Je viens de relire les 7 tomes de cette série, 18 ans après l’avoir découverte… 18 ans durant lesquels j’ai lu bon nombre de polars, sans jamais trouver mieux dans le genre.
Le duo Brubaker / Phillips nous propose une série dans la pure tradition des polars noirs américains. Des flics pourris, des trafiquants de drogue tarés, des fusillades… et au milieu de tout ça, des personnages attachants à la personnalité bien développée, comme on en voit rarement dans la BD franco-belge. Les intrigues sont prenantes, bien construites et parfaitement narrées, et varient suffisamment d’un tome à l’autre pour éviter la monotonie.
Après, c’est sûr, il faut se faire au dessin typé comics, ce n’est pas du Blacksad… je note d’ailleurs que les 2 seuls posteurs ayant mis 3/5 à ce jour ont eu un blocage à ce niveau-là, ce que je comprends tout à fait. Moi, je trouve le dessin super efficace, et parfait pour représenter la noirceur de l’univers de Crminal.
Une superbe série, sans doute la meilleure dans le genre « polar noir ». Je vous conseille aussi tous les spin-off – voir notre thème. Vivement la série télévisée !
Je ne vais pas trop m’éterniser, tout a été dit sur cette série. Je crois bien que c’est grâce à elle que je me suis (vraiment) intéressé aux comics.
Je trouve l’idée de base toute simple et géniale, à savoir faire côtoyer les personnages de contes dans notre quotidien. Bon depuis ça a été vu maintes fois mais à l’époque total respect, le truc tout bête où l’on se dit pourquoi n’y a t’on pas pensé avant ?
En plus, je trouve que Fables reste bien au dessus de tous ses ersatz. Je ne l’avais jamais possédé jusqu’à sa dernière réédition à prix modiques, ça reste un budget et le format est assez petit mais c’est une série que je relirais avec plaisir systématiquement.
Le dessin est homogène est sans chichi, fluide et lisible avec des détails sympas (enluminures…), et j’adore les couvertures, elles sont vraiment toutes splendides.
Pour les récits ou arcs, on aura ses préférences mais ils y a de nombreux passages cultes. Le scénariste ne se privant pas de toucher à tout, il mêlera intrigues, sous intrigues dans des styles parfois divers avec à chaque fois des personnages attachants (et que l’on connaît tous). En tout cas, il a toujours su relancer mon intérêt malgré des petits passages à vides.
Nota : Ne surtout pas s’arrêter au début de l’aventure, les 2/3 de la première intégrale sont mauvais de chez mauvais, lourd, rébarbatif, ça se cherche niveau équilibre, pas loin de l’inintéressant. La suite aura une toute autre saveur, j’ai été franchement emporté et bluffé avec le cycle des royaumes autour de l’adversaire, puis malgré qq longueurs le reste de l’aventure.
Bon finalement, je me suis un peu éternisé mais à lire pour tout amateur de contes. Perso j’adore j’adhère, un univers d’une richesse sans fin.
Deuxième série de ce mangaka que je lis et deuxième fois que je tombe sur un truc bien délirant !
J'ai quand même pris un certain temps à lire cette série parce que le résumé me faisait un peu lever les sourcils et j'avais peur d'un truc à base de gags sur 'le viol s'est marrant lorsque ça arrive à un mec transformé en femme'. Il y a certes des passages un peu crus que je n'ai pas trop aimés, mais globalement c'est moins pire que ce que j'ai déjà vu ailleurs. Une bonne partie de l'humour repose surtout sur le coté con et débile des personnages. Alors certes c'est une lecture pour public averti et je ne la conseille pas à tout le monde, mais moi j'ai bien aimé et il y a quelque chose de jouissif de voir des violeurs montrés comme des types pathétiques et minables qui finissent par subir le sort qu'ils méritent !
Le scénario est bien construit. L'auteur utilise bien son idée délirante jusqu'au bout. C'est rempli de rebondissements et on n'a pas le temps de s'ennuyer à la lecture des 5 tomes. Le scénario est vraiment prenant parce que je ne savais jamais ce qui allait se passer ensuite. Il y a même des passages étonnamment émouvants. Le dessin est dynamique et expressif comme je l'aime.
Argh, je m'attendais à beaucoup mieux.
L'Intégrale commence par une postface de Jean-Louis Roux (critique littéraire) qui nous dévoile une partie du mystère qui entoure ce dandy un peu fourbe, mais toujours du côté des plus faibles. Une belle mise en bouche accompagnée de quelques planches en couleur.
Ce collectionneur est donc un individu peu attachant aux finances considérables. Il parcourt le monde à la recherche d'objets uniques ayant une valeur inestimable à ses yeux. On va suivre le bonhomme dans cinq parties du monde pour des aventures qui, si elles ne manquent pas de sel, ne m'ont jamais vraiment passionné. Des intrigues rocambolesques certes, mais celles-ci sont trop invraisemblables, les astuces scénaristiques pour sortir notre collectionneur des nombreux guêpiers qui jalonnent ses recherches sont plus que douteuses (avec quelques fois une dose de fantastique).
Des récits qui introduisent aussi un peu d'Histoire, avec par exemple la présence de Sitting Bull dans le premier récit.
Récréatif !
Sergio Toppi m'éblouit encore avec des planches de toute beauté. J'adore son dessin en noir et blanc stylisé dominé par son trait hachuré, délicat et évocateur. Il en émane une certaine puissance tout en restant apaisant. Il faut prendre son temps pour apprécier tout le soin apporté aux différents paysages et aux personnages.
Coup de cœur pour ce dessin magistral.
Une lecture sympathique qui n'a pas la féerie de Sharaz-De. Tô pis.
Une découverte vibrante de réalisme !
En m'aventurant dans Mauvaise herbe, je savais que je m'attaquais à une série qui ne respirerait pas le bonheur. Ça n'a pas manqué !
On suit une jeune fille abandonnée par la vie, qui doit se débrouiller entre sa mère alcoolique qui blâme sa vie misérable sur sa fille et les prétendus sauveurs d'internet qui n'attendent qu'une rétribution en nature contre leur hébergement. Bref, nous sommes loin d'un cadre idyllique. Lors d'une descente de flics dans le bordel où elle se trouvait, Shiori fait la rencontre de Yamada. Ce flic épuisé par la vie voit en elle sa fille décédée et décide de l'aider.
Bref, je ne vous divulgâche pas plus la trame scénaristique ! Toujours est-il que j'ai dévoré les 4 tomes de la série. Entre le style graphique de Keigo Shinzo qui vient ajouter un peu de douceur dans une histoire très brut et violente et l'évolution des personnages au fur et à mesure de l'histoire, ce manga est traité avec une grande maîtrise. Chapeau au mangaka qui parvient à provoquer la pitié sans tomber dans le pathos.
Quand deux âmes en peine se trouvent et que le vent souffle dans le bon sens, ça ne peut qu'aider à faire pousser... les mauvaises herbes.
De même que Spirou, le journal d'un ingénu fait du bien, ce titre aussi ! Nostalgie de l'enfance dans le premier cas, de l'amour partagé dans le second. Seulement, l'arrière-plan historique est moins dramatique, et les héros connaissent pour l'un, ses deux parents, et pour l'autre, son père. Le dessin est plus tendre et plus libre, plus fantaisiste aussi dans Bidouille et Violette et nos amoureux ne sont pas des gravures de mode… Et il n'y a pas que les héros, les parents et une amie qui leur sert un peu d'ange gardien ont une belle présence. Le père, un veuf inconsolable, m'a ému, et on a l'impression que les roses et les frites dessinées ne sont pas loin de soi quand on lit.
La Grande Histoire de la Grande Guerre comporte des milliers de petites histoires. Thibault Rougès, jeune auteur bordelais, s'est intéressé à celle du camp du Courneau, installé à l'époque près d'Arcachon, et conçu pour recevoir en hivernage des milliers de tirailleurs sénégalais, dont les rangs s'éclaircissaient à grande vitesse dans les champs de bataille du nord et de l'est de la France. n climat plus clément était censé leur permettre de se reposer avant de repartir au combat. Mais la tuberculose commença là aussi à opérer des coupes sombres (sans mauvais jeux de mots). C'est ainsi que Beckadou, venu du Sénégal, décide de s'échapper, sans même savoir dans quelle direction partir dans cette forêt des Landes alors encore plus dense que maintenant.
Thibault Rougès, dont c'est le premier album, a choisi le noir et blanc pour raconter cette histoire, dont la moitié est sans dialogue. On suit juste Beackadou dans ses errances forestières, d'abord tout seul, puis poursuivi par quelques paysans locaux après avoir dérobé un bout de pain dans une maison de la Teste. Il va payer de sa vie ce modeste larcin, et ce ne fut pas la mascarade de procès qui s'en suivit qui permit de le réhabiliter. Rougès lui rend donc hommage, et à travers li, il rend aussi hommage aux dizaines de milliers de tirailleurs qui ont été enrôlée, embarqués, instruits sur l'art militaire à des milliers de kilomètres de chez eux, pris dans un conflit qui ne les concernait en rien.
Il y a de très belles planches dans cet album, avec des endroits bordelais emblématiques, ainsi que la nature sauvage du Bassin d'Arcachn et des alentours. Le style est encore un peu naïf, on sent que le dessinateur n'a pas encore atteint sa maturité graphique, notamment dans les anatomies et la mise en scène, cependant il y a déjà de belles choses.
C'est émouvant, instructif (il y a de longs textes sur la guerre et les tirailleurs sénégalais en fin d'album), et quand même plaisant à l'oeil.
Formidable ! La suite est dispensable. Le trait ? Délicieusement vif, tendre et juste ce qu'il faut dans les couleurs pour faire un peu désuet, d'époque. Je m'étonne encore qu'on ait pu concilier l'humour de Spirou avec l'enfance et l'arrivée de la guerre. Les autres personnages ne sont pas mal non plus ! Et comme la narration avance, entre tendresse, drame, amour naissante et gag ! D'ailleurs, parfois, le gag et le drame ne font qu'un. Je vise Fantasio, une catastrophe, et encore plus l'écureuil… L'hôtel est un milieu bien décrit, les gamins, dans la rue, ne sont pas idéalisés, le grand amour de Spirou n'est pas de tout repos. Du grand art !
Immersion totale ! Une des meilleures bande dessinée historique, voire BD que j'ai lu. Immersion totale ! Le dessin est parfait, l'histoire aussi. On s'immerge peu à peu dans le chaos, la violence, pour s'en détacher. En passant, un rappel des causes, de la religion et des mythes. On s'attache même aux pires personnages sans adhérer à leurs fautes, on le fait plus encore des victimes, pas réduites à ce qu'elles subissent, comme trop souvent. Mériterait d'innombrables relectures, mais problème, le lecteur veut-il se les infliger ? Le temps long, les causes lointaines, la culture locale, avec des références aux étoiles qui ouvrent les images sur le cosmos, donnent un arrière fond lointain, les blagues, la cabaretière et la bière de banane un peu de chaleur humaine, malgré tout.
Le grand pouvoir est étonnant, mais logique, et arrive à la fin, comme il se doit.
En attendant, on ne s'ennuie pas, on plaint les opprimés, et même… les oppresseurs, car comme ceux qui ne l'ont pas lu pourront le découvrir… Le héros et l'héroïne ressemblent aux Hobbits, mais en plus révoltés et plus méritants vu leurs conditions de vie rien moins que riantes. L'action ne nuit pas aux interrogations métaphysiques et réciproquement. Le sang ne coule pas plus que dans d'autres récits épiques, mais vu la fin, j'ai envie de dire âmes sensibles s'abstenir. Une œuvre qu'on oublie pas et qu'on voudrait inciter tous ceux qui ne l'ont pas encore eue entre les mains à lire.
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Criminal
Je viens de relire les 7 tomes de cette série, 18 ans après l’avoir découverte… 18 ans durant lesquels j’ai lu bon nombre de polars, sans jamais trouver mieux dans le genre. Le duo Brubaker / Phillips nous propose une série dans la pure tradition des polars noirs américains. Des flics pourris, des trafiquants de drogue tarés, des fusillades… et au milieu de tout ça, des personnages attachants à la personnalité bien développée, comme on en voit rarement dans la BD franco-belge. Les intrigues sont prenantes, bien construites et parfaitement narrées, et varient suffisamment d’un tome à l’autre pour éviter la monotonie. Après, c’est sûr, il faut se faire au dessin typé comics, ce n’est pas du Blacksad… je note d’ailleurs que les 2 seuls posteurs ayant mis 3/5 à ce jour ont eu un blocage à ce niveau-là, ce que je comprends tout à fait. Moi, je trouve le dessin super efficace, et parfait pour représenter la noirceur de l’univers de Crminal. Une superbe série, sans doute la meilleure dans le genre « polar noir ». Je vous conseille aussi tous les spin-off – voir notre thème. Vivement la série télévisée !
Fables
Je ne vais pas trop m’éterniser, tout a été dit sur cette série. Je crois bien que c’est grâce à elle que je me suis (vraiment) intéressé aux comics. Je trouve l’idée de base toute simple et géniale, à savoir faire côtoyer les personnages de contes dans notre quotidien. Bon depuis ça a été vu maintes fois mais à l’époque total respect, le truc tout bête où l’on se dit pourquoi n’y a t’on pas pensé avant ? En plus, je trouve que Fables reste bien au dessus de tous ses ersatz. Je ne l’avais jamais possédé jusqu’à sa dernière réédition à prix modiques, ça reste un budget et le format est assez petit mais c’est une série que je relirais avec plaisir systématiquement. Le dessin est homogène est sans chichi, fluide et lisible avec des détails sympas (enluminures…), et j’adore les couvertures, elles sont vraiment toutes splendides. Pour les récits ou arcs, on aura ses préférences mais ils y a de nombreux passages cultes. Le scénariste ne se privant pas de toucher à tout, il mêlera intrigues, sous intrigues dans des styles parfois divers avec à chaque fois des personnages attachants (et que l’on connaît tous). En tout cas, il a toujours su relancer mon intérêt malgré des petits passages à vides. Nota : Ne surtout pas s’arrêter au début de l’aventure, les 2/3 de la première intégrale sont mauvais de chez mauvais, lourd, rébarbatif, ça se cherche niveau équilibre, pas loin de l’inintéressant. La suite aura une toute autre saveur, j’ai été franchement emporté et bluffé avec le cycle des royaumes autour de l’adversaire, puis malgré qq longueurs le reste de l’aventure. Bon finalement, je me suis un peu éternisé mais à lire pour tout amateur de contes. Perso j’adore j’adhère, un univers d’une richesse sans fin.
Ladyboy vs Yakuzas - L'ïle du désespoir
Deuxième série de ce mangaka que je lis et deuxième fois que je tombe sur un truc bien délirant ! J'ai quand même pris un certain temps à lire cette série parce que le résumé me faisait un peu lever les sourcils et j'avais peur d'un truc à base de gags sur 'le viol s'est marrant lorsque ça arrive à un mec transformé en femme'. Il y a certes des passages un peu crus que je n'ai pas trop aimés, mais globalement c'est moins pire que ce que j'ai déjà vu ailleurs. Une bonne partie de l'humour repose surtout sur le coté con et débile des personnages. Alors certes c'est une lecture pour public averti et je ne la conseille pas à tout le monde, mais moi j'ai bien aimé et il y a quelque chose de jouissif de voir des violeurs montrés comme des types pathétiques et minables qui finissent par subir le sort qu'ils méritent ! Le scénario est bien construit. L'auteur utilise bien son idée délirante jusqu'au bout. C'est rempli de rebondissements et on n'a pas le temps de s'ennuyer à la lecture des 5 tomes. Le scénario est vraiment prenant parce que je ne savais jamais ce qui allait se passer ensuite. Il y a même des passages étonnamment émouvants. Le dessin est dynamique et expressif comme je l'aime.
Le Collectionneur
Argh, je m'attendais à beaucoup mieux. L'Intégrale commence par une postface de Jean-Louis Roux (critique littéraire) qui nous dévoile une partie du mystère qui entoure ce dandy un peu fourbe, mais toujours du côté des plus faibles. Une belle mise en bouche accompagnée de quelques planches en couleur. Ce collectionneur est donc un individu peu attachant aux finances considérables. Il parcourt le monde à la recherche d'objets uniques ayant une valeur inestimable à ses yeux. On va suivre le bonhomme dans cinq parties du monde pour des aventures qui, si elles ne manquent pas de sel, ne m'ont jamais vraiment passionné. Des intrigues rocambolesques certes, mais celles-ci sont trop invraisemblables, les astuces scénaristiques pour sortir notre collectionneur des nombreux guêpiers qui jalonnent ses recherches sont plus que douteuses (avec quelques fois une dose de fantastique). Des récits qui introduisent aussi un peu d'Histoire, avec par exemple la présence de Sitting Bull dans le premier récit. Récréatif ! Sergio Toppi m'éblouit encore avec des planches de toute beauté. J'adore son dessin en noir et blanc stylisé dominé par son trait hachuré, délicat et évocateur. Il en émane une certaine puissance tout en restant apaisant. Il faut prendre son temps pour apprécier tout le soin apporté aux différents paysages et aux personnages. Coup de cœur pour ce dessin magistral. Une lecture sympathique qui n'a pas la féerie de Sharaz-De. Tô pis.
Mauvaise herbe
Une découverte vibrante de réalisme ! En m'aventurant dans Mauvaise herbe, je savais que je m'attaquais à une série qui ne respirerait pas le bonheur. Ça n'a pas manqué ! On suit une jeune fille abandonnée par la vie, qui doit se débrouiller entre sa mère alcoolique qui blâme sa vie misérable sur sa fille et les prétendus sauveurs d'internet qui n'attendent qu'une rétribution en nature contre leur hébergement. Bref, nous sommes loin d'un cadre idyllique. Lors d'une descente de flics dans le bordel où elle se trouvait, Shiori fait la rencontre de Yamada. Ce flic épuisé par la vie voit en elle sa fille décédée et décide de l'aider. Bref, je ne vous divulgâche pas plus la trame scénaristique ! Toujours est-il que j'ai dévoré les 4 tomes de la série. Entre le style graphique de Keigo Shinzo qui vient ajouter un peu de douceur dans une histoire très brut et violente et l'évolution des personnages au fur et à mesure de l'histoire, ce manga est traité avec une grande maîtrise. Chapeau au mangaka qui parvient à provoquer la pitié sans tomber dans le pathos. Quand deux âmes en peine se trouvent et que le vent souffle dans le bon sens, ça ne peut qu'aider à faire pousser... les mauvaises herbes.
Bidouille et Violette
De même que Spirou, le journal d'un ingénu fait du bien, ce titre aussi ! Nostalgie de l'enfance dans le premier cas, de l'amour partagé dans le second. Seulement, l'arrière-plan historique est moins dramatique, et les héros connaissent pour l'un, ses deux parents, et pour l'autre, son père. Le dessin est plus tendre et plus libre, plus fantaisiste aussi dans Bidouille et Violette et nos amoureux ne sont pas des gravures de mode… Et il n'y a pas que les héros, les parents et une amie qui leur sert un peu d'ange gardien ont une belle présence. Le père, un veuf inconsolable, m'a ému, et on a l'impression que les roses et les frites dessinées ne sont pas loin de soi quand on lit.
Déraciné - Un tirailleur en fuite
La Grande Histoire de la Grande Guerre comporte des milliers de petites histoires. Thibault Rougès, jeune auteur bordelais, s'est intéressé à celle du camp du Courneau, installé à l'époque près d'Arcachon, et conçu pour recevoir en hivernage des milliers de tirailleurs sénégalais, dont les rangs s'éclaircissaient à grande vitesse dans les champs de bataille du nord et de l'est de la France. n climat plus clément était censé leur permettre de se reposer avant de repartir au combat. Mais la tuberculose commença là aussi à opérer des coupes sombres (sans mauvais jeux de mots). C'est ainsi que Beckadou, venu du Sénégal, décide de s'échapper, sans même savoir dans quelle direction partir dans cette forêt des Landes alors encore plus dense que maintenant. Thibault Rougès, dont c'est le premier album, a choisi le noir et blanc pour raconter cette histoire, dont la moitié est sans dialogue. On suit juste Beackadou dans ses errances forestières, d'abord tout seul, puis poursuivi par quelques paysans locaux après avoir dérobé un bout de pain dans une maison de la Teste. Il va payer de sa vie ce modeste larcin, et ce ne fut pas la mascarade de procès qui s'en suivit qui permit de le réhabiliter. Rougès lui rend donc hommage, et à travers li, il rend aussi hommage aux dizaines de milliers de tirailleurs qui ont été enrôlée, embarqués, instruits sur l'art militaire à des milliers de kilomètres de chez eux, pris dans un conflit qui ne les concernait en rien. Il y a de très belles planches dans cet album, avec des endroits bordelais emblématiques, ainsi que la nature sauvage du Bassin d'Arcachn et des alentours. Le style est encore un peu naïf, on sent que le dessinateur n'a pas encore atteint sa maturité graphique, notamment dans les anatomies et la mise en scène, cependant il y a déjà de belles choses. C'est émouvant, instructif (il y a de longs textes sur la guerre et les tirailleurs sénégalais en fin d'album), et quand même plaisant à l'oeil.
Le Spirou d'Emile Bravo - Le journal d'un ingénu
Formidable ! La suite est dispensable. Le trait ? Délicieusement vif, tendre et juste ce qu'il faut dans les couleurs pour faire un peu désuet, d'époque. Je m'étonne encore qu'on ait pu concilier l'humour de Spirou avec l'enfance et l'arrivée de la guerre. Les autres personnages ne sont pas mal non plus ! Et comme la narration avance, entre tendresse, drame, amour naissante et gag ! D'ailleurs, parfois, le gag et le drame ne font qu'un. Je vise Fantasio, une catastrophe, et encore plus l'écureuil… L'hôtel est un milieu bien décrit, les gamins, dans la rue, ne sont pas idéalisés, le grand amour de Spirou n'est pas de tout repos. Du grand art !
Déogratias
Immersion totale ! Une des meilleures bande dessinée historique, voire BD que j'ai lu. Immersion totale ! Le dessin est parfait, l'histoire aussi. On s'immerge peu à peu dans le chaos, la violence, pour s'en détacher. En passant, un rappel des causes, de la religion et des mythes. On s'attache même aux pires personnages sans adhérer à leurs fautes, on le fait plus encore des victimes, pas réduites à ce qu'elles subissent, comme trop souvent. Mériterait d'innombrables relectures, mais problème, le lecteur veut-il se les infliger ? Le temps long, les causes lointaines, la culture locale, avec des références aux étoiles qui ouvrent les images sur le cosmos, donnent un arrière fond lointain, les blagues, la cabaretière et la bière de banane un peu de chaleur humaine, malgré tout.
Le Grand Pouvoir du Chninkel
Le grand pouvoir est étonnant, mais logique, et arrive à la fin, comme il se doit. En attendant, on ne s'ennuie pas, on plaint les opprimés, et même… les oppresseurs, car comme ceux qui ne l'ont pas lu pourront le découvrir… Le héros et l'héroïne ressemblent aux Hobbits, mais en plus révoltés et plus méritants vu leurs conditions de vie rien moins que riantes. L'action ne nuit pas aux interrogations métaphysiques et réciproquement. Le sang ne coule pas plus que dans d'autres récits épiques, mais vu la fin, j'ai envie de dire âmes sensibles s'abstenir. Une œuvre qu'on oublie pas et qu'on voudrait inciter tous ceux qui ne l'ont pas encore eue entre les mains à lire.