Quel lien y a-t-il entre un jeune intermittent du spectacle enrôlé de force dans la police, une contrôleuse RATP à la gâchette facile et un auteur de roman de gare à l'eau de rose ? Une étrange série de meurtres réalisés à l'aide d'escalopes milanaises !
C'est de l'humour con jouant sur le contraste entre sa forme minimaliste et ses dialogues volontairement idiots mais recherchés. Une forme classique, rendu célèbre et populaire par Fabcaro (qui intervient à deux reprises lors de cet album pour s'indigner de l'étrange ressemblance narrative entre cet album et certaines de ses œuvres), et pour laquelle je reste extrêmement friande.
Je ne serais pas aussi généreuse que Noirdésir sur ma note, l'œuvre est bonne et m'a sincèrement faite rire mais elle reste tout de même un petit délire sans prétention (si ce n'est la déconnade pure et dure, et elle reste "immense, mon cher, la prétention de faire rire"). Je maintiens que l'œuvre est bonne, toute personne amatrice d'humour con et de dialogues absurdes passera certainement un bon moment, je dis juste qu'il faut savoir raison garder et que l'album ici présent ne se démarque pas suffisamment des créations "bonnes sans être révolutionnaires" qui ont inondé le marché ces dernière années à mes yeux.
J'aurais aimé vous résumé davantage l'histoire, ne serait-ce que pour vous partager les bonnes trouvailles et vous donner envie de tout de même donner sa chance à l'album, mais ce dernier étant assez court je vous laisse la surprise.
Voilà une histoire traitée sous forme romanesque, mais qui a des airs de documentaire. Un récit qui s'intéresse à l'un des naufrages qui a défrayé la chronique il y a une vingtaine d'années. Je me rappelle bien de cette affaire, et de ses évolutions médiatiques et judiciaires.
Ici, notre guide est un journaliste blessé par la vie et cherchant à sortir une affaire en menant une enquête montrant ses qualités. Le Bugaled lui donne cette opportunité.
Si le personnage du journaliste manque de nuances, et si certains personnages secondaires (pote du journaliste, curé) sont peu intéressants, l'affaire elle-même est bien développée et très bien documentée.
Certes, c'est une enquête à charge, et on peut même s'étonner que notre journaliste évoque une entourloupe avant même les autorités aient dit quoi que ce soit. Mais ce manque de nuances ne gêne pas trop, tant il est évident que les versions officielles successives ne tiennent pas. Mais au final, le secret défense stoppe les recherches, empêchant d'en savoir plus sur la probable responsabilité d'un sous-marin dans le naufrage du Bugaled Breizh et la mort de ses cinq marins.
Ce secret défense accentue l'impression de mensonge d'Etat, qui fait fi des témoignages et des expertises, et entretient frustrations et théories complotistes.
Le scandale est évident.
La narration est ici agréable, malgré des personnages inventés sans doute maladroitement utilisés. De même les premières pages livrent trop rapidement l'hypothèse du sous-marin.
A lire pour se rappeler ce que la raison d'Etat est capable de faire passer, l'oubli étant son allié.
2.5
Un autre manga qui adapte un light novel qui est un isekai... Ici ça fait partie du sous-genre qui met en vedette les villainess, les méchantes rivales des héroïnes de shojos. Ça se passe dans un décor médiéval européen comme toutes les séries qui se passent dans un jeu vidéo pour filles que je connais (apparemment les jeux vidéo pour public féminin se ressemblent tous !).
Le manque d'originalité est criant dans cette série, comme d'autres héroïnes qui se sont réincarnées en la grosse méchante de service, le personnage principal va essayer de mal finir et vivre une vie calme sauf qu'évidemment cela ne va pas se passer comme prévu et elle va se retrouver au centre de l'intrigue. Honnêtement, j'ai essayé entre 2 et 3 étoiles parce que je me suis un peu ennuyé à cause du fait que j'avais l'impression d'avoir vu les éléments du scénario au moins 100 fois. Mais d'un autre côté il y a pour le moment aucun des pires côtés des histoires de type isekai et je pense qu'un lecteur moins habitué à ce type de récit risque de mieux accrocher que moi. L'héroïne est vaguement attachante et le dessin est pas trop mal.
En gros, une série qui sort clairement pas du lot, mais j'ai vu pire.
Cet imposant album se démarque tout d'abord par sa très belle édition avec une couverture imitant le papier cartonnée très sobre et le dos et la tranche imprimés de décors végétaux rappelant la jungle. L'ensemble mat est très agréable au toucher et l'illustration de couverture est une habile métaphore sur l'introspection que va réaliser le héros Nick tout au long de son parcours. Le côté pile/face du recto et du verso de l'album est également plutôt ingénieux.
Malgré ses 272 pages, cet album se lit relativement vite. En effet, les dialogues sont assez rares et l'auteur, Will McPhail, fait souvent le choix d'une mise en page très aérée avec parfois 3 à 4 cases par page. La majeure partie de l'ouvrage est en noir et blanc permettant au lecteur de se concentrer sur le trait de l'auteur. Les rares passages en couleur étant des sortes de métaphores sur les ressentis intérieurs du héros. Cette mise en page très originale et soignée fait vraiment sortir cet ouvrage des productions habituelles bien que je ne sois pas forcément très fan du trait de l'auteur.
Côté scénario, malheureusement, cela à moins bien fonctionné avec moi. Il est vrai que je me suis plutôt ennuyé durant les deux premiers tiers de l'ouvrage, ne ressentant au final que peu d'empathie pour ce célibataire trentenaire citadin, se posant des questions métaphysiques sur ses relations avec autrui. J'ai été plus touché à partir de la page 200 quand l'auteur traite du sujet de la maladie et de la perte d'un proche. Peut-être aussi car cela fait plus écho à mon vécu personnel. Mais cela me parait trop tardif et trop peu pour pouvoir mettre la note de 4/5.
Un ouvrage dont je conseille tout de même la lecture, ne serait-ce que pour l'originalité et le côté très personnel de l'histoire et de la mise en page.
SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 6/10
GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 7/10
NOTE GLOBALE : 13/20
Comme pour Toutes les morts de Laila Starr, je suis moins enthousiaste que Cacal et Alix. Pour toutes sortes de raisons. D’abord parce que si je reconnais que l’Inde a une culture très riche, l’Asie et l’Inde en particulier ne m’attirent pas du tout. Ensuite parce que si la lecture n’est pas déplaisante, l’intrigue est décousue, parfois foutraque.
Mais bon, globalement, ça se laisse lire agréablement quand même ! Ram V nous propose une sorte de road trip au travers de l’Inde, avec en particulier une mise en avant de ses trésors culinaires (l’histoire de certains ingrédients est rappelée, des recettes familiales ou ancestrales sont données dans les détails).
Pour le reste, les aspects polars et fantastiques pimentent l’intrigue (le piment est important d’ailleurs dans celle-ci !), mais pas au point de ma captiver outre mesure. Une lecture pas déplaisante, mais je n’y reviendrai sans doute pas – affaire de goûts peut-être…
Raja est une fresque épique en trois tomes qui nous plonge au IVe siècle av. J.-C., à l'époque où Kautilya, redoutable guerrier et stratège, rêve de devenir le souverain unique capable d'unifier le sous-continent indien. L'histoire, riche en action et en grand spectacle, évoque autant les récits mythologiques comme Gilgamesh ou la vie de Bouddha que certains mangas stratégiques à la Bokko (Stratège), où un seul homme bouleverse le monde grâce à sa force, son intelligence et son audace.
Le cadre est particulièrement intéressant : l'Inde est alors morcelée en une multitude de royaumes, tandis que les conquêtes d'Alexandre le Grand, brièvement évoquées, influencent les événements. Kautilya, maître d'armes surdoué au service d'un prince, affiche une ambition démesurée. Présenté comme un héros quasi mythologique, il refuse même le trône que lui offre son roi, préférant conquérir l'Inde par ses propres moyens. Le récit enchaîne ainsi les démonstrations de sa force, de son génie tactique et de son audace, face à d'autres figures hors du commun qu'il surpasse immanquablement.
Cette exagération assumée, typique du manga, pourra rebuter certains lecteurs mais donne aussi au récit un souffle grandiloquent et un rythme soutenu, permettant à l'histoire de s'achever en seulement trois volumes. En définitive, l'ensemble se lit avec plaisir : derrière les excès, on découvre un contexte historique indien soigné et dépaysant, qui donne à cette aventure héroïque un charme certain.
Auteurs d'origine du Canada, je suis tombé sur le 1er tome il y a quelques années.
La lecture m'avais laissé sur la fin, j'avais envie connaitre la suite.
Mais BD pas, ou très mal distribuée en France, quasi impossible à trouver.
J'ai récemment acquis l'intégral qui vient d'être édité (2024).
Tome 1 (2014) : Un robot amnésique essai de comprendre son histoire.
Tome 2 (2015) : Conflit avec les autochtones habitants sur la planète.
Tome 3 (2020) : Démêlement de l'intrigue, mais...
Scénario et dessins plutôt bien maitrisés, même si je trouve les couleurs des 2 premiers tomes trop sombres.
On reste un peu sur sa fin, ça ressemble plus à une "tranche de vie" qu'une histoire pleinement finie.
D'ailleurs je suis incapable de dire si c'est fini ou pas, Fin ou A Suivre clairement pas identifié.
Et vu l'espacement des tomes, je doute sur une suite.
A lire.
Ce genre de fantastique est assez souvent traité, de façon inégale et, en ce qui me concerne, souvent de façon décevante. La production de Corbeyran est elle aussi pléthorique, et aussi inégal.
Disons qu’ici on est dans une très honnête moyenne du genre – pas forcément ce que je préfère a priori – et que les amateurs y trouveront un récit pas hyper original, mais globalement bien fichu.
C’est le même duo que pour L'Homme Bouc, dans le même univers (il y a quelques rappels, mais globalement ça peut tout à fait se lire de façon indépendante), un univers qui peut éventuellement avoir d’autres suites, tant la dernière planche relance un éventuel suspens à ce propos.
Du polar fantastique donc, qui lorgne parfois sur certaines séries télé, mais en se maintenant quand même un cran au-dessus. Du classique bien fait.
Le dessin de Morinère est plutôt chouette (c'est même le point fort de l'album je trouve). Même si je pense préférer son travail en Noir et Blanc sur l’album précédent, sa colorisation n’est pas mal, et ses planches nocturnes sont réussies (seuls certains visages manquent parfois un peu de détails).
Cet album n’est pas récent, et je m’étonne que les quelques lecteurs/aviseurs de Snug ne l’aient pas encore lu.
En tout cas les amateurs du bonhomme barbu à bonnet se retrouveront ici en terrain connu, puisque Snug use de son dessin assez minimaliste et proche du fanzinat (remarque qui n’est pas ici péjorative) et franc parler pour dézinguer ce qui le gonfle. Si le travail salarié en prend encore un coup, c’est le monde de la musique (pas très classique, hein !) qui est ici le plus visé par l’ire de l’auteur.
Les festivals, les cafés accueillant des musiciens (Snug a tâté des deux) sont passé sa la moulinette, de façon jouissive et le plus souvent bien sentie.
Découpé en courts chapitres, cet album propose une lecture à la fois rafraichissante et engagée, mais que j’ai trouvé plaisante.
Le dessin de Sylvain Bordesoules est très lumineux. Son travail à l’aquarelle est proche dans le rendu de celui de Pignocchi (un auteur que j’aime beaucoup – et pas seulement pour son travail graphique). En tout cas ces aquarelles lumineuses sont pour beaucoup dans l’empathie qu’on ressent pour les quelques femmes que nous suivons. En effet, leur vie est loin d’être facile, mais leur combattivité, leur propension à vivre malgré les contingences, sont sublimées par ce dessin coloré.
D’ailleurs c’est étrange, ce roman graphique a de petits airs de documentaire, tant on suit au plus près ces femmes. Dont on ne nous présente qu’une tranche de vie (la fin est un peu abrupte je trouve). Mais on s’attache à elle, à leurs défauts, leur côté ordinaire et unique à la fois. Même si, du coup, l'ordinaire peine parfois - sur la longueur - à captiver. Il manque sans doute ici une dimension socio-politique à la Ken Loach.
La lecture est en tout cas plaisante.
Note réelle 3,5/5.
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Plein feu sur l'escalope milanaise
Quel lien y a-t-il entre un jeune intermittent du spectacle enrôlé de force dans la police, une contrôleuse RATP à la gâchette facile et un auteur de roman de gare à l'eau de rose ? Une étrange série de meurtres réalisés à l'aide d'escalopes milanaises ! C'est de l'humour con jouant sur le contraste entre sa forme minimaliste et ses dialogues volontairement idiots mais recherchés. Une forme classique, rendu célèbre et populaire par Fabcaro (qui intervient à deux reprises lors de cet album pour s'indigner de l'étrange ressemblance narrative entre cet album et certaines de ses œuvres), et pour laquelle je reste extrêmement friande. Je ne serais pas aussi généreuse que Noirdésir sur ma note, l'œuvre est bonne et m'a sincèrement faite rire mais elle reste tout de même un petit délire sans prétention (si ce n'est la déconnade pure et dure, et elle reste "immense, mon cher, la prétention de faire rire"). Je maintiens que l'œuvre est bonne, toute personne amatrice d'humour con et de dialogues absurdes passera certainement un bon moment, je dis juste qu'il faut savoir raison garder et que l'album ici présent ne se démarque pas suffisamment des créations "bonnes sans être révolutionnaires" qui ont inondé le marché ces dernière années à mes yeux. J'aurais aimé vous résumé davantage l'histoire, ne serait-ce que pour vous partager les bonnes trouvailles et vous donner envie de tout de même donner sa chance à l'album, mais ce dernier étant assez court je vous laisse la surprise.
Bugaled Breizh - 37 secondes
Voilà une histoire traitée sous forme romanesque, mais qui a des airs de documentaire. Un récit qui s'intéresse à l'un des naufrages qui a défrayé la chronique il y a une vingtaine d'années. Je me rappelle bien de cette affaire, et de ses évolutions médiatiques et judiciaires. Ici, notre guide est un journaliste blessé par la vie et cherchant à sortir une affaire en menant une enquête montrant ses qualités. Le Bugaled lui donne cette opportunité. Si le personnage du journaliste manque de nuances, et si certains personnages secondaires (pote du journaliste, curé) sont peu intéressants, l'affaire elle-même est bien développée et très bien documentée. Certes, c'est une enquête à charge, et on peut même s'étonner que notre journaliste évoque une entourloupe avant même les autorités aient dit quoi que ce soit. Mais ce manque de nuances ne gêne pas trop, tant il est évident que les versions officielles successives ne tiennent pas. Mais au final, le secret défense stoppe les recherches, empêchant d'en savoir plus sur la probable responsabilité d'un sous-marin dans le naufrage du Bugaled Breizh et la mort de ses cinq marins. Ce secret défense accentue l'impression de mensonge d'Etat, qui fait fi des témoignages et des expertises, et entretient frustrations et théories complotistes. Le scandale est évident. La narration est ici agréable, malgré des personnages inventés sans doute maladroitement utilisés. De même les premières pages livrent trop rapidement l'hypothèse du sous-marin. A lire pour se rappeler ce que la raison d'Etat est capable de faire passer, l'oubli étant son allié.
Villainess Level 99
2.5 Un autre manga qui adapte un light novel qui est un isekai... Ici ça fait partie du sous-genre qui met en vedette les villainess, les méchantes rivales des héroïnes de shojos. Ça se passe dans un décor médiéval européen comme toutes les séries qui se passent dans un jeu vidéo pour filles que je connais (apparemment les jeux vidéo pour public féminin se ressemblent tous !). Le manque d'originalité est criant dans cette série, comme d'autres héroïnes qui se sont réincarnées en la grosse méchante de service, le personnage principal va essayer de mal finir et vivre une vie calme sauf qu'évidemment cela ne va pas se passer comme prévu et elle va se retrouver au centre de l'intrigue. Honnêtement, j'ai essayé entre 2 et 3 étoiles parce que je me suis un peu ennuyé à cause du fait que j'avais l'impression d'avoir vu les éléments du scénario au moins 100 fois. Mais d'un autre côté il y a pour le moment aucun des pires côtés des histoires de type isekai et je pense qu'un lecteur moins habitué à ce type de récit risque de mieux accrocher que moi. L'héroïne est vaguement attachante et le dessin est pas trop mal. En gros, une série qui sort clairement pas du lot, mais j'ai vu pire.
Au-Dedans.
Cet imposant album se démarque tout d'abord par sa très belle édition avec une couverture imitant le papier cartonnée très sobre et le dos et la tranche imprimés de décors végétaux rappelant la jungle. L'ensemble mat est très agréable au toucher et l'illustration de couverture est une habile métaphore sur l'introspection que va réaliser le héros Nick tout au long de son parcours. Le côté pile/face du recto et du verso de l'album est également plutôt ingénieux. Malgré ses 272 pages, cet album se lit relativement vite. En effet, les dialogues sont assez rares et l'auteur, Will McPhail, fait souvent le choix d'une mise en page très aérée avec parfois 3 à 4 cases par page. La majeure partie de l'ouvrage est en noir et blanc permettant au lecteur de se concentrer sur le trait de l'auteur. Les rares passages en couleur étant des sortes de métaphores sur les ressentis intérieurs du héros. Cette mise en page très originale et soignée fait vraiment sortir cet ouvrage des productions habituelles bien que je ne sois pas forcément très fan du trait de l'auteur. Côté scénario, malheureusement, cela à moins bien fonctionné avec moi. Il est vrai que je me suis plutôt ennuyé durant les deux premiers tiers de l'ouvrage, ne ressentant au final que peu d'empathie pour ce célibataire trentenaire citadin, se posant des questions métaphysiques sur ses relations avec autrui. J'ai été plus touché à partir de la page 200 quand l'auteur traite du sujet de la maladie et de la perte d'un proche. Peut-être aussi car cela fait plus écho à mon vécu personnel. Mais cela me parait trop tardif et trop peu pour pouvoir mettre la note de 4/5. Un ouvrage dont je conseille tout de même la lecture, ne serait-ce que pour l'originalité et le côté très personnel de l'histoire et de la mise en page. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 6/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 7/10 NOTE GLOBALE : 13/20
Le Dernier Festin de Rubin
Comme pour Toutes les morts de Laila Starr, je suis moins enthousiaste que Cacal et Alix. Pour toutes sortes de raisons. D’abord parce que si je reconnais que l’Inde a une culture très riche, l’Asie et l’Inde en particulier ne m’attirent pas du tout. Ensuite parce que si la lecture n’est pas déplaisante, l’intrigue est décousue, parfois foutraque. Mais bon, globalement, ça se laisse lire agréablement quand même ! Ram V nous propose une sorte de road trip au travers de l’Inde, avec en particulier une mise en avant de ses trésors culinaires (l’histoire de certains ingrédients est rappelée, des recettes familiales ou ancestrales sont données dans les détails). Pour le reste, les aspects polars et fantastiques pimentent l’intrigue (le piment est important d’ailleurs dans celle-ci !), mais pas au point de ma captiver outre mesure. Une lecture pas déplaisante, mais je n’y reviendrai sans doute pas – affaire de goûts peut-être…
Raja
Raja est une fresque épique en trois tomes qui nous plonge au IVe siècle av. J.-C., à l'époque où Kautilya, redoutable guerrier et stratège, rêve de devenir le souverain unique capable d'unifier le sous-continent indien. L'histoire, riche en action et en grand spectacle, évoque autant les récits mythologiques comme Gilgamesh ou la vie de Bouddha que certains mangas stratégiques à la Bokko (Stratège), où un seul homme bouleverse le monde grâce à sa force, son intelligence et son audace. Le cadre est particulièrement intéressant : l'Inde est alors morcelée en une multitude de royaumes, tandis que les conquêtes d'Alexandre le Grand, brièvement évoquées, influencent les événements. Kautilya, maître d'armes surdoué au service d'un prince, affiche une ambition démesurée. Présenté comme un héros quasi mythologique, il refuse même le trône que lui offre son roi, préférant conquérir l'Inde par ses propres moyens. Le récit enchaîne ainsi les démonstrations de sa force, de son génie tactique et de son audace, face à d'autres figures hors du commun qu'il surpasse immanquablement. Cette exagération assumée, typique du manga, pourra rebuter certains lecteurs mais donne aussi au récit un souffle grandiloquent et un rythme soutenu, permettant à l'histoire de s'achever en seulement trois volumes. En définitive, l'ensemble se lit avec plaisir : derrière les excès, on découvre un contexte historique indien soigné et dépaysant, qui donne à cette aventure héroïque un charme certain.
Far out
Auteurs d'origine du Canada, je suis tombé sur le 1er tome il y a quelques années. La lecture m'avais laissé sur la fin, j'avais envie connaitre la suite. Mais BD pas, ou très mal distribuée en France, quasi impossible à trouver. J'ai récemment acquis l'intégral qui vient d'être édité (2024). Tome 1 (2014) : Un robot amnésique essai de comprendre son histoire. Tome 2 (2015) : Conflit avec les autochtones habitants sur la planète. Tome 3 (2020) : Démêlement de l'intrigue, mais... Scénario et dessins plutôt bien maitrisés, même si je trouve les couleurs des 2 premiers tomes trop sombres. On reste un peu sur sa fin, ça ressemble plus à une "tranche de vie" qu'une histoire pleinement finie. D'ailleurs je suis incapable de dire si c'est fini ou pas, Fin ou A Suivre clairement pas identifié. Et vu l'espacement des tomes, je doute sur une suite. A lire.
L'Enfant démon
Ce genre de fantastique est assez souvent traité, de façon inégale et, en ce qui me concerne, souvent de façon décevante. La production de Corbeyran est elle aussi pléthorique, et aussi inégal. Disons qu’ici on est dans une très honnête moyenne du genre – pas forcément ce que je préfère a priori – et que les amateurs y trouveront un récit pas hyper original, mais globalement bien fichu. C’est le même duo que pour L'Homme Bouc, dans le même univers (il y a quelques rappels, mais globalement ça peut tout à fait se lire de façon indépendante), un univers qui peut éventuellement avoir d’autres suites, tant la dernière planche relance un éventuel suspens à ce propos. Du polar fantastique donc, qui lorgne parfois sur certaines séries télé, mais en se maintenant quand même un cran au-dessus. Du classique bien fait. Le dessin de Morinère est plutôt chouette (c'est même le point fort de l'album je trouve). Même si je pense préférer son travail en Noir et Blanc sur l’album précédent, sa colorisation n’est pas mal, et ses planches nocturnes sont réussies (seuls certains visages manquent parfois un peu de détails).
La vie est trop Kurt
Cet album n’est pas récent, et je m’étonne que les quelques lecteurs/aviseurs de Snug ne l’aient pas encore lu. En tout cas les amateurs du bonhomme barbu à bonnet se retrouveront ici en terrain connu, puisque Snug use de son dessin assez minimaliste et proche du fanzinat (remarque qui n’est pas ici péjorative) et franc parler pour dézinguer ce qui le gonfle. Si le travail salarié en prend encore un coup, c’est le monde de la musique (pas très classique, hein !) qui est ici le plus visé par l’ire de l’auteur. Les festivals, les cafés accueillant des musiciens (Snug a tâté des deux) sont passé sa la moulinette, de façon jouissive et le plus souvent bien sentie. Découpé en courts chapitres, cet album propose une lecture à la fois rafraichissante et engagée, mais que j’ai trouvé plaisante.
Azur Asphalte
Le dessin de Sylvain Bordesoules est très lumineux. Son travail à l’aquarelle est proche dans le rendu de celui de Pignocchi (un auteur que j’aime beaucoup – et pas seulement pour son travail graphique). En tout cas ces aquarelles lumineuses sont pour beaucoup dans l’empathie qu’on ressent pour les quelques femmes que nous suivons. En effet, leur vie est loin d’être facile, mais leur combattivité, leur propension à vivre malgré les contingences, sont sublimées par ce dessin coloré. D’ailleurs c’est étrange, ce roman graphique a de petits airs de documentaire, tant on suit au plus près ces femmes. Dont on ne nous présente qu’une tranche de vie (la fin est un peu abrupte je trouve). Mais on s’attache à elle, à leurs défauts, leur côté ordinaire et unique à la fois. Même si, du coup, l'ordinaire peine parfois - sur la longueur - à captiver. Il manque sans doute ici une dimension socio-politique à la Ken Loach. La lecture est en tout cas plaisante. Note réelle 3,5/5.