Zahra's Paradise

Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 6 avis)

Zahra's Paradise raconte l'histoire de la recherche de Mehdi, un jeune manifestant disparu dans les geôles de la République Islamique après l'élection présidentielle frauduleuse de 2009. Le souvenir de Mehdi, happé dans une zone extrajudiciaire crépusculaire, refuse pourtant de s'effacer, grâce au courage d'une mère qui refuse d'abandonner son fils à la mort et à la ténacité d'un frère - blogueur - qui combine culture et technologie afin d'explorer l'espace de non droit dans lequel Mehdi s'est évanoui.


Ecritures L'Iran Proche et Moyen-Orient

Zahra's Paradise est à la base un projet de bande dessinée en ligne, traduit en anglais, arabe, farsi, français, italien, espagnol et néerlandais – et bien d’autres langues très prochainement. First Second Books est fier de présenter Zahra’s Paradise, de Amir et Khalil, en collaboration avec Casterman pour la traduction française et néerlandaise, Rizzoli Lizard pour la traduction italienne et Norma Editorial pour l’espagnole.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 13 Septembre 2011
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Zahra's Paradise © Casterman 2011
Les notes
Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 6 avis)
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15/09/2011 | Ro
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Par Benjie
Note: 3/5
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Voilà un roman graphique très sombre racontant l’histoire d’une mère rongée par l’inquiétude qui, sans jamais renoncer, cherche son fils Mehdi qui a disparu après les manifestations de Téhéran, au printemps 2009. Inlassablement, elle parcourt les hôpitaux, attend à la porte de la prison, se heurte aux silences et à l’absence de traces. Cet album présente l’intérêt d’avoir été écrit à partir de témoignages réels ce qui nous donne une vision très réaliste de la répression qui sévit en Iran au début des années 2000. Implacablement, la mécanique du régime des Ayatollahs bloque toutes les tentatives d’une mère de retrouver son fils ou d’obtenir la moindre explication sur sa disparition. Alternant entre la vie réelle et les cauchemars nocturnes, les personnages se perdent dans le désespoir. Le dessin m’a plu même s’il y a trop de petites cases à mon goût mais à l’inverse, certaines pleines pages représentant les peurs et les cauchemars sont superbes. Un album important sur une période noire de l’histoire de l’Iran. A noter : les pages documentaires en fin d’album qui apportent un éclairage historique sur cet événement. Des pages « mémoire » rappellent les noms des victimes de la persécution.

21/12/2022 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
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J'ai adoré ce cri de coeur d'une mère à la recherche de son fils qui est parti manifester au printemps 2009 dans les rues de Téhéran suite aux élections volées par Monsieur 66%. La première scène avec les petits chiots est absolument abominable et va donner le ton de cette histoire. Il ne fait pas bon vivre dans une république islamiste, c'est indéniable. Zahra's Paradise est le premier roman graphique de l'auteur et c'est déjà une incontestable réussite. On repense bien entendu à Persepolis de Marjane Satrapi mais le trait est ici beaucoup plus agréable. Le fond reste le même à savoir atroce. Les auteurs ont voulu rester anonyme pour ne pas subir des violences en retour. Il est dommage que cet oeuvre n'est pas connue de publicité dans notre pays alors que c'est un best-seller à l'international. On découvre un Iran en proie à la terreur, aux arrestations arbitraires, à la torture et aux exécutions sommaires et c'est encore pire qu'à l'époque du Shah. Visiblement, la révolution a trahi le peuple iranien. Cependant, il y a encore de l'espoir car c'est un grand peuple qui arrive à communiquer grâce à la technologie d'internet. Les idées circulent et les méfaits ne resteront pas impunis. Un jour viendra. Nous avons une bd choc et sans doute l'une des meilleures sur l'Iran.

14/05/2015 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 4/5
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Zahra’s Paradise, c’est le nom d’un gigantesque cimetière en périphérie de Téhéran et qui doit son nom à la fille du prophète, assurant à ceux qui y sont enterrés de renaître au paradis. Mais de façon moins glorieuse, ce cimetière dissimule également les crimes d’une République islamique iranienne qui maintient bon nombre d’Iraniens en enfer, en pratiquant les coups les plus tordus pour contenir la dissidence, notamment celle de la jeunesse qui était descendue en masse dans les rues en 2009. C’est ce que raconte ce roman graphique dont on sent bien qu’il a été réalisé sous l’emprise d’une rage sourde et irrépressible, motivé aussi par le désir de témoigner envers et contre tout de la cruauté barbare des ayatollahs. Cruauté parfaitement illustrée dans le prologue par cette métaphore insoutenable où l’on voit un homme se débarrasser lâchement d’une nichée de chiots en les arrachant d’abord à leur mère, puis en les mettant dans un sac avant de les estourbir à coup de pelle au petit matin, pour enfin jeter à la rivière le sac encore faiblement gigotant des derniers survivants. Impossible de ne pas penser à Persepolis, autre pavé d’une Iranienne, Marjane Satrapi, dans lequel l’auteure raconte son exil d’Iran et égratigne au passage le régime arbitraire de son pays. Ici, on assiste à la quête éperdue d’une mère pour retrouver son fils mystérieusement disparu lors des manifestations de 2009, avec un final extrêmement poignant mais également porteur d’un immense espoir à l’intention des générations à venir. Emaillée de scènes parfois difficilement supportables, l’histoire est fictive mais basée sur de nombreux témoignages qui la rendent tout à fait plausible. Le dessin noir et blanc est sobre et plaisant, évoquant pour moi un certain Will Eisner. La mise en page comporte quelques trouvailles où intervient une poésie parfois malicieuse, car l’humour n’est pas absent et permet d’adoucir la dureté du propos. Un aspect documentaire aussi, on apprend pas mal de choses sur la vie quotidienne dans ce pays (la circulation, le jus de pastèque…). Mon seul bémol porte sur les textes, qui apparaissent à certains moments un peu confus (heureusement c’est rare et ça ne gêne en rien la compréhension de l’histoire, peut-être un petit problème de traduction ?). L'ouvrage reste évidemment d’une actualité brûlante au vu des soubresauts qui n’en finissent pas de secouer le Moyen-Orient. Il est toutefois regrettable que cette excellente BD ait fait l’objet de si peu de publicité en France alors qu’il s’agit désormais d’un best-seller international acclamé par la presse de nombreux pays. Encore plus surprenant le fait qu’il n’y ait que trois avis sur BDT, chacun de seulement trois étoiles. Une lecture en tout cas chaudement recommandée par votre serviteur.

15/08/2014 (modifier)
Par Jérem
Note: 3/5

Zahra's Paradise se situe entre le roman graphique et la BD documentaire. Nous sommes plongés en Iran après la victoire très contestée de Mahmoud Ahmadinejad aux élections présidentielles de 2009. Un jeune homme disparait lors des manifestations populaires réprimées par le régime. Commence alors pour une mère de famille la recherche désespérée de son fils. A travers la « quête » de cette mère courage, ce sont la société, les institutions et le pouvoir iranien qui sont décortiqués par les auteurs. Devant la juste demande de liberté et d’ouverture d’une partie grande de la population, la République Islamique répond par la violence et la répression. L’album est vraiment instructif mais très dense avec beaucoup de référence à la culture et à l’histoire persane. La narration un peu décousue et la redondance du sujet (assez mélo) alourdie une histoire déjà pas si accessible. Le dessin, moderne et expressif, sans atteindre des sommets de technique, est plutôt réussi et colle bien à ce type d’album. Le pédagogique et le documentaire prennent nettement le pas sur l'intrigue et c’est un peu dommage. Zahra's Paradise est malgré tout un bel album intéressant et salutaire.

20/11/2013 (modifier)
Par cac
Note: 3/5
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Un bon album relatant la recherche active - et fictive - d'un homme disparu au cours des manifestations en Iran, à Téhéran, en 2009, avant même les révolutions du printemps arabe donc. Sujet difficile dans une dictature religieuse et les auteurs utilisent d'ailleurs des pseudonymes pour ce récit d'abord paru sous la forme de blog. Certes je ne peux qu'apprécier le témoignage, même si c'est fictif on se doute bien que c'est très largement inspiré de faits réels et cela permet presque à la manière d'un documentaire de se faire une meilleure idée de ce régime policier où la contestation et les idées dissidentes n'ont pas leur place. La répression est à l'oeuvre, et même pire la torture et le viol. De plus le pays reste un des derniers où l'internet est très étroitement surveillé. La narration est fluide, le dessin n'est pas le point fort mais il est tout à fait correct. J'avoue que je ne me suis pas avalé toute la quantité de pages de supplément en fin d'album. Il reste que Zahra's Paradise, du nom d'un cimetière de Téhéran, est un livre à lire pour un peu mieux connaître les faits sur ce pays explosif qu'est l'Iran.

17/01/2012 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
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Avant d'être publié en album, Zahra's Paradise était avant tout un projet de bande dessinée témoignage en ligne. Ses auteurs, qui ont préféré utiliser des pseudonymes et garder l'anonymat pour des raisons de sécurité, sont un journaliste irano-américain pour le scénario et un artiste dessinateur et sculpteur arabe pour la mise en image. Le sujet, pour la première fois traité en album de bande dessinée à ma connaissance, aborde la situation en Iran dans les jours qui ont suivi les manifestations post-élections de Juin 2009. Il s'agit d'une fiction. Elle raconte la recherche par sa famille d'un jeune homme disparu au moment des manifestations. Sans aucune nouvelle le concernant, son frère, blogueur militant, et sa mère s'imaginent très vite qu'il se soit retrouvé en prison ou pire encore. Leur recherche va les amener à dévoiler des pans parfois horribles de la dictature régnant en Iran encore de nos jours. J'ai trouvé cette lecture instructive et parfois touchante, surtout sur la fin. J'ai apprécié son graphisme souple et frais me rappelant celui de certains comic strips d'actualité américains (editorial cartoons). Ce dernier est très plaisant à la lecture, même si j'ai un peu tiqué sur le physique agaçant de bel éphèbe grec compatissant du héros comparé aux anatomies nettement plus "persanes" des autres personnages. Il y a cependant deux trois petites choses qui m'ont empêché de profiter pleinement de la force et de l'intérêt d'un tel ouvrage. Tout d'abord, il y a une narration un peu décousue, en chapitres dont j'ai parfois eu du mal à suivre la chronologie. Ils apparaissent comme autant de saynètes portant sur des anecdotes et des personnages parfois différents quoique liés. L'ensemble apporte à chaque fois son lot d'informations mais je m'y perdais dans le fil rouge qui était l'enquête sur la disparition du fils en elle-même. Il faut dire aussi que beaucoup de noms et de particularités sont directement issus de la culture iranienne et ne sont pas toujours suffisamment expliqués m'empêchant parfois de bien saisir en première lecture ce à quoi il était fait référence. Ensuite, il y a le fait que ce soit une fiction. Je me doute qu'elle se base sur énormément de témoignages véridiques et sur un vécu incontestable. Mais je ne peux m'empêcher de la comparer à des oeuvres comme celles de Joe Sacco qui ne cachent jamais leurs statuts de reportages journalistiques et indiquent bien leurs sources, avec toute la distance voulue et le rappel qu'il y a un risque que tout ce qui est raconté ne soit pas exactement vrai (je pense surtout à Gaza 1956, en marge de l'histoire). Cela ne veut pas dire que je ne crois pas que tout ce qui est raconté dans Zahra's Paradise est véridique mais la forme du récit me force à ne pas l'accepter comme 100% sûre et à me demander si tels ou tels passages sont vraiment issus de la réalité, comme par exemple le récit du calvaire de cet homme sorti de prison. J'aurais davantage été touché par un récit moins romanesque, relatant plus précisément d'où venait tel témoignage ou telle anecdote, sans évidemment citer qui que ce soit mais simplement le contexte ayant amené à recueillir un tel récit. Il faut aussi dire que la fiction aurait peut-être davantage fonctionné si elle avait été mieux menée, moins confuse dans sa structure et avec des personnages plus attachants. Ces reproches n'en sont pas vraiment car ils sont négligeables par rapport à l'intérêt et au contenu de cet album. C'est instructif, notamment grâce au glossaire et aux textes explicatifs en fin d'ouvrage, tout en étant un témoignage poignant sur la situation d'un pays qui n'a hélas pas changé à ma connaissance entre 2009 et le moment où j'écris cet avis.

15/09/2011 (modifier)