Cette lecture dans l'âme du Kyudo s'est révélée très enrichissante de la pratique de ce sport dans le Japon médiéval du XVème siècle. C'était d'ailleurs plus qu'un sport puisque les enjeux entre clans étaient importants. Il s'agissait de tirer le plus grand nombre de flèches en 24 heures d'un bout à l'autre d'une galerie extérieure d'un temple. Il y avait comme une espèce de fièvre à battre le record. Les samouraïs qui n'y parvenaient pas se suicidaient sur le champ, tant l'honneur était quelque chose de primordial. Il y a incontestablement beaucoup de noblesse dans ce jeu qui pouvait se révéler fatal.
J'ai adoré cette très longue lecture de 436 pages car elle retrace le chemin parcouru par un jeune paysan Kanza pour atteindre son but. Il veut d'abord venger la mort de son père mais sa quête se transformera vite par l'entrainement du tôshiya.
Le schéma n'est pourtant pas nouveau : un jeune disciple essaie de dépasser sa condition physique et sa condition sociale également en accomplissant un exploit. Il se fait aider par un maître vieux et expérimenté et commence alors un dur entraînement.
Cependant, le déroulement sera plus ardu que l'on ne pense car l'entraînement durera près de 10 ans. Il y a alors beaucoup plus de crédibilité dans l'action et dans l'effort accompli. Oui, j'aime ces valeurs que sont le travail et l'effort accompli pour parvenir à un but ultime à force de courage et de détermination. C'est quelque fois pénible en raison non seulement de la concurrence acharnée mais également des conditions climatiques dépendant de la chance. Il y a également les coups tordus, les tricheries et les tracasseries administratives.
L'art du tir à l'arc a son manga culte. Je pense qu'on pourra difficilement faire mieux. A travers cela, il y a également l'émergence de valeurs intemporelles qui peuvent encore servir aujourd'hui. Les illusions, les doutes et les échecs font partie de la vie de chacun. Cela nous permet de progresser et de finalement trouver la voie de la réussite. En cela, cette lecture s'est trouvée enrichissante. Ce ne sont pas que des mots ou des flèches ...
Décidément ces deux-là ont un grand talent !
On avait découvert Benjamin Flao et son trait réaliste dans La Ligne de fuite, il y a deux ans. A l'époque son trait me semblait manquer d'un peu de maturité, mais il me semblait voué à faire de grandes choses. C'est déjà chose faite avec ces "Mauvais garçons", cette chronique désenchantée de deux chiens fous que l'amour du flamenco consume. La plupart des planches sont juste magnifiques, une petite minorité manquant un peu de maîtrise. Mais le choix des cadrages, des ambiances et des plans montre la maturité du jeune auteur nantais.
Son complice Christophe Dabitch a planté cette fois le décor en Andalousie, de nos jours, dans un village où le temps semble paresseux, où les deux héros traînent leur mélancolie au milieu des vieux qui radotent, mégotent, ergotent tout en sirotant leur jaja quotidien. Un village dont quelques tranches de vie sont montrées, comme des ponctuations à l'histoire de Manuel et Benito, l'un espagnol ayant vécu en France, l'autre d'origine gitane, si différents et si riches de cette différence...
Leur amour du flamenco et des femmes les mènera à leur perte... ou pas. C'est dans ce jeu des nuances que se situe l'âme de ce diptyque plein de grâce, de splendeur et de rythme chaloupé.
L'amour de la musique, après Rébétiko, semble inspirer les gens chez Futuropolis...
Troisième tome des aventures de Brice, cet album est aussi le meilleurs … et le plus coloré. Alors, déjà que j’avais bien apprécié les récits précédents, vous imaginez aisément dans quel état d’excitation m’a laissé celui-là !
La recette devient classique. Brice garde tout son charisme et continue de grandir. Avec son personnage, Marc Vlieger signe un coup de maître, car il peut lui faire gagner de la maturité à chaque nouveau récit. J’ai particulièrement apprécié les interrogations du héros face à sa place dans la société, et au rôle qu’il désire y jouer. De plus, l'arrivée de Rufus depuis Les Fils de la racaille permet à l'auteur de constituer un duo complémentaire très efficace (surtout dans sa dimension humoristique).
Mais si cet album est aussi réussi, c’est parce qu’il parvient à combiner plusieurs autres éléments.
Tout d’abord, une intrigue classique mais rondement menée. Le destin de ce vieil ermite m’a ému, les péripéties s’enchainent logiquement pour parvenir à la tragique conclusion.
A plusieurs égards, je trouve que ce troisième album se rapproche plus de l’univers d’un Etienne Davodeau (« Le Réflexe de survie », « Lulu Femme Nue ») que les précédents (que j’associais plus au travail de Baru). Raisons principales de cette comparaison : la tendresse, l’humour, l’humanité de la plupart des personnages de cet album, mais aussi son cadre plus champêtre, plus rural.
Chez Vlieger, certains « méchants » sont bien gentils en réalité. Aucun personnage n’est aussi simple qu’il le laisse croire. J’ai particulièrement apprécié le rôle du maire de cette petite ville. Il aurait été facile d’en faire un riche arrogant corruptible, mais l’artiste a opté pour une toute autre voie et je l’en remercie. Cette volonté de fréquemment nuancer le caractère de ses personnages est incontestablement devenue une marque de fabrique pour Vlieger, et une des raisons pour lesquelles j’aime tant ses albums.
Autre constante chez l’auteur : son rapport avec le handicap mental. Ce troisième album offre effectivement, à nouveau, un rôle à des personnages déficients mentaux. Ce pourrait n’être qu’anecdotique si cette tendance ne se répétait pas à chaque album … et si je n’étais pas moi-même concerné par cet aspect (de par mon travail). Je pense objectivement que cet élément contribue à mon appréciation de l’ensemble, mais ne trouvera sans doute pas semblable écho chez tous les lecteurs.
Malheureusement, si la petite fille est très réussie, le gamin est trop caricatural pour me convaincre. Ce n’est pas dans ses habitudes, mais Marc Vlieger a eu le tort de ne pas nuancer ce personnage. C’est un des rares sinon le seul reproche que je ferai au présent album.
J’aurais pourtant pu faire un autre reproche : sa colorisation. Car dans le genre audacieux, l’artiste frappe très fort. Mais finalement, je trouve au contraire cette colorisation très réussie. Cependant, lorsqu’il me confie vouloir continuer le processus dans les prochains épisodes, je dois bien avouer que Marc Vlieger me fait peur, car je ne parviens pas à imaginer plus pétant que son « rose » quasi fluo souvent employé dans le présent album (et, d’un autre côté, je me réjouis de voir ça …)
En guise de conclusion, je dirai qu’à nouveau, Marc Vlieger signe une œuvre pleine d’humanité, dont la principale qualité réside dans le charisme de ses personnages. Mais, pour la première fois, son intrigue m’a elle aussi totalement convaincu, tant elle constitue un terreau formidable pour l’épanouissement de ses multiples seconds rôles.
Une très belle réussite !
Très bonne surprise ! Moi qui me lassais de la fantasy, je dois bien avouer avoir été agréablement conquis.
Premièrement, j’ai été conquis par les magnifiques couleurs. Les dessins sont également réussis, surtout dans les détails. J’ai apprécié la recherche esthétique des costumes et architectures. Le mélange entre le côté indien et médiéval a de quoi surprendre et pourtant, l’ensemble paraît cohérent.
L’histoire est assez basique, bien que l’on ne soit que dans le premier volume. Mais parfois la simplicité n’est pas pour me déplaire, étant donné que cela reste vraiment prenant et rythmé.
Je conseille donc vivement ce premier volume. Il pourrait sans doute réconcilier certains lecteurs, gavés par le genre suite aux productions à répétition d’un éditeur que je n’ai pas besoin de nommer. Cet album augure une bien belle aventure…
Jarbinet signe avec cet album une œuvre majeure dans la catégorie des récits de guerre. Son diptyque concilie brillamment rigueur historique, action, romance et suspense et est servi par un trait d’une incroyable maîtrise.
De plus, Philippe Jarbinet a eu la bonne idée de situer son récit à deux pas de chez lui … qui se trouve être à deux pas de chez moi. Par conséquent, et même si peu de lieux sont réellement reconnaissables, les décors (et particulièrement l’architecture des bâtiments) me sont familiers, ce qui ne fait que conforter mon excellente appréciation d’ensemble.
Et il faut bien avouer qu’une région magnifique restituée sous un trait magnifique par un artiste talentueux, … c’est magnifique.
Mais le talent de Jarbinet ne se limite pas à la restitution du décor. Ses scènes d’action sont très bien maîtrisées, ses personnages sont on ne peut plus séduisants et la construction des planches est aussi classique qu’adéquate.
Autre particularité de l’album : la diversité des uniformes militaires proposés. Celle-ci est une preuve manifeste du souci de crédibilité de l’artiste et un incontestable enrichissement pour la série.
Enfin, je voudrais insister sur les passages enneigés. La neige est un élément très difficile à maîtriser selon moi, et les planches de Jarbinet sont parmi les plus réussies qu’il m’ait été donné d’admirer. Le sentiment de froid, mais aussi la substance, la matérialité de cet élément m’ont semblé palpable.
Ajoutez à cela sa maîtrise de la couleur dans un univers pourtant très austère, et vous comprendrez mon enthousiasme débridé.
Mais il n’y a pas de bonne bande dessinée sans un bon scénario. Et celui que Philippe Jarbinet nous propose est d’une richesse indiscutable, et satisfera le lecteur le plus exigeant, tout en demeurant d’un classicisme rassurant.
Rarement il m’a été donné de lire une œuvre aussi riche, aussi rigoureuse, aussi classique, aussi élégante, aussi bien construite, aussi évidente que cet Airborne 44, raison de ma cote enthousiaste.
… et oui, CULTE !
Ah voilà une réédition qui tombe à pic !
Marcel Labrume fut primé au festival d'Angoulême en 1984, et les deux tomes édités en 1983 par les Humanos étaient depuis longtemps introuvables. Fortes d'une déjà belle histoire d'amour avec l'oeuvre du maître italien, les Editions Mosquito ont décidé de rendre cette oeuvre à nouveau disponible. Dotée d'une nouvelle traduction, d'un nouveau scannage des planches originales, l'intégrale qui vient de sortir propose donc un bel objet, à même de ravir les amateurs d'aventures exotiques et guerrières.
Marcel Labrume est un journaliste qui ne fait pas de reportage, mais essaie plutôt de passer entre les gouttes de la seconde guerre mondiale. Il espère qu'en s'exilant au Proche-Orient, puis en Lybie, il pourra y échapper ; mais non, hélas ! Doté d'un dessin d'un grand classicisme, le héros est tout sauf un enfant de choeur, encore moins un homme sûr de ses convictions, on est loin du cliché du bel aventurier au coeur d'or. Comme le dit Micheluzzi lui-même, Marcel est un homme qui attire avec son potentiel de séduction un peu perverse, par son statut de personnage trouble, sans idéal, totalement immergé dans son abominable égoïsme. Un personnage plein de contradictions donc, balancé dans les soubresauts d'une belle saloperie, une guerre qui fera le vide autour de lui, alors qu'il n'aspire qu'à s'échapper de tout ça. Marcel le mérite-t-il ? C’est un personnage égoïste, brutal, grossier, violent... Mais il est à l'image du monde qui s'agite autour de lui, un monde en plein chaos, avec des gens très différents qui s'affrontent au bout du monde, pour des idéaux qui les dépassent...
Marcel disparaît à la fin du premier tome (il ne meurt pas), mais à la demande générale des lecteurs de l'époque, Micheluzzi le fera revenir dans un second tome, plus classique dans son déroulement et ses thématiques.
Je l'ai dit, Micheluzzi fait preuve dans cette oeuvre, peut-être son apogée, d'une belle maîtrise du dessin classique, directement hérité de Milton Caniff, dont il a bien digéré l'influence, et qui lui permet de s'exprimer dans un noir et blanc parfois somptueux, dans des cases propres (contrairement à l'édition française originale). La documentation technique est de tout premier choix, puisque tout, y compris les mitrailleuses et les voitures des années 1940, est criant de vérité.
Je ne suis pas trop preneur des récits guerriers et/ou historiques. Pourtant le vrai sujet de ce diptyque est ailleurs, puisqu'il est construit comme un polar, noir, dramatique. L’atmosphère, le déroulement de l'histoire, le bad guy, la pépée blonde qui surgit comme un météore dans la vie de Marcel, tout ressemble à s'y méprendre à un polar des années 1940/50, du moins dans la première partie, la seconde, bien que dramatique, ressortissant plus aisément du genre "aventures historiques".
Au final, j'ai lu une grande série, qui fait indubitablement partie des classiques de la bande dessinée européenne de par la qualité de sa narration, le soin apporté aux ambiances et aux cadrages magnifiés par le noir et blanc, mais par laquelle je n'ai pas été très touché, étant assez peu sensible à ce genre d'histoire (Corto Maltese me gonfle prodigieusement, par exemple).
Pour la seconde fois je me suis laissée tenter par un Jodorowsky grâce à la magnifique couverture qui en dit déjà long, et au graphisme de Théo pour lequel j'ai failli manquer d'air à l'ouverture de la bd. Chose surprenante car la colorisation de Sébastien Gérard - dont il est indispensable de citer le nom - est informatisée, mais de très belle façon, elle ne gâche pas du tout le dessin, comme cela peut arriver, mais au contraire s'accorde parfaitement avec lui dans une absolue beauté.
Ce premier tome est à double face, d'un côté il peut sembler un peu léger et d'un autre, l'histoire avançant assez vite elle donne une impression de relative longueur. Ne connaissant pratiquement pas le Pape Jules II, et bien que l'histoire soit contée du côté caché de l'Histoire, où sexe, meurtres, trahisons et manipulations ont la première place, on peut tout de même penser que l'auteur doit être bien proche de la réalité.
Ça fornique et ça blasphème à volonté, enfin des serviteurs de Dieu à la hauteur de leur charge ! Quelle merveilleuse satisfaction ! Voici une bd où il n'y a pas ou presque de femmes, - ce que je ne peux souffrir en général - mais les hommes sont là pour les remplacer et il faut dire qu'ils tiennent leur rôle à la perfection. J'adore spécialement lorsqu'ils se donnent du "chéri" ou du "poussin" de manière tellement naturelle que c'en est un régal. Adolsi le favori de Jules II est un personnage presque énigmatique, parfois très viril et à d'autres moments très efféminé, il a cette dualité qui le rend attirant. L'humour est presque omniprésent mais sans tomber dans la caricature.
Ce petit tome, mine de rien, m'a donné envie de lire les autres séries de Jodorowsky.
Difficile de s'imaginer qu'un tel bouquin avec ce titre à rallonges et une couverture certainement moins alléchante que n'importe quel titre de Manara puisse me laisser le sourire aux lèvres et une satisfaction toute simple et évidente.... Oui cette lecture rend heureux et fait du bien...
Le tout est enrobé par un auteur que je ne connaissais pas, des dessinateurs talentueux tout à fait inconnus à mes yeux et une colorisation toute douce et aussi sucrée qu'une fraise tagada.
Les histoires n'ont pas grand chose en commun en apparence (à l'exception de la première et dernière nouvelle qui sont connectées entre elles) si ce n'est qu'elles mettent en scène des personnes banales, de celles que l'on croise tous les jours dans un supermarché, un métro ou dans la rue à moins que ce ne soit nous mêmes ?
Que ces nouvelles au nombre de 15 fassent deux pages ou plus, le constat est le même, on est surpris par tant de maitrise et de bons sentiments.
Pourquoi tout ne serait que du noir dans des histoires banales ou dramatiques ? On peut y voir de l'espoir ou y trouver un moment de réconfort dans l'attente de jours moins roses...
Pourquoi un moment d'intimité et donc de retard au boulot ne constituerait il pas une bonne excuse ?
Faire l'amour pour la première fois à une personne est il plus émouvant que le faire en sachant que ce sera la dernière fois ?
Voici un panel des questions soulevées dans cet ouvrage qui prendront une réponse tout à fait libre puisqu'elles interpellent en douceur son lecteur...
Un petit trésor que je m'apprête à offrir à ma soeur pour son anniversaire que nous fêterons demain, une personne banale au coeur grand comme ça qui a adoré Le Combat ordinaire de Larcenet et dont cette compilation se trouve être à mes yeux un prolongement...
A lire absolument.
Après l’écolier « Titeuf » et la consécration qui a suivi, « Les Filles Electriques » parlant des adolescents boutonneux et de leurs premières expériences amoureuses ou encore « L'enfer des concerts », le grand Zep revient avec un album sur le sexe : « Happy Sex » !
« Happy Sex » sort dans un contexte bien particulier. Zep a depuis quelques temps travaillé sur la sexualité avec notamment « Le guide du zizi sexuel » ou encore l’exposition éducative pour les enfants appelée « Le zizi sexuel » (à l’Arena de Genève en 2009).
Zep a décidé de dédramatiser le sexe et d’aborder avec humour de nombreuses thématiques : sex-toys, masturbation, cunnilingus, fellation, plan à trois, etc. Aucun tabou dans ce beau one shot. Zep nous parle de tout avec la justesse et légèreté de ton qui le caractérise depuis ses débuts avec « Titeuf ».
Les gags sont dans l’ensemble très réussis et j’avoue ne pas relever de mauvaise blague. Je peux même dire que certaines planches sont mythiques, tout simplement. Par son ton, sa vista, sa pédagogie, son humour et son intelligence, Zep a réussi son pari : aborder le sexe sans tabou et de façon amusante.
Côté dessin, pas de surprise. On reste dans le style Zep déjà vu dans ses autres séries. Son trait fin et ses personnages transmettent pourtant idéalement le message qu’il tente de faire passer.
« Happy Sex » est déjà un best seller. Le seul défaut que je pourrais trouver en pensant à cet album est son prix un petit peu trop élevé, surtout pour une couverture souple. Mais ne vous y trompez pas, Zep a encore frappé un grand coup. A condition de garder cet album hors de portée des plus jeunes, consommer « Happy Sex » sans modération, c’est un régal !
Ce premier volume d'une série-fleuve reflète un défi : réaliser dix pages par jour pendant un mois. Le résultat, ce sont 300 pages avec un rythme effréné, surprenantes. L'auteur y conte sas galères de graphiste et d'auteur BD, oscillant sans cesse entre plusieurs mondes : bandes dessinées, cinéma, jeu vidéo.
Je pense qu'il s'agit de quelqu'un de connu, qui a voulu s'offrir une parenthèse inhabituelle sans toutefois choquer son public. La façon dont il présente le fameux #84 me conforte dans cette impression. Mais ayant la flemme de faire des recherches, je me suis attaché à mon plaisir de lecture, non négligeable. Malgré un style graphique ressemblant quelque peu à du montage photo, je n'ai pas détesté cette initiation, ce début, qui nous montre par le menu les aléas de la vie d'artiste, surtout quand on n'a pas forcément du talent, comme le dit la Grenouille noire.
Ca se lit très bien, on a envie de savoir comment il s'en sort et c'est intelligemment raconté.
Le tome 1 est quant à lui une pure fiction, l'histoire de deux frères siamois et de deux frères jumeaux aveugles qui s'entraident à survivre à leur condition de reclus dans la cave d'un couvent en s'engouffrant dans la création littéraire, puis dans la chimie... Cela donne un récit surprenant, qui se disperse peut-être un peu, mais l'exercice est, dans le pire des cas, intéressant.
Un petit 3,5/5.
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L'Âme du Kyudo
Cette lecture dans l'âme du Kyudo s'est révélée très enrichissante de la pratique de ce sport dans le Japon médiéval du XVème siècle. C'était d'ailleurs plus qu'un sport puisque les enjeux entre clans étaient importants. Il s'agissait de tirer le plus grand nombre de flèches en 24 heures d'un bout à l'autre d'une galerie extérieure d'un temple. Il y avait comme une espèce de fièvre à battre le record. Les samouraïs qui n'y parvenaient pas se suicidaient sur le champ, tant l'honneur était quelque chose de primordial. Il y a incontestablement beaucoup de noblesse dans ce jeu qui pouvait se révéler fatal. J'ai adoré cette très longue lecture de 436 pages car elle retrace le chemin parcouru par un jeune paysan Kanza pour atteindre son but. Il veut d'abord venger la mort de son père mais sa quête se transformera vite par l'entrainement du tôshiya. Le schéma n'est pourtant pas nouveau : un jeune disciple essaie de dépasser sa condition physique et sa condition sociale également en accomplissant un exploit. Il se fait aider par un maître vieux et expérimenté et commence alors un dur entraînement. Cependant, le déroulement sera plus ardu que l'on ne pense car l'entraînement durera près de 10 ans. Il y a alors beaucoup plus de crédibilité dans l'action et dans l'effort accompli. Oui, j'aime ces valeurs que sont le travail et l'effort accompli pour parvenir à un but ultime à force de courage et de détermination. C'est quelque fois pénible en raison non seulement de la concurrence acharnée mais également des conditions climatiques dépendant de la chance. Il y a également les coups tordus, les tricheries et les tracasseries administratives. L'art du tir à l'arc a son manga culte. Je pense qu'on pourra difficilement faire mieux. A travers cela, il y a également l'émergence de valeurs intemporelles qui peuvent encore servir aujourd'hui. Les illusions, les doutes et les échecs font partie de la vie de chacun. Cela nous permet de progresser et de finalement trouver la voie de la réussite. En cela, cette lecture s'est trouvée enrichissante. Ce ne sont pas que des mots ou des flèches ...
Mauvais garçons
Décidément ces deux-là ont un grand talent ! On avait découvert Benjamin Flao et son trait réaliste dans La Ligne de fuite, il y a deux ans. A l'époque son trait me semblait manquer d'un peu de maturité, mais il me semblait voué à faire de grandes choses. C'est déjà chose faite avec ces "Mauvais garçons", cette chronique désenchantée de deux chiens fous que l'amour du flamenco consume. La plupart des planches sont juste magnifiques, une petite minorité manquant un peu de maîtrise. Mais le choix des cadrages, des ambiances et des plans montre la maturité du jeune auteur nantais. Son complice Christophe Dabitch a planté cette fois le décor en Andalousie, de nos jours, dans un village où le temps semble paresseux, où les deux héros traînent leur mélancolie au milieu des vieux qui radotent, mégotent, ergotent tout en sirotant leur jaja quotidien. Un village dont quelques tranches de vie sont montrées, comme des ponctuations à l'histoire de Manuel et Benito, l'un espagnol ayant vécu en France, l'autre d'origine gitane, si différents et si riches de cette différence... Leur amour du flamenco et des femmes les mènera à leur perte... ou pas. C'est dans ce jeu des nuances que se situe l'âme de ce diptyque plein de grâce, de splendeur et de rythme chaloupé. L'amour de la musique, après Rébétiko, semble inspirer les gens chez Futuropolis...
A l'ombre du Monde
Troisième tome des aventures de Brice, cet album est aussi le meilleurs … et le plus coloré. Alors, déjà que j’avais bien apprécié les récits précédents, vous imaginez aisément dans quel état d’excitation m’a laissé celui-là ! La recette devient classique. Brice garde tout son charisme et continue de grandir. Avec son personnage, Marc Vlieger signe un coup de maître, car il peut lui faire gagner de la maturité à chaque nouveau récit. J’ai particulièrement apprécié les interrogations du héros face à sa place dans la société, et au rôle qu’il désire y jouer. De plus, l'arrivée de Rufus depuis Les Fils de la racaille permet à l'auteur de constituer un duo complémentaire très efficace (surtout dans sa dimension humoristique). Mais si cet album est aussi réussi, c’est parce qu’il parvient à combiner plusieurs autres éléments. Tout d’abord, une intrigue classique mais rondement menée. Le destin de ce vieil ermite m’a ému, les péripéties s’enchainent logiquement pour parvenir à la tragique conclusion. A plusieurs égards, je trouve que ce troisième album se rapproche plus de l’univers d’un Etienne Davodeau (« Le Réflexe de survie », « Lulu Femme Nue ») que les précédents (que j’associais plus au travail de Baru). Raisons principales de cette comparaison : la tendresse, l’humour, l’humanité de la plupart des personnages de cet album, mais aussi son cadre plus champêtre, plus rural. Chez Vlieger, certains « méchants » sont bien gentils en réalité. Aucun personnage n’est aussi simple qu’il le laisse croire. J’ai particulièrement apprécié le rôle du maire de cette petite ville. Il aurait été facile d’en faire un riche arrogant corruptible, mais l’artiste a opté pour une toute autre voie et je l’en remercie. Cette volonté de fréquemment nuancer le caractère de ses personnages est incontestablement devenue une marque de fabrique pour Vlieger, et une des raisons pour lesquelles j’aime tant ses albums. Autre constante chez l’auteur : son rapport avec le handicap mental. Ce troisième album offre effectivement, à nouveau, un rôle à des personnages déficients mentaux. Ce pourrait n’être qu’anecdotique si cette tendance ne se répétait pas à chaque album … et si je n’étais pas moi-même concerné par cet aspect (de par mon travail). Je pense objectivement que cet élément contribue à mon appréciation de l’ensemble, mais ne trouvera sans doute pas semblable écho chez tous les lecteurs. Malheureusement, si la petite fille est très réussie, le gamin est trop caricatural pour me convaincre. Ce n’est pas dans ses habitudes, mais Marc Vlieger a eu le tort de ne pas nuancer ce personnage. C’est un des rares sinon le seul reproche que je ferai au présent album. J’aurais pourtant pu faire un autre reproche : sa colorisation. Car dans le genre audacieux, l’artiste frappe très fort. Mais finalement, je trouve au contraire cette colorisation très réussie. Cependant, lorsqu’il me confie vouloir continuer le processus dans les prochains épisodes, je dois bien avouer que Marc Vlieger me fait peur, car je ne parviens pas à imaginer plus pétant que son « rose » quasi fluo souvent employé dans le présent album (et, d’un autre côté, je me réjouis de voir ça …) En guise de conclusion, je dirai qu’à nouveau, Marc Vlieger signe une œuvre pleine d’humanité, dont la principale qualité réside dans le charisme de ses personnages. Mais, pour la première fois, son intrigue m’a elle aussi totalement convaincu, tant elle constitue un terreau formidable pour l’épanouissement de ses multiples seconds rôles. Une très belle réussite !
Les Epées de verre
Très bonne surprise ! Moi qui me lassais de la fantasy, je dois bien avouer avoir été agréablement conquis. Premièrement, j’ai été conquis par les magnifiques couleurs. Les dessins sont également réussis, surtout dans les détails. J’ai apprécié la recherche esthétique des costumes et architectures. Le mélange entre le côté indien et médiéval a de quoi surprendre et pourtant, l’ensemble paraît cohérent. L’histoire est assez basique, bien que l’on ne soit que dans le premier volume. Mais parfois la simplicité n’est pas pour me déplaire, étant donné que cela reste vraiment prenant et rythmé. Je conseille donc vivement ce premier volume. Il pourrait sans doute réconcilier certains lecteurs, gavés par le genre suite aux productions à répétition d’un éditeur que je n’ai pas besoin de nommer. Cet album augure une bien belle aventure…
Airborne 44
Jarbinet signe avec cet album une œuvre majeure dans la catégorie des récits de guerre. Son diptyque concilie brillamment rigueur historique, action, romance et suspense et est servi par un trait d’une incroyable maîtrise. De plus, Philippe Jarbinet a eu la bonne idée de situer son récit à deux pas de chez lui … qui se trouve être à deux pas de chez moi. Par conséquent, et même si peu de lieux sont réellement reconnaissables, les décors (et particulièrement l’architecture des bâtiments) me sont familiers, ce qui ne fait que conforter mon excellente appréciation d’ensemble. Et il faut bien avouer qu’une région magnifique restituée sous un trait magnifique par un artiste talentueux, … c’est magnifique. Mais le talent de Jarbinet ne se limite pas à la restitution du décor. Ses scènes d’action sont très bien maîtrisées, ses personnages sont on ne peut plus séduisants et la construction des planches est aussi classique qu’adéquate. Autre particularité de l’album : la diversité des uniformes militaires proposés. Celle-ci est une preuve manifeste du souci de crédibilité de l’artiste et un incontestable enrichissement pour la série. Enfin, je voudrais insister sur les passages enneigés. La neige est un élément très difficile à maîtriser selon moi, et les planches de Jarbinet sont parmi les plus réussies qu’il m’ait été donné d’admirer. Le sentiment de froid, mais aussi la substance, la matérialité de cet élément m’ont semblé palpable. Ajoutez à cela sa maîtrise de la couleur dans un univers pourtant très austère, et vous comprendrez mon enthousiasme débridé. Mais il n’y a pas de bonne bande dessinée sans un bon scénario. Et celui que Philippe Jarbinet nous propose est d’une richesse indiscutable, et satisfera le lecteur le plus exigeant, tout en demeurant d’un classicisme rassurant. Rarement il m’a été donné de lire une œuvre aussi riche, aussi rigoureuse, aussi classique, aussi élégante, aussi bien construite, aussi évidente que cet Airborne 44, raison de ma cote enthousiaste. … et oui, CULTE !
Marcel Labrume
Ah voilà une réédition qui tombe à pic ! Marcel Labrume fut primé au festival d'Angoulême en 1984, et les deux tomes édités en 1983 par les Humanos étaient depuis longtemps introuvables. Fortes d'une déjà belle histoire d'amour avec l'oeuvre du maître italien, les Editions Mosquito ont décidé de rendre cette oeuvre à nouveau disponible. Dotée d'une nouvelle traduction, d'un nouveau scannage des planches originales, l'intégrale qui vient de sortir propose donc un bel objet, à même de ravir les amateurs d'aventures exotiques et guerrières. Marcel Labrume est un journaliste qui ne fait pas de reportage, mais essaie plutôt de passer entre les gouttes de la seconde guerre mondiale. Il espère qu'en s'exilant au Proche-Orient, puis en Lybie, il pourra y échapper ; mais non, hélas ! Doté d'un dessin d'un grand classicisme, le héros est tout sauf un enfant de choeur, encore moins un homme sûr de ses convictions, on est loin du cliché du bel aventurier au coeur d'or. Comme le dit Micheluzzi lui-même, Marcel est un homme qui attire avec son potentiel de séduction un peu perverse, par son statut de personnage trouble, sans idéal, totalement immergé dans son abominable égoïsme. Un personnage plein de contradictions donc, balancé dans les soubresauts d'une belle saloperie, une guerre qui fera le vide autour de lui, alors qu'il n'aspire qu'à s'échapper de tout ça. Marcel le mérite-t-il ? C’est un personnage égoïste, brutal, grossier, violent... Mais il est à l'image du monde qui s'agite autour de lui, un monde en plein chaos, avec des gens très différents qui s'affrontent au bout du monde, pour des idéaux qui les dépassent... Marcel disparaît à la fin du premier tome (il ne meurt pas), mais à la demande générale des lecteurs de l'époque, Micheluzzi le fera revenir dans un second tome, plus classique dans son déroulement et ses thématiques. Je l'ai dit, Micheluzzi fait preuve dans cette oeuvre, peut-être son apogée, d'une belle maîtrise du dessin classique, directement hérité de Milton Caniff, dont il a bien digéré l'influence, et qui lui permet de s'exprimer dans un noir et blanc parfois somptueux, dans des cases propres (contrairement à l'édition française originale). La documentation technique est de tout premier choix, puisque tout, y compris les mitrailleuses et les voitures des années 1940, est criant de vérité. Je ne suis pas trop preneur des récits guerriers et/ou historiques. Pourtant le vrai sujet de ce diptyque est ailleurs, puisqu'il est construit comme un polar, noir, dramatique. L’atmosphère, le déroulement de l'histoire, le bad guy, la pépée blonde qui surgit comme un météore dans la vie de Marcel, tout ressemble à s'y méprendre à un polar des années 1940/50, du moins dans la première partie, la seconde, bien que dramatique, ressortissant plus aisément du genre "aventures historiques". Au final, j'ai lu une grande série, qui fait indubitablement partie des classiques de la bande dessinée européenne de par la qualité de sa narration, le soin apporté aux ambiances et aux cadrages magnifiés par le noir et blanc, mais par laquelle je n'ai pas été très touché, étant assez peu sensible à ce genre d'histoire (Corto Maltese me gonfle prodigieusement, par exemple).
Le Pape Terrible
Pour la seconde fois je me suis laissée tenter par un Jodorowsky grâce à la magnifique couverture qui en dit déjà long, et au graphisme de Théo pour lequel j'ai failli manquer d'air à l'ouverture de la bd. Chose surprenante car la colorisation de Sébastien Gérard - dont il est indispensable de citer le nom - est informatisée, mais de très belle façon, elle ne gâche pas du tout le dessin, comme cela peut arriver, mais au contraire s'accorde parfaitement avec lui dans une absolue beauté. Ce premier tome est à double face, d'un côté il peut sembler un peu léger et d'un autre, l'histoire avançant assez vite elle donne une impression de relative longueur. Ne connaissant pratiquement pas le Pape Jules II, et bien que l'histoire soit contée du côté caché de l'Histoire, où sexe, meurtres, trahisons et manipulations ont la première place, on peut tout de même penser que l'auteur doit être bien proche de la réalité. Ça fornique et ça blasphème à volonté, enfin des serviteurs de Dieu à la hauteur de leur charge ! Quelle merveilleuse satisfaction ! Voici une bd où il n'y a pas ou presque de femmes, - ce que je ne peux souffrir en général - mais les hommes sont là pour les remplacer et il faut dire qu'ils tiennent leur rôle à la perfection. J'adore spécialement lorsqu'ils se donnent du "chéri" ou du "poussin" de manière tellement naturelle que c'en est un régal. Adolsi le favori de Jules II est un personnage presque énigmatique, parfois très viril et à d'autres moments très efféminé, il a cette dualité qui le rend attirant. L'humour est presque omniprésent mais sans tomber dans la caricature. Ce petit tome, mine de rien, m'a donné envie de lire les autres séries de Jodorowsky.
La Vieille Dame qui n'avait jamais joué au tennis et autres nouvelles qui font du bien
Difficile de s'imaginer qu'un tel bouquin avec ce titre à rallonges et une couverture certainement moins alléchante que n'importe quel titre de Manara puisse me laisser le sourire aux lèvres et une satisfaction toute simple et évidente.... Oui cette lecture rend heureux et fait du bien... Le tout est enrobé par un auteur que je ne connaissais pas, des dessinateurs talentueux tout à fait inconnus à mes yeux et une colorisation toute douce et aussi sucrée qu'une fraise tagada. Les histoires n'ont pas grand chose en commun en apparence (à l'exception de la première et dernière nouvelle qui sont connectées entre elles) si ce n'est qu'elles mettent en scène des personnes banales, de celles que l'on croise tous les jours dans un supermarché, un métro ou dans la rue à moins que ce ne soit nous mêmes ? Que ces nouvelles au nombre de 15 fassent deux pages ou plus, le constat est le même, on est surpris par tant de maitrise et de bons sentiments. Pourquoi tout ne serait que du noir dans des histoires banales ou dramatiques ? On peut y voir de l'espoir ou y trouver un moment de réconfort dans l'attente de jours moins roses... Pourquoi un moment d'intimité et donc de retard au boulot ne constituerait il pas une bonne excuse ? Faire l'amour pour la première fois à une personne est il plus émouvant que le faire en sachant que ce sera la dernière fois ? Voici un panel des questions soulevées dans cet ouvrage qui prendront une réponse tout à fait libre puisqu'elles interpellent en douceur son lecteur... Un petit trésor que je m'apprête à offrir à ma soeur pour son anniversaire que nous fêterons demain, une personne banale au coeur grand comme ça qui a adoré Le Combat ordinaire de Larcenet et dont cette compilation se trouve être à mes yeux un prolongement... A lire absolument.
Happy Sex
Après l’écolier « Titeuf » et la consécration qui a suivi, « Les Filles Electriques » parlant des adolescents boutonneux et de leurs premières expériences amoureuses ou encore « L'enfer des concerts », le grand Zep revient avec un album sur le sexe : « Happy Sex » ! « Happy Sex » sort dans un contexte bien particulier. Zep a depuis quelques temps travaillé sur la sexualité avec notamment « Le guide du zizi sexuel » ou encore l’exposition éducative pour les enfants appelée « Le zizi sexuel » (à l’Arena de Genève en 2009). Zep a décidé de dédramatiser le sexe et d’aborder avec humour de nombreuses thématiques : sex-toys, masturbation, cunnilingus, fellation, plan à trois, etc. Aucun tabou dans ce beau one shot. Zep nous parle de tout avec la justesse et légèreté de ton qui le caractérise depuis ses débuts avec « Titeuf ». Les gags sont dans l’ensemble très réussis et j’avoue ne pas relever de mauvaise blague. Je peux même dire que certaines planches sont mythiques, tout simplement. Par son ton, sa vista, sa pédagogie, son humour et son intelligence, Zep a réussi son pari : aborder le sexe sans tabou et de façon amusante. Côté dessin, pas de surprise. On reste dans le style Zep déjà vu dans ses autres séries. Son trait fin et ses personnages transmettent pourtant idéalement le message qu’il tente de faire passer. « Happy Sex » est déjà un best seller. Le seul défaut que je pourrais trouver en pensant à cet album est son prix un petit peu trop élevé, surtout pour une couverture souple. Mais ne vous y trompez pas, Zep a encore frappé un grand coup. A condition de garder cet album hors de portée des plus jeunes, consommer « Happy Sex » sans modération, c’est un régal !
Les Carnets de la Grenouille Noire
Ce premier volume d'une série-fleuve reflète un défi : réaliser dix pages par jour pendant un mois. Le résultat, ce sont 300 pages avec un rythme effréné, surprenantes. L'auteur y conte sas galères de graphiste et d'auteur BD, oscillant sans cesse entre plusieurs mondes : bandes dessinées, cinéma, jeu vidéo. Je pense qu'il s'agit de quelqu'un de connu, qui a voulu s'offrir une parenthèse inhabituelle sans toutefois choquer son public. La façon dont il présente le fameux #84 me conforte dans cette impression. Mais ayant la flemme de faire des recherches, je me suis attaché à mon plaisir de lecture, non négligeable. Malgré un style graphique ressemblant quelque peu à du montage photo, je n'ai pas détesté cette initiation, ce début, qui nous montre par le menu les aléas de la vie d'artiste, surtout quand on n'a pas forcément du talent, comme le dit la Grenouille noire. Ca se lit très bien, on a envie de savoir comment il s'en sort et c'est intelligemment raconté. Le tome 1 est quant à lui une pure fiction, l'histoire de deux frères siamois et de deux frères jumeaux aveugles qui s'entraident à survivre à leur condition de reclus dans la cave d'un couvent en s'engouffrant dans la création littéraire, puis dans la chimie... Cela donne un récit surprenant, qui se disperse peut-être un peu, mais l'exercice est, dans le pire des cas, intéressant. Un petit 3,5/5.