L'une de mes séries "Jeunesse" préférée que j'ai lue et relue le soir avec ma fille et mon fils avant de s'endormir.
Un succès ô combien mérité. Je suis d'ailleurs surpris de n'être que le 10ème avis du site.
Les carnets de Cerise, c'est tout d'abord une esthétique très léchée et proche de la perfection pour le public cible. Des couvertures magnifiques en vernis différencié et un dessin très expressif et dynamique avec des couleurs chatoyantes. Une mise en page ingénieuse et permettant de casser la linéarité du récit associant planches classiques et extraits des carnets de Cerise (sortes de journaux intimes) mêlant textes, dessins, photos, recettes, etc.
L'histoire de départ fait écho à pas mal d'entre nous je pense. Motivés par le journal de Mickey et autres Mickey détective, je me rappelle quand plus jeune, avec mes copains d'enfance, je tentais de percer les mystères de la vieille dame de mon village que l'on soupçonnait d'être une sorcière !
On suit donc ici Cerise, une écolière de CM2 passionnée de livres, et ses deux amies Line et Erika, qui mènent différentes enquêtes sur des personnes de son village. Si chaque tome fait l'objet d'une enquête à part entière et donc d'une histoire indépendante des autres, on en apprend un peu plus sur le passé de Cerise au fil des tomes et certains personnages rencontrés se retrouvent également dans les tomes suivants.
Le tome 1 introduit le personnage de Cerise, de sa maman et de ses amies. L'histoire, centrée sur un vieil homme énigmatique recouvert de peinture s'enfonçant dans la forêt, est l'une des plus originale de la série selon moi. Le deuxième tome est quant à lui consacré au mystère d'une vieille dame empruntant le même livre à la bibliothèque municipale chaque mois depuis des décennies. Le troisième tome marque l'entrée de Cerise au collège et est centrée sur l'histoire d'une nouvelle amie dont le métier est restauratrice de livre et dont le passé va faire écho à celui de Cerise. Le quatrième tome est peut-être celui qui m'a le moins plus du premier cycle, avec une enquête estivale moins captivante, basée sur un jeu d'énigmes dans un manoir. Enfin, le cinquième tome constitue le dénouement final du premier cycle permettant d'en savoir plus sur le passé de Cerise et de mieux comprendre les réactions qu'elle a eues dans les tomes précédents.
Bien que quelques ficelles de scénarios soient un peu grossières et parfois peu crédibles (la découverte des trésors qui n'ont pas bougé depuis des décennies dans des maisons ou locaux habités par exemple) et les histoires pleines de bons sentiments, cette série est une franche réussite pour le public visé (enfants et jeunes ados) et permet d'aborder certains sujets avec ses enfants tels que l'amitié, le mensonge, les relations mère-fille, l'absence d'un être cher,... Elle aura même réussi a extirper une larmounette à notre famille dans le tome 5.
Le véritable amour que voue l'auteur pour les livres se ressent à chaque tome, passion que l'on retrouve d'ailleurs chez Cerise qui veut devenir romancière. Durant la plupart des tomes, les auteurs glissent également de manière ingénieuse quelques messages à destination du jeune public : constitution d'un livre, protection de l'environnement, etc.
Suite à la décision des auteurs de relancer la série en 2024 après 7 années sans parution, un 6ème tome a vu le jour marquant une petite rupture avec le principe initial des enquêtes de Cerise. Le tome 6 constitue ainsi une sorte de carnet de voyage relatant les péripéties de Cerise et de sa nouvelle famille recomposée lors de son tour du monde annoncé en fin de tome 5. Je ne spolierai toutefois pas la fin de ce dernier tome mais il est fort probable que la série va se poursuivre au vu de la fin... Après sa lecture, bien que toujours agréable, je regrette tout de même que les auteurs ne se soient pas arrêtés à la fin du cinquième tome car la série prend une tournure un peu plus banale sur la vie d'une famille recomposée (plus d'enquête de Cerise).
Un 5* tout de même, rien que pour le premier cycle, que je trouve magnifique et très cohérent.
SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 8,5/10
GRAPHISME (Dessin, colorisation, mise en page) : 9,5/10
NOTE GLOBALE : 18/20
Une nouvelle aventure scientifique du Professeur Fignoteau, de M. Marmouset et de Mlle Anne ? Pour s'en réjouir il faudra en avoir quelque chose à faire.
Et c'est bien le problème : que faire de trois personnages inconnus aux bataillons ? Que faire lorsque l'on est soi-même un personnage inconnu, n'existant que dans une histoire si peu engageante ?
Eh bien on se retrousse les manches et on essai d'échapper à sa condition !
Ici il n'est pas tant question de suivre les aventures de nos trois chercheur-euse-s mais plutôt de suivre leur recherche d'aventure. Ou, pour être plus précise, leur recherche d'enjeux narratifs pour maintenir l'attention du lectorat et s'assurer le succès (et ainsi même l'existence dans l'inconscient collectif). Qu'il s'agisse de changements graphiques, de genres ou même de rôles, rien ne nous sera épargner. Le trio s'essaiera même à quelques bassesses comme des retournements tirés par les cheveux ou encore quelques cases d'un érotisme tout relatif. Le choc pour le choc, l'imprévisibilité narrative, tout ça ne garde en réalité l'attention du lectorat que de manière bien trop éphémère et la quête de notre trio se révèlera bien plus ardue qu'au premier abord.
Si vous pensiez à mon résumé que Lécroart s'essayait ici à une forme narrative bien trop classique lorsque comparée aux autres œuvres centrées sur ce trio, détrompez-vous, l'auteur s'amuse ici, comme souvent, avec des doubles sens de lectures, avec les codes narratifs propre au médium de la bande-dessinée. Le moment le plus notable étant par ailleurs un passage très amusant avec un grand maître de l'art du manga, proposant une lecture d'apparence confuse mais en réalité surprenamment bien construite.
C'est bien simple, pour son discours poussé et on ne peut plus intéressant des codes narratifs propres au neuvième art, pour ses diverses expérimentations et défis au sein d'une seule et même œuvre, je considère cet album comme le meilleur de Lécroart.
Il y aurait tant de choses à dire, tant de retours et d'avis ne serait-ce que sur le discours sur la fiction elle-même que tient cet album, mais j'ai peur de me retrouver à écrire un roman si je me lance pleinement dedans. Je me contenterais simplement de vous inviter à lire l'album, ne serait-ce que pour découvrir l'auteur s'il vous était jusque là inconnu.
Même si les deux ouvrages sont très différents, la découverte de cette œuvre m'a ramené à ma lecture de Contrition. La thématique centrale de la pédophilie reste la même. De plus, j'y ai trouvé la même puissance et la même profondeur dans le texte et le graphisme. Toutefois si contrition proposait une vision externe , Glenn Head nous propose une vision autobiographique interne bouleversante. Ce récit est d'une sincérité et d'un courage qui m'a ému tout du long de ma lecture. Je n'ai trouvé aucune faiblesse dans le scénario, aucun voyeurisme dans l'exposition de sa sexualité abîmée dès l'enfance. Ce témoignage est marqué par la devise de Chartwell détournée par l'infame Lynch, "Veritas". Ce que j'ai trouvé remarquable dans ce récit , c'est l'absence d'agressivité dans les paroles de Glenn.
Les épisodes où il parle avec ses parents sont édifiants à cet égard. Tous les appels au secours du jeune Glenn, verbaux ou comportementaux, ont été ignorés par le père et surtout la mère. Toutefois l'auteur invite à un suivi de la relation parentale plus raisonnable qu'émotionnel même si c'est souvent difficile. Cette résilience prouve que Head n'avait pas voulu laisser Lynch tout détruire chez lui comme son ex principal l'avait fait chez certains de ses camarades.
L'agressivité se retrouve dans le graphisme qui utilise le style underground. Ce style permet probablement à l'auteur de libérer le trop plain émotionnel qui a envahi son univers. Je ne suis pas un spécialiste de ce style mais j'aime cette représentation brute, chargée et souvent chaotique d'un monde extérieur qui reflète souvent notre désordre psychologique. Le N&B est l'option sombre d'un monde qui se présente souvent en bien et en mal. L'auteur invite son lecteur à aller au delà d'un Lynch toujours dessiné clair et net. La quatrième propose une case du récit en couleur. Elle est séduisante dans son option psychédélique bien représentative des années 70. Ce choix aurait probablement amoindri la puissance du message de l'auteur qui veut rester dans un souvenir triste et brutal.
Comme beaucoup de victimes, Head a eu beaucoup de mal à libérer sa parole. Peu de choses l'y ont encouragé. Une justice tardive l'a aidé. Son courage remarquable et son talent lui ont permis d'offrir à tous , victimes ou pas, un outil pour accepter cette vérité et la rendre publique.
Une très belle lecture qui m'a profondément touché.
J'ai bien aimé ces chroniques souvent lestes sur la vie de diverses citadines qui n'ont pas vraiment pas froid aux yeux et ailleurs (surtout ailleurs).
Ce sont surtout des anecdotes, des mini-tranches de vie, des gags souvent fort amusants (si on apprécie ce genre), dont la lecture d'une seule traite peut être lassante par overdose, comme beaucoup de recueils du même type.
J'aime bcp le graphisme qui possède un côté girly et animation, style ''tout le monde il est beau''.
C'est bien vu dans l'ensemble, ça sent en effet le vécu, mais avec l'arrière-pensée que certaines personnes sont assez nymphos...
Dommage qu'une n'y ait pas eu d'autres tomes. Le Covid aurait pu donner de bons gags :)
Je possède les 2 volumes. Je ne suis sans doute pas la cible visée par ces albums, mais j'ai bien aimé, à la fois pour le graphisme et pour une certaine fraîcheur de ton.
Oui, c'est parfois très léger, anecdotique et souvent parisien, mais c'est délassant. C'est tout ce que je demande à ce type d'ouvrage. Les ''Madeleines'' remplissent parfaitement le contrat.
Le champ des possibles, c’est reconquérir sa souveraineté, son autonomie d’être, sa capacité à penser.
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Ce tome correspond à un reportage auprès de nombreux acteurs, il ne nécessite pas de connaissances préalables. Son édition originale date de 2023. Il a été réalisé à partir du travail documentaire de Marie-France Barrier, par Céline Gandner pour le scénario, et par Marie Jaffredo pour les dessins et les couleurs. Il comporte cent-cinq pages de bande dessinée. Il s’ouvre avec un texte rédigé par Michel Welterlin, directeur de la collection Témoins du monde. Il se termine avec les remerciements des trois autrices, une présentation de leur parcours, et la liste des ouvrages parus dans cette collection.
Elle se sent Perce-Neige, pas celle qui fait le printemps, celle qui l’annonce. Le lierre, il fleurit en octobre. C’est tard, oui. Mais il offre aux abeilles, bien contentes, de quoi butiner toute l’année. Alors pourquoi Perce-Neige ? Elle fleurit parmi les premiers et, Marie-France a eu le sentiment de s’être éveillé très tôt à ces réflexions environnementales. Ce n’est ni bien ni mal. Là, elle se tient collée contre le tronc d’un très grand arbre, il a bien trois cents ans. C’est son spot secret, à elle, son paysage. Elle lui parle comme un confident. Les arbres sont des traits d’union entre les énergies cosmiques qui viennent du fin fond de l’univers et les énergies telluriques nichées au cœur de la terre. Ce sont des alchimistes qui font le lien entre le visible et l’invisible, et transforment la lumière et le CO2 pour nourrir les êtres humains, les abriter les chauffer, les éclairer. Et eux, petits humains qui sont si dépendants d’eux, pourquoi se sont-ils tant éloignés de ces génies généreux ? Ils se sont crus au sommet de la création quand ils ne sont qu’un infime maillon de cette chaîne du vivant.
Marie-France aimerait tellement participer à leurs retrouvailles, se réconcilier avec l’Arbre, ce grand chef d’orchestre de la nature. Comme il est beau, ce vieux frère, toujours à grandir vers la lumière ! Nichée au creux d’un arbre, c’est là où elle se sent le mieux. Elle a comme l’impression d’être à la maison, d’être en famille. Depuis toute petite, elle cherche sa juste contribution au monde, elle a envie d’être au service de la vaste communauté des terriens. Elle a comme l’intuition d’une mission à accomplir. Alors voilà, tout comme le font les arbres, elle va elle aussi prendre soin de la terre nourricière. Elle a besoin de se rebrancher, de mettre les mains dans la terre. Voilà dix ans qu’elle fait du documentaire et, là, elle a besoin d’autre chose, de plus concret, de plus engagé. La voilà partie pour une nouvelle aventure de vie : douze semaines de formation au maraîchage biologique en Sologne, qui sait, un nouveau chapitre d’existence s’ouvre peut-être. Marie-France se rend à la ferme de Sainte Marthe. En arrivant, elle y découvre qu’il y a plein de gens comme elle. Elle n’est pas si isolée dans ses questionnements et son appel à la terre. Ici elle n’est pas une bizarrerie. Elle perçoit des profils et des âges très différents. Mais ils sont tous novices du monde agricole. Retourner à l’école pour retrouver une position d’apprenante. C’est revitalisant. Le premier jour, chacun se présente et partage la raison de sa venue. C’est très excitant pour tout le monde. Comme un saut dans le vide.
Marie-France Barrier est documentariste de profession, et elle a réalisé, entre autres, les films Le champ des possibles (2017) et Le temps des arbres (2020), dont s’inspire le présent ouvrage, où les autrices la mettent en scène. La séquence d’ouverture expose ainsi sa motivation ainsi que sa démarche. Impressionnée par les arbres, et consciente de la position intenable de l’être humain séparé du monde végétal, elle décide de prendre soin de la terre nourricière en commençant par un stage de formation en maraîchage. Toutefois, elle fait rapidement le constat qu’elle n’est pas faite pour ce métier. En revanche, elle a fait l’expérience qu’il y a tant de belles histoires à raconter autour de ce monde agricole qui se réinvente, qui cherche des solutions, qui explore le champ des possibles pour faire pousser un avenir fertile et résilient. Elle reprend donc la route pour aller écouter et recueillir la parole des anciens agriculteurs, viticulteurs et éleveurs qui ont grandi dans le moule de l’agriculture industrielle et qui se sentent prêts à s’en détacher pour en imaginer un autre. Les autrices mettent ainsi en scène ces rencontres, la parole d’un céréalier, d’un éleveur laitier, des membres d’une ferme collective, d’un scieur mobile, d’un propriétaire forestier, d’un paysan, d’un couple de viticulteurs, avec une grande importance donnée aux images.
En entamant ce genre d’ouvrage, le lecteur peut nourrir un a priori sur sa forme : des longs pavés de texte explicatifs pour exposer les faits et les connaissances, et des images réduites au rôle de faire-valoir. Il y a bien des phases d’exposition consistantes, sans pour autant que se produise l’effet de pavés indigestes par trop de didactisme magistral. Chaque entretien prend la forme d’une rencontre avec un professionnel personnellement impliqué dans la mise en œuvre de méthodes différentes offrant une alternative viable à l’agriculture industrialisée, avec une part prépondérante donnée au témoignage plutôt qu’à l’exposé. La première page de bande dessinée peut faire hésiter le lecteur : un petit dessin de perce-neige en bas à droit de la page, sur fond gris, avec trois cartouches de texte, c’est-à-dire plus de texte que d’image. Dans les trois pages suivantes : une illustration pleine page, pour un arbre et Marie-France en relation avec. Puis le lecteur découvre des cases disposées en bande sans bordure encrée. Des dessins au rendu doux, dans un registre naturaliste un peu simplifié, avec des couleurs dans un mode réaliste avec des teintes un peu estompées. La dessinatrice apporte bien sûr un soin particulier aux plantes et aux arbres. D’ailleurs elle réalise quarante illustrations en pleine page ayant pour objet la nature, que ce soient des plantes ou des paysages.
Le lecteur voit bien que cet ouvrage est consacré à la culture, à la terre et à son travail, aux plantes et aux arbres. Les dessins ne parlent que de ça : il peut ainsi contempler ces paysages et ces activités dans leur variété. Les trajets dans de petites routes de campagne, les rangées de salades, la qualité de la terre arable éprouvée à pleine main avec ses vers de terre, les sillons bien parallèles, les vaches, l’herbe et les fleurs, les haies qui délimitent des parcelles de petite taille, les forêts de hauts arbres, la terre devenue aride et nue, le savant travail de sciage d’un arbre de gros diamètre, les tristes forêts de culture de résineux, les écureuils, les champignons… Puis des paysages moins communs : une parcelle cultivée autour de l’arbre et avec lui, des moutons qui profitent des arbres fourragers, des arbres plantés dans une parcelle de vignes pour rompre avec la monoculture, la prolifération de la faune dans une mare, etc. Grâce aux dessins, le lecteur peut constater par lui-même l’existence de ces cultures d’une approche différente, ainsi que leurs répercussions sur la faune et la flore. À l’évidence, l’artiste s’est richement documenté pour pouvoir transcrire ces modes de culture sortant du modèle de l’agriculture industrielle. Elle les représente avec une évidence dont la plausibilité atteste d’une observation éclairée de ces sites.
Recueillir la parole d’agriculteurs, viticulteurs et éleveurs qui se sont détachés de l’agriculture industrielle, c’est ainsi que Marie-France va d’abord rencontrer Olivier, pays de Caux, céréalier depuis 20 ans, 45 ans, 300ha de céréales. Puis Frédéric, Sarthe, éleveur laitier, la quarantaine, environ 50 vaches et 60ha. Visiter une ferme collective, 11 ingénieurs agronomes, 80ha, village La Tournerie dans le Limousin. Et Étienne, proche de la retraite, Castelnau-de-Brassac, au-dessus de Castres, scieur mobile. Xavier, 56 ans, comptable, propriétaire forestier, a acquis 110ha près du plateau de Millevaches près de Limoges. Jack, coteaux du Gers, ferme familiale, 56 ans, paysan, 150ha. Delphine et Benoît, viticulteurs, Bordelais, couple de vignerons explorateurs, 8ha. Il s’agit de professionnels installés depuis plus sieurs années, mettant en œuvre leurs convictions, et vivant de leur travail, sans perte financière par rapport à leurs pratiques précédentes. Dans un premier temps, la journaliste semble mettre en avant des convictions personnelles peut-être naïves sous un certain angle : Les arbres en tant que traits d’union entre les énergies cosmiques qui viennent du fin fond de l’univers et les énergies telluriques nichées au cœur de la terre, le paysan qui travaille avec le vivant est plus qu’un sage, c’est un super-héros, reconquérir sa souveraineté, son autonomie d’être, sa capacité à penser. Ou encore : Chacun d’entre nous sait mieux que quiconque ce qui est le mieux pour soi.
Toutefois ces convictions cèdent immédiatement le pas aux expériences concrètes racontées par chaque professionnel rencontré. La découverte d’acteurs d’un monde agricole qui se réinvente, qui cherche des solutions, qui explore le champ des possibles pour faire pousser un avenir fertile et résilient. Il n’y a rien de naïf dans leurs histoires, dans leur expérience de vie, ni rien de manichéen, encore moins de magique. C’est du concret, le retour de l’expérience. Au fil de ces rencontres, la journaliste évoque tous les questionnements qui accompagnent cette mise en œuvre d’alternatives : le rendement, la résistance aux maladies, la viabilité économique, et les aspects écologiques de base comme la biodiversité et la compatibilité de la production avec les rythmes naturels et les écosystèmes, et même ce concept un peu flou de bon sens paysan en lui rendant du sens, sans angélisme, sans moralisme. Le lecteur en ressort tout ragaillardi d’avoir ainsi pu découvrir des alternatives viables, à un mode de production dont il peut se sentir prisonnier parce qu’il n’y aurait pas de possibilité de faire autrement.
Un ouvrage écolo et petites fleurs ? Au contraire, des reportages avec les pieds dans la boue, les mains dans la terre, et une complémentarité entre expérience de terrain et connaissances théoriques. La narration visuelle donne à voir une multiplicité de paysages agricoles, dans leur diversité et leur richesse. Les autrices permettent au lecteur de découvrir, de rencontrer et d’écouter des paysans et des éleveurs passionnants, dont le parcours professionnel dans l’agriculture industrielle les a amenés à avoir la curiosité de chercher et de mettre en œuvre des alternatives pragmatiques et viables. Passionnant.
Rhaa credi !! Je suis sorti avec un petit goût de trop peu de ce sympathique album, j’aurais tellement voulu mettre plus. Pourtant je suis carrément dans la cible, j’ai conservé un bon côté gamer old school du dimanche, j’ai une ps4 que je ne sors que pour jouer à des pépites comme Rogue Legacy, Tricky Tower, Broforce, Nuclear throne, Huntdown (une pure tuerie !!) … les connaisseurs apprécieront, la 3D m’emmerde.
Alors attention j’ai beaucoup aimé, je me suis reconnu dans pas mal de situation, l’effet nostalgique marche à merveille, les jeux, les amis, la musique … toute une époque, forcément formidable pour ceux qui l’ont vécu ;) Un album qui prend la forme d’une petite madeleine de Proust pour cette (ma) génération.
Les 2 auteurs se et nous font plaisir.
C’est très bien mis en images par Boris Mirroir, j’aime beaucoup son trait et couleurs, dynamique dans l’ensemble et délicieusement binaire lors des phases de présentation des jeux. La couverture est joliment réussie et le bonus stage forme un beau clin d’œil à cet autrefois en gros pixels.
Les différentes histoires concoctées par Loïc Clément sont dans l’ensemble savoureuses, elles m’ont bien parlé (les bornes d’arcade, l'incruste et le choix des copains, leurs parents, la bave hypnotique devant 2 pixels qui se battent en duel …), c’est truffé de références et de moments gentiment bien vu. Et c’est malheureusement un peu là que le bât blesse, le résultat est un poil trop gentillet à mes yeux, je trouve que ça aurait pu être bien plus drôle ou corrosif notamment sur les phases en 8 bits, quelques passages un peu mou, et je déplore des récits un poil trop court.
Ma lecture fut hyper plaisante, cependant je l’ai jugé bien trop rapide avec ce fameux goût de trop peu à son issue … en fait j’en redemande, et pour le prix et le format (remarque toute mercantile) il manque une bonne vingtaine de pages pour contenter mon côté geek-radin (peut-être ça qui coûte les 4* tiens ^^)
Bref, je suivrais à coup sûr un prochain (?) sur la SNES, ma machine de cœur :)
Ajout tome 2 :
Une série toujours coup de cœur, mais j’augmente ma note après récente relecture du tome 2.
Cet album (toujours centré sur les consoles 8bits) m’a semblé plus abouti et m’a encore plus parlé (jeux et comportements).
Même format et style mais je trouve qu’on s’attarde un peu plus sur les relations avec la gente féminine, ça m’a bien fait rire (me reconnaissant dans le côté gauche et naïf de notre Pixel, une époque formidable sans portable). L’astuce du saut temporel vers la fin d’album est également bien vue et permet de dynamiser un peu tout ça.
Franchement bon cette série.
MàJ tome 3 :
Un album que j’attendais beaucoup (consacré à la SNES) pour une conclusion que je n’attendais pas !!
Avec ce tome, Loïc Clement boucle les aventures de Pixel boy, et si on retrouve l’ADN de la série, la formule change légèrement. J’avoue avoir été un peu décontenancé lors de ma lecture, on perd en humour pour gagner en émotion. Le jeux vidéo s’efface au profit de la vie et questions de notre jeune (et vieux) Pixel.
Le propos peut parfois paraître plus égocentrique mais j’ai trouvé la fin très belle et réussie. Le final lorgne un peu vers "Les contes des cœurs perdus" du même scénariste.
Perso ça m’a bien parlé, comme toutes les références et hits de l’époque mais sans ce pré requis, je serai bien plus dubitatif sur votre plaisir de lecture.
Une série qui a su me charmer et jouer avec ma nostalgique de belle manière. Toutefois je trouve qu’elle loupe un peu le coche sur le public en terme de message, ce dernier est très beau mais un peu naïf pour les adultes, et je ne pense pas qu’un jeune d’aujourd’hui s’intéresse spécialement à cette trilogie.
Il n'a pas fallu me forcer pour donner une bonne note à cette série tellement j'ai apprécié la lecture de ce diptyque. Pourtant je suis entré dans le récit avec circonspection craignant une énième redite d'un petit frère de Harry Potter. Et bien pas du tout. Il faut dire que cette adaptation est issue d'un roman d'Èvelyne Brisou-Pellen qui est une belle référence pour la littérature jeunesse 10-13 ans. J'ai trouvé le scénario très solide et inventif. J'ai trouvé cette idée d'une chronologie non fixe, un peu comme dans l'esprit des enfants, brillante. Elle permet d'introduire des éléments historiques qui pimentent et enrichissent le récit. De plus les auteurs ne se dispersent pas grâce au très attachant personnage de Liam qui dévoile peu à peu la thématique principale du récit autour de l'injustice de certains décès et de sa gestion post mortem. Ce n'est donc pas une thématique simple et guimauve surtout avec les exemples choisis par les auteurs. La prouesse de la narration est de ne jamais tomber dans le pathos mais d'offrir une ouverture apaisante .
Le T1 prend le temps d'installer les personnages en laissant en suspens suffisamment d'interrogations pour se jeter sur un T2 qui m'a enchanté par l'intelligence de sa construction. Le vocabulaire est d'un bon niveau et les références historiques sont judicieusement choisies.
Le graphisme de Raphael Beuchot est au niveau de ce bon scénario. L'auteur propose une narration visuelle très dynamique et expressive. Il développe une très belle ambiance fantastique où le réel et le surnaturel se côtoient d'une manière très convaincante. La belle mise en couleur accompagne le plaisir de lecture.
Une très belle histoire au-delà d'un simple récit de fantôme pour un très large public. Un vrai coup de cœur qui m'incite à me plonger et à faire plonger mes enfants dans les romans d'origine.
Oh.
Wouaw. Bigre, même !
Je suis charmé par cette BD, mais carrément charmé. Et je dois dire que je reviens de loin après lecture. Il faut dire que je ne connais rien du tout à Wonder Woman et son univers, dont je n'ai lu aucun des albums. Mais cette préquelle à la série est tellement bonne que je lirais volontiers des suites si jamais elles se présentaient à la bibliothèque du coin.
L'album est très complet, l'histoire étant précédée d'une interview des auteurs très intéressante pour comprendre les enjeux du récit ainsi que la vision des auteurs que je trouve extrêmement intéressante notamment sur la question de la considération des femmes. Quelques phrases frappées au coin du bon sens parsèment cette interview dont je recommande la lecture.
D'autre part l'album est complété a la fin par des pages de travail et de recherches graphiques qui mettent en lumière le travail réalisé dans les planches et notamment lorsque l'auteur s'amuse à caler des dieux dans les décors en les rendant un peu invisible. C'est une superbe idée (et une très bonne incarnation de ce qu'elles représentent) et il faut dire que sans ces pages, je n'aurais pas remarqué l'attention graphique qui fut portée aux planches.
Mais parlons-en, du graphisme, puisqu'il envoie du pâté dès les premières pages avec sa représentation des Dieux qui peut piquer des yeux, mais qui a cet avantage de donner une patte graphique unique et détachée de la suite du récit, créant visuellement le choc entre les deux mondes. D'autre part, il y a une volonté de rendre les dieux protéiformes en changeant souvent de vêtements, d'attitudes, de poses, mais en restant dans quelque chose de très stylisés. Les dieux sont des symboles, visuels et métaphoriques, qui doivent assurer leur prestance avec des poses parfois improbables mais conférant directement l'idée au lecteur de ce qu'ils incarnent. On peut ne pas aimer le style très chargé (voir surchargé) mais il rend clairement compte d'un monde défiant la logique et la compréhension humaine, presque Lovecraftienne dans sa dimension mythologique. Ces dieux voient l'avenir et le modèlent, créent à partir de rien et décident de notre sort, cette toute puissance est visuellement incarnée. Et je trouve l'idée très réussie d'autant que le contraste avec les autres parties rend l'intention d'autant plus claire.
Par contre, ce qui m'a le plus marqué est bien sur le scénario, qui a su me surprendre et m'accrocher. Je n'attendais pas autant de violences et de noirceur d'un récit sur Wonder Woman, mais je pense que son statut de super-héroïne culte permet ce genre d'approches. Dans un monde saturé par leur présence (adaptation en film, invasion de comics books et séries, omniprésence dans nos écrans ...) la question des super-héros change d'approche, incarnant un air du temps. Aujourd'hui The Boys triomphe à la télé, Kick-Ass fut un énorme succès et le genre connait un renouveau plus sombre, plus Dark, retournant les codes et les genres. Cette BD s'inscrit dans cette tendance actuelle en empoignant ici le sujet des femmes. Ainsi la représentation de Zeus, homme tout puissant dictant ce qui est la justice qu'il incarne (et qui paradoxalement peut être injuste ...), mais aussi les femmes prenant leur destin en main, la violence du monde envers elle, l'enfermement final ... Il y aurait beaucoup à en dire et rien qu'en discutant avec ma copine des dizaines de sujets nous semblent abordées sous un angle ingénieux, ne cherchant surtout pas à être historique ni réaliste, réinterprétant les mythes (notamment Héraklès) et donnant une image parfois nouvelle ou différentes de la mythologie. Rien que Héra, qui est ici une figure à la fois tragique et grandiose, un personnage de tragédie à l'ancienne ! (qui donne d'ailleurs envie de le voir réutilisé ensuite)
Je m'épanche beaucoup mais je suis vraiment touché par cette BD. Une relecture féministe d'un univers de super-héros que je ne connais pas mais qui fait clairement référence à l'air du temps. Pas de femmes mises en avant juste parce qu'elles doivent être forte, mais une vraie réflexion de ses personnages et une écriture certes rapide mais soignée. Le genre de lecture qui me donne réellement envie de découvrir plus avant cet univers, pour autant qu'il contienne des pépites ainsi. Le genre de lecture qui donne envie d'en discuter pendant des heures ensuite, et peut-être que cela s'est ressenti dans mon avis, mais croyez-moi, j'ai écourté au maximum !
L’Héritage fossile est une BD originale qui mêle récit intime et réflexion écologique. Le dessin réaliste soutient un propos engagé sur notre rapport aux énergies et à la mémoire du passé. Un album enrichissant, parfois un peu dense, mais marquant.
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Les Carnets de Cerise
L'une de mes séries "Jeunesse" préférée que j'ai lue et relue le soir avec ma fille et mon fils avant de s'endormir. Un succès ô combien mérité. Je suis d'ailleurs surpris de n'être que le 10ème avis du site. Les carnets de Cerise, c'est tout d'abord une esthétique très léchée et proche de la perfection pour le public cible. Des couvertures magnifiques en vernis différencié et un dessin très expressif et dynamique avec des couleurs chatoyantes. Une mise en page ingénieuse et permettant de casser la linéarité du récit associant planches classiques et extraits des carnets de Cerise (sortes de journaux intimes) mêlant textes, dessins, photos, recettes, etc. L'histoire de départ fait écho à pas mal d'entre nous je pense. Motivés par le journal de Mickey et autres Mickey détective, je me rappelle quand plus jeune, avec mes copains d'enfance, je tentais de percer les mystères de la vieille dame de mon village que l'on soupçonnait d'être une sorcière ! On suit donc ici Cerise, une écolière de CM2 passionnée de livres, et ses deux amies Line et Erika, qui mènent différentes enquêtes sur des personnes de son village. Si chaque tome fait l'objet d'une enquête à part entière et donc d'une histoire indépendante des autres, on en apprend un peu plus sur le passé de Cerise au fil des tomes et certains personnages rencontrés se retrouvent également dans les tomes suivants. Le tome 1 introduit le personnage de Cerise, de sa maman et de ses amies. L'histoire, centrée sur un vieil homme énigmatique recouvert de peinture s'enfonçant dans la forêt, est l'une des plus originale de la série selon moi. Le deuxième tome est quant à lui consacré au mystère d'une vieille dame empruntant le même livre à la bibliothèque municipale chaque mois depuis des décennies. Le troisième tome marque l'entrée de Cerise au collège et est centrée sur l'histoire d'une nouvelle amie dont le métier est restauratrice de livre et dont le passé va faire écho à celui de Cerise. Le quatrième tome est peut-être celui qui m'a le moins plus du premier cycle, avec une enquête estivale moins captivante, basée sur un jeu d'énigmes dans un manoir. Enfin, le cinquième tome constitue le dénouement final du premier cycle permettant d'en savoir plus sur le passé de Cerise et de mieux comprendre les réactions qu'elle a eues dans les tomes précédents. Bien que quelques ficelles de scénarios soient un peu grossières et parfois peu crédibles (la découverte des trésors qui n'ont pas bougé depuis des décennies dans des maisons ou locaux habités par exemple) et les histoires pleines de bons sentiments, cette série est une franche réussite pour le public visé (enfants et jeunes ados) et permet d'aborder certains sujets avec ses enfants tels que l'amitié, le mensonge, les relations mère-fille, l'absence d'un être cher,... Elle aura même réussi a extirper une larmounette à notre famille dans le tome 5. Le véritable amour que voue l'auteur pour les livres se ressent à chaque tome, passion que l'on retrouve d'ailleurs chez Cerise qui veut devenir romancière. Durant la plupart des tomes, les auteurs glissent également de manière ingénieuse quelques messages à destination du jeune public : constitution d'un livre, protection de l'environnement, etc. Suite à la décision des auteurs de relancer la série en 2024 après 7 années sans parution, un 6ème tome a vu le jour marquant une petite rupture avec le principe initial des enquêtes de Cerise. Le tome 6 constitue ainsi une sorte de carnet de voyage relatant les péripéties de Cerise et de sa nouvelle famille recomposée lors de son tour du monde annoncé en fin de tome 5. Je ne spolierai toutefois pas la fin de ce dernier tome mais il est fort probable que la série va se poursuivre au vu de la fin... Après sa lecture, bien que toujours agréable, je regrette tout de même que les auteurs ne se soient pas arrêtés à la fin du cinquième tome car la série prend une tournure un peu plus banale sur la vie d'une famille recomposée (plus d'enquête de Cerise). Un 5* tout de même, rien que pour le premier cycle, que je trouve magnifique et très cohérent. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 8,5/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation, mise en page) : 9,5/10 NOTE GLOBALE : 18/20
L'Elite à la portée de tous
Une nouvelle aventure scientifique du Professeur Fignoteau, de M. Marmouset et de Mlle Anne ? Pour s'en réjouir il faudra en avoir quelque chose à faire. Et c'est bien le problème : que faire de trois personnages inconnus aux bataillons ? Que faire lorsque l'on est soi-même un personnage inconnu, n'existant que dans une histoire si peu engageante ? Eh bien on se retrousse les manches et on essai d'échapper à sa condition ! Ici il n'est pas tant question de suivre les aventures de nos trois chercheur-euse-s mais plutôt de suivre leur recherche d'aventure. Ou, pour être plus précise, leur recherche d'enjeux narratifs pour maintenir l'attention du lectorat et s'assurer le succès (et ainsi même l'existence dans l'inconscient collectif). Qu'il s'agisse de changements graphiques, de genres ou même de rôles, rien ne nous sera épargner. Le trio s'essaiera même à quelques bassesses comme des retournements tirés par les cheveux ou encore quelques cases d'un érotisme tout relatif. Le choc pour le choc, l'imprévisibilité narrative, tout ça ne garde en réalité l'attention du lectorat que de manière bien trop éphémère et la quête de notre trio se révèlera bien plus ardue qu'au premier abord. Si vous pensiez à mon résumé que Lécroart s'essayait ici à une forme narrative bien trop classique lorsque comparée aux autres œuvres centrées sur ce trio, détrompez-vous, l'auteur s'amuse ici, comme souvent, avec des doubles sens de lectures, avec les codes narratifs propre au médium de la bande-dessinée. Le moment le plus notable étant par ailleurs un passage très amusant avec un grand maître de l'art du manga, proposant une lecture d'apparence confuse mais en réalité surprenamment bien construite. C'est bien simple, pour son discours poussé et on ne peut plus intéressant des codes narratifs propres au neuvième art, pour ses diverses expérimentations et défis au sein d'une seule et même œuvre, je considère cet album comme le meilleur de Lécroart. Il y aurait tant de choses à dire, tant de retours et d'avis ne serait-ce que sur le discours sur la fiction elle-même que tient cet album, mais j'ai peur de me retrouver à écrire un roman si je me lance pleinement dedans. Je me contenterais simplement de vous inviter à lire l'album, ne serait-ce que pour découvrir l'auteur s'il vous était jusque là inconnu.
Le Manoir de Chartwell
Même si les deux ouvrages sont très différents, la découverte de cette œuvre m'a ramené à ma lecture de Contrition. La thématique centrale de la pédophilie reste la même. De plus, j'y ai trouvé la même puissance et la même profondeur dans le texte et le graphisme. Toutefois si contrition proposait une vision externe , Glenn Head nous propose une vision autobiographique interne bouleversante. Ce récit est d'une sincérité et d'un courage qui m'a ému tout du long de ma lecture. Je n'ai trouvé aucune faiblesse dans le scénario, aucun voyeurisme dans l'exposition de sa sexualité abîmée dès l'enfance. Ce témoignage est marqué par la devise de Chartwell détournée par l'infame Lynch, "Veritas". Ce que j'ai trouvé remarquable dans ce récit , c'est l'absence d'agressivité dans les paroles de Glenn. Les épisodes où il parle avec ses parents sont édifiants à cet égard. Tous les appels au secours du jeune Glenn, verbaux ou comportementaux, ont été ignorés par le père et surtout la mère. Toutefois l'auteur invite à un suivi de la relation parentale plus raisonnable qu'émotionnel même si c'est souvent difficile. Cette résilience prouve que Head n'avait pas voulu laisser Lynch tout détruire chez lui comme son ex principal l'avait fait chez certains de ses camarades. L'agressivité se retrouve dans le graphisme qui utilise le style underground. Ce style permet probablement à l'auteur de libérer le trop plain émotionnel qui a envahi son univers. Je ne suis pas un spécialiste de ce style mais j'aime cette représentation brute, chargée et souvent chaotique d'un monde extérieur qui reflète souvent notre désordre psychologique. Le N&B est l'option sombre d'un monde qui se présente souvent en bien et en mal. L'auteur invite son lecteur à aller au delà d'un Lynch toujours dessiné clair et net. La quatrième propose une case du récit en couleur. Elle est séduisante dans son option psychédélique bien représentative des années 70. Ce choix aurait probablement amoindri la puissance du message de l'auteur qui veut rester dans un souvenir triste et brutal. Comme beaucoup de victimes, Head a eu beaucoup de mal à libérer sa parole. Peu de choses l'y ont encouragé. Une justice tardive l'a aidé. Son courage remarquable et son talent lui ont permis d'offrir à tous , victimes ou pas, un outil pour accepter cette vérité et la rendre publique. Une très belle lecture qui m'a profondément touché.
Des Yeux de Bitch
J'ai bien aimé ces chroniques souvent lestes sur la vie de diverses citadines qui n'ont pas vraiment pas froid aux yeux et ailleurs (surtout ailleurs). Ce sont surtout des anecdotes, des mini-tranches de vie, des gags souvent fort amusants (si on apprécie ce genre), dont la lecture d'une seule traite peut être lassante par overdose, comme beaucoup de recueils du même type. J'aime bcp le graphisme qui possède un côté girly et animation, style ''tout le monde il est beau''. C'est bien vu dans l'ensemble, ça sent en effet le vécu, mais avec l'arrière-pensée que certaines personnes sont assez nymphos... Dommage qu'une n'y ait pas eu d'autres tomes. Le Covid aurait pu donner de bons gags :)
Les Madeleines de Mady
Je possède les 2 volumes. Je ne suis sans doute pas la cible visée par ces albums, mais j'ai bien aimé, à la fois pour le graphisme et pour une certaine fraîcheur de ton. Oui, c'est parfois très léger, anecdotique et souvent parisien, mais c'est délassant. C'est tout ce que je demande à ce type d'ouvrage. Les ''Madeleines'' remplissent parfaitement le contrat.
Paysans - Le Champ des possibles
Le champ des possibles, c’est reconquérir sa souveraineté, son autonomie d’être, sa capacité à penser. - Ce tome correspond à un reportage auprès de nombreux acteurs, il ne nécessite pas de connaissances préalables. Son édition originale date de 2023. Il a été réalisé à partir du travail documentaire de Marie-France Barrier, par Céline Gandner pour le scénario, et par Marie Jaffredo pour les dessins et les couleurs. Il comporte cent-cinq pages de bande dessinée. Il s’ouvre avec un texte rédigé par Michel Welterlin, directeur de la collection Témoins du monde. Il se termine avec les remerciements des trois autrices, une présentation de leur parcours, et la liste des ouvrages parus dans cette collection. Elle se sent Perce-Neige, pas celle qui fait le printemps, celle qui l’annonce. Le lierre, il fleurit en octobre. C’est tard, oui. Mais il offre aux abeilles, bien contentes, de quoi butiner toute l’année. Alors pourquoi Perce-Neige ? Elle fleurit parmi les premiers et, Marie-France a eu le sentiment de s’être éveillé très tôt à ces réflexions environnementales. Ce n’est ni bien ni mal. Là, elle se tient collée contre le tronc d’un très grand arbre, il a bien trois cents ans. C’est son spot secret, à elle, son paysage. Elle lui parle comme un confident. Les arbres sont des traits d’union entre les énergies cosmiques qui viennent du fin fond de l’univers et les énergies telluriques nichées au cœur de la terre. Ce sont des alchimistes qui font le lien entre le visible et l’invisible, et transforment la lumière et le CO2 pour nourrir les êtres humains, les abriter les chauffer, les éclairer. Et eux, petits humains qui sont si dépendants d’eux, pourquoi se sont-ils tant éloignés de ces génies généreux ? Ils se sont crus au sommet de la création quand ils ne sont qu’un infime maillon de cette chaîne du vivant. Marie-France aimerait tellement participer à leurs retrouvailles, se réconcilier avec l’Arbre, ce grand chef d’orchestre de la nature. Comme il est beau, ce vieux frère, toujours à grandir vers la lumière ! Nichée au creux d’un arbre, c’est là où elle se sent le mieux. Elle a comme l’impression d’être à la maison, d’être en famille. Depuis toute petite, elle cherche sa juste contribution au monde, elle a envie d’être au service de la vaste communauté des terriens. Elle a comme l’intuition d’une mission à accomplir. Alors voilà, tout comme le font les arbres, elle va elle aussi prendre soin de la terre nourricière. Elle a besoin de se rebrancher, de mettre les mains dans la terre. Voilà dix ans qu’elle fait du documentaire et, là, elle a besoin d’autre chose, de plus concret, de plus engagé. La voilà partie pour une nouvelle aventure de vie : douze semaines de formation au maraîchage biologique en Sologne, qui sait, un nouveau chapitre d’existence s’ouvre peut-être. Marie-France se rend à la ferme de Sainte Marthe. En arrivant, elle y découvre qu’il y a plein de gens comme elle. Elle n’est pas si isolée dans ses questionnements et son appel à la terre. Ici elle n’est pas une bizarrerie. Elle perçoit des profils et des âges très différents. Mais ils sont tous novices du monde agricole. Retourner à l’école pour retrouver une position d’apprenante. C’est revitalisant. Le premier jour, chacun se présente et partage la raison de sa venue. C’est très excitant pour tout le monde. Comme un saut dans le vide. Marie-France Barrier est documentariste de profession, et elle a réalisé, entre autres, les films Le champ des possibles (2017) et Le temps des arbres (2020), dont s’inspire le présent ouvrage, où les autrices la mettent en scène. La séquence d’ouverture expose ainsi sa motivation ainsi que sa démarche. Impressionnée par les arbres, et consciente de la position intenable de l’être humain séparé du monde végétal, elle décide de prendre soin de la terre nourricière en commençant par un stage de formation en maraîchage. Toutefois, elle fait rapidement le constat qu’elle n’est pas faite pour ce métier. En revanche, elle a fait l’expérience qu’il y a tant de belles histoires à raconter autour de ce monde agricole qui se réinvente, qui cherche des solutions, qui explore le champ des possibles pour faire pousser un avenir fertile et résilient. Elle reprend donc la route pour aller écouter et recueillir la parole des anciens agriculteurs, viticulteurs et éleveurs qui ont grandi dans le moule de l’agriculture industrielle et qui se sentent prêts à s’en détacher pour en imaginer un autre. Les autrices mettent ainsi en scène ces rencontres, la parole d’un céréalier, d’un éleveur laitier, des membres d’une ferme collective, d’un scieur mobile, d’un propriétaire forestier, d’un paysan, d’un couple de viticulteurs, avec une grande importance donnée aux images. En entamant ce genre d’ouvrage, le lecteur peut nourrir un a priori sur sa forme : des longs pavés de texte explicatifs pour exposer les faits et les connaissances, et des images réduites au rôle de faire-valoir. Il y a bien des phases d’exposition consistantes, sans pour autant que se produise l’effet de pavés indigestes par trop de didactisme magistral. Chaque entretien prend la forme d’une rencontre avec un professionnel personnellement impliqué dans la mise en œuvre de méthodes différentes offrant une alternative viable à l’agriculture industrialisée, avec une part prépondérante donnée au témoignage plutôt qu’à l’exposé. La première page de bande dessinée peut faire hésiter le lecteur : un petit dessin de perce-neige en bas à droit de la page, sur fond gris, avec trois cartouches de texte, c’est-à-dire plus de texte que d’image. Dans les trois pages suivantes : une illustration pleine page, pour un arbre et Marie-France en relation avec. Puis le lecteur découvre des cases disposées en bande sans bordure encrée. Des dessins au rendu doux, dans un registre naturaliste un peu simplifié, avec des couleurs dans un mode réaliste avec des teintes un peu estompées. La dessinatrice apporte bien sûr un soin particulier aux plantes et aux arbres. D’ailleurs elle réalise quarante illustrations en pleine page ayant pour objet la nature, que ce soient des plantes ou des paysages. Le lecteur voit bien que cet ouvrage est consacré à la culture, à la terre et à son travail, aux plantes et aux arbres. Les dessins ne parlent que de ça : il peut ainsi contempler ces paysages et ces activités dans leur variété. Les trajets dans de petites routes de campagne, les rangées de salades, la qualité de la terre arable éprouvée à pleine main avec ses vers de terre, les sillons bien parallèles, les vaches, l’herbe et les fleurs, les haies qui délimitent des parcelles de petite taille, les forêts de hauts arbres, la terre devenue aride et nue, le savant travail de sciage d’un arbre de gros diamètre, les tristes forêts de culture de résineux, les écureuils, les champignons… Puis des paysages moins communs : une parcelle cultivée autour de l’arbre et avec lui, des moutons qui profitent des arbres fourragers, des arbres plantés dans une parcelle de vignes pour rompre avec la monoculture, la prolifération de la faune dans une mare, etc. Grâce aux dessins, le lecteur peut constater par lui-même l’existence de ces cultures d’une approche différente, ainsi que leurs répercussions sur la faune et la flore. À l’évidence, l’artiste s’est richement documenté pour pouvoir transcrire ces modes de culture sortant du modèle de l’agriculture industrielle. Elle les représente avec une évidence dont la plausibilité atteste d’une observation éclairée de ces sites. Recueillir la parole d’agriculteurs, viticulteurs et éleveurs qui se sont détachés de l’agriculture industrielle, c’est ainsi que Marie-France va d’abord rencontrer Olivier, pays de Caux, céréalier depuis 20 ans, 45 ans, 300ha de céréales. Puis Frédéric, Sarthe, éleveur laitier, la quarantaine, environ 50 vaches et 60ha. Visiter une ferme collective, 11 ingénieurs agronomes, 80ha, village La Tournerie dans le Limousin. Et Étienne, proche de la retraite, Castelnau-de-Brassac, au-dessus de Castres, scieur mobile. Xavier, 56 ans, comptable, propriétaire forestier, a acquis 110ha près du plateau de Millevaches près de Limoges. Jack, coteaux du Gers, ferme familiale, 56 ans, paysan, 150ha. Delphine et Benoît, viticulteurs, Bordelais, couple de vignerons explorateurs, 8ha. Il s’agit de professionnels installés depuis plus sieurs années, mettant en œuvre leurs convictions, et vivant de leur travail, sans perte financière par rapport à leurs pratiques précédentes. Dans un premier temps, la journaliste semble mettre en avant des convictions personnelles peut-être naïves sous un certain angle : Les arbres en tant que traits d’union entre les énergies cosmiques qui viennent du fin fond de l’univers et les énergies telluriques nichées au cœur de la terre, le paysan qui travaille avec le vivant est plus qu’un sage, c’est un super-héros, reconquérir sa souveraineté, son autonomie d’être, sa capacité à penser. Ou encore : Chacun d’entre nous sait mieux que quiconque ce qui est le mieux pour soi. Toutefois ces convictions cèdent immédiatement le pas aux expériences concrètes racontées par chaque professionnel rencontré. La découverte d’acteurs d’un monde agricole qui se réinvente, qui cherche des solutions, qui explore le champ des possibles pour faire pousser un avenir fertile et résilient. Il n’y a rien de naïf dans leurs histoires, dans leur expérience de vie, ni rien de manichéen, encore moins de magique. C’est du concret, le retour de l’expérience. Au fil de ces rencontres, la journaliste évoque tous les questionnements qui accompagnent cette mise en œuvre d’alternatives : le rendement, la résistance aux maladies, la viabilité économique, et les aspects écologiques de base comme la biodiversité et la compatibilité de la production avec les rythmes naturels et les écosystèmes, et même ce concept un peu flou de bon sens paysan en lui rendant du sens, sans angélisme, sans moralisme. Le lecteur en ressort tout ragaillardi d’avoir ainsi pu découvrir des alternatives viables, à un mode de production dont il peut se sentir prisonnier parce qu’il n’y aurait pas de possibilité de faire autrement. Un ouvrage écolo et petites fleurs ? Au contraire, des reportages avec les pieds dans la boue, les mains dans la terre, et une complémentarité entre expérience de terrain et connaissances théoriques. La narration visuelle donne à voir une multiplicité de paysages agricoles, dans leur diversité et leur richesse. Les autrices permettent au lecteur de découvrir, de rencontrer et d’écouter des paysans et des éleveurs passionnants, dont le parcours professionnel dans l’agriculture industrielle les a amenés à avoir la curiosité de chercher et de mettre en œuvre des alternatives pragmatiques et viables. Passionnant.
Super Pixel Boy
Rhaa credi !! Je suis sorti avec un petit goût de trop peu de ce sympathique album, j’aurais tellement voulu mettre plus. Pourtant je suis carrément dans la cible, j’ai conservé un bon côté gamer old school du dimanche, j’ai une ps4 que je ne sors que pour jouer à des pépites comme Rogue Legacy, Tricky Tower, Broforce, Nuclear throne, Huntdown (une pure tuerie !!) … les connaisseurs apprécieront, la 3D m’emmerde. Alors attention j’ai beaucoup aimé, je me suis reconnu dans pas mal de situation, l’effet nostalgique marche à merveille, les jeux, les amis, la musique … toute une époque, forcément formidable pour ceux qui l’ont vécu ;) Un album qui prend la forme d’une petite madeleine de Proust pour cette (ma) génération. Les 2 auteurs se et nous font plaisir. C’est très bien mis en images par Boris Mirroir, j’aime beaucoup son trait et couleurs, dynamique dans l’ensemble et délicieusement binaire lors des phases de présentation des jeux. La couverture est joliment réussie et le bonus stage forme un beau clin d’œil à cet autrefois en gros pixels. Les différentes histoires concoctées par Loïc Clément sont dans l’ensemble savoureuses, elles m’ont bien parlé (les bornes d’arcade, l'incruste et le choix des copains, leurs parents, la bave hypnotique devant 2 pixels qui se battent en duel …), c’est truffé de références et de moments gentiment bien vu. Et c’est malheureusement un peu là que le bât blesse, le résultat est un poil trop gentillet à mes yeux, je trouve que ça aurait pu être bien plus drôle ou corrosif notamment sur les phases en 8 bits, quelques passages un peu mou, et je déplore des récits un poil trop court. Ma lecture fut hyper plaisante, cependant je l’ai jugé bien trop rapide avec ce fameux goût de trop peu à son issue … en fait j’en redemande, et pour le prix et le format (remarque toute mercantile) il manque une bonne vingtaine de pages pour contenter mon côté geek-radin (peut-être ça qui coûte les 4* tiens ^^) Bref, je suivrais à coup sûr un prochain (?) sur la SNES, ma machine de cœur :) Ajout tome 2 : Une série toujours coup de cœur, mais j’augmente ma note après récente relecture du tome 2. Cet album (toujours centré sur les consoles 8bits) m’a semblé plus abouti et m’a encore plus parlé (jeux et comportements). Même format et style mais je trouve qu’on s’attarde un peu plus sur les relations avec la gente féminine, ça m’a bien fait rire (me reconnaissant dans le côté gauche et naïf de notre Pixel, une époque formidable sans portable). L’astuce du saut temporel vers la fin d’album est également bien vue et permet de dynamiser un peu tout ça. Franchement bon cette série. MàJ tome 3 : Un album que j’attendais beaucoup (consacré à la SNES) pour une conclusion que je n’attendais pas !! Avec ce tome, Loïc Clement boucle les aventures de Pixel boy, et si on retrouve l’ADN de la série, la formule change légèrement. J’avoue avoir été un peu décontenancé lors de ma lecture, on perd en humour pour gagner en émotion. Le jeux vidéo s’efface au profit de la vie et questions de notre jeune (et vieux) Pixel. Le propos peut parfois paraître plus égocentrique mais j’ai trouvé la fin très belle et réussie. Le final lorgne un peu vers "Les contes des cœurs perdus" du même scénariste. Perso ça m’a bien parlé, comme toutes les références et hits de l’époque mais sans ce pré requis, je serai bien plus dubitatif sur votre plaisir de lecture. Une série qui a su me charmer et jouer avec ma nostalgique de belle manière. Toutefois je trouve qu’elle loupe un peu le coche sur le public en terme de message, ce dernier est très beau mais un peu naïf pour les adultes, et je ne pense pas qu’un jeune d’aujourd’hui s’intéresse spécialement à cette trilogie.
Le Manoir (Melchior)
Il n'a pas fallu me forcer pour donner une bonne note à cette série tellement j'ai apprécié la lecture de ce diptyque. Pourtant je suis entré dans le récit avec circonspection craignant une énième redite d'un petit frère de Harry Potter. Et bien pas du tout. Il faut dire que cette adaptation est issue d'un roman d'Èvelyne Brisou-Pellen qui est une belle référence pour la littérature jeunesse 10-13 ans. J'ai trouvé le scénario très solide et inventif. J'ai trouvé cette idée d'une chronologie non fixe, un peu comme dans l'esprit des enfants, brillante. Elle permet d'introduire des éléments historiques qui pimentent et enrichissent le récit. De plus les auteurs ne se dispersent pas grâce au très attachant personnage de Liam qui dévoile peu à peu la thématique principale du récit autour de l'injustice de certains décès et de sa gestion post mortem. Ce n'est donc pas une thématique simple et guimauve surtout avec les exemples choisis par les auteurs. La prouesse de la narration est de ne jamais tomber dans le pathos mais d'offrir une ouverture apaisante . Le T1 prend le temps d'installer les personnages en laissant en suspens suffisamment d'interrogations pour se jeter sur un T2 qui m'a enchanté par l'intelligence de sa construction. Le vocabulaire est d'un bon niveau et les références historiques sont judicieusement choisies. Le graphisme de Raphael Beuchot est au niveau de ce bon scénario. L'auteur propose une narration visuelle très dynamique et expressive. Il développe une très belle ambiance fantastique où le réel et le surnaturel se côtoient d'une manière très convaincante. La belle mise en couleur accompagne le plaisir de lecture. Une très belle histoire au-delà d'un simple récit de fantôme pour un très large public. Un vrai coup de cœur qui m'incite à me plonger et à faire plonger mes enfants dans les romans d'origine.
Wonder Woman Historia
Oh. Wouaw. Bigre, même ! Je suis charmé par cette BD, mais carrément charmé. Et je dois dire que je reviens de loin après lecture. Il faut dire que je ne connais rien du tout à Wonder Woman et son univers, dont je n'ai lu aucun des albums. Mais cette préquelle à la série est tellement bonne que je lirais volontiers des suites si jamais elles se présentaient à la bibliothèque du coin. L'album est très complet, l'histoire étant précédée d'une interview des auteurs très intéressante pour comprendre les enjeux du récit ainsi que la vision des auteurs que je trouve extrêmement intéressante notamment sur la question de la considération des femmes. Quelques phrases frappées au coin du bon sens parsèment cette interview dont je recommande la lecture. D'autre part l'album est complété a la fin par des pages de travail et de recherches graphiques qui mettent en lumière le travail réalisé dans les planches et notamment lorsque l'auteur s'amuse à caler des dieux dans les décors en les rendant un peu invisible. C'est une superbe idée (et une très bonne incarnation de ce qu'elles représentent) et il faut dire que sans ces pages, je n'aurais pas remarqué l'attention graphique qui fut portée aux planches. Mais parlons-en, du graphisme, puisqu'il envoie du pâté dès les premières pages avec sa représentation des Dieux qui peut piquer des yeux, mais qui a cet avantage de donner une patte graphique unique et détachée de la suite du récit, créant visuellement le choc entre les deux mondes. D'autre part, il y a une volonté de rendre les dieux protéiformes en changeant souvent de vêtements, d'attitudes, de poses, mais en restant dans quelque chose de très stylisés. Les dieux sont des symboles, visuels et métaphoriques, qui doivent assurer leur prestance avec des poses parfois improbables mais conférant directement l'idée au lecteur de ce qu'ils incarnent. On peut ne pas aimer le style très chargé (voir surchargé) mais il rend clairement compte d'un monde défiant la logique et la compréhension humaine, presque Lovecraftienne dans sa dimension mythologique. Ces dieux voient l'avenir et le modèlent, créent à partir de rien et décident de notre sort, cette toute puissance est visuellement incarnée. Et je trouve l'idée très réussie d'autant que le contraste avec les autres parties rend l'intention d'autant plus claire. Par contre, ce qui m'a le plus marqué est bien sur le scénario, qui a su me surprendre et m'accrocher. Je n'attendais pas autant de violences et de noirceur d'un récit sur Wonder Woman, mais je pense que son statut de super-héroïne culte permet ce genre d'approches. Dans un monde saturé par leur présence (adaptation en film, invasion de comics books et séries, omniprésence dans nos écrans ...) la question des super-héros change d'approche, incarnant un air du temps. Aujourd'hui The Boys triomphe à la télé, Kick-Ass fut un énorme succès et le genre connait un renouveau plus sombre, plus Dark, retournant les codes et les genres. Cette BD s'inscrit dans cette tendance actuelle en empoignant ici le sujet des femmes. Ainsi la représentation de Zeus, homme tout puissant dictant ce qui est la justice qu'il incarne (et qui paradoxalement peut être injuste ...), mais aussi les femmes prenant leur destin en main, la violence du monde envers elle, l'enfermement final ... Il y aurait beaucoup à en dire et rien qu'en discutant avec ma copine des dizaines de sujets nous semblent abordées sous un angle ingénieux, ne cherchant surtout pas à être historique ni réaliste, réinterprétant les mythes (notamment Héraklès) et donnant une image parfois nouvelle ou différentes de la mythologie. Rien que Héra, qui est ici une figure à la fois tragique et grandiose, un personnage de tragédie à l'ancienne ! (qui donne d'ailleurs envie de le voir réutilisé ensuite) Je m'épanche beaucoup mais je suis vraiment touché par cette BD. Une relecture féministe d'un univers de super-héros que je ne connais pas mais qui fait clairement référence à l'air du temps. Pas de femmes mises en avant juste parce qu'elles doivent être forte, mais une vraie réflexion de ses personnages et une écriture certes rapide mais soignée. Le genre de lecture qui me donne réellement envie de découvrir plus avant cet univers, pour autant qu'il contienne des pépites ainsi. Le genre de lecture qui donne envie d'en discuter pendant des heures ensuite, et peut-être que cela s'est ressenti dans mon avis, mais croyez-moi, j'ai écourté au maximum !
L'Héritage fossile
L’Héritage fossile est une BD originale qui mêle récit intime et réflexion écologique. Le dessin réaliste soutient un propos engagé sur notre rapport aux énergies et à la mémoire du passé. Un album enrichissant, parfois un peu dense, mais marquant.