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Une série qui commence bien… J’avais un a priori très positif parce que j’aime beaucoup ces deux auteurs dont j’achète les albums en confiance. Dans le premier tome, on se plonge dans l’Europe du XIX siècle partagée entre deux grands empires : celui de Napoléon III et celui des Habsbourg. Ces deux familles ne font pas de détail quand il s’agit de leur honneur, de leur puissance et de leurs territoires. On fait la connaissance de la jeune princesse Charlotte de Belgique, peu expérimentée dans la vie et qui va se jeter en toute confiance dans les bras de son futur mari : Maximilien de Habsbourg, un homme de peu de vertu et au charisme insignifiant. Alors que son époux va aller de désillusions en désillusions, Charlotte va, à l’inverse, montrer une personnalité forte et une maturité douloureusement acquise. Deux tomes, au dessin superbe, aux couleurs plus que réussies… qui nous mènent de la Belgique, à Trieste avant de traverser l’Atlantique pour poursuivre l’aventure au Mexique. Le scénario est fluide, cohérent et bien écrit, suffisamment affranchi de la réalité historique pour ne pas être pesant. Les deux personnages principaux sont très intéressants – surtout Charlotte - évoluant chacun à l’opposé de l’autre et la bonne surprise vient des personnages secondaires dont quelques spécimens ajoutent de l’intérêt au récit. Enjeux dynastiques, familiaux, coloniaux… tous les ingrédients sont réunis pour une suite prometteuse…
Gros coup de cœur pour ce récit que je trouve à la fois touchant, intelligent et instructif.
Déjà l’idée de départ : nous raconter l’histoire d’un chien d’aveugle… lui-même frappé de cécité. Voilà qui est original et, surtout, qui va provoquer pas mal de choses chez le lecteur. Tout d’abord, il est difficile de ne pas s’attacher à cette boule de poils loyale, intelligente et dévouée à son maître. Ensuite, lorsque Ours (c’est son nom) se retrouve aveugle, les spécificités de sa race (canine) ouvrent des champs d’exploration sensorielle (ouïe, odorat) qui permettent au lecteur de mieux appréhender l’univers d’une personne aveugle. C’est intelligent, instructif et si ce livre se destine prioritairement aux enfants, il est tout sauf infantilisant !
Ensuite, le fil du récit, qui va mener Ours dans un périple dangereux avec pour espoir de retrouver la vue. Son amitié avec un véritable ours, la manière dont le dessinateur illustre ce que « voit » Ours, les différentes rencontres, tout incite constamment à poursuivre la lecture tout en surprenant avec intelligence. A nouveau, ce déroulé offre aux auteurs bien des moments durant lesquels ils peuvent nous apprendre certaines choses sur les chiens d’aveugles, les aveugles, les chiens, les ours, les chauves-souris, les ratons-laveurs… tout ça sans jamais que ce ne devienne lourd car l’aventure reste au centre du récit.
Enfin, le happy-end final, bien en accord avec un récit jeunesse. Bourré de bons sentiments mais sans mièvrerie inutile…
A titre personnel, je peux vous assurer que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce récit mais aussi que j’ai moi-même appris pas mal de choses et pris conscience d’autres alors même que ce livre est parfaitement adapté à son lectorat (8-10 ans, me semble-t-il) ! Franchement, dans le genre « jeunesse », c’est une belle réussite.
Ohhhh que c'est prometteur ça !
On a découvert Adriano Fruch en France avec Le Mousse de la Méduse, où il montrait de belles prédispositions pour les paysages et les visages de personnages. Quatre ans plus tard le revoilà avec un projet personnel, dans lequel un préadolescent se retrouve ballotté dans un monde fantasmagorique qui n'est pas le sien. Cela commence un peu comme dans Le Voyage de Chihiro, avec ce garçon qui arrive dans la voiture de ses parents dans la maison de ses grands-parents, et qui pour fuir les disputes décide de faire un tour dans le bois voisin. Il entre dès lors dans un monde invisible, peuplé de ce qui ressemble à des kobolds, des nains, des esprits des eaux... Un monde qu'il semble être le seul, ou presque, à voir, et qui l'effraie, au point de fuir lorsque des "Bienerrants", des humains doués de double vue qui décident de lutter avec les "bons" représentants du Petit Peuple face aux "méchants"...
Fruch semble avoir emprunté ses personnages dans différents contes de fées ou dans la matière folklorique nordique, celtique ou d'Europe centrale (comme le Krampus, mi-chèvre mi-démon), et les intégrer dans son histoire avec ce jeune Matt qui semble destiné à jouer un rôle dans la lutte millénaire que se livrent ces étranges créatures. Mais peu d'éléments sont livrés dans ce premier tome, même si les éléments narratifs et les personnages sont bien posés et caractérisés. Matt est juste un garçon apeuré, qui essaie de retrouver le chemin de la maison de ses grands-parents, sans succès... Le premier tome se termine sur un cliffhanger qui compromet grandement ce retour à la normale, et on a hâte de lire la suite.
Le dessin de Fruch a évolué depuis Le Mousse de la Méduse. Il a un trait plus arrondi, plus en adéquation avec la fantasy "à la Soleil", même s'il a gagné en maturité sur la mise en scène et l'encrage. Il n'y a désormais plus de souci de perspective, comme en témoignent ses vues d'un village de l'autre monde, qu'on jurerait sorti de son Italie natale. L'ensemble est vraiment très agréable à l'oeil, et je suis curieux de lire la suite. Mon 3/5 est une note d'attente, indiquant que je réserve ma note finale pour l'heure.
Marc Lizano s'était fait connaître jeune dans la BD avec un style rond, des personnages avec une grosse tête, qui l'ont souvent cantonné dans des histoires destinées à la jeunesse, plutôt joyeuses. Il a pourtant essayé de "casser" cette image avec des titres comme La Pension Moreau, L'île aux 30 cercueils, ou encore L'Enfant cachée, merveilleux récit parlant de la Shoah. On l'avais perdu depuis quelques années, pendant lesquelles il avait fait des albums plus légers, chez Des Ronds dans l'O notamment.
Et puis dans la collection Pépites chez Jungle, le revoilà avec l'adaptation d'un roman assez connu, qui lui aussi parle de la déportation, avec ce grand-père qui débarque un jour chez sa fille, son beau-fils et surtout sa petite-fille, qui ignorait tout de son existence jusque-là. Léah, qui est une petite fille à fort caractère et plutôt intelligente, passe par plusieurs émotions : la sidération, la colère, l'apaisement, le rejet, et enfin, la compréhension. Car ce grand-père a vécu des choses terribles, qui l'ont rendu à la fois renfermé et acariâtre. Mais le chagrin et la colère ne l'empêchent pas d'aimer sa petite-fille, à sa façon. Petit à petit ils vont s'apprivoiser l'un l'autre, se découvrir, et le lien qui va se nouer entre eux n'en sera que plus fort.
J'avais entendu parler du roman de Yaël Hassan, mais je ne l'ai jamais lu. Il ressort de l'adaptation qu'en fait Lizano un sentiment fort, celui de la puissance de l'amour familial, cela peut tout renverser ou presque. Lizano a toujours ce style particulier qui l'a fait connaître, mais cela n'entrave pas la lecture, et permet au contraire aux jeunes lectrices et lecteurs de s'approprier ce récit singulier. Le récit est linéaire, sans temps mort, et l'auteur nous amène au bout sans problème. on notera à la fin une petite note biographique sur l'autrice de l'oeuvre originale, ainsi que quelques questions sur l'album et son sujet.
Un bel album.
Je viens enfin de lire l'ensemble de la série, après avoir un peu lutté pour trouver le dernier tome.
L’œuvre est clairement déglinguée, pleine de références cinématographiques des années 80 à nos jours.
Un scénario sympa avec des multiples univers, pas toujours facile à suivre.
Des jeux de mots bien lourds (et je suis sûr d'en avoir raté plein) mais j’adhère pleinement au delirium.
Niveau dessin on est pas en reste, parfois des soucis de proportions mais vu le boulot, avec des cases bourrées de détails, on en a clairement pour son argent.
Mérite relecture tellement il y a de choses cachées de-ci de-là.
Bravo.
Comme l’impression d’être dans un film qui vous tient en haleine du début à la fin, sans temps morts. Une enquête prenante sur fond de période post-apartheid. Si l’Afrique du Sud a bénéficié d’une politique de Réconciliation, on comprend vite qu’à la moindre étincelle, la violence est prête à éclater de nouveau entre les communautés. Après avoir posé les bases de l’histoire et présenté les protagonistes, le récit se déploie et se complexifie. La tension monte alors qu’entre en scène un flic assez en marge dont on aimerait approfondir l’histoire personnelle. Le scénario se déroule à un rythme rapide, entrecoupé d’explosions de violence. La fin est une bonne surprise et intelligemment pensée dans ce pays en manque d’apaisement. Le dessin est superbe et tout particulièrement les pages et doubles pages montrant la ville du Cap, ses townships dangereux, ses quartiers où les riches blancs se regroupent et ses campagnes couvertes de vignobles. Un très bon album, intelligent à l’ambiance oppressante et visuellement très réussi. Coup de cœur !
J'ai adoré. Certes, ça part dans de gros délires, mais l'Art n'est pas fait pour décrire le réel, bien heureusement. Des dessins magnifiques, des couleurs idem, un texte délicieusement irrévérencieux envers l'ordre établi (il y a de quoi, surtout actuellement où il n'y a plus d'ordre). Tardi est un maître, non seulement dans cette série, mais également avec les scénarios de Léo Mallet où il y a symbiose. Le Démon des glaces ...
Obligé de poster un avis.
Déjà, tout ce qu'a fait Derf Backderf jusqu'à présent est juste excellent.
Ensuite, Kent State est sa meilleure BD à ce jour.
Et voilà !
Je me mets doucettement au manga par l'intermédiaire de quelques maitres du genre, Tsuge, Mizuki et quelques autres. C'est par conséquent un univers dont je maîtrise peu, voire pas du tout les codes, et le peu que j'en connais me laisse généralement dans un état de dubitation extrême.
Et ce premier tome ne fait pas totalement exception à la règle.
Je n'aurais certainement pas lu ce manga si mon devoir professionnel ne m'y avait conduit. Et je dois dire qu'à la lecture, j’ai pris autant de plaisir que je me suis - un peu - emmerdé quand même. Niveau action, c’est d’une platitude complètement… plate ! L’unique scène d’action consiste en une dispute entre deux gamins dont le lecteur mettra plus de 20 pages à apprendre l’origine, et tout ça dans un suspense insoutenable. En fait, l'auteur plante le décor, et on suit le quotidien on-ne-peut-plus quotidien d'un jeune médecin appelé à succéder à son père. On le suit dans ses journées de cueillette de plantes médicinales, et on assiste à son émoi lors de la découverte de celle qui deviendra son épouse. Et là, c'est, on s'en doute, aussi torride qu'une production Marc Dorcel.
Et c'est à peu près tout ! Palpitant, n'est-il pas ?
Mais en même temps, j’ai aimé le rythme nonchalant, l’ambiance paisible, les personnages gentils, et ce malgré quelques passages un brin confus. Et puis aussi, la découverte mutuelle de nos deux jeunes tourtereaux est vraiment toute meûgnonne. Ils passent leur temps à rougir à la moindre parole et se posent douze milliards de questions. Ha l’Amûr !!!
Bref ! Tout ça respire la bienveillance, la gentillesse et la gnangnance, mais qu’est-ce que c’est frais ! Dans ce climat de fin du monde, c’est une véritable bouffée d’oxygène. En outre, le sujet - la médicine traditionnelle - m’intéresse au plus haut point, et Blissful Land est, on peut l'espérer, une façon de sensibiliser notre jeunesse à une relation seine et véritable avec la nature, le corps, le temps qui prend son temps, la vie douce... Le ton du récit colle juste parfaitement au thème. C’est chiant, mais j’ai vraiment adoré ! Comme quoi...
Miroslav Sekulic-Struja a réalisé quelques années auparavant ce diptyque détonnant et sombre, qu'est Pelote dans la fumée, injustement ignoré du grand public, et puis plus rien. Nous étions alors en 2013. Neuf ans, rendez-vous compte ! Entre temps, l'homme semble s'être consacré à sa carrière de peintre, délaissant temporairement le 9eme art. Il revient avec ce pavé réjouissant (et un peu moins sombre).
D'abord, son dessin est encore meilleur. Le contraire eut été étonnant. Dans ce nouveau livre, l'essentiel est conservé, c'est à dire ce qui confère toute l'originalité à son œuvre. En effet, les personnages lunaires envahissent le récit, et le lecteur demeure dans un état de veille surréaliste, oscillant entre songe poisseux et doux cauchemar, si l'on peut dire, traversant des moment de pure rêverie. Parce que ce n'est pas exactement cauchemardesque, ou alors, un cauchemardesque poétique. Miroslav crée un vocabulaire imagé vraiment original qu'il est difficile de définir, comme si la violence de cette société post-moderniste qu'il dépeint lui était inhérente, mais que ses personnages débordant d'une grande tendresse l'évacuaient, refusant sa dictature. D'où, peut-être, cette impression étrange de naviguer parmi une foule de portraits déglingués et d'êtres qui se cherchent tout comme ils cherchent un endroit où vivre pleinement leur bohème, les entraînant inévitablement aux marges. Ainsi, ce sont deux mondes qui se côtoient : celui de cette réalité sordide imposée par les valeurs matérialistes bourgeoise, et à laquelle il est décidemment bien difficile d'échapper, et celui des aspirations à la liberté de tous les rêveurs du monde, dont la plupart constituent les hordes de sacrifiés peuplant les faubourgs oubliés de l'économie de marché, ceux que la bien-pensance nomme pudiquement "les marginaux".
On constate également au fil des pages que les ciels sont davantage travaillés, que les couleurs sont moins ternes, que les expressions des personnages sont mieux fixées. La mise en case varie un brin avec de grandes pages muettes et pleines ou des gaufriers irréguliers aux mouvements décomposés, ce qui renforce encore cette impression de fourmillement. Chaque case se savoure et nécessite d'être apprivoiser. C'est un plaisir pour les yeux, ce que j'attends avant tout d'une bonne bande dessinée.
Voilà bien une œuvre réellement atypique dans le paysage ! Objet pictural autant que bande dessinée, Petar & Liza est une immersion totale chez les paumés de l'ex-Yougoslavie, les punks, les révoltés, les invisibles, les cabossés de tous poils. Les dessins, pour ne pas dire les peintures, vous gobent tout entier. A mi-chemin entre les tableaux de Bruegel qui fourmillent de détails et ceux du Douanier Rousseau et leur style naïf, Petar & Liza est une ode à la vie, avec ses inévitables malheurs.
A quelques jours des élections, moi je mets mon billet à Miroslav Sekulic-Struja pour le prochain Fauve d'or...
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Charlotte Impératrice
Une série qui commence bien… J’avais un a priori très positif parce que j’aime beaucoup ces deux auteurs dont j’achète les albums en confiance. Dans le premier tome, on se plonge dans l’Europe du XIX siècle partagée entre deux grands empires : celui de Napoléon III et celui des Habsbourg. Ces deux familles ne font pas de détail quand il s’agit de leur honneur, de leur puissance et de leurs territoires. On fait la connaissance de la jeune princesse Charlotte de Belgique, peu expérimentée dans la vie et qui va se jeter en toute confiance dans les bras de son futur mari : Maximilien de Habsbourg, un homme de peu de vertu et au charisme insignifiant. Alors que son époux va aller de désillusions en désillusions, Charlotte va, à l’inverse, montrer une personnalité forte et une maturité douloureusement acquise. Deux tomes, au dessin superbe, aux couleurs plus que réussies… qui nous mènent de la Belgique, à Trieste avant de traverser l’Atlantique pour poursuivre l’aventure au Mexique. Le scénario est fluide, cohérent et bien écrit, suffisamment affranchi de la réalité historique pour ne pas être pesant. Les deux personnages principaux sont très intéressants – surtout Charlotte - évoluant chacun à l’opposé de l’autre et la bonne surprise vient des personnages secondaires dont quelques spécimens ajoutent de l’intérêt au récit. Enjeux dynastiques, familiaux, coloniaux… tous les ingrédients sont réunis pour une suite prometteuse…
Ours
Gros coup de cœur pour ce récit que je trouve à la fois touchant, intelligent et instructif. Déjà l’idée de départ : nous raconter l’histoire d’un chien d’aveugle… lui-même frappé de cécité. Voilà qui est original et, surtout, qui va provoquer pas mal de choses chez le lecteur. Tout d’abord, il est difficile de ne pas s’attacher à cette boule de poils loyale, intelligente et dévouée à son maître. Ensuite, lorsque Ours (c’est son nom) se retrouve aveugle, les spécificités de sa race (canine) ouvrent des champs d’exploration sensorielle (ouïe, odorat) qui permettent au lecteur de mieux appréhender l’univers d’une personne aveugle. C’est intelligent, instructif et si ce livre se destine prioritairement aux enfants, il est tout sauf infantilisant ! Ensuite, le fil du récit, qui va mener Ours dans un périple dangereux avec pour espoir de retrouver la vue. Son amitié avec un véritable ours, la manière dont le dessinateur illustre ce que « voit » Ours, les différentes rencontres, tout incite constamment à poursuivre la lecture tout en surprenant avec intelligence. A nouveau, ce déroulé offre aux auteurs bien des moments durant lesquels ils peuvent nous apprendre certaines choses sur les chiens d’aveugles, les aveugles, les chiens, les ours, les chauves-souris, les ratons-laveurs… tout ça sans jamais que ce ne devienne lourd car l’aventure reste au centre du récit. Enfin, le happy-end final, bien en accord avec un récit jeunesse. Bourré de bons sentiments mais sans mièvrerie inutile… A titre personnel, je peux vous assurer que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce récit mais aussi que j’ai moi-même appris pas mal de choses et pris conscience d’autres alors même que ce livre est parfaitement adapté à son lectorat (8-10 ans, me semble-t-il) ! Franchement, dans le genre « jeunesse », c’est une belle réussite.
Je suis un bienerrant
Ohhhh que c'est prometteur ça ! On a découvert Adriano Fruch en France avec Le Mousse de la Méduse, où il montrait de belles prédispositions pour les paysages et les visages de personnages. Quatre ans plus tard le revoilà avec un projet personnel, dans lequel un préadolescent se retrouve ballotté dans un monde fantasmagorique qui n'est pas le sien. Cela commence un peu comme dans Le Voyage de Chihiro, avec ce garçon qui arrive dans la voiture de ses parents dans la maison de ses grands-parents, et qui pour fuir les disputes décide de faire un tour dans le bois voisin. Il entre dès lors dans un monde invisible, peuplé de ce qui ressemble à des kobolds, des nains, des esprits des eaux... Un monde qu'il semble être le seul, ou presque, à voir, et qui l'effraie, au point de fuir lorsque des "Bienerrants", des humains doués de double vue qui décident de lutter avec les "bons" représentants du Petit Peuple face aux "méchants"... Fruch semble avoir emprunté ses personnages dans différents contes de fées ou dans la matière folklorique nordique, celtique ou d'Europe centrale (comme le Krampus, mi-chèvre mi-démon), et les intégrer dans son histoire avec ce jeune Matt qui semble destiné à jouer un rôle dans la lutte millénaire que se livrent ces étranges créatures. Mais peu d'éléments sont livrés dans ce premier tome, même si les éléments narratifs et les personnages sont bien posés et caractérisés. Matt est juste un garçon apeuré, qui essaie de retrouver le chemin de la maison de ses grands-parents, sans succès... Le premier tome se termine sur un cliffhanger qui compromet grandement ce retour à la normale, et on a hâte de lire la suite. Le dessin de Fruch a évolué depuis Le Mousse de la Méduse. Il a un trait plus arrondi, plus en adéquation avec la fantasy "à la Soleil", même s'il a gagné en maturité sur la mise en scène et l'encrage. Il n'y a désormais plus de souci de perspective, comme en témoignent ses vues d'un village de l'autre monde, qu'on jurerait sorti de son Italie natale. L'ensemble est vraiment très agréable à l'oeil, et je suis curieux de lire la suite. Mon 3/5 est une note d'attente, indiquant que je réserve ma note finale pour l'heure.
Un Grand-père tombé du ciel
Marc Lizano s'était fait connaître jeune dans la BD avec un style rond, des personnages avec une grosse tête, qui l'ont souvent cantonné dans des histoires destinées à la jeunesse, plutôt joyeuses. Il a pourtant essayé de "casser" cette image avec des titres comme La Pension Moreau, L'île aux 30 cercueils, ou encore L'Enfant cachée, merveilleux récit parlant de la Shoah. On l'avais perdu depuis quelques années, pendant lesquelles il avait fait des albums plus légers, chez Des Ronds dans l'O notamment. Et puis dans la collection Pépites chez Jungle, le revoilà avec l'adaptation d'un roman assez connu, qui lui aussi parle de la déportation, avec ce grand-père qui débarque un jour chez sa fille, son beau-fils et surtout sa petite-fille, qui ignorait tout de son existence jusque-là. Léah, qui est une petite fille à fort caractère et plutôt intelligente, passe par plusieurs émotions : la sidération, la colère, l'apaisement, le rejet, et enfin, la compréhension. Car ce grand-père a vécu des choses terribles, qui l'ont rendu à la fois renfermé et acariâtre. Mais le chagrin et la colère ne l'empêchent pas d'aimer sa petite-fille, à sa façon. Petit à petit ils vont s'apprivoiser l'un l'autre, se découvrir, et le lien qui va se nouer entre eux n'en sera que plus fort. J'avais entendu parler du roman de Yaël Hassan, mais je ne l'ai jamais lu. Il ressort de l'adaptation qu'en fait Lizano un sentiment fort, celui de la puissance de l'amour familial, cela peut tout renverser ou presque. Lizano a toujours ce style particulier qui l'a fait connaître, mais cela n'entrave pas la lecture, et permet au contraire aux jeunes lectrices et lecteurs de s'approprier ce récit singulier. Le récit est linéaire, sans temps mort, et l'auteur nous amène au bout sans problème. on notera à la fin une petite note biographique sur l'autrice de l'oeuvre originale, ainsi que quelques questions sur l'album et son sujet. Un bel album.
Little Alice in Wonderland
Je viens enfin de lire l'ensemble de la série, après avoir un peu lutté pour trouver le dernier tome. L’œuvre est clairement déglinguée, pleine de références cinématographiques des années 80 à nos jours. Un scénario sympa avec des multiples univers, pas toujours facile à suivre. Des jeux de mots bien lourds (et je suis sûr d'en avoir raté plein) mais j’adhère pleinement au delirium. Niveau dessin on est pas en reste, parfois des soucis de proportions mais vu le boulot, avec des cases bourrées de détails, on en a clairement pour son argent. Mérite relecture tellement il y a de choses cachées de-ci de-là. Bravo.
Sangoma - Les Damnées de Cape Town
Comme l’impression d’être dans un film qui vous tient en haleine du début à la fin, sans temps morts. Une enquête prenante sur fond de période post-apartheid. Si l’Afrique du Sud a bénéficié d’une politique de Réconciliation, on comprend vite qu’à la moindre étincelle, la violence est prête à éclater de nouveau entre les communautés. Après avoir posé les bases de l’histoire et présenté les protagonistes, le récit se déploie et se complexifie. La tension monte alors qu’entre en scène un flic assez en marge dont on aimerait approfondir l’histoire personnelle. Le scénario se déroule à un rythme rapide, entrecoupé d’explosions de violence. La fin est une bonne surprise et intelligemment pensée dans ce pays en manque d’apaisement. Le dessin est superbe et tout particulièrement les pages et doubles pages montrant la ville du Cap, ses townships dangereux, ses quartiers où les riches blancs se regroupent et ses campagnes couvertes de vignobles. Un très bon album, intelligent à l’ambiance oppressante et visuellement très réussi. Coup de cœur !
Adèle Blanc-Sec
J'ai adoré. Certes, ça part dans de gros délires, mais l'Art n'est pas fait pour décrire le réel, bien heureusement. Des dessins magnifiques, des couleurs idem, un texte délicieusement irrévérencieux envers l'ordre établi (il y a de quoi, surtout actuellement où il n'y a plus d'ordre). Tardi est un maître, non seulement dans cette série, mais également avec les scénarios de Léo Mallet où il y a symbiose. Le Démon des glaces ...
Kent State, quatre morts dans l'Ohio
Obligé de poster un avis. Déjà, tout ce qu'a fait Derf Backderf jusqu'à présent est juste excellent. Ensuite, Kent State est sa meilleure BD à ce jour. Et voilà !
Blissful Land
Je me mets doucettement au manga par l'intermédiaire de quelques maitres du genre, Tsuge, Mizuki et quelques autres. C'est par conséquent un univers dont je maîtrise peu, voire pas du tout les codes, et le peu que j'en connais me laisse généralement dans un état de dubitation extrême. Et ce premier tome ne fait pas totalement exception à la règle. Je n'aurais certainement pas lu ce manga si mon devoir professionnel ne m'y avait conduit. Et je dois dire qu'à la lecture, j’ai pris autant de plaisir que je me suis - un peu - emmerdé quand même. Niveau action, c’est d’une platitude complètement… plate ! L’unique scène d’action consiste en une dispute entre deux gamins dont le lecteur mettra plus de 20 pages à apprendre l’origine, et tout ça dans un suspense insoutenable. En fait, l'auteur plante le décor, et on suit le quotidien on-ne-peut-plus quotidien d'un jeune médecin appelé à succéder à son père. On le suit dans ses journées de cueillette de plantes médicinales, et on assiste à son émoi lors de la découverte de celle qui deviendra son épouse. Et là, c'est, on s'en doute, aussi torride qu'une production Marc Dorcel. Et c'est à peu près tout ! Palpitant, n'est-il pas ? Mais en même temps, j’ai aimé le rythme nonchalant, l’ambiance paisible, les personnages gentils, et ce malgré quelques passages un brin confus. Et puis aussi, la découverte mutuelle de nos deux jeunes tourtereaux est vraiment toute meûgnonne. Ils passent leur temps à rougir à la moindre parole et se posent douze milliards de questions. Ha l’Amûr !!! Bref ! Tout ça respire la bienveillance, la gentillesse et la gnangnance, mais qu’est-ce que c’est frais ! Dans ce climat de fin du monde, c’est une véritable bouffée d’oxygène. En outre, le sujet - la médicine traditionnelle - m’intéresse au plus haut point, et Blissful Land est, on peut l'espérer, une façon de sensibiliser notre jeunesse à une relation seine et véritable avec la nature, le corps, le temps qui prend son temps, la vie douce... Le ton du récit colle juste parfaitement au thème. C’est chiant, mais j’ai vraiment adoré ! Comme quoi...
Petar & Liza
Miroslav Sekulic-Struja a réalisé quelques années auparavant ce diptyque détonnant et sombre, qu'est Pelote dans la fumée, injustement ignoré du grand public, et puis plus rien. Nous étions alors en 2013. Neuf ans, rendez-vous compte ! Entre temps, l'homme semble s'être consacré à sa carrière de peintre, délaissant temporairement le 9eme art. Il revient avec ce pavé réjouissant (et un peu moins sombre). D'abord, son dessin est encore meilleur. Le contraire eut été étonnant. Dans ce nouveau livre, l'essentiel est conservé, c'est à dire ce qui confère toute l'originalité à son œuvre. En effet, les personnages lunaires envahissent le récit, et le lecteur demeure dans un état de veille surréaliste, oscillant entre songe poisseux et doux cauchemar, si l'on peut dire, traversant des moment de pure rêverie. Parce que ce n'est pas exactement cauchemardesque, ou alors, un cauchemardesque poétique. Miroslav crée un vocabulaire imagé vraiment original qu'il est difficile de définir, comme si la violence de cette société post-moderniste qu'il dépeint lui était inhérente, mais que ses personnages débordant d'une grande tendresse l'évacuaient, refusant sa dictature. D'où, peut-être, cette impression étrange de naviguer parmi une foule de portraits déglingués et d'êtres qui se cherchent tout comme ils cherchent un endroit où vivre pleinement leur bohème, les entraînant inévitablement aux marges. Ainsi, ce sont deux mondes qui se côtoient : celui de cette réalité sordide imposée par les valeurs matérialistes bourgeoise, et à laquelle il est décidemment bien difficile d'échapper, et celui des aspirations à la liberté de tous les rêveurs du monde, dont la plupart constituent les hordes de sacrifiés peuplant les faubourgs oubliés de l'économie de marché, ceux que la bien-pensance nomme pudiquement "les marginaux". On constate également au fil des pages que les ciels sont davantage travaillés, que les couleurs sont moins ternes, que les expressions des personnages sont mieux fixées. La mise en case varie un brin avec de grandes pages muettes et pleines ou des gaufriers irréguliers aux mouvements décomposés, ce qui renforce encore cette impression de fourmillement. Chaque case se savoure et nécessite d'être apprivoiser. C'est un plaisir pour les yeux, ce que j'attends avant tout d'une bonne bande dessinée. Voilà bien une œuvre réellement atypique dans le paysage ! Objet pictural autant que bande dessinée, Petar & Liza est une immersion totale chez les paumés de l'ex-Yougoslavie, les punks, les révoltés, les invisibles, les cabossés de tous poils. Les dessins, pour ne pas dire les peintures, vous gobent tout entier. A mi-chemin entre les tableaux de Bruegel qui fourmillent de détails et ceux du Douanier Rousseau et leur style naïf, Petar & Liza est une ode à la vie, avec ses inévitables malheurs. A quelques jours des élections, moi je mets mon billet à Miroslav Sekulic-Struja pour le prochain Fauve d'or...