Les derniers avis (9490 avis)

Par Lodi
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Beastars
Beastars

Idée formidable, formidablement bien menée. Est-ce exprès ou non ? Le trais un peu doux, dynamique mais avec une certaine retenue me fait penser à l'incertitude régnant entre les personnages. Compassion pour les herbivores risquant d'être mangé, mais tout autant pour les carnis devant lutter constamment contre leur nature ! Série où d'un côté on s'identifie à des animaux, et où c'est la culture, la solution, savoir comment ne pas se laisser aller à sa nature ? Il y a les carni mangeant des œufs ou des insectes, et une sorte de priorité donnée aux herbis suscitant un certains ressentiment chez les carnis, d'autant que certains herbis ne se gênent pas pour prendre les carnis de haut à cause de leur nature prédatrice perturbant parfois la société par des crimes retentissant, ou s'exprimant plus discrètement dans le marché noir. Si tous les personnages sont intéressants, il faut noter le Cerf, le Loup et la Lapine petite amie du loup.

27/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Macbeth (Brizzi)
Macbeth (Brizzi)

Bon, je ne connaissais pas ce duo d'artistes, je n'ai jamais lu aucune de leurs oeuvres, et pourtant les astres se sont alignés, très récemment, pour que je m'y penche. Quai des Bulles 2025, mon père me mentionne en passant entre deux marées humaines qu'il aurait aperçu Brizzi en train de faire des dédicaces quelques stands plus loin. Le nom ne me dit rien, j'ai déjà fait la queue pour quelques dédicaces m'intéressant et mon porte-monnaie me fait la gueule suite à tous mes achats, je n'y prête donc pas vraiment attention. Pourtant, miracle, coup du sort, je tombe sur cette couverture. Une Lady Macbeth au visage fantômatique, dans un dessin crayonné des plus magnifiques, se tient devant moi. Le dessin est saisissant, l'expression de son visage est magnifique et terrifiant en même temps, je me revois immédiatement relire Macbeth lors de ma fin d'adolescence et me rappelle avec plaisir toute la puissance de cette histoire. Ni une, ni deux, j'ai acheté l'album (au diable mes économies). Si j'ai craqué, c'est avant tout pour l'oeuvre d'origine. Macbeth est une pièce mythique, non seulement parce que réputée immontable (de par sa complexité) mais également car son récit est à la fois simple et finement construit. Comme souvent chez Shakespeare, il est question de pouvoir, de mort, de mort pour le pouvoir et surtout d'une bonne couche d'ironie tragique. Les époux Macbeth, dans leur soif de pouvoir, font couler le sang à ne plus savoir s'arrêter, à ne plus pouvoir cesser de voir ce maudit liquide écarlate partout où iels passent. C'est une histoire sur l'ambition dévorante, les consciences maudites suite à des actes ignobles et surtout sur une lente descente en enfer. Mais surtout, c'est une histoire de sorcières. Si la pièce m'avait tant marquée depuis ma lecture, au delà de sa dimension tragique, c'est le rôle on ne peut plus marquant de ce groupe de sorcières qui, par leurs mots toujours si minutieusement choisis, manipulent les fils du destin et poussent chacun des personnages vers un destin funeste qu'elles leur ont choisi. À chacune de leurs rencontres (oui, dans l'album il n'y en a que deux mais je crois vaguement me souvenir d'une troisième) elles prononcent le moindre de leurs mots avec une maîtrise glaçante de la situation. Dépendant de qui est présent ou non, de ce qu'ont déjà fait les personnages ou non, elles ne révèleront pas les mêmes choses. Elles poussent par leurs prophéties macabres les époux Macbeth à commettre l'irréparable. Et pourtant rien ne les forçaient vraiment à tuer le roi ou à déclarer la guerre, rien ne les empêchait d'ignorer cette prophétie. Si les sorcières sont les metteuses en scène de ce récit macabre, les Macbeth sont les acteur-ice-s, celleux qui font l'action, celleux qui choisissent, et malheureusement iels ne parviennent pas à sortir de la trame dans laquelle iels se sont engouffrés. Mais trêve de louanges pour l'oeuvre d'origine, il est question ici d'adaptation. Le théâtre étant un art corporel, vivant, la plus grande prouesse à mes yeux de cet album c'est à quel point les deux auteurs sont parvenus à retransmettre cette vie par le dessin. Qu'il s'agisse des visages, de ces expressions saisissantes qui m'ont frappée dès la couverture, qu'il s'agisse de ces décors pleins de détails, de ce travail magnifique des ombrages et cette retranscription très jolie des paysages écossais, chacune des illustrations m'a paru valoir que je m'arrête quelques minutes pour l'étudier. Vraiment, le travail graphique des deux auteurs est une pépite. Je ne les connaissais pas avant mais je vais dès à présent garder leur nom en tête. J'ai particulièrement aimé les moments de visions. Qu'il s'agisse des hallucinations des époux lorsque ceux-ci sombrent dans la folie ou bien des invocations fantômatiques des sorcières, ces brèves apparitions de variations de rouge et d'orange, rappelant le sang, rappelant la colère des morts, créent à chaque fois des moments saisissants. Un défaut cependant (oui, toute dithyrambique que je suis je n'en reste pas moins une conne aigrie) : le tour m'a semblé un tantinet trop rapide. Oui, avec une telle qualité graphique je sonne sans doute comme une enfant pourrie gâtée si je dit qu'ils "auraient quand-même pu en faire un peu plus", mais je n'aurais pas dit non à ce que l'on s'arrête davantage sur certains passages, que l'on n'iconise pas plus que ça certains moments pourtant légendaires (le monologue final de Lady Macbeth pour ne citer que le plus connu). Certains événements s'enchaînent un peu vite et je ne sais pas si des lecteur-ice-s ne connaissant pas antérieurement la pièce comprendront certaines subtilités du texte (comme le fait que la descendance de Banquo deviendra la nouvelle lignée royale alors que son fils ne termine pas couronné). Un petit défaut, une infime complainte aux yeux de certain-e-s, mais j'avoue qu'avec une forme si magnifique cette petite craquelure sur le fond me parait bien dommage. Mais ce défaut mis à part, l'oeuvre reste finement travaillée. Pas loin de valoir la note maximale dans mon cœur, même. Non, vraiment, je ne regrette pas mon achat.

27/10/2025 (modifier)
Par Cidtheo
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série La Philosophe, le Chien et le Mariage
La Philosophe, le Chien et le Mariage

Le dessin très épuré, quasi comique de la couverture a tout de suite attiré mon regard. Le sujet, puis le feuillage ensuite, m'ont convaincu d'acquérir cet ouvrage et je ne le regrette pas. C'est frais, c'est clair, c'est édifiant (dans le sens premier du terme). On en apprend beaucoup sur cette jeune Hipparchia, issue d'une famille de riches marchands de Maroneia, qui est promise au mariage. Sur sa vie, ses questions, ses combats, ses désirs. On sent, et elle l'explique très bien en fin de volume, que les 5 ans de recherche de l'autrice n'ont pas été menées en vain. J'ai dévoré cette bd en moins d'une heure et je compte bien y revenir dans quelques jours pour en savourer la sagesse. Cela m'a replongé dans mes lectures adolescentes -tardives- (Sénèque, Platon, Épictète, Aristote et consorts). Mais cela serait minimiser la portée de cette bd que de la résumer à un traité de philosophie ou à un recueil de pensées. Sous nos yeux se déroule la vie d'Hipparchia avec ses échos modernes, ses interrogations et ses réflexions intemporelles (n'est-ce pas la force de la philosophie antique ?). Un véritable coup de coeur pour un sujet encore trop peu répandu : "les femmes remarquables" (bon, j'exagère, ça avance mais beaucoup d'entre elles mériteraient une plus grande visibilité).

27/10/2025 (modifier)
Par Mashiro
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Une vie d'huissier
Une vie d'huissier

2021 était vraiment une belle année pour le milieu de la BD francophone. Et c’est notamment Une Vie d’huissier qui me fait penser cela. Dev Guedin retrace ici l’histoire dun lointain cousin maintenant décédé. Il lui rend hommage en dessinant sa biographie, ses moments de jeunesse et les difficultés du métier d’huissier. L’histoire, vraie, de cette huissier est triste voire misérable. Il y a la tristesse de voir cette homme subir une vie sans autre issues et avec les déboires qui s’enchaînent. Mais également la tristesse qui l’entoure, la pauvreté des beaux et des moins beaux quartiers. Voir la désespérance des gens auxquels l’huissier vient donner un dernier coup. C’est assez frappant ! Au final c’est plus que la vie de cette huissier à laquelle on assiste mais également le portrait de la société française des années 80 avec toute sa violence et toute sa saleté, une vision sans filtre des classes rurales et peu aisés des grandes villes. Je pense que c’est ce que j’ai le plus aimé dans cette oeuvre. Le style graphique m’a également beaucoup convaincu. J’ai aimé la noirceur de certaines scènes, le côté quasi cartoonesque de certaines situations mais également un style de manière générale auquel je ne suis pas habitué. Une de mes BDs favorite.

24/10/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Death Vigil
Death Vigil

De la Fantasy comme je l'adore. Je voulais découvrir le travail de Stjepan Sejic depuis quelques temps déjà, je profite donc de ce Death Vigil pour le faire. Et je ne suis pas déçu, loin de là. Il a su créer un univers fascinant. Pendant que nous, pauvres terriens, vaquons à nos occupations habituelles, des forces mystiques se livrent un combat dans d'autres dimensions, l'une (la Veillée Mortuaire) pour nous protéger de l'autre (la Ligue des Nécromanciens). Rien de bien très innovant je vous l'accorde, mais l'intrigue mêlent habillement suspense, fantastique, horreur et humour. Mais c'est surtout la galerie de personnages qui rend ce récit si particulier. Je ne vais pas tous les citer, trop nombreux, juste les principaux. D'abord la jeune Clara qui va se faire assassiner par son fiancé, ce qui lui permettra de rejoindre la Veillée Mortuaire (et oui, il faut être mort pour en faire partie). Une jeune femme qui va se découvrir une famille. Je ne peux passer sous silence Bernadette [ele est très chouette :-)] toujours accompagnée de sa faux, Bernie pour les intimes, surnommée la faucheuse, c'est elle qui est à la tête de la Veillée Mortuaire. Enfin Sam, au look viking, qui fonce tête baissée sans trop réfléchir. J'oubliais, les cheveux blanchissent lorsque tu appartiens à la Veillée Mortuaire. Vraiment le point fort de ce récit, même les méchants ont de la personnalité, ils sont diaboliques et loin d'être manichéens. Stjepan Sejic maîtrise son sujet, la lecture est passionnante et captivante mais elle se mérite, il faut rester concentrer pour ne pas perdre le fil de l'intrigue. Un récit qui laisse un voile d'ombre autour de Clara, peut-être sera-t-il levé dans un prochain épisode.... Je l'espère. La partie graphique est somptueuse, un style informatisé qui en met plein les yeux, tant au niveau du design des décors que des personnages. Très expressif aussi au niveau des visages, des mimiques qui me rappellent un peu Sylvain Guinebaud (c'est un compliment). La mise en page rend la lecture dynamique et le choix des couleurs nous plonge dans un univers inquiétant. J'en redemande. Si tu aimes la Fantasy avec un peu d'humour, alors ce comics est fait pour toi ! Coup de cœur.

24/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Griffes du Gévaudan
Les Griffes du Gévaudan

Une très belle et très fidèle exploration du mythe de la Bête du Gévaudan par Runberg et Poupard. Basé sur les faits historiques, le premier tome s'attache à expliquer comment des faits divers sordides (l'attaque et la mutilation de plusieurs femmes et enfants dans la Région du Gévaudan) ont été progressivement montés en épingle pour déstabiliser le Royaume de France et ont été utilisés par le clergé afin de contrer le protestantisme et le mouvement intellectuel des Lumières qui se développaient à l'époque. Bien que personne ne détienne réellement la vérité sur cette affaire, les auteurs amènent avec habileté les différentes hypothèses à l'origine des meurtres : loup(s) anthropophage(s), lion ou hyène échappé d'une ménagerie, homme(s) tentant de déstabiliser le roi, etc. La vérité se situe probablement à l'interface de plusieurs de ces hypothèses. Un dossier historique de 8 pages avec les illustrations et récits de l'époque est intégré en fin de tome. Il permet de revenir sur les faits réels survenus en Lozère au XVIIIe siècle et permet d'apporter un éclairage supplémentaire sur le traitement de l'histoire par Runberg et Poupard. Au niveau du dessin, le trait de Jean-Charles possède un certain classicisme et un côté "BD franco-belge des années 80-90" qui n'a pas été pour me déplaire. Le découpage des scènes et la mise en page alternant décors de pleine page et cases plus petites sont également plutôt agréables à l’œil. Il y a également pas mal de phylactères assez fournis de sorte que c'est une BD qui se lit en prenant son temps. Un petit coup de cœur pour l'amateur de ce genre de faits historiques que je suis. En espérant que le tome 2, qui s'annonce résolument orienté sur une interprétation plus personnelle des faits, soit du même niveau. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 9/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation, mise en page) : 8/10 NOTE GLOBALE : 17/20

24/10/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Mort Cinder
Mort Cinder

Je vais défendre le scénariste ! Il y a le voyage dans le temps par des moyens divers et poétiques, remémorations de Mort Cinder ou de l'antiquaire, dont on parle peu et dont le rôle est si important que des exégètes sont allés jusqu'à prétendre qu'il rêvait de Mort Cinder ! "Le passé est-il aussi mort qu'il le semble ? demande-t-il, ce qui pourrait résumer l'œuvre que j'ai acheté et garde dans un meuble dérobé aux regards, tant elle me plaît et que je n'ai pas envie de prêter pour la perdre. Que j'aime tellement que la fantaisie me prend de demander une image de Mort ou bien d'Ezra comme blason à nos relecteurs, si cela est gratuit et ne leur demande pas trop de temps. Je fuis les problèmes et évite d'en poser ! J'écris au fil de la plume, plutôt lyrique, le temps est court, mieux vaut se concentrer sur les meilleures créations, sauf parfois pour remettre à leur place de fausses gloires. Bref, pour notre Cinder, hommage au dessinateur qui ne fait pas que dans l'expressionnisme d'ambiance, mais sait sculpter les traits de personnages habités par le passé comme Mort, ou touché par leurs reflets, savoir les objets puis Mort, comme l'antiquaire. Et le scénariste ? Il parvient à mêler le passé de son personnage à l'Histoire, contraste de son détachement d'homme qui en a tant vu et de son rôle de raconteur d'histoires ,et parfois de héros ou témoin détaché de l'action. Aux frontières d'un temps imprécis, car Mort peut revenir dans le passé et y entraîner Ezra, correspond une réalité en extension vers la science-fiction et le fantastique. Bien sûr, de telles intrigues demandaient un dessinateur exceptionnel ! Mais sans le scénariste, nous n'aurions pas senti passer sur nous le souffle de l'ailleurs ! Je dirais que Mort est comme le scénariste, lui qui passé de vie à trépas, peut ressusciter si quelqu'un empêche qu'on ne le tue de façon définitive, de sorte que l'antiquaire se demande s'il fait face à un vampire. Et le dessinateur est comme l'antiquaire, qui permet au héros de vivre. Les deux sont inséparables, et chacun ferait un beau blason. Dans la même veine mais plus politique et plus difficile d'accès, il y a l'Eternaute, attention, je parle de la version de nos deux auteurs, assez courte mais inégalée ! Ai-je une chance de convaincre ? Certains sont bien insensibles à Corto Maltese, bien plus accessible.

24/10/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Black Dog - Les Rêves de Paul Nash
Black Dog - Les Rêves de Paul Nash

Il me semble que d'autres ont déjà dit la splendeur visuelle d'un album que le texte ne dépare pas. Alors pourquoi poursuivre ? Entre autre, pour relever encore la moyenne. Un album dont on peut goûter chaque page comme un tableau, ce qui ne veut pas dire qu'on manque de dynamisme narratif. En plus, j'adore le personnage principal ! Il y a tant d'albums qui ne sont rien, ou bien, de série dont la suite ne forme qu'un triste désaveu à l'idée de départ et aux premiers albums ! Tant de naufrages qu'on pense pouvoir expédier en une phrase assassine, n'étant pas de nature à s'épanouir dans le lyrisme de l'attaque ! Mais là, on a le baroque, le vrai, non la confusion maladroite de certains ! Toutes les techniques semblent n'en former qu'une, rêves et réalité se donnent la main, la diversité ne nuit pas à la lisibilité, et la cohérence ne nait pas de la pauvreté de l'inspiration. En bande dessinée, cet art qui unit le texte, ou plutôt, la narration et le dessin, aucun des deux ne doit faire oublier l'autre, non, la bd n'est pas de petites images, la bd n'est pas un texte aéré. Elle séquence leur union, et le fait au plus haut niveau ici, dans Corto Maltese et que sais-je encore ?

23/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Guerres de Lucas
Les Guerres de Lucas

Il y a longtemps, dans une Californie lointaine, très lointaine... Incontournable pour les adeptes de la saga, ce roman graphique super bien foutu pourra également intéresser les amateurs de backstage de cinéma tellement l’œuvre regorge d’anecdotes tout en étant dotée d’une narration fluide et assimilable par n’importe qui. Ce livre ce lit comme un vrai page-turner, j’ai été scotché de bout en bout et pourtant je ne suis pas un néophyte : j’ai vu les 6 premiers films des dizaines de fois chacun, j’ai lu des comics, des romans, fait tous les jeux vidéos, je me suis intéressé à d’autres médias, bref, je connais plutôt bien l’univers Star Wars par rapport à la moyenne. Après pour certaines personnes c’est quasiment une religion il faut dire, donc des trucs diverses et variés on peut en apprendre tout les jours. J’ignorais par exemple que les interprètes de C3PO et R2-D2 ne pouvaient pas se blairer sur le tournage (est-ce toujours le cas ? ), l’infarctus de Lucas, sa jeunesse rebelle dont je n’avais pas le moindre soupçon (quand on voit Lucas il fait plus pépère tranquille, même lorsqu’il était jeune), je ne vais pas vous gâcher le plaisir de lecture en vous spoilant le récit mais il y a à boire et à manger là-dedans. Ce qui est diablement intéressant, et c’est le tour de Force des auteurs, c’est d’avoir réussi à conjuguer une biographie intimiste de Georges Lucas tout en étant à la fois une histoire sur la production du tout premier « La Guerre des étoiles », de l’envie du réalisateur de créer quelque chose qui lui ressemble et qui sort des sentiers battus à la sortie dudit film et le ras-de-marée culturel qu’il a représenté. C’est une véritable aventure en parallèle de ce space fantasy qui nous est contée, et de for belle manière : Lucas cet homme taiseux et affable m’a touché par sa réserve, les gens de la 20st Century Fox au contraire apparaissent comme des méchants de James Bond tant ils sont vénales et calculateurs (c’est romancé mais est-ce si éloigné de la réalité ? ), certains personnages m’ont déçu : je savais par exemple qu’Alec Guinness trouvé les dialogues enfantins, ou que pas grand monde parmi le crew ne croyait au projet, mais j’ai été surpris que des Ford, Fisher ou Kenny Baker, c’est-à-dire des moins que rien avant ce film, se foutent ouvertement de ce film « de merde ». Cela a été plus qu’un parcours du combattant la réalisation de ce film, dans la lignée de ces films maudits comme Fitzcarraldo, Don Quichotte ou Waterworld. Lucas a sué sang et eau pour le mener au bout et il est intéressant de remarquer que si son succès repose pour l’immense partie sur les épaules de Lucas imself, quelques noms de notables sont à ajouter, des gens qui ont cru au projet et en l’homme : sa femme Marcia Lucas sa première critique et relectrice et son équipe de monteurs, Gary Kurtz le producteur exécutif le Sam de l’équipe, Tom Pollock son avocat qui a négocié le contrat du siècle, Ben Burtt prodige des effets sonores, John Williams l’un des plus grands compositeurs de cinéma, Alan Ladd indéfectible soutient de Lucas envers et contre tous, George Mather qui a remis de l’ordre dans le bordel des studios I.L.M ; Willard et Gloria Huyck les dialoguistes (sans eux ça ne ressemblerai à rien vu que Lucas « ne sait pas écrire »), Fred Roos le directeur de casting qui a eu du flair. Ah oui ! Et le dessin est juste parfait, aux petits oignons, il sert parfaitement la narration, le code couleur est génial, y rien à redire, c’est très plaisant à regarder. Mise à jour suite au tome 2 Note élevée au rang de "culte". Le tournage chaotique du premier film est bien connu des cinéphiles, je ne pensais pas qu'il y avait matière pour un épisode 2. Et pourtant ce livre se révèle aussi bien construit que le premier et enrichi d'anecdotes de tournage inédites. Les mecs ont potassé le sujet, le résultat est à la hauteur de l'attente suscitée par le succès de son prédécesseur. Le parallèle entre la bd et les films de Lucas est amusant de ce point de vu, mais que les auteurs se rassurent : ça casse la baraque ! Que dire... Vivement l'épisode III !

16/04/2024 (MAJ le 23/10/2025) (modifier)
Par Blue boy
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Le Paradoxe de l'abondance
Le Paradoxe de l'abondance

Ce n’est certes pas avec cet ouvrage qu’Hugo Clément va se faire de nouveaux amis à la FNSEA et chez les lobbyistes de l’agro-industrie. Il n’a pourtant pas vocation à créer la polémique mais à exposer une situation de manière très factuelle, mais qui ne convient pas à ceux pour qui la priorité est de faire passer leurs bénéfices au mépris de la santé du consommateur. Le paradoxe de l’abondance, comme le dit lui-même le journaliste et militant écologiste, c’est qu’ « on produit énormément de nourriture, ce qui est très bien parce qu’on a beaucoup de gens à nourrir, mais on la produit d’une manière qui n’est pas durable », selon « un modèle agricole qui n’est pas orienté vers les bonnes productions ». Surexploités, les sols sont de moins en moins fertiles et la biomasse (masse totale d'organismes vivants) se dégrade de façon inquiétante, concernant 89% des terres agricoles ! Et comme si cela ne suffisait pas, les pesticides et les engrais chimiques comme les nitrates se diffusent dans l’air et dans les nappes phréatiques, augmentant les risques de cancer. Pour mieux nous faire comprendre ce qui a créé cette situation, l’ouvrage remonte aux origines de l’agriculture, à partir du moment où les sociétés nomades de chasseurs-cueilleurs ont commencé à se sédentariser, puis aborde la question de l’eau, qui selon un rapport de la commission européenne, est contaminée à hauteur de 60 % dans les pays européens. Autre donnée inquiétante, même la filière bio est menacée par l’absence de volonté politique. Dans ce contexte où la rentabilité prime, nos laitages et nos fromages tendent à l’uniformisation des goûts, tandis que la vache de race Prim’Holstein (celle que l’on voit en couverture avec ses pis surdimensionnés) remplace peu à peu toutes les espèces régionales, dont certaines sont même en voie de disparition. Est également abordé la question de la souffrance animale liée à ce type de production, autre cheval de bataille d’Hugo Clément. Le livre se conclut sur du positif même si le combat est loin d’être gagné. Sont évoquées quelques initiatives porteuses notamment la réussite (encore trop rare) d’un maraîcher bio ou l’introduction du bio dans des cantines. Les auteurs nous livrent également des pistes pour nous permettre d’agir à notre niveau, car en tant que consommateur, nous avons aussi ce pouvoir d’infléchir les décisions politiques en privilégiant par exemple la production locale. « Le Paradoxe de l’abondance » est loin d’être un ouvrage déprimant, bien au contraire. Le dessin à l’aquarelle de Dominique Mermoux, qui a mis en image une autre BD parue récemment sur un thème très proche, « Et soudain le futur », est très appréciable et accompagne parfaitement ce type de contenu. Ce livre, porté par un des journalistes les plus populaires dont on ne peut mettre en cause le sérieux des enquêtes, a également le mérite d’être très accessible. Bénéficiant d’une narration bien structurée et extrêmement fluide, il ne fera que renforcer la conviction de ceux depuis longtemps sensibilisés par le sujet et pourrait toucher également un public habituellement moins concerné… On aimerait aussi qu’il puisse surtout réveiller les consciences de nos dirigeants, encore largement soumis aux diktats imposés par l’industrie agro-alimentaire et certains syndicats qui n’existent que pour défendre les intérêts de l’agriculture industrielle, au mépris des petits paysans qui s’efforcent de respecter la nature et l’assiette du consommateur.

22/10/2025 (modifier)