant-même de quitter port ? Mari, amant, ancien amant, ancien amant bis, ami jaloux (mais ça n'a rien a voir avec le fait qu'il n'a jamais connu son père), devront tous se montrer rusés afin de pouvoir parvenir à leur fins. Ici, comme souvent avec Fabcaro, c'est un délire absurde jouant sur le contraste d'une forme pseudo-sérieuse et d'un fond profondément débile. C'est une histoire d'amour façon telenovela, jouant sur les codes-même du genre, notamment en parodiant des moments clés de ce genre d'intrigues comme les scènes d'expositions bateaux, les passés troubles, les métaphores verbeuses et les révélations miraculeuses de fin d'histoire. Tout cet amoncellement de blagues de connivences, de personnages archétypaux profondément idiots et d'envolées lyriques qui feraient pâlir une certaine grande reporter (et future femme de médecin), ça me fait personnellement rire aux éclats à chaque relecture. Vraiment, même si je reconnais à Zaï Zaï Zaï Zaï d'être la plus aboutie des créations de Fabcaro, c'est bien cet album qui m'apparaît comme son meilleur, et de loin. Sans doute suis-je plus sensible à l'humour parodique et con typique des pastiches de telenovela.
Zaï Zaï Zaï Zaï
Bon, l'album a reçu tant de louanges, je ne saurais pas vraiment quoi ajouter. C'est sans doute l'album le plus abouti de son auteur, celui où il a perfectionné son humour, sa forme narrative, où il s'est même essayé à un nouveau style graphique qu'il réutilisera beaucoup par la suite. C'est l'histoire d'un type lambda (l'auteur lui-même, comme toujours) qui oublie sa carte de fidélité à la caisse et va donc décider de fuir. De cet évènement tout ce qu'il y a de plus banal va se lancer une intrigue rocambolesque, parodiant road movie et thriller, jouant sur une forme sérieuse et un fond absurde, et mêlant humour con et critique social (notamment envers les médias qui enveniment les situations en brassant du vent, les artistes bourgeois profitant des drames sociaux pour faire parler d'elleux, ou encore les débats publiques qui se contentent plus souvent d'enchaîner les mots clés plutôt que de vraiment apporter des propos réfléchis). Comme dit plus haut, Fabcaro perfectionne ici ses rengaines habituelles : le regard que les autres portent sur sa profession de bédéiste, ses angoisses, ses craintes sur le monde qui l'entoure, sa vision pessimiste mais comique des comportements humains traités sous l'angle de l'absurde, des dialogues volontairement ampoulés, ... S'il faut faire découvrir l'auteur à quelqu'un, c'est sans doute l'album a conseillé (avec l'un de ces romans et l'une de ses premières BD d'anecdotes absurdes comme Le Steak Haché de Damoclès pour également voir ses autres types de créations). C'est con, c'est drôle, ça parvient à être plus qu'un simple délire absurde, ça a reçu un succès mérité, … Vraiment, que dire qui n'a pas déjà été dit ?
Mars !
L'album nous raconte l'histoire de trois grands spationautes, Jim, Mike et John, partis fouler de leur pied le sol jusque là inexploré de notre voisine rouge. Leur épopée stellaire sera semée d'embûches, comme les problèmes de communication avec leurs supérieurs ou encore des rencontres extraterrestres angoissantes (même si l'une tournera rapidement en amour torride et compliqué façon telenovela). Sans surprise, comme pour les autres collaborations entre Fabcaro et Fabrice Erre, ici nous avons droit à de l'humour con. Du vrai, du brut, celui reposant uniquement sur l'incommensurable connerie de chacun des personnages. Si on aime le genre (ce qui est mon cas), la lecture est très agréable. (Note réelle 3,5)
La Clôture
Si vous cherchez un fil conducteur, un semblant de narration cohérente, passez votre chemin : ici, on suit vaguement des personnages, jouant des rôles plus clichés et absurdes les uns que les autres, le scénario n'a aucun sens, ... Franchement, le serveur du café a raison, ce n'est pas avec ça que Fabcaro vendra plus 8 albums. Mais bon, c'est facile à dire quand on se contente de lire l'histoire, parce que l'auteur est au bord de la dépression et tout le monde s'en fout. Alors ça lui fait une belle jambe de devoir écrire une histoire qui a du sens quand lui-même ne sait plus où il va. Et en plus il faudrait réparer la clôture ! Nan, vraiment, dans ces conditions, comment voulez-vous pondre une histoire qui ait du sens ? (Note réelle 3,5)
-20% sur l'esprit de la forêt
On prend la même idée d'histoire sans queue ni tête que dans La Clôture, on rend ça encore plus décousu, encore plus con, on saupoudre le tout d'un propos sur le temps qui passe, le passage à l'âge adulte et une esthétique parodique de western et on obtient "-20% sur l'esprit de la forêt". Contrairement à La Clôture, nous n'assistons pas ici à un simple craquage nerveux, cet album est en réalité un peu plus profond : le propos sur le passage à l'âge adulte et le temps qui passe n'est pas qu'accessoire, c'est véritablement le fil conducteur de l'œuvre. Bien qu'il n'y ait pas de réel conclusion, ce récit nous partage quand-même les pensées et le sentiment de vieillissement de l'auteur, ressassant le passé avec sa tante et se remémorant sa jeunesse. Il y a un véritable sentiment de déprime, de peur de se perdre, de ne plus savoir vraiment qui l'on est, qui l'on a été ou ce que l'on devient qui se dégage de ce récit. Et ce n'est pas pour ce côté touchant et déprimant que j'aime autant cet album (enfin pas que), c'est surtout parce qu'il me fait sincèrement rire. Aux éclats. Je suis très sensible à l'humour con et absurde de Fabcaro et là on est encore sur une œuvre de bonne facture. La lecture est on ne peut plus recommandée pour moi. J'ai un faible pour les histoires à la forme légère et humoristique et au fond plus lourd.