Les derniers avis (9291 avis)

Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série The Holy Grail of Eris
The Holy Grail of Eris

J'ai emprunté ce manga un peu par hasard sans trop savoir à quoi m'attendre, surtout que Soleil a souvent tendance à publier des mangas qui sont souvent pas terrible. Et ben cette série a vraiment été une bonne surprise ! C'est l'adaptation d'un light novel et scénarisé par l'auteur lui-même ! L'action se passe encore une fois dans un univers médiéval d'inspiration européenne quoiqu'il y a pas d'élément de fantasy. Le seul truc surnaturel est la présente d’un fantôme. Le récit m'a bien surpris. Depuis quelques années, il y a plusieurs histoires venant du Japon mettant en vedette une fille riche qui semble méchante au début, mais qui est en faite victime d'une société sexiste ou alors on apprends qu'elle ont une personnalité complexe....Lorsque j'ai vu le début avec cette Scarlett que tout le monde considère comme une grosse méchante qui mérite de mourir, je me disais qu'on allait montrer que c'était juste une pauvre victime....et ben non même si la tuer était disproportionner et qu'elle semble avoir été victime d'un complot, Scarlett est vraiment méchante et fière de l'être ! Parfois, j'aime bien suivre les histoires mettant en vedette un personnage pleins de défauts du moment qu'ils réussissent à être amusant et c'est le cas de Scarlett qui a pleins de défauts sans devenir insupportable. L'histoire mets donc en vedette le fantôme d'une noble peu sympathique et une héroïne pure et naïve qui est la seule qui voit Scarlett et qui va finir par l'aider à ce venger de ceux qui lui ont fait du mal sauf que l'enquête attire l'attention de gens qui vont vouloir se débarrasser de l'héroïne. Parallèlement, Scarlett aide l'héroïne a survire dans le monde cruel des nobles en lui disant quoi faire voir même en la possédant pour affronter des ennemis. Le scénario est vraiment prenant avec des mystères dont j'ai envie de connaitre les solutions. Il y a une galerie de personnages mémorables et l'intrigue avance bien même si dans les premiers tomes j'avais un peu peur que l'intrigue principale avance trop lentement. Le dessin est très bon aussi et l’humour fonctionne bien. Franchement, c'est vraiment une bonne surprise avec ce récit qui sort du lot des centaines d'histoires venant du Japon mettant en vedette le monde des nobles dans un pays fictif inspiré par l'Europe.

20/04/2025 (modifier)
Par Canarde
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Isaac le pirate
Isaac le pirate

J'ai enfin lu les volume 2,3 et 4 et cela ne faiblit pas. Chapeau bas. Il me manque encore le dernier... Tome 1 (Les Amériques, trouvé par hasard d'occasion) je trouve le regard de Blain très subtile, en particulier sur les rapports homme/femme de l'époque, sur la place de la religion, ce que je n'attendais pas forcément dans une BD de pirate. Le dessin de Blain que je qualifierais de réaliste stylisé, sait être expressif, et lorsque son trait exagère dans le mouvement grandiloquent ou au contraire dans l'humour, les dialogues réajustent le ton. Les couleurs sont un peu ternes en revanche. Le fait qu'Isaac soit un dessinateur compulsif, et que ce soit la première série en solo de l'auteur, laisse à penser que Blain y a mis beaucoup de lui (en tout cas pas physiquement si l'on en juge par la tête carrée du personnage et celle toute mince de la photo de wikipédia. ) Cette proximité nous aide sans doute à nous identifier à ce personnage, jeune, imaginatif, et naïf par certains cotés qui se trouve ballotté dans une aventure inespérée. Le rôle de sa compagne qui reste à Paris n'est pas effacé, et l'on suit aussi ses stratégies de survie, qui sont d'autres aventures, peut-être plus originales finalement... En lisant l'avis d'Alix, j'ai très envie de lire la suite, puisque le premier album est le moins bien noté. Pourtant c'est bien ce volume qui a eu le prix du meilleur Album au festival d'Angoulême en 2002.

02/02/2025 (MAJ le 20/04/2025) (modifier)
Par Simili
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Le Bleu est une couleur chaude
Le Bleu est une couleur chaude

Cette œuvre ne faisait pas du tout partie de ma liste à lire et je suis tombé un peu par hasard dessus à la bibliothèque. Je me suis donc lancé dans cette lecture sans attente particulière. Je ne savais pas du tout de quoi cela allait parler, le dessin m'attirait sans outre mesure, bref une bd qui aurait pu passer sous les radars comme tant d'autres Et qu'est ce que cela aurait été dommage pour moi. Il y a tant de choses dedans qui m'ont fait penser à une personne chère à mon cœur que je n'ai pas pu la dissocier d'une des héroïnes. C'est drôle comme par moment certains ouvrages vous accaparent, peuvent avoir une telle résonnance en vous. Le Bleu est une couleur chaude c'est l'histoire des deux adolescentes découvrant leur homosexualité au milieu des années 90, leur combat contre cette idée tout d'abord, puis l'acceptation mais sans pour autant pouvoir l'assumer et l'afficher au grand jour. C'est l'histoire de ce combat pour pouvoir juste vivre heureuses une vie qu'elles ont choisie sans avoir à supporter le regard et les préjugés des autres. J'ai grosso modo l'âge de Clémence dans les années 90. Ce regard et ces discours sur l'homosexualité sont vrais à cette époque et 30 ans plus tard si les choses ont évolué, il n'en reste pas moins encore ces relents de rejet dans une grande partie de la société. J'ai vu dans cette ouvrage un appel. Pas un appel à l'aide mais un appel à vivre heureux(se), à rejeter le regard des autres car la vie est courte très courte et on ne sait quand elle va s'arrêter. Alors mieux vaut en profiter Il est clair que je vais offrir cet ouvrage à la personne qui m'est chère pour l'inviter à vivre sa vie pleinement.

20/04/2025 (modifier)
Par Canarde
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Rébétissa (L'Antidote)
Rébétissa (L'Antidote)

En refermant chacun des deux tomes, une vague d'émotion silencieuse vous déséquilibre, comme quand l'eau se retire du sable sous vos pieds. Vous n'avez d'autre choix que de mettre un pied devant l'autre en regardant l'horizon, sans savoir si le vent du large vous mouille ou vous sèche les yeux... Dans ce dyptique, il y a quelque chose qui rappelle les films italiens des années 50 qui racontent la pauvreté de l'après-guerre. Je me souviens que j'avais un peu poussé mon tout jeune ado à regarder "La strada" avec nous et à la fin il m'avait dit : mais pourquoi vous aimez les films tristes ? En réalité ce n'est pas tant la tristesse que la douleur, l'injustice qui paraît, lorsqu'on est jeune, inutile, contre-productive, inacceptable... et en aucun cas belle. Pourquoi lorsqu'on est adulte, on peut trouver beau un roman, un film, une pièce de théâtre qui ne raconte que des échecs ? Je repense souvent à la question de mon fils lorsque je suis émue par une oeuvre d'art. Cette BD raconte la fin d'un art, décidée par un dictateur grec. Ce chant triste et autodérisoire, accompagné d'instruments à cordes, raconte le destin des immigrés turcs dans les années 30. Comme souvent , les tyrans agissent comme des enfants, la pauvreté revendiquée, le recit des échecs les embarrasse autant que les habitudes étrangères. Contrairement à Grogro, je n'arrive pas vraiment à comprendre le mécanisme qui aboutit à cette émotion, ce sentiment d'appartenance qui nait à la lecture de cette histoire, si lointaine à tout point de vue : les année 20, la Grèce, des musiciens fauchés et immigrés, qu'ont-ils de commun avec moi, finalement ? Eh bien c'est là le miracle : leur situation sans issue ressemble à la nôtre. Nous nous reconnaissons dans ce sentiment à la fois d'impasse et de la nécessité toujours recommencée, de génération en génération, de perséverer. Le dessin est bien-sûr très réussi : La lumière méditerranéenne, le modelé des paupières de tous ces regards fatigués, les ravages de la coco sur des jeunes visages, les silhouettes dansantes dans l'ivresse, l'ombre des oliviers ou celle des canisses abritant un repas dans la douceur de l'air... Mais j'ai du mal à croire que le dessin puisse faire le travail à lui seul. Les personnages, leur humour et leur rage, et la musique absente, (qui reste imaginaire pour le lecteur qui est trop pris par l'histoire pour chercher sur internet les traces de ce fado grec... ) s'enchevêtrent dans un scénario complexe, difficile à se remémorer, comme si notre tête avait cogné sur des rochers en suivant les remous du fleuve triste... Si vous êtes assez vieux, vous aimerez cette histoire.

20/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Zorn & Dirna
Zorn & Dirna

Il y a plus de 15 ans, j'avais plutôt été emballé par cette série. Force est de constater qu'en vieillissant et après avoir lu pas mal de bandes dessinées, je suis de moins en moins fan de ce genre de Bd de chez Soleil. En effet, bien que le scénario et l'idée de départ soit très originaux (la mort a été enfermée dans un psyché, ce qui n'empêche pas les corps de se décrépir et de pourrir...), je trouve à présent que les personnages sont un peu trop tranchés et caricaturaux et l'enchainement des événements peu crédible. Splata et Seldnör se remettent ainsi beaucoup trop rapidement des horreurs qu'ils ont subies et certains dialogues sont vraiment trop décalés par rapport au contexte et au thème de l'Héroïc-Fantasy. A cela s'ajoute un côté plutôt énervant de nos deux petits héros que sont Zorn et Dirna et certains gags un peu lourds (le retour répétitif du gitan qui zozote au fil des tomes, les changements de corps masculins/féminins, etc.). Enfin, était-il vraiment nécessaire de dédier 5 pages du tome 5 à une scène de sexe entre Splata et Seldnör/Kerozinn ? Personnellement, je n'en ai pas perçu la plus-value... Concernant le graphisme, le côté enfantin et très rond du dessin, notamment au niveau des visages de Zorn & Dirna, et la mise en couleur très prononcée avec des couleurs très vives et contrastées, tranchent avec la noirceur et la violence des scènes rencontrées. Dommage que l'ensemble reste trop informatisé et lisse à mon goût. Une série à réserver aux amateurs du genre dont je ne conseillerais à présent plus l'achat. Note réelle : 2,5 SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 5/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 6/10 NOTE GLOBALE : 11/20

01/04/2009 (MAJ le 19/04/2025) (modifier)
Couverture de la série Seuls sont les indomptés
Seuls sont les indomptés

Bon, j'arrive après la bataille. Les cinq avis précédents oscillent entre 3/5 et 4/5. Je les ai lus, et j'ai compris ce que tous ont "aimé" et "pas aimé" dans cette BD. Alors oui le film avec Kirk Douglas, oui le livre d'Edward Abbey, oui tout ça. On a vu le film (un grand souvenir d'enfance pour moi), lu le livre (pas mon préféré d'Abbey, mais quand même), et, forcément, quand on a vu la couverture de la BD chez son libraire préféré, ben on s'est dit "banco". Résultat : je le dis en toute franchise, et c'est une première pour moi : voilà l'un des rarissime cas où la BD est supérieure au livre. Rien de moins. Et pourtant, j'adore Abbey, ses clefs à mollette, ses déserts perdus, ses héros fatigués du monde… Mais là, Max de Radiguès et Hugo Piette livrent non pas une adaptation, mais une réécriture de la trame du roman. Une version surexposée (merci les couleurs), aiguisée jusqu'au fil, une réduction au sens culinaire du mot : on chauffe, on chauffe, on élimine la flotte et le superflu pour garder le suc, l'ampleur de l'histoire, l'odeur du sable et des cailloux, le rat-rat-rat des pales d'hélico, le refus de la jument Whisky face à chaque obstacle. Bon sang, c'est virtuose… Alors oui, c'est pas Usual Suspect et la fin ne cueille pas le spectateur. Mais faudrait pas oublier que c'est le second roman d'Abbey, écrit à 29 ans. Oui, encore, il ne s'était pas foulé pour le titre. Se contentant d'un "The brave cowboy" qui ne risquait pas d'attiser la curiosité des lecteurs un peu exigeants. Mais cette version là, cette BD solaire et crépusculaire à la fois, moi je la veux sur mon étagère. Et je l'offre aux amis à qui je suis sûr de faire plaisir.

18/04/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Charlie quand ça leur chante
Charlie quand ça leur chante

Les dessins ont toujours déplu à plein de monde. Et c’est bien la moindre des choses. - Ce tome contient un exposé complet indépendant de toute autre. Son édition originale date de 2025. Il a été réalisé par Aurel (Aurélien Forment) pour le scénario, les dessins, les couleurs. Il comprend trente-deux pages de bande dessinée. L’auteur a réalisé des dessins de presse pour Le Monde et l'hebdomadaire Politis, Le Canard enchaîné, et par le passé pour Marianne (1) Un dessin réussi (comme une blague) est la combinaison de trois éléments fondamentaux : une émettrice – un émetteur (qui dessine), un récepteur – une réceptrice (qui lit) et un contexte. Si les trois éléments ne sont pas clairement identifiés et ne partagent pas les mêmes codes culturels, ça ne peut pas marcher. (2) L’humour est hautement culturel : un bon dessin français peut laisser de marbre un-e Allemand-e et vice-versa. Une blague populaire en Belgique peut choquer une Italienne. Sans parler du flop d’un gag breton à Marseille. (3) En France, les seules limites posées à la liberté d’expression sont celles de la loi. (4) Dans ce livre, la question de l’extrême droite et des extrémistes religieux n'est pas évoquée, car pour elle et eux, le dessin de presse est au mieux un effet secondaire indésirable de la vie politique, au pire, une hérésie à réprimer – voire buter. La discussion est vite close. - Dix ans après la déflagration qu’a représentée l‘attentat contre Charlie Hebdo et l’assassinat des dessinateurs parmi les meilleurs de la profession (déjà peu peuplée – quelques dizaines d’individus), le dessin de presse continue de tenter de survivre à une maladie qu’il avait contracté bien avant 2015. Au-delà de l’horreur de l’attentat, l’ignominie des frères Kouachi a été un facteur aggravant ; accélérant la sénescence d’un métier. Le dessin de presse – mais en fait l’humour d’actualité au sens large – se meurt. Le funambule constitue une bonne métaphore graphique de cette situation, dans les dessins de presse. C’est très pratique pour figurer la fragilité d’une position, la précarité d’un équilibre politique ou une inexorable chute qui pourtant tarde à venir… Et on peut adjoindre à l’allégorie en péril, tout un tas d’attributs exprimant ses contraintes. Dans une mise en abyme, on pourrait représenter le dessinateur de presse en funambule. Première des multiples affections dont souffre le dessin de presse : son principal support – la presse écrite – va mal, les ventes s’effondrent. Et lorsqu’ils prennent plus ou moins bien le virage du numérique, les journaux oublient bien souvent d’embarquer le dessin sur le web. Il suffirait de pas grand-chose et surtout d’un tout petit peu de bonne volonté pour le faire bouger, évoluer et le faire profiter des avantages qu’offre le numérique. Mais à quelques exceptions près, comme Charlie Hebdo ou Le Canard enchaîné, les journaux se sont bien accommodés d’oublier l’encombrant dessin au passage sur le web. Car oui, nous sommes encombrant-e-s ! En effet – seconde affection – un dessin d’actualité doit être percutant, irrévérencieux, sale gosse. Le sept janvier 2015, les frères Chérif et Saïd Kouachi perpètrent un attentat islamiste contre le journal satirique Charlie Hebdo faisant douze morts : Frédéric Boisseau, Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski, Elsa Cayat, Bernard Maris, Mustapha Ourrad, Franck Brinsolaro, puis Ahmed Merabet à l’extérieur. Dans cet ouvrage, l’auteur indique quelle était sa relation avec le magazine Charlie Hebdo. Quelques semaines après l’attentat, un copain s’étonne de le voir arborer un badge Je suis Charlie, car il connaît ses différends politiques avec le journal. Aurel explicite : Primo, ça n’entre pas en compte pour lui à ce moment-là. Et secundo, il explique à son ami ce que signifie pour lui être Charlie : Pouvoir être libre de dire et de dessiner ce qu’on veut dans la limite de la loi. Il ajoute : Et dans les limites de la loi ou pas, un désaccord ne peut en aucun cas se résoudre par un assassinat. Une prise de position qui lui paraît simple et limpide, il ne sait pas s‘il a convaincu son interlocuteur mais i est assez content d’avoir pu le formuler simplement. Dix ans après l’attentat de Charlie Hebdo, Aurel a besoin de faire le point sur la situation, à la fois de l’héritage de ces crimes abjects, à la fois sur le fait que par la malédiction des Kouachi, Charlie s’est transformé en martyr de la liberté d’expression. Cela a eu pour conséquence qu’un petit groupe s’en est emparé pour de plus ou moins bonnes raisons, parfois (souvent) par simple calcul personnel ou politique, et a touché le gros lot. Le lecteur comprend dès la première page qu’il s’agit d’un essai, ce qui induit un mode narratif particulier, avec ses propres spécificités. L’auteur a choisi de mettre en scène un avatar de lui-même pour s’adresser directement au lecteur, avec un dessin descriptif et simplifié, sans pour autant s’embellir. Il apparaît comme un homme normal, avec les cheveux en bataille, une barbe hirsute un sweatshirt informe et un pantalon passe-partout. Il met à profit la possibilité d’accentuer et même d’exagérer les expressions de visage pour faire ressentir son état d’esprit en fonction des situations ; énervement, sidération, abattement, peur, indignation, inquiétude, lassitude, réflexion, entrain, etc. Il utilise des conventions graphiques telles que les étoiles au-dessus de la tête pour l’étourdissement après une chute, le nuage noir au-dessus de la tête pour la colère, etc. Il met en œuvre quelques métaphores visuelles comme son avatar en train de faire le funambule. Il joue sur l’encrage, ajoutant des traits secs pour faire ressentir le degré d’intensité d’une émotion. Lorsqu’il apprend la mort des dessinateurs de Charlie Hebdo, il se liquéfie, et le lecteur peut voir que les traits de contour de son personnage perdent toute leur tension, succombant à la gravité, comme s’il se liquéfiait littéralement. Un essai induit que le rôle de la bande dessinée induit que la narration visuelle est inféodée au texte, à sa construction et ses développements, qu’elle l’illustre plus qu’elle ne le raconte. Le choix de l’avatar de l’auteur, lui, induit également de le voir s’adresser au lecteur, étant régulièrement assis à sa table de travail, ou en train de dessiner. Pour autant, l’auteur va au-delà de l’alignement de cases en bande, avec uniquement des têtes en train de parler, ou de lui-même en plan poitrine en train de parler. Il fait usage de métaphores et de mises en situation diversifiées. Le lecteur croise d’autres personnages et se retrouve dans des environnements inattendus. Dans la première catégorie, il voit un patron de presse, un copain de l’auteur, des bras avec une chaussette au bout pour un théâtre de Guignol, le temps d’une case les six dessinateurs assassinés (Cabu, Choron, Cavanna, Reiser, Gébé, Wolinski), Nicolas Sarkozy, PhilippeVal (ex-rédacteur en chef de Charlie Hebdo, ex-directeur de France Inter, chroniqueur sur Europe 1)… et même des jeunes. Au cours de sa lecture, assiste à des événements aussi inattendus et divers qu’une chute à la verticale sur la hauteur de la page, une liquéfaction, l’intervention d’une citrouille grimée en tête de clown, une chute en chaîne de dominos, le passage de Charlie Brown (pour indiquer d’où vient le titre du magazine satirique), un bouclage du magazine à la grande époque historique (avec des prostituées), et les deux mâchoires de l’étau qui se resserre. Au cours de son essai, l’auteur développe les répercussions de l’attentat contre Charlie Hebdo sous différents points de vue. Il commence par donner sa définition du dessin de presse réussi, puis il évoque l’état de la profession, c’est-à-dire la frilosité des patrons de presse d’inclure ce type de rubrique dans leur périodique. Il effectue plusieurs constats auxquels le lecteur attribue une valeur certaine, ne serait-ce que parce qu’Aurel est lui-même un professionnel de ce métier. En fonction de sa familiarité avec ce domaine, il en apprend plus ou moins, ou il trouve la confirmation de ce qu’il a déjà pu lire ailleurs : la précarisation du métier par la diminution des journaux accueillant les dessins de presse, la mise en concurrence systématique et l’absence de contrat stable avec un journal, le questionnement de chaque production par les éditeurs avant toute publication. Il s’agit de réalités économiques et de conditions d’emploi que le lecteur connaît peut-être déjà, ayant été attiré par cette bande dessinée au propos ciblé. Cet essai va plus loin qu’un constat économique peu encourageant. L’auteur analyse également les forces systémiques en place s’appliquant sur la forme d’humour. Il développe la nature de ces deux mâchoires. D’un côté les néo-réacs : il explicite ce que recouvre ce terme dans le contexte du dessin de presse, comment ce groupe d’opinion s’est imposé après que Charlie Hebdo ait été érigé en martyr, comment il contraint les dessinateurs, et quelles sont ses limites, en particulier les limites de sa pertinence et de sa légitimité dans la définition de ce que serait le bon humour. De l’autre côté : la société évolue, et l’humour doit évoluer avec. Il évoque l’esprit Woke, avec ce que cette appellation peut avoir de flou, et l’associant à des prises de position, des exigences de la jeunesse, des lecteurs plus jeunes. Il détaille la pertinence de ces exigences, leur légitimité, le besoin de les prendre en compte, ce qui ne signifie pas les accepter les yeux fermés. Il voit les critiques Woke (retenant cette appellation faute d’un terme plus approprié) comme une incitation à ne pas se montrer fainéants. Après l’horreur du massacre de Charlie Hebdo du sept janvier 2015, après le mouvement de solidarité d’une ampleur formidable Je suis Charlie, un auteur de dessin de presse constate et analyse les évolutions survenues. Il présente un essai sous forme de bande dessinée en faisant usage de toute la diversité graphique d’expression de ce médium. Il expose la situation du dessin de presse comme pris dans un étau, entre les néo-réacs et les Wokes (faute d’un meilleur terme), avec des conditions d’emploi toujours aussi précaires. Une profession fragile et complexe, pour un humour évoluant avec la société.

18/04/2025 (modifier)
Par Hervé
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Swinging Island
Swinging Island

volume 1 Très belle découverte avec cet auteur que je ne connaissais pas du tout. Avec cette histoire d'échangisme, Andrew Tarusov nous offre un scénario solide basé sur un superbe dessin. En effet, les dessins de Tarusov sont tout simplement lumineux, à l'image de la couverture. Certes, l'auteur nous présente des scènes de sexe explicites sur un temps très court, celui d'une rencontre à la plage. J'ai littéralement été séduit par le style de Tarusov, qui illustre des corps parfaits de pin-up, des visages souriants, respirant la joie de vivre, bref l'auteur met en scène une partie de jambe en l'air joyeuse entre 4 adultes consentants. Un véritable hymne à l'amour libre sous le soleil. Une bande dessinée pour adulte rafraichissante qui mérite de s'y attarder. Une suite serait bienvenue, bien que l'histoire pourrait se conclure ici, mais le "à suivre" laisse présager de bonnes nouvelles. Un auteur à suivre, un dessin de très bonne qualité...bref, je recommande ce bouquin des éditions "dynamite". volume 2: Pleasure Land C'est avec surprise que je suis tombé sur le deuxième tome de cette série érotique chez mon libraire. J'avais adoré le premier volume qui respirait la liberté, le soleil et la bonne humeur. Nous retrouvons Grant et Betty, notre jeune couple toujours en quête de plus de sensations sexuelles . Là où leur première aventure se cantonnait à un décor unique, la plage, nous voyons nos deux héros s'ébattre en bonne et belle compagnie dans un véritable baisodrome avec sauna, piscine, chambre d'hôtel,boite échangiste. Certes Grant, ici, se montre moins entreprenant que dans le premier volume mais c'est un plaisir de découvrir Betty , sa compagne, dans des situations et positions très équivoques. Car ce qui fait la force de cet album c'est le dessin lumineux d'Andrew Tarusov, qui respire la joie, la bonne humeur. Les scènes de sexe sont toujours consentantes et les femmes y sont magnifiquement représentées. Un ouvrage de porno chic, sur un scénario assez simple mais de très bonne qualité. Andrew Tarusov confirme avec ce deuxième volume tout le bien que je pensais avec le tome 1. Cerise sur le gâteau, un tome 3 est annoncé. Un nouvel auteur est né dans le monde de la bande dessinée pour adulte, en renouvelant le genre avec prenant le parti du plaisir et de la joie de vivre. Je recommande aux amateurs.

24/04/2024 (MAJ le 16/04/2025) (modifier)
Couverture de la série Léonarde
Léonarde

Léonarde, fille du chef des armées du roi, rêve depuis longtemps que les humains, les leus et les goupils puissent enfin vivre en paix. Les trois peuples se disputent le territoire depuis longtemps, semblent incapables de s'entendre et risquent à tout moment de réveiller le Houéran, l'entité protectrice de la forêt empêchant jusque là les conflits de prendre une tournure trop violente par peur d'une annihilation absolue et totale des trois partis aux mains dudit Houéran. Léonarde, désireuse de continuer le projet de sa mère d'un jour obtenir la paix entre les trois peuples, décide de voler un parchemin au prince qui lui permettrait, elle l'espère, de pouvoir communiquer avec les bêtes. Problème, plutôt que de lui permettre de parler aux bêtes le rituel lié au parchemin l'a directement mise dans la peau d'une bête, plus précisément dans la peau d'une goupile. Pensant d'abord avoir trouver un moyen parfait pour ouvrir des discussion entre les trois peuples, Léonarde va malheureusement constater par elle-même ce que la peur des autres inspire chez chacune des espèces, à commencer par ses anciens camarades les humains. Un récit sur la peur et la haine des autres, sur les barrières du langage, une tension de guerre imminente, un cadre médiéval fantastique teinté de légendes bien franchouillardes, un dessin vif, simple et expressif, … Il n'y a pas à dire, ce ne sont pas les qualités qui manquent dans cette œuvre ! C'est typiquement le genre d'histoire que j'adorais dans ma jeunesse et mon enfance, mêlant aventure, situation socio-politique un minimum complexe et un propos sur l'humanité et la paix. Je dis que j'adorais ça avant mais j'apprécie toujours énormément ces récits, je veux dire par là que je suis persuadée que si j'avais eu cette BD entre les mains plus tôt j'aurais facilement pu en garder un souvenir impérissable pour de nombreuses décennies. Je suis sans doute hyperbolique dans mon appréciation, mais ce genre de récit simple mais plus complexe qu'en apparence, mêlant action vive et propos réfléchis et surtout maîtrisant une forme fluide et un rythme entraînant, ce sont toujours des histoires qui me plaisent énormément. Je suis une grande-enfant et je n'ai pas honte de le dire ! Un très bon récit pouvant plaire à tout âge je pense ! PS : le petit 1 sur la tranche me laisse penser qu'il y aura peut-être une suite, si c'est bien le cas je l'attend avec impatience (surtout si elle se montre de la même qualité que cet album-ci).

16/04/2025 (modifier)
Par Ana
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Dantès
Dantès

Je ne pouvais pas attendre de lire le prochain tome, l'histoire était très intéressante et prenante. Une série vraiment géniale. À lire !

15/04/2025 (modifier)