A l’origine, Oscar et la dame rose est un roman d’Eric-Emmanuel Schmitt. Roman rapidement adapté en pièce de théâtre par l’auteur lui-même puis adapté en film en 2009.
… Et malgré tout, je ne connaissais absolument pas cette histoire. Il aura donc fallu attendre cette troisième adaptation, en bande dessinée cette fois, pour que je la découvre avec ravissement. C’est le nom de Vincent Zabus qui m’a séduit dans un premier temps (parce que très sincèrement, celui d’Eric-Emmanuel Schmitt, moi, hein, pfff… (comme quoi, je suis vraiment un vieux con)), couplé à la rondeur du trait de Valérie Vernay. Du premier, j’aime l’humanité des scénarios que j’ai eu la chance de lire. De la seconde, j’aime la candeur et la fraicheur qui se dégagent de son trait.
Oscar et la dame rose est une œuvre extrêmement touchante, poétique, humaine, sensible, drôle et légère sur un sujet difficile (la mort) voire tabou (la mort d’un enfant). Sujet casse-gueule s’il en est car il est très tentant d’en faire de trop et de tomber dans le larmoyant insipide. Or, ici, j’ai trouvé son traitement tout simplement parfait. Je me suis attaché aux personnages, j’ai trouvé l’idée d’une journée équivalente à dix ans très poétique et ludique, j’ai été touché par la candeur autant que par la maturité d’Oscar, j’ai aimé cette idée de ces lettres de l’un permettant à l’autre de conserver une relative sérénité à l’heure de sa mort.
Et puis j’ai aimé la rondeur du dessin, l’harmonie des couleurs, la composition des planches, le découpage…
J’ai aimé, quoi !
J'ai trouvé le scénario de cette bande dessinée vraiment fascinant. L'histoire est bien construite et m'a tenu en haleine du début à la fin. Chaque page m'a donné envie de découvrir la suite. Les rebondissements sont bien placés et rendent la lecture très agréable. J'ai particulièrement aimé la profondeur des thèmes abordés, qui ajoutent une dimension supplémentaire à l'intrigue.
Les thèmes abordés dans cette bande dessinée sont très intéressants. Ils sont traités avec beaucoup de sensibilité et de justesse. J'ai été touché par la manière dont l'auteur aborde des sujets complexes et parfois difficiles. Cela donne à réfléchir et ajoute une dimension supplémentaire à la lecture. C'est une bande dessinée qui ne se contente pas de divertir, mais qui pousse également à la réflexion.
Les personnages sont très bien développés. Chacun a sa propre personnalité et ses propres motivations, ce qui les rend très attachants. J'ai particulièrement apprécié le personnage principal, dont l'évolution au fil de l'histoire est très bien écrite. Les interactions entre les personnages sont crédibles et ajoutent beaucoup de profondeur à l'intrigue.
Enfin, les dessins sont tout simplement magnifiques. Chaque planche est un véritable plaisir pour les yeux. Les détails sont soignés et les couleurs sont éclatantes. J'ai été impressionné par la qualité du graphisme, qui apporte une réelle valeur ajoutée à l'histoire. Les scènes de combat et les moments plus calmes sont tous superbement illustrés.
Le scénario est juste incroyable !
Les dessins magnifiques d'Olivier Vatine m'ont frappé par leur maîtrise de l'art de la bande dessinée et les détails. Un chef-d'œuvre !
Et dire que j'ai failli passer à côté de l'oeuvre de Jean-Marc Rochette parce que je n'ai pas accroché de prime abord avec son dessin en feuilletant cette BD parmi tant d'autres en librairie. Après la lecture de Le Loup qui m'a totalement conquis, j'ai attaqué ce récit personnel qui raconte son parcours d’adolescent à Grenoble, fasciné par l’escalade et les sommets des Alpes. Il y décrit comment, lassé par les cours du lycée, il trouve dans la montagne une échappatoire et une vocation qui façonneront une partie de sa vie.
J'aime beaucoup cette manière authentique de raconter la montagne. Rochette ne se contente pas de dessiner des paysages, il nous fait ressentir la rudesse des sommets, l’exaltation de l’ascension, mais aussi la proximité de la mort, toujours présente à chaque faux pas.
Le style de Rochette est parfois brut, sans fioritures, mais il capture à merveille l’essence de la montagne : immuable, dangereuse, mais terriblement attirante. Les teintes bleues et blanches dominent, évoquant la pureté des glaciers et le ciel infini, tandis que les personnages, presque secondaires face à l’immensité, sont représentés avec une simplicité touchante.
Le récit est un mélange de souvenirs d’ascensions, de rêves brisés et de moments d’euphorie. À travers l’histoire de Rochette, c’est toute une génération d’alpinistes qu’on entrevoit, avec leurs défis, leurs doutes, mais aussi leur soif de liberté et d’absolu. Il y a une sincérité dans cette quête de soi-même à travers la montagne, qui m’a beaucoup touché. On ressent cette tension constante entre l’appel du sommet et le danger, entre la passion et la réalité.
Rochette ne cherche pas à enjoliver son récit, au contraire, il expose ses failles, ses moments de faiblesse, ce qui rend cette histoire encore plus humaine et accessible.
Un gros coup de coeur donc qui fait suite à Le Loup et avant de poursuivre avec La Dernière Reine
D'or et d'oreillers est une adaptation du roman du même nom de Flore Vesco, un roman qui a reçu plusieurs prix, dont celui du prix sorcières 2022. De sorcellerie, il sera question.
De Flore Vesco, je ne connais qu'une autre adaptation en BD, De cape et de mots, et j'avais beaucoup apprécié ce conte pétillant et léger. Ici, ni pétillance, ni légèreté.
De Mayalen Goust, je n'ai lu que Lisa et Mohamed, un album où elle n'a réalisé que la partie graphique et si j'avais aimé son travail, il est ici d'un autre calibre.
Le lord Adrian Handerson cherche à se marier, trois sœurs issues de la bourgeoisie et leur servante, Sadima, se rendent au château. Mais la même épreuve attend chaque prétendante pour espérer épouser le lord.
Un magnifique conte, il commence en empruntant à 'la princesse au petit pois' et à 'Cendrillon'. Mais il va vite bifurquer sur quelque chose de plus sombre, sensuel et sanguinolent.
Je suis entré de plein pied, dès la première planche, dans cette histoire qui... Je vais faire mon fainéant, je vais laisser les personnages vous présenter cette BD féministe.
- Une vie d'esclave à écarter les cuisses pour un mari...:
- Vous verrez, demain, à neuf heures cinquante-sept précises, je vous embrasserai. Et je mettrai la langue.
- Je me suis adapté à cette situation. Papa en haut et maman à la cave.
- Quelques jours plus tard, la cave était vide. J'ai compris qu'elle avait réussi à se morceler.
- La mariée ira mal.
- Qu'est-ce qu'on enterre dans une petite fosse ? Un petit enfant... ou un petit chat ?
- Si vous étiez une femme, même fortunée, vous seriez encore prisonnière et contrainte de coucher dans le lit d'un homme que vous n'avez pas choisi.
- Je ne voudrais pas que vous me demandiez comment se passe mes nuits ici et ce que je fais dans mon lit.
- Il faut toujours écouter sa maman.
La partie graphique m'a envoûté, elle dégage une ambiance singulière, un délicieux mélange de gothique avec une pointe de volupté et un soupçon d'épouvante. Le coup de crayon de Goust est précis, expressif et tout en rondeur, les superbes aplats de couleurs apportent aussi beaucoup au plaisir visuel et la mise en page en met plein les yeux.
Regardez la galerie avec ce château à la porte d'entrée en forme de cercueil, ou alors cette ouverture sur la salle à manger qui ressemble à une bouche, où des dents sont prêtes à vous croquer.
Les décors sont magnifiques, Sadima a du sex-appeal et le chat est inquiétant au possible.
Très, très beau !
Pour les aficionados du genre, un conte qui surprendra avec sa touche d'originalité au milieu d'un classicisme dans sa construction. À ne pas mettre dans les mains des plus jeunes.
Vous ne savez pas dépiauter un lapin ? Et bien, vous saurez après cette lecture.
Gros coup de cœur graphique.
"Il y a très longtemps, la Lune et la Terre suivaient chacune leur propre trajectoire. Un jour elles se sont croisées et se sont attirées mutuellement, mais ni l'une ni l'autre n'est parvenue à s'arrêter"
Ces deux petites phrases tirées d'une case résume parfaitement l'histoire de Zéno et Ana, héros de "Malgré Tout", qui passeront une vie entière à se courir après.
Autant être clair, j'ai fait l'acquisition de cet ouvrage pour ma moitié, une histoire romantique, de beaux dessins 'dynamiques. Le cocktail parfait pour lui faire avaler des acquisitions un peu plus rock'n roll.
Oui mais voilà il y a des BD pour vous instruire, d'autres pour vous souvenir, voyager, vous divertir. Et d'autres pour vous foudroyer le cœur. et "Malgré tout" fait incontestablement partie de cette catégorie. Cette romance est absolument magnifique, elle est une ode à l'amour et à la vie.
Beaucoup d'entre nous ont certainement dû avoir ce coup de foudre, vivre cet amour inachevé.
Je suis ressorti de ma lecture le cœur léger, amoureux et heureux.
De plus le dessins et les couleurs sont magnifiques et portent merveilleusement bien cette romance.
Le scénario à la Benjamin Button est juste parfait
Un énorme coup de cœur et une lecture que je ne peux que vous conseiller.
Un ouvrage que je relirai avec grand plaisir.
A posséder donc
Personne n'a raison et rien n'est vrai.
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Ce tome regroupe des histoires courtes initialement parues dans le magazine Jazzman à partir des années 2000, ainsi qu’une introduction réalisée spécialement pour le recueil et plusieurs dessins supplémentaires. Sa parution initiale date de 2013. Il a été entièrement réalisé par Blutch (Christian Hincker), scénario et dessins. Il compte environ soixante-cinq planches de bande dessinée. Il s’agit d’un ouvrage en noir & blanc, seules les deux premières histoires comportant des nuances de gris.
Avant-propos – Un jeune indien vient trouver le grand sachem. Il souhaite avoir son avis au sujet du travail qu’il a commencé sur la musique du jazz, il y a bien des lunes. Il s’agit maintenant de rassembler tout ce matériel en un volume présentable. C’est une chance mais aussi une responsabilité. Le livre en question doit réunir en recueil les histoires en une page qu’il faisait pour Jazzman, un journal de blancs. Au départ, il se sentait indomptable. Prêt pour mille histoires, et voilà qu’au bout de trente-six lunes, il tombe à genoux sur le sentier. Épuisé, lessivé et pire encore. Il est écœuré, chef. Écœuré du jazz. Depuis quinze – vingt ans, il en a tellement convoité, acheté, accumulé, acheté, qu’il est devenu une espèce de spécialiste. C’est sa vie et il tenait son rôle, mais aujourd’hui dès qu’il met un CD dans le lecteur, c’est lui qu’il voit, c’est lui qu’il entend. Lui. Lui dans un miroir. Coltrane, c’est lui ! Miles Davis, c’est lui ! Mingus, c’est lui ! Et tous les autres, les grands, les petits ! Lui lui encore lui ! Il tourne en rond. Ce livre est un mensonge ! Que doit-il faire ?
Avertissement – Le grand sachem assis en tailleur suppose que lui et le lecteur souffre du même démon, et que cette histoire leur appartient, tout comme ils lui appartiennent. Le son des mots : la belle Chokolé, princesse apache, accueille Couguar, un guerrier, de retour ; ils parlent des mots nouveaux, des mots mystérieux qu’il a rapportés de son voyage, et qui sonnent bien. Le son : Stan Getz se tient debout, dans la lumière de deux projecteurs, et il porte la hanche de son saxophone à sa bouche. Le son commence à en sortir en mélopée, sous les yeux d’une belle jeune femme assise à la table du premier rang. La scène : un homme et une femme afro-américains s’embrouillent et il commence à la frapper. Puis il doit partir et il joue tranquillement du saxophone devant le public d’un café. La vie d’artiste : sur la branche d’un arbre, un petit piaf joue du saxophone avec verve et sensibilité, y mettant tout son cœur et toute son énergie. Des chats viennent l’écouter, admiratifs. Sur scène, Danilo Perez se concentre sur le clavier de son piano, John Patitucci gratte les cordes de sa contrebasse attentif au pianiste, Brian Blade les accompagne à la batterie, Wayne Shorter transforme le tout en s’exprimant au saxophone, parc floral de Paris, le 15 juillet 2001. La muse : elle apporte le café du petit déjeuner au bassiste dans les années 1950, elle est penchée sur le clavier du pianiste dans les années 1960, elle écoute avec admiration le saxophoniste dans les années 1970, elle est sur le lit de la chambre d’hôtel alors que le trompettiste s’échauffe.
Transcrire la musique en bande dessinée, ou même le ressenti, les sensations, les émotions qu’elle génère, relève de la gageure, car sa nature même exclut la présence même du son dans ce mode d’expression. Parler de jazz : un autre défi insensé, pour évoquer ou capturer un instant insaisissable, une dynamique de groupe, des interactions naissant de l’inspiration du moment, des improvisations aussi spontanées qu’éphémères. Dans son avant-propos, le bédéiste développe plus avant sa problématique : des pages réalisées une dizaine d’années auparavant et il n’aurait plus la même approche pour parler de ces sujets, une connaissance niveau expert du jazz, peut-être obsessionnelle au point d’en dire beaucoup plus sur sa personnalité que sur le jazz lui-même. Le lecteur a vite fait de pouvoir le constater : il croise les noms de Stan Getz (1927-1991), Wayne Shorter (1933-2023), puis dans la foulée Jaki Byard (1922-1999), Charles Mingus (1922-1979), Sun-Ra (1914-1993, Herman Poole Blount), Don Pullen (1941-1995), Martial Solal (1927-). Certains de ces artistes ne figurent pas sur les listes des musiciens jazz les plus célèbres et dénotent une connaissance pointue de cette branche de la musique. Ce constat se trouve confirmé avec la mention de Buddy Bolden (1877-1931) ou Bubber Miley (1903-1932) emmenant le lecteur aux sources historiques du jazz, ou encore Sonny Sharrock (1940-1994) guitariste et un des pères de la guitare free jazz. Le lecteur amateur reprend pied avec des références à des artistes plus connus comme Duke Ellington (1899-1974), John Coltrane (1926-1967), Lee Morgan (1938-1972), Ornette Coleman (1930-2015), Chet Baker (1929-1988), et bien sûr Miles Davis (1926-1991) érigé par l’auteur au statut de véritable messie du jazz, et même de Christ.
S’il n’a pas connaissance du caractère composite pour partie de l’ouvrage, le lecteur commence par se dire que le bédéiste, lui aussi, se lance dans autant d’improvisations que d’histoires. La couverture faisant d’une jeune femme blanche la muse des musiciens afro-américains, les vingt-quatre portraits de musiciens jazz célèbres en deuxième de couverture et sur la page en vis-à-vis, l’étrange dessin avec une touche de couleur d’un homme torse nu dans la page de titre, le dessin crayonné de quatre musiciens sur scènes, avec une jeune fille endormie à leur pied, les trois pages de l’avant-propos à l’encre pour des silhouettes esquissées par des traits tremblés, l’avertissement sous forme de deux cases de la largeur de la page avec des nuances de gris, Le son des mots en six pages dans un même mode de représentation, puis les trente-huit entrées en un page à l’encre avec des cases et des bordures, ou des dessins sans bordures, au pinceau ou à l’encre, les deux pages avec une touche de couleur pour le festival de jazz à Marciac, ou encore l’enquête en six pages du détective du jazz à la plume, sans oublier une esquisse au crayon d’une couverture pour le magazine Jazzman. Toutefois à la lecture, les trente-huit entrées présentent une forte cohérence dans leur approche de musiciens de jazz, et la différence d’approche des autres apparaît légitime du fait de la nature distincte de l’anecdote ou du point de vue.
L’amateur de musique jazz appréciera la connaissance de l’auteur en la matière, que ce soit l’évocation des précurseurs comme Buddy Bolden et Bubber Miley, ou les hommages rendus à Miles Davis, érigé en saint patron du jazz, à la tonalité et au phrasé uniques de Stan Getz, à la façon de se désagréger dans le néant de Chet Baker, ou encore à la présence physique de Charlie Mingus. Il saura également savourer la justesse des anecdotes choisies pour ces créateurs. Ces différents moments de l’histoire du jazz forment bien plus qu’une collection d’anecdotes pour rendre gloire à ces musiciens. L’artiste invoque de multiples facettes de la vie de ces musiciens et de leur musique. Il se montre admiratif de ces créateurs, mais sans se montrer complaisant. Il met en scène la solitude du soliste devant le public, parfois avec cruauté comme ce petit oiseau qui a tout donné pour un public de chats et qui se fait croquer quand il a fini épuisé, ayant tout donné, ayant craché ses tripes, et que l’attention des chats se reportent sur un nouvel oiseau qui va se lancer dans un solo. Cette forme de vampirisation du créateur se retrouve également dans la mise en scène de la ségrégation raciale, du racisme affiché, et de la pauvreté des musiciens. Cela peut prendre la forme d’un musicien noir acclamé sur scène à Paris dans les années 1950, courtisé en terrasse ou au restaurant par les admirateurs et les admiratrices, et montré du doigt dans la rue par le vulgum pecus. Blutch s’amuse également de l’image et de la réputation du jazz. Dans la page intitulée Étude du préjugé de la bande dessinée classique envers le jazz, il détourne des personnages comme Bianca Castafiore, Pirlouit ou le barde Assurancetourix pour en faire des musiciens de jazz, qui provoquent des réactions de rejets des autres personnages.
Au travers de ces scénettes, l’artiste évoque de multiples facettes de cette musique au fil des décennies : son origine afro-américaine et créole, le décalage qu’il peut y avoir entre personne privée et musicien en public (un saxophoniste qui bat sa femme et qui émeut aux larmes son public), la dynamique de groupe de musiciens et la transformation qui s’opère quand le meneur intervient dans un solo, le rôle de la muse, l‘effet toujours différent et renouvelé du solo d’un artiste à un autre, l’incompréhension et le rejet de cette musique par le grand public (avec l’exemple de A love Supreme, 1965, de John Coltrane), une forme encore plus extrême d’ostracisation avec l’exemple d’une saxophoniste femme et afro-américaine (intersectionnalité), l’investissement total d’un musicien de studio juste pour quelques prises, l’évolution des rayons de jazz dans les grandes chaînes de disque dans le sens de la diminution, le décalage total entre l’image raffinée et de détente du jazz et la réalité de son écoute (avec l’exemple de Something else, 1958, d’Ornette Coleman), etc. Il met en scène l’inspiration, en particulier la présence d’une belle femme ayant des effets immédiats sur la manière de jouer du musicien. Il rend un hommage à la puissance créatrice de Miles Davis, au fait qu’il se soit renouvelé, réinventé même au fil des décennies et à sa solitude consubstantielle du fait de se trouver au sommet, au firmament même.
Dans son avant-propos (en bande dessinée), l’auteur présente l’historique de ce projet, ses réticences à regrouper des scènes en une page réalisées il y a quelques années, le caractère presque obscène à rendre publique une passion si intense qu’elle avoisine l’obsession et le narcissisme. Ainsi averti, le lecteur peut prendre le recul qu’il souhaite, et il peut tout autant apprécier ces évocations du jazz au travers de quelques musiciens, quelques réalités sociales, avec une narration visuelle à la fois rigoureuse et libre, allant d’observations générales à des cas particuliers pour afficionados, du jazz classique au jazz le plus free, des chefs d’œuvre passés à la postérité à l’instant éphémère à jamais disparu portant en lui la mortalité de l’individu et l’expression personnelle la plus intime.
Pour un peu, je mettrais bien 5 étoiles... A défaut, je mets un gros coup de cœur... comme Noirdésir précédemment...
Frank est un sacré drôle d’animal, qui vit dans une drôle de maison dans un drôle de pays. Il côtoie de drôles de créatures, il lui arrive plein de drôles de trucs, et ça donne de drôles de gags. Pourtant, c’est drôle, car on ne trouve pas ça forcément drôle, mais on peut occasionnellement avoir de drôles de fou-rires. Et si vous trouvez ça drôle, le mieux c’est encore de le lire… Vous n’avez rien compris ? C’est normal, moi non plus.
Avant « Frank », je ne me souviens pas avoir eu autant de difficultés pour évaluer une œuvre, quelle qu’elle soit. C’est réellement un drôle d’OVNI qui m’est tombé dans les mains (merci au frérot - Grogro - au passage), et des OVNIS j’en ai lu quelques uns, mais celui-ci surpasse tous les autres ! Le problème, c’est que la plupart du temps, c’est qu’on ne comprend pas grand-chose (ou alors c’est juste moi qui suis hermétique), on ne sait pas au juste si ces histoires courtes sont destinées à faire rire ni à quoi s’attendre tant cela va loin dans le « what the fuck », à un tel point que cela en devient fascinant…
Le dessin de Jim Woodring y est sans doute pour beaucoup. Le personnage principal, Frank donc, est une sorte d’animal familier anthropomorphe, assez indéfinissable (un chien, un chat ou une souris, on ne sait pas trop), dans un style cartoonesque oscillant entre Mickey Mouse et Tex Avery au premier abord, donc plutôt avenant, mais avec une touche underground quand on y regarde de plus près. Frank vit en pleine cambrousse, dans une petite maison très étrange, avec des ouvertures mais sans porte ni fenêtres, et un toit en forme de dôme orientalisant. Il n’a pas donc pas de voisins, mais un bestiaire bizarre vit dans les parages. A commencer par cet « homme-porc », qui se déplace à quatre pattes et évoque la caricature d’un banquier de Wall Street, bouffant tout ce qui lui tombe sous le groin. Puis, par ordre d’apparition, une poule conique, une créature pseudo-féline en forme de niche, un clone de Frank à quatre pattes et avec une tête deux fois plus grosse, un démon cornu à face de croissant de lune, filiforme et toujours hilare. Il ne s’agit ici que des créatures récurrentes, mais on verra également apparaître au fil des pages une foultitude d’êtres improbables, hybrides et protéiformes.
Quant à la narration… on s’attend à une flopée de gags, mais ce ne sont pas vraiment des gags, ni même des gags absurdes, c’est quelque chose qui se situe bien au-delà de l’absurde… on se surprend à être saisi de fou-rires qu’on ne pourrait même pas expliquer, parce qu’en plus on n’est pas toujours très sûr de ce qu’on a vu… N’espérez donc pas y trouver du sens, j’ai moi-même essayé et j’ai bien vite renoncé… car Woodring est un pur extraterrestre qui prend un malin plaisir à aller là où on ne l’attend pas, son Frank étant à envisager comme une sorte de Mickey nonchalant qui se serait égaré dans le pays des merveilles d’une Alice sous acide…
Jim Woodring est une sorte de démiurge qui, à partir de son cerveau génialement malade, invente un nouvel univers aux paramètres très différents du nôtre et nous embarque dans sa folie bonhomme et faussement fun. Woodring déconcerte, Woodring déstabilise, Woodring fracasse les codes avec jubilation, en mixant l’apparente bienveillance de son chien-chat un peu bébête et la goguenardise de son démon au rictus figé. A l’image de son homme-porc déboulant dans un jeu de quilles, il bouscule nos repères les plus rassurants, traverse les miroirs, dérange le monde ordonné tel que nous le connaissons. A cette vieille question : « qui sommes-nous, où allons-nous », lui se contente de répondre : « Nulle part ». Traduction : notre monde physique n’a aucun sens, il n’est construit que sur une illusion qui nous rassure et sert de cache-misère à notre insignifiance.
Au final, on n’en revient pas d’avoir dévoré avec un tel ravissement cet objet sans objet, à l’étrange pouvoir captivant, faisant ressurgir des flashs visuels de l’enfance, telles ces images qui nous intriguaient quand on était môme d’autant qu’on ne les comprenait pas très bien. « Frank » mérite véritablement d’être redécouvert avant d’être englouti à jamais sous les sables. C’est un monument de pataphysique poétique, une expérience unique, totalement lysergique.
Tome 2 :
Rien de plus à ajouter sur ce tome par rapport au précédent. La seule différence porte sur l’introduction de la couleur sur une bonne partie des histoires, qui laisse dubitatif au début parce qu’on pouvait estimer que le noir et blanc se suffisait à lui-même. Mais une fois encore, Woodring joue avec les codes des « kids comics » pour mieux les saper. Ces couleurs gaies et pétillantes, qui correspondent à un univers enfantin très sucré, accentuent encore le décalage. Elles ne sont là que pour berner leur monde, le nôtre, qui étouffe parfois sous l’amoncellement de conventions et de conformisme. Laissez-vous porter par Frank, lâchez prise avec ce drôle d’énergumène, et surtout ne soyez pas trop surpris si vos gosses se l’accaparent…
Je me range complètement aux louanges des précédents aviseurs.
P-H Gomont est devenu en l’espace de quelques albums un auteur à suivre quasi les yeux fermés, la promesse systématique d’un excellent moment, il m’a toujours surpris positivement de par sa réalisation et les sujets choisis.
Slava ne déroge pas à la règle, une lecture de haute volée. J’ai hâte de connaître la suite de cette trilogie.
Graphiquement, c’est de mieux en mieux, l’auteur améliore encore son style, coloré et fluide. Un dessin vivant, j’aime le rendu de ses mises en page avec l’absence de trait noir autour de ses cases.
L’histoire n’est pas en reste, on explore les années post chute mur de Berlin. On va découvrir une Russie confrontée à l’ultra libéralisme du jour au lendemain, via le parcours de quelques personnages hauts en couleur, parmi tant d’autres j’ai particulièrement savouré celui de Dimitri Lavrine.
J’ai été complètement emporté d’entrée de jeu, j’ai adoré la construction de l’album et la voix off de Slava.
Un album au Top !!
MàJ tome 2 :
2 albums au Top !!
J’ajoute un coup de cœur à cette série. J’admire la qualité d’écriture de l’auteur ainsi que sa patte graphique, il y a tout ce que j’aime dedans, flamboyance, dépaysement, densité, noirceur et légèreté … un plaisir de retrouver ces personnages russes.
MàJ tome 3 :
Ça y est Slava c’est fini.
Je dois avouer que le début de la série m’a plus parlé avec ce petit côté Kusturica. La fin sera bien moins insouciante que les débuts et surprendra sans doute un peu moins.
Une trilogie bien menée qui met vraiment l’âme russe à l’honneur.
Hâte de découvrir le prochain projet de l’auteur.
Les auteurs nous proposent avec « Ulysse & Cyrano » une quête initiatique très humaine.
Commençons par un avertissement : l’histoire est très classique, les évènements sont convenus et prévisibles, et la fin « feel good » sera sans doute trop sucrée pour certain-e-s (voir l’avis de Emka par exemple).
Cela étant dit, j’ai passé un excellent moment de lecture. J’ai adoré cette passion inconditionnelle et contagieuse de Cyrano pour la cuisine, et au travers l’apprentissage de Ulysse, la réflexion sur l’importance d’aimer son travail pour être heureux, de profiter de la vie et des amis, de ne jamais trahir ses valeurs… c’est un message auquel j’adhère à 100%.
La mise en image est magnifique, le grand format permet d’apprécier le dessin précis et détaillé de Stéphane Servain, avec une mention spéciale pour les visages des personnages, mais aussi les vues champêtres de Bourgogne.
Un album que j’ai dégusté assis au soleil avec un bon café, en prenant mon temps… un délice !
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Oscar et la dame rose
A l’origine, Oscar et la dame rose est un roman d’Eric-Emmanuel Schmitt. Roman rapidement adapté en pièce de théâtre par l’auteur lui-même puis adapté en film en 2009. … Et malgré tout, je ne connaissais absolument pas cette histoire. Il aura donc fallu attendre cette troisième adaptation, en bande dessinée cette fois, pour que je la découvre avec ravissement. C’est le nom de Vincent Zabus qui m’a séduit dans un premier temps (parce que très sincèrement, celui d’Eric-Emmanuel Schmitt, moi, hein, pfff… (comme quoi, je suis vraiment un vieux con)), couplé à la rondeur du trait de Valérie Vernay. Du premier, j’aime l’humanité des scénarios que j’ai eu la chance de lire. De la seconde, j’aime la candeur et la fraicheur qui se dégagent de son trait. Oscar et la dame rose est une œuvre extrêmement touchante, poétique, humaine, sensible, drôle et légère sur un sujet difficile (la mort) voire tabou (la mort d’un enfant). Sujet casse-gueule s’il en est car il est très tentant d’en faire de trop et de tomber dans le larmoyant insipide. Or, ici, j’ai trouvé son traitement tout simplement parfait. Je me suis attaché aux personnages, j’ai trouvé l’idée d’une journée équivalente à dix ans très poétique et ludique, j’ai été touché par la candeur autant que par la maturité d’Oscar, j’ai aimé cette idée de ces lettres de l’un permettant à l’autre de conserver une relative sérénité à l’heure de sa mort. Et puis j’ai aimé la rondeur du dessin, l’harmonie des couleurs, la composition des planches, le découpage… J’ai aimé, quoi !
Porcelaine
J'ai trouvé le scénario de cette bande dessinée vraiment fascinant. L'histoire est bien construite et m'a tenu en haleine du début à la fin. Chaque page m'a donné envie de découvrir la suite. Les rebondissements sont bien placés et rendent la lecture très agréable. J'ai particulièrement aimé la profondeur des thèmes abordés, qui ajoutent une dimension supplémentaire à l'intrigue. Les thèmes abordés dans cette bande dessinée sont très intéressants. Ils sont traités avec beaucoup de sensibilité et de justesse. J'ai été touché par la manière dont l'auteur aborde des sujets complexes et parfois difficiles. Cela donne à réfléchir et ajoute une dimension supplémentaire à la lecture. C'est une bande dessinée qui ne se contente pas de divertir, mais qui pousse également à la réflexion. Les personnages sont très bien développés. Chacun a sa propre personnalité et ses propres motivations, ce qui les rend très attachants. J'ai particulièrement apprécié le personnage principal, dont l'évolution au fil de l'histoire est très bien écrite. Les interactions entre les personnages sont crédibles et ajoutent beaucoup de profondeur à l'intrigue. Enfin, les dessins sont tout simplement magnifiques. Chaque planche est un véritable plaisir pour les yeux. Les détails sont soignés et les couleurs sont éclatantes. J'ai été impressionné par la qualité du graphisme, qui apporte une réelle valeur ajoutée à l'histoire. Les scènes de combat et les moments plus calmes sont tous superbement illustrés.
Niourk
Le scénario est juste incroyable ! Les dessins magnifiques d'Olivier Vatine m'ont frappé par leur maîtrise de l'art de la bande dessinée et les détails. Un chef-d'œuvre !
Ailefroide - Altitude 3954
Et dire que j'ai failli passer à côté de l'oeuvre de Jean-Marc Rochette parce que je n'ai pas accroché de prime abord avec son dessin en feuilletant cette BD parmi tant d'autres en librairie. Après la lecture de Le Loup qui m'a totalement conquis, j'ai attaqué ce récit personnel qui raconte son parcours d’adolescent à Grenoble, fasciné par l’escalade et les sommets des Alpes. Il y décrit comment, lassé par les cours du lycée, il trouve dans la montagne une échappatoire et une vocation qui façonneront une partie de sa vie. J'aime beaucoup cette manière authentique de raconter la montagne. Rochette ne se contente pas de dessiner des paysages, il nous fait ressentir la rudesse des sommets, l’exaltation de l’ascension, mais aussi la proximité de la mort, toujours présente à chaque faux pas. Le style de Rochette est parfois brut, sans fioritures, mais il capture à merveille l’essence de la montagne : immuable, dangereuse, mais terriblement attirante. Les teintes bleues et blanches dominent, évoquant la pureté des glaciers et le ciel infini, tandis que les personnages, presque secondaires face à l’immensité, sont représentés avec une simplicité touchante. Le récit est un mélange de souvenirs d’ascensions, de rêves brisés et de moments d’euphorie. À travers l’histoire de Rochette, c’est toute une génération d’alpinistes qu’on entrevoit, avec leurs défis, leurs doutes, mais aussi leur soif de liberté et d’absolu. Il y a une sincérité dans cette quête de soi-même à travers la montagne, qui m’a beaucoup touché. On ressent cette tension constante entre l’appel du sommet et le danger, entre la passion et la réalité. Rochette ne cherche pas à enjoliver son récit, au contraire, il expose ses failles, ses moments de faiblesse, ce qui rend cette histoire encore plus humaine et accessible. Un gros coup de coeur donc qui fait suite à Le Loup et avant de poursuivre avec La Dernière Reine
D'or et d'oreillers
D'or et d'oreillers est une adaptation du roman du même nom de Flore Vesco, un roman qui a reçu plusieurs prix, dont celui du prix sorcières 2022. De sorcellerie, il sera question. De Flore Vesco, je ne connais qu'une autre adaptation en BD, De cape et de mots, et j'avais beaucoup apprécié ce conte pétillant et léger. Ici, ni pétillance, ni légèreté. De Mayalen Goust, je n'ai lu que Lisa et Mohamed, un album où elle n'a réalisé que la partie graphique et si j'avais aimé son travail, il est ici d'un autre calibre. Le lord Adrian Handerson cherche à se marier, trois sœurs issues de la bourgeoisie et leur servante, Sadima, se rendent au château. Mais la même épreuve attend chaque prétendante pour espérer épouser le lord. Un magnifique conte, il commence en empruntant à 'la princesse au petit pois' et à 'Cendrillon'. Mais il va vite bifurquer sur quelque chose de plus sombre, sensuel et sanguinolent. Je suis entré de plein pied, dès la première planche, dans cette histoire qui... Je vais faire mon fainéant, je vais laisser les personnages vous présenter cette BD féministe. - Une vie d'esclave à écarter les cuisses pour un mari...: - Vous verrez, demain, à neuf heures cinquante-sept précises, je vous embrasserai. Et je mettrai la langue. - Je me suis adapté à cette situation. Papa en haut et maman à la cave. - Quelques jours plus tard, la cave était vide. J'ai compris qu'elle avait réussi à se morceler. - La mariée ira mal. - Qu'est-ce qu'on enterre dans une petite fosse ? Un petit enfant... ou un petit chat ? - Si vous étiez une femme, même fortunée, vous seriez encore prisonnière et contrainte de coucher dans le lit d'un homme que vous n'avez pas choisi. - Je ne voudrais pas que vous me demandiez comment se passe mes nuits ici et ce que je fais dans mon lit. - Il faut toujours écouter sa maman. La partie graphique m'a envoûté, elle dégage une ambiance singulière, un délicieux mélange de gothique avec une pointe de volupté et un soupçon d'épouvante. Le coup de crayon de Goust est précis, expressif et tout en rondeur, les superbes aplats de couleurs apportent aussi beaucoup au plaisir visuel et la mise en page en met plein les yeux. Regardez la galerie avec ce château à la porte d'entrée en forme de cercueil, ou alors cette ouverture sur la salle à manger qui ressemble à une bouche, où des dents sont prêtes à vous croquer. Les décors sont magnifiques, Sadima a du sex-appeal et le chat est inquiétant au possible. Très, très beau ! Pour les aficionados du genre, un conte qui surprendra avec sa touche d'originalité au milieu d'un classicisme dans sa construction. À ne pas mettre dans les mains des plus jeunes. Vous ne savez pas dépiauter un lapin ? Et bien, vous saurez après cette lecture. Gros coup de cœur graphique.
Malgré tout
"Il y a très longtemps, la Lune et la Terre suivaient chacune leur propre trajectoire. Un jour elles se sont croisées et se sont attirées mutuellement, mais ni l'une ni l'autre n'est parvenue à s'arrêter" Ces deux petites phrases tirées d'une case résume parfaitement l'histoire de Zéno et Ana, héros de "Malgré Tout", qui passeront une vie entière à se courir après. Autant être clair, j'ai fait l'acquisition de cet ouvrage pour ma moitié, une histoire romantique, de beaux dessins 'dynamiques. Le cocktail parfait pour lui faire avaler des acquisitions un peu plus rock'n roll. Oui mais voilà il y a des BD pour vous instruire, d'autres pour vous souvenir, voyager, vous divertir. Et d'autres pour vous foudroyer le cœur. et "Malgré tout" fait incontestablement partie de cette catégorie. Cette romance est absolument magnifique, elle est une ode à l'amour et à la vie. Beaucoup d'entre nous ont certainement dû avoir ce coup de foudre, vivre cet amour inachevé. Je suis ressorti de ma lecture le cœur léger, amoureux et heureux. De plus le dessins et les couleurs sont magnifiques et portent merveilleusement bien cette romance. Le scénario à la Benjamin Button est juste parfait Un énorme coup de cœur et une lecture que je ne peux que vous conseiller. Un ouvrage que je relirai avec grand plaisir. A posséder donc
Total Jazz
Personne n'a raison et rien n'est vrai. - Ce tome regroupe des histoires courtes initialement parues dans le magazine Jazzman à partir des années 2000, ainsi qu’une introduction réalisée spécialement pour le recueil et plusieurs dessins supplémentaires. Sa parution initiale date de 2013. Il a été entièrement réalisé par Blutch (Christian Hincker), scénario et dessins. Il compte environ soixante-cinq planches de bande dessinée. Il s’agit d’un ouvrage en noir & blanc, seules les deux premières histoires comportant des nuances de gris. Avant-propos – Un jeune indien vient trouver le grand sachem. Il souhaite avoir son avis au sujet du travail qu’il a commencé sur la musique du jazz, il y a bien des lunes. Il s’agit maintenant de rassembler tout ce matériel en un volume présentable. C’est une chance mais aussi une responsabilité. Le livre en question doit réunir en recueil les histoires en une page qu’il faisait pour Jazzman, un journal de blancs. Au départ, il se sentait indomptable. Prêt pour mille histoires, et voilà qu’au bout de trente-six lunes, il tombe à genoux sur le sentier. Épuisé, lessivé et pire encore. Il est écœuré, chef. Écœuré du jazz. Depuis quinze – vingt ans, il en a tellement convoité, acheté, accumulé, acheté, qu’il est devenu une espèce de spécialiste. C’est sa vie et il tenait son rôle, mais aujourd’hui dès qu’il met un CD dans le lecteur, c’est lui qu’il voit, c’est lui qu’il entend. Lui. Lui dans un miroir. Coltrane, c’est lui ! Miles Davis, c’est lui ! Mingus, c’est lui ! Et tous les autres, les grands, les petits ! Lui lui encore lui ! Il tourne en rond. Ce livre est un mensonge ! Que doit-il faire ? Avertissement – Le grand sachem assis en tailleur suppose que lui et le lecteur souffre du même démon, et que cette histoire leur appartient, tout comme ils lui appartiennent. Le son des mots : la belle Chokolé, princesse apache, accueille Couguar, un guerrier, de retour ; ils parlent des mots nouveaux, des mots mystérieux qu’il a rapportés de son voyage, et qui sonnent bien. Le son : Stan Getz se tient debout, dans la lumière de deux projecteurs, et il porte la hanche de son saxophone à sa bouche. Le son commence à en sortir en mélopée, sous les yeux d’une belle jeune femme assise à la table du premier rang. La scène : un homme et une femme afro-américains s’embrouillent et il commence à la frapper. Puis il doit partir et il joue tranquillement du saxophone devant le public d’un café. La vie d’artiste : sur la branche d’un arbre, un petit piaf joue du saxophone avec verve et sensibilité, y mettant tout son cœur et toute son énergie. Des chats viennent l’écouter, admiratifs. Sur scène, Danilo Perez se concentre sur le clavier de son piano, John Patitucci gratte les cordes de sa contrebasse attentif au pianiste, Brian Blade les accompagne à la batterie, Wayne Shorter transforme le tout en s’exprimant au saxophone, parc floral de Paris, le 15 juillet 2001. La muse : elle apporte le café du petit déjeuner au bassiste dans les années 1950, elle est penchée sur le clavier du pianiste dans les années 1960, elle écoute avec admiration le saxophoniste dans les années 1970, elle est sur le lit de la chambre d’hôtel alors que le trompettiste s’échauffe. Transcrire la musique en bande dessinée, ou même le ressenti, les sensations, les émotions qu’elle génère, relève de la gageure, car sa nature même exclut la présence même du son dans ce mode d’expression. Parler de jazz : un autre défi insensé, pour évoquer ou capturer un instant insaisissable, une dynamique de groupe, des interactions naissant de l’inspiration du moment, des improvisations aussi spontanées qu’éphémères. Dans son avant-propos, le bédéiste développe plus avant sa problématique : des pages réalisées une dizaine d’années auparavant et il n’aurait plus la même approche pour parler de ces sujets, une connaissance niveau expert du jazz, peut-être obsessionnelle au point d’en dire beaucoup plus sur sa personnalité que sur le jazz lui-même. Le lecteur a vite fait de pouvoir le constater : il croise les noms de Stan Getz (1927-1991), Wayne Shorter (1933-2023), puis dans la foulée Jaki Byard (1922-1999), Charles Mingus (1922-1979), Sun-Ra (1914-1993, Herman Poole Blount), Don Pullen (1941-1995), Martial Solal (1927-). Certains de ces artistes ne figurent pas sur les listes des musiciens jazz les plus célèbres et dénotent une connaissance pointue de cette branche de la musique. Ce constat se trouve confirmé avec la mention de Buddy Bolden (1877-1931) ou Bubber Miley (1903-1932) emmenant le lecteur aux sources historiques du jazz, ou encore Sonny Sharrock (1940-1994) guitariste et un des pères de la guitare free jazz. Le lecteur amateur reprend pied avec des références à des artistes plus connus comme Duke Ellington (1899-1974), John Coltrane (1926-1967), Lee Morgan (1938-1972), Ornette Coleman (1930-2015), Chet Baker (1929-1988), et bien sûr Miles Davis (1926-1991) érigé par l’auteur au statut de véritable messie du jazz, et même de Christ. S’il n’a pas connaissance du caractère composite pour partie de l’ouvrage, le lecteur commence par se dire que le bédéiste, lui aussi, se lance dans autant d’improvisations que d’histoires. La couverture faisant d’une jeune femme blanche la muse des musiciens afro-américains, les vingt-quatre portraits de musiciens jazz célèbres en deuxième de couverture et sur la page en vis-à-vis, l’étrange dessin avec une touche de couleur d’un homme torse nu dans la page de titre, le dessin crayonné de quatre musiciens sur scènes, avec une jeune fille endormie à leur pied, les trois pages de l’avant-propos à l’encre pour des silhouettes esquissées par des traits tremblés, l’avertissement sous forme de deux cases de la largeur de la page avec des nuances de gris, Le son des mots en six pages dans un même mode de représentation, puis les trente-huit entrées en un page à l’encre avec des cases et des bordures, ou des dessins sans bordures, au pinceau ou à l’encre, les deux pages avec une touche de couleur pour le festival de jazz à Marciac, ou encore l’enquête en six pages du détective du jazz à la plume, sans oublier une esquisse au crayon d’une couverture pour le magazine Jazzman. Toutefois à la lecture, les trente-huit entrées présentent une forte cohérence dans leur approche de musiciens de jazz, et la différence d’approche des autres apparaît légitime du fait de la nature distincte de l’anecdote ou du point de vue. L’amateur de musique jazz appréciera la connaissance de l’auteur en la matière, que ce soit l’évocation des précurseurs comme Buddy Bolden et Bubber Miley, ou les hommages rendus à Miles Davis, érigé en saint patron du jazz, à la tonalité et au phrasé uniques de Stan Getz, à la façon de se désagréger dans le néant de Chet Baker, ou encore à la présence physique de Charlie Mingus. Il saura également savourer la justesse des anecdotes choisies pour ces créateurs. Ces différents moments de l’histoire du jazz forment bien plus qu’une collection d’anecdotes pour rendre gloire à ces musiciens. L’artiste invoque de multiples facettes de la vie de ces musiciens et de leur musique. Il se montre admiratif de ces créateurs, mais sans se montrer complaisant. Il met en scène la solitude du soliste devant le public, parfois avec cruauté comme ce petit oiseau qui a tout donné pour un public de chats et qui se fait croquer quand il a fini épuisé, ayant tout donné, ayant craché ses tripes, et que l’attention des chats se reportent sur un nouvel oiseau qui va se lancer dans un solo. Cette forme de vampirisation du créateur se retrouve également dans la mise en scène de la ségrégation raciale, du racisme affiché, et de la pauvreté des musiciens. Cela peut prendre la forme d’un musicien noir acclamé sur scène à Paris dans les années 1950, courtisé en terrasse ou au restaurant par les admirateurs et les admiratrices, et montré du doigt dans la rue par le vulgum pecus. Blutch s’amuse également de l’image et de la réputation du jazz. Dans la page intitulée Étude du préjugé de la bande dessinée classique envers le jazz, il détourne des personnages comme Bianca Castafiore, Pirlouit ou le barde Assurancetourix pour en faire des musiciens de jazz, qui provoquent des réactions de rejets des autres personnages. Au travers de ces scénettes, l’artiste évoque de multiples facettes de cette musique au fil des décennies : son origine afro-américaine et créole, le décalage qu’il peut y avoir entre personne privée et musicien en public (un saxophoniste qui bat sa femme et qui émeut aux larmes son public), la dynamique de groupe de musiciens et la transformation qui s’opère quand le meneur intervient dans un solo, le rôle de la muse, l‘effet toujours différent et renouvelé du solo d’un artiste à un autre, l’incompréhension et le rejet de cette musique par le grand public (avec l’exemple de A love Supreme, 1965, de John Coltrane), une forme encore plus extrême d’ostracisation avec l’exemple d’une saxophoniste femme et afro-américaine (intersectionnalité), l’investissement total d’un musicien de studio juste pour quelques prises, l’évolution des rayons de jazz dans les grandes chaînes de disque dans le sens de la diminution, le décalage total entre l’image raffinée et de détente du jazz et la réalité de son écoute (avec l’exemple de Something else, 1958, d’Ornette Coleman), etc. Il met en scène l’inspiration, en particulier la présence d’une belle femme ayant des effets immédiats sur la manière de jouer du musicien. Il rend un hommage à la puissance créatrice de Miles Davis, au fait qu’il se soit renouvelé, réinventé même au fil des décennies et à sa solitude consubstantielle du fait de se trouver au sommet, au firmament même. Dans son avant-propos (en bande dessinée), l’auteur présente l’historique de ce projet, ses réticences à regrouper des scènes en une page réalisées il y a quelques années, le caractère presque obscène à rendre publique une passion si intense qu’elle avoisine l’obsession et le narcissisme. Ainsi averti, le lecteur peut prendre le recul qu’il souhaite, et il peut tout autant apprécier ces évocations du jazz au travers de quelques musiciens, quelques réalités sociales, avec une narration visuelle à la fois rigoureuse et libre, allant d’observations générales à des cas particuliers pour afficionados, du jazz classique au jazz le plus free, des chefs d’œuvre passés à la postérité à l’instant éphémère à jamais disparu portant en lui la mortalité de l’individu et l’expression personnelle la plus intime.
Frank
Pour un peu, je mettrais bien 5 étoiles... A défaut, je mets un gros coup de cœur... comme Noirdésir précédemment... Frank est un sacré drôle d’animal, qui vit dans une drôle de maison dans un drôle de pays. Il côtoie de drôles de créatures, il lui arrive plein de drôles de trucs, et ça donne de drôles de gags. Pourtant, c’est drôle, car on ne trouve pas ça forcément drôle, mais on peut occasionnellement avoir de drôles de fou-rires. Et si vous trouvez ça drôle, le mieux c’est encore de le lire… Vous n’avez rien compris ? C’est normal, moi non plus. Avant « Frank », je ne me souviens pas avoir eu autant de difficultés pour évaluer une œuvre, quelle qu’elle soit. C’est réellement un drôle d’OVNI qui m’est tombé dans les mains (merci au frérot - Grogro - au passage), et des OVNIS j’en ai lu quelques uns, mais celui-ci surpasse tous les autres ! Le problème, c’est que la plupart du temps, c’est qu’on ne comprend pas grand-chose (ou alors c’est juste moi qui suis hermétique), on ne sait pas au juste si ces histoires courtes sont destinées à faire rire ni à quoi s’attendre tant cela va loin dans le « what the fuck », à un tel point que cela en devient fascinant… Le dessin de Jim Woodring y est sans doute pour beaucoup. Le personnage principal, Frank donc, est une sorte d’animal familier anthropomorphe, assez indéfinissable (un chien, un chat ou une souris, on ne sait pas trop), dans un style cartoonesque oscillant entre Mickey Mouse et Tex Avery au premier abord, donc plutôt avenant, mais avec une touche underground quand on y regarde de plus près. Frank vit en pleine cambrousse, dans une petite maison très étrange, avec des ouvertures mais sans porte ni fenêtres, et un toit en forme de dôme orientalisant. Il n’a pas donc pas de voisins, mais un bestiaire bizarre vit dans les parages. A commencer par cet « homme-porc », qui se déplace à quatre pattes et évoque la caricature d’un banquier de Wall Street, bouffant tout ce qui lui tombe sous le groin. Puis, par ordre d’apparition, une poule conique, une créature pseudo-féline en forme de niche, un clone de Frank à quatre pattes et avec une tête deux fois plus grosse, un démon cornu à face de croissant de lune, filiforme et toujours hilare. Il ne s’agit ici que des créatures récurrentes, mais on verra également apparaître au fil des pages une foultitude d’êtres improbables, hybrides et protéiformes. Quant à la narration… on s’attend à une flopée de gags, mais ce ne sont pas vraiment des gags, ni même des gags absurdes, c’est quelque chose qui se situe bien au-delà de l’absurde… on se surprend à être saisi de fou-rires qu’on ne pourrait même pas expliquer, parce qu’en plus on n’est pas toujours très sûr de ce qu’on a vu… N’espérez donc pas y trouver du sens, j’ai moi-même essayé et j’ai bien vite renoncé… car Woodring est un pur extraterrestre qui prend un malin plaisir à aller là où on ne l’attend pas, son Frank étant à envisager comme une sorte de Mickey nonchalant qui se serait égaré dans le pays des merveilles d’une Alice sous acide… Jim Woodring est une sorte de démiurge qui, à partir de son cerveau génialement malade, invente un nouvel univers aux paramètres très différents du nôtre et nous embarque dans sa folie bonhomme et faussement fun. Woodring déconcerte, Woodring déstabilise, Woodring fracasse les codes avec jubilation, en mixant l’apparente bienveillance de son chien-chat un peu bébête et la goguenardise de son démon au rictus figé. A l’image de son homme-porc déboulant dans un jeu de quilles, il bouscule nos repères les plus rassurants, traverse les miroirs, dérange le monde ordonné tel que nous le connaissons. A cette vieille question : « qui sommes-nous, où allons-nous », lui se contente de répondre : « Nulle part ». Traduction : notre monde physique n’a aucun sens, il n’est construit que sur une illusion qui nous rassure et sert de cache-misère à notre insignifiance. Au final, on n’en revient pas d’avoir dévoré avec un tel ravissement cet objet sans objet, à l’étrange pouvoir captivant, faisant ressurgir des flashs visuels de l’enfance, telles ces images qui nous intriguaient quand on était môme d’autant qu’on ne les comprenait pas très bien. « Frank » mérite véritablement d’être redécouvert avant d’être englouti à jamais sous les sables. C’est un monument de pataphysique poétique, une expérience unique, totalement lysergique. Tome 2 : Rien de plus à ajouter sur ce tome par rapport au précédent. La seule différence porte sur l’introduction de la couleur sur une bonne partie des histoires, qui laisse dubitatif au début parce qu’on pouvait estimer que le noir et blanc se suffisait à lui-même. Mais une fois encore, Woodring joue avec les codes des « kids comics » pour mieux les saper. Ces couleurs gaies et pétillantes, qui correspondent à un univers enfantin très sucré, accentuent encore le décalage. Elles ne sont là que pour berner leur monde, le nôtre, qui étouffe parfois sous l’amoncellement de conventions et de conformisme. Laissez-vous porter par Frank, lâchez prise avec ce drôle d’énergumène, et surtout ne soyez pas trop surpris si vos gosses se l’accaparent…
Slava
Je me range complètement aux louanges des précédents aviseurs. P-H Gomont est devenu en l’espace de quelques albums un auteur à suivre quasi les yeux fermés, la promesse systématique d’un excellent moment, il m’a toujours surpris positivement de par sa réalisation et les sujets choisis. Slava ne déroge pas à la règle, une lecture de haute volée. J’ai hâte de connaître la suite de cette trilogie. Graphiquement, c’est de mieux en mieux, l’auteur améliore encore son style, coloré et fluide. Un dessin vivant, j’aime le rendu de ses mises en page avec l’absence de trait noir autour de ses cases. L’histoire n’est pas en reste, on explore les années post chute mur de Berlin. On va découvrir une Russie confrontée à l’ultra libéralisme du jour au lendemain, via le parcours de quelques personnages hauts en couleur, parmi tant d’autres j’ai particulièrement savouré celui de Dimitri Lavrine. J’ai été complètement emporté d’entrée de jeu, j’ai adoré la construction de l’album et la voix off de Slava. Un album au Top !! MàJ tome 2 : 2 albums au Top !! J’ajoute un coup de cœur à cette série. J’admire la qualité d’écriture de l’auteur ainsi que sa patte graphique, il y a tout ce que j’aime dedans, flamboyance, dépaysement, densité, noirceur et légèreté … un plaisir de retrouver ces personnages russes. MàJ tome 3 : Ça y est Slava c’est fini. Je dois avouer que le début de la série m’a plus parlé avec ce petit côté Kusturica. La fin sera bien moins insouciante que les débuts et surprendra sans doute un peu moins. Une trilogie bien menée qui met vraiment l’âme russe à l’honneur. Hâte de découvrir le prochain projet de l’auteur.
Ulysse & Cyrano
Les auteurs nous proposent avec « Ulysse & Cyrano » une quête initiatique très humaine. Commençons par un avertissement : l’histoire est très classique, les évènements sont convenus et prévisibles, et la fin « feel good » sera sans doute trop sucrée pour certain-e-s (voir l’avis de Emka par exemple). Cela étant dit, j’ai passé un excellent moment de lecture. J’ai adoré cette passion inconditionnelle et contagieuse de Cyrano pour la cuisine, et au travers l’apprentissage de Ulysse, la réflexion sur l’importance d’aimer son travail pour être heureux, de profiter de la vie et des amis, de ne jamais trahir ses valeurs… c’est un message auquel j’adhère à 100%. La mise en image est magnifique, le grand format permet d’apprécier le dessin précis et détaillé de Stéphane Servain, avec une mention spéciale pour les visages des personnages, mais aussi les vues champêtres de Bourgogne. Un album que j’ai dégusté assis au soleil avec un bon café, en prenant mon temps… un délice !