La Dernière Reine (Rochette)

Note: 3.62/5
(3.62/5 pour 13 avis)

Grand prix RTL de la bande dessinée 2022. Le nouveau récit alpin de Jean-Marc Rochette.


1919 - 1929 : L'Après-Guerre et les Années Folles Grand prix RTL de la bande dessinée Les Alpes Les coups de coeur des internautes Les Roux ! Milieux artistiques Ours et nounours Séquelles de guerre

Gueule cassée de 14, Édouard Roux trouve refuge dans l'atelier de la sculptrice animalière Jeanne Sauvage. Elle lui redonne un visage et l'introduit dans le milieu des artistes de Montmartre. En échange, Édouard lui fait découvrir la majesté du plateau du Vercors et l'histoire du dernier ours qu'il a vu tué quand il était enfant. Au cœur du Cirque d'Archiane, il lui dévoile la Dernière Reine et incite Jeanne a créer le chef d’œuvre qui la fera reconnaître. Dans la veine des grands romans feuilletons du 19e, La Dernière Reine croise les destins du dernier ours du Vercors et d’Édouard Roux gueule cassée de 14. Comme précédemment dans Le Loup, homme et animal se confrontent dans un récit puissant, mêlant questionnements écologiques, féminisme, histoire d'amour et histoire de l'art.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 05 Octobre 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série La Dernière Reine (Rochette) © Casterman 2022
Les notes
Note: 3.62/5
(3.62/5 pour 13 avis)
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14/11/2022 | Noirdésir
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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
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Les forêts sont devenues trop petites pour la liberté. - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2022. Il a été réalisé par Jean-Marc Rochette pour le scénario, les dessins et les couleurs. Il comprend deux-cent-trente-quatre pages de bande dessinée. Il s’inscrit dans une trilogie thématique après Ailefroide - Altitude 3954 (2018) avec Olivier Bocquet pour le scénario, puis Le Loup (2019) avec Isabelle Merlet pour les couleurs. Grenoble, prison Saint-Joseph, quatre heures du matin : trois gardiens accompagnent un responsable jusqu’à la cellule d’Édouard Roux. À l’extérieur dans la cour, la guillotine attend, prête. Un garde fait jouer la serrure de la cellule, l’officiel en costume entre et annonce au prisonnier que sa demande de grâce a été rejetée. En 1898 dans les montagnes enneigées du Vercors, un villageois avance laborieusement et annonce : Ils ont tué l’ours ! Alors qu’il approche d’autres villageois, il complète : C’est le berger Tolozan qui l’a tué ! Et il précise : À la grande cabane. Bientôt arrive un groupe de quatre hommes : le premier tenant la longe du cheval qui tire le traîneau de fortune sur lequel se trouve le cadavre d’un ours, avec trois chasseurs autour. Le petit groupe redescend vers le village. Il passe devant quatre enfants. L’un d’eux, roux, estime que c’est une belle horreur que de tuer une telle bête. Un autre, un peu plus grand, le raille, répliquant qu’il est bien comme sa mère, toujours dans les forêts et les montagnes à manger de l’herbe. Il se fait plus méchant en disant qu’elle couche avec les loups et avec les ours, et que d’ailleurs si Édouard est roux et qu’il n’a pas de père, c’est sûr et certain qu’il est le fils de l’ours. Les trois enfants reprennent en chœur cette moquerie : Fils de l’ours, en pointant Édouard du doigt. Celui-ci ne se laisse pas faire et prend un bâton pour frapper le plus grand. Un gendarme intervient, intimant à Édouard de s’arrêter, et en lui administrant une baffe bien sentie. Il ajoute que le garçon va séjourner au cachot en attendant que sa mère vienne le chercher. Marie Roux vient récupérer son fils, et le gendarme lui prédit que son fils, un vaurien, finira au bagne ou à l’échafaud. La mère et le fils regagnent silencieusement leur maison à l’écart du village. Marie conseille à son fils de faire attention, car les gens sont méchants. Méchants et cruels. Bien plus que les bêtes de la forêt. Il faut s’en méfier comme de la peste et les fuir ; ils ont le diable en eux. Sur la place du village, les enfants jettent des boules de neige sur le cadavre de l’ours. Cent mille ans avant Jésus Christ, dans la même région du Vercors : un aigle plane haut dans le ciel. Deux oursons observent leur mère : elle est en train de pêcher dans le cours d’eau, et elle parvient à attraper un poisson. Suivie par ses deux petits, elle regagne la prairie pentue. En pleine nuit, le hurlement des loups se fait entendre : une meute comptant une dizaine d’individus. L’ourse gronde contre eux, ses deux oursons se demandant ce qui va se passer. Les loups passent à l’attaque. C’est un énorme plaisir que de retrouver cet artiste dans un récit naturaliste : la dernière ourse du Vercors. C’est une surprise totale que de découvrir la nature du récit : celui-ci s’avère beaucoup plus fourni qu’une simple ode à un animal sauvage. Oui, l’ours est mis en valeur : en particulier par la mise en perspective de sa présence dans cette région du Vercors. Pour commencer la mort du dernier ours, du dernier roi en 1898. Puis un retour dans des temps reculés cent mille ans avant Jésus Christ pour la réalité sans pitié du règne animal avec une ourse et ses oursons contre une meute de loups. Puis trente mille ans avant Jésus Christ, toujours dans la même région, avec une expérience mystique et un chaman qui énonce que : Le soir où mourra la dernière reine, alors ce sera le début du temps des ténèbres. L’an mil : la traque à l’ours et la sorcière. L’an 1338 et la condamnation d’un animal pour ses crimes, avec comme peine d’être pendue puis brûlée, pratique authentique quand les animaux étaient tenus pour responsables de leurs actes, et jugés comme les êtres humains. La narration visuelle fait des miracles pour donner vie aux animaux en général, et à l’ours en particulier, sans anthropomorphisme ou personnification, en restituant leur caractère sauvage. Le lecteur se retrouve à la fois sous le charme, à la fois habité par un respect teinté de peur devant ces êtres vivants proches d’incarner des forces de la nature, avec des couleurs sombres soulignant un environnement naturel et indifférent. Le début du récit annonce clairement sa résolution, et le sort du personnage principal, enfin du rôle principal pour un être humain. Le lecteur suit donc Édouard Roux de 1898, alors qu’il a dix ans (il énonce être né le premier février 1888), jusqu’à son destin final. Au cours de son existence, il commence par être un enfant élevé par sa mère dans un environnement naturel, à l’écart du village, puis une gueule cassée à l’issue de la première guerre mondiale, et puis le compagnon d’une artiste sculptrice. Le récit s’avère indissociable de cet homme, avec un degré d’intrication que seul une narration organique peut atteindre. À l’évidence s’il a lu Ailfroide, le lecteur peut déceler des éléments autobiographiques : le visage abimé (certes moins gravement pour Rochette), la vie dans les montagnes, la profession d’artiste, l’admiration pour le peintre Chaïm Soutine (1894-1943) et son tableau Le bœuf écorché (1925), et une forme de misanthropie assumée. Toutefois la narration va bien au-delà d’une simple projection de son auteur. Le lecteur ressent à chaque page la cohérence et le caractère intime de la narration. Il découvre chaque page sans plus s’attacher aux caractéristiques des dessins ou aux plans de prise de vue, se retrouvant habité par le tout. Il fait l’expérience d’une expression totale, d’une sincérité et d’une honnêteté extraordinaires. L’auteur vit ce qu’il raconte au plus profond de lui, l’exprime avec une clarté rayonnante, transformant chaque case, chaque séquence, chaque réplique, chaque geste en une évidence. Cette qualité narrative irradie de chaque planche. Le lecteur peut aussi très bien prendre du recul, avec un point de vue plus analytique. Il retrouve toutes les qualités de l’art de Jean-Marc Rochette. Il utilise des traits encrés ou peints assez épais, des petits traits pour apporter des textures, des ombres portées : s’il lui prend l’envie de s’attarder sur une case et la manière dont les individus et les décors sont représentés, le lecteur peut y voir des dessins un peu grossiers, manquant de finitions précises. Dès que son regard passe à la case suivante, la magie opère à nouveau : les sensations sont là, l’impression est d’une justesse incroyable, tant pour la situation en elle-même, que pour les émotions qu’elle dégage, des impressions d’une justesse pénétrante. Oui, des ombres qui s’avancent jusqu’à la cellule où attend le condamné, cela constitue une scène déjà vue de nombreuses fois, mais pas avec cette saveur particulière d’une nuit tranquille et silencieuse, d’individus jouant leur rôle respectif avec acceptation, même s’il leur répugne, ils accomplissent leur devoir en adultes. Oui, une meute de loups qui s’en prend à une ourse et ses petits, c’est une scène animalière classique et les dessins tirent profit d’une nuit sans lune, d’une obscurité masquant les détails, d’une neige uniforme, et pourtant le lecteur se retrouve partagé entre une scène de la cruauté implacable de la vie entre prédateurs et une envie irrépressible d’y projeter des sentiments humains. Chaque scène peut se regarder avec détachement : on y retrouve les outils narratifs classiques, jusqu’aux têtes qui parlent en alternance de champ et contrechamp, et pourtant à chaque fois la magie opère et la narration visuelle emporte le lecteur. Au travers de la situation d’Édouard Roux et du sort de la dernière reine, l’auteur aborde de nombreux thèmes nourrissant cette œuvre d’une grande richesse. Il met en perspective la présence des ours au sein du Vercors, dans un temps long, en partant de cent mille ans dans le passé, jusqu’au début du vingtième siècle, ce qui relativise drastiquement l’action de l’être humain, ainsi que sa relation avec le règne animal et naturel. Ainsi initié ce thème revient régulièrement et se développe de manière organique au gré des séjours du personnage dans le Vercors, parfois accompagné de Jeanne Sauvage. Ainsi, il établit le constat que les forêts sont devenues trop petites pour la liberté, que certaines sont transformées en zone de sylviculture en particulier pour les sapins destinés à être de futures planches, ce qui ne constitue pas une vraie forêt. La fragilité des zones naturelles cède sous le comportement de dévoration, d’ogre de l’être humain. Les hommes tuent la magie. Le parcours de vie du soldat Roux met en scène l’horreur des tranchées, la responsabilité des chefs de guerre (il est dit de Clémenceau que son rôle est de faire couler le sang des autres), le stress post traumatique d’être défiguré au front sur le champ de bataille. Sa vie s’en trouve irrémédiablement gâchée, puisqu’il est condamné à vivre littéralement avec sac sur la tête pour cacher son visage ravagé au reste de ses semblables. Sa pension apparaît dérisoire au regard d’un tel traumatisme qui constitue une condamnation à vie pour avoir défendu sa patrie comme il lui était ordonné. La cruauté inouïe de ce sort ressort à chaque instant de manière flagrante en compagnie des hommes et des femmes mal à l’aide en sa présence dans un réflexe automatique irrépressible, sans même parler de la souffrance physique continue. La sollicitude et la compassion de Jeanne Sauvage n’en rayonnent que d’autant plus. Édouard entre en contact avec elle sur la recommandation d’une autre gueule cassée, car elle confectionne des masques ressemblant à de la chair pour redonner apparence humaine à ces visages massacrés. L’auteur s’est inspiré de Jane Poupelet (1874–1932), artiste réalisant des sculptures animalières et des nus féminins, engagée auprès de la Croix-Rouge américaine, et modelant des masques (moulés à la cire sur les visages, remodelés, tirés en cuivre et ornés d'émail peint) à partir de photographies. Elle fréquente un milieu artistique parisien, à Montmartre, plus précisément au Lapin Agile, propriété de Aristide Bruant (1851-1925, chansonnier, écrivain). C’est en l’accompagnant que Roux finit par faire la connaissance de Soutine en lui livrant la carcasse qui servira de modèle pour le Bœuf écorché. Ces artistes évoquent également Et le soleil s’endormit sur l’Adriatique (1910) de Roland Dorgelès (1885-1973, un tableau peint par la queue d’un âne), la Fontaine (1917) de Marcel Duchamp (1887-1968, peintre, plasticien). Cette évolution de l’art fait dire à un des artistes présents que : Dans cinquante ans tout deviendra de l’art, de la pissotière à la canule, avec comme seul arbitre des élégances, le pognon, les banquiers feront marcher les artistes à la baguette, comme les ours de foire. Le lecteur ressent ce jugement de valeur comme étant celui de l’auteur. Cette appréciation se trouve renforcée en découvrant l’escroquerie que le galeriste Orloff commet aux dépens de Jeanne Sauvage, à la fois un individu sans moral grugeant une artiste, à la fois abusant du pouvoir que lui donne sa position sur une personne plus faible. Le lecteur découvre également la profession de foi de l’auteur en tant qu’artiste : L’art n’est rien s’il ne force le réel. Ce dernier tome de cette trilogie thématique pulvérise en richesse et en qualité les deux précédents, déjà extraordinaires. Le lecteur ressent l’expression pleine et entière, directe et puissante de son créateur, tant au travers de la narration graphique que du récit et des thèmes abordés. Le lecteur prend le parti d’Édouard Roux sans aucune réserve, et il se trouver percuté de plein fouet par le sort que lui réserve la société, les bonnes gens. Éprouvant et salutaire.

28/06/2025 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

Je n'ai pas été transporté par la lecture de cette série. J'ai tout d'abord eu du mal à accrocher au récit. L'auteur nous propose une première partie avec de nombreux thèmes importants mais traités en passant. Les nombreux flash back sur l'histoire d'Edmond rendent le récit compréhensible sans pour autant m'attirer particulièrement tellement cette charge contre la société a déjà été de nombreuses fois utilisée. L'apparition de Jeanne Sauvage donne un autre élan au récit. Toutefois j'ai trouvé cette dramatisation souvent excessive et un partage des personnalités bien manichéen. Le graphisme est très maitrisé pour souligner l'ambiance d'un Vercors que Rochette connait très bien. Une bonne lecture qui a eu du mal à me toucher par excès de procédés émotifs et convenus.

22/02/2025 (modifier)
Par Emka
Note: 4/5
L'avatar du posteur Emka

Il y a quelque chose qui m'a particulièrement touché dans Ailefroide - Altitude 3954 et Le Loup du même auteur, alors que je ne suis pas plus attiré que cela par la montagne à la base. Et j'ai retrouvé cette même densité dans cette histoire, un équilibre entre des thèmes universels et une mise en scène qui sait laisser de l’espace. Le récit, simple en apparence, explore des sujets comme l’amour, la violence et la mémoire avec une retenue qui lui donne sa force. Tout tourne autour de cette figure centrale, cette reine, métaphore d’un passé qu’on porte malgré soi, avec tout ce qu’il peut avoir de beau et de douloureux. Le dessin accompagne bien cette narration. Pas de surenchère, mais un soin apporté aux détails, une attention particulière à ce qui se joue dans les regards, les gestes. Les choix de couleurs, parfois tranchés, parfois plus feutrés, participent à cette oscillation constante entre la dureté et la douceur. Cela donne une vraie cohérence à l’ensemble, même si certains passages, un peu appuyés, pourraient paraître moins nécessaires. Ce qui reste, au final, c’est cette atmosphère. Pas tant une histoire marquante qu’un climat, une manière de raconter qui trouve son rythme sans chercher à en faire trop. Une lecture qui n’impressionne pas par ses grands effets, mais qui, par petites touches, laisse une empreinte discrète mais durable. Bref, encore une belle lecture, merci M. Rochette.

07/01/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

Dernier album de la trilogie de Rochette sur la montagne et c'est aussi celui qui m'a semblé être le moins bon. Ce one-shot est sympathique à lire, mais il m'a semblé moins prenant que les deux autres one-shots qui étaient captivants du début jusqu'à la fin. Il faut dire qu'au début cela semble partir dans tous les sens avec des sauts dans le temps. Puis lorsque tout devient cohérent, on voit le talent scénaristique de Rochette qui est capable de prendre des éléments qui semblent trop différents pour faire un tout cohérent et de bien les utiliser. Sauf que même lorsque les thèmes du scénario sont clairs, je trouvais que le résultat était correct sans plus. Le couple ne m'a pas trop touché. Ce n'est que lorsque les deux personnages revient à la montagne que j'ai trouvé que le scénario était enfin passionnant à lire. C'est dans le dernier tiers que je trouve qu'il y a tous les moments les plus marquants du récit. Comme ci la montagne était une meilleure source d'inspiration pour l'auteur que le milieu d'art parisien. Le dessin de Rochette est toujours aussi bon pour les paysages.

04/11/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
L'avatar du posteur gruizzli

Rochette cultive un amour pour la montagne que je trouve admirable et son dessin veut magnifier un lieu magnifique qui disparait par la faute de l'homme. La Dernière Reine est une suite spirituelle à Ailefroide - Altitude 3954 et Le Loup, avec ce trait charbonneux en noir et blanc, la montagne comme lieu de vie et l'interrogation sur l'humain qui se lance à l'assaut de ces géantes, pour le meilleur et le pire. La Dernière Reine reprend l'ours comme symbole d'une nature puissante, belle et magnifique qui se fait progressivement chasser par l'homme, encouragé par les pâturages de moutons et la plantation de sapin. Rochette veut conter son histoire autour de Édouard Roux, mais en même temps passe par plusieurs époques pour mettre en lumière la façon dont l'homme a considéré l'ours, en le mettant en parallèle des femmes notamment. Le récit est très porté sur les deux personnages principaux, Roux et Sauvage, deux personnages aux noms évocateurs. Il cultive les marginaux, se permet de brocarder sur l'art et veut magnifier la beauté sauvage et naturelle, celle que l'humain détruit consciemment et méthodiquement. Je ne suis pas toujours d'accord avec la réutilisation d'anciens liens supposés que l'homme aurait eu avec la nature, mais je suis malheureusement bien obligé de reconnaitre que l'homme a du mal à respecter cette nature et la voire autrement que comme une source de profit ou d'emmerdes. C'est beau, bien mené et la BD invite à se poser, respirer l'air des montagnes et échapper à un monde industriel qui produit des guerres industrielles, des malheurs à la chaine, la destruction du beau et la marchandisation de l'art. Un message qu'on peut trouver simple, mais que je trouve beau aussi. C'est aussi le genre de message qu'il devient plus qu'urgent de rappeler au monde.

02/07/2024 (modifier)
Par Lajt
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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La lecture m'a vraiment ravi. Je me suis attaché pleinement aux deux personnages et la deuxième partie du récit, notamment la fin, m'a bouleversé. Avec l’édition en noir et blanc, du très grand art selon moi. Note réelle 4,75/5

26/11/2023 (modifier)
Par olma
Note: 4/5
L'avatar du posteur olma

L’histoire de la dernière reine nous emmène dans un voyage à la fois émouvant et tragique, qui se déroule à travers les siècles (et même au-delà), géographiquement entre Vercors, Grenoble, Paris, et un court passage par l’enfer des tranchées. Ce voyage est celui d’Edouard, colosse défiguré, héritier d’un savoir qui plonge ses racines dans les millénaires où l’humanité vivait davantage en harmonie avec le vivant et la nature sensible. Il va retrouver goût et sens à une vie dévastée par les éclats d’obus. La palette de couleurs est souvent sombre et sourde, les cadrages serrés font ressentir le manque d’espace dans les villes (dont les diverses ambiances sont très bien restituées, dans les Halles, les cabarets, les fonderies…) ou dans les bois de sapins – qu’on ne voit plus pareil après avoir lu ce livre-, espace qui s’ouvre par contre dans les échappées émerveillées d’Edouard et Jeanne sur le Vercors. A part une légère incohérence sans conséquence entre l’introduction du récit et la partie finale (avec une annonce faite à Edouard qui n’est pas logique lorsqu’on arrive à la conclusion du récit), le récit linéaire est riche : il contient des épisodes souvent révoltants (que ce soit à l’époque contemporaine ou lors des retours en arrière – les lecteurs grenoblois méditeront par exemple sur le nom de l’équipe de hockey des « Brûleurs de loup »), mais est illuminé par la très forte description d’un amour absolu, indépassable. La conclusion est emplie de mélancolie : dans ces dernières pages, on frémit à l’évocation de la fragilité du lien qui relie l’homme au reste du vivant, et à la rupture duquel adviendra le règne des ténèbres...

27/03/2023 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Cette BD mêle élégamment trois thématiques a priori assez peu compatibles : les gueules cassées de la première guerre mondiale, le milieu artistique parisien, celui de la sculpture en particulier, et les montagnes du Vercors, leur flore et leur faune. Je ne me sens proche d'aucune de ces thématiques ce qui m'empêche d'avoir été particulièrement touché par cet album, mais je l'ai trouvé de bonne facture, abordant avec justesse des sujets originaux et présentant quelques fulgurances assez touchantes sans pour autant m'emporter. J'ai été un peu rebuté par l'obscurité du dessin et son manque de couleurs. Ce n'est pas un style qui me plait. J'ai l'air de me plaindre et de faire bien des reproches à cet album mais objectivement, c'est une bonne BD, bien racontée, originale et comportant quelques idées fortes et passages intéressants. C'est juste qu'à titre personnel, je n'ai pas été particulièrement touché par son contenu et j'ai peur qu'elle marque peu ma mémoire.

17/02/2023 (modifier)
Par Cleck
Note: 4/5
L'avatar du posteur Cleck

Cette BD de Rochette déstabilise car elle mêle des thématiques que l'on n'imaginait pas liées en une même histoire : les gueules cassées, un hymne écolo à la nature sauvage, le monde de l'Art dans les années 20, la justice expéditive des hommes à l'égard des marginaux, cela avec des aller-retours historiques (Préhistoire et Moyen-Âge). Le résultat est inattendu et beau, voire davantage. Tout s'enchaîne merveilleusement malgré les grands écarts constatés. L'intrigue est tragiquement émouvante, magnifiée par le style de Rochette si caractéristique (charbonneux, entier...) renforçant ici indiscutablement le propos. Une nouvelle belle réussite pour cet auteur.

10/02/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Cet album combine deux thématiques d’une manière assez étrange. D’une part, nous avons l’histoire d’une destinée ancestrale qui lie une famille humaine aux ours. Ceci nous est présenté via de nombreux flashbacks remontant à l’aube de l’humanité et nous allons ainsi retrouver à différentes époques une lignée d’humains aux cheveux roux dont le rôle semble être de protéger les ours. D’autre part, nous allons suivre l’histoire d’amour qui va naitre entre une « gueule cassée » et une artiste suite à la confection par cette dernière d’un masque qui permet au premier de cacher son visage atrocement mutilé dans les tranchées. Ce volet du récit nous ouvre les portes des milieux artistiques de l’après-guerre. On traine alors du côté du Lapin agile (célèbre café d’artistes et d’anarchistes de Montmartre) et on croise quelques personnages célèbres. Le trait d’union entre ces deux volets est personnifié par Edouard Roux, dernier représentant de la lignée de ces humains défenseurs des ours, et gueule cassée de 14-18 qui va découvrir le monde des arts grâce à Jeanne, son amour. Si j’ai lu cette histoire avec plaisir, si les deux volets m’ont plu, j’avoue avoir beaucoup de mal à trouver une thématique commune (sinon celle assez simpliste de l’homme qui saccage tout au seul nom de son profit personnel). Du coup, j’ai le sentiment d’être un peu passé à côté de l’album. Mais par ailleurs, j’ai dévoré ce récit, j’ai été touché par les personnages (à commencer par Edouard Roux), j’ai aimé cette évocation des milieux artistiques de l’immédiat entre-deux-guerres, j’ai aimé la mise en page, le dessin à l’encrage très marqué. Oui, j’ai vraiment bien aimé ma lecture mais j’ai le sentiment d’être peut-être passé à côté du message que voulait délivrer son auteur. Du coup, je reste sur un simple pas mal mais c’est un bel album qui mérite d’être lu.

06/02/2023 (modifier)