Les Gorilles du Général

Note: 4.33/5
(4.33/5 pour 3 avis)

1959. Alors que les cercueils de jeunes appelés arrivent en nombre d'Algérie, les attentats se multiplient en métropole sous l'égide du FLN. Dans ce contexte politique délétère, le Général de Gaulle est rappelé au pouvoir afn de résoudre " la crise algérienne ". Il devient alors l'un des dirigeants les plus menacés de la planète.


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Pour sa protection, il compte sur quatre hommes, qui resteront tout au long de son mandat ses seuls gardes du corps. On les surnomme les gorilles du Général. Mêlant l'intime à la grande Histoire, Xavier Dorison dresse ici le portrait de ces hommes, prêts à tout pour le garder en sécurité, qui forment aussi une bande de potes, unie, dans une France qui a bien du mal à accepter un grand tournant historique : la décolonisation.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 28 Mai 2025
Statut histoire Série en cours (prévue en 10 tomes) 1 tome paru
Dernière parution : Moins d'un an

Couverture de la série Les Gorilles du Général © Casterman 2025
Les notes
Note: 4.33/5
(4.33/5 pour 3 avis)
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04/06/2025 | Hervé
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L'avatar du posteur Le Grand A

L’histoire en partie vraie des quatre armoires à glace ayant servi comme garde du corps au général de Gaulle durant son mandat présidentiel. Je ne connaissais pas du tout ce détail amusant qui fait partie de la petite histoire de France donc super découverte. Xavier Dorison tel un Alexandre Dumas moderne utilise personnages, contexte et faits réels pour les refaçonner à sa sauce, y ajouter de l’improbable et un aspect « actioner » à l’américaine, et que dire… ça marche d’enfer. Faut dire que le scénariste n’opère pas en terrain inconnu avec les histoires de barbouzes, les aficionados se rappelleront de Comment faire fortune en juin 40, une réussite dans le genre. Certes, c’est un tome d’introduction, les auteurs en prévoiraient dix à ce que j’ai lu, on sent qu’ils en gardent sous le pied pour les deux prochains numéros, qui sont d’ores et déjà validés par la maison mère. En tout cas moi ça m’a hypé, les personnages ont des gueules, ça cause viril, il y a un décorum délicieusement rétro, c’est jalonné de marqueurs temporels authentiques et saupoudré de quelques punch lines toutes aussi vraies, Dorison a bien fait ses devoirs. J’adore également la partie graphique de Julien Telo, un digne héritier des Robin Recht (crédité en fin d’album), Alex Alice et autres Mathieu Lauffray. C’est le présent et l’avenir, il a encore une marge de progression car c’est un jeune artiste. C’était pas évident j’imagine de terminer seul le cycle d’Elric, là il est quasiment seul au manettes (bravo aux coloristes au passage), et de ce que je lis par-ci par-là, tout le monde s’accorde à dire que c’est du beau boulot, et j’suis bien d’accord, un vrai plaisir à lire et à voir.

19/06/2025 (modifier)
L'avatar du posteur Bruno Menetrier

Premier épisode d'une reconstitution minutieuse (et nostalgique) du travail des gardes du corps qui se vouèrent corps et âmes au Général de Gaulle pendant de longues années : un point de vue inédit sur la politique des années 50-60 et les débuts de la Ve République. Xavier Dorison est un scénariste qui a connu le succès très jeune, dès ses 25 ans, avec Le troisième testament. Il a mis la main à la pâte pour de célèbres séries comme XIII ou Thorgal. Il écrit également pour la télé et le cinéma. Il est né en 1972 et n'a donc pas connu De Gaulle mais il avoue sa fascination pour les "mentors" et cette tranche d'Histoire, cette France un peu désuète, est un peu son passé fantasmé. L'idée de ces Gorilles du général lui est venue d'un reportage réalisé en 2010 par le journaliste Tony Comiti, le fils de l'un des fameux gorilles du général. Julien Telo est tombé très jeune dans la marmite du graphisme et s'est fait un nom du côté de l'heroic-fantasy. Il a réalisé ici un gros travail de documentation pour cet album immersif, en visionnant notamment de vieux films en noir et blanc pour s'approprier l'époque, ses costumes, sa gestuelle, ... La fin de l'album est augmentée d'un cahier qui justifie les "libertés historiques" que les auteurs ont prises pour bâtir leur fiction (et que je vous conseille de lire avant la BD car on y apprend plein de choses sur le contexte de l'histoire et sur leur travail). À noter que cet album ne couvre que septembre 1959 et n'est que le premier épisode d'une longue série prévue par Dorison et qu'il sort en deux formats, classique en couleurs et prestige en noir et blanc (c'est plus d'époque !). On a déjà hâte que le tome 2 nous emmène jusqu'en décembre 1959, à Colombey. Les quatre mousquetaires, les quatre gorilles, ce sont les gardes du corps du Général De Gaulle recrutés après guerre pour l'accompagner dans ses déplacements et le protéger quoi qu'il arrive (en 1959, les attentats se multiplient et le Général est menacé de toutes parts). Le vrai Roger Tessier devient dans la BD Georges Bertier, mais toujours avec une vraie tronche de gorille. Il pratiquait la boxe. Le corse Paul Comiti, le patron des quatre gorilles est également président du sulfureux SAC. Il est incarné ici par Ange Santoni. Henri Hachmi, d'origine kabyle, sera Alain Zerf. Raymond Sasia, l'ancien du SDECE, diplômé de l'Académie du FBI, devient Max Milan. Son recrutement imprévu au sein des quatre mousquetaires fait des étincelles et lance cette histoire sur les chapeaux de roues. Jacques Foccart, l'éminence grise de De Gaulle à la réputation sulfureuse, se cache derrière Le Chanoine. Et puis bien sûr, il y a « Pépère », c'est avec ce (vrai) nom de code affectueux que ses gorilles appellent le Général De Gaulle. On croisera beaucoup de monde, du beau monde, du moins joli, des gens connus comme Malraux, d'autres moins et même quelques personnages fictifs pour le scénario. Allez hop, tout le monde est en place, c'est parti pour « une histoire de trahisons et d'espoirs, de grandeurs et de déceptions, de victoires et d'échecs ». Une histoire qui comme celle de la Ve République commence dans le guêpier de l'Algérie ... Bien sûr, on ne peut éviter la référence à cette autre BD : Cher pays de notre enfance du bédéaste Etienne Davodeau et du journaliste Benoît Collombat. Un album qui allait fouiller dans les poubelles du SAC, sulfureuse organisation que l'on retrouve encore ici bien sûr. Mais le scénario de Dorison adopte un point de vue beaucoup moins journalistique. Bien sûr les questions politiques seront au cœur du récit mais ce qui intéresse les auteurs ici ce sont ces fameux gorilles dévoués corps et âmes (et ce n'est pas une formule) à leur Général au point d'y sacrifier famille et amis, leur vie donc. C'est ce qui rend ce récit humain, captivant, passionnant : parce qu'on ne nous demande pas de prendre fait et cause pour une personnalité publique légendaire, forcément un peu distante, mais plutôt de nous intéresser aux quatre bonshommes qui se déplaçaient partout avec lui. Et puis il y a la reconstitution nostalgique de ces années passées, au charme sans doute un peu fantasmé, et teintées ici de cet humour sec et froid, façon Audiard, ambiance Lino Ventura. Comme dans : « [...] C'est un peu tôt pour déjeuner ... mets-nous trois bières, Marlène ... et un rillettes-cornichons pour moi, pour accompagner quoi ... » Côté dessin, c'est un méticuleux travail de reconstitution que Julien Telo a entrepris, photos à l'appui. Le cahier explicatif en fin d'ouvrage montre même le parallèle entre des images d'époque et les planches que le dessinateur en a tirées. Un dessinateur qui laisse toute la place à ses nombreux personnages, cadrages en gros plans, vêtements et trognes caractéristiques, facilement reconnaissables. On passe de l'intime (un déjeuner champêtre en famille) au défilé officiel (motards et Simca) puis au thriller tendu (une rue noire sous la pluie). De temps à autre, une scène beaucoup plus dure fait taire la nostalgie, la politique et l'humour, comme celle où les gorilles doivent s'occuper du journaliste pro-FLN et « nettoyer la merde pour que le Général ait pas à patauger dedans ».

16/06/2025 (modifier)
Par Hervé
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Hervé

C'est certainement l'album que j'attendais avec impatience cette année, pour plusieurs raisons. D'une part il est signé Xavier Dorison, dont j'achète la plupart des albums, et d'autre part, ce récit couvre une période de l'histoire qui m'intéresse particulièrement , les débuts de la Vème République sur fonds de guerre d'Algérie. J'avais à ce titre adoré Un général, des généraux de Juncker et Boucq, et je ne compte plus le nombre de livres ou d'essais que je possède sur le Général de Gaulle. Ici, Xavier Dorsion nous fait découvrir les coulisses de la Vème République, à travers l'histoire un peu romancée, des 4 gardes du corps du Général de Gaulle. Et c'est fort réussi.. Les dialogues font mouches, les personnages sont charismatiques et le lecteur est plongé dans le récit comme dans un film. Mais ce qui fait la force de ce premier volume c'est le dessin de Julien Télo, que je découvre ici. Son style me fait songer à celui de Sylvain Vallée. L'ambiance des années 50 est parfaitement retranscrite, des costumes aux voitures, tout y est.. En plus, j'ai lu cette aventure dans l'édition proposée en grand format et en noir et blanc, sous une couverture plus réussie, à mon goût, que l'édition courante. Ce tirage de luxe rend parfaitement hommage au magnifique dessin de Julien Télo et j'espère que les éditions Casterman feront de même pour les autres albums prévus pour cette série. J'ai lu dans un entretien donné par Dorison, que la série est prévue en 10 volumes , vaste programme ! comme dirait de Gaulle. Les auteurs ont certainement signés ici, un des albums qui marquera cette année. Une réussite.

04/06/2025 (modifier)