Rencontre aux sommets entre deux éminents artistes du Neuvième art, Alain Ayroles génial scénariste qui accumule les succès critiques et publics (Garulfo, De Cape et de Crocs, etc...) et Hervé Tanquerelle dessinateur classique aux style et traits facilement identifiables, le monsieur possède d'ailleurs lui aussi une bibliographie bien fournie et jalonnée de multiples pépites (Racontars Arctiques, Le Dernier Atlas).
Tout comme pour Les Indes fourbes, avec la formation d'un tel duo, les auteurs se savent attendus, le récit est ambitieux et s'étale sur plus de 250 pages. A trop vouloir en faire, en mettre, va-t-on sombrer dans la grandiloquence et le pompeux ? Alors, quid du résultat ? Eh bien, autant le dire d'entrée, et vous l'aurez vu à ma note plus haut, l'éléphant a accouché d'une ......baleine…..Et à bosse* qui plus est ! (*clin d'oeil au personnage principal!)
Véritable pièce de théâtre déclinée en Bande Dessinée, "Shakespearienne" dans l'âme, cette tragédie haletante et sans fausses notes comble les attentes et rempli les attendus d'un tel exercice.
Proposant donc une structure théâtrale, un découpage en cinq actes et multiples scènes, le séquençage qui en découle est de ce fait ultra rythmé et sans réel temps mort, on lit (avale) le livre avec gourmandise. D'autres codes sont empruntés avec réussite tel l’aparté quand le personnage principal Richard s’adresse directement aux lecteurs.
Cette grande fresque nous conte l'histoire d'un personnage comme je les aime : Ambigus, retors, antipathique mais également parfois touchant et attachant, particulièrement révélé à travers ses multiples faiblesses dont la principale et plus évidente, son handicap physique.
En parfait contrepoint d'un personnage aussi complexe et charismatique, le récit, d'une grande richesse, fourmille de formidables personnages secondaires très travaillés et tout aussi intéressants et subtils.
L'écriture d'Ayroles, aussi bien dans le descriptif que dans les dialogues est de concert avec l'ambition et le propos, finement ciselé, parfaite. Le verbe, tout en équilibre et justesse, sonne fort et beau.
Le scénario et l'écriture qui va avec à eux seuls auraient suffît à en faire une très grande BD mais ils sont soutenus par un dessin très détaillé, sublime et admirable tout au long des 250 pages sans signe d'essoufflement qui la transforme derechef en immense BD. Le trait de Tanquerelle est je trouve d'ailleurs, tout en gardant sa griffe, plus grand public que précédemment, me rappelant par moment Matthieu Bonhomme.
Même pas besoin de mentionner que c'est un gigantesque coup de coeur. Ce sera difficile de faire mieux en 2025, la barre est placée très (trop!) haut.
Lu dans sa version Noir Et Blanc, hâtez vous de vous la procurer s'il en reste en magasin, sinon, faites comme moi et ruez vous sur la version couleur disponible début Avril (Du peu entrevue des pages disponibles sur le net, le travail de colorisation semble remarquable !).
Paul le Poulpe voit l'avenir, vous ne le regretterez pas (et paf, le prochain posteur mettra une étoile !).
A peine sortie et déjà UN CLASSIQUE.
"Blacksad" m'aura fait de l'œil pendant très longtemps . Et s'il est sûr d'une chose, c'est que je ne regrette pas du tout d'avoir succombé à son charme.
Quelle claque j'ai reçue.
Il se dégage de ces polars comme une odeur des années 50-60, des clubs de jazz enfumés de NY ou de La Nouvelle Orleans.
Outre des dessins magnifiques, j'ai trouvé le choix des animaux très pertinent avec une réelle corrélation entre leur caractère et leur fonction.
Pour moi il s'agit clairement de la série anthropomorphiste la plus "réaliste" que j'ai pu lire.
John Blacksad me fait penser à Stacy Keach dans la série TV Mike Hammer pour ceux qui connaissent (faut bien avoir 40-45 ans minimum ). Je trouve que c'est la même atmosphère qui s'en dégage.
Si on devait relever un point négatif cela serait dans le dénouement des enquêtes qui peut être un peu trop rapide.
Cette série à été ,à juste titre, récompensée de nombreuses fois et devrait figurer en bonne place dans toute bibliothèque qui se respecte.
Jean, 32 ans, est chanteur dans un groupe de rock. Après une petite tournée, ils doivent partir enregistrer leur tout premier album aux Etats-Unis. Pour Jean, le rêve de sa vie est sur le point de se réaliser. Malheureusement pour lui, la vie a choisi pour lui un tout autre chemin...
"Je suis au-delà de la mort !" c'est certes l'histoire d'un combat, d'une colère mais c'est aussi et surtout une histoire d'amitié, d'ouverture aux autres et de nouveaux rêves à accomplir.
Je suis au-delà de la mort : qu'est ce que je peux trouver ces mots puissants. Ils provoquent chez moi une résonnance particulière. J'aurais aimé les entendre, j'espère n'avoir jamais à les dire.
Je suis au-delà de la mort : qu'est ce que ces mots respirent la vie.
Le graphisme à la Mario, souligné par Jeïrhk, apporte une touche de légèreté. Il tranche magnifiquement bien avec la dureté du thème et évite du coup cette chappe de plomb qui viendrait gâcher la lecture.
Moi j'ai versé ma larme quand ma compagne a elle littéralement fondu en larmes.
Vous aurez donc compris que cet ouvrage m'a (nous a) particulièrement marqué, touché.
Aussi si un jour par hasard vous avez la possibilité, la chance, de pouvoir le lire, alors ne passez pas votre chemin et saisissez cette opportunité incroyable de vous sentir VIVANT.
Aller de l'avant, c'est aussi prendre des risques.
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. La première édition date de 2019. Il a été écrit, dessiné et encré par Vincent Vanoli, auteur de bande dessinée ayant commencé sa carrière en 1989, ayant déjà réalisé plus de 35 histoires complètes en 1 tome, dont la précédente est La Femme d'argile parue en 2018. Ce tome comprend 60 pages de bande dessinée en noir & blanc, avec des nuances de gris.
En 1853; en Russie, Simirniakov se lève et ouvre les rideaux de sa grande chambre au premier étage de sa riche demeure de propriétaire terrien. Il regarde les gens s'affairer en bas : étendre le linge, s'apprêter à aller travailler aux champs. Il part faire le tour de ses terres, sur son cheval Vladimir. Toujours en selle, il écoute les informations d'Oboïeski, celui qui administre son domaine : le risque de l'abolition du servage, la possibilité de l'anticiper en créant une forme de représentativité au sein des moujiks, les travaux de réparation de clôture à programmer. Simirniakov continue son chemin et croise des paysans qui lui disent qu'il faut construire une digue pour éviter les inondations. Ils se mettent à faire des mines pour se conformer à l'allure de moujiks que le propriétaire attend, et il demande à Kolia de faire son numéro de vol dans les airs (ce qu'il fait). Simirniakov promet de demander à Oboïeski de faire construire une digue et il poursuit son chemin. Le lendemain matin, Simirniakov s'est assis sur le bord de son lit et il observe l'extérieur à travers la fenêtre. Sa femme toque à la porte pour l'exhorter à se lever et à s'occuper de son domaine qui en a bien besoin, Oboïeski ne pouvant pas s'occuper de tout.
Simirniakov finit par sortir faire un tour à cheval et passer au milieu des champs où travaillent les moujiks, mais sans s'arrêter. Il rentre chez lui où il est attendu par son personnel de maison et sa femme, car il a des invités pour le repas. Au milieu des banalités échangées, sa femme lui rappelle que ses filles reviennent à la maison le lendemain, et qu'elle partira en voyage en Europe avec elles en septembre. Sitôt le repas terminé, son fils Nounourskine indique qu'il sort faire la fête ce soir même. Il sort sur le pas de la porte et appelle le cocher André pour qu'il amène le tarantass. Arrivé au village, Nounourskine demande à André d'aller chercher des tziganes pour qu'ils jouent de la musique, et il retrouve son ami Sarvoskine pour faire la fête dans une auberge, avec leurs potes. Déjà bien éméchés, ils décident de poursuivre leurs libations dans les bois. L'un d'entre eux trouve une bonne idée de mettre le feu à l'isba qu'ils viennent de quitter, ce que fait Nournourskine. Le lendemain, Siminiakov fait l'effort de se lever et d'aller jusqu'à son balcon. Il se fait héler par sa femme qui lui dit que son cheva Vladimir ne veut pas être attelé. Elle prend un autre cheval. Une fois prêt, Simirniakov sort et harnache Vladimir pour aller se promener jusqu'à la Cabane aux Corbeaux. Chemin faisant, ils discutent sur la langueur qui s'empare souvent de Simirniakov.
En choisissant cette bande dessinée, le lecteur ne sait pas trop à quel genre de récit s'attendre, si ce n'est qu'il sera raconté de manière très personnelle par l'auteur. Il comprend rapidement qu'il s'agit d'une sorte de roman mettant en scène un riche propriétaire terrien, et ses relations avec sa famille, ainsi que ses états d'âme sur son existence. En termes de narration personnelle, il est servi dès la première page. Sur le plan de l'histoire, Vincent Vanoli utilise les outils classiques du roman. En termes de narration visuelle, le lecteur est tout de suite frappé par les idiosyncrasies. Il voit que l'artiste a choisi un rendu global plutôt dense, qui peut aller jusqu'à donner une impression générale de fouillis par endroit. La première case est de la largeur de la page, et il n'y a quasiment aucune surface blanche, du fait de nuances de gris appliquées sur presque toutes le surfaces pour apporter une impression de texture aux murs, au sol et aux meubles. L'avantage est que la cellule de texte à fond blanc ressort bien. La quatrième case occupe plus d'un tiers de la page et comporte elle aussi de nombreuses informations visuelles : la façade de la demeure à étage où toutes les poutres sont dessinées avec leur nervure, les 2 femmes en train d'étendre le linge, et un groupe de 8 paysans avec 2 chevaux en train de se houspiller.
Le lecteur s'immerge donc dans un monde étrange. Les personnages sont affublés de nez difformes au-delà de toute plausibilité morphologique. Il suffit de regarder les nez pour s'en rendre compte. Celui de Simirniakov mesure bien 15 centimètres de long avec une extrémité enroulé comme un escargot. C'est le modèle arboré par la plupart des personnages. Le lecteur peut aussi trouver des nez bien droits dont la longueur ferait rougir Pinocchio, et des nez bien ronds empruntés à Obélix et compagnie. S'il se livre au même examen pour les visages, il découvre des formes possibles d'un point de vue morphologique, des ronds parfaits, des oreilles aussi grandes que la tête, des visages trop étroits au niveau de la mâchoire supérieure, des sourcils qui ressemblent parfois à des bouts de coton collés au-dessus des yeux, des implantations capillaires impossibles, des barbes défiant la gravité, des vêtements souvent informes (sorte de grande robe unisexe très évasée vers le bas). Le lecteur sent que le dessinateur s'amuse bien à donner une apparence incongrue à ses personnages, avec un degré d'investissement incroyable au vu du nombre de personnages qu'il dessine, étant tous différents.
Avec les deux premières scènes, le lecteur s'immerge dans une forme de conte : l'enjeu n'est pas une reconstitution historique visuellement authentique (même si l'année est précisée : 1853) et il y a quelques remarques qui introduisent des éléments anachroniques. Il s'agit donc plus d'un regard décalé sur l'histoire d'un riche propriétaire terrien lassé de jouer son rôle. L'auteur promène le lecteur dans différents endroits : la demeure de Simirniakov, les champs, un bar, les écuries, le monastère du starets, une gare, un quartier populaire urbain, une maison servant de salle de réunion pour l'agitateur. À chaque fois, l'artiste effectue des représentations minutieuses pas forcément exactes, bourrées de détails, et s'amuse même avec un effet fish-eye. Dans un entretien, Vincent Vanoli a indiqué qu'il s'était inspiré des tableaux de Pieter Brueghel l'Ancien (1529-1565) pour la composition de certaines pages. Un peu dérouté au départ, le lecteur s'adapte rapidement aux idiosyncrasies visuelles de la narration, et n'en fait qu'à sa guise : consacrant plus de temps à telle case ou telle page pour en apprécier les facéties visuelles, passant moins de temps sur d'autres trop accaparé par l'intrigue ou la comédie.
Vincent Vanoli introduit également des références littéraires explicites, un personnage nommant Ivan Tourgueniev (1818-1883), Anton Tchekov (1860-1904), Léon (Lev Nikolaïevitch) Tolstoï (19828-1910), immédiatement suivi par une touche de dérision : mon préféré Tostoïevski. De la même manière, l'auteur incorpore également des références à de vrais faits historiques comme la guerre de Crimée (1853-1856). Certains personnages font également référence à des événements pas encore survenus comme l'abolition du servage en Russie en 1861, ou encore la révolution russe en 1917. D'autres se mettent à fredonner des chansons des Beatles. Le lecteur comprend que l'intention de l'auteur est de composer une histoire à la manière d'un roman russe, tout en y incorporant une bonne dose d'absurde et des facéties tant visuelles que dialoguées, ramenant au principe d'un conte haut en couleurs, à la vraisemblance malmenée, mais à la logique interne rigoureuse. Effectivement, cette bande dessinée peut se lire comme un roman russe (ou une parodie de roman russe) : une riche famille, un père à l'âme tourmentée par une remise en question, des paysans sous le joug du servage, une épouse uniquement préoccupée par ses obligations sociales, un fils aîné uniquement préoccupé de jouir de la vie sans égard pour les conséquences de ses actes, trois filles dont la présence réchauffe le cœur du père… et un cheval qui parle pour permettre au père d'énoncer tout haut ses états d'âme et à l'auteur de rabrouer son personnage principal par la voix de son cheval.
Vincent Vanoli réalise également le portrait d'une société, ou d'un système économique avec un regard moqueur : le riche propriétaire qui souhaite se libérer du fardeau de diriger son exploitation, le régisseur qui qui fait son travail consciencieusement et pallie les manquements de son maître sans chercher à le supplanter, les moujiks conscients de la forme d'exploitation qu'ils subissent sans chercher à se révolter pour autant. Au travers de ces 3 positions sociales, l'auteur en profite pour évoquer l'âme russe, en tournant en dérision ce mélange de résignation et d'envie de changement. Vincent Vanoli ne s'en tient pas à une simple fable caustique sur un système social : à plusieurs reprises, il pousse la réflexion plus loin que le simple constat. Le lecteur se rend compte que l'évocation anachronique des bouleversements sociaux à venir fait ressortir avec force l'obsolescence du modèle en place, mais aussi le manque de discernement des protagonistes persuadés de l'immuabilité de ce modèle et de sa pérennité. Avec un regard pénétrant, Vanoli décortique aussi bien l'avantage pour les patrons de mettre en place la libre concurrence entre les individus qui s'écharpent entre eux pour des miettes plutôt que de s'unir contre les patrons, que la docilité et la tiédeur des ouvriers qui préfèrent la sécurité d'un système de classes éprouvé plutôt que l'incertitude de l'inconnu, l'arnaque sans nom de la théorie du ruissellement (passage très savoureux), le lyrisme romantique de Simirniakov à l'abri du besoin matériel, ou encore discrètement la religion en tant qu'opium du peuple, tout ça avec une verve sarcastique piquante, sans être cynique.
S'il connaît déjà cet auteur, le lecteur est assuré de découvrir une bande dessinée atypique, et ce n'est rien de le dire. Sous des dehors de roman russe, Vincent Vanoli effectue la description d'une société de manière facétieuse que ce soit par les dessins comprenant diverses exagérations et déformations tout en conservant la priorité à la narration visuelle, ou par l'usage d'anachronismes choisis avec soin pour leur capacité révélatrice. Le tout forme un récit cohérent et savoureux, drôle et critique, intelligent atypique.
Je ne connais la légende d'Ys que de très loin (en tout cas suffisamment pour reconnaître des points clés), mais je dois dire que cet album m'a vraiment plu.
Déjà, le dessin est beau. Il colle parfaitement au cadre celte du récit, le côté très "crayonné" donne un cachet à l'aspect "légende ancienne".
Ensuite, il y a l'histoire. Simple dans sa forme, complexe dans ses enjeux (comme le sont souvent les mythes et légendes). La séparation des sœurs, leur lien qui les unis malgré tout, ce père autrefois aimant qui se révèle cruel, un sordide secret, des pouvoirs et des contrats, le tout prenant rapidement des aspects de tragédie. L'histoire est prenante, la narration vive et agréable, les personnages plus complexes qu'il n'y paraît, …
C'est du bon, vraiment.
L'album était rangé au rayon enfants de ma bibliothèque, j'avoue que je conseillerais quand même la lecture à des pré-ados au minimum.
Après cela, évidemment, j'invite toute personne de tout âge à tenter la lecture.
(Note réelle 3,5)
Si vous cherchez dans cet album une profonde réflexion, passez votre chemin : ici, c'est un pur plaisir d'action.
Kali, c'est un album que l'on pourrait presque comparer à un film de série B (une BD de série B, ça se dit ?), le scénario n'est qu'un prétexte pour un enchaînement de scènes d'actions dantesques où l'on suit notre protagoniste dans sa mission de vengeance quasi-suicidaire. Tout ce que l'on sait d'elle à l'origine, c'est qu'elle s'est faite trahir par son ancien gang, a été laissée pour morte, et cherche aujourd'hui à tuer chacune de ses anciennes camarades. On apprendra bien deux petits détails sur son passé, dont un se voulant être un twist, mais j'insiste : le scénario n'est presque qu'un prétexte.
Bon, il y a tout de même un sous-texte, à savoir le besoin de liberté contre la sécurité qu'apportent les systèmes autoritaires en temps de crise, mais je maintiens que l'album cherche surtout à enchaîner les scènes d'actions dans des décors de fin du monde. Oui, j'ai oublié de le dire, ici c'est un peu la fin du monde. On l'oublierai presque avec toutes ces explosions et ces pétarades.
Le dessin, mêlant les personnages trop propres sur soi pour le cadre post-apocalyptique et les pétages de gueules et giclées de sang gratuit-e-s, colle parfaitement à l'ambiance série B dont je vous parlais plus haut. L'action est parfaitement fluide et lisible, la mise en scène est parfois assez cinématographique, vraiment le dessin rend la lecture très agréable.
Vraiment, du très bon dans son genre.
Je conseille surtout la lecture aux amateur-ice-s d'histoires à la Mad Max où au film d'actions bourrin mais joliment chorégraphiés.
Honnêtement, j'ai hésité à aller jusqu'à quatre étoiles car j'ai vraiment passé un bon moment, mais le petit twist de fin m'a semblé assez mal amené et m'a fait un chouïa baisser ma note. Un coup de cœur tout de même.
Comment elle gagne sa vie déjà ?
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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. La première parution date de 2019. Le récit a été écrit par François Vignolle et Julien Dumond, il a été dessiné, encré et mis en couleurs par Grégory Mardon. Cet ouvrage comprend 144 pages de bandes dessinées.
Au Raincy, dans la banlieue nord de Paris, Yanis Habbache est en train de réparer un faux contact dans le moteur d'une voiture stationnée dans la rue. Son fils sort de l'immeuble et lui suggère de laisser tomber, car il juge la voiture bonne pour la casse. Le 28 septembre 2016, un jet privé atterrit à l'aéroport du Bourget. Il en descend Kim Kardashian, accompagnée par Simone son amie styliste, et escortée par son garde du corps. Les photographes la mitraillent depuis l'autre côté du grillage. Bien installée sur la banquette arrière d'une limousine, Kim Kardashian commence à twitter pour informer ses fans : elle est arrivée à Paris, une ville si romantique. Rue de Bretagne dans le troisième arrondissement, Aomar Ait Kacem pénètre dans le café Le Paparazzi. Il parle affaires avec le barman. Ce dernier lui montre une vidéo sur son portable : Vitali Sediuk un ancien journaliste de la télé ukrainienne s'est approché de Kardashian plaçant sa tête à côté de son postérieur. Il a rapidement été maîtrisé par le garde du corps de Kardashian. Aomar Ait Kacem (dit Le Vieux) indique au barman qu'il ne lui reste plus qu'à convaincre un vieil ami et il pourra accomplir le coup : cueillir Cendrillon.
Le lendemain, Kim Kardashian participe au défilé Balmain à l'Hôtel Potocki. Elle y croise Carla Bruni. Les photographes n'arrêtent pas de la mitrailler. Son compte Twitter s'affole. Le dimanche 2 octobre 2016, Yanis Habbache remonte dans son appartement, et informe sa femme qu'il a fini le boulot sur la voiture : ça devrait lui rapporter 50 euros. On frappe à la porte : c'est Aomar Ait Kacem qui vient lui rendre visite. La femme de Yanis lui fait les gros yeux, pas contente de cette visite. Habbache vient lui proposer de participer à un gros coup. Aomar Ait Kacem lui indique qu'il va bientôt se faire opérer du cœur, et qu'il faut que ce soit un coup tranquille. Il en obtient l'assurance d'Habbache. Pendant la Fashion Week, Kim Kardashian est de tous les défilés, embrasant tous les réseaux sociaux : Twitter, Instagram, Snapchat. Enfin, le dimanche soir, elle va pouvoir passer une nuit tranquille, seule dans sa suite. À 02h10, trois clampins en blouson noir, avec un brassard Police et le visage masqué se présentent à la réception de l'hôtel No Adress, braquent le réceptionniste et se font ouvrir les portes.
En face ce de la première page de bande dessinée, les auteurs indiquent qu'ils ont eu accès au dossier de l'enquête judiciaire et qu'ils ont rencontré plusieurs protagonistes de l'affaire. Pour autant certaines scènes relèvent de la fiction. Les faits sont simples : le 03 octobre 2016, Kim Kardashian se fait braquer dans sa suite de l'hôtel Pourtalès (dans le huitième arrondissement) et est victime d'un vol de bijoux pour un montant d'environ 10 millions d'euros. Le 09 janvier 2017, la police arrête les auteurs présumés du vol qui devraient être jugés en 2020. Au fil du récit, le lecteur fait connaissance avec 2 des braqueurs (Yanis Habbache, Aomar Ait Kacem, dont les noms ont été changés du fait que le procès n'ait pas encore eu lieu). Il se retrouve aux côtés de Kim Kardashian quand elle descend de son jet privé, dans sa suite à l'hôtel, chez elle à Los Angeles. Il participe aux investigations des principaux inspecteurs de police, Anton Molko, Justine Paquej et Loïc Libra dont les noms ont également été changés. La lecture donne une impression de reportage, comme si les auteurs avaient pu être présents dans les moments clé, avec un choix de séquences et un montage intelligents, sans donner dans le sensationnalisme. Grégory Mardon réalise des planches en phase avec cette approche. Ses dessins se situent entre des instantanés pris sur le vif (la coiffure d'Anton Molko) et des représentations avec une bonne densité descriptive pour que le lecteur puisse voir chaque lieu (rue du Raincy, intérieur de l'hôtel Potocki, appartement modeste d'Aomar Ait Kacem, suite luxueuse de l'hôtel Pourtalès, bureaux de la Brigade de Répression du Banditisme (BRB), quartier de Créteil, rue du dix-neuvième arrondissement, cellule du centre de détention de Fresnes.
Les auteurs ont pris le parti d'effectuer une reconstitution naturaliste, sans exagération spectaculaire ou racoleuse. Les personnages ne sont pas représentés de manière romantique, ni embellis. Le lecteur peut voir les marques de l'âge sur les braqueurs. Grégory Mardon n'en rajoute pas sur la plastique de Kim Kardashian, simplifiant ses traits de visage, en marquant essentiellement ses grands yeux et ses lèvres charnues. Lors du braquage dans sa chambre, il ne la transforme pas en objet du désir même si elle ne porte qu'une robe de chambre, montrant plutôt sa vulnérabilité face aux voleurs qui eux -mêmes ne prêtent pas attention à son corps. Bien que le métier de cette personne soit de mettre en scène sa vie pour rentabiliser sa personne et son style de vie en tant que produit, elle apparaît comme un être humain, avec sa vulnérabilité, sans rien occulter de son mode de vie. Le talent de l'artiste va plus loin qu'humaniser une personne ayant un talent extraordinaire pour façonner son image, il sait faire exister sur le même plan, deux niveaux de vie séparés à l'extrême, de la banlieue ordinaire et banale, aux palaces des défilés de mode et aux fastes de la Fashion Week. Ainsi le récit est ancré dans le réel, sans misérabilisme pour le regard jeté sur les quartiers populaires, sans étoiles dans les yeux en regardant les signes ostentatoires de richesse, les paillettes et le luxe
Les coscénaristes ont construit leur récit sur la base de séquences qui se focalisent sur les faits : le lieu de vie d'Aomar Ait Kacem, les prises de contact de Yanis Habbache, l'arrivée de Kim Kardashian à Paris, le braquage et la fuite (20 pages), l'arrivée de la police, la déclaration de la victime, les différentes phases de l'enquête. Pourtant le lecteur ressent des émotions, perçoit que les auteurs ne se contentent pas d'être factuels. Il lui faut un peu de temps pour se rendre compte que ces émotions sont essentiellement générées par les dessins. En effet il perçoit la concentration du garde du corps dans son visage fermé et tendu, l'indifférence blasée de Yanis Habbache faisant affaire avec le barman (étrange qu'il puisse fumer dans un café), les sourires professionnels de façade des people aux défilés, l'hostilité de la compagne de Kacem en voyant arriver Habbache, la terreur de Kim Kardashian se retrouvant à la merci d'individus cagoulés et armés, le calme né de l'expérience d'Anton Molko quand il prend connaissance des faits. De temps à autre, Grégory Mardon accentue une expression de visage pour marquer l'intensité de l'émotion, par exemple quand Anton Molko se rend compte que tout le monde donne son avis sur le braquage, sur les réseaux sociaux (Karl Lagerfeld, Mathieu Kassovitz). Il s'agit donc d'une histoire incarnée, où interagissent des individus adultes habités par des convictions et des valeurs.
Le lecteur se demande bien quel parti pris vont adopter les auteurs pour raconter leur histoire : plutôt défense de la victime, ou plutôt Robin des Bois ? Voire moqueur en jouant sur le décalage sur la vie de célébrité de Kim Kardashian et le braquage effectué par des individus du troisième âge se déplaçant à bicyclette ? Bien sûr ce décalage est mis en scène : l'appartement modeste d'Aomar Ait Kacem contraste avec le luxe de la suite de Kim Kardashian, le déplacement à vélo avec gilet jaune est aux antipodes des déplacements en jet privé, les 50 euros de réparation à rapporter aux revenus de Kim Kardashian. Mais le récit ne vire pas à la dénonciation, à la critique sociale. Le style de vie de Kim Kardashian n'est montré comme enviable, ou comme un statut social à atteindre ; le style de vie de Kacem et Habbache n'est pas paré d'un vernis romantique, ni pointé du doigt. Kim Kardashian aspire à un moment de détente, à arrêter d'être en représentation pour une soirée ; les braqueurs ont déjà fait de la tôle, y passant plusieurs années de leur vie. Les auteurs ne se rangent donc ni du côté de Karl Lagerfeld réconfortant la star, ni de Mathieu Kassovitz voyant là un acte symbolique de revanche du peuple contre une profiteuse vaniteuse de la société du spectacle. Ils ne cherchent pas non plus à présenter une version originale ou différente de l'enquête, encore moins conspirationniste (ce braquage aurait été mis en scène comme tout le reste de la vie de Kim Kardashian…). Mais quand même…
Au travers de cette reconstitution un peu romancée, le lecteur touche du doigt le spectacle factice monté de toutes pièces de la vie de Kim Kardashian, une sorte de quart d'heure de célébrité prophétisé par Andy Warhol (1928-1987), étiré à l'échelle d'une vie dans une société du spectacle théorisée par Guy Debord (1931-1994). Il contemple l'inégalité de la répartition des richesses. Il assiste à l'efficacité de la police dans son enquête, sans diabolisation (pas de sous-entendu sur un outil d'oppression), sans non plus d'angélisme sur ce corps de métier. Dans le même temps, cette bande dessinée retrace un fait divers, sous l'angle d'un fait de société en faisant apparaître les différentes composantes, les différents angles de vue pour le considérer, rendant compte d'une réalité complexe, habitée par des êtres humains complexes et divers, où la vie d'une célébrité se mettant en scène croise celle de banlieusards du troisième âge.
François Vignolle, Julien Dumond et Grégory Mardon reconstituent le déroulement d'un fait divers sortant de l'ordinaire : le braquage d'une célébrité mondiale par un groupe de prolétaires âgés. Ils jouent le jeu du reportage objectif, trouvant le juste équilibre entre braqueurs et victimes, sans parti pris affiché pour les uns ou contre les autres. Le lecteur voit alors apparaître une radiographie partielle de la société sous un angle original et révélateur.
Purée ! Mais non !!??
La BD Boule à Zéro est taxée de racisme me dit-on !
C'est pas possible !!
1 -Une BD bienveillante et pleine de tendresse.
Ça c'est du racisme !
2 - De l'empathie et de l'émotion tout au long des albums.
Ça c'est du racisme !
3 - De l’humour et de l'espoir pour des enfants atteints de maladies graves.
Ça c'est du racisme !
4 - De l’humanisme, de la chaleur, de la générosité et du cœur.
Ça c'est du racisme !
5 - De la résilience et du courage face à la souffrance.
Ça c'est du racisme !
6 - Un dessin tout en rondeurs et des personnages attendrissants de toutes les couleurs -même verts - et de caractère bien affirmé.
Ah?! Un personnage est vert parce qu'il est malade ? Ouf ! J'ai cru à un moment que des petits hommes verts allaient eux aussi nous lancer une pétition.
Ça c'est du racisme !
7 - Des auteurs généreux et mobilisés à 1000% en faveur des enfants malades.
Ça c'est du racisme !
8 - Un éditeur engagé qui à offert des milliers d'exemplaires aux enfants hospitalisés.
Ça c'est du racisme !
Oui, c'est bon là... Stop On a compris !!
Bref quelles que soient les raisons pour lesquelles cette BD est raciste, et je ne doute pas qu'il en existe beaucoup d'autres que celles que je viens de mentionner, je continuerai à dévorer cette pépite qui fait œuvre d'Amour et de fraternité avec un CŒUR GROS COMME ÇA.
C'est en consultant le site que je me suis aperçu que seuls les deux premiers tomes étaient disponibles pour le moment. Je souhaite vraiment que Drakoo n'interrompe pas la série de Mara car j'ai trouvé bien du plaisir à cette lecture tout public. Dans un esprit de comédie type "SOS fantômes" avec un zest de Voldemort, l'autrice délivre un scénario bien ficelé et très tonique. Les personnages principaux sont très attachants bien que très classiques. L'adjonction de l'aviatrice Mary Pickett presque en hommage à l'aviatrice pionnière Bessie Coleman héroïne de Black Squaw est très sympathique. Cela permet d'introduire la thématique du racisme de façon soft mais réelle. J'ai lu les deux tomes avec plaisir même si, ça et là on peut chicaner sur quelques détails de facilité.
Graphiquement j'aime bien les deux couvertures proposées par l'éditeur. Le dessin fait un peu dessin animé mais reste agréable. On se situe toujours dans un registre comique assez jeunesse même pour des scènes avec des morts. A l'image du scénario c'est vif et très expressif.
La mise en couleur (avec Morgane Bride et Violette Nouvel) propose une belle variété de tons pour coller au différentes ambiances.
J'espère une suite dans pas trop longtemps.
Je me permets une "petite" MAJ après la lecture d'un excellent T3. Mara y complexifie la personnalité de ses personnages dans un récit flashback à deux voix. C'est très bien huilé et cette double vision donne beaucoup de sel à la narration. On glisse doucement d'un "tout public" à un "Youg Adult" comme le précise la quatrième. En effet Mara introduit des thématiques et des dialogues qui peuvent être moins accessibles à un jeune public. Le fort rebondissement du tome introduit plusieurs nouveaux sujets comme l'être et le paraître, l'homosexualité, les effets pervers d'une découverte scientifique. En effet ce T3 flashback met le personnage d'Anya au centre du récit avec une culture scientifique qui rappelle celle de Marie Curie. Mara équilibre ainsi son récit entre le fantastique/spiritisme (très en vogue à l'époque) et le réalisme historique de la découverte de l'uranium ( porteuse de grands espoirs à cette même époque).
C'est très intelligemment construit et donne un récit qui m'a enthousiasmé. Pour le reste nous sommes dans la continuité graphique des deux premiers tomes avec une très très belle couverture. Une série qui a vraiment de "la gueule" dans la forme et le fond.
Si le T4 est de la même force je n'hésiterai pas à monter ma note au max.
Je connaissais le Zidrou humoriste, policier, fantastique voire historique ou presque gore (Marina) et même au centre d'une polémique de stéréotype raciste, mais je n'avais pas encore rencontré le Zidrou poète. C'est chose faite avec cette série qui m'a vraiment beaucoup plu. Les auteurs nous proposent un véritable poème (romantique) d'amour chargé d'une belle émotion. Sa construction est assez étonnante. J'ai emprunté ce volume dans la section jeunesse et effectivement cela débute sur un mode d'illustrations d'un conte pour enfants sur un sujet que je ne connaissais pas: la poste maritime. Cette accroche m'a tout de suite intéressé d'autant qu'elle introduit la thématique principale sur l'amour de la mer et l'amour de son métier. Comme ce poème est aussi conte, le fantastique a droit de cité dans la rencontre avec une baleine vieille comme la terre et la culture humaine. Puis le réalisme reprend ses droits avec un amour à sa belle et quelques planches surprenantes si on les imagine entre les mains de jeunes enfants. Malheureusement même par une belle nuit de mai, les chants les plus beaux … Zidrou se fait alors porteur de la poésie Romantique où la souffrance ( d'un accouchement par césarienne ?) est moteur de la création la plus belle.
Il serait injuste de réduire cette œuvre au travail de Zidrou tellement le graphisme de Judith Vanistendael apporte à la série. Ses peintures sont à la fois belles et touchantes. Judith propose un équilibre subtil entre l'illustration posée et le dynamisme des cases BD. C'est une succession de temps forts et de temps faibles qui nous conduit à travers la houle et le danger de vivre toujours présents.
Une œuvre surprise bien plus riche qu'il n'y paraît et à découvrir. J'ai été complétement sous le charme.
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La Terre verte
Rencontre aux sommets entre deux éminents artistes du Neuvième art, Alain Ayroles génial scénariste qui accumule les succès critiques et publics (Garulfo, De Cape et de Crocs, etc...) et Hervé Tanquerelle dessinateur classique aux style et traits facilement identifiables, le monsieur possède d'ailleurs lui aussi une bibliographie bien fournie et jalonnée de multiples pépites (Racontars Arctiques, Le Dernier Atlas). Tout comme pour Les Indes fourbes, avec la formation d'un tel duo, les auteurs se savent attendus, le récit est ambitieux et s'étale sur plus de 250 pages. A trop vouloir en faire, en mettre, va-t-on sombrer dans la grandiloquence et le pompeux ? Alors, quid du résultat ? Eh bien, autant le dire d'entrée, et vous l'aurez vu à ma note plus haut, l'éléphant a accouché d'une ......baleine…..Et à bosse* qui plus est ! (*clin d'oeil au personnage principal!) Véritable pièce de théâtre déclinée en Bande Dessinée, "Shakespearienne" dans l'âme, cette tragédie haletante et sans fausses notes comble les attentes et rempli les attendus d'un tel exercice. Proposant donc une structure théâtrale, un découpage en cinq actes et multiples scènes, le séquençage qui en découle est de ce fait ultra rythmé et sans réel temps mort, on lit (avale) le livre avec gourmandise. D'autres codes sont empruntés avec réussite tel l’aparté quand le personnage principal Richard s’adresse directement aux lecteurs. Cette grande fresque nous conte l'histoire d'un personnage comme je les aime : Ambigus, retors, antipathique mais également parfois touchant et attachant, particulièrement révélé à travers ses multiples faiblesses dont la principale et plus évidente, son handicap physique. En parfait contrepoint d'un personnage aussi complexe et charismatique, le récit, d'une grande richesse, fourmille de formidables personnages secondaires très travaillés et tout aussi intéressants et subtils. L'écriture d'Ayroles, aussi bien dans le descriptif que dans les dialogues est de concert avec l'ambition et le propos, finement ciselé, parfaite. Le verbe, tout en équilibre et justesse, sonne fort et beau. Le scénario et l'écriture qui va avec à eux seuls auraient suffît à en faire une très grande BD mais ils sont soutenus par un dessin très détaillé, sublime et admirable tout au long des 250 pages sans signe d'essoufflement qui la transforme derechef en immense BD. Le trait de Tanquerelle est je trouve d'ailleurs, tout en gardant sa griffe, plus grand public que précédemment, me rappelant par moment Matthieu Bonhomme. Même pas besoin de mentionner que c'est un gigantesque coup de coeur. Ce sera difficile de faire mieux en 2025, la barre est placée très (trop!) haut. Lu dans sa version Noir Et Blanc, hâtez vous de vous la procurer s'il en reste en magasin, sinon, faites comme moi et ruez vous sur la version couleur disponible début Avril (Du peu entrevue des pages disponibles sur le net, le travail de colorisation semble remarquable !). Paul le Poulpe voit l'avenir, vous ne le regretterez pas (et paf, le prochain posteur mettra une étoile !). A peine sortie et déjà UN CLASSIQUE.
Blacksad
"Blacksad" m'aura fait de l'œil pendant très longtemps . Et s'il est sûr d'une chose, c'est que je ne regrette pas du tout d'avoir succombé à son charme. Quelle claque j'ai reçue. Il se dégage de ces polars comme une odeur des années 50-60, des clubs de jazz enfumés de NY ou de La Nouvelle Orleans. Outre des dessins magnifiques, j'ai trouvé le choix des animaux très pertinent avec une réelle corrélation entre leur caractère et leur fonction. Pour moi il s'agit clairement de la série anthropomorphiste la plus "réaliste" que j'ai pu lire. John Blacksad me fait penser à Stacy Keach dans la série TV Mike Hammer pour ceux qui connaissent (faut bien avoir 40-45 ans minimum ). Je trouve que c'est la même atmosphère qui s'en dégage. Si on devait relever un point négatif cela serait dans le dénouement des enquêtes qui peut être un peu trop rapide. Cette série à été ,à juste titre, récompensée de nombreuses fois et devrait figurer en bonne place dans toute bibliothèque qui se respecte.
Je suis au-delà de la mort !
Jean, 32 ans, est chanteur dans un groupe de rock. Après une petite tournée, ils doivent partir enregistrer leur tout premier album aux Etats-Unis. Pour Jean, le rêve de sa vie est sur le point de se réaliser. Malheureusement pour lui, la vie a choisi pour lui un tout autre chemin... "Je suis au-delà de la mort !" c'est certes l'histoire d'un combat, d'une colère mais c'est aussi et surtout une histoire d'amitié, d'ouverture aux autres et de nouveaux rêves à accomplir. Je suis au-delà de la mort : qu'est ce que je peux trouver ces mots puissants. Ils provoquent chez moi une résonnance particulière. J'aurais aimé les entendre, j'espère n'avoir jamais à les dire. Je suis au-delà de la mort : qu'est ce que ces mots respirent la vie. Le graphisme à la Mario, souligné par Jeïrhk, apporte une touche de légèreté. Il tranche magnifiquement bien avec la dureté du thème et évite du coup cette chappe de plomb qui viendrait gâcher la lecture. Moi j'ai versé ma larme quand ma compagne a elle littéralement fondu en larmes. Vous aurez donc compris que cet ouvrage m'a (nous a) particulièrement marqué, touché. Aussi si un jour par hasard vous avez la possibilité, la chance, de pouvoir le lire, alors ne passez pas votre chemin et saisissez cette opportunité incroyable de vous sentir VIVANT.
Simirniakov
Aller de l'avant, c'est aussi prendre des risques. - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. La première édition date de 2019. Il a été écrit, dessiné et encré par Vincent Vanoli, auteur de bande dessinée ayant commencé sa carrière en 1989, ayant déjà réalisé plus de 35 histoires complètes en 1 tome, dont la précédente est La Femme d'argile parue en 2018. Ce tome comprend 60 pages de bande dessinée en noir & blanc, avec des nuances de gris. En 1853; en Russie, Simirniakov se lève et ouvre les rideaux de sa grande chambre au premier étage de sa riche demeure de propriétaire terrien. Il regarde les gens s'affairer en bas : étendre le linge, s'apprêter à aller travailler aux champs. Il part faire le tour de ses terres, sur son cheval Vladimir. Toujours en selle, il écoute les informations d'Oboïeski, celui qui administre son domaine : le risque de l'abolition du servage, la possibilité de l'anticiper en créant une forme de représentativité au sein des moujiks, les travaux de réparation de clôture à programmer. Simirniakov continue son chemin et croise des paysans qui lui disent qu'il faut construire une digue pour éviter les inondations. Ils se mettent à faire des mines pour se conformer à l'allure de moujiks que le propriétaire attend, et il demande à Kolia de faire son numéro de vol dans les airs (ce qu'il fait). Simirniakov promet de demander à Oboïeski de faire construire une digue et il poursuit son chemin. Le lendemain matin, Simirniakov s'est assis sur le bord de son lit et il observe l'extérieur à travers la fenêtre. Sa femme toque à la porte pour l'exhorter à se lever et à s'occuper de son domaine qui en a bien besoin, Oboïeski ne pouvant pas s'occuper de tout. Simirniakov finit par sortir faire un tour à cheval et passer au milieu des champs où travaillent les moujiks, mais sans s'arrêter. Il rentre chez lui où il est attendu par son personnel de maison et sa femme, car il a des invités pour le repas. Au milieu des banalités échangées, sa femme lui rappelle que ses filles reviennent à la maison le lendemain, et qu'elle partira en voyage en Europe avec elles en septembre. Sitôt le repas terminé, son fils Nounourskine indique qu'il sort faire la fête ce soir même. Il sort sur le pas de la porte et appelle le cocher André pour qu'il amène le tarantass. Arrivé au village, Nounourskine demande à André d'aller chercher des tziganes pour qu'ils jouent de la musique, et il retrouve son ami Sarvoskine pour faire la fête dans une auberge, avec leurs potes. Déjà bien éméchés, ils décident de poursuivre leurs libations dans les bois. L'un d'entre eux trouve une bonne idée de mettre le feu à l'isba qu'ils viennent de quitter, ce que fait Nournourskine. Le lendemain, Siminiakov fait l'effort de se lever et d'aller jusqu'à son balcon. Il se fait héler par sa femme qui lui dit que son cheva Vladimir ne veut pas être attelé. Elle prend un autre cheval. Une fois prêt, Simirniakov sort et harnache Vladimir pour aller se promener jusqu'à la Cabane aux Corbeaux. Chemin faisant, ils discutent sur la langueur qui s'empare souvent de Simirniakov. En choisissant cette bande dessinée, le lecteur ne sait pas trop à quel genre de récit s'attendre, si ce n'est qu'il sera raconté de manière très personnelle par l'auteur. Il comprend rapidement qu'il s'agit d'une sorte de roman mettant en scène un riche propriétaire terrien, et ses relations avec sa famille, ainsi que ses états d'âme sur son existence. En termes de narration personnelle, il est servi dès la première page. Sur le plan de l'histoire, Vincent Vanoli utilise les outils classiques du roman. En termes de narration visuelle, le lecteur est tout de suite frappé par les idiosyncrasies. Il voit que l'artiste a choisi un rendu global plutôt dense, qui peut aller jusqu'à donner une impression générale de fouillis par endroit. La première case est de la largeur de la page, et il n'y a quasiment aucune surface blanche, du fait de nuances de gris appliquées sur presque toutes le surfaces pour apporter une impression de texture aux murs, au sol et aux meubles. L'avantage est que la cellule de texte à fond blanc ressort bien. La quatrième case occupe plus d'un tiers de la page et comporte elle aussi de nombreuses informations visuelles : la façade de la demeure à étage où toutes les poutres sont dessinées avec leur nervure, les 2 femmes en train d'étendre le linge, et un groupe de 8 paysans avec 2 chevaux en train de se houspiller. Le lecteur s'immerge donc dans un monde étrange. Les personnages sont affublés de nez difformes au-delà de toute plausibilité morphologique. Il suffit de regarder les nez pour s'en rendre compte. Celui de Simirniakov mesure bien 15 centimètres de long avec une extrémité enroulé comme un escargot. C'est le modèle arboré par la plupart des personnages. Le lecteur peut aussi trouver des nez bien droits dont la longueur ferait rougir Pinocchio, et des nez bien ronds empruntés à Obélix et compagnie. S'il se livre au même examen pour les visages, il découvre des formes possibles d'un point de vue morphologique, des ronds parfaits, des oreilles aussi grandes que la tête, des visages trop étroits au niveau de la mâchoire supérieure, des sourcils qui ressemblent parfois à des bouts de coton collés au-dessus des yeux, des implantations capillaires impossibles, des barbes défiant la gravité, des vêtements souvent informes (sorte de grande robe unisexe très évasée vers le bas). Le lecteur sent que le dessinateur s'amuse bien à donner une apparence incongrue à ses personnages, avec un degré d'investissement incroyable au vu du nombre de personnages qu'il dessine, étant tous différents. Avec les deux premières scènes, le lecteur s'immerge dans une forme de conte : l'enjeu n'est pas une reconstitution historique visuellement authentique (même si l'année est précisée : 1853) et il y a quelques remarques qui introduisent des éléments anachroniques. Il s'agit donc plus d'un regard décalé sur l'histoire d'un riche propriétaire terrien lassé de jouer son rôle. L'auteur promène le lecteur dans différents endroits : la demeure de Simirniakov, les champs, un bar, les écuries, le monastère du starets, une gare, un quartier populaire urbain, une maison servant de salle de réunion pour l'agitateur. À chaque fois, l'artiste effectue des représentations minutieuses pas forcément exactes, bourrées de détails, et s'amuse même avec un effet fish-eye. Dans un entretien, Vincent Vanoli a indiqué qu'il s'était inspiré des tableaux de Pieter Brueghel l'Ancien (1529-1565) pour la composition de certaines pages. Un peu dérouté au départ, le lecteur s'adapte rapidement aux idiosyncrasies visuelles de la narration, et n'en fait qu'à sa guise : consacrant plus de temps à telle case ou telle page pour en apprécier les facéties visuelles, passant moins de temps sur d'autres trop accaparé par l'intrigue ou la comédie. Vincent Vanoli introduit également des références littéraires explicites, un personnage nommant Ivan Tourgueniev (1818-1883), Anton Tchekov (1860-1904), Léon (Lev Nikolaïevitch) Tolstoï (19828-1910), immédiatement suivi par une touche de dérision : mon préféré Tostoïevski. De la même manière, l'auteur incorpore également des références à de vrais faits historiques comme la guerre de Crimée (1853-1856). Certains personnages font également référence à des événements pas encore survenus comme l'abolition du servage en Russie en 1861, ou encore la révolution russe en 1917. D'autres se mettent à fredonner des chansons des Beatles. Le lecteur comprend que l'intention de l'auteur est de composer une histoire à la manière d'un roman russe, tout en y incorporant une bonne dose d'absurde et des facéties tant visuelles que dialoguées, ramenant au principe d'un conte haut en couleurs, à la vraisemblance malmenée, mais à la logique interne rigoureuse. Effectivement, cette bande dessinée peut se lire comme un roman russe (ou une parodie de roman russe) : une riche famille, un père à l'âme tourmentée par une remise en question, des paysans sous le joug du servage, une épouse uniquement préoccupée par ses obligations sociales, un fils aîné uniquement préoccupé de jouir de la vie sans égard pour les conséquences de ses actes, trois filles dont la présence réchauffe le cœur du père… et un cheval qui parle pour permettre au père d'énoncer tout haut ses états d'âme et à l'auteur de rabrouer son personnage principal par la voix de son cheval. Vincent Vanoli réalise également le portrait d'une société, ou d'un système économique avec un regard moqueur : le riche propriétaire qui souhaite se libérer du fardeau de diriger son exploitation, le régisseur qui qui fait son travail consciencieusement et pallie les manquements de son maître sans chercher à le supplanter, les moujiks conscients de la forme d'exploitation qu'ils subissent sans chercher à se révolter pour autant. Au travers de ces 3 positions sociales, l'auteur en profite pour évoquer l'âme russe, en tournant en dérision ce mélange de résignation et d'envie de changement. Vincent Vanoli ne s'en tient pas à une simple fable caustique sur un système social : à plusieurs reprises, il pousse la réflexion plus loin que le simple constat. Le lecteur se rend compte que l'évocation anachronique des bouleversements sociaux à venir fait ressortir avec force l'obsolescence du modèle en place, mais aussi le manque de discernement des protagonistes persuadés de l'immuabilité de ce modèle et de sa pérennité. Avec un regard pénétrant, Vanoli décortique aussi bien l'avantage pour les patrons de mettre en place la libre concurrence entre les individus qui s'écharpent entre eux pour des miettes plutôt que de s'unir contre les patrons, que la docilité et la tiédeur des ouvriers qui préfèrent la sécurité d'un système de classes éprouvé plutôt que l'incertitude de l'inconnu, l'arnaque sans nom de la théorie du ruissellement (passage très savoureux), le lyrisme romantique de Simirniakov à l'abri du besoin matériel, ou encore discrètement la religion en tant qu'opium du peuple, tout ça avec une verve sarcastique piquante, sans être cynique. S'il connaît déjà cet auteur, le lecteur est assuré de découvrir une bande dessinée atypique, et ce n'est rien de le dire. Sous des dehors de roman russe, Vincent Vanoli effectue la description d'une société de manière facétieuse que ce soit par les dessins comprenant diverses exagérations et déformations tout en conservant la priorité à la narration visuelle, ou par l'usage d'anachronismes choisis avec soin pour leur capacité révélatrice. Le tout forme un récit cohérent et savoureux, drôle et critique, intelligent atypique.
Soeurs d'Ys - La malédiction du royaume englouti
Je ne connais la légende d'Ys que de très loin (en tout cas suffisamment pour reconnaître des points clés), mais je dois dire que cet album m'a vraiment plu. Déjà, le dessin est beau. Il colle parfaitement au cadre celte du récit, le côté très "crayonné" donne un cachet à l'aspect "légende ancienne". Ensuite, il y a l'histoire. Simple dans sa forme, complexe dans ses enjeux (comme le sont souvent les mythes et légendes). La séparation des sœurs, leur lien qui les unis malgré tout, ce père autrefois aimant qui se révèle cruel, un sordide secret, des pouvoirs et des contrats, le tout prenant rapidement des aspects de tragédie. L'histoire est prenante, la narration vive et agréable, les personnages plus complexes qu'il n'y paraît, … C'est du bon, vraiment. L'album était rangé au rayon enfants de ma bibliothèque, j'avoue que je conseillerais quand même la lecture à des pré-ados au minimum. Après cela, évidemment, j'invite toute personne de tout âge à tenter la lecture. (Note réelle 3,5)
Kali
Si vous cherchez dans cet album une profonde réflexion, passez votre chemin : ici, c'est un pur plaisir d'action. Kali, c'est un album que l'on pourrait presque comparer à un film de série B (une BD de série B, ça se dit ?), le scénario n'est qu'un prétexte pour un enchaînement de scènes d'actions dantesques où l'on suit notre protagoniste dans sa mission de vengeance quasi-suicidaire. Tout ce que l'on sait d'elle à l'origine, c'est qu'elle s'est faite trahir par son ancien gang, a été laissée pour morte, et cherche aujourd'hui à tuer chacune de ses anciennes camarades. On apprendra bien deux petits détails sur son passé, dont un se voulant être un twist, mais j'insiste : le scénario n'est presque qu'un prétexte. Bon, il y a tout de même un sous-texte, à savoir le besoin de liberté contre la sécurité qu'apportent les systèmes autoritaires en temps de crise, mais je maintiens que l'album cherche surtout à enchaîner les scènes d'actions dans des décors de fin du monde. Oui, j'ai oublié de le dire, ici c'est un peu la fin du monde. On l'oublierai presque avec toutes ces explosions et ces pétarades. Le dessin, mêlant les personnages trop propres sur soi pour le cadre post-apocalyptique et les pétages de gueules et giclées de sang gratuit-e-s, colle parfaitement à l'ambiance série B dont je vous parlais plus haut. L'action est parfaitement fluide et lisible, la mise en scène est parfois assez cinématographique, vraiment le dessin rend la lecture très agréable. Vraiment, du très bon dans son genre. Je conseille surtout la lecture aux amateur-ice-s d'histoires à la Mad Max où au film d'actions bourrin mais joliment chorégraphiés. Honnêtement, j'ai hésité à aller jusqu'à quatre étoiles car j'ai vraiment passé un bon moment, mais le petit twist de fin m'a semblé assez mal amené et m'a fait un chouïa baisser ma note. Un coup de cœur tout de même.
Les Bijoux de la Kardashian
Comment elle gagne sa vie déjà ? - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. La première parution date de 2019. Le récit a été écrit par François Vignolle et Julien Dumond, il a été dessiné, encré et mis en couleurs par Grégory Mardon. Cet ouvrage comprend 144 pages de bandes dessinées. Au Raincy, dans la banlieue nord de Paris, Yanis Habbache est en train de réparer un faux contact dans le moteur d'une voiture stationnée dans la rue. Son fils sort de l'immeuble et lui suggère de laisser tomber, car il juge la voiture bonne pour la casse. Le 28 septembre 2016, un jet privé atterrit à l'aéroport du Bourget. Il en descend Kim Kardashian, accompagnée par Simone son amie styliste, et escortée par son garde du corps. Les photographes la mitraillent depuis l'autre côté du grillage. Bien installée sur la banquette arrière d'une limousine, Kim Kardashian commence à twitter pour informer ses fans : elle est arrivée à Paris, une ville si romantique. Rue de Bretagne dans le troisième arrondissement, Aomar Ait Kacem pénètre dans le café Le Paparazzi. Il parle affaires avec le barman. Ce dernier lui montre une vidéo sur son portable : Vitali Sediuk un ancien journaliste de la télé ukrainienne s'est approché de Kardashian plaçant sa tête à côté de son postérieur. Il a rapidement été maîtrisé par le garde du corps de Kardashian. Aomar Ait Kacem (dit Le Vieux) indique au barman qu'il ne lui reste plus qu'à convaincre un vieil ami et il pourra accomplir le coup : cueillir Cendrillon. Le lendemain, Kim Kardashian participe au défilé Balmain à l'Hôtel Potocki. Elle y croise Carla Bruni. Les photographes n'arrêtent pas de la mitrailler. Son compte Twitter s'affole. Le dimanche 2 octobre 2016, Yanis Habbache remonte dans son appartement, et informe sa femme qu'il a fini le boulot sur la voiture : ça devrait lui rapporter 50 euros. On frappe à la porte : c'est Aomar Ait Kacem qui vient lui rendre visite. La femme de Yanis lui fait les gros yeux, pas contente de cette visite. Habbache vient lui proposer de participer à un gros coup. Aomar Ait Kacem lui indique qu'il va bientôt se faire opérer du cœur, et qu'il faut que ce soit un coup tranquille. Il en obtient l'assurance d'Habbache. Pendant la Fashion Week, Kim Kardashian est de tous les défilés, embrasant tous les réseaux sociaux : Twitter, Instagram, Snapchat. Enfin, le dimanche soir, elle va pouvoir passer une nuit tranquille, seule dans sa suite. À 02h10, trois clampins en blouson noir, avec un brassard Police et le visage masqué se présentent à la réception de l'hôtel No Adress, braquent le réceptionniste et se font ouvrir les portes. En face ce de la première page de bande dessinée, les auteurs indiquent qu'ils ont eu accès au dossier de l'enquête judiciaire et qu'ils ont rencontré plusieurs protagonistes de l'affaire. Pour autant certaines scènes relèvent de la fiction. Les faits sont simples : le 03 octobre 2016, Kim Kardashian se fait braquer dans sa suite de l'hôtel Pourtalès (dans le huitième arrondissement) et est victime d'un vol de bijoux pour un montant d'environ 10 millions d'euros. Le 09 janvier 2017, la police arrête les auteurs présumés du vol qui devraient être jugés en 2020. Au fil du récit, le lecteur fait connaissance avec 2 des braqueurs (Yanis Habbache, Aomar Ait Kacem, dont les noms ont été changés du fait que le procès n'ait pas encore eu lieu). Il se retrouve aux côtés de Kim Kardashian quand elle descend de son jet privé, dans sa suite à l'hôtel, chez elle à Los Angeles. Il participe aux investigations des principaux inspecteurs de police, Anton Molko, Justine Paquej et Loïc Libra dont les noms ont également été changés. La lecture donne une impression de reportage, comme si les auteurs avaient pu être présents dans les moments clé, avec un choix de séquences et un montage intelligents, sans donner dans le sensationnalisme. Grégory Mardon réalise des planches en phase avec cette approche. Ses dessins se situent entre des instantanés pris sur le vif (la coiffure d'Anton Molko) et des représentations avec une bonne densité descriptive pour que le lecteur puisse voir chaque lieu (rue du Raincy, intérieur de l'hôtel Potocki, appartement modeste d'Aomar Ait Kacem, suite luxueuse de l'hôtel Pourtalès, bureaux de la Brigade de Répression du Banditisme (BRB), quartier de Créteil, rue du dix-neuvième arrondissement, cellule du centre de détention de Fresnes. Les auteurs ont pris le parti d'effectuer une reconstitution naturaliste, sans exagération spectaculaire ou racoleuse. Les personnages ne sont pas représentés de manière romantique, ni embellis. Le lecteur peut voir les marques de l'âge sur les braqueurs. Grégory Mardon n'en rajoute pas sur la plastique de Kim Kardashian, simplifiant ses traits de visage, en marquant essentiellement ses grands yeux et ses lèvres charnues. Lors du braquage dans sa chambre, il ne la transforme pas en objet du désir même si elle ne porte qu'une robe de chambre, montrant plutôt sa vulnérabilité face aux voleurs qui eux -mêmes ne prêtent pas attention à son corps. Bien que le métier de cette personne soit de mettre en scène sa vie pour rentabiliser sa personne et son style de vie en tant que produit, elle apparaît comme un être humain, avec sa vulnérabilité, sans rien occulter de son mode de vie. Le talent de l'artiste va plus loin qu'humaniser une personne ayant un talent extraordinaire pour façonner son image, il sait faire exister sur le même plan, deux niveaux de vie séparés à l'extrême, de la banlieue ordinaire et banale, aux palaces des défilés de mode et aux fastes de la Fashion Week. Ainsi le récit est ancré dans le réel, sans misérabilisme pour le regard jeté sur les quartiers populaires, sans étoiles dans les yeux en regardant les signes ostentatoires de richesse, les paillettes et le luxe Les coscénaristes ont construit leur récit sur la base de séquences qui se focalisent sur les faits : le lieu de vie d'Aomar Ait Kacem, les prises de contact de Yanis Habbache, l'arrivée de Kim Kardashian à Paris, le braquage et la fuite (20 pages), l'arrivée de la police, la déclaration de la victime, les différentes phases de l'enquête. Pourtant le lecteur ressent des émotions, perçoit que les auteurs ne se contentent pas d'être factuels. Il lui faut un peu de temps pour se rendre compte que ces émotions sont essentiellement générées par les dessins. En effet il perçoit la concentration du garde du corps dans son visage fermé et tendu, l'indifférence blasée de Yanis Habbache faisant affaire avec le barman (étrange qu'il puisse fumer dans un café), les sourires professionnels de façade des people aux défilés, l'hostilité de la compagne de Kacem en voyant arriver Habbache, la terreur de Kim Kardashian se retrouvant à la merci d'individus cagoulés et armés, le calme né de l'expérience d'Anton Molko quand il prend connaissance des faits. De temps à autre, Grégory Mardon accentue une expression de visage pour marquer l'intensité de l'émotion, par exemple quand Anton Molko se rend compte que tout le monde donne son avis sur le braquage, sur les réseaux sociaux (Karl Lagerfeld, Mathieu Kassovitz). Il s'agit donc d'une histoire incarnée, où interagissent des individus adultes habités par des convictions et des valeurs. Le lecteur se demande bien quel parti pris vont adopter les auteurs pour raconter leur histoire : plutôt défense de la victime, ou plutôt Robin des Bois ? Voire moqueur en jouant sur le décalage sur la vie de célébrité de Kim Kardashian et le braquage effectué par des individus du troisième âge se déplaçant à bicyclette ? Bien sûr ce décalage est mis en scène : l'appartement modeste d'Aomar Ait Kacem contraste avec le luxe de la suite de Kim Kardashian, le déplacement à vélo avec gilet jaune est aux antipodes des déplacements en jet privé, les 50 euros de réparation à rapporter aux revenus de Kim Kardashian. Mais le récit ne vire pas à la dénonciation, à la critique sociale. Le style de vie de Kim Kardashian n'est montré comme enviable, ou comme un statut social à atteindre ; le style de vie de Kacem et Habbache n'est pas paré d'un vernis romantique, ni pointé du doigt. Kim Kardashian aspire à un moment de détente, à arrêter d'être en représentation pour une soirée ; les braqueurs ont déjà fait de la tôle, y passant plusieurs années de leur vie. Les auteurs ne se rangent donc ni du côté de Karl Lagerfeld réconfortant la star, ni de Mathieu Kassovitz voyant là un acte symbolique de revanche du peuple contre une profiteuse vaniteuse de la société du spectacle. Ils ne cherchent pas non plus à présenter une version originale ou différente de l'enquête, encore moins conspirationniste (ce braquage aurait été mis en scène comme tout le reste de la vie de Kim Kardashian…). Mais quand même… Au travers de cette reconstitution un peu romancée, le lecteur touche du doigt le spectacle factice monté de toutes pièces de la vie de Kim Kardashian, une sorte de quart d'heure de célébrité prophétisé par Andy Warhol (1928-1987), étiré à l'échelle d'une vie dans une société du spectacle théorisée par Guy Debord (1931-1994). Il contemple l'inégalité de la répartition des richesses. Il assiste à l'efficacité de la police dans son enquête, sans diabolisation (pas de sous-entendu sur un outil d'oppression), sans non plus d'angélisme sur ce corps de métier. Dans le même temps, cette bande dessinée retrace un fait divers, sous l'angle d'un fait de société en faisant apparaître les différentes composantes, les différents angles de vue pour le considérer, rendant compte d'une réalité complexe, habitée par des êtres humains complexes et divers, où la vie d'une célébrité se mettant en scène croise celle de banlieusards du troisième âge. François Vignolle, Julien Dumond et Grégory Mardon reconstituent le déroulement d'un fait divers sortant de l'ordinaire : le braquage d'une célébrité mondiale par un groupe de prolétaires âgés. Ils jouent le jeu du reportage objectif, trouvant le juste équilibre entre braqueurs et victimes, sans parti pris affiché pour les uns ou contre les autres. Le lecteur voit alors apparaître une radiographie partielle de la société sous un angle original et révélateur.
Boule à zéro
Purée ! Mais non !!?? La BD Boule à Zéro est taxée de racisme me dit-on ! C'est pas possible !! 1 -Une BD bienveillante et pleine de tendresse. Ça c'est du racisme ! 2 - De l'empathie et de l'émotion tout au long des albums. Ça c'est du racisme ! 3 - De l’humour et de l'espoir pour des enfants atteints de maladies graves. Ça c'est du racisme ! 4 - De l’humanisme, de la chaleur, de la générosité et du cœur. Ça c'est du racisme ! 5 - De la résilience et du courage face à la souffrance. Ça c'est du racisme ! 6 - Un dessin tout en rondeurs et des personnages attendrissants de toutes les couleurs -même verts - et de caractère bien affirmé. Ah?! Un personnage est vert parce qu'il est malade ? Ouf ! J'ai cru à un moment que des petits hommes verts allaient eux aussi nous lancer une pétition. Ça c'est du racisme ! 7 - Des auteurs généreux et mobilisés à 1000% en faveur des enfants malades. Ça c'est du racisme ! 8 - Un éditeur engagé qui à offert des milliers d'exemplaires aux enfants hospitalisés. Ça c'est du racisme ! Oui, c'est bon là... Stop On a compris !! Bref quelles que soient les raisons pour lesquelles cette BD est raciste, et je ne doute pas qu'il en existe beaucoup d'autres que celles que je viens de mentionner, je continuerai à dévorer cette pépite qui fait œuvre d'Amour et de fraternité avec un CŒUR GROS COMME ÇA.
Spirite
C'est en consultant le site que je me suis aperçu que seuls les deux premiers tomes étaient disponibles pour le moment. Je souhaite vraiment que Drakoo n'interrompe pas la série de Mara car j'ai trouvé bien du plaisir à cette lecture tout public. Dans un esprit de comédie type "SOS fantômes" avec un zest de Voldemort, l'autrice délivre un scénario bien ficelé et très tonique. Les personnages principaux sont très attachants bien que très classiques. L'adjonction de l'aviatrice Mary Pickett presque en hommage à l'aviatrice pionnière Bessie Coleman héroïne de Black Squaw est très sympathique. Cela permet d'introduire la thématique du racisme de façon soft mais réelle. J'ai lu les deux tomes avec plaisir même si, ça et là on peut chicaner sur quelques détails de facilité. Graphiquement j'aime bien les deux couvertures proposées par l'éditeur. Le dessin fait un peu dessin animé mais reste agréable. On se situe toujours dans un registre comique assez jeunesse même pour des scènes avec des morts. A l'image du scénario c'est vif et très expressif. La mise en couleur (avec Morgane Bride et Violette Nouvel) propose une belle variété de tons pour coller au différentes ambiances. J'espère une suite dans pas trop longtemps. Je me permets une "petite" MAJ après la lecture d'un excellent T3. Mara y complexifie la personnalité de ses personnages dans un récit flashback à deux voix. C'est très bien huilé et cette double vision donne beaucoup de sel à la narration. On glisse doucement d'un "tout public" à un "Youg Adult" comme le précise la quatrième. En effet Mara introduit des thématiques et des dialogues qui peuvent être moins accessibles à un jeune public. Le fort rebondissement du tome introduit plusieurs nouveaux sujets comme l'être et le paraître, l'homosexualité, les effets pervers d'une découverte scientifique. En effet ce T3 flashback met le personnage d'Anya au centre du récit avec une culture scientifique qui rappelle celle de Marie Curie. Mara équilibre ainsi son récit entre le fantastique/spiritisme (très en vogue à l'époque) et le réalisme historique de la découverte de l'uranium ( porteuse de grands espoirs à cette même époque). C'est très intelligemment construit et donne un récit qui m'a enthousiasmé. Pour le reste nous sommes dans la continuité graphique des deux premiers tomes avec une très très belle couverture. Une série qui a vraiment de "la gueule" dans la forme et le fond. Si le T4 est de la même force je n'hésiterai pas à monter ma note au max.
La Baleine bibliothèque
Je connaissais le Zidrou humoriste, policier, fantastique voire historique ou presque gore (Marina) et même au centre d'une polémique de stéréotype raciste, mais je n'avais pas encore rencontré le Zidrou poète. C'est chose faite avec cette série qui m'a vraiment beaucoup plu. Les auteurs nous proposent un véritable poème (romantique) d'amour chargé d'une belle émotion. Sa construction est assez étonnante. J'ai emprunté ce volume dans la section jeunesse et effectivement cela débute sur un mode d'illustrations d'un conte pour enfants sur un sujet que je ne connaissais pas: la poste maritime. Cette accroche m'a tout de suite intéressé d'autant qu'elle introduit la thématique principale sur l'amour de la mer et l'amour de son métier. Comme ce poème est aussi conte, le fantastique a droit de cité dans la rencontre avec une baleine vieille comme la terre et la culture humaine. Puis le réalisme reprend ses droits avec un amour à sa belle et quelques planches surprenantes si on les imagine entre les mains de jeunes enfants. Malheureusement même par une belle nuit de mai, les chants les plus beaux … Zidrou se fait alors porteur de la poésie Romantique où la souffrance ( d'un accouchement par césarienne ?) est moteur de la création la plus belle. Il serait injuste de réduire cette œuvre au travail de Zidrou tellement le graphisme de Judith Vanistendael apporte à la série. Ses peintures sont à la fois belles et touchantes. Judith propose un équilibre subtil entre l'illustration posée et le dynamisme des cases BD. C'est une succession de temps forts et de temps faibles qui nous conduit à travers la houle et le danger de vivre toujours présents. Une œuvre surprise bien plus riche qu'il n'y paraît et à découvrir. J'ai été complétement sous le charme.