Ah ! la bonne lecture que voilà !
L’ambiance est très noire. Traxler, détective privé carburant au Jack Daniels, qui n'est pas sans rappeler l'Alack Sinner de Muñoz et Sampayo, est engagé pour ce qu’il ne pense être qu’une banale affaire d’adultère. Il se trouve toutefois coincé dans un engrenage tel qu’il n’a d’autre choix que de se tourner vers Giusti, un vieil ami, tueur à gages de profession. Ce dernier a, pour sa part, des airs de Samuel L. Jackson dans Pulp Fiction, vu le costume-cravate noir et le petit discours rituel avant l’exécution de ses cibles. La chasse à l’homme est alors ouverte. A deux, ils se mettent à traquer le responsable des malheurs de Traxler, qui se trouve être l’un des « contrats » de Giusti.
D’autres personnages entrent alors en scène, allant du flic louche au financier escroc, en passant par les receleurs et autres « nettoyeurs ».
Le scénario est bien ficelé, sans être révolutionnaire. L’on suit les différents personnages dont les routes se croisent, rythmées par quelques spectaculaires fusillades.
Le dessin est, quant à lui, incroyablement beau. Du grand art ! Un noir et blanc bien tranché. L’on pense alors à Frank Miller. Mais les personnages de Rossi n’ont pas le côté caricatural de ceux de Miller – et, à mon sens, c’est tant mieux!
Concernant le support, il s’agit d’un petit format à l’impression peut-être un peu « cheap », mais – et c’est là la conséquence positive – le prix s’en ressent : 12 € pour 160 pages de pur plaisir, à mon sens, c’est une bonne affaire !
Fidèle de l’auteur, tu ne seras pas dépaysé ! Dès l’ouverture, c’est comme à la maison. Tous nos bons vieux repères sont là. Beaucoup de noir, du gris et du blanc. Des foultitudes de foules, des édifices édifiants, des personnes impersonnelles. Les espaces sont vastes ou parfois plus étriqués, immuablement astreignants tant ils sont remplis de gens et de choses. Et puis cette Sensation familière de solennité, de distanciation et de froideur. Chaque nouvel album parait tellement identique, mais s’avère pourtant si subtilement différent.
Naturellement, le concept de l’oeuvre ne se départ pas de son originalité traditionnelle (Marc Antoine Mathieu a encore claqué la boite à idées en faisant dans le Divin culotté). Ce qui change vraiment, c’est l’inhabituelle tranquillité, le classicisme (très relatif) de la mise en scène. Colmatés, les trous dans les planches ! Remballées, les spirales infernales ! Chacun à sa place : la fin à la fin, le début au début et le dessin, bien sage, cantonné aux pages. L’absurde ludique et ses voltiges narratives glissent de l’ancienne poésie des cases vers une nouvelle philosophie des bulles. Si MAM fait joujou, c’est avec les mots. Une rhétorique subjective, ingénieuse et très souvent imparable qui dévoile un album infiniment plus intime, bien plus personnel qu’à l’accoutumée et indubitablement plus drôle.
Qu’on se le dise, le Très-Haut s’est risqué en bas et les hommes sont en émoi. Mais est-ce vraiment lui ? Un artefact, une réalité ? Sommé de prouver son identité, puis soudainement sollicité de toutes parts, le Créateur sera finalement confronté à sa création au cours d’un procès insensé. Eh oui, le genre humain a beaucoup de griefs, de dilemmes très cartésiens et réclame explications, dommages et intérêts ! En autant d’intervenants,
les différents points de vue affluent et les répliques fusent. Perspectives scientifiques, métaphysiques, sociales, théologiques, spirituelles, mercantiles, artistiques... Rappelant souvent les grands auteurs à notre souvenir, ces perles de pertinence, d’ironie ou d’humour aboutissent fréquemment à des réflexions toujours plus profondes.
Immanquablement, on relèvera le côté universel du Dieu de MAM. Un Éternel suggéré, quelquefois deviné sous les canons de l’imaginaire populaire, mais sans signe distinctif. Absence d’édifices sacrés, aucune obédience affichée : c’est autour du concept général de Dieu que l’on discute ici. Un leurre depuis le commencement. À faire tant parler les hommes, exposant le panorama de leur religiosité, l’auteur n’a fait qu’établir un constat (amer) de notre société occidentale. Il nous renvoie notre image à travers celle que nous avons de Dieu. Un reflet superficiel dont la spiritualité en berne cherche son salut dans des addictions de plus en plus artificielles…
Un essai grotesque et clairvoyant qui me confirme une vérité : in MAM i trust !
Petit Poilu, c'est fort !
Car cette BD destinée aux plus jeunes de nos apprentis lecteurs a séduit tous ceux à qui je l'ai proposée, tous âges confondus ! Que ce soit mon fils de 5 ans, maintenant fan inconditionnel, ou mes collègues, tous voient arriver cette petite boule de poils noirs avec les sourire aux lèvres quand un nouveau tome vient compléter mes rayons.
Du point de vue du dessin, c'est simple, tranché et efficace. La narration ne s'en porte que mieux, et c'est par ailleurs essentiel dans une BD sans texte. Car ici on vise avant tout les plus jeunes. Pas besoin de savoir lire pour suivre notre bouffiole ! Pierre Bailly, que je connaissais par le biais de Ludo, impose un trait et un dessin des plus sobres qui sert à merveille ces petites aventures.
Car du côté des scénarios, Céline Fraipont (inconnue au bataillon...) fait un travail remarquable. C'est simple, ok, mais sans jamais tomber dans la mièvrerie. Petit Poilu sait se debrouiller tout en gardant un côté attachant. J'ai par ailleurs beaucoup aimé les petits leitmotiv utilisés au travers de la série : la scène d'intro, l'utilisation de la photo de sa mère quand "ça fait peur", ou encore la scène finale.
En tout cas, si vous cherchez une BD pour s'initier ou découvrir les joies de la BD, je trouve que Petit Poilu est l'exemple parfait de la réussite narrative !
Le Blaireau est une chouette petite série malheureusement trop méconnue. Il est vrai que j’éprouve un faible pour les talents de scénariste de Rodolphe, un artiste qui parvient souvent à créer des personnages attachants.
Et le Blaireau, alias Antoine Blérien, est exactement le genre de personnage que j’adore. Désabusé, humain, gentil, grande gueule, complexé, tendre, têtu, il cumule les qualités du parfait anti-héros. Accompagné d’une galerie de personnages à son image, il vit des aventures dont il ne sort pas en vainqueur, mais avec le sentiment d’être resté honnête avec lui-même.
Si les scénarios ressemblent à ceux de films policiers des années ’50, c’est avant tout dû au soin apporté à la psychologie des acteurs et à la présence invariable d’un personnage féminin auquel le Blaireau s’attachera. La pin-up est de rigueur (même si elle n’est pas toujours très sexy). Le suspense est on ne peut plus relatif, et l’amateur de belles intrigues policières risque vraiment de rester sur sa faim.
De plus, il faut reconnaître que certaines histoires (et « Roxane » en particulier) se résument à peu de chose. Cette relative absence d’action présente l’avantage de laisser le champ libre au développement des relations entre les différents acteurs. Rodolphe laisse vraiment le temps à ses différents personnages de se rencontrer, ce qui accroit la plausibilité de l’ensemble, et sa dimension humaine.
Si le premier tome est assez déroutant, graphiquement parlant (les personnages en général, et le Blaireau en particulier, semblent par moment sortis d’un vieux Mickey), ils vont vite évoluer vers un semi-réaliste parfois brouillon mais qui, dans ses meilleurs moments, m’aura rappelé « Julien Boisvert » (le nez, sans doute). De plus, la colorisation est assez réussie à mon goût. Elle donne à cet univers un petit coté « paillettes usagées » qui lui convient parfaitement, … des couleurs qui auraient pu être trop vives si elles n’avaient été ternies volontairement, comme soumises aux affres du temps.
Une très bonne série, menée sur un faux rythme par un personnage central attachant, et dont les scénarios, certes prévisibles, font preuve d’une belle humanité. Et bien ce cocktail-là, moi, je l’aime vraiment bien.
Voici une chouette petite bande dessinée !
Zidrou a composé l’ensemble des scénarios de l’album (oui, il s’agit de courtes nouvelles) et a confié l’illustration de ceux-ci à une multitude d’auteurs que je ne connaissais absolument pas. Ces artistes officient dans des styles différents mais tous font preuve d’une réelle sensibilité.
Cette sensibilité, cette douceur (tant au niveau des scénarios que des dessins) est l’atout maître de l’album. Elle est … palpable. Les histoires sont pourtant toutes simples, mais Zidrou a l’art de saisir le moment juste, celui où l’émotion surgit, tout en gardant une immense pudeur. Les récits ne sont pas démonstratifs, et les personnages ne sont pas exubérants, au contraire. Ils « jouent » tout en retenue, et j’adore cela. La narration est fluide, le ton employé est doux et légèrement humoristique, mais jamais je n’ai eu le sentiment de lire de la « guimauve ». C’est tout simplement bien écrit, bien illustré et le petit format de l’objet ne s’avère pas spécialement réducteur.
Simple et sensible, mais un réel coup de cœur !
Eh bien je ne m’attendais pas du tout à ça…
Ça commence par le départ d’une ado rebelle pour ce qui s’annonce comme une colonie bien chiante. Marguerite est une ado rebelle, mais elle est surtout maline et débrouillarde. On est loin des clichés avec ce petit bout de femme qui cherche à garder son indépendance et a du mal à accepter l’autorité. Perrine Dorin a donc privilégié la vraisemblance, en mettant des bouts d’autobiographie dedans. Les neuf dixièmes du récit nous font balancer entre rire et stupeur, en particulier avec l’arrivée du fameux Frankie, sorte de hippie déglingué qui va semer le chaos dans la colo. L’intermède/flash-back, qui constitue le dernier dixième, m’a complètement chaviré. C’est trop beau pour être faux. La dégradation dans la trame principale vient rapidement, je trouve qu’elle aurait pu être un peu plus graduée, mais dans l’ensemble elle reste cohérente. Un seul regret, que l’on ne voie finalement pas la « splendide bâtisse » que les gamins de la colo sont censés retaper…
D’autant plus que la dessinatrice, Natacha Sicaud, aurait à mon avis, le talent pour le faire. C’est une vraie découverte, puisque cette jeune illustratrice fait ici ses premiers pas seule sur un album, ou presque, n’ayant fait jusque-là que des albums collectifs - dont Boule de neige (Delcourt). Son trait est très fin, il me rappelle un peu celui de Benoît Springer dans sa veine réaliste, très clair, extrêmement lisible. Second atout, elle ose expérimenter des superpositions, des juxtapositions, des cases entremêlant hors texte (la plupart étant des pensées de Marguerite) et dessins de la jeune fille, habillée ou dévêtue. Mais pas de voyeurisme dans ces poses, il s’agit de la transposition des pensées –et parfois des fantasmes- d’une jeune fille de 16 ans.
Le tout est écrit et dessiné avec beaucoup de subtilité, et même si je trouve la couverture un peu « dure » et maladroite par rapport au contenu, j’ai vraiment beaucoup aimé cet album, qui constitue l’un de mes coups de cœur « indé » du moment…
*Avis sur les 12 premiers tomes*
J'aime beaucoup « School Rumble ». C'est typiquement le genre de manga humoristique que j'aime. Les personnages ont tous un coté loufoque et particulièrement Kenji Harima qui est sans aucun doute mon personnage préféré. Il est très tordant lorsqu'il part dans ses délires. L'humour est souvent basé sur des quiproquos totalement stupides, mais moi ça me fait rigoler.
J'ai tout de même eu un peu peur pour la suite. En effet, dans les tome 5 et 6 , on voit apparaitre des nouveaux personnages qui ne sont pas très drôles et qui sont aussi très forts (ils défieront d'ailleurs les héros pendant un tournoi entre les classes de l'école). J'ai eu peur que la série ne devienne qu'une série de combat et perde ainsi tout son humour.
Heureusement, les nouveaux personnages deviennent très secondaire après le tome 6 et la série repart dans des délires totalement cons qui me font rire (le 'survival' est culte selon moi).
Il suffit de quelques cases, à peine deux ou trois pages. D’une file de voitures bloquées par un pachyderme étendu en travers de l’asphalte, d’une femme, élégante, qui marche au milieu de la route. Un peu affolée, agitée, elle cherche son mari soi-disant accidenté et nous entraine dans son sillage. Une forêt oppressante, un hôpital comme surgi du néant, et déjà le scénario confesse le fantastique et le songe, détissant méticuleusement le fil de futurs chemins tortueux, des voyages intérieurs que pourraient mal tolérer les esprits cartésiens les plus indécrottables. Mais voilà…
Ce théâtre surréaliste agit comme une embuscade. En jouant le spectacle impalpable d’une réalité qui mue incessamment au gré des rencontres avec ses marionnettes, il annihile tous les repères. Dérouté, sans véritable garde-fou, le lecteur est rapidement happé par le récit, dans une sorte d’errance hypnotique tout en légèreté. Les états d’âme, les secrets et les fantasmes de personnages improbables, parfois inquiétants, souvent intrigants, voire farfelus (cet infirmier au sourire carnassier et à la coupe au bol semble tout droit échappé du trio comique des Stooges !), laissent entrevoir des vérités, la plupart du temps bancales ou éphémères. Autant de poupées russes dans la construction d’une intrigue ésotérique et magnétique, d’un labyrinthe évanescent où l’on prend plaisir à s’égarer et dont la sortie transparait, pourtant, en filigrane. Oui, tout est là ! Les symboles, indices ou métaphores visuels généreusement disséminés. Ce n’est qu’au final que l’on se les remémora, maintenant plus évidents, que l’on comprendra que tout (ou quasiment) ne pouvait que s’expliquer.
Dès l’entame, cet album est une apnée sensorielle. Avec autant de plaisir, on plonge et replonge encore s’octroyant de temps à autre quelques bouffées d’oxygène autorisées par une narration magistrale. Non content de flatter nos pupilles avec son trait libéré et si expressif, ses couleurs et ses décors très typés, Frederik Peeters nous a concocté une mise en scène au cordeau. L’alternance d’ellipses, de flashbacks impromptus, de scènes de réel ponctuelles ou de longues parenthèses muettes plus oniriques instille un tempo syncopé, subtil et très harmonieux. LE point fort de l’œuvre.
Un puzzle irréel, poétique et intelligent pour une lecture en apesanteur.
Un scientifique allié à un as des services secrets, cela ne vous rappelle rien ? Bon sang mais c'est bien sûr !
Eh oui, beaucoup l'ont imaginée mais Didier Convard l'a faite, cette transposition des aventures de Blake et Mortimer dans notre hexagone des années 50, se référant ainsi aux années fastes des plus british de nos héros franco-belges.
Et avec quelle maestria Convard a mené la danse !
Un dessin tout à fait remarquable de Jean Christophe Thibert, qui a su adapter son trait si particulier (rappelez-vous il avait signé cette formidable trilogie, euh... ramenée à deux volumes, intitulée Le marteau des sorcières) aux canons de la bd style ligne claire de la bd franco-belge.
J'ai été plus que séduit par son dessin et par le scénario de Convard. Kaplan, évidemment tiré d'un film d'Hitchcock, représente la synthèse d'un Pradier style Jacobs, et d'un Gabin, style Audiard.
Un album réussi, qui m'a fait sourire (Ah ! La liaison entre Masson et sa secrétaire reste un grand moment de l'album et déroge à la loi de 1949 qui régissait les albums de l'époque des années 50 auquel il se rattache) et qui plaira sans nul doute aussi bien aux jeunes générations qu'aux plus anciennes par la nostalgie qu'il dégage.
Une indéniable réussite que je ne peux que saluer (en outre, l'histoire se conclue en un seul volume).
Bravo aux auteurs.
J'ai été envouté par cette BD.
C'est la première fois que de la poésie graphique m'emporte à ce point.
Les expressions du personnage principal sont exquis, les implantations de couleurs au milieu du noir et blanc à la "liste de Schindler" est un régal, le tissage du dessin allégorique au travers du réel très subtil, il y a au moins une nouvelle idée graphique originale par double page.
Le propos est mono-maniaque voir lancinant mais avec une telle douceur et un tel foisonnement qu'on le reçoit comme une caresse.
Le texte est très simple, poétique mais pas bavard. Il change souvent de registre ce qui intensifie l'effet de densité.
Je crois que je pourrais me repaitre de cet opus intense à l'infini.
Un seul petit bémol : la première de couverture est franchement moche et la quatrième de couverture hideuse.
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Pulp stories
Ah ! la bonne lecture que voilà ! L’ambiance est très noire. Traxler, détective privé carburant au Jack Daniels, qui n'est pas sans rappeler l'Alack Sinner de Muñoz et Sampayo, est engagé pour ce qu’il ne pense être qu’une banale affaire d’adultère. Il se trouve toutefois coincé dans un engrenage tel qu’il n’a d’autre choix que de se tourner vers Giusti, un vieil ami, tueur à gages de profession. Ce dernier a, pour sa part, des airs de Samuel L. Jackson dans Pulp Fiction, vu le costume-cravate noir et le petit discours rituel avant l’exécution de ses cibles. La chasse à l’homme est alors ouverte. A deux, ils se mettent à traquer le responsable des malheurs de Traxler, qui se trouve être l’un des « contrats » de Giusti. D’autres personnages entrent alors en scène, allant du flic louche au financier escroc, en passant par les receleurs et autres « nettoyeurs ». Le scénario est bien ficelé, sans être révolutionnaire. L’on suit les différents personnages dont les routes se croisent, rythmées par quelques spectaculaires fusillades. Le dessin est, quant à lui, incroyablement beau. Du grand art ! Un noir et blanc bien tranché. L’on pense alors à Frank Miller. Mais les personnages de Rossi n’ont pas le côté caricatural de ceux de Miller – et, à mon sens, c’est tant mieux! Concernant le support, il s’agit d’un petit format à l’impression peut-être un peu « cheap », mais – et c’est là la conséquence positive – le prix s’en ressent : 12 € pour 160 pages de pur plaisir, à mon sens, c’est une bonne affaire !
Dieu en personne
Fidèle de l’auteur, tu ne seras pas dépaysé ! Dès l’ouverture, c’est comme à la maison. Tous nos bons vieux repères sont là. Beaucoup de noir, du gris et du blanc. Des foultitudes de foules, des édifices édifiants, des personnes impersonnelles. Les espaces sont vastes ou parfois plus étriqués, immuablement astreignants tant ils sont remplis de gens et de choses. Et puis cette Sensation familière de solennité, de distanciation et de froideur. Chaque nouvel album parait tellement identique, mais s’avère pourtant si subtilement différent. Naturellement, le concept de l’oeuvre ne se départ pas de son originalité traditionnelle (Marc Antoine Mathieu a encore claqué la boite à idées en faisant dans le Divin culotté). Ce qui change vraiment, c’est l’inhabituelle tranquillité, le classicisme (très relatif) de la mise en scène. Colmatés, les trous dans les planches ! Remballées, les spirales infernales ! Chacun à sa place : la fin à la fin, le début au début et le dessin, bien sage, cantonné aux pages. L’absurde ludique et ses voltiges narratives glissent de l’ancienne poésie des cases vers une nouvelle philosophie des bulles. Si MAM fait joujou, c’est avec les mots. Une rhétorique subjective, ingénieuse et très souvent imparable qui dévoile un album infiniment plus intime, bien plus personnel qu’à l’accoutumée et indubitablement plus drôle. Qu’on se le dise, le Très-Haut s’est risqué en bas et les hommes sont en émoi. Mais est-ce vraiment lui ? Un artefact, une réalité ? Sommé de prouver son identité, puis soudainement sollicité de toutes parts, le Créateur sera finalement confronté à sa création au cours d’un procès insensé. Eh oui, le genre humain a beaucoup de griefs, de dilemmes très cartésiens et réclame explications, dommages et intérêts ! En autant d’intervenants, les différents points de vue affluent et les répliques fusent. Perspectives scientifiques, métaphysiques, sociales, théologiques, spirituelles, mercantiles, artistiques... Rappelant souvent les grands auteurs à notre souvenir, ces perles de pertinence, d’ironie ou d’humour aboutissent fréquemment à des réflexions toujours plus profondes. Immanquablement, on relèvera le côté universel du Dieu de MAM. Un Éternel suggéré, quelquefois deviné sous les canons de l’imaginaire populaire, mais sans signe distinctif. Absence d’édifices sacrés, aucune obédience affichée : c’est autour du concept général de Dieu que l’on discute ici. Un leurre depuis le commencement. À faire tant parler les hommes, exposant le panorama de leur religiosité, l’auteur n’a fait qu’établir un constat (amer) de notre société occidentale. Il nous renvoie notre image à travers celle que nous avons de Dieu. Un reflet superficiel dont la spiritualité en berne cherche son salut dans des addictions de plus en plus artificielles… Un essai grotesque et clairvoyant qui me confirme une vérité : in MAM i trust !
Petit Poilu
Petit Poilu, c'est fort ! Car cette BD destinée aux plus jeunes de nos apprentis lecteurs a séduit tous ceux à qui je l'ai proposée, tous âges confondus ! Que ce soit mon fils de 5 ans, maintenant fan inconditionnel, ou mes collègues, tous voient arriver cette petite boule de poils noirs avec les sourire aux lèvres quand un nouveau tome vient compléter mes rayons. Du point de vue du dessin, c'est simple, tranché et efficace. La narration ne s'en porte que mieux, et c'est par ailleurs essentiel dans une BD sans texte. Car ici on vise avant tout les plus jeunes. Pas besoin de savoir lire pour suivre notre bouffiole ! Pierre Bailly, que je connaissais par le biais de Ludo, impose un trait et un dessin des plus sobres qui sert à merveille ces petites aventures. Car du côté des scénarios, Céline Fraipont (inconnue au bataillon...) fait un travail remarquable. C'est simple, ok, mais sans jamais tomber dans la mièvrerie. Petit Poilu sait se debrouiller tout en gardant un côté attachant. J'ai par ailleurs beaucoup aimé les petits leitmotiv utilisés au travers de la série : la scène d'intro, l'utilisation de la photo de sa mère quand "ça fait peur", ou encore la scène finale. En tout cas, si vous cherchez une BD pour s'initier ou découvrir les joies de la BD, je trouve que Petit Poilu est l'exemple parfait de la réussite narrative !
Le Blaireau
Le Blaireau est une chouette petite série malheureusement trop méconnue. Il est vrai que j’éprouve un faible pour les talents de scénariste de Rodolphe, un artiste qui parvient souvent à créer des personnages attachants. Et le Blaireau, alias Antoine Blérien, est exactement le genre de personnage que j’adore. Désabusé, humain, gentil, grande gueule, complexé, tendre, têtu, il cumule les qualités du parfait anti-héros. Accompagné d’une galerie de personnages à son image, il vit des aventures dont il ne sort pas en vainqueur, mais avec le sentiment d’être resté honnête avec lui-même. Si les scénarios ressemblent à ceux de films policiers des années ’50, c’est avant tout dû au soin apporté à la psychologie des acteurs et à la présence invariable d’un personnage féminin auquel le Blaireau s’attachera. La pin-up est de rigueur (même si elle n’est pas toujours très sexy). Le suspense est on ne peut plus relatif, et l’amateur de belles intrigues policières risque vraiment de rester sur sa faim. De plus, il faut reconnaître que certaines histoires (et « Roxane » en particulier) se résument à peu de chose. Cette relative absence d’action présente l’avantage de laisser le champ libre au développement des relations entre les différents acteurs. Rodolphe laisse vraiment le temps à ses différents personnages de se rencontrer, ce qui accroit la plausibilité de l’ensemble, et sa dimension humaine. Si le premier tome est assez déroutant, graphiquement parlant (les personnages en général, et le Blaireau en particulier, semblent par moment sortis d’un vieux Mickey), ils vont vite évoluer vers un semi-réaliste parfois brouillon mais qui, dans ses meilleurs moments, m’aura rappelé « Julien Boisvert » (le nez, sans doute). De plus, la colorisation est assez réussie à mon goût. Elle donne à cet univers un petit coté « paillettes usagées » qui lui convient parfaitement, … des couleurs qui auraient pu être trop vives si elles n’avaient été ternies volontairement, comme soumises aux affres du temps. Une très bonne série, menée sur un faux rythme par un personnage central attachant, et dont les scénarios, certes prévisibles, font preuve d’une belle humanité. Et bien ce cocktail-là, moi, je l’aime vraiment bien.
La Vieille Dame qui n'avait jamais joué au tennis et autres nouvelles qui font du bien
Voici une chouette petite bande dessinée ! Zidrou a composé l’ensemble des scénarios de l’album (oui, il s’agit de courtes nouvelles) et a confié l’illustration de ceux-ci à une multitude d’auteurs que je ne connaissais absolument pas. Ces artistes officient dans des styles différents mais tous font preuve d’une réelle sensibilité. Cette sensibilité, cette douceur (tant au niveau des scénarios que des dessins) est l’atout maître de l’album. Elle est … palpable. Les histoires sont pourtant toutes simples, mais Zidrou a l’art de saisir le moment juste, celui où l’émotion surgit, tout en gardant une immense pudeur. Les récits ne sont pas démonstratifs, et les personnages ne sont pas exubérants, au contraire. Ils « jouent » tout en retenue, et j’adore cela. La narration est fluide, le ton employé est doux et légèrement humoristique, mais jamais je n’ai eu le sentiment de lire de la « guimauve ». C’est tout simplement bien écrit, bien illustré et le petit format de l’objet ne s’avère pas spécialement réducteur. Simple et sensible, mais un réel coup de cœur !
Sauve qui peut
Eh bien je ne m’attendais pas du tout à ça… Ça commence par le départ d’une ado rebelle pour ce qui s’annonce comme une colonie bien chiante. Marguerite est une ado rebelle, mais elle est surtout maline et débrouillarde. On est loin des clichés avec ce petit bout de femme qui cherche à garder son indépendance et a du mal à accepter l’autorité. Perrine Dorin a donc privilégié la vraisemblance, en mettant des bouts d’autobiographie dedans. Les neuf dixièmes du récit nous font balancer entre rire et stupeur, en particulier avec l’arrivée du fameux Frankie, sorte de hippie déglingué qui va semer le chaos dans la colo. L’intermède/flash-back, qui constitue le dernier dixième, m’a complètement chaviré. C’est trop beau pour être faux. La dégradation dans la trame principale vient rapidement, je trouve qu’elle aurait pu être un peu plus graduée, mais dans l’ensemble elle reste cohérente. Un seul regret, que l’on ne voie finalement pas la « splendide bâtisse » que les gamins de la colo sont censés retaper… D’autant plus que la dessinatrice, Natacha Sicaud, aurait à mon avis, le talent pour le faire. C’est une vraie découverte, puisque cette jeune illustratrice fait ici ses premiers pas seule sur un album, ou presque, n’ayant fait jusque-là que des albums collectifs - dont Boule de neige (Delcourt). Son trait est très fin, il me rappelle un peu celui de Benoît Springer dans sa veine réaliste, très clair, extrêmement lisible. Second atout, elle ose expérimenter des superpositions, des juxtapositions, des cases entremêlant hors texte (la plupart étant des pensées de Marguerite) et dessins de la jeune fille, habillée ou dévêtue. Mais pas de voyeurisme dans ces poses, il s’agit de la transposition des pensées –et parfois des fantasmes- d’une jeune fille de 16 ans. Le tout est écrit et dessiné avec beaucoup de subtilité, et même si je trouve la couverture un peu « dure » et maladroite par rapport au contenu, j’ai vraiment beaucoup aimé cet album, qui constitue l’un de mes coups de cœur « indé » du moment…
School Rumble
*Avis sur les 12 premiers tomes* J'aime beaucoup « School Rumble ». C'est typiquement le genre de manga humoristique que j'aime. Les personnages ont tous un coté loufoque et particulièrement Kenji Harima qui est sans aucun doute mon personnage préféré. Il est très tordant lorsqu'il part dans ses délires. L'humour est souvent basé sur des quiproquos totalement stupides, mais moi ça me fait rigoler. J'ai tout de même eu un peu peur pour la suite. En effet, dans les tome 5 et 6 , on voit apparaitre des nouveaux personnages qui ne sont pas très drôles et qui sont aussi très forts (ils défieront d'ailleurs les héros pendant un tournoi entre les classes de l'école). J'ai eu peur que la série ne devienne qu'une série de combat et perde ainsi tout son humour. Heureusement, les nouveaux personnages deviennent très secondaire après le tome 6 et la série repart dans des délires totalement cons qui me font rire (le 'survival' est culte selon moi).
Pachyderme
Il suffit de quelques cases, à peine deux ou trois pages. D’une file de voitures bloquées par un pachyderme étendu en travers de l’asphalte, d’une femme, élégante, qui marche au milieu de la route. Un peu affolée, agitée, elle cherche son mari soi-disant accidenté et nous entraine dans son sillage. Une forêt oppressante, un hôpital comme surgi du néant, et déjà le scénario confesse le fantastique et le songe, détissant méticuleusement le fil de futurs chemins tortueux, des voyages intérieurs que pourraient mal tolérer les esprits cartésiens les plus indécrottables. Mais voilà… Ce théâtre surréaliste agit comme une embuscade. En jouant le spectacle impalpable d’une réalité qui mue incessamment au gré des rencontres avec ses marionnettes, il annihile tous les repères. Dérouté, sans véritable garde-fou, le lecteur est rapidement happé par le récit, dans une sorte d’errance hypnotique tout en légèreté. Les états d’âme, les secrets et les fantasmes de personnages improbables, parfois inquiétants, souvent intrigants, voire farfelus (cet infirmier au sourire carnassier et à la coupe au bol semble tout droit échappé du trio comique des Stooges !), laissent entrevoir des vérités, la plupart du temps bancales ou éphémères. Autant de poupées russes dans la construction d’une intrigue ésotérique et magnétique, d’un labyrinthe évanescent où l’on prend plaisir à s’égarer et dont la sortie transparait, pourtant, en filigrane. Oui, tout est là ! Les symboles, indices ou métaphores visuels généreusement disséminés. Ce n’est qu’au final que l’on se les remémora, maintenant plus évidents, que l’on comprendra que tout (ou quasiment) ne pouvait que s’expliquer. Dès l’entame, cet album est une apnée sensorielle. Avec autant de plaisir, on plonge et replonge encore s’octroyant de temps à autre quelques bouffées d’oxygène autorisées par une narration magistrale. Non content de flatter nos pupilles avec son trait libéré et si expressif, ses couleurs et ses décors très typés, Frederik Peeters nous a concocté une mise en scène au cordeau. L’alternance d’ellipses, de flashbacks impromptus, de scènes de réel ponctuelles ou de longues parenthèses muettes plus oniriques instille un tempo syncopé, subtil et très harmonieux. LE point fort de l’œuvre. Un puzzle irréel, poétique et intelligent pour une lecture en apesanteur.
Kaplan & Masson
Un scientifique allié à un as des services secrets, cela ne vous rappelle rien ? Bon sang mais c'est bien sûr ! Eh oui, beaucoup l'ont imaginée mais Didier Convard l'a faite, cette transposition des aventures de Blake et Mortimer dans notre hexagone des années 50, se référant ainsi aux années fastes des plus british de nos héros franco-belges. Et avec quelle maestria Convard a mené la danse ! Un dessin tout à fait remarquable de Jean Christophe Thibert, qui a su adapter son trait si particulier (rappelez-vous il avait signé cette formidable trilogie, euh... ramenée à deux volumes, intitulée Le marteau des sorcières) aux canons de la bd style ligne claire de la bd franco-belge. J'ai été plus que séduit par son dessin et par le scénario de Convard. Kaplan, évidemment tiré d'un film d'Hitchcock, représente la synthèse d'un Pradier style Jacobs, et d'un Gabin, style Audiard. Un album réussi, qui m'a fait sourire (Ah ! La liaison entre Masson et sa secrétaire reste un grand moment de l'album et déroge à la loi de 1949 qui régissait les albums de l'époque des années 50 auquel il se rattache) et qui plaira sans nul doute aussi bien aux jeunes générations qu'aux plus anciennes par la nostalgie qu'il dégage. Une indéniable réussite que je ne peux que saluer (en outre, l'histoire se conclue en un seul volume). Bravo aux auteurs.
Litost
J'ai été envouté par cette BD. C'est la première fois que de la poésie graphique m'emporte à ce point. Les expressions du personnage principal sont exquis, les implantations de couleurs au milieu du noir et blanc à la "liste de Schindler" est un régal, le tissage du dessin allégorique au travers du réel très subtil, il y a au moins une nouvelle idée graphique originale par double page. Le propos est mono-maniaque voir lancinant mais avec une telle douceur et un tel foisonnement qu'on le reçoit comme une caresse. Le texte est très simple, poétique mais pas bavard. Il change souvent de registre ce qui intensifie l'effet de densité. Je crois que je pourrais me repaitre de cet opus intense à l'infini. Un seul petit bémol : la première de couverture est franchement moche et la quatrième de couverture hideuse.