Les derniers avis (9535 avis)

Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Crénom, Baudelaire !
Crénom, Baudelaire !

Tome 3 : Le Serpent qui danse Avec le dernier volet de cette trilogie, le lecteur va suivre Baudelaire dans la dernière partie de sa vie, une vie minée par les problèmes d’argent, son addiction aux substances illicites, et ce mal rampant qu’est la syphilis. Il faut dire qu’il a perdu de sa superbe, le Charles ! Le poids des ans n’arrange rien et commence à se faire sentir sur sa dégaine de dandy à présent quadragénaire : yeux rougis et regard fiévreux, visage marqué et démarche voutée, son arrogance des premières années semble s’être envolée avec sa jeunesse. Sa nouvelle célébrité, entravée par ses démêlés avec la justice, ne suffit pas à compenser le train de vie du poète hédoniste et flambeur, désormais pourchassé par les huissiers. « Coco mal perché », son éditeur, devra bientôt mettre la clé sous la porte et fuir vers Bruxelles, là où Baudelaire, dont la réputation commence à traverser les frontières, est venu donner des lectures qui se solderont par un bide fracassant. Quant à Jeanne Duval, sa muse de toujours, la grande vérole aura eu raison d’elle : là voilà désormais hémiplégique. Baudelaire loue une chambre à Neuilly et devient son « tuteur ». Mais c’est sans compter sur le frère de Jeanne, qui vient taper l’incruste et est devenu le proxénète de celle-ci ! Dans la parfaite lignée des deux premiers tomes, « Le Serpent qui danse » conclut de fort belle manière cette fresque épique consacrée à l’homme qui aura révolutionné la poésie dans la France du XIXe siècle. Fidèle à la narration très fluide de Jean Teulé, Dominique Gelli vient la sublimer avec un dessin très pictural qui évoque les peintures de ce siècle, mais avec la touche de modernité induite par la bande dessinée. Un pur régal pour les yeux. On sent bien que Baudelaire a été pour lui une source d’inspiration. Son style conjugue l’admiration qu’il porte au poète au pittoresque caractérisant le roman de Teulé. Tino Gelli continue de son côté à insérer ses respirations graphiques en illustrant quelques poésies extraites des « Fleurs du mal ». Le tout contribue à faire de ce double hommage (à Jean Teulé autant qu’à Charles Baudelaire, un immense poète si l’on fait abstraction des aspects les plus détestables du personnage) une œuvre qui fera date. Tome 2 : Les Fleurs du mal Dans la ligne du tome 1, cette suite ne faiblit pas et reste totalement conforme à ce qu’on pouvait en attendre. Baudelaire et ses frasques de dandy mal léché, racontés avec brio par Jean Teulé, ont décidément été une source d’inspiration pour Dominique Gelli, et cela se ressent dans la qualité narrative et visuelle de cette adaptation. Tout comme Teulé, l’auteur parvient à nous immerger dans ce Paris du XIXe siècle, un Paris qui basculait rapidement vers la modernité, avec les travaux spectaculaires du baron Haussmann qui allaient donner à la capitale un nouveau visage, se rapprochant de celui qu’on lui connaît aujourd’hui. Gelli décrit très bien ce contexte qui suscitait la grogne parmi la population, en particulier celle des classes laborieuses et des sans-grades, qui se voyaient contraints de s’exiler vers les faubourgs, ou bien celle des artistes qui assistaient impuissants à la disparition du Paris populo et gouailleur qu’ils chérissaient. Bien qu’issu d’un milieu aisé, Baudelaire en était, un peu contre son gré, lui dont la principale préoccupation en tant que poète hédoniste consistait à vivre sans contrainte tout en rejetant les codes hypocrites de la haute société. D’un point de vue graphique, on peut dire que Dominique Gelli s’est surpassé, nous offrant des scènes superbes de la vie parisienne qui évoquent les peintures de Renoir, Pissaro, Monet et j’en passe, avec des tonalités obscures faisant ressortir les vêtements colorés du poète dandy. Tino Gelli, dans sa démarche picturale plus abstraite, vient enrichir la narration en illustrant les vers de ce dernier avec des pleines pages comme autant de respirations. Tout en restant fidèle au roman de Jean Teulé, notamment par l’humour qui le traverse, Dominique Gelli est parvenu à se l’approprier totalement. Sa représentation de Baudelaire peut toutefois apparaître éloignée des photographies que l’on connaît du poète. Si son accoutrement reflète bien l’extravagance de l’homme, dont le narcissisme n’avait d’égal que la folie, son visage, ordinaire et peu séduisant sous le pinceau du dessinateur, ne joue guère à son avantage. Certes, Baudelaire était loin d’être aimable, on pouvait même légitimement le qualifier de connard arrogant et fantasque, mais indiscutablement il était conscient de la fascination qu’il pouvait exercer sur son entourage, et il en jouait. Sa force était sans doute de ne pas faire cas de ce que l’on pensait de lui et d’aller jusqu’au bout de ses désirs. En résumé, ce tome 2 est une réussite et laisse à penser que la trilogie, une fois terminée, fera partie des biographies en BD les plus marquantes dans le domaine de l’art et de la littérature. Tome 1 : Jeanne Quelques mois après la mort de Jean Teulé, la sortie de cet ouvrage prend une dimension tout à fait particulière. Cet auteur, qui avait débuté dans la bande dessinée au tournant des années 80, s’était par la suite converti au roman où il évoquait comme personne la vie de personnages illustres de l’Histoire. Et pourtant, le lien avec le neuvième art n’a jamais été véritablement rompu, beaucoup de ses romans ayant fait l’objet d’une adaptation en BD, la plus emblématique étant sans doute Charly 9, de Richard Guérineau, une fresque grandiose consacrée au roi Charles IX. Il y eut également Je, François Villon, de Luigi Critone, et Ô Verlaine, de Philippe Thirault et Olivier Deloye. « Crénom, Baudelaire ! », le roman, n’était paru qu’en 2020. Après plusieurs années d’absence, Dominique Gelli, dont c’est ici la deuxième adaptation d’un ouvrage de ce conteur hors pair qu’était Jean Teulé, après Mangez-le si vous voulez, récit incroyable d’un fait divers effrayant pendant la guerre franco-prussienne de 1870, aura eu avec cette BD l’opportunité de se remettre sur les rails tout en révélant le talent graphique dont il était capable. Et lorsqu’on découvre ce nouvel opus, on se dit que le précédent n’était en fait qu’une mise en bouche… Pour ce faire, Dominique s’est adjoint les services de son fils Tino (on est artiste dans la famille !), davantage tourné vers la peinture, « inspiré par le mysticisme et l’ésotérisme », peignant et composant « sa propre musique qui devient la bande originale de son œuvre picturale », selon les termes de l’éditeur. Ainsi, ce portrait composé à quatre mains est le fruit d’une alchimie père-fils qui semble avoir fonctionné à plein. La partition narrative au trait légèrement charbonneux, assuré par Dominique, est entrecoupée de planches le plus souvent en pleine page, dévoilant le travail du fiston, entre abstraction et symbolisme. Gelli père quant à lui, a visiblement été très inspiré par ce portrait, et sa maîtrise sur la couleur que l’on avait constatée dans Mangez-le si vous voulez donne ici sa pleine mesure. Les scènes en clair-obscur sont splendides, avec ces touches de vert fluorescent ou de rouge qui explosent sous la grisaille parisienne, sans parler des délicats effets de drapés (la robe démesurée et voluptueuse de Madame Baudelaire !). Jeanne Duval, le « soleil noir » de Baudelaire, apparaît tel une reine africaine antique, d’une flamboyance presque terrifiante à faire pâlir — et c’est le cas — tous ceux gravitant autour d’elle, d’autant qu’à l’époque les Noirs étaient extrêmement rares à Paris. Les quelques scènes sexuelles un peu crues ne contiennent aucune once de vulgarité, et en ce sens reflètent parfaitement le propos baudelairien. Si le roman a ici été très bien synthétisé dans sa narration, évitant même de reproduire les tics un brin agaçants de Teulé de recourir à des expressions modernes, surtout dans la première partie de son livre, il a été littéralement magnifié d’un point de vue graphique. On ne pourra être que subjugué par ce qui s’avère un des joyaux éditoriaux de l’année. Cette BD, premier volet d’une trilogie pour laquelle l’écrivain a dispensé ses conseils, constitue donc désormais un double hommage, dédié d’une part à un immense poète (malgré son caractère invivable) et d’autre part un talentueux conteur des temps modernes. Il va sans dire qu’on est impatient de découvrir la suite.

10/06/2023 (MAJ le 22/11/2025) (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Criminal - Les Acharnés
Criminal - Les Acharnés

4 ans après l’excellent Un été cruel, le trio Brubaker / Phillips père et fils revisite l’univers noir de Criminal, avec ce nouveau one-shot qui peut se lire indépendamment, le lien avec la série mère se faisant via le personnage de Tracy Lawless. Pas de surprise niveau histoire, les auteurs sont au sommet de leur art. L’intrigue est complexe et passionnante, et parfaitement narrée. Les personnages de Jacob et Angie sont attachants, les sauts temporels nous permettent de découvrir les méandres de la galère dans laquelle ils se sont fourrés… impossible de refermer l’album avant d’en connaitre le dénouement. Pas de surprise non plus du coté du dessin… c’est du Phillips, père et fils, c’est efficace, l’ambiance noire et poisseuse est parfaitement retranscrite. Un excellent polar noir, immanquable pour les amateurs du genre… et pour couronner le tout, Brubaker annonce dans la postface que le prochain album de Criminal est déjà en cours de réalisation… vivement !

22/11/2025 (modifier)
Par cac
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Ultrasons
Ultrasons

Un sacré pavé de près de 400 pages. J'ai étalé ma lecture et il m'a fallu plusieurs semaines pour enfin le terminer. Ce n'était pas spécialement haletant pour que je le plie rapidement, c'était un peu dérangeant mais attirant à la fois. Une seconde passe est presque nécessaire pour bien appréhender ce qu'il s'y passe. C'est une lecture dense qui commence par une histoire quelque peu banale, d'un homme en voiture qui crève sur la route. Il cherche alors de l'aide dans une maison proche. Déjà cela commence à virer bizarre quand le mari lui propose de coucher avec sa femme. Et sur plusieurs pages l'auteur décrit la chambre à coucher et une maladroite relation. Mais sans trop en dévoiler il y a ensuite une vraie rupture dans le récit, on découvre les personnages sous un nouvel angle. Tout cela est une machination, un programme. Cela m'a rappelé des scénarios tortueux et psychologiques comme Mind MGMT de Matt Kindt. On vire sur le fantastique mais dans un contexte tout ce qu'il y a de plus réel et ordinaire dans un endroit indéterminé des USA. Le dessin est bien réalisé, je ne sais pas si c'est fait au stylo bille, pas mal d'hachures, des pages monochromes de différentes couleurs. Un travail de dingue. Bref un ouvrage exigeant que je recommande.

21/11/2025 (modifier)
Par Canarde
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série La Veuve
La Veuve

Tout simplement une très belle histoire. Cela commence un peu de manière conventionnelle, une petite silhouette féminine qui fuit en courant dans la forêt, poursuivie par deux gros types avec des chiens, des chapeaux melons, des carabines... de grandes pages muettes noir et blanc, aux traits gras et surfaces grisées : feutre, pinceaux, graphite, tout est permis pour représenter les branches mortes, les pins dressés, les prairies, la surface éclaboussée par la course, des rivières... Mais les ressors de la fuite sont remontés par des rencontres surprenantes et des personnages qui se trompent, se pardonnent, et nous donnent à penser, à rêver, à désespérer mais aussi à espérer. C'est une adaptation d'un roman de Gil Adamson que la BD donne envie de lire, on devine une subtilité psychologique qui reste en partie hors de portée mais sous-jacente. L'esprit western n'est pas si présent que ça, si ce n'est dans la brochette des mineurs épuisés qui se retrouvent à la messe pour boxer. Ce qui est un peut frustrant c'est l'inhumanité des poursuivants, en comparaison de la délicatesse d'observation du reste, cela fait perdre en intérêt, le seul trou dans la cuirasse arrive vers la fin quand le plus jeune frère fait part de son envie d'abandonner la poursuite... Finalement ce n'est pas la jeune fille non plus qui nous intéresse, mais plutôt les personnages qui la croisent et leurs réactions devant son destin. On s'attend au pire, mais c'est autre chose qui se produit. Est-ce le meilleur ? Non, c'est l'inventivité du sort.

21/11/2025 (modifier)
Par Canarde
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Les Météores
Les Météores

J'avais repoussé la lecture et l'achat de cet album estampillé Angoulême, après plusieurs feuilletages en librairie. Le camaieu de gris des images me faisait craindre un univers dépressif peu engageant. Je voyais peu de dialogues et j'avais l'impression que ça allait être vite lu. Je me voyais refermer la BD avec un "So what..." au bord des lèvres. Eh bien non, c'est roboratif . Plutôt que récit choral, comme ont dit mes collègues, je dirais un very short cut où les points de vue différents se télescopent assez rapidement, ce qui donne un certain rythme, même dans cet univers hivernal, plat et peu bavard. La menace de la météorite est présente mais pas beaucoup plus que notre eco-anxiété quotidienne : chacun en fait abstraction comme il peut sans que vraiment la chose ne nous quitte d'une semelle. Les trajectoires des personnages, du logement au diner, du diner au supermarché, du supermarché au pont de l'autoroute, au skate Park, à l'arrêt de bus... nous montrent des situations de tous les jours, mais les rencontrent qui s'y déroulent sont touchantes et vraies. Le dessin fait un peu penser à du Bastien Vivès, économe et sensuel. La construction du recit est très élégante aussi. Une belle horlogerie. Mais je ne sais pas à qui conseiller cet album ... les esthètes, les aides soignantes, les aidants, les ados, les parents... faites l'essai, vous verrez bien.

20/11/2025 (modifier)
Par Francky
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Moonlight mile
Moonlight mile

Autant le dire, je suis frustré de ne pas pouvoir accéder à la suite de la série, la version française n'ayant pas poursuivi au delà du tome 10 (ou 11 ?) sur les 22 - 24 tomes de l'édition japonaise. Pourquoi tant de haine (par certains) à l'égard de cette série ? Le dessin n'appel pas de critique particulière. Et avoir imaginé la course des nations pour la prospection lunaire de façon aussi pragmatique m'a vraiment intéressé. Maintenant, le coté cru (et couillu) d'Ohtagaki a pu déranger des lecteurs habitués a plus d'angélisme par d'autres auteurs. Ce n'est pas votre tasse de thé et alors, passez donc votre chemin ! Mais quel besoin ont certains de passer au vitriol un style qu'ils n'apprécient pas, le manga doit-il être normé en fonction des goûts de ces derniers ? Pour rappel, le Japon a produit voilà déjà bien longtemps des estampes à la sexualité des plus crues et explicites dans lesquelles la sueur, le poil et les liquides en tous genres y sont forts représentés. Et ces dernières estampes, n'en déplaise à certains critiques ici présents, étaient essentiellement destinées à la haute société. On peut trouver par ailleurs des mangas très fournis de ce genre de scènes depuis des années. Alors, vous n'appréciez pas ces quelques scènes Culottées émaillant le déroulé de l'histoire de Moonlight Mile, soit, lisez d'autres auteurs et ne mettez pas au bûcher celui-ci, il ne le mérite absolument pas. Peut être pensiez vous lire du Sailor moon ?

20/11/2025 (modifier)
Couverture de la série La Princesse guerrière
La Princesse guerrière

Dans la droite lignée de l'album Le Roi des oiseaux, Alexander Utkin nous propose ici de nouveaux une succession de récits adaptés de contes slaves, découpés en épisodes et pouvant être reliés les uns aux autres par des personnages récurrents et les remarques du narrateur. Ici, contrairement à l'album précédent, les histoire sont moins suivies, plus décousues. Enfin, par là je veux dire que, même si deux grandes histoires se détachent clairement de tout ceci (celle de Vasilia et celle de John), elles ne se filent pas l'une l'autre aussi fluidement que l'on fait les récits du premier album (si ce n'est que le récit de John se passe vraisemblablement avant celui de Vasilia). Bon, si, techniquement elles se suivent toutes deux sur le fait qu'il s'agit à chaque fois d'un récit centré sur un enfant devant braver les dangers pour porter secours à son père, mais je voulais parlé d'un filage intra-diégétique plus explicite. Pourtant, chose intéressante, c'est bien cet album qui m'a la plus plu. Peut-être est-ce parce que chacun des deux récits a su davantage me parler, peut-être aussi parce que Baba Yaga étant la seule figure du folklore slave que je connaissais un minimum j'ai su m'attacher plus vite, peut-être encore est-ce le fait que j'ai bien plus ici ressenti cet effet de style narratif évoquant les soirées où l'on se partage des histoires au coin du feu, où les histoires se suivent, se lient et prennent vie mais pas nécessairement dans un ordre chronologique mais plutôt thématique. Quoi qu'il en soi l'album m'a plu, énormément. Qu'il s'agisse du récit initiatique de la jeune sorcière Vasilia ou de la quête épique du bon et brave John, les récits et les personnages m'ont plu, parus vivants et leurs aventures et leurs déboires possédaient bien toute la puissance évocatrice que j’attends d'un conte. On retrouve là aussi l'oiseau Gamaïoun pour la narration, nous partageant de nouveau de petites digressions au gré de ses histoires, des portes d'entrées et de sorties vers d'autres récits (mais pour d'autres moments). Nous retrouvons d'ailleurs au détour de quelques pages la souris, le serpent, le chasseur et son fils, personnages dont l'histoire nous a été racontée dans le précédent album (tout comme nous retrouvions dans leurs histoires l'éponyme Princesse Guerrière, John et Vasilia au détour de quelques épisodes). Le dessin d'Alexander Utkin est toujours aussi beau, mais là encore je l'ai préféré ici. Le travail des couleurs vives contrastées par la nuit noir lors des passages avec Baba Yaga, les couleurs bleus et orange de ce bon John qui se marient si bien, les yeux brillant de Vasilia et de sa grand-mère, l'esprit du feu, … j'ai trouvé le travail des couleurs bien plus intéressant et plus puissant dans cet album. Soi dit en passant, c'est cet album-là que j'ai lu en premier, et non Le Roi des oiseaux, peut-être cela a-t-il davantage appuyé ma préférence pour l'album ici présent.

19/11/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Les Ogres-Dieux
Les Ogres-Dieux

Noir et blanc parfait et novateur : le fond, noir, offre un écrin pertinent, au propos bien noir : les Ogres règnent sur des Hommes qu'ils tuent soit par colère, soit pour les dévorer, certains étant élevés à cet effet ! Grandeur et décadence des humains du coin d'être tombés si bas, cependant que les autres continuent leurs progrès, avec des armes à feu pouvant changer le rapport de force. Grandeur et décadence d'Ogres consanguins de plus en plus bêtes et petits ! Cependant, certains Ogres se veulent humanistes, et certains humains dominer les leurs par les Ogres, voire manipuler ces derniers en sous-mains. Le dessin semi-réaliste est parfait : assez réaliste pour qu'on croie à l'action, laissant assez de place à l'indéterminé pour ménager sa place au rêve quand les Ogres relèvent tout de même du mythe. Les femmes, humaines et Ogres, ne jouent pas les utilités : j'ai beaucoup aimé la grand-mère de Petit, ce personnage entre humain et Ogre qui n'est pas mal non plus. Et sa maman ! Un peu d'humour parsème les pages de l'histoire agrémentée de quelques pages expliquant mieux les tenants et les aboutissants, par exemple de la réforme ratée d'un Ogre roi éclairé, et l'origine de l'institutionnalisation du cannibalisme. Seul bémol : l'inachèvement dont grâce aux commentateurs j'apprends qu'il est hélas, définitif !

19/11/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série En quête de liberté
En quête de liberté

Oh mon dieu ... Et pourtant je ne suis pas croyant, c'est dire. Je ne pensais pas que cette BD serait aussi rude, mais le sous-titre promettait d'être abominable. Et il l'a été, en effet ... Disons le tout net, cette BD n'est pas pour tout le monde ! Elle est même franchement pas recommandée si vous êtes sensibles à certains sujets notamment les violences familiales et celles faites aux femmes. Parce que Sana va en prendre plein la gueule dès les premières pages. Enfant battue par sa mère qui va se radicaliser progressivement, elle sera emmenée de force en Syrie où son père sera contraint de les rejoindre pour les revoir. Mariée de force, devenue mère à 16 ans, elle va ensuite vivre l'enfer de la guerre contre l'EI et tentera par plusieurs moyens de rentrer en France. Ce qui lui prendra dix ans ... Je ne vais pas faire le détail, la BD étant très complète même si elle ne s'attarde jamais sur un seul des évènements. Tout s'enchaine à un rythme dingue, tant tout ce qu'il se passe parait hors de contrôle. C'est tant mieux, on évite ainsi la misère et le pathos des situations qui s'enchainent à chaque fois vers le pire. Et alors que je ne le pensais pas en l'ouvrant, la BD m'a mis un taquet dans les dents. En même temps, comment rester insensible devant cette gamine condamnée par sa famille à devenir fille-mère, subir les bombardements, l'exil et la faim tout en voyant mourir autour d'elles ceux qu'elle aime ? Cette BD est une bonne démonstration des dangers de la radicalisation. Ici c'est tout une famille (tante et cousines avec) qui vont se retrouver emporté dans Daesh et qui vont mourir progressivement, dépossédé de toute humanité, bombardé, chassé et parqué dans des camps. Mais cette BD a l'intelligence de ne pas se limiter à ce parcours et de finir sur une dernière critique bien sentie : comment a-t-on pu laisser une jeune fille de 13 ans disparaitre de l'école, ne jamais être signalée pour maltraitance infantile alors qu'elle était couverte de bleue lorsqu'elle allait chez le médecin ? Comment a-t-on pu laisser toute cette famille partir ainsi sans s'alarmer, sans rien faire ? Je proposerais bien une théorie à base de racisme ordinaire et de je-m’en-foutisme envers les plus pauvres, mais je ne prétendrais pas avoir la solution. Le fait est là, nos sociétés permettent à ces gens de partir, de briser des vies et d'aller enrichir en vie humaine des guerres atroces à l'autre bout de la Méditerranée. Mais on s'en fout, ce ne sont que des musulmans ... La BD souffre de quelques défauts techniques, notamment sur le dessin. Il s'agit de la première BD de l'autrice qui a officiait déjà dans le milieu, et globalement l'ensemble se tient très bien. Il s'agit plus de détail sur les proportions anatomiques, les visages parfois étranges notamment lors de grosses réactions de surprises et divers moments où les postures font raides et pas très naturelles. Ces défauts techniques sont là, mais n'entachent clairement pas la lecture que j'ai fait d'une traite et dans laquelle j'étais complètement immergé. La technique, c'est bien, mais ça ne fait pas tout, et là le reste est tellement bon que c'est facile de passer outre. Cette BD est une lecture importante, un témoignage de dysfonctionnement dans nos sociétés qui vont conduire à des drames humains. La fin est éclairante dessus, lorsqu'on se rend compte de la chance de Sana qui a pu rentrer au pays tandis que d'autres, considérées comme "trop radicalisées" et donc potentiellement dangereuses continuent de croupir dans des camps de prisonniers où elles et leurs enfants masculins vont sans doute mourir. Parce que les prendre en charge couterait trop cher, ma bonne dame, et qu'on a plus d'argent (sauf pour l'armée et les politiciens). Bref, une autre BD sur l'enfer que certains vivent. Et une plongée dans l'intérieur de Daesh, une organisation qui fait réellement froid dans le dos.

18/11/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Salade César
Salade César

Je découvre enfin le travail de ce duo avec cet album et je dois dire que j'ai vite été conquis ! Le dessin et l'humour me fait penser à certains albums de Fabcaro: un dessin réaliste (enfin, comparé au gros nez classique) et un humour absolument débile qui déconne sur un sujet sérieux. On voit donc des moments dans la vie de César, notamment son assassinat sous le prisme de l'humour et cela fonctionne bien ! J'ai bien rigolé durant ma lecture et un petit plus est que c'est souvent marrant durant le déroulement du gag, pas seulement à la chute comme c'est le cas avec pleins d'autres séries humoristiques. Les auteurs renouvellent bien les gags et on ne tombe pas dans de la répétition. Bref, je ne sais pas trop quoi ajouter de plus à ce qu'il a déjà été écrit dans les autres avis. C'est un must pour ceux qui sont fans de ce type d'humour.

17/11/2025 (modifier)