Le blog BD de lampauneon

Couverture de la série Roi Rose
Roi Rose

Punaise, ça c’est une couverture qui en jette. Ayant hautement apprécié Les Chercheurs de trésor, du même auteur, c’est avec enthousiasme que j’ai jeté mon dévolu sur cet objet sans même prendre la peine de le feuilleter. Ce qui fait que je n’ai pas remarqué que je n’étais pas le public ciblé … Le scénario nous plonge dans le quotidien d’une bande de damnés immortels voguant sur le grand navire du désespoir (sic). Après une énième et vaine tentative de suicide collectif, ce singulier équipage recueille un bébé et décide de l’élever jusqu’à sa dixième année. Afin de le tuer. Il se verra alors augmenter d’un petit mousse mort dans le but d’agrémenter l’aridité de leur labeur sans fin (re-sic). Cette trame gorgée de rebondissements et de bon mots est on ne peut plus macabre et permet plusieurs réflexions sur l’immortalité et la différence. Elle est de plus admirablement servie par l’univers graphique propre de l’auteur: la mer et ses fonds laissent apparaître des richesses insoupçonnées, les tonalités rougeoyantes appuient magnifiquement les abordages. Le travail le plus fascinant étant sans conteste les visages, ou plutôt les masques, si expressifs et captivants à la fois. Après une première lecture, il est certain que ce livre restera dans les annales, surtout les miennes, tant ma frustration fut abyssale à la fermeture de l’ouvrage. D’autant qu’il se lit très vite. Malgré cet écueil de taille, je ne peux me résoudre à torpiller cette œuvre au contenu réellement envoutant. Surtout qu’après relecture, la fin passe étrangement mieux qu’initialement. Un petit trois étoiles donc.

24/01/2010 (modifier)
Couverture de la série Pascal Brutal
Pascal Brutal

Pascal ? J’avoue l’avoir croisé par hasard. Mon budget mensuel n’était pas encore atteint et je me suis laissé tenter par cette nouvelle virilité. Grand bien m’en prit. Dans un futur proche et ultralibéral où la France d’Alain Madelin compte 13 millions de chômeurs pour 36 millions d’âmes, nous suivons les déambulations de cet être hors-normes envié par la majorité des hommes et désiré par la quasi-totalité des femmes. Ce ‘bébé-shit’, croisement improbable entre une teufeuse et un punk à chien, est adepte des salles de musculation, de moto, de R'n'B, de shit et de femmes/hommes/divers. Doté d’un tarin, d’une carrure et d’une force aussi immenses que le vide entre ses deux oreilles, il est le type même du macho dans toute sa splendeur. Et pourtant, au fil de ses aventures dans des mises en scène variées (voix-off, vue subjective, …), nous découvrons un homme certes viril mais aussi attachant et parfois même émouvant. Avec un tel personnage plongé dans un milieu aussi hard, Riad Sattouf, que je ne connaissais pas avant de plonger dans cette série, s’en donne à cœur joie et caricature à peu près tout ce qu’il touche. C’est tellement énorme que l’on en rigole pratiquement du début à la fin. Là où je ris un peu moins, c’est dans le futur imaginé par l’auteur tant celui-ci me parait parfois réaliste: le dollar chinois, le nombre de chômeurs, la Bretagne autonome (ah non, ça c’est comique) … Graphiquement, Pascal Brutal ne pèse pas lourd mais ce qui pourrait paraitre pour un défaut n’en est pas un tant le dessin colle bien aux situations. Son intérêt est ailleurs … En conclusion et même si le tome 3 est un peu inférieur aux précédents, cette série est à lire sans modération pour peu que l’on apprécie les caricatures extrêmes.

27/12/2009 (modifier)
Couverture de la série La Fille du professeur
La Fille du professeur

Voici encore un ovni scénarisé par le très prolifique Sfar. J’écris ovni mais il est vrai que dans le cas de ce touche-à-tout, ce surréalisme est une de ses marques de fabrique. Nous déambulons donc dans le Londres du siècle dernier en compagnie de Liliane, fille d’archéologue renommé, et d’Imhotep IV, pharaon. Cette balade aurait été tout à fait ordinaire si la momie ne s’était grisée suite à l’absorption d’une tasse de thé. S’ensuit alors une série d’événements plus improbables les uns que les autres nous permettant de suivre nos deux amoureux dans un cocktail d’humour, d’amour et de poésie saupoudré d’une larme d’onirisme. Rien de moins et j’en oublie probablement. Si nous ajoutons à cela le dessin, ou plutôt les peintures, de Guibert qui nous offre ici de somptueuses aquarelles stylisées à l’extrême, le tout dans des variations de teintes propres aux situations, je ne peux que saluer la performance. Une réussite fraîche et légère à découvrir, ou redécouvrir, le dimanche après-midi, confortablement installé sur son canapé (anglais).

24/09/2009 (modifier)
Couverture de la série Miss Pas Touche
Miss Pas Touche

Force est de le constater : la collection poisson pilote est une véritable bijouterie tant les perles y sont présentes. Miss pas touche ne déroge pas à cette règle. L’histoire nous entraîne dans le Paris des années trente où nous suivons les tribulations de deux sœurs, Blanche et Agathe, employées de maison. A la suite de l’assassinat de cette dernière et afin de retrouver le meurtrier, Blanche, vierge de son état, se fait alors engager au Pompadour. Un des bordels les plus prisés de la capitale. Ce postulat de départ nous convie donc à suivre le quotidien de cette jeune femme dans un univers rarement rose : des scènes sado-maso aux meurtres en passant par la visite médicale, rien ne nous est épargné. L’époque et les usages dépeints semblent vraiment très réalistes et le travail accompli par le scénariste est digne d’une thèse (j’exagère à peine). Ecrit de cette manière, nous pourrions croire à un n-ième drame sur la prostitution mais non, le visuel décalé de l’œuvre nous permet un certain détachement, voire même un détachement certain, par rapport à son scénario. Cette démarche des plus contemporaines en agace habituellement plus d’un mais j’avoue que ce n’est pas mon cas. Du moins ici. Puisque je suis dans la partie graphique, j’en profite pour signaler que le dessin du duo Kerascoët est moderne, infiniment expressif et joliment mis en couleurs. Je soupçonne toutefois les intéressés d’avoir été prendre des cours du soir chez Sfar tant il rappelle ses œuvres. En conclusion, je ne peux donc que vous inviter à suivre les aventures de Blanche dans cette véritable étude de mœurs qu’est Miss pas touche. Adepte de la bouteille (d’eau) pleine plutôt que vide, je lui attribue un quatre étoiles amplement mérité.

20/09/2009 (modifier)
Couverture de la série Carême
Carême

A mille lieues des univers tourmentés que nous lui connaissons habituellement, Christophe Bec joue la carte de la surprise pour ce triptyque original. L’histoire nous narre la rencontre entre deux hommes et l’amitié qui en découle. Au premier abord, rien de bien palpitant donc et certainement pas de quoi en tirer trois tomes. Et bien détrompez-vous. A défaut d’actions musclées, le scénario nous insuffle plutôt une réflexion, légère, sur la différence, le pouvoir de l’argent et certains aléas de la vie non maitrisables malgré celui-ci. Le tout dans un passé cousin de notre entre deux guerres dans lequel se mêlent d’évidentes similitudes avec notre monde bien réel : je pense particulièrement à une action anarchiste qui ne peut que nous rappeler le onze septembre deux mille un de sinistre mémoire. J’avoue toutefois ne pas apprécier l’amalgame entre anarchisme et terrorisme. Dernière faiblesse du scénario pour ma part : les apparitions qui, non contentes de ne pas apporter un intérêt majeur, ne sont absolument pas expliquées. Je passe sans transition au dessin de Paolo Mottura qui illustre de manière magistrale le chemin de nos deux compagnons. Que cela soit au travers de l’architecture, de perspectives parfois saisissantes, de la mise en couleurs somptueuse et collant admirablement aux situations ou même de ses personnages, le tout nous est toujours délivré avec légèreté et ce côté aérien qui rend l'ensemble très vivant et dynamique. Certainement le point fort de cette trilogie. Je termine en signalant que pour lui rendre honneur, Carême mérite amplement d’être apprécié dans ses tomes grand format. L’intégrale vendue récemment à un prix défiant toute concurrence étant de plus imprimée en Chine …

20/09/2009 (modifier)
Couverture de la série Socrate le demi-chien
Socrate le demi-chien

Le chat du rabbin, le minuscule mousquetaire, Socrate le demi-chien … Seul ou accompagné, ce talentueux conteur a le don de nous pondre des bizarreries à tout va et je dois avouer que ceci n’est pas pour me déplaire. Commençons de suite par les points négatifs: la faiblesse du scénario du premier volume, trop centré sur le canidé susnommé, et la comparaison inévitable avec le chat du rabbin découragera probablement plus d’un lecteur de se prendre au jeu. Il a pourtant le mérite de présenter efficacement les principaux personnages et le contexte dans lequel ils évoluent. La lecture du second tome relève l’ensemble et offre une agréable surprise: nos deux héros (enfin, surtout un) se trouvent embarqués dans une Aventure aussi bien tragique, comique que ridicule. Cette réécriture de la mythologie grecque démontre une fois encore le cursus de Sfar qui nous offre des dialogues vraiment savoureux. Côté dessin, le style minimaliste et la netteté de Blain me séduisent. Mais ceci n’est qu'affaire de goût … A noter une mise en couleur excellente. Une série plus légère que d’autres dans le même style mais malgré tout très réussie qui n’a, à mon sens, qu’un seul véritable défaut: à quand un troisième opus ?

10/09/2009 (modifier)
Couverture de la série Kenya
Kenya

Pour une fois, mon avis peut tenir en quatre mots : tout ça pour ça. Même si cette conclusion après lecture des cinq tomes semble un tantinet exagérée et réductrice, je pense qu’elle résume assez bien la situation. Je me permets toutefois de développer. Graphiquement, le travail de Leo est dans la lignée de ses précédentes séries. Du moins celles que j’ai eu l’occasion de lire (à savoir : Aldébaran, Bételgeuse et Antarès). Son style peut paraitre froid, surtout au vu de la rigidité et de l’aspect des personnages, mais la netteté et la précision de l’ensemble gomme cette impression. Là où le bât blesse, c’est au niveau du scénario. Du point de vue du récit, les personnages sont suffisamment développés et l’action est soutenue. L’histoire se développe très bien dans les deux premiers volumes et nous laisse entrevoir plusieurs pistes potentielles trop rapidement écartées dès le suivant. Je ne parlerai pas de la conclusion donnée dans le dernier tome : côté ‘politiquement correct’, on a rarement vu mieux. Ce qui m’a le plus atterré, c’est l’analogie avec les séries précédemment citées : remplaçons le futur par l’année 1947, les très peu peuplées Aldébaran, Bételgeuse ou Antarès par le très peu peuplé Kenya, les méchantes instances dirigeantes par les vilains gouvernements russo/anglo-saxons et le contexte est établi. A quoi bon mettre un scénariste supplémentaire pour de tels résultats ? Je reste perplexe. Ma note reflète donc une déception du fait de la conclusion et car j’attendais une scission plus prononcée en comparaison des mondes d’Aldebaran. Appréciant ceux-ci, je ne peux toutefois me résoudre à descendre plus bas. Evitez toutefois l’achat si vous avez déjà les séries précitées.

06/09/2009 (modifier)
Couverture de la série Tif et Tondu
Tif et Tondu

Tif et Tondu, des albums que je relis régulièrement et sur lesquels le temps ne semblent plus avoir de prises. Ceci provient du fait qu’ils m’accompagnent depuis ma prime jeunesse et que, déjà, certains titres me paraissaient désuets (mais néanmoins agréables). Au vu de l’ampleur de la série et du nombre de scénaristes successifs, un découpage s’impose. - L’ère pré-Rosy (albums un à trois): distrayante sans plus. Un intérêt historique plutôt que pour le reste. - L’ère Rosy (albums quatre à quinze et trente-quatre): période foisonnante qui voit l’introduction du célèbre Monsieur Choc et des scénarios grandioses (le réveil de Toar, le grand combat). Le dessin de Will arrive aussi à maturité: la différence entre Plein gaz et la villa du Long-Cri est … criante (un écart d’environ sept années expliquant cela). - L’ère Tillieux (albums seize à vingt-sept et collaboration avec Desberg pour le vingt-six): le père de Gil Jourdan fait l’impasse sur Monsieur Choc et amène nos deux compères dans un monde plus logique et scientifique. Ce qui ne porte absolument pas préjudice à la série. - L’ère Desberg (albums vingt-huit à trente-neuf en excluant le trente-quatre): un cycle au spectre large et faisant la part belle à l’étrange et l’onirique. La série se permet même de flirter avec des thèmes plus profonds (nazisme et extrême droite par exemples) et renoue avec Monsieur Choc. Desberg touche à tout et le tandem atteint son paroxysme. La plus belle période à mon sens. - L’ère Lapière/Sikorsky (albums quarante à quarante-cinq): nouveau scénariste, nouveau dessinateur. Tif et Tondu reviennent vers des aventures plus conventionnelles et contemporaines. Plus banals donc, ce qui a du mal à passer et tranche trop radicalement avec les envolées scénaristiques des albums précédents. Je préfère éviter de parler du dessin qui renoue avec le début de la série (j’exagère à peine). Une œuvre « comme on en fait plus » que je conseille à l’achat (mais pas dans son entièreté) ayant l’énorme avantage, au vu de ses multiples scénaristes, de varier agréablement les plaisirs.

23/07/2009 (modifier)