Black Gospel

Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)

« I have a dream… »


1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Nouveautés BD, comics et manga Serial killers [USA] - Nord Est

« I have a dream… » Quatre mots parmi les plus célèbres au monde, prononcés par Martin Luther King le 28 août 1963 à Washington, lors de la célèbre Marche pour le travail et la liberté. Mais quand, en août 1983, on s’apprête à célébrer le 20e anniversaire du fameux discours et que deux jeunes stagiaires d’un cabinet d’avocats de Manhattan sont retrouvées mortes chez elles, on pense qu’un tueur en série a commencé à fêter à sa manière ce jour historique… De New York à Washington, en passant par Accra, la capitale du Ghana, l’inspecteur Jack Kovalski va voir sa vie changer à jamais. Il va surtout traquer un criminel qui a toujours un coup d’avance sur lui. Le rêve se transforme en cauchemar...

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 04 Juin 2025
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Black Gospel © Robinson (Hachette) 2025
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)
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03/06/2025 | Spooky
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L'avatar du posteur Bruno Menetrier

Les auteurs ont décidé de commémorer le discours de Martin Luther King et les événements d'août 1963 à leur façon, avec un polar sombre et poisseux où se déploie toute la noirceur humaine. Un "polar historique" peu commun mais franchement réussi. Le scénariste Laurent-Frédéric Bollée est bien connu de nos services : ce journaliste adepte des sports mécaniques a signé plusieurs BD dont la magistrale histoire de La Bombe atomique. Le voici associé avec le dessinateur Boris Beuzelin, un habitué des albums "policiers" et des adaptations de romans noirs (Siniac, Fajardie, ...), et tous deux célèbrent à leur façon le fameux discours du Dr. Martin Luther King Jr. le 28 août 1963 à Washington. Notons au passage que cet album Black Gospel est sorti en juin et bénéficie d'un joli coup de projecteur grâce à l'inénarrable Trump qui vient tout juste de déclassifier les dossiers relatifs à l'assassinat de Martin Luther King (en 68) ! Laurent-Frédéric Bollée n'a pas oublié son métier de journaliste et il a construit l'arrière-plan historique de son intrigue sur plusieurs faits bien réels. On l'a dit, le 28 août 1963, Martin Luther King prononce son fameux discours ponctué de quatre mots devenus les plus célèbres de l'Histoire : « I have a dream ». Le jour même deux jeunes femmes blanches sont assassinées à Washington, c'est l'affaire des Career Girls dont le coupable ne sera jamais identifié. Et la veille du célèbre discours, William Edward Burghardt Du Bois, un intellectuel black (que l'on peut voir comme l'un des précurseurs de Martin Luther King) s'éteint au Ghana où il avait fui les persécutions US. Depuis cette gigantesque manifestation d'août 1963, chaque année des cérémonies sont organisées à Washington, en mémoire du discours emblématique contre la ségrégation raciale. En août 1983, Washington s'apprête à commémorer le vingtième anniversaire du discours de Martin Luther King. Au même moment, la police du NYPD découvre à Manhattan deux jeunes femmes noires sauvagement poignardées. Elles démarraient leur carrière comme avocates. Sur le mur un message sibyllin, inscrit en lettres de sang : M2817. L'assassin semble vouloir jouer les copycat du double meurtre sauvage d'août 63. « [...] Voir qu'un type recrée un meurtre vieux de vingt ans à New York me fait dire qu'on n'est pas à l'abri ici à Washington ... » Un flic de New York, Jack Kovalski, va devoir faire équipe avec un collègue de Washington, Jimmy Chang, d'origine asiatique et Kovalski propose d'emblée une franche et virile collaboration : « Ne te fais pas d'illusions Shanghaï. Les jaunes m'ont toujours cassé les couilles ». Kovalski n'aime pas trop les noirs non plus : son père et son grand-père étaient flics et « les deux se sont fait buter en patrouille par des noirs ». Voilà, quelques cases et le décor est posé ! Mais quels sont les liens entre ces personnages, entre ces événements, entre ces dates ? Les meurtres aux États-Unis de 1983 ont-ils leurs racines dans le Ghana de 1963 ? Si l'intrigue est celle d'un polar on ne peut plus classique, c'est également un album nourri d'une belle documentation et L.F. Bollée nous apprendra plein de choses sur ces personnages et événements réels, d'autant que les auteurs ont choisi une structure en flash-back empruntée aux romans. À l'aide d'allers-retours entre les périodes (1963, 1983, 2013, ...), l'imbrication complexe entre les différents éléments de l'intrigue reste fluide et permet de faire connaissance peu à peu avec chaque personnage et son passé. Côté dessins, le noir & blanc est décidément très à la mode et celui de Boris Beuzelin, très contrasté, très noir (sans mauvais jeu de mots), exsude toute la sombre et poisseuse violence qui convenait à ce récit. Car il s'agit bien d'une histoire bien noire où l'on devine un prêtre animé des pires desseins, pris dans une folie toute personnelle.

23/07/2025 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
L'avatar du posteur Spooky

Le scénariste Laurent-Frédéric Bollée commence à avoir une belle carrière derrière lui, et il a encore de quoi faire de belles choses pour les décennies à venir. Il souhaitait depuis longtemps faire une BD parlant du fameux discours de Martin Luther King, en 1963, au cours duquel il déclama le fameux "I have a dream...". Mais raconté par le petit bout de la lorgnette. Il s'est alors intéressé à un double meurtre ayant eu lieu la veille, celui des career girls, qui a été complètement éclipsé par le fameux discours. Et a commencé à imaginer quelque chose de similaire, l'œuvre d'un copycat. De fil en aiguille les différents éléments ont été intégrés à son script, et c'est ainsi qu'un flic de New York débarque à Washington sur la piste de ce copycat. L'histoire en elle-même est un polar, certes de bonne facture, mais assez classique en elle-même dans son déroulement, avec cependant quelques petits éléments tirés par les cheveux. Mais cela ne nuit pas vraiment à l lecture et au suivi de l'enquête, qui est plutôt intéressante. Bollée se réclame de l'influence de James Ellroy, et je pense qu'il se débrouille pas mal. Boris Beuzelin, lui, revendique une inspiration du côté de Frank Miller pour sa gestion du noir et blanc, et si la maîtrise est un peu fluctuante, il y a de vraise superbes cases dans ce noir et blanc tétanisant. J'y vois aussi un peu de Brüno pour l'épure sur certains passages. Une vraie réussite.

03/06/2025 (modifier)