Chantier interdit au public

Note: 4/5
(4/5 pour 4 avis)

Le fonctionnement des gros chantiers parisiens : une entreprise de grande taille qui cache la forêts des intérimaires et des sous-traitants sans droits...


BD Reportage et journalisme d'investigation Documentaires

C'est 7 h , il pleut. Un attroupement attend devant une vitrine éteinte. l'enseigne, (pauvre comme) JOB intrim trône au dessus de la fumée des cigarettes. La balayeuse (genre système Topaze) vient emmerder le groupe. Une voiture arrive à toute vitesse en faisant crisser les pneus.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Janvier 2016
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Chantier interdit au public © Casterman 2016
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 4 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

25/04/2016 | Canarde
Modifier


Par Gaston
Note: 4/5
L'avatar du posteur Gaston

3.5 J'ai eu un peu de difficulté à entrer dans ce documentaire car je ne suis pas fan du dessin qui semble s'inspirer de l'underground américain, mais le sujet m'a tellement passionné que je me suis habitué au style et le fait qu'il soit expressif illustre bien le propos vu qu'on va voir l'envers d'un monde qui rend pratiquement fou. J'en ai appris des choses et honnêtement rien ne m'a grandement surpris. On va suivre un immigré dans un chantier où les magouilles sont légions (travailleurs sans-papiers exploités, on s'assure de la sécurité uniquement quand les inspecteurs débarquent). Le racisme est aussi présent avec des groupes ethniques qui sont confinés dans des rôles précis et les immigrants ont aucun problèmes à s'insulter entre-eux (mention spéciale pour le Haïtien qui tient à préciser qu'il est pas noir, les noirs ils viennent tous d'Afrique et lui il est supérieur à un noir !). Bref, les auteurs montrent un univers glauque avec aussi un peu d'humour qui fonctionne bien. Tout parait réel et j'espère qu'un jour la situation va changer parce que là c'est juste intolérable.

30/06/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Cette collection est vraiment intéressante, mais inégale. Mais cet album fait clairement partie des réussites. Comme souvent, le dessin est minimaliste, mais pas essentiel, l’important est qu’il soit lisible et efficace, ce qui est le cas ici. Et son style brouillon convient bien au propos de toute façon. En tout cas ce « reportage » est bien mis en image, et l’on nous montre bien une partie de l’envers du décor. En tout cas ce que donne « l’externalisation », comme le disent les grandes boites de BTP, c’est-à-dire la sous-traitance, qui entraine la surexploitation d’une main d’œuvre immigrées, corvéable à merci, via des agences d’intérim, avec une bonne dose d’hypocrisie des pouvoirs publics quant au respect des règles (de sécurité entre autres). Certaines scènes « d’embauche » ou de travail ne dépareraient pas dans un reportage sur le travail des ouvriers au milieu du XIXème siècle. Le racisme, qui cantonne certaines catégories d’immigrés aux taches les plus rudes, les plus dangereuses et moins payées, ajoute à la noirceur du tableau. Interdire la sous-traitance systématique lorsqu’une grosse entreprise remporte un marché devrait être la norme. Mais ce système inique renforce les bénéfices des grands groupes, et permet de tenir délais et prix bas dans la construction, donc il perdure. Lecture recommandée donc, d’autant plus que la narration est fluide, casant des moments d'humour dans un univers qui ne s'y prêtait pas spontanément.. Note réelle 3,5/5.

22/12/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Décidément, j’aime beaucoup cette collection (Sociorama) et cet album figure parmi ceux qui m’ont le plus convaincu. Pourtant et une fois de plus, serais-je tenté de dire, le dessin est vraiment peu engageant. Caricatural, vif, spontané, comme jeté sans travail préalable sur la feuille de papier, ce n’est pas le genre de dessin qui attire mon regard vers un livre. Mais il est efficace pour ce type de projet, justement parce qu’il est caricatural et spontané et que, de la sorte, il renforce l’aspect documentaire et humoristique du récit. Et c’est un fait que je me suis amusé durant ma lecture, alors que le sujet (quand on y réfléchit un peu) est tout sauf drôle. Côté documentaire, j’ai trouvé ce à quoi je m’attendais… avec peut-être encore plus d’aspects déprimants que je ne l’aurais cru. L’humour, bien présent allège la gravité du sujet, nous permet de prendre nos distances, d’avoir du recul et donc de mieux capter toute l’absurdité de certaines situations. A lire, très certainement. Un très bon album de plus de cette collection qui nous permet de mieux comprendre notre société sans se prendre au sérieux.

02/08/2019 (modifier)
Par Canarde
Note: 4/5
L'avatar du posteur Canarde

Drôle et triste : tout est vrai ! Un documentaire adapté d'une enquête éponyme (tiens ! le mot est un peu passé de mode, mais il rend service quand même) de Nicolas Jounin. Le dessin semble maladroit en feuilletant, mais en fait, il est plein d'expression dans les visages et les postures. Les situations sont très bien vues, chaque détail est bien observé, ce devrait être le livre de chevet de madame El Khomri ! Vois, madame le ministre, comment marchent les gros chantiers, qu'ils soient publics ou privés c'est du même tonneau : on veut tout le bras et on n'a l'argent que pour le doigt, alors... On ferme les yeux sur le travail au noir : c'est-à-dire qu'on fait la preuve que les charges sociales telles qu'elles sont prévues ne sont pas applicables... Pour les gros. Les artisans continuent de les payer et ne peuvent pas répondre aux appels d'offre... Bref une enquête salutaire, une mise en scène efficace et drôle (même si on rit jaune). Cela donne envie d'essayer les autres tomes de la collection sociorama !

25/04/2016 (modifier)