Miss Endicott me semblait être la victime idéale, une héroïne discrète, pas vraiment belle...
Pauvre de moi! Miss Endicott m'a bien eu! Moi qui pourtant aime l'exubérance, les femmes aux opulentes poitrines Corbeniennes, les héroïnes Bigger than life façon Martha, la Liberty de Miller... voilà que je succombe au charme discret de la délicate Prudence Endicott.
Car le principal atout de Miss Endicott est son charme, un charme indéniable, une personnalité, un vrai charisme. Un personnage présenté avec tant de soin, introduit par une scène si éloquente, qu'il se montre digne d'intérêt des sa première apparition. Un phénomène aussi rare qu'appréciable.
Miss Endicott évolue dans un univers des plus réussis, cette ville jamais nommée, si mystérieuse, si envoûtante m'a rappelé le magnifique Londres de Loisel.
A moins que le style de Fourquemin me fasse furieusement penser aux dessins de l'auteur de Peter Pan... Qu'importe en fait... laissont de côté les analyses formelles et promenons nous dans le brouillard avec Prudence Endicott. L'atmosphère est extraordinaire, le plaisir est jusque là garanti!
Une ambiance maîtrisée suffit à élever une BD au rang d'oeuvre fort respectable, quand en plus le scénario est inventif, prenant et divertissant ça devient une vraie réussite. C'est le cas pour Miss Endicott, bien des genres sont brassés avec simplicité et brio, du polar à l'aventure, en passant par le fantastique, quand au mélo... il est évité avec soin.
L'intrigue semble désinvolte mais est très soigné. Je ne me suis pas ennuyé une seconde le long de ces quatre vingt pages, j'étais même à la fois patient de finir tout en redoutant l'arrivée à la dernière case. Je voulais que cette lecture dure...
Quand la fin est arrivée, ce que je craignais s'est produit. Comme dans pas mal de diptyques de qualité, l'histoire touche son point culminant, et de surcroit, les auteurs se payent le luxe de nous gratifier d'un cliffhanger de la mort, juste histoire de bien nous travailler au corps.
Hélas, la lecture du tome deux s'apparente au réveil difficile de celui qui a une belle gueule de bois. L'histoire s'évapore dans les méandres d'un univers différent, la fin de la série est tout simplement indigne de la première partie. Une première partie qui, si bonne soit elle ne saurait se suffire à elle même. Dire qu'au début cette BD m'avait tant plu, qu'elle reprenait tant de thème que j'aime tant. Fort dommage.
JJJ
Le britannique Sean Phillips que personne ou presque, ne connaissait dans notre beau pays il y a encore quelques mois, fait une entrée plutôt remarquée, trois albums illustrés de sa main paraissant quasiment coup sur coup en France.
Passons rapidement sur ses autres oeuvres, le très fun et sympatoche Marvel zombies et le très dispensable Sept psychopathes, pour entrer dans le vif du sujet, les entrailles de Criminal.
Criminal est incontestablement une BD plus passionnante que les oeuvres précitées. Criminal est un polar de grande qualité. Je parlais d'entrailles, j'aurais du aller plus loin et parler de tripes, tant le mot viscéral prend du sens à la lecture de Criminal...
Avant de continuer, évoquons l'ambiance sombre de cette BD, parfaite pour que le trait acéré de Sean Phillips puisse pleinement s'y épanouir. Il n'y a pas ici de découpage stylé, de grandes cases représentant une douzaines de héros, ou, d'épiques illustrations en pleine page, comme l'on a pu en voir dans Marvel zombies. Non, dans Criminal les plans sont serrés, les cases cadrant les visages au plus près s'enchaînent de façon très dynamiques, presque cut, les expressions paraissent saisies sur le vif, l'enchaînement est rapide, l'atmosphère semble oppressante... Sean Phillips s'en sort magnifiquement bien, si ses dessins ne sont pas parmi les plus spectaculaires, ses personnages sont vivants, l'action est très lisible. Chapeau l'artiste!
Quant au scénariste, Ed Brubaker, il fait honneur à sa réputation de spécialiste du polar. Le premier tome de Criminal s'impose déjà comme un modèle du genre.
Comme beaucoup d'intrigues très intelligentes, celle-ci est d'une simplicité déroutante, plusieurs questions se posent, trouvent des réponses inattendues, les pistes sont multiples mais convergent, tout en ménageant des surprises... et le scénario offre même une passionnante sous intrigue en double lecture. Bien entendu, comme dans tout scénario réussi, il n'y a ni complaisance ni trace de facilité maladroite, Brubaker maîtrise son sujet!
Une des forces de cet auteur est également de savoir construire des personnages ayant une vraie personnalité, en ce qui concerne le héros, Leo, on peut même aller jusqu'à parler de philosophie, et les second rôles bénéficient d'un vrai caractère bien défini. Les personnages sont nombreux, les interactions entre eux également, et, compte tenu de la psychologie assez inédite de certains - Je pense à Yvan, un vieux monsieur avec qui Leo entretient une relation assez particulière - ces relations sont assez surprenantes, parfois incongrues. Je pourrai presque parler de situation quelquefois drôles, si l'ambiance n'était pas aussi pesante.
Les personnages sont si attachants, que les drames qui les touchent au long de l'histoire, qu'ils soient liés ou non à l'intrigue, touchent du même coup le lecteur, même si tout ce petit monde est loin d'être constitué d'enfants de coeur.
Que dire de la suite qui ne cesse de gagner en intensité ? Pas grand chose, il suffit de se laisser porter par le flot malsain instillé en ces pages pas Phillips et Brubaker. Il suffit d'ouvrir les yeux et garder ses sens en éveil en surveillant la porte... Qui sait quel monstre la nature peut engendrer en ces ruelles sombres ?
Quand l'on constate en lisant les différents tomes que ces les histoires indépendantes offrent des intrigues noires toutes plus intelligentes les unes que les autres et liées de façon ténue de surcroit, c'est un plaisir absolu. Aucunement bloquant pour le lecteur qui se bornerait à lire indépendamment Putain de Nuit par exemple et tomberait sur un chef d'œuvre. Absolument réjouissant pour qui lit et relit toute la série en s'amusant à déceler les liens entre les tomes.
J'adore Criminal, oeuvre excellente et forte, qui parvient habilement à transcender un genre si usité que bon nombre d'autres oeuvres de fictions, quelle soient en bandes dessinées ou d'autre nature, s'y sont cassés les dents.
Si vous aimez les polars, lisez Criminal, car il est le polar ultime en BD.
JJJ
Force est de le constater : la collection poisson pilote est une véritable bijouterie tant les perles y sont présentes. Miss pas touche ne déroge pas à cette règle.
L’histoire nous entraîne dans le Paris des années trente où nous suivons les tribulations de deux sœurs, Blanche et Agathe, employées de maison. A la suite de l’assassinat de cette dernière et afin de retrouver le meurtrier, Blanche, vierge de son état, se fait alors engager au Pompadour. Un des bordels les plus prisés de la capitale.
Ce postulat de départ nous convie donc à suivre le quotidien de cette jeune femme dans un univers rarement rose : des scènes sado-maso aux meurtres en passant par la visite médicale, rien ne nous est épargné.
L’époque et les usages dépeints semblent vraiment très réalistes et le travail accompli par le scénariste est digne d’une thèse (j’exagère à peine).
Ecrit de cette manière, nous pourrions croire à un n-ième drame sur la prostitution mais non, le visuel décalé de l’œuvre nous permet un certain détachement, voire même un détachement certain, par rapport à son scénario. Cette démarche des plus contemporaines en agace habituellement plus d’un mais j’avoue que ce n’est pas mon cas. Du moins ici.
Puisque je suis dans la partie graphique, j’en profite pour signaler que le dessin du duo Kerascoët est moderne, infiniment expressif et joliment mis en couleurs. Je soupçonne toutefois les intéressés d’avoir été prendre des cours du soir chez Sfar tant il rappelle ses œuvres.
En conclusion, je ne peux donc que vous inviter à suivre les aventures de Blanche dans cette véritable étude de mœurs qu’est Miss pas touche.
Adepte de la bouteille (d’eau) pleine plutôt que vide, je lui attribue un quatre étoiles amplement mérité.
Chaudement recommandé par mon libraire, j'ai acheté cette bande dessinée les yeux fermés.
D'abord il y a Kris, scénariste ô combien talentueux et Maël, qui aligne depuis quelques années quelques pépites.
Décidemment la guerre de 14 inspire les scénaristes depuis peu de temps (mettons évidemment de côté Tardi, LE dessinateur sur la grande guerre). De Mattéoà L'Or et le Sang, en passant par La Tranchée(qui d'ailleurs offre à peu près le même thème, celui d'une enquête sur un meurtre au milieu des tranchées), la Der des ders n'en finit pas d'inspirer la bd.
Dans ce premier volume, d'ailleurs fort réussi, plus que l'aspect enquête, c'est l'ambiance, la vie des tranchées qui domine.
Une très belle entrée en matière servie par un superbe dessin de Maël.
D'ailleurs, je ne cesse d'ouvrir ce livre pour seulement admirer les dessins.
Les dialogues et récitatifs de Kris font mouche.
Un album sorti quasiment dans la discrétion et qui mérite vraiment que l'on s'y attarde.
Une très bonne surprise de cette rentrée
A découvrir.
Moi j'ai commencé par le Mystère Egyptchien le tome 5. J'ai aimé la démarche et les dessins très cartoons m'ont plu par leur dynamisme. Je viens d'acheter le 6 Malbouffe dans un festival et je l'ai fait dédicacer par Dirick qui est un auteur très sympa qui se prend pas la tête. Je n'ai pas été déçu. Ce sont les deux volumes que j'ai lus mais ils me donnent envie de lire les autres.
Je n'aime pas les mangas mais j'arrive à me forcer quand le contenu est de qualité.
"Demain les Oiseaux" m'a plu de bout en bout. Le scénario est intelligent, rythmé et maitrisé.
Les 19 chapitres peuvent se lire indépendamment mais forment une histoire complète sur l'avènement de la civilisation au pouvoir sur la terre.
Le parallèle avec la civilisation est bien narré. L'auteur décortique leur société avec brio. Il ne faut pas se leurrer, ce récit démontre les absurdités du règne humain avant tout car les oiseaux reproduisent exactement les mêmes erreurs que les hommes.
Le final est bien senti et clos admirablement ce petit pavé de 320 pages.
Ce one shot doit être la BD au meilleur rapport qualité / prix que je connaisse. En effet, le prix de vente n'est que de 10,50 euros, moins de 10 euros avec les 5%.
Si cette BD avait été imprimée dans le sens franco belge, j'aurai peut être mis un 5/5. Sauf erreur de ma part, il suffit de faire un mirroring au dessin. Je trouve pénible de lire à contre sens, sachant que je lis un manga tous les 36 du mois....
En tout cas, je suis heureux de cette lecture, j'ai déjà converti cet emprunt en achat. J'ai même passé commande avant d'avoir terminé d'en lire le tiers. Une première !!!
Avec un tel prix, je ne peux que conseiller vivement l'achat.
On ne ressort pas indemne d'une telle lecture (malgré déjà 1500 avis déposés). Moi, j'ai éprouvé beaucoup de colère contre une société qui laisse faire ce genre de choses totalement inadmissible. Oui, de la colère contre ces hommes qui se croient de véritables mâles en dominant leur femme tout en s'abreuvant de canettes de bière. Il n'existe pas plus vil ... Je suis totalement bouleversé par la dernière image. :((
Si je pouvais éradiquer d'un cou de baguette magique ce fléau qui gangrène la société, je n'hésiterais pas une seule seconde à le faire. Pourquoi ne pas créer des comités de vigilance dans chaque quartier pour éviter que de tel drame ne survienne ? S'il faut passer par la dénonciation pour lutter contre ces êtres ignobles, alors oui. En n'oubliant pas de durcir la loi au maximum ... Bien entendu, ceci est mon parti pris personnel que m'a inspiré une telle lecture. Les monstres modernes doivent être combattus et pas seulement par des super-héros issus du passé ...
Cette bd a le mérite de parler d'un sujet difficile en ne tournant pas autour du pot de manière hypocrite. Il n'y a point de sensiblerie inutile. C'est vrai que beaucoup de lecteurs éprouveront certainement un malaise devant notre impuissance. Mais il ne faut pas ... Il faut voir la réalité en face et agir en conséquence même s'il est difficile de rentrer dans l'intimité d'un couple. Cette lecture est d'utilité publique.
Presque inconditionnelle de "tout Cosey", ce qui est appelé "bons sentiments" me fait surtout l'effet d'une brise fraîche et humaine, en toute simplicité, dans un monde fait de beaucoup de brutalité.
Le Bouddha d'Azur nous ramène au Tibet de Jonathan, le Tibet vu par Cosey, avec tendresse et comme de l'intérieur. Un autre regard sur l'autre.
Pour mon 900ème avis, j'ai décidé de choisir une série que je ne connais que depuis quelques temps et qui fait déjà parti de mes séries humoristiques préférées. Avec 'Raymond Calbuth', Tronchet est encore plus drôle que dans sa série Jean-Claude Tergal. Je ne pensais pas que c'était possible !
La force de la série est la personnalité de Raymond et sa femme. Ils sont tous les deux cinglés et les voir croire à leurs propres fabulations est très amusant. La série ne m'ennuie pas une seconde car elle est totalement imprévisible. Impossible de savoir quelle connerie Raymond va inventer. Chaque fois que je me dis que c'est impossible d'être aussi stupide, il fait quelque chose qui est plus stupide ! Un vrai champion du monde.
Avec ce genre de BD, il n'y a pas d'explications qui tiennent. Soit on s'immerge totalement dans le récit soit on en reste complètement étranger.
Il s'agit d'un pur roman graphique où il ne se passe rien de remarquable, si ce n'est un moment de vie avec une famille.
Celle-ci se réunit chez les parents qui annoncent leur volonté de divorcer au bout de quarante ans de mariage. La suite est à lire, on apprend à connaître les 3 enfants et leurs propres enfants. Il y a bien quelques autres personnages mais l'ensemble du récit se concentre sur les membres de la famille.
La narration est excellente, cette BD se lit avec une facilité déconcertante. Le dessin est très moyen mais a le mérite d'être lisible. Les relations priment dans ce genre d'histoire.
J'ai pensé à Blankets - Manteau de neige sur la forme et le fond.
En raison de son prix et de sa longueur, je ne conseille cette BD qu'aux adeptes des romans graphiques.
J'ai adoré, je suis convaincu que d'autres ressentiront le même plaisir en lisant ce pavé.
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Miss Endicott
Miss Endicott me semblait être la victime idéale, une héroïne discrète, pas vraiment belle... Pauvre de moi! Miss Endicott m'a bien eu! Moi qui pourtant aime l'exubérance, les femmes aux opulentes poitrines Corbeniennes, les héroïnes Bigger than life façon Martha, la Liberty de Miller... voilà que je succombe au charme discret de la délicate Prudence Endicott. Car le principal atout de Miss Endicott est son charme, un charme indéniable, une personnalité, un vrai charisme. Un personnage présenté avec tant de soin, introduit par une scène si éloquente, qu'il se montre digne d'intérêt des sa première apparition. Un phénomène aussi rare qu'appréciable. Miss Endicott évolue dans un univers des plus réussis, cette ville jamais nommée, si mystérieuse, si envoûtante m'a rappelé le magnifique Londres de Loisel. A moins que le style de Fourquemin me fasse furieusement penser aux dessins de l'auteur de Peter Pan... Qu'importe en fait... laissont de côté les analyses formelles et promenons nous dans le brouillard avec Prudence Endicott. L'atmosphère est extraordinaire, le plaisir est jusque là garanti! Une ambiance maîtrisée suffit à élever une BD au rang d'oeuvre fort respectable, quand en plus le scénario est inventif, prenant et divertissant ça devient une vraie réussite. C'est le cas pour Miss Endicott, bien des genres sont brassés avec simplicité et brio, du polar à l'aventure, en passant par le fantastique, quand au mélo... il est évité avec soin. L'intrigue semble désinvolte mais est très soigné. Je ne me suis pas ennuyé une seconde le long de ces quatre vingt pages, j'étais même à la fois patient de finir tout en redoutant l'arrivée à la dernière case. Je voulais que cette lecture dure... Quand la fin est arrivée, ce que je craignais s'est produit. Comme dans pas mal de diptyques de qualité, l'histoire touche son point culminant, et de surcroit, les auteurs se payent le luxe de nous gratifier d'un cliffhanger de la mort, juste histoire de bien nous travailler au corps. Hélas, la lecture du tome deux s'apparente au réveil difficile de celui qui a une belle gueule de bois. L'histoire s'évapore dans les méandres d'un univers différent, la fin de la série est tout simplement indigne de la première partie. Une première partie qui, si bonne soit elle ne saurait se suffire à elle même. Dire qu'au début cette BD m'avait tant plu, qu'elle reprenait tant de thème que j'aime tant. Fort dommage. JJJ
Criminal
Le britannique Sean Phillips que personne ou presque, ne connaissait dans notre beau pays il y a encore quelques mois, fait une entrée plutôt remarquée, trois albums illustrés de sa main paraissant quasiment coup sur coup en France. Passons rapidement sur ses autres oeuvres, le très fun et sympatoche Marvel zombies et le très dispensable Sept psychopathes, pour entrer dans le vif du sujet, les entrailles de Criminal. Criminal est incontestablement une BD plus passionnante que les oeuvres précitées. Criminal est un polar de grande qualité. Je parlais d'entrailles, j'aurais du aller plus loin et parler de tripes, tant le mot viscéral prend du sens à la lecture de Criminal... Avant de continuer, évoquons l'ambiance sombre de cette BD, parfaite pour que le trait acéré de Sean Phillips puisse pleinement s'y épanouir. Il n'y a pas ici de découpage stylé, de grandes cases représentant une douzaines de héros, ou, d'épiques illustrations en pleine page, comme l'on a pu en voir dans Marvel zombies. Non, dans Criminal les plans sont serrés, les cases cadrant les visages au plus près s'enchaînent de façon très dynamiques, presque cut, les expressions paraissent saisies sur le vif, l'enchaînement est rapide, l'atmosphère semble oppressante... Sean Phillips s'en sort magnifiquement bien, si ses dessins ne sont pas parmi les plus spectaculaires, ses personnages sont vivants, l'action est très lisible. Chapeau l'artiste! Quant au scénariste, Ed Brubaker, il fait honneur à sa réputation de spécialiste du polar. Le premier tome de Criminal s'impose déjà comme un modèle du genre. Comme beaucoup d'intrigues très intelligentes, celle-ci est d'une simplicité déroutante, plusieurs questions se posent, trouvent des réponses inattendues, les pistes sont multiples mais convergent, tout en ménageant des surprises... et le scénario offre même une passionnante sous intrigue en double lecture. Bien entendu, comme dans tout scénario réussi, il n'y a ni complaisance ni trace de facilité maladroite, Brubaker maîtrise son sujet! Une des forces de cet auteur est également de savoir construire des personnages ayant une vraie personnalité, en ce qui concerne le héros, Leo, on peut même aller jusqu'à parler de philosophie, et les second rôles bénéficient d'un vrai caractère bien défini. Les personnages sont nombreux, les interactions entre eux également, et, compte tenu de la psychologie assez inédite de certains - Je pense à Yvan, un vieux monsieur avec qui Leo entretient une relation assez particulière - ces relations sont assez surprenantes, parfois incongrues. Je pourrai presque parler de situation quelquefois drôles, si l'ambiance n'était pas aussi pesante. Les personnages sont si attachants, que les drames qui les touchent au long de l'histoire, qu'ils soient liés ou non à l'intrigue, touchent du même coup le lecteur, même si tout ce petit monde est loin d'être constitué d'enfants de coeur. Que dire de la suite qui ne cesse de gagner en intensité ? Pas grand chose, il suffit de se laisser porter par le flot malsain instillé en ces pages pas Phillips et Brubaker. Il suffit d'ouvrir les yeux et garder ses sens en éveil en surveillant la porte... Qui sait quel monstre la nature peut engendrer en ces ruelles sombres ? Quand l'on constate en lisant les différents tomes que ces les histoires indépendantes offrent des intrigues noires toutes plus intelligentes les unes que les autres et liées de façon ténue de surcroit, c'est un plaisir absolu. Aucunement bloquant pour le lecteur qui se bornerait à lire indépendamment Putain de Nuit par exemple et tomberait sur un chef d'œuvre. Absolument réjouissant pour qui lit et relit toute la série en s'amusant à déceler les liens entre les tomes. J'adore Criminal, oeuvre excellente et forte, qui parvient habilement à transcender un genre si usité que bon nombre d'autres oeuvres de fictions, quelle soient en bandes dessinées ou d'autre nature, s'y sont cassés les dents. Si vous aimez les polars, lisez Criminal, car il est le polar ultime en BD. JJJ
Miss Pas Touche
Force est de le constater : la collection poisson pilote est une véritable bijouterie tant les perles y sont présentes. Miss pas touche ne déroge pas à cette règle. L’histoire nous entraîne dans le Paris des années trente où nous suivons les tribulations de deux sœurs, Blanche et Agathe, employées de maison. A la suite de l’assassinat de cette dernière et afin de retrouver le meurtrier, Blanche, vierge de son état, se fait alors engager au Pompadour. Un des bordels les plus prisés de la capitale. Ce postulat de départ nous convie donc à suivre le quotidien de cette jeune femme dans un univers rarement rose : des scènes sado-maso aux meurtres en passant par la visite médicale, rien ne nous est épargné. L’époque et les usages dépeints semblent vraiment très réalistes et le travail accompli par le scénariste est digne d’une thèse (j’exagère à peine). Ecrit de cette manière, nous pourrions croire à un n-ième drame sur la prostitution mais non, le visuel décalé de l’œuvre nous permet un certain détachement, voire même un détachement certain, par rapport à son scénario. Cette démarche des plus contemporaines en agace habituellement plus d’un mais j’avoue que ce n’est pas mon cas. Du moins ici. Puisque je suis dans la partie graphique, j’en profite pour signaler que le dessin du duo Kerascoët est moderne, infiniment expressif et joliment mis en couleurs. Je soupçonne toutefois les intéressés d’avoir été prendre des cours du soir chez Sfar tant il rappelle ses œuvres. En conclusion, je ne peux donc que vous inviter à suivre les aventures de Blanche dans cette véritable étude de mœurs qu’est Miss pas touche. Adepte de la bouteille (d’eau) pleine plutôt que vide, je lui attribue un quatre étoiles amplement mérité.
Notre Mère la Guerre
Chaudement recommandé par mon libraire, j'ai acheté cette bande dessinée les yeux fermés. D'abord il y a Kris, scénariste ô combien talentueux et Maël, qui aligne depuis quelques années quelques pépites. Décidemment la guerre de 14 inspire les scénaristes depuis peu de temps (mettons évidemment de côté Tardi, LE dessinateur sur la grande guerre). De Mattéoà L'Or et le Sang, en passant par La Tranchée(qui d'ailleurs offre à peu près le même thème, celui d'une enquête sur un meurtre au milieu des tranchées), la Der des ders n'en finit pas d'inspirer la bd. Dans ce premier volume, d'ailleurs fort réussi, plus que l'aspect enquête, c'est l'ambiance, la vie des tranchées qui domine. Une très belle entrée en matière servie par un superbe dessin de Maël. D'ailleurs, je ne cesse d'ouvrir ce livre pour seulement admirer les dessins. Les dialogues et récitatifs de Kris font mouche. Un album sorti quasiment dans la discrétion et qui mérite vraiment que l'on s'y attarde. Une très bonne surprise de cette rentrée A découvrir.
Une enquête de l'inspecteur Klebs
Moi j'ai commencé par le Mystère Egyptchien le tome 5. J'ai aimé la démarche et les dessins très cartoons m'ont plu par leur dynamisme. Je viens d'acheter le 6 Malbouffe dans un festival et je l'ai fait dédicacer par Dirick qui est un auteur très sympa qui se prend pas la tête. Je n'ai pas été déçu. Ce sont les deux volumes que j'ai lus mais ils me donnent envie de lire les autres.
Demain les Oiseaux
Je n'aime pas les mangas mais j'arrive à me forcer quand le contenu est de qualité. "Demain les Oiseaux" m'a plu de bout en bout. Le scénario est intelligent, rythmé et maitrisé. Les 19 chapitres peuvent se lire indépendamment mais forment une histoire complète sur l'avènement de la civilisation au pouvoir sur la terre. Le parallèle avec la civilisation est bien narré. L'auteur décortique leur société avec brio. Il ne faut pas se leurrer, ce récit démontre les absurdités du règne humain avant tout car les oiseaux reproduisent exactement les mêmes erreurs que les hommes. Le final est bien senti et clos admirablement ce petit pavé de 320 pages. Ce one shot doit être la BD au meilleur rapport qualité / prix que je connaisse. En effet, le prix de vente n'est que de 10,50 euros, moins de 10 euros avec les 5%. Si cette BD avait été imprimée dans le sens franco belge, j'aurai peut être mis un 5/5. Sauf erreur de ma part, il suffit de faire un mirroring au dessin. Je trouve pénible de lire à contre sens, sachant que je lis un manga tous les 36 du mois.... En tout cas, je suis heureux de cette lecture, j'ai déjà converti cet emprunt en achat. J'ai même passé commande avant d'avoir terminé d'en lire le tiers. Une première !!! Avec un tel prix, je ne peux que conseiller vivement l'achat.
Inès
On ne ressort pas indemne d'une telle lecture (malgré déjà 1500 avis déposés). Moi, j'ai éprouvé beaucoup de colère contre une société qui laisse faire ce genre de choses totalement inadmissible. Oui, de la colère contre ces hommes qui se croient de véritables mâles en dominant leur femme tout en s'abreuvant de canettes de bière. Il n'existe pas plus vil ... Je suis totalement bouleversé par la dernière image. :(( Si je pouvais éradiquer d'un cou de baguette magique ce fléau qui gangrène la société, je n'hésiterais pas une seule seconde à le faire. Pourquoi ne pas créer des comités de vigilance dans chaque quartier pour éviter que de tel drame ne survienne ? S'il faut passer par la dénonciation pour lutter contre ces êtres ignobles, alors oui. En n'oubliant pas de durcir la loi au maximum ... Bien entendu, ceci est mon parti pris personnel que m'a inspiré une telle lecture. Les monstres modernes doivent être combattus et pas seulement par des super-héros issus du passé ... Cette bd a le mérite de parler d'un sujet difficile en ne tournant pas autour du pot de manière hypocrite. Il n'y a point de sensiblerie inutile. C'est vrai que beaucoup de lecteurs éprouveront certainement un malaise devant notre impuissance. Mais il ne faut pas ... Il faut voir la réalité en face et agir en conséquence même s'il est difficile de rentrer dans l'intimité d'un couple. Cette lecture est d'utilité publique.
Le Bouddha d'Azur
Presque inconditionnelle de "tout Cosey", ce qui est appelé "bons sentiments" me fait surtout l'effet d'une brise fraîche et humaine, en toute simplicité, dans un monde fait de beaucoup de brutalité. Le Bouddha d'Azur nous ramène au Tibet de Jonathan, le Tibet vu par Cosey, avec tendresse et comme de l'intérieur. Un autre regard sur l'autre.
Raymond Calbuth
Pour mon 900ème avis, j'ai décidé de choisir une série que je ne connais que depuis quelques temps et qui fait déjà parti de mes séries humoristiques préférées. Avec 'Raymond Calbuth', Tronchet est encore plus drôle que dans sa série Jean-Claude Tergal. Je ne pensais pas que c'était possible ! La force de la série est la personnalité de Raymond et sa femme. Ils sont tous les deux cinglés et les voir croire à leurs propres fabulations est très amusant. La série ne m'ennuie pas une seconde car elle est totalement imprévisible. Impossible de savoir quelle connerie Raymond va inventer. Chaque fois que je me dis que c'est impossible d'être aussi stupide, il fait quelque chose qui est plus stupide ! Un vrai champion du monde.
Bottomless Belly Button (nombril sans fond)
Avec ce genre de BD, il n'y a pas d'explications qui tiennent. Soit on s'immerge totalement dans le récit soit on en reste complètement étranger. Il s'agit d'un pur roman graphique où il ne se passe rien de remarquable, si ce n'est un moment de vie avec une famille. Celle-ci se réunit chez les parents qui annoncent leur volonté de divorcer au bout de quarante ans de mariage. La suite est à lire, on apprend à connaître les 3 enfants et leurs propres enfants. Il y a bien quelques autres personnages mais l'ensemble du récit se concentre sur les membres de la famille. La narration est excellente, cette BD se lit avec une facilité déconcertante. Le dessin est très moyen mais a le mérite d'être lisible. Les relations priment dans ce genre d'histoire. J'ai pensé à Blankets - Manteau de neige sur la forme et le fond. En raison de son prix et de sa longueur, je ne conseille cette BD qu'aux adeptes des romans graphiques. J'ai adoré, je suis convaincu que d'autres ressentiront le même plaisir en lisant ce pavé.