Shubeik Lubeik

Note: 3.57/5
(3.57/5 pour 7 avis)

Vos désirs sont des ordres.


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Dans Le Caire contemporain, les vœux sont devenus une marchandise comme les autres et font partie du quotidien des habitants. Répartis en différentes catégories, leurs usages sont réglementés et les citoyens apprennent, parfois à leurs dépens, qu’il faut les manipuler avec précaution. Trois vœux vendus dans un modeste kiosque du Caire lient Aziza, Nour et Shokry et changeront leur vie. Ils ont tous un désir profond, mais pour formuler leur vœu, chacun doit se demander ce qu’il désire vraiment et plonger au plus profond de son être. Ils s’apercevront que parfois, les désirs font désordre…

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 06 Juin 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Shubeik Lubeik © Steinkis 2024
Les notes
Note: 3.57/5
(3.57/5 pour 7 avis)
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10/06/2024 | Spooky
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Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Dans une Égypte contemporaine semi fantasmée, les bouteilles magiques capables d'exaucer un vœu font partie du quotidien. Chaque vœu est lié à un djinn, classé selon la manière dont il interprète vos désirs. Ce système est régulé, intégré à une forme d'économie de marché, mais mal vu par les musulmans les plus pieux, qui y voient une tentation quasi blasphématoire. Shokry, vendeur dans un kiosque et musulman pratiquant, possède depuis des années trois vœux de première catégorie qu'il souhaite revendre. Finalement, trois personnes différentes en hériteront, chacune au cœur d'un des trois grands chapitres de l'album. En attaquant ce pavé, j'ai cru tenir une vraie pépite. Le contexte égyptien, porté par une autrice locale, est à la fois dépaysant et éclairant sur certains aspects de la société. L'idée d'un fantastique intégré au quotidien, avec ces vœux qui transforment subtilement les rapports sociaux comme une technologie omniprésente, m'a tout de suite séduit. Le ton est également allégé par une touche d'humour bienvenue dès le prologue (l'âne parlant m'a bien fait rire), ce qui empêche le récit de virer au conte moralisateur. Le dessin, sans être marquant, est soigné et sert efficacement la narration. Mais mon enthousiasme s'est émoussé au fil de la lecture. Chaque chapitre s'étire, les intrigues se perdent dans des digressions, et les monologues intérieurs, souvent pesants, alourdissent le rythme. Le second chapitre, en particulier, m'a franchement ennuyé. Le troisième relève un peu le niveau, en mêlant deux personnages au lieu d'un seul, Shokry et une vieille femme pleine de sagesse, mais là encore, j'ai trouvé que tout traînait en longueur. Malgré une construction solide et un univers crédible, j'ai décroché. J'ai fini par lire l'album en trois fois, tant je peinais à rester éveillé jusqu'à la fin. J'ai aimé l'originalité de cet album, surtout de son cadre d'Egypte contemporaine mêlé de fantastique, mais il m'est apparu trop long et sa lecture un peu trop fastidieuse malgré ses nombreuses bonnes idées.

23/05/2025 (modifier)
Par Brodeck
Note: 2/5

Déçu par cet album dont j'attendais beaucoup et je ne peux que souscrire aux propos de Cleck qui pointe avec une précision chirurgicale les faiblesses de ce récit dont j'ai trouvé la lecture finalement très fastidieuse. J'ai bien aimé la première histoire, mais j'ai trouvé que l'idée de départ n'était effectivement pas véritablement exploitée. Etrangement, comme le souligne Cleck, l'auteur n'utilise que très rarement l'humour pour démontrer les règles absurdes et liberticides du gouvernement en place, alors qu'avec ces vœux en bouteille, il y avait matière à aller bien plus loin. J'ai trouvé que les quelques gags, à part un ou deux peut-être, tombaient souvent à plat et manquaient leur cible. J'ai ensuite feuilleté distraitement la deuxième histoire, déjà lassé par les redondances, l'accumulation de chiffres et de graphiques ainsi que le dessin convenable mais froid. Cette BD m'a fait penser, dans le trait parfois et surtout dans le propos, à l'univers de Craig Thompson. J'y ai retrouvé le même goût de l'exhaustivité, généreuse certes, mais un peu maladroite, qui confine parfois à l'indigestion et celui de la parabole qui reste elle aussi sur l'estomac. Dans mon souvenir, la troisième histoire est plutôt efficace (je concède que je n'ai pas encore oublié le visage hiératique de la vieille femme qui a tout perdu), mais je n'ai pas envie de relire cet album dont la lecture a été tout sauf évidente.

13/05/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Gaston

Un excellent album qui donne vraiment envie de connaitre le travail d'autre auteurs et autrices arabes ! L'autrice imagine un monde où les vœux existent et sont très règlementés. À travers le parcours de trois personnages différents, elle dénonce les travers de la société égyptienne d'hier et aujourd'hui et aussi un peu de la civilisation occidentale. On va donc voir des protagonistes souvent prisonniers d'un univers très traditionaliste et ne savent pas comment s'en sortir. J'ai bien aimé suivre leurs parcours et les bonus à la fin des chapitres qui développent plus cet univers sont bien fait. Tout semble crédible et bien pensé de manière intelligente. Certes, il y a quelques longueurs et parfois j'ai eu l'impression que l'autrice tournait parfois en rond, mais je pense que c'est du en parti au fait que c'est paru en français en intégrale alors qu'originalement c'était publié en 3 tomes. J'imagine que c'était plus digeste lorsque les chapitres étaient séparés. J'avoue que j'ai parfois hésité sur mon ressentiment et ce qui m'a fait définitivement basculé dans le camp qui ont adoré l'album est la dernière partie qui est la meilleur et qui développe deux personnages qu'on croise depuis les premières pages. Il y a des scènes dans cette partie qui m'ont grandement émue et c'était passionnant à lire. Une BD riche qui traite de beaucoup de thèmes servit par un dessin magnifique.

13/05/2025 (modifier)
Par Cleck
Note: 2/5
L'avatar du posteur Cleck

J'attendais sans doute trop de cette tranche de vie égyptienne teintée de fantastique/SF ; la faute aux trois avis postés ici m'ayant encouragé à l'acheter et à m'y plonger sereinement. J'espérais retrouver la tendresse mélancolique des meilleurs Taniguchi (Le Journal de mon père, Quartier lointain), une explosion romanesque et un hommage appuyé aux contes, le charme spécifique de ces BD de nationalités moins dominantes, etc. Tout cela, je ne l'eus que partiellement. Côté illustrations, j'ai aimé ce génie mêlant calligraphie et dessin, ces contrastes appuyés en toute fin d'album (m'évoquant le beau roman graphique brésilien Comme une pierre, à la tragédie alors similaire), mais la plupart du temps, je fis plutôt face à un style plus académique, une improbable digestion d'un Gotlib à la sauce manga. Côté tranche de vie, j'ai trouvé ces personnages englués dans des traditions fort intégrées, froids dans leur manière de se résigner ou de s'objectiver via de plats graphiques psycho-mathématiques, incapables de parler passionnément à l'athée que je suis. Par ailleurs, la société administrant les vœux est fort peu interrogée et l'absurdité de certaines envies est étonnamment dénuée d'humour. Bref, une lecture malheureusement fastidieuse, malgré une curiosité perpétuellement intriguée.

10/05/2025 (modifier)
Par Josq
Note: 4/5
L'avatar du posteur Josq

Au vu de l'avis de la semaine, il m'a semblé que je pouvais difficilement passer à côté de cette bande dessinée. Et bien m'en a pris, car même si je suis un peu moins enthousiaste que les deux avis précédents, je confirme la réussite de l'œuvre ! Deena Mohamed signe ici une œuvre assez fascinante, tout d'abord par son ampleur, elle dure quand même 500 pages ! Dans ces 500 pages, l'autrice met en place 3 intrigues successives, qui se recroiseront un peu, mais qui sont presque complètement indépendantes les unes des autres. Dans ces trois récits différents, on trouve en outre des personnages qui, parfois, racontent leur histoire, ce qui crée des récits dans le récit, reprenant une structure assez typique des contes, notamment orientaux. Comme souvent lorsqu'on compile plusieurs récits différents, la comparaison entre eux s'impose, et il faut bien reconnaître que les 3 arcs narratifs principaux ne présentent pas la même force. Comme Spooky, je pense que c'est la deuxième histoire qui est la plus faible. Non qu'elle soit mauvaise, mais j'ai trouvé qu'elle tournait un peu en rond, et passait énormément de temps à dire des choses qui pouvaient être dites en beaucoup moins de temps. En revanche, le 1er arc narratif est franchement efficace, même si j'ai trouvé sa résolution un peu trop rapide. Je n'étais pas loin de me dire "tout ça pour ça ?", mais le regard qu'il porte sur les problématiques abordées et la société dans laquelle vit l'autrice est très intéressant. Mais Deena Mohamed a eu l'élégance salvatrice de garder le meilleur arc narratif pour la fin, et c'est sans grande surprise le 3e récit qui emporte pleinement l'adhésion. On y découvre le passé du personnage principal des deux arcs précédents, et d'un autre qui restait jusque-là spectateur. A partir de là, la bande dessinée s'envole vraiment vers les cimes, et même si je trouve la conclusion de l'album très légèrement frustrante, on est tout de même passé par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel avant, en termes d'émotion. Malgré son trait épais, le dessin de Deena Mohamed nous plonge dans un univers d'une finesse bien réelle, où les personnages sont incroyablement crédibles. Chaque ligne de dialogue est pleine de sens et de réalisme, et nous promène ainsi dans un monde auquel on croit dur comme fer. Les rapports entre les personnages sont délicatement esquissés, et nous ouvrent peu à peu leur âme. J'avoue que j'aurais quand même voulu être davantage ému, dans l'ensemble, mais encore une fois, j'ai été à peu près comblé par le 3e arc narratif, d'une efficacité assez redoutable. Ainsi, si Shubeik Lubeik ne figure pas au rang des plus grands chefs-d'œuvre que j'ai lus, il se montre tout de même à la hauteur de ce que je pouvais en espérer. Deena Mohamed nous offre un récit plein de vie, qui nous donne quelques belles leçons sans aucun moralisme. Peut-être un ton légèrement trop tire-larmes par moments, mais vu comme on s'est attaché à ses personnages, on ne lui en veut pas.

29/01/2025 (modifier)
L'avatar du posteur Tomdelapampa

Pouah pouah pouah mais quelle BD. Un vrai coup de cœur !! J’en ai lu des chouettes trucs de 2024 mais pour l’instant cet album sort clairement du lot. Il semble être malheureusement passé un peu inaperçu mais si je n’avais qu’un mot à dire, c’est : Foncez ! C’est une œuvre qui vous surprendra et vous charmera. Une petite pépite venue d’Égypte. C’est rempli de spontanéité, de fraîcheur, d’émotions, d’intelligence, de trouvailles, de surprises … une lecture tout simplement excellente et magnifique. Je l’ai lu en 3 soirées et en espérant que ça ne s’arrête jamais. Je vous renvoie au bien bel avis de Spooky pour en connaître davantage (que je remercie pour la découverte). Je passe juste pour vous encourager à tomber dessus le plus rapidement possible (pourquoi pas pour le prix bdtheque ? ;) ça serait mérité. J’en suis sorti franchement bluffé, une autrice à suivre et de grands talents. Bravo à elle !! J’ai adoré son univers et le soin apporté : c’est ponctué d’articles, chiffres dans la veine de doggybags ; il y a une belle variété dans le trait et couleurs (ne vous arrêtez pas à la galerie ou couverture) ; le message transmis est superbe, l’usage du conte judicieux, les personnages magnifiques … Bon vous l’aurez compris je suis plus qu’enthousiaste, il s’en dégage une magie indéniable, je n’ai rien à redire. Plus qu’une bouffée d’air frais, une véritable bouteille d’oxygène. Merci Mme Mohamed.

23/01/2025 (MAJ le 23/01/2025) (modifier)
Par Spooky
Note: 5/5
L'avatar du posteur Spooky

Oh. Je crois que l'on tient là une authentique pépite. Quelque chose d'à ma connaissance inédit dans l'édition de BD en France. Et Steinkis fait preuve d'audace en la publiant d'une seule traite. Parce que l'autrice est égyptienne, que rien dans le catalogue de l'éditeur ne ressemble à ça, que la traduction n'est pas intégrale -par choix-, que c'est presque un livre-univers dans les thèmes qu'il brasse... Que c'est bien beau, tout simplement. J'ai classé l'album en "fantastique", mais on est plutôt dans le registre du réalisme magique, voire du conte. L'univers choisi est celui de l’Égypte contemporaine, avec ses réseaux sociaux, ses femmes qui se battent pour juste pouvoir s'exprimer, et à côté de ça un élément central, qui appartient aux Mille et une nuits ou à d'autres traditions orales ou écrites dites orientales, après tout je n'y connais pas grand-chose. L'album de plus de 500 pages contient trois récits encapsulés liés par la présence d'un vieil homme qui vend des vœux de première classe dans son kiosque. la troisième histoire nous permet d'ailleurs d'en savoir plus sur ce vieil homme. Nous avons d'abord Aziza, fraîchement veuve si j'ose l'écrire, qui décide de réaliser le plus gros vœu de feu son mari, après que celui-ci ait échoué à le réaliser sa vie durant. Pour son audace elle va même se retrouver un temps en prison, mais sans perdre de vue son objectif. J'ai rarement lu une histoire aussi belle, aussi cruelle, aussi triste que celle-là. Et j'en ai lu quelques-unes. La deuxième nous montre une jeune personne à l'identité de genre ambiguë, qui se cherche et va essayer de se trouver au travers de l'utilisation du deuxième vœu acheté au vieil homme. c'est peut-être le segment le plus faible de cette trilogie si particulière, et encore, d'assez peu parce que j'ai dévoré les deux tiers de ce volet et enchaîné sur la suite. La troisième nous montre une vieille femme, qui vient souvent discuter avec le kiosquier, lui sert même de confidente voire de bonne conscience lors de l'épisode d'Aziza, et dont le vieil homme se rend compte un jour, un peu tard peut-être, qu'il ne sait rien d'elle. Ni son histoire (triste là aussi), ni son véritable nom, ni sa religion, un point tellement important en Égypte. Et puisqu'il lui faut un objectif pour utiliser le dernier vœu qu'il lui reste, il va vouloir l'aider. Mais cela n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît. Au départ je me disais que Deena Mohamed n'arriverait pas à m'avoir aussi bien qu'avec Aziza, mais... pouf ! Magie, djinn, lampe magique, tout ça, elle m'a encore embarqué... L'autrice a un trait d'une maîtrise assez incroyable, on dirait un peu du Gotlib pour son presque réalisme en noir et blanc, une ligne claire d'une efficacité redoutable. L'ensemble se conclut que un message d'espoir, de paix, de tolérance d'une simplicité désarmante. Merci Mme Mohamed.

10/06/2024 (modifier)